Mercredi prochain, le dessin de Reiser en une de Charlie hebdo nous manquera. Comme Reiser, lui-même, nous manque depuis sa disparition fin 1983 (1). Car les résultats de l'élection présidentielle vont nous imposer très vite un bouleversement civilisationnel avec la disparition de la CAP et la perspective pour l'audiovisuel public de voir son budget voté annuellement. À la hausse ou à la baisse. Soit une corrélation directe avec le pouvoir et le risque absolu d'une perte d'indépendance et de liberté éditoriale. Autant dire une fois de plus que la politique drastique de Bercy de réduire les masses salariales et les moyens de fonctionnement de l'audiovisuel public va pouvoir s'appliquer d'elle-même.
Comment dans ces conditions envisager les C.O.M. (Contrats d'Objectifs et de Moyens) à 5 ans quand aucun financement public ne sera garanti sur le moyen terme ? Comment anticiper des programmes, des investissements quand, chaque année, tout peut être remis à plat ? Comment dans ces conditions l'investigation va pouvoir perdurer et comment l'auto-censure ne va pas devenir la règle absolue ? Avec comme épée de Damoclès le risque pour les saltimbanques de déplaire au(x) pouvoir(s) et de devoir - du fait du prince (2) quitter l'antenne. Et pour les journalistes celui de s'interdire les sujets qui fâchent. Des scénarios bien pire que pendant la période ORTF (1964-1974).
Attendre et voir… Les élections législatives pourraient établir d'autres perspectives. Pourraient… Les huit mois qui viennent seront décisifs pour constater - avec le vote du budget de l'État - la nouvelle donne et se faire à l'idée que des chaines de radio pourraient disparaitre, que des moyens de production vont se focaliser sur le numérique, que la plateforme Radio France pourrait très vite remplacer les chaines hertziennes. Que France Bleu sera absorbée par France 3, France info/radio par France Info/Tv (3).
On se demande bien quand les Françaises et les Français vont prendre conscience des enjeux de la consolidation d'un audiovisuel public pluraliste, au risque qu'ils ne découvrent une fois acté, les méfaits de l'abandon de la CAP.
Ce n'est qu'un combat, continuons le début. Coluche
(1) Radioscopie 15 octobre 1980, (madelen, abonnés),