mercredi 20 juin 2012

Prime time à la radio…




J'apprends stupéfait (1) que Laurent Bazin va remplacer Vincent Parizot pour la matinale de RTL à la rentrée (2). Au-delà de cette information capitale, la brève précise "Véritable prime-time de la radio, cette tranche matinale est hautement stratégique : qu’elle se porte bien et c’est l’audience globale de la station qui redresse la tête ; qu’elle perde des plumes, et c’est tout une image qui s’en trouve écornée". Si j'en crois cette assertion, comme je n'écoute pas la matinale de France Culture, je ne devrais pas écouter ce qui suit. Perdu ! J'écoute le plus souvent possible "La fabrique de l'histoire". (3) Non seulement je fais le choix de ne pas écouter une émission, mais me laisse la liberté d'écouter ou non celle qui suit. En clair, je picore à ma guise sur les chaînes publiques et quelquefois privées.

C'est quoi cette tyrannie de la captation "à tout prix" de l'auditeur qui, une fois pris dans les filets d'une "célébrité", n'aurait plus aucune capacité pour : éteindre sa radio, changer de fréquence, ou s'il le souhaite rester à l'écoute. Le propos cité dans cette brève est absolument abracadabrantesque. Si pour une raison ou une autre je décide d'écouter le journal de 8h de France Inter il est hors de question que j'écoute la chronique qui précède. Ce n'est donc pas cette chronique "très promotionnée" qui m'incite à écouter le journal de 8h. Et ce n'est de fait pas le journal de 7h, ni même celui de 6h. Autrefois, sur France Culture du temps ou la matinale était animée par Nicolas Demorand, ce dernier donnait la parole tous les jours à 8h15, au cours de "sa" matinale, à un sinistre individu, expert toute catégorie du mépris pour les auditeurs, tant ses chroniques réalisés depuis ses ch… ou dans un tunnel de métro produisait un son tellement désagréable que Demorand avait été, plusieurs fois, obligé de lui "couper le sifflet". Il va sans dire que tous les jours à 8h15,  je coupais moi-même le sifflet à ce sinistre individu. 

"La tarte à la crème" inventée par la télévision pour capter un public pour les journaux de 13h et 20h peut-elle être copiée/collée à la radio ? Oui particulièrement tant que les annonceurs tireront les ficelles. Je ne pense pas ma pratique isolée. J'espère que beaucoup d'auditeurs ont gardé tout leur libre-arbitre et savent, à leur façon, déjouer les pièges des sondages Médiamétrie, sondages qui influencent les taux d'écoute, qui influencent les coûts publicitaires proposés aux annonceurs. Laurent Bazin est sûrement un très bon journaliste, j'irai l'écouter au moins une fois pour entendre ce qu'il fait, mais de là à supporter les programmes de RTL il y a un pas que je ne franchirai pas. Pour autant, je m'interroge toujours sur cette fameuse assertion évoquée au début de ce billet qui, de fait, participe, cautionne et justifie la grosse farce du "je te tiens tu me tiens par la barbichette". 

Mes chers auditeurs si vous-mêmes avez de telles pratiques, ou si au contraire vous marchez dans la combine dite du "prime time", faites nous part de vos façons d'écouter en laissant un commentaire.

(1) Telerama.fr, rubrique radio, 18 juin 2012,
(2) de 7h à 9h30,
(3) France Culture, du lundi au vendredi 9h05, par Emmanuel Laurentin,

9 commentaires:

  1. Bonjour Fañch,
    Il s'agit juste d'un problème d'interprétation à mon avis.
    L'assertion ne signifie pas que l'écoute d'un programme matinal influence le reste de la journée d'un auditeur, mais que cette tranche est capitale pour une station en raison de la part qu'elle représente dans l'audience totale.
    Exemple : France Inter réunit quotidiennement près de 6 millions d'auditeurs (entre 5h et minuit), et son "7-9" en rassemble 3 millions. La moitié de l'écoute d'Inter se ferait donc le matin au réveil, avant le boulot. Autant donc ne pas trop perdre d'oreilles à ce moment là, sinon les 6 millions se transforment en 5...

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    1. Bonjour cher M. Transistor,
      Assez d'accord mais il y a des effets secondaires terribles, je les évoquerai lors d'un prochain billet. Je reste persuadé que la mesure d'audience des sessions d'info crée une suprématie qui participe et d'un déséquilibre et par effets induits d'une starisation. Sympa pour tous les autres animateurs et journalistes qui font aussi leurs émissions pour que les auditeurs les écoutent… (à suivre) et merci pour cet avis éclairé !

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  2. Bonsoir,
    Le picorage que je pratique comme vous est un luxe. Sans un emploi du temps dégagé des contraintes habituelles (salariat, famille, etc.), c'est impossible. Ca me parait un peu délicat de juger des pratiques exclusives. Si des auditeurs sont satisfaits d'RTL, tant mieux pour eux, et ils n'iront jamais écouter Inter. Et chez beaucoup d'auditeurs, la célébrité joue indéniablement, on va sur telle radio pour retrouver Morandini ou Bouvard, ce n'est pas condamnable, vous-même avez votre propre podium de célébrités (José Artur n'est pas un obscur producteur de France Culture). La "starification" n'est pas un problème en soi si la "star" a du talent, et tant mieux pour la station et ses autres animateurs qui bénéficient d'un effet locomotive.
    Le post de "Le Transistor" (pardon pour le jeu de mots) n'est pas un avis, mais un fait : l'audience radio se mesure le matin, avant le boulot.
    Bien à vous.

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  3. En préambule, j'aimerai préciser qu' une assertion est une proposition dont on peut dire sans ambiguïté qu'elle est vraie ou fausse en foi de quoi je préfère penser que ce qui est rapporté relève plus de l' opinion que de l' assertion.

    S'agissant d'une radio à vocation éminemment commerciale (c'est un choix que je respecte) RTL est évidemment plus encline à se pencher sur ces chiffres.
    Il faut voir les "stratèges" des entreprises cernés par leur "staff" d'experts et de spin-doctors - souvent payés très chers - expliquer à leurs clients pourquoi il vont gagner ceci ou cela en adoptant telle ou telle stratégie! Une radio commerciale est une entreprise comme les autres qui a besoin de convaincre les annonceurs comme d'autres doivent convaincre une clientèle. Il n'est donc pas obligatoire que cette opinion "prime-time réussi égale auditoire en continu pour la journée" soit vraie ou fausse, il suffit qu'elle ait convaincu les décideurs et cela devient le gimmick du moment jusqu'à la prochaine fois où il faudra décider d'une nouvelle façon de faire.

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  4. @ Hervé (Le Transistor), Baptiste et Jakki, je vous réponds individuellement et collectivement sur mon billet de demain intitulé "Prime time 2…". Vous pourrez bien sûr, à votre guise, commentez si besoin. À bons lecteurs, salut !

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  5. Ah fanch, l'explication à donner à votre interrogation est d'une simplicité biblique: vous n'êtes pas dans la cible des programmateurs-marketeurs des grilles et programmes de mass média. Ne sont concernés par ces objectifs que les cibles des différentes radios qui doivent constituer la plus grande masse possible d'oreilles qu'on vend aux annonceurs et la perspective de savoir ces oreilles fidèles permet de couvrir les deux types d'audiences mesurées (audience cumulée et part d'audience).
    Gouzon

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    1. Je croyais bien avoir compris ça ! Mais pourquoi les chaînes publiques sont-elles à leur tour "touchées" par ce business-plan ? France Inter doit mieux vendre ses espaces publicitaires (qui ne concernent pas que l'institutionnel, comme voulait nous le faire croire Giordano et Decaens lors d'une ancienne émission de Service Public sur Inter, sur le sujet de la pub, à l'époque les poulets institutionnels de Loué et du Gers réunis, Groupama et autres bidules pas du tout institutionnels polluaient l'antenne). Les autres chaînes ont fini par répondre aux sirènes médiamétriques pour "rassurer" la tutelle (l'État) qui laisse au groupe de radios publiques quelques deniers.
      Et Télérama, bien tendance, (qu'on suivrait volontiers s'il nous proposait d'aborder l'écoute radio par d'autres angles) de s'engouffrer dans ce système "mesurant" en en rajoutant dans la "crasserie pipolisante".

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    2. Désolé Fanch, je ne voulais pas donner une leçon (j'imaginais bien que vous aviez compris, sorry). Que dire de plus que votre réponse? Je vous suis totalement dans votre approche et votre exaspération à constater que le "service public" suit la même logique, par mimétisme, que les radios privées mais que reste-t-il véritablement de service public dans Inter? Même Culture est désormais fortement pilotée en fonction de l'audience... Je pense que c'est le mauvais côté de l'introduction de la pensée managériale dans l'univers du service public car cela est fait sans discernement: les premiers patrons de FC étaient pour certains de vrais managers mais dotés d'une très forte culture et donc avec une échine leur permettant de résister aux pressions; aujourd'hui, le profil de ces patrons de radios est autre: ils sont là pour quelques années (au mleux) et fonctionnent donc comme n'importe quel manager: il doit recueillir quelques bons résultats commerciaux à court terme (ce qui est aisé à RF) pour se doter d'une légitimité et vendre son profil à de plus offrants patrons.
      Gouzon

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    3. C.Q.F.D.
      Je n'ai en rien été offusqué et n'ai pas pris votre propos liminaire pour une leçon ! Soyez rassuré pas de lézard !
      Derrière ce que vous affirmez il y a une question de fond, cruciale pour la radio, comme la voix et le sang, la culture radio… Cela fera l'objet de quelques billets dès la "rentrée" radio à partir du 3 septembre… (à suivre)

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