"Un média de service public n’est pas fait pour l’audience mais pour remplir des missions qui sont de faire vivre des valeurs de démocratie, de culture et de création." Jean-Paul Philippot, administrateur général de la RTBF (Radio Télévision Belge Francophone)
lundi 28 novembre 2016
Des pod-casts... des pod-casts... oui mais des Panzani !
Souvenez-vous : quand les premiers podcasts (2005) ont commencé à être proposés pour les chaînes de Radio France, gloutons avides, nous nous sommes rués sur ces petits miracles qui nous permettaient, enfin, de n'être pas définitivement insatisfaits d'avoir loupé plusieurs de nos émissions favorites et d'être à jamais inconsolables de n'avoir pu enregistrer "Le bon plaisir" de Marcel Gotlib (1). Et, la collectionnite pouvant être facilement associée à un T.O.C., nous avons stocké à tout va, empilé, multiplié les émissions et fait déborder notre "armoire" de stockage au point quelquefois d'engranger nos podcasts sur moult disques externes. E la nave va...
"Tout ça c'était avant le drame"
Quelques jours après sa nomination comme Pdg de Radio France, en février 2014, Mathieu Gallet, flambeur et iconoclaste, annonçait, péremptoire, qu'il allait faire payer les podcasts. L'auto-proclamé super-manageur-qu'on-allait-voir-ce-qu'on-allait-entendre n'hésitait devant aucune provocation pour marquer son territoire, dont on se souviendra que c'est bien sous sa présidence qu'un mouvement de grève (28 jours) a dépassé tous les autres depuis feu l'ORTF (Office de Radio et Télévision Française) en 1968. Après qu'on eut rappelé au dit président qu'on ne pouvait faire payer deux fois ce qui relève déjà de la taxe audiovisuelle, l'incident fut clos...
Puis d'aucuns se mirent à plastronner à tout va sur la quantité phé-no-mé-na-le de podcasts que les auditeurs engrangeaient jour après jour, mois après mois, au point que l'imparable Mediametrie, en moins de temps qu'il ne faut pour le dire, décida de créer une nouvelle mesure d'audience, sur lesquelles les radios ne manqueraient pas de s'esbaudir et de faire une promotion effarante. Au titre de ses plastronneurs de première la palme revient sûrement à M. d'Arvor (Olivier Poivre) qui, régulièrement, venait dire à l'antenne de France Culture sa fierté pour sa chaîne décrochant la timbale, mesure après mesure. Dans cet esprit scolaire et néanmoins pathétique, Madame Treiner a repris le flambeau et glousse à tout va pour nous dire que "Podcast is good for you".
Sauf que, depuis lurette, "tout le monde", experts et amateurs éclairés, s'accordent à dire que s'abonner à un podcast n'équivaut pas à sa lecture, qu'elle soit d'ailleurs partielle ou totale. Moi-même, essayant d'être raisonnable, j'ai fait un tri sévère dans ma "bibli" et ai fini par ne plus garder que trois émissions à mes oreilles indispensables. Mais bien plus que "raisonnable" j'ai appliqué froidement le principe de réalité. Les journées ne faisant que 24h, il m'est impossible d'écouter plus de deux heures quotidiennes de podcast auxquelles s'ajoutent au minimum trois heures de flux. Au-delà le sommeil en prend un coup et ça, ça ne peut durer aussi longtemps que les contributions.
Mais voilà qu'en interne, à la Maison de la Radio, quelques esprits éclairés et volontaires ont décidé d'encapsuler de la pub (pour abonder les finances publiques allouées à l'audiovisuel public et à Radio France) dans tous les podcasts de France Culture et de France Inter. Bigre de bigre la belle affaire ! Il existerait donc des publicitaires (ou des agences), suffisamment demeurés et ignares, pour conseiller à leur clients-annonceurs de réserver une partie de leur budget publicitaire à ces podcasts, dont on nous psalmodie les résultats mensuels, avec autant de passion et de conviction que, par -35°, la diffusion d'un rosaire sous la dynastie mandchoue, au fin fond de la Mongolie, par l' hiver le plus froid du XVIIIème siècle. Amen !
On comprend mieux alors pourquoi, depuis des mois, Radio France incite les producteurs à faire une promotion systématique des podcasts de leurs émissions. La belle affaire (bis répétita), hormis le podcast point de salut et, le streaming d'être relégué en arrière-plan. Aux publicitaires alors de constater la formidable audience desdits podcasts. Qu'on se rassure, dans la minute qui suivra cette nouvelle forme d'agression publicitaire, je me désabonnerai illico-presto des trois émissions que je podcaste (2). Je reviendrai à une forme ancienne d'écoute, tendue et concentrée, et continuerai à jouer du streaming.
Une dernière question : "Pour ces multidiffusions podcastées productrices et producteurs sont-ils rémunérés ? Et, si oui, sous quel critère de certification d'écoute ?" J'ai comme l'impression que si les producteurs avaient fait ce type de demande on leur aurait rétorqué qu'on ne pouvait garantir que leurs émissions podcastées soient pour autant écoutées. Y aurait-il alors deux poids deux mesures ? On garantirait aux annonceurs ce qu'on ne pourrait garantir aux producteurs ? La grosse farce !
Prochain épisode : "Qui seront les dindons ?'
(1) France Culture, 13 décembre 1997,
(2) Des tests seraient prévus prochainement sur les sites des deux radios concernées,
dimanche 27 novembre 2016
Manège d'été à France Musique... (13/33)
Pendant deux mois, cet été 2016, Laurent Valero et Thierry Jousse, séparément, nous ont offert deux heures quotidiennes de petits bijoux musicaux. Deux heures, de dix-huit à vingt heures, qui passent, fuient et puis, le vingt-six août c'est fini. Mais c'est quand même pas possible de laisser s'envoler une telle richesse dans l'éphémère. Alors, comme je l'ai fait moi-même (souvent l'émission à peine finie) je vous propose de réécouter chaque dimanche (idéal) un épisode de leur saga d'été. Juste avant de les retrouver ensemble à 18h, ce dimanche sur France Musique pour le nouvel "Easy tempo".
Vendredi 29 juillet. Pour nous coller au poste Valero envoie du Henry Mancini de très bonne facture : "Whistling away the dark" du film "Darling Lily" (Julie Andrews), et sa version chantée par Stéphanie Crawford. Pour cette dernière émission de l'été avec Valéro nous pourrons savourer des reprises de musiques de film. La palette est immense et la sélection proposée nous fait flirter avec les sillons que creusent inlassablement les duettistes Jousse/Valero de l'Easy Tempo.
Et puisqu'un mois de "Retour de plage" est impossible sans Mina, Valero nous offre "Laura" (David Raksin) du film éponyme d'Otto Preminger. Frissons assurés, Mina, madeleine parmi les madeleines, est toujours aussi bouleversante. On en redemande, jamais rassasiés, par la chanteuse italienne qui mériterait une journée sur France Musique tellement son répertoire est immense et riche.
L'ambiance de ce dernier set est absolument lounge (même si à la fin on se décille). On ne décolle plus de son fauteuil et la bouteille de Martini (ou de gin) à une furieuse tendance à se vider à vue d'œil. Le temps banal s'est arrêté et, si Laurent Valero n'avait pas prononcé le nom de Mireille Mathieu, nous n'aurions jamais rouvert les yeux. Heureusement "The look of love" (Burt Bacharach) du film "Casino Royal" fut proposé en trois interprétations différentes, dont l'une chantée par Connie Francis.
Et je ne dirai rien du « Girl Talk » (Bobby Troup / Neal Hefti), par Tony Benett, pour définitivement saluer Pierre Bouteiller, le producteur et l'ex-directeur de France Musique(s).
Et retrouvez les compères today á 18h
sur France Musique pour Easy tempo
mercredi 23 novembre 2016
L'image de marque de France Inter (suite)...
Sylvain Ernault, journaliste, m'interpelle hier sur Twitter avec ces 140 signes : "Finalement tu t'intéresses de plus en plus aux audiences ;) Mais tu ne dis pas que Vanhoenacker progresse face à Ruquier !". Je vais, ici, préciser mon "intérêt" pour les dits-sondages. Peu me chaut cette tarte à la crème médiamétrique dans laquelle s'est engouffré Radio France et qui permet aux dirigeants de plastronner devant la tutelle ou la représentation nationale, expression favorite de Mathieu Gallet, Pdg du groupe public audiovisuel.
Heureusement que France Culture de 1963 à 2003 (1) ne courait pas après les 2%, les clics, les clacs, les podcasts et autres ersatz de radio. Heureusement que de 1984 à 1997, Jean-Marie Borzeix, directeur de France Culture, faisait courir les producteurs après la France et inventait le "Pays d'ici" pour que la chaîne soit au cœur des villes et des villages, au plus près des habitants et des citoyens. Et pour que les émetteurs se multiplient. De vrais clics et de vraies rencontres "live" pour que sa chaîne sorte des murs de Paris, et que France Culture sorte de l'entre-soi culturel. Alors, la carotte après laquelle d'Arvor et Treiner (2) courent ne ressemble à rien de culturel, rien de radiophonique et sert uniquement leur satisfaction pour roucouler devant le Pdg, le directeur éditorial (Frédéric Schlesinger), la tutelle et... la représentation nationale.
Heureusement que de 1973 à 1981, Pierre Wiehn (3) l'inventeur de la radio moderne faisait de France Inter une radio d'excellence et installait sur la durée des talents, des tempi et des rythmes toujours en vigueur aujourd'hui (le 11h/12h30, par exemple). Quant à Charline vs Ruquier, rappelons-nous qu'un certain Schlesinger, directeur d'Inter de 2006 à 2009, installa sur la grille, à la rentrée 2006, "La bande à Bonnaud" (4). Une émission intelligente, cultivée, punchy, drôle et pertinente. Tout à fait dans la ligne et dans l'histoire d'Inter. Schlesinger avait demandé à Bonnaud de relever le défi face à Ruquier sur Europe 1 ("On va s'géner") et à Bouvard sur RTL ("Les grosses têtes"), genre mission impossible. Bonnaud n'était pas un amuseur public, juste un formidable animateur de petite bande. Et Inter n'avait pas décidé, à cette époque-là, de notre rire au claquement de doigt.
Bonnaud sera remercié la saison suivante. De mauvaises langues disent qu'un certain Sarkozy.... Si le bilan de Gallet et Schlesinger ce sont des chiffres et des diagrammes, la représentation nationale pourra les distinguer de l'ordre du mérite. Pour ce qui concerne "Écoutez la différence", le bon slogan de la chaîne, ne comptons pas sur Médiamétrie pour la mesurer. Et, à trop se battre dans la cour des radios privées, la radio publique risque très vite de ne plus faire la différence.
(1) À mi-temps de la direction de Laure Adler 1999-2005,
(2) Successivement, directeur et directrice de France Culture,
(3) Applaudi dans une récente rencontre des auteurs à la Scam,
(4) Animée par Frédéric Bonnaud, aujourd'hui directeur de la Cinémathèque (Paris). Avec Sandra Freeman, Arnaud Viviant, Philippe Colin. 16h30-18h, du lundi au jeudi.
Heureusement que France Culture de 1963 à 2003 (1) ne courait pas après les 2%, les clics, les clacs, les podcasts et autres ersatz de radio. Heureusement que de 1984 à 1997, Jean-Marie Borzeix, directeur de France Culture, faisait courir les producteurs après la France et inventait le "Pays d'ici" pour que la chaîne soit au cœur des villes et des villages, au plus près des habitants et des citoyens. Et pour que les émetteurs se multiplient. De vrais clics et de vraies rencontres "live" pour que sa chaîne sorte des murs de Paris, et que France Culture sorte de l'entre-soi culturel. Alors, la carotte après laquelle d'Arvor et Treiner (2) courent ne ressemble à rien de culturel, rien de radiophonique et sert uniquement leur satisfaction pour roucouler devant le Pdg, le directeur éditorial (Frédéric Schlesinger), la tutelle et... la représentation nationale.
Heureusement que de 1973 à 1981, Pierre Wiehn (3) l'inventeur de la radio moderne faisait de France Inter une radio d'excellence et installait sur la durée des talents, des tempi et des rythmes toujours en vigueur aujourd'hui (le 11h/12h30, par exemple). Quant à Charline vs Ruquier, rappelons-nous qu'un certain Schlesinger, directeur d'Inter de 2006 à 2009, installa sur la grille, à la rentrée 2006, "La bande à Bonnaud" (4). Une émission intelligente, cultivée, punchy, drôle et pertinente. Tout à fait dans la ligne et dans l'histoire d'Inter. Schlesinger avait demandé à Bonnaud de relever le défi face à Ruquier sur Europe 1 ("On va s'géner") et à Bouvard sur RTL ("Les grosses têtes"), genre mission impossible. Bonnaud n'était pas un amuseur public, juste un formidable animateur de petite bande. Et Inter n'avait pas décidé, à cette époque-là, de notre rire au claquement de doigt.
Bonnaud sera remercié la saison suivante. De mauvaises langues disent qu'un certain Sarkozy.... Si le bilan de Gallet et Schlesinger ce sont des chiffres et des diagrammes, la représentation nationale pourra les distinguer de l'ordre du mérite. Pour ce qui concerne "Écoutez la différence", le bon slogan de la chaîne, ne comptons pas sur Médiamétrie pour la mesurer. Et, à trop se battre dans la cour des radios privées, la radio publique risque très vite de ne plus faire la différence.
(1) À mi-temps de la direction de Laure Adler 1999-2005,
(2) Successivement, directeur et directrice de France Culture,
(3) Applaudi dans une récente rencontre des auteurs à la Scam,
(4) Animée par Frédéric Bonnaud, aujourd'hui directeur de la Cinémathèque (Paris). Avec Sandra Freeman, Arnaud Viviant, Philippe Colin. 16h30-18h, du lundi au jeudi.
mardi 22 novembre 2016
L'image de marque de France Inter...
Donc vendredi dernier, tout juste remis de l'euphorie et de la joie de la veille, qui avait vu la chaîne prendre la deuxième place des audiences radiophoniques de rentrée, derrière l'inamovible RTL, les "stars médiatiques" de France Inter faisaient le tour des plateaux TV (1). On se demande bien d'ailleurs pourquoi les TV s'intéressent, tout à coup, aux audiences radio ? Gageons plutôt que c'est un sujet parmi tant d'autres et que faire venir des "figures" sur un plateau, c'est bon pour sa propre audience. C'est aussi la façon la plus simple de prolonger l'entre-soi médiatique qui occupe déjà une bonne part du temps médiatique. La boucle est bouclée oú plutôt la boucle ne se déboucle jamais.
Vendredi 18 novembre donc, Yann Barthes invitait dans son émission "Quotidien" sur TMC, Charline Vanhoenacker et Patrick Cohen (2) pour parler de la matinale d'Inter. Bigre ! Donc pour Barthes les bonnes audiences de toute la chaîne se résument à la matinale qui, c'est vrai, est en tête du classement. Pour autant Barthes n'évoque à aucun moment les programmes qui, de fait, participent des bonnes audiences de la chaîne. Sur 19h de programmes "frais" le journaliste met en avant le programme le plus écouté et qui fait, aujourd'hui, l'image de marque de la chaîne. La matinale est donc cet arbre touffu qui cache les talents de la forêt de productrices et producteurs ignorés par la TV.
Il est forcément valorisant pour un journaliste, Barthes, de valoriser ses confrères journalistes, Vanhoenacker et Cohen et, d'entretenir la flamme journalistique qui brûle à l'Olympe du 4éme pouvoir. Amen. Les Trapenard, Devillers, Rebeihi, Lebrun, Vidard, Josse et Assayas qui animent la grille, ne seront jamais invités par la TV pour parler des bonnes audiences de France Inter. Tout juste si, l'un ou l'autre, sera invité pour parler de son émission. Les TV, comme les médias en général, ont donc décidé, définitivement, qu'une radio c'est sa matinale et qu'au-delà point de salut. Voila donc bien une méthode "moderne" de raccourci et de synthèse rapide par, ceux-là mêmes, les journalistes, qui dénoncent les raccourcis et les synthèses rapides... CQFD.
Puis samedi Le Tube (Canal +), présenté par Isabelle Ithurburu, recevait Patrick Cohen pour parler, devinez quoi, des bonnes audiences de France Inter et de sa matinale. Cohen qui ne se lasse jamais de rappeler que le 7/9 est le fait d'une équipe, mais qui n'impose jamais que son équipe soit présente avec lui, pour évoquer ce travail d'équipe. Á l'américaine, les médias européens ont fini par ne plus mettre en valeur que les show-men (et quelques show-women). Ce sont eux qui raflent la mise du vedettariat pipole.
À cette occasion Cohen a dit quelque chose de très intéressant. Il a déclaré que si RTL était continuellement en tête des sondages elle le devait à la force d'entraînement des "Grosses têtes" (3). Donc dans le cas de RTL, ce serait un programme de fin de journée qui tirerait toute la journée, et donc l'écoute du lendemain, quand sur France Inter ce serait la matinale qui s'y emploierait ! Bigre, mais qu'attend donc France Inter pour faire la même chose et ravir sa place ancestrale de première à la radio de la Rue Bayard (sise à Paris) ? Il y a sur France Inter un bouffon "bénévole" qui squatte l'antenne de 11h à 12h30 et qui pourrait tout à fait déplacer son bénévolat de 16h à 18h30.
L'analyse de Cohen est bien courte. Les habitudes d'écoute sont les "systèmes" qui régissent les pratiques des ditesécoutes. Et l'auditeur qui a réglé son poste, et/ou son autoradio, sur une fréquence en change très peu. Rares sont ceux qui, comme votre serviteur, choisissent tout au long de la journée différents programmes et différentes chaînes et n'écoutent plus en continu la même antenne. Pas sûr, par contre, que les "nouveaux" auditeurs de Ruquier sur RTL ne retournent pas après les "Grosses têtes" sur Europe 1 ou France Inter, et que les auditeurs du 7/9 d'Inter n'aillent pas juste après sur RTL ou Europe 1.
Si la renommée de RTL repose en partie sur les "Grosses têtes", dommage qu'à France Inter ce ne soit plus une émission de programme, par opposition à une émission d'info, qui fasse l'image de marque de la chaîne. Il serait long de citer ici les émissions emblématiques de France Inter qui, non seulement ont fait sa renommée, mais qui ont participé à la fidélité des auditeurs sur la longue durée. L'info, et les journalistes qui vont avec, ont pris le pouvoir et ce sont eux, maintenant, qui s'affichent partout au risque imminent de l'infotainment... aussi à la radio.
(1) "Des" ? Je ne sais pas ! Je raconte ici les deux émissions que j'ai vues... de mes yeux vus...
(2) Chroniqueuse dans la matinale à 7h53, et anchorman de la tranche 7/9,
(3) Du lundi au vendredi, 16h-18h30,.
Vendredi 18 novembre donc, Yann Barthes invitait dans son émission "Quotidien" sur TMC, Charline Vanhoenacker et Patrick Cohen (2) pour parler de la matinale d'Inter. Bigre ! Donc pour Barthes les bonnes audiences de toute la chaîne se résument à la matinale qui, c'est vrai, est en tête du classement. Pour autant Barthes n'évoque à aucun moment les programmes qui, de fait, participent des bonnes audiences de la chaîne. Sur 19h de programmes "frais" le journaliste met en avant le programme le plus écouté et qui fait, aujourd'hui, l'image de marque de la chaîne. La matinale est donc cet arbre touffu qui cache les talents de la forêt de productrices et producteurs ignorés par la TV.
Il est forcément valorisant pour un journaliste, Barthes, de valoriser ses confrères journalistes, Vanhoenacker et Cohen et, d'entretenir la flamme journalistique qui brûle à l'Olympe du 4éme pouvoir. Amen. Les Trapenard, Devillers, Rebeihi, Lebrun, Vidard, Josse et Assayas qui animent la grille, ne seront jamais invités par la TV pour parler des bonnes audiences de France Inter. Tout juste si, l'un ou l'autre, sera invité pour parler de son émission. Les TV, comme les médias en général, ont donc décidé, définitivement, qu'une radio c'est sa matinale et qu'au-delà point de salut. Voila donc bien une méthode "moderne" de raccourci et de synthèse rapide par, ceux-là mêmes, les journalistes, qui dénoncent les raccourcis et les synthèses rapides... CQFD.
Puis samedi Le Tube (Canal +), présenté par Isabelle Ithurburu, recevait Patrick Cohen pour parler, devinez quoi, des bonnes audiences de France Inter et de sa matinale. Cohen qui ne se lasse jamais de rappeler que le 7/9 est le fait d'une équipe, mais qui n'impose jamais que son équipe soit présente avec lui, pour évoquer ce travail d'équipe. Á l'américaine, les médias européens ont fini par ne plus mettre en valeur que les show-men (et quelques show-women). Ce sont eux qui raflent la mise du vedettariat pipole.
À cette occasion Cohen a dit quelque chose de très intéressant. Il a déclaré que si RTL était continuellement en tête des sondages elle le devait à la force d'entraînement des "Grosses têtes" (3). Donc dans le cas de RTL, ce serait un programme de fin de journée qui tirerait toute la journée, et donc l'écoute du lendemain, quand sur France Inter ce serait la matinale qui s'y emploierait ! Bigre, mais qu'attend donc France Inter pour faire la même chose et ravir sa place ancestrale de première à la radio de la Rue Bayard (sise à Paris) ? Il y a sur France Inter un bouffon "bénévole" qui squatte l'antenne de 11h à 12h30 et qui pourrait tout à fait déplacer son bénévolat de 16h à 18h30.
L'analyse de Cohen est bien courte. Les habitudes d'écoute sont les "systèmes" qui régissent les pratiques des ditesécoutes. Et l'auditeur qui a réglé son poste, et/ou son autoradio, sur une fréquence en change très peu. Rares sont ceux qui, comme votre serviteur, choisissent tout au long de la journée différents programmes et différentes chaînes et n'écoutent plus en continu la même antenne. Pas sûr, par contre, que les "nouveaux" auditeurs de Ruquier sur RTL ne retournent pas après les "Grosses têtes" sur Europe 1 ou France Inter, et que les auditeurs du 7/9 d'Inter n'aillent pas juste après sur RTL ou Europe 1.
Si la renommée de RTL repose en partie sur les "Grosses têtes", dommage qu'à France Inter ce ne soit plus une émission de programme, par opposition à une émission d'info, qui fasse l'image de marque de la chaîne. Il serait long de citer ici les émissions emblématiques de France Inter qui, non seulement ont fait sa renommée, mais qui ont participé à la fidélité des auditeurs sur la longue durée. L'info, et les journalistes qui vont avec, ont pris le pouvoir et ce sont eux, maintenant, qui s'affichent partout au risque imminent de l'infotainment... aussi à la radio.
(1) "Des" ? Je ne sais pas ! Je raconte ici les deux émissions que j'ai vues... de mes yeux vus...
(2) Chroniqueuse dans la matinale à 7h53, et anchorman de la tranche 7/9,
(3) Du lundi au vendredi, 16h-18h30,.
dimanche 20 novembre 2016
Manege d'été à France Musique ... (12/33)
Pendant deux mois, cet été 2016, Laurent Valero et Thierry Jousse, séparément, nous ont offert deux heures quotidiennes de petits bijoux musicaux. Deux heures, de dix-huit à vingt heures, qui passent, fuient et puis, le vingt-six août c'est fini. Mais c'est quand même pas possible de laisser s'envoler une telle richesse dans l'éphémère. Alors, comme je l'ai fait moi-même (souvent l'émission à peine finie) je vous propose de réécouter chaque dimanche (idéal) un épisode de leur saga d'été. Juste avant de les retrouver ensemble à 18h, ce dimanche sur France Musique pour le nouvel "Easy tempo".
Jeudi 28 juillet. On commence dans la langueur et le slow "Alfie" de Burt Bacharach interprété par Nancy Wilson qui se prolonge par le même morceau version de Karin Krog au chant avec Steve Kuhn au piano. Et on frisonne de poursuivre avec une autre création de Bacharach "Close to you" avec au chant Katrine Madsen. L'ambiance lounge est posée. Il va être bien difficile de s'en extraire particulièrement si dans un halo de lumière douce on guette celui ou celle qui partagera ce moment de grâce.
Mais un dimanche d'automne humide on peut recréer cette ambiance Á la faveur d'un bon fauteuil, d'une lumière tamisée et d'un thé noir léger. Les feuilles de saison ne se ramassent pas toutes à la pelle et les harmonies de roux, de jaunes et de quelques verts mouchetés laissent passer ce soleil pâle que Laurent Valero fait vibrer à son tempo préféré. Et le standard "Everybody’s talking » (Fred Neil) par Randy Crawford qui renouvelle, genre samba feulée, la version d'Harry Nilsson.
Et puis, au risque de me répéter, si j'entends « A place in the sun » (Franz Waxman)
du film de George Stevens "A place in the sun" avec Elizabeth Taylor et Montgomery Clift (1951), Oscar de la meilleure musique, je vois les dessins de Guy Pellaert pour le générique de "Cinémas, Cinéma" (Antenne 2) du trio Andreu, Boujut, Ventura. Autant dire un must de film et un must de générique. Dimanche peut fondre on a notre place au soleil. Merci Laurent Valero.
Et retrouvez les compères today á 18h
sur France Musique pour Easy tempo
samedi 19 novembre 2016
Sur un petit nuage... Kriss
Il ne s'agit pas ici d'agiter le hochet que radios, TV et presse secouent en permanence au quotidien : cet éphéméride perpétuel et tyrannique qui formate les conducteurs des émissions. Ceux des radios publiques comme des radios privées. Mais derrière cette définitive société du spectacle se cachent les humbles, les vrais, les purs. Ceux qui, après avoir tout donné, de leur voix et de leur cœur, sont partis sur la pointe des pieds, ont pris la hauteur suffisante pour se caler dans le nuage et n’en plus bouger.
Kriss est de ceux-là, même si on imagine bien qu'elle ne tient pas en place et furete à tout va dans son nouvel univers cotonneux. Ce sont les voix qui marquent la radio mais Kriss a fait beaucoup plus, elle a marqué durablement nos petites histoires du quotidien, nos petits riens qui font des tout, nos dimanches de blues, nos oreilles en coin, nos gâteaux de pâtisserie, nos rires partagés, nos larmes cachées, notre complicité indéfectible, notre connivence éternelle et notre joie sincère et simple. Kriss illuminait nos transistors et ses clins d'œil nous faisaient fondre.
On était ensemble depuis l'âge moderne. On était (toujours) des enfants. On était sur un petit nuage, à chaque fois, au risque de détester ses absences. Orphelins de cette lumière, cet œil vert magique comme celui qui, autrefois, brillait sur les postes de radio sans transistor. Les bonnes ondes de cette radio-là, Kriss en avait de pleines besaces. Généreuse au point de tout donner. À fond. Au fond et à la forme. En d'interminables heures de montage, de collages - surréalistes et divins -, de bavardages populaires en conversations savantes, de poésie et de grâce.
Pour ce 19 novembre de 2016, j'ai voulu lui rendre encore une fois hommage. En pensant à tous ses fidèles auditeurs qui se joindront à moi et qui prendront quelques minutes.. pour regarder les nuages... intensément.
Dans une présentation TV de "L'Oreille en coin"... Jacques Sallebert, patron de la radio à l'ORTF présente les "frères siamois"Jean Garretto et Pierre Codou, Agnès Gribes est au micro et Yann Paranthoën à la console de son...
vendredi 18 novembre 2016
France Inter : zyva dans le 11.3
Si les Rolling Stones voyaient aujourd'hui la satisfaction des France Inter, ils ne pourraient plus chanter "I can't get no satisfaction". Dès hier, dans les couloirs on se murmurait à l'oreille que la chaîne avait failli décrocher la timbale, soit faire tomber RTL de sa place de leader des audiences radio, vagues de sondages après vagues de sondage, depuis le vingtième siècle (sic).
Si je l'évoque ici, c'est parce que ceux qui m'en ont parlé hier le prennent comme une reconnaissance formelle de leur travail. Et si ces chiffres comptent pour une compétition qui n'aurait jamais dû exister, sous cette forme pour le service public, ils comptent pour celles et ceux qui savent fidéliser un public qui, sans doute, ne manquera pas de leur adresser à distance "un grand sourire de satisfaction".
Et bien oui, trois jours après avoir tourné autour, j'ai fini par entrer dans la ruche, et croiser et rencontrer ceux qui butinent grave pour faire la radio. Dans ces rencontres informelles je ne rencontre ni les ténors ni les cadors, mais bien plutôt les artisans qui, consciencieusement, "sans cesse remettent sur le métier". Alors oui il était touchant d'entendre cette productrice me murmurer à l'oreille ce "11.3" que je ne risquais pas de confondre avec le numéro d'un département où elle n'habite pas.
Laurence Bloch et Emmanuel Perreau doivent être ravis (1), Mathieu Gallet et Frédéric Schlesinger aussi (2). Les bons chiffres de France Inter ne doivent pas occulter qu'à Radio France la diversité des antennes fait un tout, que France Info a frôlé les 8% et que France Musique creuse son "sillon" sous la baguette du maestro Voinchet. Car comme le disait Verlaine dans "Art poétique",
De la musique avant toute chose... Même à Radio France !
(1) Directrice et directeur des programmes d'Inter,
(2) Pdg et directeur éditorial de Radio France.
Demain à 9h un billet spécial
Pour une petite fée radiophonique
mercredi 16 novembre 2016
Les (bonnes) ondes... responsives
Je l'ai souvent écrit ici, les bonnes ondes circulent - aussi - autour de la Maison de la radio. Présence des productrices-producteurs, réalisatrices-réalisateurs, ingés-son et tout ce qui fait la radio. Déambuler autour de la ronde c'est déjà être dedans. Car, avec tout ceux que je croise, je parle plus radio que petits-pois carottes. Avec celles et ceux qui font la radio on est loin très loin de la méta-organisation qui manage et promeut ce média comme des petits-pois carottes justement, ou mieux encore comme de la radio res-pon-sive-sur-tous-les-écrans...
Fut un temps dans la Maison où tout le monde était de la radio, était "radio", jusqu'à ce que déboule la horde sauvage (mais sans Sam Peckimpah) de manageurs et autres cadres tendance soft-poweur (sic) qui vivent de la radio mais n'en font pas, n'en sont pas. Demain c'est connu, leur profil (de travers) les mènera dans le rail, l'orange, les télécommes (personne), le hard-poweur ou les scoubidous bidous-bidous-ah, formatés écrans responsive (1).
Aujourd'hui la radio s'écoute avec les yeux...Et, sans doute, que les producteurs, Jean Garretto et Pierre Codou (2), auraient créé "L'œil en coin". Car aujourd'hui ceux qui, minoritaires, fabriquent la radio passent après ceux qui la responsivent, persuadés que le monde entier n'aura plus d'yeux que pour leurs écrans magiques qui renverront bientôt l'objet radio aux Puces de Clignancourt ou de Saint-Ouen (sises à Paris). La radio de flux c'est déjà du passé. La modernité ça se vit avec les yeux, plus avec les oreilles.
Les gourous et autres chamans du digital ont fini par venir à bout de nos oreilles et de ces créateurs de sons, d'histoires et d'aventures radiophoniques extraordinaires "rangés" sous la bannière magnifique de l'imaginaire de la voix. Aujourd'hui, sans écran point de salut, slogan définitif, quitte à nous faire croire que ce serait la solution pour booster les audiences et attraper ce public qui n'écoutait pas/plus la radio.
Mais quand mes oreilles croisent celles des documentalistes de l'institut National de l'Audiovisuel (Ina) je suis aux anges. J'écoute de la radio (3), je parle des hommes, des femmes qui la font, des voix, des émissions, des indicatifs, des histoires extraordinaires qui ont fait ma propre histoire de radio. Ici pas de nostalgisme, juste la lucidité de constater qu'une "nouvelle" ère a pris le pas sur l'ancienne. Je ne serai ni le Don Quichotte contre les écrans moulins-à-vent et ni même Jack Beauregard dans "Mon nom est personne".
Je crois que je continuerai longtemps à écouter la radio et à méditer la phrase de Pierre Wiehn (4) qui, lors d'un très récent colloque à la Scam sur "Quelle place pour les auteurs ?", a pris très discrètement la parole pour dire : "Et le rêve dans tout ça ?". Le rêve ? Sans doute l'exact contraire des offres radiophoniques responsives.
(1) Je l'ai pris dans le sens " réactif" "réceptif",
(2) Producteurs de "L'oreille en coin" France Inter 1968-190,
(3) Pour préparer mon prochain set à Longueurs d'Ondes (Brest février 2017),
(4) Ancien directeur de France Inter 1973-1981.
dimanche 13 novembre 2016
Manège d'été à France Musique ... (11/33)
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Pendant deux mois, cet été 2016, Laurent Valero et Thierry Jousse, séparément, nous ont offert deux heures quotidiennes de petits bijoux musicaux. Deux heures, de dix-huit à vingt heures, qui passent, fuient et puis, le vingt-six août c'est fini. Mais c'est quand même pas possible de laisser s'envoler une telle richesse dans l'éphémère. Alors, comme je l'ai fait moi-même (souvent l'émission à peine finie) je vous propose de réécouter chaque dimanche (idéal) un épisode de leur saga d'été. Juste avant de les retrouver ensemble à 18h, ce dimanche sur France Musique pour le nouvel "Easy tempo".
Mercredi 27 juillet : à peine quittée la plage, on file au cinoche voir un bon James Bond mais surtout écouter une palanquée de musiques de films. On se (re)fait son film, ohn colle des petits bouts-séquences, on expose "ses" images, on fixe un écran imaginaire et on est bien. La magie de l'évocation, des évocations est à son point culminant. On chavire, on embrasse cette actrice tant désirée, on est ailleurs. Très loin et très près. Très près d'entrer dans l'écran pour ne plus en ressortir. Ray Baretto nous fait chalouper... manque plus que la chaloupe.
Laurent Valero (et Thierry Jousse) savent instantanément mettrent l'ambiance, et surtout la créer. Il peut pleuvoir ou faire 40° à l'ombre, la musique, leur musique nous colle à la peau et aux oreilles. On joue le jeu, ravis et une fois de plus stupéfaits d'être passés à côté de si bonnes vibrations. Des Candido bongos à "Lady in cement" par Hugo Montenegro et son orchestre. Sans oublier de flirter avec le maestro Henry Mancini, chouchou des duettistes, producteurs chevronnés de la chaîne. C'est l'été qui fait du bien à l'automne, c'est le bon tempo à la bonne heure.
Et les douze violoncelles de l'Orchestre philharmonique de Berlin vous changent la vie. Vous apaisent et vous transportent ! Autant le savoir, pendant ces "Retour de plage", si l'on veut prendre la mesure de l'intensité, il vaut mieux ne rien faire d'autre qu'écouter de ses deux oreilles. Et profiter pleinement de la découverte et du voyage. Même si quelquefois ceux-ci évoquent de sombres périodes de l'histoire...
Et retrouvez les compères today á 18h
sur France Musique pour Easy tempo
mercredi 9 novembre 2016
Magnétisme nuit...
Pour prolonger mon billet d'hier...
Le magnétisme de France Culture, d'Alain Veinstein et en toile de fond d'Yves Jaigu, le directeur de la chaîne (1) tient dans l'"édito" qu'Alain Veinstein dit au micro des "Nuits Magnétiques" ce 2 janvier 1978 à 22h30.
Long indicatif (2), voix mêlées pour dire "Nuits magnétiques", puis viendra la musique la plus connue de l'indicatif et le simple "Bonsoir" de la jeune voix d'Alain Veinstein : "Nuits magnétiques, du lundi au vendredi, 22h30-23h50. Pour inaugurer ce nouveau programme, j'ai demandé à Pascal Dupont de se rendre à New-York et d'en rapporter un journal de voyage, écrit et enregistré à la premiere personne du singulier. Paradoxalement ce ne sont pas les signes de la modernité que Pascal Dupont a trouvé à New-York, mais les réminiscences d'un obscur Moyen-Âge. New-York vivrait à l'heure du Moyen-Âge si l'on en juge par la grande peur qui saisit la ville, l'histoire de la folie qui s'y écrit chaque jour, l'obscurantisme qui leur est lié, l'éclatement des mysticismes, la cour des miracles qu'est la rue, les jacqueries des gueux du ghetto. Selon Pascal Dupont tout dans la ville, jusqu'à l'annonce possible ou rêvée d'une renaissance semble relever d'une fresque médiévale.
Cette première semaine de Nuits Magnétiques sera donc entièrement composée de ce journal de voyage fait d'impressions prises sur le vif et entrecoupé d'entretiens, de bruits de la rue, de textes et de musiques, beaucoup de musiques, toutes contemporaines. Ce soir jusqu'à 23h50, La grande peur, la grande peur sur les magnétophones de Nuits Magnétiques. Pascal Dupont nous dira ses premières impressions ; le métro, la rue et s'entretiendra de la mythologie New-Yorkaise avec Anne Coquelin. On verra comment New-York se plaît à mêler les genres, à confondre les époques et à s'inventer une histoire."
Soit 4'20" d'un texte ciselé pour mettre l'auditeur dans le contexte, dans l'angle choisi par Dupont, dans le magnétisme frissonnant d'un New-York réinterprété. Pour lui faire la promesse de l'inattendu, des chemins de traverse et de créations hors mode et hors éphémérides tyranniques. Hors actualité. Tout le contraire d'une radio didactique, servile et dans l'air du temps. Les "Nuits magnétiques" poursuivront leurs voyages cosmiques jusqu'en 1990 (3).
Pour l'enregistrement de ces premières "Nuits magnétiques" il est assez peu probable qu'à New York, Yves Jaigu ait servi de chaperon à Pascal Dupont. En ces temps de Giscardisme attardé les directeurs des radios publiques ne passaient pas leur temps au chevet des producteurs. Ni pour les élections présidentielles des États-Unis pas plus que pour célébrer in situ le nouveau roman d'un auteur américain. L'argent était utilisé pour faire de la radio, pas du tourisme culturel et/ou politique. O tempora o mores....
(1) 1975-1984,
(2) "Kanaan" par Amon Düül II, Merci à Guillaume Hamon pour cette référence,
(3) Reprise par Colette Fellous l'émission s'éteindra en 1999. Alain Veinstein produira alors "Surpris par la nuit" jusqu'à la fin de saison 2009.
mardi 8 novembre 2016
New-York New York...
J'arrive pas à enlever le frein qui m'éloigne de ce billet à écrire. La radio publique finira par m'achever et je ne tarderai plus à jeter aux orties ma belle radio Bose. Le titre de ce billet c'est juste pour un clin d'œil qui reculera d'autant l'instant fatal ! "New-York NewYork" c'est pour les cinéphiles le film de Martin Scorsese (1977) où, Liza Minelli et Robert de Niro nous feront revivre le temps des comédies musicales des très grandes années d'Hollywood. La Musique á été composée par John Kander avec des paroles de Fred Ebb. Liza est magistrale bien avant que Frank Sinatra ne s'empare de la chanson.
Toutes ces circonvolutions rédactionnelles pour stigmatiser le déploiement du "Big Barnum Radio France" en déplacement aux États-Unis pour la grande foire/parade des élections présidentielles. Mathieu Gallet avait eu beau prévenir, dès son entrée en fonction en mai 2014 comme Pdg de Radio France, que les matinales des différentes chaînes devraient se différencier, nous assistons ce mardi au déplacement in situ de la matinale de France Inter et de celle de France Culture Info. Pourquoi ce doublon ? Voire triplon puisque France Info ne risque pas de rater le coche. Il faut bien, une fois de plus, reconnaître au Pdg son immense capacité à l'effet d'annonce, non suivi d'effets.
La représentation nationale et les élus Les Républicains, favorables à une "BBC à la française", se frotteront les mains. Les exemples ne manqueront pas pour dénoncer la multiplication des coûts liés à l'information de la radio publique. Quand dans le même temps les crédits disponibles pour la production fondent comme neige au soleil. Cette politique du "coup... par coup" et du court terme ressemble plus à une volonté de conforter ou d'amplifier des images de marque plutôt que de s'engager pour la création radiophonique. Une façon de tenir son rang médiatique vis-à-vis de la concurrence, mais certainement pas la volonté de stimuler une offre élargie. L'info "ça se voit", ça s'entend et ça "paye immédiatement" auprès... des annonceurs. Les matinales étant devenues les références ultimes pour les sondages Médiamétrie.
Pourtant France Culture pouvait nous refaire ce "coup-là" :
- "rafraîchir" et réactualiser les premières "Nuits magnétiques" (janvier 1978) sur "New York" (1), refaire la route, proposer une concordance des temps "38 ans aprés",
- proposer un "Pays d'ici" exceptionnel de 2 heures chaque jour de cette semaine et donner l'occasion à "Du grain à moudre" de laisser sa place,
- faire un joli bouquet de documentaires pour "La semaine documentaire" en proposant à différents producteurs de raconter les États-Unis d'avant les élections en allant voir au cœur des villes et des campagnes,
- mettre en pause le blabla insipide de "La dispute" en couplant cette heure avec "Creation on air" et donner place à des créations sur le thème des Etats-Unis, des minorités, de la frontière, et plus encore si affinités.
En clair, une vraie "Grande traversée", une vraie proposition culturelle et non l'inféodation définitive à l'info et á l'actu. Faire un aller/retour, en mai dernier, pour aller interviewer Jonathan Franzen : ça c'est culturel, tendance et absolument "actu" littéraire. C'est un coup. Encore un ! Mais au final c'est juste rien. Vous écouterez les cinq épisodes des "Nuits magnétiques" et vous mesurerez l'abîme dans lequel France Culture s'est engouffrée, lentement mais sûrement, depuis 1999. France Culture ne donne plus le temps à l'élaboration, à la maturation, au montage ciselé. Elle ânonne les chiffres des podcasts mensuels que la chaîne comptabilise fébrilement.
Cette ridicule course à l'échalote banalise une chaîne qui, il y a trente ans, pouvait se piquer d'excellence. Vulgaire aujourd'hui dans la cour de récré médiatique, elle compte ses billes ou ses osselets, ses images Panini ou ses Pokémons et ses "bons points" d'audience. Chiffres bidons qui n'ont aucune valeur d'écoute. En 1987, Alain Finkielkraut (producteur à France Culture) écrivait "La défaite de la pensée". Aura-t-il la même prescience pour écrire "La défaite de France Culture" ? (2)
(1) Rediffusées la semaine dernière dans " Les nuits"
(2) L'émission de Thomas Baumgartner, parti sur Nova, diffusée le samedi soir à 23h est remplacée par une émission musicale "Métronomique", produite par Amaury Chardeau (producteur á "Les pieds sur terre"), exit la création sonore. Sera-ce une émission de D.J. ? Ou quelque chose à la mode P.C, la productrice de France Inter qui méprisait les D.J. et ses auditeurs... ?
dimanche 6 novembre 2016
Manège d'été à France Musique... (10/33)
Pendant deux mois, cet été 2016, Laurent Valero et Thierry Jousse, séparément, nous ont offert deux heures quotidiennes de petits bijoux musicaux. Deux heures, de dix-huit à vingt heures, qui passent, fuient et puis, le vingt-six août c'est fini. Mais c'est quand même pas possible de laisser s'envoler une telle richesse dans l'éphémère. Alors, comme je l'ai fait moi-même (souvent l'émission à peine finie) je vous propose de réécouter chaque dimanche (idéal) un épisode de leur saga d'été. Juste avant de les retrouver ensemble à 18h, ce dimanche sur France Musique pour le nouvel "Easy tempo".
L'"American tune" de Paul Simon, interprétée ici par Allen Toussaint, ouvre la balade de ce mardi 26 juillet. Laurent Valero a l'art de nous mettre immédiatement "de son côté". On est tout de suite "scotché" et on sent bien qu'on va avoir du mal à relâcher l'écoute. Particulièrement quand ça commence avec cinq interprétations du répertoire de Paul Simon et la reprise du "Bridge over trouble water" et la version soul de Merry Clayton. Qui pourrait nous faire avaler que le producteur se contente de "poser le vinyle sur la platine" ?
Puis le charme opére avec Mathilde Santing, Karinn Allison, Madeleine Peyroux et sa reprise étonnante d'"Everybody's talkin" surtout connue pour son interprétation par Harry Nilsson, pour la B.O. de "Macadam cowboy". Valero nous pousse toujours à écouter plus loin que l'original qu'il soit ou non un standard. Et on pourrait se constituer une discothèque presque uniquement sur sa seule prescription, tant sa palette est riche, variée et tellement originale.
Valero se joue des frontières, des accents, des décennies, des styles et autres catégories clivantes. Il rend toutes ses sessions intemporelles et magiques. On sort des cadres. On est libre et léger et on oublie la big panade qui accompagne cet enépuisable flot de création musicale. On est ailleurs. Oui MM. Gallet'et Schlesinger (1), France Musique nous transporte quand elle sort de son cadre classique. L'élaboration d'une émission telle #RetourdePlage n'a rien à voir avec la soupe froide qu'on nous sert sur la bande FM. Et vous devriez, non seulement en être les premiers convaincus, mais aussi ses premiers promoteurs. Plutôt que de laisser s'installer les rumeurs de sa fin annoncée par des simili Giscard qui, à défaut d'avoir cassé l'ORTF, vont définitivement massacrer le service public.
N'ajoutez pas vos noms, Messieurs, à ceux des massacreurs qui, tôt ou tard devront rendre compte et payer pour leur infamie. Écoutez plutôt en ce dimanche d'automne la Symphonie d'un Nouveau Monde que Valero et Jousse composent et bâtissent, sans relâche, à la radio publique, sans avoir besoin de s'afficher au cul des bus ni même en façade à la Maison de la radio. Leur humilité vaut pour vous, Messieurs les décisionnaires, au risque que votre superbe vole en éclat quand á votre tour il vous faudra bien aussi rendre des comptes. À bon entendeur, salut.
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