lundi 28 août 2017

La radio expérimentale avant Saint-Gallet…

Autrefois, parmi les idoles, il y en avait une à la radio : Saint-Granier. Que dis-je une idole ? Un pape. Si je ne l'ai jamais entendu, en fin de carrière, sur les antennes de France Inter, - il avait commencé sur Radio Cité avec le radio-crochet-, je m'en souviens bien dans l'émission de Jean-François Remonté (1). C'était au cours de cet été du début des années 90, grâce à un indicatif dans lequel on entendait "Bonsoir, mes chers auditeurs, bonsoir", avec un ton un peu dépassé mais dont Saint-Granier avait fait sa marque de fabrique. Je ne ferai pas injure à l'homme de radio en associant, pour un billet seulement, le mot "Saint" et le patronyme du Pdg de Radio France, Mathieu Gallet. "La minute de Saint Granier" avait le mérite de la brièveté. Nous aurions préféré, auditeurs comme nombre de professionnels, que Gallet se contentât de paraître une minute, plutôt que, ne sachant rien de la radio, il roucoulât, tant et tant pour faire diversion en vantant les charmes du progrès et des assistants numériques.


Saint-Granier, @Unifrance films





















Imaginez un pâtissier, reconnu sur la place pour son tour de main, ses feuilletés et autres saveurs aux goûts subtils. La maison est centenaire. Mais voilà qu'au détour des années 10 (de deux mille, s'entend) un freluquet, à peine cultivé des choses essentielles de la pâtisserie, vient vanter les miracles de la machine mécanique, de la robotique, assistants essentiels des nouveaux-pâtissiers. Comme autrefois on faisait les nouveaux-philosophes, de bric et de broc. Las, le vieux pâtissier crédule marche dans la combine. La clientèle s'élargit. Maître-pâtissier, dont on a gardé le nom de prestige, a laissé la main à ce managère de moins de cinquante ans. Les enseignes et la "marque" poussent comme des champignons (hors-sol). Le goût, la façon, le style ont disparu et avec eux "la cerise sur le gâteau". Plus de cerise, moins de style, plus de goût. Quelques anciens clients avisés déchantent un peu, le dimanche, devant la vitrine, fredonnant tout bas, le temps… de ces cerises-là.

Je vous en parlais fin juillet, Mathieu Gallet a donc mis son dévolu sur les assistants numériques. Mais, devant la représentation nationale, il a eu beau gloser sur la chose, de cette chose il n'a rien dit si ce n'est qu'il n'y aurait plus d'autre alternative. De là viendrait le progrès ! Ce fameux progrès qui ne fait que progresser jusqu'à temps qu'il ne fasse… régresser. Mais nous n'en sommes pas là. Gallet a enfourché son nouveau cheval de bataille. Adieu veaux (écriture), vaches (son), cochons (montage), couvées (mixage)… le Pdg va course mener pour cette affaire-là et tant pis si c'en est fini de "la cerise sur la radio" .

Il n'y a pas si longtemps la radio expliquait… la radio et ses évolutions. 

  1. Roland Dhordain en 1969 (2),
  2. Yves Jaigu, directeur de France Culture (1975-1984), (3)
  3. Des techniciens-chercheurs pour la création d'un studio numérique en 1984, 
  4. Pierre Schaeffer en 1991 (voir player ci-dessous), 

Gallet, lui, n'a que faire des explications. Ces deux mots "magiques", assistant/numérique, doivent suffire pour emporter l'adhésion de la tutelle, des députés (qui votent les budgets), du personnel de Radio France et des auditeurs. Gallet n'est pas pédagogue, le mot est faible. Gallet est un pur produit numérique, le mot n'est pas trop fort. Ce pur produit, nommé par un CSA aveugle et béat, pourrait s'inspirer de ses prédécesseurs qui avaient à cœur de ne pas prendre les auditeurs pour des moutons et qui, comme Dhordain ou Schaeffer, avaient le souci de transmettre. Gallet dirige une entreprise de communication et n'est pas foutu de communiquer. Nous voilà bien et, ça fait déjà plus de trois ans que… ça dure. Dur !

Désolé mais le player à un bug semble-t-il !

L'évolution de la radio et ses perspectives en 1969 (Micros et caméras, ORTF)




(1) Réalisateur et producteur à Radio France, France Inter, été 1991, "Radio Mémoire",
(2) Directeur de la radio, époque ORTF, de juin 1968 à 1971,
(3) Le 13 janvier 1975, quelques jours après son entrée en fonction, dans une émission de France Culture, il dit sa vision pour la chaîne,

1 commentaire:

  1. À mettre en parallèle avec la nouvelle grille FC où on s'extasie sur l'innovation majeure que constituent les nouvelles émissions de blablatalk sur l'économie, la politique... À consommer sans modération en semaine, le week-end, à toute heure et à toutes les sauces. Bon appétit !

    Céline

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