Je viens de finir "Longtemps je me suis levé de bonne heure" (1) de Philippe Caloni. Une très belle écriture, une grande honnêteté morale, des passions (la musique, la radio, la culture) et sa voix dans l'oreille pendant cent quatre vingt dix sept pages. Je reviendrai prochainement sur plusieurs histoires de ce livre qui, bien plus qu'un livre de souvenirs permet de mettre en lumière le parcours intellectuel et moral d'une grande voix de radio.
À la mécanique-calibrée-minutée, à l'œuvre dans les matinales de la plupart des chaînes de radio aujourd'hui, il manque ce supplément d'âme que Caloni avait su faire passer de 1982 à 1986 sur France Inter (2). Ce supplément d'âme tient dans le "liant" que Caloni s'efforce chaque jour de réaliser. Le liant c'est mettre en musique, comme un chef d'orchestre, tout un tas de chroniques, de rendez-vous, d'informations pratiques, et ce d'une façon tout à fait différente de celle qui consisterait à dire "il est maintenant l'heure de…". Cette ritournelle est le lot de nombre de producteurs/productrices qui "à la mode d'aujourd'hui" n'ont rien à dire et ne savent rien dire "autour de", se contentant d'annoner la rubrique ou de présenter l'intervenant. Caloni travaillait méticuleusement ses émissions et en (p)artisan du travail bien fait tenait ses sujets, leur contexte, ses anecdotes et ses parti pris. Sans jamais faire étalage de la très solide culture qu'il possédait. Une histoire commençait chaque jour à 6h et se terminait à 9h pour mieux se renouveler le lendemain (3). Sa voix était CAP-TI-VANTE et excitait notre curiosité nous donnant souvent envie d'aller voir plus loin. Les quelques lignes sur la création d'Inter Matin valent la peine d'être lues tant elles permettent de préciser le projet d' "une autre façon de présenter l'information" avec à la base un gros travail d'équipe et une complicté sans faille des deux producteurs associés.
" Projet tout bête : celui de créer sur trois heures matinales d'antenne (6/9) un magazine "haut de gamme" (3) sous la houlette de deux journalistes, l'un, rédacteur en chef (Courchelle), responsable de l'harmonie des différentes éditions et assurant en personne celle du journal de 8h ; l'autre producteur-délégué (Caloni), liant le tout, paroles et musiques, pour abattre enfin la barrière séparant au sein d'une chaîne les rivalités ancestrales de l'information et des programmes. À quoi s'ajoutent le désir de ne pas agresser l'auditeur, celui de ne pas le prendre obligatoirement pour un parfait crétin, et de réunir une véritable équipe… Une véritable rédaction avec de vrais journalistes, et une complicité réelle entre ses deux "patrons". Apparemment simple et jamais réalisé."
(1) Philippe Caloni, Belfond, 1987
(2) Après avoir animé pendant dix ans sur France Musique "Quotidien-Musique"
(3) comme savait le faire magistralement Gérard Sire au cours des longs après-midi d'Inter (14/17), années 70
(3) comme savait le faire magistralement Gérard Sire au cours des longs après-midi d'Inter (14/17), années 70
(4) pas un tunnel d'information, Caloni et Courchelle imaginent un MAGAZINE !
Remarque d'ordre général : vous complimentez, louez, envoyez tout plein de fleurs aux personnes et émissions que vous aimez, et on ne demande qu'à vous suivre... s'il y avait un peu plus d'exemples précis, d'anecdotes, de réparties. Par exemple, prenons cette phrase générale "Je reviendrai sur plusieurs histoires de ce livre qui est bien plus qu'un livre de souvenirs !" : en quoi est-ce "bien plus qu'un livre de souvenirs" ? qu'est-ce que ce "supplément d'âme", mot passe-partout, éthéré et flou qui évite toute précision terrestre ?
RépondreSupprimerbonjour mafalda, merci de vos remarques pertinentes ! Si je dis "revenir sur" c'est que lors d'un prochain message je mettrai en exergue, anecdotes, réparties, et exemples.
RépondreSupprimerLe supplément d'âme de Courchelle et Caloni c'était de vouloir faire un MAGAZINE sensible avec du liant et tout ce que présente Caloni. C'est une émission passée (fin en 1986). C'est sur le principe que j'insiste dans ce message en montrant que c'est l'exact contraire des "tunnels d'infos".
Mais je vais m'attacher à en dire un peu plus et modifierai ce message en conséquence.
Merci de votre attention.
Ben oui, vous faites du "teasing", quoi ! mais on ne voit pas très bien en quoi consiste ce "magazine", "sensible", qui plus est, ni quelle est la nature de ce "liant" (encore un mot vague).
RépondreSupprimerCe que vous dites est peut-être parlant pour ceux qui ont écouté l'émission et savent à quoi vous faites référence, mais pas pour les Mafalda qui n'ont jamais entendu parler de Caloni et Courchelle.
Mais non pas du "teasing", juste que je veux séquencer mon propos et que chaque message ne soit pas trop long à lire. Exercice périlleux que le mien que d'évoquer un magazine datant de 1986, qui de fait s'adresse mieux à ceux qui l'auraient écouté ! Pour les Mafalda et les autres je dirai prochainement ce que je crois être le "liant".
RépondreSupprimerMerci pour votre ténacité à me pousser dans mes retranchements/souvenirs les plus lointains.
Votre avatar n'est pas usurpé vous êtes une vraie Mafalda !
J'ai repris tout mon message initial et ai apporté quelques précisions et développements sur le sujet à la demande unanime de… Mafalda !!!
RépondreSupprimerBon, c'est déjà mieux. Si j'ai bien compris, le "liant", c'est le résultat d'une émission pensée et organisée, et non la juxtaposition de chroniques et d'infos. Même si on ne sait toujours pas comment le chef d'orchestre opérait cette organisation.
RépondreSupprimerQuant à la phrase "Cette ritournelle est le lot de nombre de producteurs/productrices qui "à la mode d'aujourd'hui" n'ont et ne savent rien dire "autour de" "" je me pose des questions sur sa construction : des producteurs qui n'ont et ne savent rien dire ? qui n'ont quoi ?
rien à dire ? "autour de" : vous mettez des guillemets pour souligner le vague de l'expression, ou bien vous vous moquez des radioleux qui parlent creux "autour de" ?
Ah et une voix "captivante", je me demande bien ce que c'est !
Bref, c'est mieux, mais ça manque encore de corps : on aimerait savoir exactement ce qui *vous* plaisait, à vous, pour pouvoir se faire une idée, à distance temporelle, de ce qu'était ce "magazine" radiophonique. On aimerait que vous vous adressiez à ceux qui ne l'ont jamais entendu, ce magazine, et non à un petit groupe d'initiés qui savent très bien de quoi vous parlez et qui sourient d'un air entendu en se rappelant le bon vieux temps.
Je souris bcp à vous lire, me rappelant Mme Guilbeaud qui en 4ème essayait de nous apprendre à rédiger !
RépondreSupprimerLe liant c'est savoir parler du sujet qui va venir autrement que par une phrase toute faite, c'est savoir passer en "fondu enchaîné" d'un sujet à un autre. Comment il faisait le bougre ? Il contait, je l'ai écrit il en faisait "toute une histoire" (avec ce que ça comporte "de pleins et de déliés").
Une voix captivante c'est celle de Kriss qui joue des effets et de son naturel, celle de Claude Dominique qui surprend. Celle de Caloni jouait dans les graves (tout en sachant lui être léger).
Quant à ce qui me plaisait c'est, à la différence d'autres émissions évoquées et détaillées par moi,
ce merveilleux numéro d'acrobate pour sur le fil faire passer des "choses qui ne passent pas" (les infos définitivement tragiques) et nous faire découvrir en musique des choses "inconnues".
Je ne désespère pas pouvoir prochainement réécouter quelques archives sonores et en rendre compte ici pour tous.
Mes réponses font la valeur de deux messages et je remanierai peut-être l'ensemble en le découpant en trois.
Merci de votre attention scrupuleuse, et j'imagine que vous auriez bcp aimé Caloni.
Effectivement, il y avait beaucoup de liant dans émissions de l'Oreille en coin (Caloni, je ne l'ai pas connu), mais, est-ce la faute des producteurs? ce n'est pas sûr; On leur impose des tas de chroniqueurs, on ne leur laisse plus de liberté: je parle là des matins de France-culture, par exemple.
RépondreSupprimerLes Matins de France Culture ressemblent à un empilage… inaudible. Pourtant Marc Voinchet a été à l'école "Lebrun" (Culture Matin) et, en créant "Tout arrive" 1ère formule, avait su rendre son émission attrayante."Impose" je ne sais pas mais ce qui est sûr c'est qu'il a l'air de se complaire dans le "marigot" de l'info.
RépondreSupprimerIl fallait la bonne intuition de Christophe Bourseiller (Musique matin) pour supprimer le rappel des titres de 8h30. Voinchet aurait moins de pouvoir que Bourseiller ? J'écoute le second avec plaisir.
Merci pour votre commentaire et (à suivre)…