Les séances d'audition à la Commission Culture de l'Assemblée Nationale ne sont pas faites pour les citoyens et encore moins pour les citoyens auditeurs de radio… Des fois que ces derniers n'aient pas les bonnes dispositions pour ce faire rouler dans la farine ou, c'est selon, avaler les couleuvres. Ce 13 octobre, Madame Sibyle Veil, Pédégère de Radio France venait rendre compte du Contrat d'Objectifs et de Moyens (Com, 2015-2019) "feuille de route" qui lie Radio France à l'État. À la fois pour la dernière année d'exécution et pour l'ensemble des cinq années.
C'est faire trop d'honneur à Madame Veil cette illus des Shadoks |
Il faut être député-e et avoir l'habitude des palabres interminables pour ici supporter d'entendre une Présidente qui lit (mal) ses notes, bafouille, hésite, bute sur les mots et donne l'impression d'avoir intégré l'entreprise publique en début de semaine. Elle aligne des phrases toutes faites mal faites sans aucune résonance ni empathie pour son sujet. Incapable de donner du rythme à son propos ni de permettre à l'auditeur de suivre le fil de sa pensée, a minima éparpillée a maxima incohérente. Madame Veil n'incarne rien et pire elle désincarne la radio publique en moins de temps qu'il lui aura fallu pour très fastidieusement enfoncer des portes ouvertes, débiter des chiffres, évoquer des émissions sans en laisser transparaître le moindre souffle ou l'inventivité, s'auto-féliciter de tous les miyons et les miyards (d'écoutes, de podcasts, d'audience) et n'avoir aucun mot pour sa gestion qui a entraîné la bagatelle de soixante-deux jours de grève à la fin de l'année dernière jusqu'au début de cette année.
De cette pantomime insupportable la représentation nationale s'est satisfaite sans que la moindre critique (ou à la marge) n'ait été formulée. je l'ai écrit de nombreuses fois ici, les député-es n'écoutent pas la radio. Ils écoutent France Bleu et France Info, la matinale d'Inter et basta ! Leurs avis et points de vue ne concernent jamais les contenus dans le fond mais juste dans les principes dont ils se satisfont ayant sans doute autre chose à faire pour exécuter leur propre mandat électoral que d'écouter les programmes des sept chaînes de Radio France !
De ce fait cette audition est une posture qui confère à l'imposture car, il y a lurette que le CSA se moque du tiers comme du quart de nommer une figure charismatique pour incarner et défendre la radio publique. Son plus grand désaveu : nommer Mathieu Gallet en février 2014 et le révoquer quatre ans plus tard. La nomination de Madame Veil n'est pas un choix pour prolonger l'histoire créative du média radio mais celui imposé par Bercy et l'Élysée d'un management de fer pour, de façon drastique , diminuer les budgets au point à terme de constater la nécessité de diminuer le nombre de chaînes, diminuer les formations musicales et diminuer tous les moyens de productions (studios, techniciens, réalisateurs,…).
J'ai perdu deux heures à écouter/voir une farce tragique qui donne une idée du désengagement de l'État pour développer ce service public audiovisuel. Le budget est respecté, la communication a saturé l'information, l'auto-satisfaction permanente a imposé de ne rien contredire ou contrarié et la nave va… Et derrière la façade majestueuse de la maison de la radio le bateau coule ou plutôt la radio de flux coule au bénéfice du Dieu-Podcast qui, activement après s'être superposé au flux, le dépassera pour un jour définitivement le remplacer.
Madame Veil peut fanfaronner et monter sur la table pour vendre la stratégie numérique de Radio France avec comme maître de ballet, Laurent Frisch, le directeur du Numérique. La mue est presque achevée. Les dinosaures vont bientôt quitter la piste et les auditeurs has been continuer à refuser le progrès. Alea jacta est !
Si vous avez, pendant le couvre-feu, deux heures à perdre, essayer ça !