lundi 31 décembre 2012

Ondes courtes…

© Bretecher




Doucement on s'achemine vers janvier, un mois blanc, l'amorce du départ ou du renouveau, du printemps à venir et des bonnes ondes (courtes ou longues) qui ne vont pas cesser de rayonner autour de nos oreilles attentives. Avez-vous vu ça ou même ça ? Et cette chose étonnante ? Derrière la lune, Louise est sur son traîneau, tournant autour de l'amour dans sa campagne profonde des Monts d'Arrée. Et Albert Escarelle, cantonnier ? Franchement, heureusement que Pierre Descargues avait inventé l'échange de cassettes (1) et qu'un certain Philippe C. a eu la délicate attention de m'en faire une copie.

Vous êtes formidable aurait dit Pierre Bellemare, à Yves Jaigu qui a bouleversé France Culture, à Christian Cleres qui a bouleversé la mer, à Jean Yanne ou aux trois mousquetaires. Et pourquoi pas à Orson Welles ? Et au-delà de la nostalg' relire, revoir, réécouter Léon Blum ne peut pas faire de mal ou pourrait peut-être envoyer quelques bonnes ondes à un gouvernement qui désespère Florange.

Pour  terminer avec un peu de légèreté, remettez-donc du Crumb dans votre bédéthèque et un zeste d'Agrippine…

Demain vers 10h, le premier billet de l'année…

(1) que d'un revers de main bien peu subtil, voire méprisant, Laure Adler a jeté aux orties,

dimanche 30 décembre 2012

Quel hommage (2)…

Jean Garretto, Robert Arnaut, Claude Dominique…







Le 25 octobre, au studio 105 de la Maison ronde, était rendu un hommage à Jean Garretto (1) disparu le 14 septembre à l'âge de quatre-vingts ans. Cette soirée suggérée par Guy Senaux, ingénieur de son pendant dix-huit ans à l'Oreille en Coin (France Inter), n'aurait pas eu lieu si David Sadoun (2) n'avait spontanément mis à disposition, les compétences de son personnel et le mythique studio 105 (Charles Trenet).

Aujourd'hui je regarde la vidéo qui a fixé ce moment fugitif. Cette réunion était émouvante a plus d'un titre. Calé au fond d'un fauteuil de ce fameux studio, je regardais et écoutais les témoignages qui, fidèles à l'esprit que Jean Garretto et Pierre Codou avaient su insuffler à leurs équipes, n'avaient rien de convenus. La soirée, emmenée par Thomas Baumgartner (3), a vu défiler plus de vingt ans de création radio et quelques-uns des "piliers"-acteurs d'une Oreille en coin (4) qui, d'une certaine façon, allait définitivement se refermer ce soir-là.

Pierre Wiehn (5), qui nous annonce avoir quitté Radio France il y a trente deux ans, a l'impression que cela ne fait que… trente deux jours, particulièrement parce que, sans doute ce soir-là, il reprenait contact avec tous ceux avec qui il avait travaillé. Le témoignage de Wiehn est émouvant. Émouvant car, avec beaucoup de simplicité et de sagesse, il a su rendre hommage à ce qui faisait la quintessence même du couple Garretto-Codou : le génie créatif. Et Wiehn de rendre aussi hommage à Roland Dhordain qui aura permis "l'épanouissement de Jean Garretto et Pierre Codou". L'épanouissement, quel joli mot, quel sens extraordinaire pour laisser le temps faire son œuvre. Laisser Garretto & Codou faire la leur. Ancrée pour toujours dans la mémoire de la radio.

Et Wiehn d'ajouter "Il y a toujours eu la volonté chez Garretto et Codou d'être avec les autres. On n'est pas en démonstration. On ne fait pas des produits pour consommer. On fait des choses pour partager." (6) Et d'expliquer que "le week-end [à la radio] vous pouvez avoir de l'audace" les rituels de la semaine étant bouleversés (7). Pierre Wiehn éprouve une satisfaction (discrète) à rappeler qu'en prenant la direction d'Inter et recevant en "héritage" L'Oreille en coin, il n'allait pas commencer par mettre toute l'équipe dehors ! Et de s'interroger sur ce directeur d'Inter, qui lui, chassa de l'antenne Garretto, lui même ex-directeur de la chaîne ! (8)

Après celles de Simon Monceau et François Jouffa, ce sera au tour des "voix" bien présentes de Marie-Odile Monchicourt, Paula Jacques, Leila Djitli, Katia David, et Christine Lamazières de venir "mimer" sur scène l'ambiance survoltée, potache, chamailleuse, fraternelle, débordante de créativité. S'ajoutera à ce quintet un raton-laveur surgit de "nulle part" Michel Gonzales (dit aussi, pour son nom de radio, "Emmanuel Den"), compagnon et co-créateur avec Kriss de quelques émissions inoubliables. Mais ce que je retiens du témoignage de Gonzales, c'est son étonnement à ce que l'expérience, le laboratoire (9) de l'Oreille en coin, ne fasse ni école, ni ne soit enseigné dans les écoles de radio. Car de ces vingt-deux ans d'antenne sans interruption il "reste" un formidable terreau d'inventions, de techniques, de créativité individuelle et collective, d'esprit d'équipe et d'impertinence (10) sans qu'aucun de ces principes n'aient été revendiqués en même temps qu'ils passaient à l'antenne (11).

J'ai bien conscience, mes chers auditeurs, que ce doit être un peu frustant que je vous parle de quelque chose que vous ne pouvez ni écouter, ni regarder. Peut-être un jour un Festival comme celui de Longueur d'Ondes, pourra en proposer une projection ?

C'est dimanche, il est 18 h, écoutez ça ! Quoiqu'il arrive et longtemps encore j'écouterai Jim Wild Carson le dimanche à 18h ! Merci Jean Garretto & Pierre Codou. Merci.

(1) Producteur à France Inter et co-créateur avec Pierre Codou de L'oreille en coin (1968-1990) et de Fip (1971),
(2) Chef de centre à Radio France du Département de Production Studio (DPS), 
(3) Producteur à France Culture et auteur de "L'oreille en coin", une radio dans la radio",
(4) Manquaient Denis Cheissoux, Robert Arnaut, Daniel Mermet, Agnès Gribes… Et Kriss, Édouard Camprasse, Yann Paranthoën, Pierre Codou, Claude Dominique retenus par ailleurs… Claude Dominique, et je l'ai regretté, qui n'a jamais été citée au cours de cet hommage,
(5) Journaliste, directeur de France Inter, 1975-1981,
(6) Encore une pensée qui aurait sa place au fronton de la Maison ronde, 
(7) Où est-elle l'audace aujourd'hui, en fin de semaine, sur les 7 chaînes de Radio France ? 
(8) Lire ici,
(9) Le tâtonnement expérimental aurait dit Célestin Freinet, pédagogue, inventeur de la méthode Freinet à l'Éducation nationale,
(10) Le témoignage de Jacques Mailhot,
(11) L'exact contraire de ce qui se fait en radio aujourd'hui, où l'on vend d'abord le concept, dont on force souvent le trait, quitte à essayer de faire ensuite "coller" le contenu au contenant,   

samedi 29 décembre 2012

Le roman du Jazz…











Jean Lebrun est joueur. De jazz ? Je ne sais pas. Mais pour se jouer des sujets les plus inattendus comme des plus classiques il n'y a pas mieux. Ça on peut le dire, Lebrun connaît la musique et il en joue très bien. Sans fausse note ? Si, bien sûr ça lui arrive quelquefois mais il se rattrape toujours et sait noyer son "canard" dans un virtuose ensemble appelé autrefois par lui "La République de la parole". Les amateurs du Lebrun en étaient peut-être restés à Suzy Solidor, d'autres l'attendaient au carrefour de l'Odéon, salle Pleyel ou dans quelques caves de Saint-Germain des Prés. Il arriva en cette fin d'année, sans tambour ni trompette (1), avec un swing à faire taper dans leurs mains les aigris, les grincheux, les spécialistes de tout poil, les experts et autres "es-quelque chose". Avec sa façon de ne jamais s'y attaquer de front, il sait comme personne s'approcher, s'éloigner, revenir au sujet ou à l'anecdote et quelque fois porter l'estocade. Je l'ai déjà écrit, je m'amuse autant à suivre son jeu qu'à écouter les érudits qu'il convoque à son micro.

Nous avions laissé Philippe Gumplovicz il y a quelques jours sur France Culture nous narrer la vie et l'œuvre de Michel Delpech. Le voici sur Inter, bardé de connaissances jazzistiques, pour une série de cinq émissions sur l'histoire du jazz, dont il participe à écrire le roman. De "New Orleans, berceau du jazz" à "Red jazz ou le jazz chez les rouges" en passant par "La France terre d'élections" Gumplovicz esquisse un panorama qui donne envie d'aller plus loin, comprendre de lire et d'écouter plus loin. En bons historiens Lebrun et Gumplovicz contextualisent l'histoire du jazz et c'est ça qui est passionnant. Au-delà de la musique et des musiciens ce qui "tourne autour" est présenté, expliqué et analysé.

Ce qui est d'autant mieux, c'est d'avoir imaginé une série car vraiment trente minutes d'une seule émission auraient été bien courtes, bien trop courtes (2). Au lieu de faire dans le détail bien connu, bien plombé, bien cliché qu'on entendrait dans la bouche de tous ces beaux parleurs qui occupent les antennes radio, les deux compères refont l'histoire (sans la défaire) aussi bien celle des Noirs aux États-Unis, que celle des Américains et de l'Europe toute entière bouleversée par cette lame de fond musicale qui mènera à la "curiosité entre les races". C'est aujourd'hui le bon jour pour réécouter en continu cette série. Il faudra souvent mettre souvent sur pause, prendre des notes et des références et peut-être envisager de commencer l'année nouvelle en lisant "Le roman du jazz" (3).

(1) Et surtout sans la grosse cavalerie promotionnelle et auto-promotionnelle de France Inter, appuyée encore plus lourdement par l'hebdomadaire culturel de référence,
(2) Je viens d'avoir l'occasion de rediscuter avec Christian Cleres des documentaires radio. Pour lui, même en un très court "séquençage" (les Ateliers de France Bleu par exemple), on peut faire passer beaucoup de choses. Il est prévu que je l'interviewe sur cela… l'année prochaine.
(3) De Philippe Gumplovicz, Fayard, en trois volumes.

vendredi 28 décembre 2012

Cachés derrière…

 






Demain matin mon billet aura quelques couleurs musique mais en attendant vous pourriez aller voir par et puis, si vous aimez les histoires volantes, regardez donc , c'était un dimanche soir de mai et le vaisseau fantôme… Mais peut-être préférez-vous les pavés, pas ceux qui sont sur la plage, mais ceux d'un certain enfer du nord. Ça y est, tout de suite vous évoquez l'Apocalypse, mais c'était pour hier cet Apocalypse-là. Ici j'avais écrit une petite fiction. Là une certaine évocation de Kerouac et puis, confortablement installé sur le dictionnaire le chat écoute la radio et ne manque pas d'avis, même si l'on peut croire qu'il dort. C'est le moment, vous en prendrez bien un dernier avec Léo, pour la route.

Ou avec Marylin peut-être ou avec les Stones. Mais voilà qu'il se fait tard il serait temps de mettre le cap dans le sens des retours. Des retours de quoi ? Des retours de courrier ? Si en rentrant vous avez quelques réponses à quelques missives envoyées comme une bouteille à la mer vous aurez plus de chances que moi. En août j'avais écrit une jolie lettre à Olivier Poivre d'Arvor, directeur de France Culture, mais je n'ai reçu, à ce jour, aucune réponse. C'est vrai, dans cette lettre je posais des questions de fond, un peu l'exact contraire de ce que font les journalistes "spécialisés médias" (là je pouffe) dans la presse dite de référence (1).

Allez, pour "finir" en tragi-comique : mettez Chancel et Dali dans un salon, ajoutez-y Eve Ruggieri et vous obtiendrez un cocktail chancelant !

À demain matin, vers 10h…

(1) Le Monde et Télérama par exemple.

jeudi 27 décembre 2012

Quel hommage…




Vendredi 14 septembre 2012. 11h50. Fip annonce le décès de Jean Garretto, créateur, avec son alter-ego Pierre Codou, de cette antenne (1). Je suis en train de conduire. J'appelle aussitôt deux amis de la grande Maison (de la radio). Quand on a, comme moi, tellement aimé L'Oreille en coin (2), c'est d'une certaine façon "une part de sa vie" qui se referme, même si l'émission s'est terminée en septembre 1990. L'émotion est intense. Les hommages et témoignages radio se multiplient et très vite ses amis de l'Oreille en coin vont s'organiser pour lui rendre un dernier hommage. Guy Senaux, ingénieur du son, qui a travaillé avec lui pendant dix huit ans à l'Oreille (et au geste), a la gentillesse de me "mettre dans la liste".

Jeudi 25 octobre 2012. Maison de la Radio. Studio Charles Trenet. Les hommages vont se succéder pendant presque deux heures. Aujourd'hui je voudrais évoquer celui de Jean-Noël Jeanneney (3). Sans note, les yeux pétillants et la parole libre, Jeanneney va dresser le tableau d'un homme simple qui a marqué et marquera encore longtemps la radio publique.
 
© Philippe Pallares



"Je sais gré à Jean Garretto de nous avoir donné l'occasion de nous retrouver. J'éprouve une dilection particulière pour ce que Jean Garretto était. Un homme rare. J'ai été heureux de travailler auprès de lui, près de quatre ans. [A mon arrivée comme Président de Radio France], je souhaitais donner la responsabilité des programmes de France Inter à un des personnages majeurs de la Maison [de la radio]. On disait un peu moins "les Barons" qu'à la télévision, mais c'était quand même ce qu'on disait. Je les ai fait tous venir -les barons -, tous les autres (rires dans le studio) (4), et ce qui m'a frappé c'est ce que chacun m'a dit. Tous m'ont parlé d'eux-mêmes, quel avait été le brio de leur itinéraire. Ils m'ont expliqué comment ils étaient tout prêts à mettre au service de la Maison leur capacité à tout transformer. J'ai donc écouté. Je leur ai demandé quelles idées ils avaient. Ils répétaient que leur idée majeure était de servir cette Maison, avec leur imagination et leur spécifique et exceptionnel talent. Puis un homme, Jean Garretto, avec une voix douce ne m'a pas parlé de lui. Je me suis souvent demandé s'il n'habillait pas d'une fausse timidité son désir profond de garder sa distance. C'était un homme absolument réservé.

Quand je lui proposais de prendre la responsabilité des programmes de France Inter, il me répondit qu'il n'était pas question qu'il accepte. Car avec la petite équipe qu'il avait formée, d'année en année, et dont il avait dessiné la complicité, il était très bien. J'avais devant son refus d'autant plus envie de le recruter. Nous nous sommes revus et, progressivement, il a incliné à penser qu'après tout dans sa belle carrière ce pourrait être un moment précieux que d'être responsable des programmes de France Inter."

Il a imaginé une grille de "pleins et de déliés" mais il a aussi fait ce qu'il ne faut jamais faire à la radio, il a mis par terre le programme antérieur. Rarement un patron n'a joué plus doucement des rênes (et Jeanneney de joindre le geste à la parole). Il n'avait pas besoin de dire grand chose, il était évident qu'il serait obéi à bas-bruit. La radio de service public c'est la volonté, le devoir de donner au public des émissions qu'il ne sait pas encore qu'il aimera puisqu'il ne les connaît pas, puisqu'on ne les lui a jamais données. Il faut du temps pour qu'il les aime et les apprécie.

… Un de ceux qui avait été extrêmement déçu que je ne trouve pas en lui le talent évident qui devait l'imposer à la tête de France Inter a eu ensuite les manettes (5) et a traité Jean Garetto et les siens d'une façon que j'ai trouvé médiocre pour ne pas dire méprisable. Garretto a terminé sa carrière de ce fait dans un poste périphérique (6), on l'avait privé de ce qu'il aimait passionnément, l'esprit du service public. [Avant] il avait enrichi ceux qui l'ont approché et il a honoré cette Maison."

Qui mieux que Jeanneney pouvait dire l'histoire (la petite et la grande) sans occulter le désastre moral du départ de Garretto de Radio France ? Il fallait le dire et le dire au sein même de la Maison de la radio, ne serait-ce que pour l'honneur ou la dignité de Jean Garretto. Jean-Noël Jeanneney, brillant, affectueux, sincère et libre a trouvé les mots justes pour décrire un Garretto humble et génial, discret et élégant et surtout un formidable inventeur radio, entraîneur d'équipe.
(À suivre… demain)

Je vous raconterai dimanche à 18h, 
la suite de cet hommage, auquel j'ai pu participer (7).

(1) en 1971, initialement France Inter Paris, en Ondes Moyennes (FIP 514),
(2) 1968-1990, du samedi après-midi au dimanche soir, France Inter,
(3) Pdg de Radio France 1982-1986, anime et produit tous les samedis "Concordance des temps" sur France Culture, 10h
(4) Hors Jean Garretto, NDLR,
(5) Pierre Bouteiller en 1990, Jeanneney n'était plus Pdg,
(6) Embauché par Patrice Blanc-Francard (ex Inter, actuel directeur du Mouv') à Europe 1,
(7) J'ai publié en septembre ceci, ceci et cela ! Et il y a juste un an cette fiction, épisode 2, 3 et 4.

mercredi 26 décembre 2012

Émotions…

 


Vous êtes encore sur le coup de l'émotion d'un doux Noël que vous avez passé à l'abri de la sur-consommation et des sur-paillettes. Pour rester dans le ton commencez donc par regarder puis écouter ça, puis bifurquez vers ça, et tenez bon le cap avant d'aller prendre le bus. Le 29 si vous voulez ou celui de la ligne "S" si pour lire Queneau et ses "Exercices de style" il vous faut vous mettre dans l'ambiance. Dans ce bus vous pouvez aussi lire ça ou avoir l'attention de ne pas oublier que du côté de Florange c'est beaucoup plus que de la mélancolie qui flotte sur la métallurgie.

Mais vous pouvez aussi au bord du canal, du fleuve, de la mer ou sur votre balcon lire ça et même le lire d'une traite. Après seulement, prenez un immense plaisir à écouter la voix de Simonetta Greggio. Après et avant qu'il ne soit midi ou au moins avant 15h, avant que le jour baisse, partez donc découvrir cette Corrèze-là. Une Corrèze que vous n'imaginez pas et qui devrait vous toucher.

Et puis si vous avez un peu de temps j'ai réuni quelques sons courts venus des archives de l'Ina dont certains devraient vous faire sourire. Voilà de quoi passer une bonne journée radio et si vous voulez la terminer en soufflant, c'est du côté du pneumatique qu'Emmanuel Laurentin aurait pu vous envoyer, qu'il faudra aller tendre l'oreille. Si j'ajoute que dans ce documentaire Léon Zitrone est au top de sa suffisance audiovisuelle vous ne pourrez plus dire que vous ne saviez pas (qu'il était comme ça !)

Bonne journée d'entre deux, d'entre deux fêtes, d'entre deux années et d'entre deux temps. Un temps un peu suspendu où dès demain les jours rallongeront…

Demain matin (8h30) si tout va bien un hommage à un homme de radio 
qui avait l'Oreille…

mardi 25 décembre 2012

Ainsi parlait la chanson…

 



Démarrer le jour de Noël avec Bobby Lapointe (1), superposer Joe Dassin (et d'autres, vous verrez) et Zarathoustra avec délicatesse et finesse, il n'y avait sûrement que Sylvie Gasteau (2) pour le tenter avec autant de tact et, si vous y ajoutez du Ferré, bien trempé (ton piano Léo, ton piano), alors vous verrez la mer dans la première flaque d'eau. C'est un voyage que nous propose Gasteau et Pauthier, une danse, une ronde ou un slow avec des vibrations, des frissons et quelques picotements partout le long du corps. Parce que la chanson est ancrée, elle ressurgit à la moindre suggestion, bouleverse, enveloppe et irradie. Irradie pour nous faire décoller au point de ne plus jamais vouloir atterrir.

Au-dessus du magma, au-dessus du nid de coucou, au-dessus des poncifs, au-dessus des litanies et des roucoulades. Au-dessus et largement. Au zénith même. C'est pas possible de ciseler comme ça les émotions et de les enfiler, une par une, avec pour chacune un pincement au cœur, un sourire et même une larme. C'est pas possible et pourtant c'est ce soir dans la radio. Et sûrement à jamais dans mon panthéon. 

Tout est là : des sons, la vie, le quotidien, des mots susurrés, des rires, des mots encore, fondus, des bruits ambiants, des sourires supposés, des rictus accentués et la vie qui déborde, qui pousse, gémit, hurle, s'apaise et se prend aussi à fredonner parce que la chanson ça colle à la vie, à ses souliers, et à sa bouche. La chanson ça tourne en boucle.

Hey Sylvie, Pierre et Bruno, je vous le donne le prix et celui-là n'a pas de prix, pas de médaille, pas de colifichet, ni de ruban rouge. Il n'a pas de prix, pas de prix. Il est pris dans la soul, dans le blues, dans les veines de l'émotion, dans les interstices du bonheur fou, dans la joie - celle qui fait sauter en l'air - dans l'apaisement infini et la douceur sublime…

La douceur, juste la douceur…

(1) Ça nous change de Nito Rassi beuglé par les hauts-parleurs de tous les villages et autres temples de la con-sommation,
(2) "Ainsi parlait la chanson", ce soir, 23h, Les Ateliers de la nuit, France Culture. De Sylvie Gasteau et Pierre Pauthier, mixé par Bruno Martin.

lundi 24 décembre 2012

Dans ma hotte…








Comment avez-vous pu passer à côté ? Avec L. nous avions concocté un son pour le P.dg de Radio France avant même qu'il n'aille dans l'arène de sa conférence de presse de rentrée. C'est . Et avant que le "+" ne devienne une habitude j'avais tenté un p'tit billet pour parler de la radio "augmentée" (affreux ce mot) ou plutôt dopée avec un peu plus que du son. Et tant qu'à faire d'être dans l'augmentation il ne fallait pas rater ça, ou un certain esprit Shaddock à la radio ! 

Radio de lutte, LCA a accompagné la crise de la sidérurgie en 1979 à Longwy. Le téléscopage avec aujourd'hui désespère… Billancourt et surtout ceux qui y peinent. Renoir y aurait-il été laisser tourner ses caméras pour y faire comme une sorte de "Grande Illusion". Ferré l'aurait chanté lui qui ne manquait pas une occasion d'égratigner Barclay et… la radio. Avec un swing digne de Django ou de Laurentin. Allez, il nous manque pour fustiger l'époque la satyre de Jean Yanne.

Car tout ça c'est un peu beaucoup de blues mais si vous le prenez à la méthode Lomax vous aurez au moins la musique pour compagne. Et dans la foulée venez voir ya des sons à tire larigot. Ces sons là ne sont pas formatés alors qu'ailleurs ! Voilà c'était une première sélection. Je n'ai pas d'habit rouge mais la cerise sur la radio irait bien dans le décor de la radio d'aujourd'hui…

Demain le billet de Noël en fin de matinée…

dimanche 23 décembre 2012

Vers l'île…

Tourelle des Perdrix, Loctudy (29)













Ce "vers l'île…" c'est la quête celtique par excellence. Ce pourrait être aussi l'inaccessible étoile de Don Quijote. Pour moi ce sera le phare, ce phare accessible que je devrais atteindre à la marée de mars de deux mille treize si les bonnes ondes, les bons génies (lumière) et autres compagnons de route, arrivons à aboutir un joli projet. Je suis un peu superstitieux, je ne dirais rien tant que je ne serais pas au pied du mur… du phare. Là je pense que j'aurais les éléments (en furie) pour tout vous dire et mieux vous raconter l'histoire de l'histoire. Je m'en frise par avance les moustaches que je n'ai plus.

Sur ce blog, le billet le plus lu s'appelle justement "Le Phare" ! Il nous mène vers les ondes de Yann Paranthoën, magicien du son pour ne pas dire son seigneur. Alors ce dimanche j'ouvre, de retour (1), le grand livre de Christian Rosset et avant de mettre le son, je plonge dans la lecture, histoire d'être encore plus au diapa-son…

Pour cette fin d'année je vais un peu lever la plume ! Oh, ce n'est pas que je vais arrêter d'écrire, non, mais je vous proposerai aussi quelques "rediffusions" de billets de ce blog qui mériteraient (peut-être) une (re)lecture, à commencer par demain matin, car pour le billet (original) du 25 décembre, il me faut entrer en écoute studieuse et ce dès demain (après le taf du mataf').

Si vous aimez tant la radio, le son et les histoires qui vont avec, tentez de vous procurer la somme du Rosset (2), son éditeur Phonurgia nova mérite d'être soutenu. Si vous avez des images ou photos de phares, vous pouvez toujours me les envoyer et si vous avez les histoires qui vont avec, je suis preneur.

Alors comme disait Émile Franc, dit aussi Lucien Jeunesse, "À demain si vous le voulez bien…"

(1) Jolie expression traduite du breton "en-dro",
(2) Yann paranthoën, "L'art de la radio", Phonurgia nova éditions, Arles, 2009,

samedi 22 décembre 2012

Radio + Silence

Peut-on croire au Père Noël qui vous apporte quelques pastilles feutrées qui font tant de bien aux oreilles et, dans le même temps, imaginer qu'après, le silence va s'installer pour de bon. Out le Père Noël ! 

Qu'à cela ne tienne, le silence (j'ai failli écrire le Père Noël) je lui tords le cou… Je cours chercher un sapin, je décolle une à une les petites pastilles de feutre de la page web de Silence radio. Elles ne font aucune difficulté pour s'arracher. J'attache sur chacune une petite ficelle d'argent et je dispose le tout sur mon petit sapin. J'ajoute aussi quelques pastilles-leurres, histoire de faire résonner le silence. Puis j'enfile mon duffle-coat, noue mon écharpe rouge et passe mes moufles. Ici, au village y' a pas de neige mais je suis en condition : le silence c'est de la neige. Je croise Jacques, Christophe, Simone, Louise, Thomas et Lætitia. Je ne desserre pas les dents. Je fonce. Place du village (on non je ne vous dis pas le nom de la place, vous allez pleurer), je fiche mon sapin dans cette sacrée coquille de noix bleue, trônant là pour dire la mort de la pêche.

Mes petites pastilles de tissu volent aux quatre vents. Les habitants arrivent, s'assoient, écoutent. Ils sourient ou bronchent à peine quand un son démarre. Ils tendent l'oreille, prennent le silence comme il vient et pestent si quelques motocyclettes viennent rompre leur écoute si attentive. Aucun commentaire ne circule. Chacun quitte la place à pas de loup, comme sur un petit nuage. Mais il y a toujours quelqu'un pour veiller autour du sapin. Oh, pas de peur qu'il s'envole, non, mais pour garder la flamme vivante. Cette flamme de sons qui, faute d'écouteurs, pourrait s'éteindre à jamais. Et ça, le silence ne le supporterait pas. Pour exister il a besoin de bruits de toutes sortes ! C'est là qu'il y trouve toute sa place

vendredi 21 décembre 2012

Radio France Plus…





J'peux quand même m'écouter "Le bon plaisir de Claire Bretetcher" un jeudi après midi de décembre sans qu'on me taxe de radioteur, non ? Alors je l'écoute et je bois du p'tit lait. C'est pas que dans ma galaxie de la Bande Dessinée Bretecher y ait une place prépondérante mais ce qu'elle a à dire sur le "milieu" m'intéresse. Déjà le mot "milieu" j'aurais mieux fait de l'oublier, mais, mais en son temps la BD était tenue par les hommes et ce milieu-là n'était pas très ouvert aux femmes, ou gardait un très vieux fond de machisme hérité de la presse. Enfin je veux dire aux femmes dessinatrices de petits "miquets" comme dirait Gotlib ! Et puis se remémorer l'ambiance de la BD au carrefour des années 60 et 70 vaut toutes les hagiographies distillées aujourd'hui par l'hebdomadaire culturel de référence. Ce numéro du "Bon plaisir" 1989 y participe allègrement et on se demande une fois de plus pourquoi l'assassinat en règle de l'émission au début des années 2000, n'a pas donné envie aux directeurs successifs de France Culture de "remettre le couvert".

Là-je-vous-parle-en-ayant-bien-conscience-que-je-serais-plus-malin-si-je-pouvais-vous-guider-vers-un-lien-où-vous-pourriez-en-prendre-plein-les-esgourdes, mais last but not least, vous irez fureter sur l'Ina et dépenserez peut-être quelques menues pièces de monnaie pour entendre dans son intégralité le "Bon plaisir de Claude Chabrol" qui durait la bagatelle de 3h25mn. Ah les samedis après-midi de France Culture où nous pouvions nous installer dans le plaisir de l'écoute et de la connaissance. Aussi fort qu'une très bonne séance de cinéma ! "Passé un long moment avec quelqu'un qui vous intéresse c'est agréable". De fait…

Et pour faire suite à l'inactualité évoquée hier, quoi de mieux que de se plonger dans les archives et d'en faire même une part de son "actualité" (sic) quotidienne. Bon j'espère que vous aurez compris que je ne rate pas une occasion d'enfoncer le clou au moins jusqu'à ce que j'écrive à cet illustre historien, auprès de qui je ne manquerai pas de chercher un appui pour une web-radio archives, une sorte de Radio France Plus (1).

(1) Comme il existe radio Vinyle ou France Culture Plus.

jeudi 20 décembre 2012

À la recherche de Christian Rosset…

Claude Ollier à sa table de travail  © Ariane Ollier








Soyons clair, je ne cherche rien ou plutôt je cherche de nombreuses choses qui concernent la radio et, encore sous le coup d'un échange avec Christian Rosset, (1) j'en profite, sans chercher, pour faire un titre qui pourrait laisser croire que je viens d'embarquer pour une sacrée croisière. Sacré croisière car autant l'homme est toute mesure au micro autant quand on cause "off" il est IN-TA-RRI-SSA-BLE. Je voulais profiter de la diffusion mardi soir dans les Ateliers de la nuit, de "À la recherche de Claude Ollier", pour poser deux-trois questions au producteur.

Radio Fañch : Est-ce qu'après une longue maturation, une écriture, après la création des éléments sonores qui composeront l'émission, son montage et enfin sa diffusion "on" est dans un état particulier le jour de la diffusion de son travail créatif ?
Christian Rosset : Aujourd'hui qu'il y a le podcast, la tension (l'émotion) peut être différée mais ça fait quand même quelque chose. Mais surtout entre le moment où c'est "fini" et la diffusion je réécoute souvent, toujours à la recherche du petit grain de sable qui aurait pu rester dans la "mécanique". Je suis très soucieux qu'il n'y ait aucune négligence. Mais, le jour de la diffusion, j'écoute quand même l'"amorce" pour voir si tout part bien."

À écouter l'émission d'hier soir j'ai apprécié d'être emmené "à la découverte", d'être emmené sans d'autre intention pour le producteur que de nous faire partager la vie et la création d'un homme de lettres qui n'a jamais rien eu à vendre mais qui "gagnerait" à être encore lu. C'est un peu ce que m'a donné envie de faire Christian Rosset qui, à la façon d'un "enquêteur" voulait nous aider à répondre à la question "Mais qui c'est ce bonhomme ?". Et découvrir comme ça, un soir d'hiver, quelqu'un, hors actualité, hors promotion, hors tapage médiatique, ça fait un bien énorme. Ça laisse le choix et mieux ça incite à faire une démarche. L'exact contraire de ce qui se passe 24/24 sur la quasi totalité des chaînes radio (y compris France Culture) qui, d'invités en promotions, ne fait plus que servir l'actualité, alors qu'on serait en droit de la part de France Culture d'attendre plus souvent l'inactualité.(2)

Christian Rosset : "Ollier est "difficile" à suivre (sur la durée de son parcours) car il ne s'est jamais enfermé. Son écriture est exigeante et ne s'encombre pas des genres et des règles de ces mêmes genres. Ollier ne fait pas un travail intellectuel (comme faire comprendre ou expliquer) il réalise un travail artistique pour faire venir les sensations. La communication ce n'est pas faire passer un message c'est faire partager une sensation. Sa relation à l'écoute est passionnante. L'écoute de sa voix, de sa voix intérieure, du son de sa maison, le son du souvenir, le son de l'extérieur."

Rosset avait besoin de durée pour son sujet "Ollier". Si la première émission consistait à le découvrir, la seconde permettra de n'entendre que lui et ses textes (3). Alors que nous allions raccrocher Rosset trouve la bonne formule pour répondre à ma première question : " Il faut écouter l'émission qu'on a produite comme si elle n'était pas de soi". Ça va de soi !

(1) Producteur à France Culture et coordinateur de la petite somme sur "Yann Paranthoën, "L'art de la radio", Phonurgia nova éditions, Arles, 2009,
(2) Si Jean-François Bizot était encore de ce monde j'irai immédiatement lui proposer de créer "L'inactuel". Si "son" Actuel (mensuel) se justifiait, et ce de façon vitale, au début des années 70 quand personne ne s'intéressait à l'underground (pour schématiser), l'actuel est aujourd'hui au centre de tout au risque d'être arrivé à la saturation ultime !
(3) Jeudi 20 décembre, 23h, Les ateliers de la nuit.

mercredi 19 décembre 2012

Ina qu'à chercher…

Je cherche régulièrement sur Ina.fr et je trouve. Et je trouve même quelques petites perles qui, aujourd'hui, pourraient vous faire sourire. Vous pouvez commencer l'écoute ce matin et faire durer votre plaisir jusqu'à la nuit. Ina qu'à écouter… 
 

mardi 18 décembre 2012

Silences ponctués…






Ça serait comme un cadeau de noël à la création, simple, épuré, en Noir&Blanc, sans fioritures, sur une bande de papier. Une fresque défile, par dessus il y a des sons, à cliquer ou pas, mais on clique. Ce sont des pastilles de vie, des tranches de vie même, courtes et sensibles comme on aimerait que les radios publiques en diffusent plus, chaque jour, plusieurs fois par jour, sans tambour ni trompette, comme Caroline Cartier savait le faire sur France Inter mais dans un rendez-vous trop attendu. Cette fresque dit d'une autre façon l'arrivée du Louvre à Lens, le téléscopage avec la ville minière, ses habitants des ex-corons, ses symboles footballistiques, ses terrils, ses misères et ses fiertés. Et puis maintenant "ses" tableaux…

Il n'y avait qu'Arte radio pour inventer une telle chose : un reportage dessiné avec du son dessus. Un reportage qui prend le temps, qui laisse la place aux silences et à la mesure "du train où vont les choses". Les choses qui restent malgré tout avant que l'art ne s'installe. Paradoxe, paravent, parapluie. "Rappelle-toi Barbara il pleuvait sans cesse sur [Lens] ce jour-là". Paradoxe et télescopage des œuvres et des désœuvrés. Mesure. Vérité. Sens. Les humbles parlent avec leurs mots, leurs doutes, leurs réalités. C'est un peu comme "Les pieds sur terre" mais sans leçons de morale (1). C'est touchant. C'est simple et efficace. C'est à rebours du filmage et de la vidéo à tout prix. C'est en phase avec un pays qui souffre et avec une présence artistique presque invraisemblable. C'est la bonne façon d'Arte radio avec une délicatesse qui l'honore.

(1) France Culture, du lundi au vendredi, 13h30, par Sonia Kronlund.

lundi 17 décembre 2012

Moins mais plus…






Dans un récent article sur Syntone Marie Bertin s'interrogeait sur la place du silence en radio et sa diminution progressive pour ne pas dire totale, et ce particulièrement dans les sons d'infos. Paradoxe, si ces mêmes sons diffusés au cours des journaux d'information diminuent en temps, les journaux d'information de la plupart des chaînes publiques, eux ne diminuent jamais. Pour ne m'en tenir qu'à France Culture, tous les journaux diffusés sur 24 heures ont augmenté leur durée. Ne parlons pas bien sûr du super-enrobage-du-matin-en-forme-de-tunnel-qui-dure-la-bagatelle-de-cent-cinquante-minutes. Alors les sons seraient moins longs mais les sessions plus longues ? Qu'en pense Marie Bertin ? Pour être moi-même dans le ton je me suis appliqué ce point de vue "on va vers des choses de plus en plus courtes. (1)

(1) Philippe Paupert, reporter à France Bleu Vaucluse, cité par Marie Bertin.

dimanche 16 décembre 2012

La voix…









Voix là. Vous entrez en émission et ne pourrait-on pas dire, quelquefois, qu'on entre en émission comme on entre en religion ? Vous avez mis tous les atouts de votre côté. Les conditions sont optimum. Vos oreilles sont tendues à l'extrême. Vous pourriez fermer les yeux. Vous les fermez même. Laissant, pour la douceur, la lampe allumée. Il est 17h02, l'indicatif démarre. Vous souriez. Le producteur va jouer sa petite musique. Il n'y a plus une minute à perdre. Écouter et rien d'autre.

Voix ci. Ce jour-là il y avait deux invités. Le "générique", dit aussi l'annonce, est un peu plus long. Le producteur fait de son mieux pour dire les mots "étrangers" qui laissent immédiatement supposer un bon transport de l'esprit si on aime cet "étranger"-là, qui, on le verra, n'en est pas un. Fin d'annonce. Chanson. Que l'attente est longue. Le suspens est bien entretenu. Il faut mériter ces invités qui ne peuvent s'installer sans un minimum de désir de la part de ces auditeurs prêts à tout arrêter pour un moment de grâce, complices des mots, bouleversés par la voix.

L'invitée commence à répondre à la première affirmation en constatant qu'elle n'a pas dit bonjour aux auditeurs. Son "Buongiorno", mêlé d'un rire franc électrise sa parole. Cette attention à dire bonjour, cette délicatesse détonne avec le cirque habituel de la comédie des médias. Malhabile (ignorant même) dans cette langue chantante on sussurre, timide, "Buongiorno Simonetta". Son bonjour n'est presque rien, minuscule, vite évaporé mais pourtant c'est tout. C'est tout ce qui va entraîner l'écoute vers la joie. C'est l'accroche qui illumine, différencie, électrise l'écoute. Parlez, parlez, Simonetta, riez, dites vos doutes et vos certitudes et entrainez-nous dans votre bal, où la valse de vos sentiments n'a toujours pas épuisé l'orchestre et ses prétendants aux "soli".

Ça joue, se joue. Tantôt joue contre joue. Tantôt à distance, au bord de la rupture, du gouffre. Tantôt dans la plus grande solitude sur un parquet où il n'y a plus que le souvenir de la trace de vos pas. Étreintes évanouies. Voilà le transport. Voix là qui bouleverse et chavire.

Et puis qui rit à la radio aujourd'hui, pour le plaisir, pour la fraîcheur, pour la légèreté ? Cet effet stéréo : écouter la voix/écouter le rire c'est vouloir ne rien perdre de ce qui passe dans la voix. C'est décupler une fonction d'écoute en l'absence de signes extérieurs visibles comme une image ou un visage. C'est tenter de comprendre et d'imaginer sans voir. Et c'est merveilleux au point d'écouter autant la façon de dire que ce qui est dit !

De l'histoire qu'avait à nous raconter Simonetta Greggio ce jour-là (1), je n'ai fait qu'écouter sa voix, ses accents, ses rires et quelques "blancs" lumineux ici plus parlants que des silences.

Voix là, c'est dit, et ne peux mieux dire pour l'instant. Magari !

Simonetta Greggio sera, demain lundi, l'invitée de Christophe Bourseiller,
à 8h15 sur France Musique…

(1) Que j'avais déjà lue.

samedi 15 décembre 2012

Jacques Rigaud…






Je vous écrivais il y a quelques jours que nous aurions pu, au Festival Longueur d'Ondes, goûter une belle joute verbale et intellectuelle entre Jean-Marie Borzeix et Jacques Rigaud. Ce dernier n'avait pu faire le déplacement à Brest, sa femme étant en train de mourir. Jacques Rigaud est décédé le 6 décembre, et France Culture rediffusera à partir du lundi 24 décembre la série d'"À voix nue" que Pierre-Michel Menger lui avait consacré en mars 2007.

RTL, la radio pour laquelle il a été président pendant 20 ans (1980-2000), a remis en ligne un très court entretien. Heureusement que la radio publique a su à différentes époques de la vie professionnelle de Jacques Rigaud lui tendre le micro et recueillir ses témoignages.

Ci-dessous extrait de Radioscopie, Jacques Rigaud, Sous-Directeur de l'UNESCO, 
21 octobre 1976, France Inter…

 


vendredi 14 décembre 2012

Étonnant non ? …

© Photo Gilles Davidas, le réalisateur de l'émission.








Il y a quelques jours Benoit Duteurtre faisait s'esbaudir Sheila qui n'aurait jamais imaginé il y a cinquante ans parler sur France Musique. Je ne sais pas si Michel Delpech a été aussi surpris que France Culture lui consacre cinq épisodes d'"À voix nue", cette semaine. Mais autant je n'ai pas écouté Sheila (il y a des limites à la découverte) autant j'ai eu envie d'entendre "le chanteur populaire qu'a duré". Je ne connais rien de ce chanteur, hormis ses chansons qu'il m'arrive de fredonner et qui, bon an mal an, sont devenues les marqueurs d'une vie. Donc je suis entré À voix nue pour aller à la découverte d'un copain que j'aurai pu croiser "Chez Laurette".

Philippe Gumplovicz a interviewé avec affection et attention Michel Delpech et a sûrement participé à créer un climat de sérénité et de calme qui nous font découvrir un Delpech étonnant et… sincère. Simple aussi, sans l'emphase du show-business dévastateur et de l'ego démesuré de ses petits camarades de promo. C'est là que France Culture est surprenante ! Comment le maître de conférence en musicologie à l'Université de Bourgogne qu'est Philippe Gumplovicz a t-il pu, "sans hésiter" proposer ce projet à la chaîne ? Et pourquoi la chaîne y a cru ?

Je trouve l'approche de Gumplovicz intéressante car s'il ne fait pas abstraction de l'admiration qu'il a pour le chanteur il fait en sorte que Delpech lève un peu plus que "le coin du voile". Si Hélène Hazera avait interviewé Delpech on aurait pu s'attendre à certaines évidences d'un fil rouge plus "chansons" alors que ce n'est pas l'approche frontale que Gumplovicz a choisi. Ce dernier tourne autour de justement de ce qui a tourné autour de Delpech tout au long de sa carrière. La "simplicité" de l'échange et la sincérité de Delpech font plaisir à entendre. La chanson populaire est à l'honneur et ce n'est pas si souvent sur France Culture ou plutôt ce n'est pas assez souvent.

Après l'envolée vers Dieu jeudi, ce soir on risque de monter au ciel, "Devenir un homme / redevenir un ange" (1), est le titre du cinquième épisode.

(1) On dirait du pur Chancel (Jacques, pas Annie dite aussi "Sheila") !

jeudi 13 décembre 2012

Corrèze… en mémoire

C. Lecerf cousant (main gauche)












Il n'y a pas que les cloches qui résonnent dans les oreilles ou dans la mémoire. Un mot, des mots peuvent faire autant de bruit, voire créer la cadence des souvenirs au fil de la mémoire. J'avais moins de dix ans quand pour la première fois j'ai découvert la Corrèze sans autre horizon que celui du "clidou" (1) au fond du jardin de ma tante qui, une fois franchi, promettait des possibles insoupçonnés pour un jeune enfant… (2) 

Dans l'émouvant documentaire de Christine Lecerf et Jean-Claude Loiseau (2) il y un inventaire de petites choses dérisoires ou si importantes, mais tellement essentielles à la vie simple ou au bonheur quelque fois, c'est selon : L'origine, la Corrèze… L'eau coule claire et limpide (ça s'entend), le goguillou, les foins coupés, "l'hiver ça existe pas, j'y vis pas, pour moi c'est l'été", être d'ailleurs, la Gege au café-restaurant-tabac-presse, Claude et Clémence dans leur ancienne mercerie, le sonneur de cloches, La Nicole, Yvonne, sur la route du Chambon, les robes blanches - chaussures blanches - socquettes blanches, avec la Mémé, la boîte à boutons, la vie de campagne, le pire dans un village c'est la rumeur, l'œil du village, les Bodou noirs, les pantoufles (Gévin), une blouse noire, grise ou bleu foncé, il n'y a plus rien, il y avait dix bistrots, l'hôtel-restaurant chez Petit c'est fermé, il y a le coiffeur qui reste et tient le coup, il y a la pharmacie qui souffre du manque de population, nous avions un théâtre, et depuis nous avons un désert, la Berthe et Milou, la Casinote, la Lisou (moi je pense à "La Prune"), la Françoise, Caruso, Augusta, Soraya, Renée, La Pâquerette (une vache), La Blonde (une autre vache), La Gaillarde (encore une), ramasser le foin, les grandes charrettes qu'on montait dans la grange, le Pierrot et la Marcelle je ne les ai jamais vu quitter leur ferme, Marmarloche faisait des décors somptueux sur sa voiture, je suis un dinosaure de la pêche parce que ça fait trente quatre ans que je suis président, la Mémé était toujours sur le perron pour vous dire au-revoir, vous êtes d'ici… mais je ne suis pas sûr que vous soyez d'ici, je suis une Laplaucoise mais pas de souche…

Peut-être alors pourrait-on lire, comme ça en regardant le ciel si bleu, en suivant chaque mot avec son doigt : "Dès les premiers virages dans les gorges, on le sent, les bois de châtaigniers, la bruyère sur les talus, on sait que ça y est, ou presque… Et puis il y a la grande ligne droite à travers les champs, les maisons alignées, la place, on y est"… Laplau en Corrèze.

(1) Barrière de bois,
(2) "Ma" Corrèze à moins de 30km de Laplau,
(2) "Corrèze, l'origine", ce soir 23h, France Culture, Les Ateliers de la nuit.

mercredi 12 décembre 2012

Un vent Clément de… thésards



France Culture Plus est la toute jeune web radio des étudiants. Dont acte ! C'est pas que j'ai hésité à y aller fouiner mais quand même. Une thématique pose des limites, mais il est clair que je ne pouvais rester ignorer longtemps cette création de la France Culture. Je vous préviens je n'ai ni tout écouté, ni tout regardé, ni tout lu. J'ai picoré très modestement par rapport à mes propres repères. Et j'ai commencé par aller écouter la Radio Thésards de David Christoffel que j'écoute tous les matins sur France Musique, pour son ton, son approche de la musique et ses clins d'œil qui dérident l'austérité de certains de ses sujets. (Pourquoi chaque sujet de cette section n'est-il pas exportable sur un blog, comme c'est le cas pour les émissions de flux ?)

Sont publiés depuis la création de France Culture Plus cinq sujets très sérieux : D'accord, Le dégoût, L'enivrement, L'art belge et Le vent du Clément Barniaudy. Avec deux liens Soundcloud, Christoffel s'entretient avec Clément pendant un petit quart d'heure. Même si ces vents croisent plus au sud de ma Bretagne, j'ai trouvé la démarche de Barniaudy intéressante. Et en lien avec mon billet d'hier je dirai que la conversation permet de donner à un sujet très pointu une entrée plus facile que si Barniaudy avait du faire un monologue de présentation de sa thèse. Cette pastille trouverait bien sa place dans un programme de flux. En ponctuation d'une émission telle que "La fabrique de l'Histoire", "Continent science", … (1) avec dans certains cas la possibilité de raccourcir ou d'allonger le format. Qui va s'occuper dans cette web-radio de faire les "ponts" avec les émissions de radio ?

On le voit, ce qui vient d'être créé pour les étudiants pourrait trouver une extension/duplication sur la chaîne-mère (ça nous change de la reine du même nom), et ce que j'appelle régulièrement de mes vœux, la création/diffusion de "pastilles" légères tout au long de la journée pour casser le rythme trop formaté de l'heure juste. Pourquoi ce qu'il est possible de faire sur le web ne serait pas possible en flux (et/ou sur le futur site de France Culture, rénové) ? Cette idée d'aller chercher à sa guise, à son heure et à sa façon des informations sonores sur France Culture Plus pourrait aussi être induite par une démonstration permanente sur la chaîne avec des rendez-vous réguliers tout au long de la journée dans l'esprit par exemple des Dépêches-notes de France Musique. 

D'avoir inventé cette chaîne en partenariat avec des universités et les radio-campus très bien, mais va t-on assister à la multiplication de web-radios thématiques (une France Culture Monde serait prévu) ? Dans ce cas pourquoi France Culture ne se positionne t-elle pas pour initier une Radio-Archive accessible par le web en collaboration avec l'Ina et les bibliothèques sonores ?

Je reviendrai dans quelques semaines sur cette web radio dont j'ai encore besoin d'approfondir et de comprendre la pertinence de la "thématique" choisie et du "Plus". Merci aux responsables qui liront ce billet de ne pas hésiter à répondre en commentaire aux questions que je me pose.

(1) Sur France Culture, du lundi au vendredi.

mardi 11 décembre 2012

Le son… et après







Il y a plusieurs jours maintenant Syntone - grand timonier de l'art radiophonique - rappelait à ceux qui l'auraient oublié, que la bonne maison d'Arles, Phonurgia Nova, organisait sa sélection annuelle de créations sonores, in Panam' à la Gaïté Lyrique, les 8 et 9 décembre. Quelques jours après cette annonce, entretenant à merveille le suspens, le même nous apprenait qu'il ferait partie du jury. Quel honneur pour la bonne maison et pour ceux qui concouraient !

Dimanche, en fin de journée, le fameux juré nous annonçait les résultats, nous prévenant que les docs seraient en écoute ce lundi sur le site de Libération. Wait and listen ! Ce temps d'attente insupportable, je le mis à profit pour réfléchir à la réception du son par un autre support que la radio. Et comme disait Prévert "Je suis comme je suis je suis fait comme ça" car, si pour moi c'est une évidence d'écouter la radio, je ne vais pas "naturellement" écouter des sons et/ou des documentaires sonores hors radio. Je n'irai pas jusqu'à dire qu'il faut que je me force, mais j'ai toujours l'impression qu'à cette écoute-là il (me) "manque quelque chose". La radio met en scène, contextualise, introduit un document sonore et, la personne qui s'en charge, a une fonction très importante tant ce médiateur-là personnalise l'écoute (1). Si la complicité opère avec ce médiateur on a envie de se laisser guider par ses choix particulièrement parce que fidèle à un rendez-vous on se sera rendu disponible pour écouter (2).

Je peux facilement écouter sur CD ou MP3 un documentaire dont je sais qu'il a été diffusé en radio. Mais là encore j'aime bien pouvoir, quand c'est possible, entendre les conditions dans lesquels ce documentaire a été diffusé. Un exemple récent : le documentaire sur "La Roquette" peut tout a fait être réécouté en tant que tel, mais je trouverai dommage de "louper" l'introduction qu'Emmanuel Laurentin en a fait, particulièrement puisque ce jour-là il n'a pas manqué de citer - en une drôle de litanie - tous les personnages ayant participé au reportage. C'est un détail, c'est une anecdote mais c'est ma façon d'être écouteur de radio.

Ceci étant je ne vais pas manquer d'aller écouter les créations primées. Vous pourrez les trouver sur le site Phonurgia Nova qui vous renverra ensuite vers les sites de Libération, L'humanité et Syntone tous trois commentant l'affaire à leur façon. (Personnellement je ne lirai rien avant d'avoir écouté).

Voilà mes chers auditeurs, je vous ai fait part de ma pratique personnelle qui ne demande qu'à évoluer. C'est la raison pour laquelle je suis à l'écoute du grand Timonier cité, de Jacques Depierreux (commentateur assidu de ce blog), d'Arte radio et, dès que j'en aurai le temps, de France Culture Plus et, entre autre, l'objet qu'anime David Christoffel avec ses "Thésards"… Mais dites-moi vous, vous les écoutez comment les "sons" hors radio ?
(à suivre)

(1) Lire ici,
(2) Ce fût mon cas avec Alain Veinstein et ses "Nuits Magnétiques" et autres "Surpris par la nuit" comme avec Thomas Baumgartner pour ses "Passagers de la nuit", pour ne citer que deux producteurs de France Culture.

lundi 10 décembre 2012

Florilège…




Pour tenter de réaliser ce blog quotidien j'ai mis au point la petite mécanique du blogueur… Celle-ci ne peut fonctionner que si, en retour, j'ai quelques commentaires et visites stimulantes (1). Toutefois je m'interroge chaque jour en me demandant pourquoi tel ou tel billet est plus ou moins lu ? Qu'est-ce qui peut bien donner envie de lire ? Le titre ? Le sujet ? Pourquoi un sujet "original" accroche moins ou pourquoi tout d'un coup Claude Villers tient la corde ? Je rêve quelquefois que quelques lecteurs reprennent le blog à ses origines et "avalent" la bagatelle de cinq cent trente sept billets. Mais bon "Ya pas que la radio dans la vie !"…

Alors mes chers auditeurs je vous ai mis de côté quelques petites choses un peu passées "inaperçues". Ça puis ça et encore ça ! Et puis, s'il vous reste un peu de temps, ceci et pour finir cela. J'en profite pour remercier tout ceux qui fidèlement me lisent chaque jour ou de temps en temps. Vive la radio !

(1) Vraiment sympa par exemple de lire sur Twitter :"Tellement captivantes, les digressions radiophoniques de Fanch, qu'on en oublie d'écouter la radio..." (Euh, mon objectif c'est quand même de donner envie d'écouter la radio ;-))