lundi 30 septembre 2013

Du haut de sa tour d'ivoire… il vacille




Les journalistes manient les sondages avec délectation, s'en servant comme de balises d'opinion n'hésitant pas à les utiliser jusqu'à satiété. Jean-Jacques Bourdin, anchorman de la matinale de RMC, en accueillant jeudi dernier Jean-François Copé, n'a pas hésité une seconde à le tacler dès les premières secondes de l'émission en lui faisant remarquer que pour les sympathisants UMP sa "cote" est à 2%. Voilà des faits probants et "pertinents". Jean-François Copé, bien informé, bien conseillé, rétorque aussitôt à l'intervieweur que lui-même est crédité d'une note de 6/20 par Le Figaro dans un classement récent des matinales (1). Et bing, "Pan sur le bec" aurait dit le Canard. Holà, mais c'est qu'on ne remet pas en place comme ça un journaliste avec un grand J et tout le fourbi qui assoit sa grandeur chaque matin sur les ondes. Si ledit journaliste peut digresser sur les sondages et les chiffres bidons, d'après Bourdin soi-même l'homme politique ne peut pas. Bourdin qui a eu beaucoup de mal à avaler la couleuvre qu'il a fini par ne pas digérer. Trop drôle, minable, odieux. Et M. Bourdin d'utiliser les ondes de RMC à des fins personnelles pour manifester son mécontentement.

Aux congratulations permanentes que s'auto-attribuent les journalistes de la station, il fallait bien qu'un petit grain de sable vienne gripper l'image de marque d'une matinale "rentre dedans", souvent démagogique sur les problèmes de société, carillonnante sur ses succès d'audience avec des émissions non moins démagogiques (2), en extase devant son journaliste-intervieweur-si-pugnace-avec-ses-invités-qu'-on-est-pas-prêt-de-le-lâcher-à-la-concurence. Journaliste qui, du haut de sa tour d'ivoire, a congédié Jean-François Achilli qui avait commis le crime de lèse-majesté d'interviewer un politique véreux sans son blanc-seing. 

Donc Le Figaro n'aimerait pas une radio qui fait tout son possible pour dézinguer en permanence le gouvernement en général et la gauche en particulier, voilà de quoi étonner. Sourions pour ne pas en rire de l'appréciation de la matinale de Patrick Cohen sur Inter : "Tranchant avec ses invités, il n'hésite jamais à les recadrer lorsqu'ils ne pensent pas comme lui. Une matinale politiquement engagée, comme beaucoup d'émissions de la station de service public." Et que dire d'un certain "Bazin, un roc, un diamant qui ­résiste au temps." dont les journalistes du Figaro n'ont pas cru utile de préciser que ledit Bazin officie sur RTL. 

Bourdin s'est fait moucher, tant mieux. Que toute la planète média s'empare de l'affaire est totalement pitoyable, pathétique et tragique. Avec cet épisode les médias donnent d'eux-mêmes l'image d'une cour de récré qui n'en a jamais fini de jouer. Rira bien qui rira le dernier !

(1) On notera avec tristesse et dépit que les trois rédacteurs de cet article sur le site web du Figaro s'enferment dans la rhétorique de l'école de la IVème République pour juger "les bons et les mauvais élèves du petit déjeuner". On ne manquera pas de se demander leurs temps d'écoute de ces dites-matinales et combien de fois de suite ils les ont écoutées, même si leur palmarès est hebdo. Trouver que "Marc Voinchet offre une belle ­occasion de s'informer dans le calme, de réfléchir sereinement et de se cultiver avec plaisir." montre bien que leur écoute a été très sélective et sur beaucoup moins de temps que ne dure "Les matins" qui empilent, avec frénésie, tellement de chroniques que ça ressemble à tout sauf à une session calme,
(2) Les Grandes Gueules.

dimanche 29 septembre 2013

Comme on fait son dimanche… avec la radio

Kriss







O tempora o mores, je ne peux pas affirmer que quelque chose ait formellement changé mais je me souviens de dimanches où la radio rythmait ma journée et son organisation. Il valait mieux avoir fini de déjeuner pour écouter Les Papous sur France Culture. C'est toujours le cas aujourd'hui. Il valait mieux avoir quelques affinités avec l'invité politique de "L'oreille en coin du dimanche matin" (1) pour se régaler des saillies des chansonniers et, quelques années plus tard, se fiche du tiers comme du quart des sujets abordés dans "Dimanche en roue libre" (2) du moment que c'était ceux choisis par Kriss qui animait la tranche 14/17. Mais en même temps comment louper "Un jour au singulier" (3). Contorsions auditives, enregistreurs incapables d'enregistrer ce qui n'était pas en écoute, podcasts inconnus, frustration totale et normale, "ne pas vouloir tout en même temps" et se faire son dimanche comme personne (4).

Et puis il y a ces fameuses émissions dites cultes que les chaînes voudraient à tout prix nous faire gober le dimanche et particulièrement en fin de journée où l'information s'impose, des fois qu'on serait en manque absolu, après deux jours un peu à l'écart de l'actualité. Les journalistes se rappellent à notre "bon" souvenir quand ce pourrait être l'occasion d'entendre quelques "radio-mémoire" ou quelques documentaires et ce, même sur France Inter.

Ce pourrait être l'occasion de rediffuser le prix Italia 2013 décerné cette semaine à Alain Devalpo et Jean-Philippe Navarre pour "Souvenons-nous du Joola" ou se préparer à une "mise en oreille" d'un "radioscopage" entre "La fabrique de l'histoire" (5) et "Sur les Docks" (6) qui toutes deux abordent à leurs façons la Martinique. Ou alors d'inciter à l'écoute des "À voix nue" de Peter Knapp (7), dessinateur, peintre, graphiste, photographe, cinéaste, "qui poursuit aujourd'hui encore sa quête de l’infini...."

Mais plutôt que de vous promener dans mes choix arbitraires nous pourrions chacun nous faire une idée de ce que telle ou telle chaîne nous proposerait pour la semaine à venir, si une émission dominicale (sur chaque chaîne à des heures différentes) nous offrait le menu. Voilà une idée simple d'autopromotion qui pourrait faire son chemin…

En attendant, cet indicatif du "Réveil musculaire" est un vrai bonheur et il accompagnera dorénavant mon billet du dimanche.

(1) France Inter, 1968-1990, la session du dimanche matin en public avec les chansonniers est apparue en 1981 et avec un invité politique en 1984,
(2) 1996-1999, France Inter,
(3) Geneviève Ladoues, France Culture, 1992-1996,
(4) Un rattrapage était possible grâce à Pierre Descargues qui, dans son émission du lundi sur France Culture "Les arts et les gens" proposait dans "Le temps de se parler", l'échange interactif entre auditeurs de cassettes audio des émissions enregistrées des programmes de la chaîne,

(5) Du lundi 30 au jeudi 3 octobre, France Culture, 9h05
(6) Lundi 30, France Culture, 17h,
(7) De lundi à vendredi, France Culture, 20h,

samedi 28 septembre 2013

Des monts et… merveilles

On continue d'observer et d'écouter les géantes (montagnes) donner de la voix. Se télescopent la nature, les hommes, les silences, les racines, les ailleurs, les retours, la neige, une vallée, un atoll, l'enfance, la famille, les souvenirs et le temps suspendu. Là un berger rassemble les ondes comme il rassemblerait ses moutons. Un peu peureux au début ces moutons-là s'expriment. Ils se préparent pour le grand soir, ou le grand jour, où il faudra bien en dire plus si l'on veut en faire quelque chose qui s'appelle de la radio. Wait and listen…



 Carte de visite n°4




Note de l'éditeur : Bonjour mes chers auditeurs, bonjour. Publier le samedi ça ne va plus ! Il semble bien que ce jour-là vous ayez autre chose à faire qu'à me lire… Pour moi, (depuis le 26 août) ne plus publier le dimanche était  un "crève-cœur", car cette petite fin/début de semaine me stimulait les méninges et surtout était ma façon d'un clin d'œil infini à Garretto-Codou qui ont longtemps fermé à 18h la semaine d'Inter avec "L'Oreille en coin". Dorénavant le feuilleton s'éditera du lundi au vendredi. Le dimanche sera une autre façon de dire et d'écouter la radio pour la semaine passée comme pour la semaine à venir.

vendredi 27 septembre 2013

Des moutons et des voix…

On continue notre balade entre Alpes et Pyrénées. Aujourd'hui quelques belles images pastorales, quelques utopies et quelques réalités aussi. Les moutons sont assez discrets. Les hommes et les femmes un peu moins. Du côté de Radio Fond de France on poursuit l' écoute de leurs cartes de visites sonores (et demain aussi) et on brise le silence…

jeudi 26 septembre 2013

Pourtant que la montagne est belle…

À ma droite les Pyrénées (quand j'ai la Manche dans le dos), à ma gauche les Alpes. Je veux croire que l'amour de ces reliefs et de ce qui gravite autour est le même qu'on frise l'Espagne, l'Italie ou la Suisse. Dans les Pyrénées, Patrick Avakian tente "les cartes postales sonores, une mémoire active, organique, authentique qui permette à l'auditeur de se projeter dans le paysage et des ambiances intimistes qu'offre la montagne ", quand les "Fond de France" tentent (pour commencer) la carte de visite… intime. Manque à ces décors la belle voix de Robert Arnaut pour dire ses Pyrénées de l'intérieur de lui-même et, quelque berger des alpages pour nous conter autrement ses Alpes…

 

Carte de visite n°2

mercredi 25 septembre 2013

Là haut sur la montagne…








Bon, mes chers auditeurs, si je vous disais dans quel établissement de perdition il me faut pénétrer pour écrire ce billet, l'interviewé ci-dessous en avalerait son fromage (de brebis). Mais, fidèle à ce rendez-vous que j'ai avec vous, je ne recule devant (presque) rien pour parler de notre média favori. Donc j'ai beau profiter de très beaux couchers de soleil à l'extrême pointe nord-ouest du Finistère et me régaler de la lumière du jour quand tout le reste de la France est dans l'obscurité, je vous propose ce matin de filer dans les Alpes et de grimper jusqu'à Fond de France. Là, une poignée d'irréductibles, amoureux de leur coin ont sorti la tête du fond et décidé de créer une web-radio (en cours de création). Vous trouverez chaque jour, jusqu'à samedi, une carte de visite sonore qui présente les protagonistes de l'affaire. Mais pour être (à fond) dans le ton et l'esprit de ce qui les anime je vous propose de lire l'interview de Thomas Sibille, restaurateur, qui commence à lever le voile sur leur ascension…

Radio Fañch : Vous distillez sur Twitter, puis sur SoundCloud des petits "bouts de sons". Mis bout à bout vous souhaitez en faire quoi ?
Thomas Sibille : Une expérience radio (Fond de France), à manier des outils, enregistrer et réaliser une écriture documentaire.

R.F. : Pourquoi une écriture documentaire ?
T.S. : Si on veut dire quelque chose, il faut faire attention à la forme (écrit). Nous en sommes encore à l'apprentissage. Dans l'équipe nous sommes une vingtaine de tous âges et de toutes professions, sauf celle de journaliste, qui habitons la vallée réunis par une même unité géographique.

R.F. : Vous avez en tête quelques références radio ?
T.S. : "Les cinglés du music-hall" de Jean-Christophe Averty, Jean Lebrun et ses "Pot au feu" et les documentaires d'Arte radio.

R.F. : Votre projet de web-radio est longuement mûri, pourquoi prenez-vous autant de temps pour vous lancer ?
T.S. : On est très soucieux de ne pas faire n'importe quoi. Nous avons tous des activités très prenantes. Sur les vingt qui constituent l'équipe nous sommes sept "actifs" qui n'avons pas assez de temps. Nous avons passé le cap du projet il nous faut maintenant faire cette radio… et la grille qui va avec.

R.F. : Comment définiriez-vous la web-radio que vous allez créer ?
T.S. : Partager le bonheur d'habiter Fond de France et celui du documentaire. Une radio narcissique pour elle-même et pour tout le monde dans un second temps. Le lieu et l'identité de Fond de France en feront sa singularité. On veut raconter des histoires sans aborder de front le fond du problème, tout en posant les questions sur le fond.
(à suivre…)

Carte de visite n°1
 

mardi 24 septembre 2013

Pas de réseau…

Je circule . Je capte des bribes de radio (RDS). J'essaye d'attraper une borne wifi qui tienne plus d'une minute. Mon billet devient devient (en) dilettante. C'est une autre temporalité. Je sors de ma petite spirale et découvre les effets d'un temps allongé entre deux écritures. On y prendrait goût. Là aujourd'hui je ne peux rien faire de mes bribes. Il n'y a même pas de quoi s'énerver sur les Grandes Gueules ou sur le camelot à court de camelote. Je repense à "l'oreille en groin", des petits facétieux de chez Arte radio. Je vous en remets une couche et, surtout, réservez demain le début de votre nuit à Knud Viktor.


lundi 23 septembre 2013

Longueur d'ondes… courtes

J'aime bien cette association "Longueur-courtes". Ajoutons-y une bonne poignée d'ondes et nous voilà aux aguets. Ce matin j'ai pris quelques longueurs d'avance pour en écouter quelques-unes. Dans une grotte, une antre, un cairn on dirait en breton, situé au bout du monde, là où commence la terre et où finit la mer (1). Dans ce repère, si l'on tend bien l'oreille, derrière les voix affleurent les mots derrière les mots on entend des voix. Lointaines, proches, disparues, reconnaissables et quelques fois un peu oubliées. Comme d'habitude avec des passionnés de radio nous jouons au ping-pong : une anecdote, une émission, un indicatif, une grille, un couac, un fou rire et… un raton laveur. Dans l'ombre Anne-Claire, Fabrice, Sarah, Cécile composent la petite symphonie du bout de monde que viendront jouer quelques ténors de la radio et quelques autres moins connus mais tout aussi surprenants, à découvrir "en vrai" au cours du festival.

Pour patienter, écoutez-les ces "Longueurs d'ondes" qui, pour France Culture, avaient concocté un programme de nuit pour les cinquante ans de la chaîne.



 
(1) À Brest, le prochain festival de la radio "Longueur d'ondes" aura lieu du 13 au 16 février !

vendredi 20 septembre 2013

La bergère, le berger et le petit pitron…








On va dire que depuis la rentrée 2010 j'ai porté une plus grande attention au Mouv', d'abord par ce que j'ai commencé à y écouter Bonneau qui "rentrait au bercail" (1) après son "purgatoire" à Europe 1, et ensuite pour pouvoir en parler sur ce blog. À l'époque c'était Hervé Riesen qui dirigeait l'antenne, déplacée à Paris après treize années à Toulouse. En février 2011, pour lui succéder, Jean-Lus Hees, Pdg de Radio France nomme Patrice Blanc-Francard directeur. Blanc-Francard qui a beaucoup œuvré dans le groupe public a laissé à certains de ses auditeurs le souvenir d'un homme passionné de musique, volontiers joueur (2) et placide. Trois ans se passent. Pendant cette période je ne me souviens pas que la presse se soit intéressée à autre chose qu'à l'audimat de la chaîne qui, aux yeux de ladite presse frôlait l'"accident industriel". Rien moins. Pensez-donc une chaîne écoutée par moins de 200 000 personnes/jour sur le territoire métropolitain on frôle la gabegie… médiatique. Petit rappel : les conseilleurs ne sont ni les payeurs ni les créateurs.

Donc, Blanc-Francard rythme l'antenne, lui donne des couleurs, diversifie les musiques, propulse Laura Leishman (3) et quelques pointures en musique venues de OÜI FM (4), me dit mon p'tit camarade Hervé (Le Transistor)… après qu'un certain Arthur en soit devenu le propriétaire. Hees et Blanc-Francard ont beau dire plusieurs fois par an qu' "on ne fait pas venir les auditeurs d'un claquement de doigts", les observateurs de l'ONU (2) veulent "des résultats et plus vite que ça". Hees répète à l'envi qu'il ne donne pas d'objectif d'audience au Mouv' et qu'il accorde toute sa confiance au directeur et aux équipes pour réussir l'alchimie. C'est le bon mot.

L'alchimie de quoi ? Des jeunes, des urbains, des actifs, des jeunes adultes, des connectés, des jeunes, des trentenaires et autres jeunes qui ne rentreraient pas dans ces catégories (ma pomme). Ce n'est plus de l'alchimie mais du sur-mesure qu'il faut créer pour tenter d'attraper ces publics-là. Puis patatrac, le 27 août Hees annonce le départ de Patrice Blanc-Francard et son remplacement par Joël Ronez, par ailleurs directeur des Nouveaux médias à Radio France. Un projet de Radio Numérique Totale est envisagé.

Début d'une petite comédie légère donnée sur le pavé parisien
La bergère (Arthur), propriétaire de la station Oüi FM propose de rapprocher les moyens du Mouv' et ceux de sa station pour développer les audiences sur tout le territoire métropolitain affirmant que ce serait une occasion d'optimiser la totalité des fréquences ainsi concernées (lire : augmenterait la manne publicitaire).
La réponse du berger à la bergère ne s'est pas fait attendre. Ronez, via Twitter, sûrement très agacé qu'on veuille passer le service public par "pertes et profits" (et influencer son propre projet de développement), répond sec et sans nuance (5). La bergère est mouchée, sort de ses gonds et fait surgir le petit Pitron (genre de pitre) qui se répand sur tous les supports possibles pour dire son indignation quand, son double -Arthur-, sauveur des ondes en péril, propose des solutions économiques, culturelles (et sociales ?) réalistes et immédiatement opérationnelles. Et voilà que le comique-troupier nous offre un remake ridicule de Tartuffe joué avec d'aussi grosses ficelles que celles que le bateleur de foire a l'habitude de manipuler à la télévision. Rideau.




S'il fallait une preuve que cette comédie n'avait pour autre effet, non pas tant d'attirer l'attention des pouvoirs publics sur la saturation de la bande FM, que de permettre à Arthur de s'offrir à pas cher un nouveau show d'égocentrisme, la voilà toute trouvée. Les fréquences radio du service public, dans le cas où celles-ci ne diffuseraient plus de programmes, ne peuvent faire l'objet d'une exploitation par des entreprises privées. Elles sont encadrées par "un droit de réserve" qui permet de les destiner à la diffusion de programmes publics (6). Ce qui fût le cas quand Le Mouv' quitta Toulouse, France Bleu prit sa fréquence.

Donc, méga fanfaronnades, buzz à tout va (7), publicité gratuite pour la radio privée d'Arthur et ses activités… "périphériques". Arthur, déguisé en Jehanne d'Arc ou en Batman, aura beau danser la carmagnole devant le CSA (Conseil Supérieur de l'Audiovisuel), il n'a aucune chance de se voir attribuer les fréquences du Mouv'. Quant à la saturation de la bande FM et de son corolaire, le serpent de mer RNT (Radio Numérique Terrestre), c'est aux pouvoirs publics de s'engager. Avez-vous entendu après que la farce fût (mal) jouée, le moindre bruissement venant de l'Élysée, de Matignon ou des officines de communication attachées à ces institutions ? Aucun. Silence Radio Total. Les sujets s'agitent. Las, les autorités qui ne s'autorisent rien regardent béates passer le train. Comme le disait, autrefois et si bien, Jean-Louis Ézine "Du train où vont les choses…"(8)

(1) Plan B, à l'époque deux heures consécutives de 16h à 18h,
(2) Ondes Non Utilisées,
(2) Au début de "Pas de panique" avec Claude Villers, octobre à décembre 1973 sur France Inter, jouant dans le feuilleton radiophonique maison "Le petit peintre viennois",
(3) Aujourd'hui sur France Inter,
(4) Sandrine Vendel, Christophe Crenel, Francis Viel,…
(5) Voir les gazettes spécialisées dans le buzz, 
(6) Information recueillie auprès du CSA. Vous l'avez lu ça dans la presse aux basques d'Arthur ?
(7) À faire le tour des médias et pourfendre le service public Arthur a toutes ses chances pour devenir le joker des animateurs des "Grandes Gueules" sur RMC,
(8) Titre de sa chronique quotidienne sur France Culture.

jeudi 19 septembre 2013

Un livre… des voix

Les auteurs - © Guy Senaux





En entamant ma deuxième lecture du livre "50 ans de France Culture" qu'ont écrit Anne-Marie Autissier et Emmanuel Laurentin, j'ai eu envie d'intervenir graphiquement sur les photos, le texte et/ou les illustrations, pour chercher ce qui quelquefois pouvait être "caché derrière". Ce qui fût pensé fût fait. Une fois mon livre "illustré" de quelques bulles et autres surlignages appuyés, j'ai alors imaginé que je pourrais en proposer quelques pages au regard des auditeurs qui viendront en septembre au Palais de Tokyo pour l'anniversaire de la chaîne. J'en parle avec le responsable de la communication de la chaîne, Jean-Marie Guinebert qui, anticipant les difficultés d'accrochage de ces pages "envolées", me propose de débattre avec Emmanuel Laurentin, sur place lors de la fête. Moins graphique mais plus parlant, sachant que je disposerai d'une demi-heure dans la librairie du Palais de Tokyo, je prépare mes questions à partir de mes petits gri-gri. Anne-Marie Autissier, co-rédactrice du livre se joindra à nous. 

Avant l'écoute de l'interview disponible ci-dessous, je vous demande, mes chers auditeurs, beaucoup d'indulgence. Ce dimanche matin 8 septembre, la librairie n'était pas sonorisée, et nous avons dû chacun faire usage de notre voix puissante pour permettre au public présent de nous entendre. Grande veine, Marc Jacquin, des éditions Phonurgia Nova, était présent avec son enregistreur de très bonne qualité et a spontanément proposé de nous enregistrer. Au débotté cet enregistrement, dont nous n'avons pas supprimé les bruits de fond, est "mieux que rien". Je vous conseille l'écoute au casque. À peu près à la moitié de l'enregistrement (vers 15') vous pourrez entendre l'intervention de Guy Senaux, ingénieur du son à Radio France, qui précise les modalités de l'évolution de l'enregistrement et du son à France Culture, quand il est décidé de passer, entre autre,  d'une marque de micro à une autre (1). Merci à lui pour cette précision et pour les photos qu'il m'a permis d'utiliser pour l'illustration de ce billet.



 



Les habitués de "La fabrique de l'histoire" (2) constateront qu'Emmanuel Laurentin, qu'il soit intervieweur ou interviewé, n'a rien perdu de sa verve. Quand à Anne-Marie Autissier il était important d'entendre son point de vue qui s'appuie sur sa thèse soutenue en 1997 (Paris 5), et qui avait pour sujet "France Culture : rôle et programmation d'une radio a vocation culturelle". Il semble bien que dans le brouhaha immense nous ayons, avec les auteurs, su tirer notre épingle du jeu. Ce document sonore essaye d'en rendre compte dans toute sa spontanéité (3).

(1) Du Neumann au Schoeps,
(2) France Culture, du lundi au vendredi, 9h05,
(3) Mes très chaleureux remerciements à Marc Jacquin.

mercredi 18 septembre 2013

Musique-Culture… Culture-Musique

Olivier Morel-Maroger/C. Abramowitz-RF













Comme on pouvait s'y attendre une fois les lampions du studio 106 (1) éteints, plus personne ne parle de la conférence de presse de Radio France et surtout pas des programmes radio de la saison 13-14. La presse se contentant de réagir à chaud sur des annonces, les effets de manche des vedettes de l'une ou l'autre antenne, ou la photo du plateau final et sa brochette de directeurs (masculins) des différentes stations du groupe Radio France. Pour la presse, la radio c'est ça, ce qui se passe autour, jamais ou presque ce qui se passe dedans. Ce qui nécessiterait un minimum d'écoute, ce minimum étant consacré au buzz beaucoup plus excitant que d'écouter attentivement une émission sur la longue durée.


Si j'attache beaucoup d'importance à assister en live à cette prestation annuelle c'est pour être attentif à la façon dont les choses sont dites, contextualisées, mises en valeur ou sous silence de telle ou tel. Écouter et voir. Si j'ai raconté comment Julien Delli-Fiori fait ses pirouettes, je n'ai encore rien dit de la façon d'Olivier Morel-Maroger. Alerte, simple, tonique, ce directeur de France Musique (depuis trois ans) sait aller à l'essentiel, sans ronds de jambe, auto-congratulations ou jeux de mots lourds ou appuyés. Comme ça, sans en avoir l'air, présentant Jean-Michel Dhuez le nouveau matinalier de la chaîne, il annonce que cette matinale sera faite de musique ET de culture. De quoi ? De musique ET de culture mais ceci me rappelle furieusement le credo de Culture Matin (2). 

Alors que les stars se font photographier sur la scène du 106, je croise quelqu'un à qui je fais remarquer que si la matinale de Musique a de la culture dedans, la matinale de Culture va t-elle faire dans le musique ? Et ce "vieux briscard de la radio" de me dire "Tentation à Musique de faire Culture, à Culture de faire Inter, à Inter de faire Info, à Info de faire Inter et à Inter… Culture." CQFD. Ça faisait pas 10mn que Jean-Michel Dhuez était dans la place pour animer sa première matinale qu'on aurait pu croire qu'il était là depuis toujours. Belle voix, sens du rythme, concis, cultivé et à l'aise avec la musique. J'oserai dire toutes les musiques.

Toutes les musiques car, lundi matin recevant Guy Cogeval, conservateur du Musée d'Orsay, Dhuez a "osé" diffuser "Papaoutai" de Stromae, rompant ainsi définitivement avec un Christophe Bourseiller (3) qui, accueillant Guédiguian pour son film "Les neiges du Kilimanjaro" lui/nous avait empêché l'écoute du titre éponyme de Pascal Danel (4), idem pour Lydia Salvayre pour son roman "Hymne", présupposant sans doute qu'à cette heure-là il était trop tôt pour écouter du Hendrix sur France Musique. On reconnaîtra donc à Dhuez de respecter ses invités, d'être à leur écoute et de les rendre plus "participatifs" que s'ils ne passaient que pour la promo (5).

Mais pour prendre la mesure ou le tempo d'une émission il faut savoir l'écouter sur la longue durée. C'est parti. Dorénavant c'est là le matin que je tendrai l'oreille…

Indicatif de la matinale : "La nuit américaine" du film de François Truffaut, musique de Georges Delerue par l'orchestre du Luxembourg dirigé par Laurent Petitgirard.

(1) Lire ici,
(2) Par Jean Lebrun,1987-1999,
(3) Animateur de la matinale pendant deux saisons consécutives, 2011-2013,
(4) Trop populaire ou has been pour France Musique ?
(5) Lundi matin après le journal de 8h, Dhuez, comme le faisait Lebrun, enchaîne avec des brèves culturelles. C'est un parti-pris fort qui permet à l'anchorman d'être dans le sujet plutôt que, de façon plaquée et systématique, dans tous les sujets en en passant juste les plats.

mardi 17 septembre 2013

Tintin en Afghanistan…

Voir l'alinéa (4)











J'ai un peu hésité pour ce titre qui, si on le prenait au pied de la lettre, pourrait faire croire que le reporter que je vais évoquer ici ressemble au héros d'Hergé. Rien à voir. Le "Tintin reporter" dont il s'agit n'est autre que Raphaël Krafft dont j'ai fait la connaissance autrefois dans les "Travaux publics" de Jean Lebrun (1). En 2007, précisément, quand ce reporter de la rencontre avait décidé, après moult autres aventures de "terrain", de parcourir la France à vélo, quelques semaines avant les élections présidentielles pour raconter et faire se raconter les Français jamais visités par les médias. 

Il me faut préciser qu'avant de lire le livre qui narre par le menu son "aventure" de la création, ex-nihilo, d'une radio "locale" en Afghanistan (2), je l'ai rencontré il y a quelques jours, rue de Rome à Paris, pour le voir évoquer cette épopée fantastique. Puis sans la moindre réticence j'ai lu son livre. "Moindre réticence" car, généralement, les faits d'arme (ou non) de l'armée française me laissent assez dubitatifs… Mais qu'un journaliste accepte une formation militaire (a minima, mais quand même), intègre la Légion étrangère, endosse le grade de capitaine et parte, au milieu des hostilités, créer de toutes pièces une radio "locale" à destination des populations afghanes, force à laisser au vestiaire quelques préjugés et autres souvenirs personnels pénibles. 

Aziz Rahman en reportage

Je suis ébahi et me demande bien dans la tête de quelle autorité militaire supérieure a pu germer un tel projet ? Et ensuite, comment quand on est un civil libre, journaliste indépendant, on peut se plier aux rites, règlements, traditions de l'armée, qui plus est dans la Légion étrangère ? Le top du top de la rigueur, de la loyauté, de l'obéissance et de l'abnégation à tout prix. Au fou ! Vous voyez bien que ce "Tintin-là" est à des années lumière du blondinet flanqué d'un chien. Mais comme son double de papier, Raphaël Krafft aime suffisamment l'aventure pour la tenter, dusse t-il forcer sa nature et en passer par une "couverture" pour laquelle il s'est engagé, le doigt presque sur la couture du pantalon.

Son récit est émouvant et poignant. Krafft aime les hommes, va à leur rencontre, se les collete, obéit aux ordres, conteste quelquefois (avec la formule idoine), respecte et forme les autochtones les plus disponibles et ouverts au projet, surprend la hiérarchie militaire, gagne la confiance de l'équipe mise en place, se donne sans compter, respecte et se plie aux us et coutumes de la "Grande muette", affirme la nécessité impérative de se déjouer de la propagande, jubile à bricoler une radio artisanale où il faut tout inventer pour attraper les auditeurs, reste lui-même et peut s'honorer d'avoir réussi la phase 1, celle qui consistait, une fois l'équipe en place formée et la diffusion assurée dans le secteur choisi, de la faire s'approprier par les civils afghans.

Ali Baba et les légionnaires du 2ème REI
devant  le bunker de Radio Surobi

J'ai lu ce livre presque d'une traite. J'ai souri, et même ri. Et n'en suis pas encore tout à fait revenu ! Chapeau Raf' (3), c'est fort, très fort. À te lire on se sent bien petit, étriqué dans nos habitudes et autres certitudes occidentales bien vacillantes. On se dit que c'est rassurant que des Lecerf, Durieux, Negroni et quelques autres officiers ou sous-officiers de l'armée française (et de la Légion étrangère) aient initié et soutenu ce projet. Bluffé que tu aies réussi à te jouer des interactions, interrelations et "suceptibilités hiérarchiques" de tous ceux qui, peu ou prou, avaient à voir avec "Radio Surobi", quand à tout moment tout pouvait capoter au titre du règlement, de la hiérarchie ou de l'"intérêt supérieur de la France".



 
J'ai pris quelques notes en lisant "Captain teacher". Je ne les ai pas relues. Pas plus que l'interview de la rue de Rome. J'ai voulu dire à chaud combien ce livre m'avait enthousiasmé. Kafft est un sacré bonhomme, attachant, qui a réussi à ne pas trop s'attacher à cette "Radio Surobi". Et c'est François Sureau,- mazette !-, qui a rédigé la préface de son livre : "C'est la simplicité, la franchise, la tendresse avec lesquelles [Kraft] en rend compte qui font de ce livre un livre exceptionnel". Ajoutons à cela que le bonhomme est doté d'une qualité assez exceptionnelle dans sa profession, il ne se met jamais en avant. C'est rare et séduisant.  

Mais surtout Raphaël Krafft a réussi a créer une radio avec une âme. Bravo Captain ! So long


Le capitaine Negroni écoute les Pet Shop Boys dans la salle
de rédaction de Radio Surobi. À droite, Aziz Rahman.


(1) France Culture, 18h30/19h30. Et aussi en 1999/2000 sa traversée de l'Amérique et de l'Amérique latine qui avait donné lieu à des reportages dans quelques "Pot au feu" (France Culture, Jean Lebrun) de fin d'année pendant la trève des confiseurs… Au printemps 2008, il a sillonné, à vélo toujours, le Proche-Orient du Caire à Beyrouth, en passant par Israël, la Palestine, la Jordanie, la Syrie et le Liban,
(2) Captain Teacher, Buchet-Chastel, parution le 19 septembre 2013,
(3) Sur Twitter notre héros s'appelle @RafAvelo



(4) La lettre d'un auditeur à celle qu'il aime : "Au nom d’Allah Combien tes lèvres rouges ont-elles tué ? Et tes yeux ? Combien de larmes ont-ils fait couler ? C’est moi, Faryadi, fou d’amour pour toi Trop de prétendants sont déjà morts de te voir sourire À Radio Surobi, j’adresse ce poème et toute mon affection et tout particulièrement à Nasser Ahmad. De la part de Faryadi du village de Konj dans le sud du district de Surobi. Merci, Nasser Ahmad, d’adresser mes meilleurs vœux à mes amis. Azatullah, Ghazala.

• Le documentaire "Les frères tristes" diffusé "Sur les Docks", le 6 janvier 2011. 

lundi 16 septembre 2013

Parler pour ne rien dire (à la radio)…







C'est lundi et, depuis deux heures au moins, les chroniqueurs de tout poil et autres experts économistes, polémistes et géopolitistes viennent encombrer de leur bla-bla les matinales de la radio, qu'elles soient publiques ou privées. Le pire sans doute, dans la suffisance et l'auto-satisfaction béate, résidant dans les chroniques politiques où l'officiant se hausse du col en permanence, enfonce les portes ouvertes, surfe sur la vague-tendance-lourde, ricane du malheur de la droite, fait semblant de compatir aux malheurs de la gauche, moque les verts, fustige l'extrême droite et enferme l'extrême gauche à gros traits derrière les barreaux d'un goulag d'Union soviétique pré-Gorbatchev. 

Ça c'est l'édito politique du lundi, mais le mardi, "on prend les mêmes, on mélange tout et on recommence". Un certain Hollande mou lundi sera "va t-en-guerre" le mardi, entreprenant le mercredi, affaibli le jeudi, en phase avec l'opinion le vendredi, et d'un "dynamisme inattendu" la semaine suivante. Vous êtes-vous déjà demandé pourquoi les prévisions de Madame Soleil de ces bonimenteurs de foire ne concernent que cinq jours de la semaine ? Comme si la politique était en congé le samedi et le dimanche ? Ces plumitifs ne se contentent pas de commenter, ils pronostiquent aussi. Avec eux vous êtes assurés de ne jamais toucher le tiercé dans l'ordre, pas plus que dans le désordre. Avez-vous déjà entendu un éditorialiste politique venir s'excuser à l'antenne de dire à longueur d'année tout ou son contraire et inversement ? Ces commentateurs professionnels imaginent sans doute qu'on a la mémoire courte et qu'ils peuvent ainsi faire oublier leur bla-bla d'avant-hier. Le ridicule ne tue pas. "Du moment que ça cause".

Ça cause de quoi ces faiseurs de grommelots ? De rien, mais de rien du tout. Billets d'humeur fait de grosses ficelles voulant faire accroire que de leur lorgnette, à la visée très étroite, ces observateurs politiques auto-promus pourraient influer sur les politiques (le personnel et les idées) et plus encore sur les auditeurs qui, chaque matin, feraient évoluer leur opinion en fonction de ce que Machin/Machine a dit, que ce soit avec l'estampille "politique", "intellectuelle" ou "grosse gaudriole franchouille". Ça rentre difficilement par une oreille et ça ressort aussitôt, préoccupé que chacun est à "torcher le petit", se brosser les dents, absent devant le grille-pain en panne ou fulminant dans le bouchon récurrent du périphérique ouest. Les chroniqueurs politiques et autres gourous du "n'importe nawak" ne servent à rien mais à rien du tout. Sauf à être la caution/image de marque pour la chaîne qui les emploie (1) et qui en fait des tonnes pour annoncer que ce rendez-vous est un con… tournable.

À se prendre autant au sérieux ces gloseurs de première, histrions de caf'conc', paltoquets du verbiage feraient mieux de laisser leur place à une pause musicale, qui elle au moins aurait le mérite de remettre les pendules à l'heure. Celles de la bonne humeur et du "pas de côté", que ces tristes sires, imbus d'eux-mêmes et de leurs certitudes seraient bien en peine de faire, au risque de se fouler la cheville, sur la ligne bien droite et bien lisse qu'ils ont tracée de leur carrière, qui de fait colle "comme un gant" à celle des politiques.

(1) Le transfert d'Alain Duhamel vestige d'Europe 1 qui se la joue maintenant sur RTL,

Feraient mieux de s'inscrire là.



samedi 14 septembre 2013

La République des auditeurs…

Le 10 février 2013, le Festival Longueur d'Ondes à Brest, fêtait ses dix ans et dans une séance du dimanche matin, donnait la parole à cinq auditeurs passionnés de radio : Jeanne amatrice d'ondes courtes et de Yann Paranthoën, Sarah fan d'Inter, Hervé aux aguets de "toute" la bande FM, Guillaume l'oreille très sensible et, un Christophe totalement surprenant. Ces quelques instantanés révèlent l'attention très appuyée des auditeurs à une chaîne ou à plusieurs, aux documentaires, à la diversité et à quelques "détails" qui peuvent bouleverser ou marquer durablement la mémoire. Les auditeurs ont pris la parole. Ce n'est qu'un début… continuons de les écouter.

En intro le son d'Hervé, animateur du blog Le Transistor

vendredi 13 septembre 2013

Lever le pied……

Là je suis H.S. grave, épuisé, moulu, out. Treize jours, quatorze billets, dont treize sur France Culture. Qui dit mieux ? J'ai envie de pastilles (Valda), de p'tits sons, de friandises, de légèreté et de silence. Bon j'ai un beau billet pour samedi et lundi je vais me faire plaisir à donf. Donc aujourd'hui mon besoin vital de repos auditif me fait me tourner vers Arte radio, la ressource idéale pour écouter léger (ça veut pas dire qu'ils savent pas faire grave). En fait j'ai besoin d'un bon massage… Go

jeudi 12 septembre 2013

Victor Jara… canto libre

X LA CUT » © Vicente + Antonio Larrea






Pour son quatrième volet "Chili, l'autre 11 septembre" refait avec "Canto libre" le chemin à l'envers de la musique et de la chanson populaire, traditionnelle ou révolutionnaire. Celles qui ont accompagné les trois années de l'Unité Populaire de la présidence de Salvador Allende, celles qui fusaient dans toute l'Amérique latine bien avant l'avènement du président socialiste en 1970. Luis Briceno a produit ce documentaire (1) où Patricio Castillo qui, après avoir perdu toute sa famille après le putch de Pinochet, clame "Notre liberté, pouvoir chanter". La musique dans la trame de l'histoire de l'Amérique latine, dans celle de la "révolution" Allende, a su continuer à vivre, à donner de l'espoir, à traduire autrement le désarroi, la peur ou la lutte, une fois la démocratie décimée. Ce documentaire comme le condor laisse planer la musique au-dessus de nos têtes. Comme lui elle n'est pas prête de se poser car elle bouleverse l'entendement, l'ordre impérialiste, capitaliste ou fasciste. Elle porte la vie ou aide à supporter la vie, même quand elle est insoutenable.

(1) 17h, "Sur les Docks", France Culture



© INTHEMOOD




Victor Jara
France 3 diffuse ces jours prochains (2) le documentaire de Elvira Diaz "Victor Jara N°2547" (3). Victor Jara, le chanteur, assassiné par la junte chilienne. "Au Chili, quelques jours après le coup d’Etat du 11 septembre 1973, le jeune fonctionnaire Hector Herrera, se retrouve face au corps du célèbre chanteur engagé, Victor Jara. Refusant de voir ce corps disparaître comme les autres, il parvient, au péril de sa vie, à l’enterrer légalement. Après 40 ans d’exil en France, Hector Herrera sort de son silence et revient sur les étapes de cet acte de désobéissance." Ce film est terrible car, pour le symbole que représente Jara au Chili, faire revivre à Hector Herrera ces moments difficiles et tragiques c'est montrer à tous de façon détaillée ce que fût son arrestation, sa torture et son exécution. C'est l'occasion d'affirmer et de confirmer, par les souvenirs intacts et précis d'Herrera, les crimes de Pinochet et la dimension universelle du chanteur engagé, militant de l'Unité Populaire. Ce fût, sûrement pour Herrera, celle de se libérer du poids du silence. Sur ce film, comme sur les documentaires diffusés depuis le début de la semaine par France Culture, flotte une certaine douceur comme si, malgré les blessures et le chagrin, quelque chose de plus digne et de plus fort portait les Chiliens.

(2) Diffusion sur France 3 Languedoc-Roussillon et Midi Pyrénées : samedi 14 septembre à 15h20. Et lundi 19 septembre à 23h35 dans "La Case de l'oncle Doc", sur France 3,
(3) Une production Inthemood avec la participation de France Télévisions,

Voir aussi ici.




mercredi 11 septembre 2013

Partition pour maison ronde… #1963







On a beau avoir l'oreille tendue vers le Chili d'Allende, on garde l'autre pour la radio, pour son temps présent comme pour son histoire. Alors quand Marie Guérin (1) entre dans la ronde (1) on a envie d'entrer avec elle, de soulever les tapis (d'ondes), de pousser les portes des studios, de fredonner les indicatifs, de faire quelques mouvements de gymnastique avec Robert Raynaud (2). D'écouter Alain Peyreffite (ministre) jouer les speakers, producteurs, directeurs, Georges Lourier, bateleur à son apogée, Alain Trutat recommander d'"écouter attentivement la radio". Entendre Roger Bordaz pour présenter la réforme de la RTF évoquer Paul Gilson (3), rire avec Maurice Biraud vedette d'Europe n°1 qui animait "de 9h à Bibi" et constatait que "le journal ne vous donne pas l'heure, RTF Inter si !", se mettre au garde à vous quand, quelques années avant "Vive le Québec libre" De Gaulle psalmodiait "À la radio fallait-il une maison ?", découvrir que c'est le même Peyreffite qui inventa le futur slogan de France Culture "La radio appartient à ceux qui l'écoutent" (4).

Quant à la réforme, on apprend que son objectif était surtout de faire "une RTF conquérante pour la jeunesse, pas pour imiter les postes périphériques mais pour les devancer" (5). Et l'on entend dans une désannonce du "Magazine des jeunes" citer les "Ardugos" (que la présentatrice Christine nomme Ardugo sans "s")… (7) et pour ceux qui sauront tendre l'oreille une certaine Claude Dominique.

Puis c'est au tour des comédiens, Michel Bouquet, François Chaumette, d'évoquer, pour faire la promotion de la nouvelle maison de la radio, "une cité des voix" et "l'histoire des mots qui font l'histoire". Jacqueline Baudrier (8) parler de "la grande dame du XXème siècle" et réentendre Clara Andiani qui jamais ne se départissait de son "Bonjour à tous et à chacun", émission de solidarité (9), émouvante au moins autant aujourd'hui qu'hier.

Cette ronde en arrière trouvera bientôt sur les ondes, j'espère, quelques prolongements …

(1) Productrice du documentaire diffusé ce soir sur France Culture, 23h, dans "Les ateliers de la création", Partition pour maison ronde, réalisation Gilles Davidas
(2) Et de se souvenir, ému, de la série d'émissions de "Radio Archives" que Jean-François Remonté (réalisateur et producteur) avait produites deux étés consécutifs sur France Inter et pour lesquelles il avait intégré, dans son indicatif, l'annonce de Robert Raynaud pour ses émissions de gymnastique. Voir aussi son livre à la page "Biblio radio",
(3) Directeur des Services artistiques de la Radiodiffusion française, 1946-1963,

(4) Qui deviendra sous la direction de Jean-Marie Borzeix, 1984-1997 "Le monde appartient à ceux qui l'écoutent",
(5) Aujourd'hui l'objectif du Mouv' en quelque sorte,
(6) Voix parmi les voix,
(7) Émission de ARthur (José), DUpont (Claude), GOdart (Michel),
(8) Journaliste, future premier Pdg de Radio France en 1974,
(9) "Les français donnent aux français",


Chili 73… Le flambeau de l'utopie (3/3)

Manifestation d'étudiants en mai 2013
dans les rues de Santiago © Radio France








Alain Devalpo poursuit son documentaire "Chili, l'autre 11 septembre" avec ce troisième épisode qui, après les dix-sept années de junte militaire, montre comment depuis "la détention de l’ex-dictateur à Londres en 1998, pendant quelques mois, celle-ci a réveillé les consciences. Depuis, des mouvements sociaux bousculent le Chili : étudiants, défenseurs de l’environnement, peuples indigènes et autres mouvements citoyens. Pour tous, Allende reste un exemple de cohérence. 40 ans plus tard, les luttes sociales s’unissent à nouveau face à un modèle globalisant qui s’est imposé en Amérique Latine, mais également en Europe." Devalpo nous permet d'appréhender le très lent mouvement de conscience individuelle et collective qui, quarante après, est en marche pour définitivement faire connaître au monde l'infamie du coup d'État, les crimes contre l'humanité et, pour tout un peuple, la perte de sa dignité. Tous les témoins que Devalpo a rencontré surprennent par leur absence de colère, de haine ou de ressentiment. Ils sont dignes, convaincus et debouts. Ils sont la mémoire indispensable et les passeurs d'un passé qui ne passera jamais. 

Le feuilleton de Devalpo est une étincelle parmi l'empilage indécent de ce qui va s'écrire et se montrer ces jours-ci, par opportunisme calendaire et, par un souci mécanique sans âme, de ce qu'ils appellent l'actualité. Elle a bon dos l'actualité. Ce "11 septembre 73" pourquoi n'y penserait-on qu'aujourd'hui, et pourquoi pas depuis plusieurs jours et encore plusieurs jours après ? Voilà ce que la radio permet, quand elle ne s'aliène pas à l'actualité quand, sur la durée, elle incite à approffondir un sujet, d'y penser un peu plus que dans l'instant, d'y revenir en écoute, de prolonger par des lectures, des films, d'autres manifestations… Je n'écouterai aucune de ces émissions qui sous prétexte d'aborder un sujet d'actualité intoxiquent la pensée et ne permettent jamais de prendre du recul.

J'ai écouté deux fois chacun les épisodes de "Chili, l'autre 11 septembre", avant sa diffusion sur les ondes et à la même heure que tout à chacun. Samedi ou dimanche, j'écouterai les trois épisodes en continu. Je les ferai écouter à mes enfants. Ce documentaire est un petit précis d'histoire immédiate et il me va comme tel. La puissance évocatrice de toutes les voix qui ont témoigné dépasse toutes les images des films de Guzman. Parce qu'écouter c'est être dans une position tendue où il n'existe rien d'autre auquel se raccrocher. Le documentaire de Devalpo ne peut pas s'écouter "à côté", il doit s'écouter "dedans" pour prendre aussi ce qui, caché derrière, donne du sens à sa création.

 





De notre correspondant à Valparaiso
11 Septembre 1973,
L'ogre Pinochet, sacré roi par la CIA des super USA, montait sur le trône. Souviens-toi ce coup d'État, après quoi, au Chili, “pas même une feuille ne bougeait sans qu'il le sache..."


 

11 Septembre 1973,
Tout à l'heure sur Radio Magallanes, Salvador Allende scandait son cri du peuple. Un cri qui sonnait comme un appel, comme un coup de fusil chargé d’espoir. Un cri, qu'il entonnait toujours à l'attention des travailleurs, des femmes et des hommes humbles et dignes. Je m'imagine que notre presidente Allende a toujours servi la cause du peuple, malgré toutes les manipulations de "puissants" assoiffés du pouvoir des esclavagistes. Sauf qu’à l'instant, toujours à l’écoute de Radio Magallanes, j'apprends qu'un coup d'Etat éclate le Chili ! Quelle rage. Quel... Il n'y a pas de mot pour le dire, et pourtant de maux, il y en a. Il y en a toujours eu des César, Napoléon, Hitler et Franco la Muerte... Par contre "des hommes qui soient des hommes" comme Salvador Allende, ils sont beaucoup plus rares. Alors, même si on vit une "drôle d'époque", même si le héros du peuple est assassiné par les bourreaux du monde "libre", Salvador Allende a aimé et nous nous l'aimons encore et toujours ! 

11 Septembre 1973... 11 Septembre 2013,
Toujours les mêmes fils de p... résident sur leur trône. Pourtant, aujourd'hui les anciens maîtres sont dépassés par la conscience collective, qui elle n'a pas de limite, mais le pouvoir absolu et universel d'aimer, de créer... de vivre ! Après ces phrases pompeuses, je souhaite juste pomper à plein poumon la plus simple : gracias a la vida ! Allende Vive ! 

Federico Nitneroco

Et sur RFI… Et sur France Info



Demain, quatrième volet "Canto libre…" 

mardi 10 septembre 2013

Chili 73… Les braises de l'espoir (2/3)

À quoi tient une photo qui au-delà d'un bouleversement personnel peut donner du sens à ceux qui la regardent et surtout donner l'espoir de changer la face de la politique ou celle de l'humanité ? Utopie (1) ?

Mémorial en hommage aux victimes de la dictature
au cimetière central de Santiago © Alain Devalpo













Comme l'a écrit hier Irène Omélianenko (2), cette série sur le Chili, diffusée de lundi à jeudi à 17h sur France Culture, est un feuilleton. Un feuilleton aux longs  épisodes. Un feuilleton sans commentaire, sans effet "par dessus", sans rien d'autre que les témoignages encore brûlants.

"Cette joie curieuse qui nous traversait s'est évanouie". Le 11 septembre 1973, "la vie s'écroulait" nous dit une des femmes du beau documentaire de Alain Devalpo. Pour tous ceux qui parlent de ce jour-là c'était hier, dans leur chair, dans leur âme et dans leur mémoire. L'anéantissement est total quand flotte en permanence au-dessus de votre tête : "La DINA [Police politique] était un organisme d'intelligence dont l'objectif central était d'exterminer tout signe de résistance et tout signe de militant de gauche de lutte, dit Delfina Guzman. C'était ce qui permettrait à la dictature de tenir."

(1) De nombreuses manifestations culturelles et de mémoire auront lieu partout en France. KARUMANTA TRIO participera avec d’autres artistes au grand rassemblement qui aura lieu à Paris ce mercredi 11 septembre à 18h30, "Place Salvador Allende". À cette occasion un drapeau rouge, auquel il manquera un morceau en hommage aux victimes et aux disparus, sera hissé. Le même acte, qui se déroulera partout dans le monde, sera filmé et retransmis au Chili, à la demande du Musée de la Solidarité.
(2) Chargée du documentaire à France Culture.

• Et lire (Le Monde-édition abonnés) Patricio Guzman "L'émotion suscitée par le suicide d'Allende est encore intacte",