vendredi 30 novembre 2012

La cerise sur la radio…

Je suis un âne. Un bougre d'âne même ! Pourquoi n'ai-je pas été à Longueur d'Ondes (1) en décembre 2010 ? Qu'avais-je de mieux à faire ? Rien. Voilà bien un acte manqué. Totalement manqué. L'Oufipo a bien fait hier de m'envoyer sa Lettre (n°17) et de m'inciter à aller musarder vers ses "Lieux de mémoire". Bigre de bigre, rendez-vous compte qu'à la rubrique "Longueur d'Ondes" il y a en réécoute : "Jean-Marie Borzeix : diriger une radio" (2). Je suis impardonnable d'avoir raté ça à Brest.

Jean-Marie Borzeix
C'est la voix de Jean Lebrun qui ouvre la présentation de la soirée à laquelle était aussi convié Jacques Rigaud, ex-directeur de RTL (pendant 25 ans), pour débattre avec Jean-Marie Borzeix. Quelle belle idée et comme nous aurions pu apprécier à leur juste valeur les engagements des deux hommes pour la culture. Lebrun prenant un malin plaisir à escagasser les différences entre les deux hommes. Rigaud absent, l'affaire a bien tourné quand même. Et Lebrun complice (on l'imagine l'œil pétillant) de tutoyer l'homme de Corrèze qui a dirigé France Culture pendant presque 14 ans ! 

Borzeix prend son temps, remonte à ses origines, le tout avec simplicité et surtout sans emphase ni prétention. Quel bonheur ! De "Combat", le journal, et ses odeurs d'encre où Borzeix a débuté, de "La rue du croissant" (quartier de la presse), Lebrun, en bon historien, fait se rapprocher l'histoire de la presse et ses différents métiers et une histoire de la radio avec au moins autant de métiers différents ! Borzeix situe son arrivée à la radio publique avec "une bureaucratie lourde" et un "monde compliqué avec des statuts très différents". Il en profite pour situer ceux qui ont un emploi pérenne et ceux qui, comme les producteurs, sont payés au cachet ! Le recul qu'il a pu prendre depuis son départ en 1997 lui permet de dire des choses établies mais dont plus personne ne parle et qui font l'essence même de la radio ! Il parle même d'"anecdotes" incroyables (comme la Direction de la Musique), pour montrer la complexité d'une "machine" extrêmement difficile à faire marcher.

Et puis Lebrun qui lui aussi vient de la presse (3) a beaucoup de plaisir à citer Philippe Tesson (patron de presse) et sa belle formule du directeur : "Je n'ai pas voulu vous former, j'ai voulu que vous soyez vous-mêmes". Principe qui a du aussi gouverner Lebrun et Borzeix face à leurs équipes respectives… Borzeix ajoutant que Combat "était une école de liberté exceptionnelle". S'en suit une très savoureuse anecdote sur ce journal et sa fabrication au plomb par des linotypistes et typographes arabes (4).

Mais voilà la cerise :  Lebrun : " Cette formation (de Borzeix, ndlr) qui remonte à la plus haute Antiquité, ne va pas être sans influence sur le style que tu as donné à France Culture. Car au fond tu as laissé parfois le désordre et la cacophonie sans trop t'en préoccuper. Mais surtout moi j'ai beaucoup appris à cette école-là, car tu acceptais des opinions extrêmement diverses et tu détestais le monolithisme. Ça c'est la définition du Service Public, puisque les auditeurs étant de sensibilités différentes, il faut qu'ils entendent les uns et les autres ce qu'ils ont envie d'entendre. Il faut aussi qu'ils entendent ce qu'ils n'ont pas envie d'entendre et il faut absolument sortir les producteurs de leur volonté d'apporter leur message. Et tu disais sans cesse aux producteurs et ça c'était l'esprit de Combat "Soyez dans la controverse, soyez dans le débat". 

Borzeix acquiesce. "Je me suis beaucoup battu pour ça. À quoi ça sert un directeur dans une radio ? C'est constamment (et ce n'est pas très glorieux comme rôle) de rappeler à l'ordre. C'est ouvrir au maximum l'éventail des opinions, des sujets, la diversité des formes, et c'est un travail qu'il faut mener constamment. Il faut se battre dans une radio comme France Culture contre des dangers qui sont récurrents et permanents : le parisianisme. Et je me suis beaucoup battu contre le parisianisme et la mondanité. C'est pourquoi dès en arrivant en 1984 j'ai voulu créer une émission quotidienne "Le Pays d'ici" qui coûtait cher et qui se promenait toute l'année dans toutes les régions de France, qui faisait du reportage, du direct. C'était pour moi important, et plus que symboliquement, d'entendre ces voix loin du quartier latin, loin de la Maison de la radio."

Voilà un acte fort de prise de fonction et, si vous me lisez un peu, vous savez comment cette émission a résonné pour moi. Borzeix et Lebrun parlent depuis 15' et il leur reste une heure pour deviser de bonne compagnie. Merci à Longueur d'Ondes d'avoir permis cette rencontre là et à Oufipo de l'avoir mis en ligne. Régalez-vous mes chers auditeurs et AR-CHI-VEZ ! (5)

Le billet de samedi en début d'après-midi demain…

(1) Festival de la radio à Brest, 8ème année,
(2) Jean-Marie Borzeix a dirigé France Culture de 1984 à 1997,
(3) La Croix,
(4) Voilà une chose une fois de plus qui m'accroche l'oreille et m'intéresse beaucoup, le détail qui fait sens,
(5) Lire aussi : Le débat, n°95, "France Culture : une singularité française",  Gallimard, mai-août 1997. Interview de Jean-Marie Borzeix.

jeudi 29 novembre 2012

La petite mécanique du blogueur (fou)…





Bon c'est un fait avéré : j'écoute la radio, mais quelquefois aussi j'échange avec mes amis blogueurs (fous eux aussi), discute avec une auditrice passionnée qui a posté un commentaire sur Violeta, sur Mermet et quelques autres billets qui l'a font réagir, écoute en streaming une émission passée, furète sur le net, renseigne les kébécois communautaires et les remercie de me citer parmi les blogues radio, et écoute un peu en boucle une chanson découverte sur France Inter. Dans tous ces cas Twitter est mon allié indispensable et participe de cette mécanique quotidienne. Revue de détail.

Journée du mercredi 28 novembre
À 8h30 tous les matins, je twitte un petit message pour annoncer à ceux qui me suivent sur Twitter (@radiofanch) la teneur de mon billet du jour. J'essaye de trouver une accroche sympatoche, mets en copie les personnes et/ou les radios concernées et vogue le navire… Voilà une vraie bouteille à la mer. Ce matin Emmanuel Laurentin a retweeté mon message pour inciter ses nombreux aficionados à aller me lire. Effet sensible immédiat, les visites sont "dopées". Puis, sur ce blog, je valide les commentaires reçus pendant la nuit et la matinée (sauf ceux qui ne sont pas signés). Et là, soit je réponds tout de suite, soit je diffère un peu…

Vient l'heure d'écouter en podcasts ou en streaming ce que je n'ai pu entendre en flux. Ce matin, dans la matinale de France Culture animée par Marc Voinchet, j'ai réécouté "Esprit es-tu là ?", soit ce mardi, les responsables de la revue Esprit. Je précise que j'utilise le player et n'écoute QUE les invités, le reste étant pour moi absolument insupportable à l'oreille et à l'esprit ! Déjà dans ma p'tite tête je gamberge sur le billet du lendemain (1). J'appelle l'auditrice passionnée (on se connaît un peu) et développe ce qui pourrait être ma réponse synthétique à son point de vue sur la "cohérence" entre chaînes du groupe Radio France. Elle argumente, j'apporte des précisions historiques (si, si) et nous prévoyons d'en reparler comme nous le faisons à chaque rencontre physique.

En lien direct avec son propos j'écoute en streaming "Ouvert la nuit" qui mardi soir recevait… Anjel Parra. En publiant mon billet mardi sur Violeta, je connaissais le programme d'Alexandre Heraud sur Inter. Je ne voulais pas en parler sans avoir écouté et surtout je pensais qu'avant que les auditeurs entendent parler d'un film il valait mieux qu'ils fassent connaissance avec celle-là même qui était l'objet du film. Ces sept minutes d'entretien avec Anjel furent… bien courtes. Au fil de la matinée s'en suivirent quelques facéties de bons mots avec Hervé qui tient le blog "Le Transistor" et qui ce matin s'intéressait à Radio Tirana qu'il faisait rimer avec… tyrannique. On tomba très vite (lui surtout) dans le registre Almanach Vermot.

Les amis de l'Association des Radios Communautaires (ARC) du Canada ont posté sur leur blogue une présentation de Radio Fanch. Et les Nouveaux Médias de Radio France nous ont proposé sur leur site quelques projets à venir (et y'a de quoi faire). Avec de belles choses en vue dont je parlerai bientôt. Syntone nous a préparé à recevoir l'article du siècle sur Europe1, France Culture, j'en passe et des meilleurs et m'a fait part de quelques avis sur ses écoutes récentes de radio. Aussi impitoyable que moi, le bougre ! Je terminerai avec le mail sympathique de Silvain Gire (Arte radio) qui sortant à peine la tête de l'eau du dixième anniversaire de sa web-radio a trouvé un petit moment pour me dire qu'il avait bien vu et lu ici les billets concernant cet événement-là ! Ça fait plaisir.

Comme j'avais envisagé de temps en temps de vous raconter le off de ce blog, voilà mes chers auditeurs, une journée parmi tant d'autres. Comme vous (sans doute) je travaille, circule, dort (peu), mange, essaye de faire la sieste, et quelques autres petites choses de la vie. Mais vaille que vaille, tant que ça pourra, j'écrirai mon billet quotidien sur la radio. Yo !

(1) Et oui vous l'imaginez bien, à peine publié le billet du jour ça recommence, il faudra écrire à nouveau !

mercredi 28 novembre 2012

La matinée des (nous) autres…

On monte dans sa voiture, en sachant qu'en même temps que le moteur s'allumera, l'une ou l'autre de nos radios préférées démarrera aussi. À 9h c'est souvent La Fabrique de l'Histoire (1) qui m'accompagne, particulièrement si le sujet m'intéresse. Cette semaine la micro-histoire me va bien. Dans ce court billet je voudrai montrer comment l'écoute régulière, à la fois désirée et attentive, peut malgré tout avoir un caractère aléatoire tant un petit rien peut changer l'écoute. Et là deux alternatives : fermer la radio (ou changer de chaîne) ou monter le son. 

Ce matin j'ai monté le son. Je sentais Emmanuel Laurentin à la course pour faire son annonce précise et longue : resituer la semaine et introduire le documentaire du mardi. Ce qui d'emblée m'a fait sourire c'est qu'il a nommé les quinze participants à l'émission, en un joli chapelet de patronymes évocateurs d'un documentaire qui allait s'avérer passionnant. C'est pas grand chose mais c'était comme un clin d'œil, une pirouette, une autre façon de faire. Et c'est bien cette autre façon de faire qui peut inciter l'auditeur à rester à l'écoute.

La Roquette, en Arles.




Si j'ai entendu que le documentaire allait concerner La Roquette, je n'ai pas entendu dans quelle ville cette Roquette avait pris quartier. Un moment j'ai pensé à la prison, puis à la salade…  "En remontant contre le vent", le documentaire de Valérie Casalta réalisé par Anne Fleury, m'a plongé dans une époque où sur France Culture, le mardi, c'était "La matinée des autres" et de longs documentaires (1h25) sur une palette de sujets et de thématiques extraordinaire. Ce matin je m'y croyais, et flânant un jour prochain en Arles, à l'approche des Éditions Actes Sud, je ne manquerai pas d'aller traîner vers cette Roquette là !

(1) Du lundi au vendredi, 9h05-10h, par Emmanuel Laurentin et TOUTE son équipe, et ce depuis lurette…

mardi 27 novembre 2012

Violeta… para siempre

Quelquefois la radio donne la chair de poule, quelquefois on est plus à la radio, quelquefois on pleure, quelquefois c'est plus de la radio mais de l'intimité à fleur de peau. Quelquefois il ne faudrait pas écouter la radio au risque du grand chamboulement intérieur. Quelquefois on voudrait partir avec dans son baluchon cette Violette éternelle… et quelquefois on part. Quelquefois…

L'affiche du film qui sort demain en France



On part avec cet indicatif qui donne le frisson. Une pédale ouah-ouah comme un cœur qui bat. Où derrière la vie existe. C'est la nuit. La voix d'Alain Veinstein peut encore nous surprendre… Le documentaire, diffusé initialement le jour du solstice d'hiver (1), est gorgé du soleil de la langue mais d'ombres aussi ou plutôt de ce qui est "caché derrière" et bouleverse l'âme. C'est la nuit. Cette soul latine vibrante, joyeuse et tragique accompagne notre voyage intérieur, notre utopie d'un autre monde, notre quête infinie de partage pour ne pas dire d'amour. Violeta Parra parle, je devrai dire Violeta chante. Elle chante le peuple, les bas-fonds, la misère et l'espoir. Elle transmet et perpétue la musique traditionnelle. Elle chante ses mots et ses tournures avant même d'y ajouter une autre musique que celle de sa voix. La "musique des pauvres". Une musique qui vient de très loin. Celle-là même qui a failli agonir le 11 septembre 1973. Oui, car c'est à ça que je pense quand j'entends Violeta, aussi à Pablo Neruda et sa "Chanson désespérée" et à Victor Jara évoqué dans ce documentaire. 

Ce téléscopage tragique est ancré et rien ne pourra jamais m'en éloigner. Violeta dans sa quête musicale et d'absolu populaire marchait dans le sens d'Allende à venir. Dans le sens de l'espoir comme du désespoir. Il est émouvant d'entendre Angel dire que le jour de son enterrement - "un choc pour le Chili" - Violeta commence à vivre une nouvelle vie. "Sa" chanson deviendra une arme de lutte.

J'ai eu la chance d'entendre le documentaire dans sa version initiale. L'ai déjà écouté deux fois et ça ne suffit toujours pas. Ce soir sur France Culture, dans l'Atelier de la création à 23h, vous entendrez une "version" de 55'. Merci à Andrea Cohen pour ce documentaire vibrant.

Buenos dias dia…

(1) Violeta Parra et ses enfants d’Andrea Cohen (1ère diff. 21.12.2007). Avec son fils Angel Parra, et le témoignage des gens qui l’ont connue de près ou de loin se dessine le portrait cette artiste chilienne hors pair, folkloriste, compositrice, poète, plasticienne.

lundi 26 novembre 2012

Entre les lignes…

Rétro-logo






Ce n'est pas une fiction mais une vraie grosse réalité ! Une radio-réalité même… Olivier Poivre d'Arvor, directeur de France Culture, s'exprimait samedi dans les colonnes du journal Le Monde et son supplément TéléVision (1) qui réserve une page par semaine à la radio. Décryptage (comme ils disent dans les journaux).



Plus d'auditeurs
"Nous avons gagné 300 000 auditeurs depuis deux ans, ce qui représente une progression très importante. Nous l'expliquons par une alchimie étrange avec, d'un côté, une radio durable qui laisse du temps pour parler d'économie, de politique ou de sciences et de l'autre une radio d'information, capable de proposer des " 24 heures " à l'occasion du " printemps arabe " ou des élections américaines."
C'est marrant j'aurai pensé que c'est d'abord la culture (au sens large) qui faisait la chaîne ! Bon. Quant à "l'alchimie étrange… d'une radio d'information" j'avoue que si la marque est audible (pour ne pas dire criante) elle ne correspond pas au positionnement initial de la chaîne. Qu'elle soit devenue une radio d'information soit, mais nous aurions pu attendre de la part du journaliste une question pertinente du genre : "L'information pourquoi ? et à la place de quoi ?"

De la relativité de la mesure
"Nos cinq millions de podcasts mensuels, dont un quart vient de l'étranger, témoignent que les gens veulent réécouter nos programmes, qui ont pourtant des durées d'écoute longue.
Bigre ! "C'est quoi la longueur M'sieur ?" aurait pu demander le journaliste. C'est l'occasion pour moi de dire qu'à la question précise sur la longueur des émissions, contenue dans ma "Lettre ouverte au directeur de la chaîne" il n'a été à ce jour donné aucune réponse. Le format 55', et moins si affinités, a été traité dans plusieurs billets la semaine dernière. La longueur d'une émission est toute relative. Avec Jean Garretto (2) et son "Fip ce sera 60' de musique par heure", on pouvait penser que ce serait long "et moins de 2mn de paroles" que ce serait très court ! 

Spectaculaire
"A terme, l'idée est de monter des opérations spectaculaires et de faire venir des partenaires privés. C'est une source nouvelle de revenus pour nous."
La question que s'est posée initialement la chaîne (et que le journaliste n'a pas posé) était-elle "Comment faire pour attirer des partenaires financiers de prestige sans rien renier ?" ou "Sans visibilité médiatique nous ne pourrons faire venir des partenaires financiers. La Sorbonne + l'actualité de l'Histoire, de la philosophie et des sciences devraient attirer des partenaires liés à ces disciplines" ? Oups ! Vous pensez à qui M. le Directeur ? (Cette question n'a pas été posée).

Économies
"Nous aurons 300 000 euros d'économies à faire par an entre 2013 et 2015. Nous avons entamé des discussions avec les producteurs, pour allonger la période des grilles d'été notamment."
Le voilà le plus magistral "entre les lignes" que Guillaume Fraissard a été incapable de décrypter, car peut-être non auditeur de la chaîne. Là, la douche est froide et la "facture" salée. À la différence de France Inter qui depuis presque les origines installe une grille en juillet et août (et même septembre jusque dans les années 80), France Culture en juillet couvrait, de tradition, les festivals. La grille prenait ensuite ses quartiers d'été pendant cinq semaines environ. L'occasion de bouleverser les formats, les habitudes (et les habitués) et les sujets, et de proposer à de nouveaux producteurs d'"entrer dans le jeu". Si France Culture se calque sur Inter et entonne, par exemple, "Les grandes rediffusions" c'est l'hypothèse de moins de créations, moins de producteurs, moins de "découvertes". Et aussi des contrats moins longs pour les producteurs de la grille annuelle (septembre à juillet) et sans doute moins de commandes pour de nouvelles émissions, donc des économies financières. Mais ça fait beaucoup de moins. C'est la crise ! Le propos n'est pas anodin. Il n'y a plus d'émissions de nuit sur France Inter (exclusivement des rediffusions du lundi au vendredi), verra-t-on l'esprit de l'été de France Culture partir aux oubliettes ?

J'ai volontairement fait l'impasse sur France Culture Plus qui démarre ce lundi et sur lequel je reviendrai une fois cette web radio écoutée sur la durée. Par contre je note que définitivement France Culture est devenue une radio d'information et que des partenaires privés vont être associés à des opérations spectaculaires de prestige. Aux origines la publicité institutionnelle sur France Inter était supportable. Elle est maintenant audible aux heures d'écoute clefs, comme pendant la matinale et à d'autres moments de la journée. On ne voit pas comment on reviendrait en arrière sur cette chaîne. Le jour ou France Culture mettra le petit doigt dans le sponsoring (appelons un chat un chat) c'en sera fini de cette radio… libre !

Une dernière pour la route ! Si le directeur de la chaîne a constaté, pour l'inciter à créer France Culture Plus, "qu'il y avait un sujet qui n'était pas traité dans le groupe Radio France : la vie étudiante.", pourquoi le groupe Radio France n'a t-il pas constaté que l'information est déjà traitée par France Info et France Inter et que trois chaînes d'infos sur sept, ça commence peut-être à faire beaucoup ?

(1) Le Monde daté 25-26 novembre 2012 Sympa non, quand on s'appelle TéléVision de s'intéresser à la radio ?
(2) Co-producteur de "L'oreille en coin" sur France Inter,1968-1990, et co-créateur de Fip (initialement France Inter Paris) en 1971, décédé le 14 septembre 2012.

dimanche 25 novembre 2012

Un dimanche de Mermet…











"Il fait complètement noir, il y a juste un tout petit peu de lumière qui éclaire un tout petit peu… un tout petit chapeau, et sous le chapeau on entend : "Je sens la fièvre m'envahir…". La troïka glisse sur la neige jaune, contre le vent glacé qui vient de la Moscova. Le cocher porte un extravagant uniforme rouge à brandebourgs, ses chevaux ont des sabots dorés et nous traversons la place du tsar de toutes les Russies. Les immenses bulbes d'or et les faïences vertes des cloches sont éclairés par en dessous comme les acteurs par les feux de la rampe. La troïka repart et nous filons vers le grand théâtre Tchernikov. Mais derrière le chapeau voici une lueur… Une bougie. La flamme monte et éclaire le profil du personnage qui tient encore l'allumette. C'est une poule. Une poule. À en juger par la taille de sa crête elle n'est plus de la première jeunesse. Sous ses plumes vaguement blanches elle porte un soutien-gorge noir qui ne doit plus contenir grand chose. Elle frissonne. Elle se met à parler au chapeau : "…"

Voilà le début d'un joli conte sur fond de valse russe. C'est un dimanche de 1979, Daniel Mermet va en 8'49" nous transporter ailleurs, nous sortir de la tétanie du dimanche ou de la routine. Nous emmener dans son rêve. Vassillissia est une fable moderne avec sa part d'onirisme et de sentiments évanouis. Mermet excelle à la raconter. Son ton, sa voix, ses silences nous scotchent à la radio. Nous scotchent à l'Oreille en coin, sur France Inter. Depuis le début de l'après-midi on est entré dans la danse, dans le tourbillon. La tête nous tourne de cette féérie de mots, de ces jonglages de paroles, de ces voix qui font maintenant partie de notre "entourage" et de ces musiques "fondues avec" qui les accompagnent.

Onze ans, cela fait onze ans qu'ici, en fin de semaine, du samedi après-midi au dimanche soir, s'invente sur France Inter "une radio dans la radio". Vous pourrez retrouver ce conte de Mermet dans l'édition des 4 CD qui complétait le livre de Thomas Baumgartner.

Autre voix du dimanche, Kriss. J'ai ajouté sa voix à mon billet d'août 2011.

samedi 24 novembre 2012

1969/08/18…

Bobby Womack © Radio France 2012










Alexandre Heraud (1) entame sa deuxième sucette sur la plage d'Orléans (2), Charles Trenet est au creux de la vague (3), quant à Bobby Womack il n'a pas encore "osé" traverser la 110ème rue (4). Pourtant à Bethel, à quelques miles de là, sur les terres du fermier Max Yasgur, et à une soixantaine de kilomètres de Woodstoock (État de New-York), Jimi Hendrix est en train de clore en beauté "trois jours de paix et de musique"… (5)

C'est samedi, j'ai juste un peu radioscopé (ça change de télé…scopé) les événements ! Bobby Womack jouait pour la France Inter ce mercredi et, le lendemain jeudi, Libération publiait la bonne nouvelle du jour : "Un album inédit de Jimi Hendrix en 2013". J'aurai bien aimé croiser Hervé Marchon avec, dans mon casque (6), le concert de Jimi à Woodstock offert en prime de l'article.

Bon, vous allez me dire, "mais Fañch, tout ça c'est pas de la radio ?" ! Ben si ! En plein… Bonne zique.

(1) Producteur à France Inter, Ouvert la nuit, du lundi au vendredi, 21h-23h,
(2) Rumeur quand tu nous tiens,
(3) Plutôt du côté de Narbonne,
(4) Il faudra attendre 1973 pour "Across 110th Street" et 1997 pour voir chalouper "Jackie Brown" (Tarantino),
(5) "C'est un des plus grands moments de l'histoire de la musique populaire, classé par le magazine Rolling stone parmi les « 50 moments qui ont changé l'histoire du Rock and Roll » (source Wikipédia),
(6) Sa chronique hebdomadaire dans Libération le vendredi,

vendredi 23 novembre 2012

Y'a d'la chanson dans l'air…

Le titre de mon billet renvoie à une des nombreuses émissions que Jean-Louis Foulquier a animé sur France Inter, des années 60 aux années 2000. Je le reprends aujourd'hui car vous avez du vous rendre compte que depuis la rentrée les radios publiques (1) multiplient les journées avec, concerts "live" et autres "concerts privés". Ce "besoin" de chansons ou plutôt cette offre est-elle un signe des temps ? Ces opérations promotionnelles ne sont-elles pas trop plaquées, un rien artificielles, des exercices convenus d'où spontanéité et partage ont complètement disparu. La superposition d'un artiste sur un programme établi, qu'il soit de musique ou pas, n'a plus rien d'étonnant ou d'exceptionnel.

Et puis, malgré tout, il y a les chemins de traverse. Michel Delpech dans "À voix nue" (2), et avant hier Alexis HK dans "Chemin rêvant" (3). Une émission en douceur, faite de sincérité et de tendresse où il fût bon réécouter Dick Annegarn. Alors ce rêve en chemin c'est sans doute ça dont on a le plus besoin aujourd'hui, mais dans des émissions qu'il reste à inventer à l'image de celle de France Musique.


Alexis HK sur France Musique - mercredi 21... par francemusique

(1) Et particulièrement France Inter,
(2) France Culture, du 10 au 14 décembre, 20h,
(3) France Musique, minuit    

jeudi 22 novembre 2012

Aragon magnétique…









Et "La marche de l'histoire" (1) d'engager son chemin vers la comète Aragon qui de biographies, en somme à la Pléiade (2) n'en finit pas de dévoiler le poète aux multiples facettes. L'affaire est colossale mais Jean Lebrun a l'habitude des synthèses. Malgré "tout ce qu'il y aurait à en dire" il réussit avec Daniel Bougnoux, son invité, à semer quelques petits cailloux blancs (qu'il faudra prendre le temps de ramasser si l'on veut en savoir plus), à illustrer l'évocation de ses poèmes de deux chansons (3), à citer Pierre Juquin (4) et quelques autres publications à venir, notamment les interventions qu'Aragon a pu faire à la radio.

Lebrun applique à la lettre la façon d'Aragon d'être "brouillé avec la chronologie" et chevauche un panorama flamboyant du poète surréaliste, communiste et… homosexuel sur la fin de sa vie. Le tout avec vivacité sans avoir l'air de se presser ou de "vouloir dire tout à tout prix". Bougnoux se prête au jeu et l'affaire est entendue. Comprendre l'affaire est à entendre, donc à (ré)écouter. Et caracolant moi-même après le lièvre que j'ai levé en début de semaine, je reste dubitatif. Comment après un si bon moment de radio (4) s'en tenir là si Lebrun et Bougnoux ou Bougnoux et Lebrun nous ont carrément donné envie de replonger dans Aragon, et ce jusque dans son invraisemblable "carnaval" ou dans cette citation, dite par Lebrun, pour évoquer le surréalisme "L'humanité rêve en chacun de nous".

Or donc, je ressors la thématique débusquée hier, j'attends quelque part (sur le site de France Inter ou ailleurs) des compléments qui enrichiront l'émission initiale, je guette le player qui me permettra de compiler tout ce que j'aurai trouvé à entendre (5), et cours à l'horloge parlante lui demander impérativement de ralentir de moitié le temps qui coure, de façon à pouvoir lire un peu plus de deux pages par jour de tous ces livres "aragonesques" qui me démangent l'esprit.

Que doit-on faire avec des émissions qui enrichissent quotidiennement notre petite besace intellectuelle ? Doit-on se contenter de l'écoute et/ou de la (ré)écoute une fois, deux fois, trois fois, quand ceux qui préparent ces émissions avalent eux-mêmes moult et moult documentations ? Doit-on superposer ces richesses radiophoniques et les laisser s'incruster ou non dans notre mémoire, au risque de les voir disparaître "à jamais" ? Doit-on laisser faire et prendre simplement la radio comme elle vient ?

Ou, last but not least, doit-on attacher quelques casseroles au pare-choc de sa voiture pour ne plus avoir à entendre qu'un tintamarre inaudible de bruits de ferraille, couvrant à peine le bruit que savent faire quelques furieuses radios elles-mêmes, histoire de se sevrer une bonne fois pour toutes de ses addictions radiophoniques ?

Lebrun et Bougnoux me pardonneront d'avoir profité de leur merveilleux Aragon pour entonner ma petite ritournelle existentielle ! Mais peut-être que l'un et l'autre sauraient nous dire "comment faire ?" Et vous-même mes chers auditeurs comment faites-vous ?

(1) France Inter, du lundi au vendredi, 13h30-14h,
(2) Œuvres romanesques complètes, Tome 5, 2012
(3) Ferré "L'étrangère", Léotard "Est-ce ainsi que les hommes vivent",
(4) Aragon "Un destin français" Tome 1, Le temps des rêves, 1897-1939, Éditions de la Martinière, 2012,
(5) Histoire de me faire un "Bon plaisir" ,
(6) Je connais le sujet, un peu de l'œuvre romanesque de l'écrivain, ai lu déjà une biographie, et ne demande qu'à en lire une autre…

mercredi 21 novembre 2012

Histoire d'un jour…

Philippe Alfonsi face au Major Kiegger. © Guy Le Querrec 1983





Ce titre est pour moi l'occasion de rendre hommage à Philippe Alfonsi qui sur Europe 1, a animé de 1973 à 1980, "Histoire d'un jour". Un magazine d'histoire qui durait une heure et qui, à l'époque, m'a fait apprécier cette chaîne si l'on voulait bien se boucher les oreilles pendant les espaces publicitaires assommants. Mais Alfonsi était plus fort que la pub, captivant, passionnant et exigeant. Trois belles qualités qui honorent la radio. (1)

C'est presque par hasard que le billet d'aujourd'hui va pouvoir faire suite au billet d'hier. Hier après-midi je mets à jour quelques podcasts et mon regard est attiré par le titre "Toujours Anquetil revenait" (2). Invité de Marie Richeux, Paul Fournel. L'émission m'avait échappé. Je l'ai réécoutée hier après-midi avec la pleine mesure de la voix du président de l'Oulipo (Ouvroir de Littérature Potentielle), plus intime, plus "proche du micro" qu'il ne l'avait été avec Alain Finkielkraut un samedi de juillet. Avec "effet différé" j'ai pris beaucoup de plaisir à écouter Fournel dire ses histoires. Avec les liens que je vous propose vous entrez dans ma "petite construction" thématique et en même temps vous percevez ma façon quelquefois très aléatoire de constituer, sur le long terme, une thématique. Je continue de penser qu'il devrait y avoir quelque part un endroit pour indexer thématiques, sujets, émissions, etc… Et un endroit bien sûr pour réécouter à façon !

Il y a la radio du présent et le cycle "infernal" de la production quotidienne. Celle-là est bien visible, promue et commentée. Puis il y a la "radio de rattrapage", la radio d'archive, totalement "émiettée" qui fait appel à des démarches individuelles, spontanées ou organisées, et à des pratiques nouvelles. Pour autant, cette radio-là, si elle est mise gracieusement à la disposition du public, ne fait pas, de fait, l'actualité. Et pourtant la totalité des podcasts écoutés plus la réécoute en streaming doit représenter un nombre d'heures considérables cumulées. Autant que l'écoute en flux ? Je n'en sais rien.

S'il y a un lien avec le billet d'hier, c'est aussi parce que dans la thématique chère à Syntone (dans son commentaire), on peut imaginer y intégrer les rediffusions dans leur format d'origine sur un support dédié. Aujourd'hui France Culture nous donne la chance pour chacune de ses émissions d'une réécoute pendant mille jours et d'un téléchargement pendant un an. Formidable ! On applaudit des quatre mains. Ceci est le premier étage de la fusée. Le second devrait concerner la création, en partenariat avec l'Institut National de l'Audiovisuel (Ina), d'une Radio-Archives qu'elle soit en hertzien ou sur le web. Le documentaire évoqué hier y trouverait là un "nouveau souffle" et une nouvelle actualité. Quand se met-on autour de la table pour en parler ?

Merci à Philippe Alfonsi, Marie Richeux, Paul Fournel et Jacques Anquetil de m'avoir permis ce cheminement tout à fait inattendu et fort sympathique.

(1) Hommage aussi à Geneviève Ladoues qui a animé sur France Culture, le dimanche, "Un jour au singulier",
(2) Pas la peine de crier, France Culture, 9 juillet 2012,

mardi 20 novembre 2012

Tailleurs… taillez (dans le l'art)

Yann "caché derrière"











Si Yann Paranthoën pouvait à juste titre se nommer "tailleur de son" - il avait de qui tenir !- (1), il ne prévoyait sans doute pas qu'après avoir taillé le son (et mis en ondes un documentaire), il faudrait un jour remettre ça. Remettre ça pour diffuser des archives et faire des économies. Par voie de conséquence, remettre ça pour s'adapter à un nouveau format pour une nouvelle durée d'émission. Remettre ça pour "rafraîchir" un documentaire "daté". Voyons voir les effets sur la programmation actuelle d'une chaîne comme France Culture.

 
Des économies
En cette période très tendue, les rediffusions participent à ne pas trop augmenter les budgets de créations (2). Pour autant quelques unes de ces créations initiales ont été réalisées du temps des Nuits Magnétiques, de Surpris par la Nuit, ou d'autres émissions avec des durées dépassant l'heure pour se situer aux alentours de 90'. Voire deux ou trois fois 90', quand il s'agissait d'un sujet largement développé. L'adaptation au format 55' pose alors de fait le problème de tailler la bagatelle de 35', soit un tiers du documentaire. Ce n'est pas rien ! La productrice (3), le producteur avaient déjà en son temps taillé dans la matière brute des reportages et autres éléments sonores pour s'en tenir à une contrainte initiale. Et voilà que les effets financiers conjugués aux contraintes de grille imposent un nouveau découpage. Nouvelle contrainte me direz-vous ? Stimulante itou… Peut-être, mais pourquoi ne pourrait-il être envisagé pour les émissions documentaires que celles-ci conservent des formats proches de ceux mis à l'antenne, disons depuis une quinzaine d'années ? De ce fait les rediffusions respecteraient l'œuvre initiale. D'autre part la demi-heure quotidienne gagnée serait forcément bien employée, soit en donnant la possibilité aux documentaires d'être un peu plus longs, soit en proposant un prolongement en studio avec des invités qui abonderaient le sujet comme ce fut le cas longtemps pour l'émission "Le vif du sujet" (4) découpée en deux parties.

L'œuvre initiale
Faudra t-il attendre les rediffusions des "Nuits de France Culture" ou la création d'un France Culture Vintage pour espérer entendre les documentaires dans leur durée initiale de création. Peut-être même verra t-on un jour se créer des émissions qui nous narreront par le menu ce qui pouvait s'entendre "autrefois", avec sons "retrouvés", analyses et tout le toutim, un peu comme Philippe Garnier excelle à débusquer le "caché derrière". Que les œuvres soient remises à l'antenne on ne peut qu'applaudir, qu'elles soient amputées c'est fort dommageable pour le créateur comme pour l'auditeur.

Qui taille ?
Si c'est le producteur initial qui remet son ouvrage sur le métier, on peut imaginer que cet exercice le stimule et l'intéresse. Il peut les années aidant, trouver des "longueurs" et autres "temps morts" qui pourront allègrement être "coupés". Mais dans d'autres cas il devra s'auto-censurer et s'obliger à "rentrer dans le moule", s'il tient compte de l'opportunité d'accéder à une "nouvelle" diffusion. Cela ressemble fort à une solution a minima ! Si c'est un tiers qui se charge des coupes c'est encore plus délicat, sauf si le producteur accepte qu'une oreille extérieure s'en charge ce qui est le cas assez souvent. Sachant que quelquefois le dit producteur propose lui-même les coupes qu'il conviendrait d'opérer.

Jusqu'où va t-on aller ?
On voit donc qu'en moins de quinze ans les formats ont déjà perdu plus d'un tiers de leur temps de diffusion. On peut imaginer, sans faire de science-fiction, que dans moins de quinze ans ils pourraient en avoir perdu les deux tiers, et ainsi de suite jusqu'aux formats de 5' qui en 2050 seront appelés "longs". Ajoutons à cela la baisse catastrophique de rémunération pour les producteurs s'ils n'ont plus "dans quelques jours" que des documentaires de moins de 30' à réaliser. Alors que le mot "documentaire" est agité à toutes les sauces, il faudrait bien que celui qui concerne la création radiophonique devienne une priorité affichée de la tutelle, à savoir le Ministère de la Culture et de la Communication (5). Pour amorcer un genre de "Grenelle du documentaire" par exemple !

Peut-être même que pour être vendeur, à la dite tutelle il faudrait proposer d'ajouter le mot "nouveau" devant celui de documentaire. "Le nouveau documentaire radiophonique" ça aurait de la gueule sur les smartphones et autres tablettes. On ferait des campagnes de pub', on mobiliserait les étudiants et les seniors, à eux de convaincre les générations intermédiaires. On pourrait même trouver un slogan : "France Culture, la radio du documentaire". Qu'en pensez-vous, mes chers auditeurs ?

(1) Son père était tailleur de pierre, voir ici,
(2) Et laissent à la maison créatrices et créateurs, sachant qu'une rediffusion se rémunère à un pourcentage de la rémunération de la création initiale
(3) Ce fut le cas pour le documentaire de Françoise Séloron "A Joinville-le-Pont", comme celui d'Iréne Omélianenko "Au début du Jazz étaient les femmes",
(4) Le vif du sujet, le mardi de 15h à 16h30, (dates à venir)
(5) Et du Budget sans doute

lundi 19 novembre 2012

Mauvais genres… à l'appel










Ce qui est séduisant avec Jean-Noël Jeanneney (1), c'est qu'il donne l'impression, comme ça sans y toucher, de se promener dans l'Histoire, de flâner là où, entre deux bosquets ou derrière un talus, il sait débusquer un fait ou un évènement d'hier que ces invités viennent mettre en regard d'une situation d'aujourd'hui ou inversement. Samedi dernier tout était affaire de pantalon, de son port par les femmes et d'un mauvais genre assuré pour celles qui, fût un temps, s'y risquaient.

Ce qui est séduisant avec Jeanne-Martine Vacher (2), c'est qu'elle donne aussi l'impression de se promener dans la Musique et d'y baguenauder avec une curiosité sans fin. Par des associations inattendues, pétillantes et joyeuses elle ne manque jamais de nous provoquer l'envie d'aller écouter ailleurs pour ne pas dire autrement. Comme Jeanneney a l'Histoire, Jeanne-Martine Vacher a la Musique communicative. Samedi dernier pour coller à la thématique de la chaîne elle nous offrit une heure "de mauvais genres qui ont du genre" passant sans transition d'Ethel Smith à Suzy Solidor sans oublier de conclure avec Janis Joplin. Autant de femmes qui par leurs genres ont bousculé les conventions, bouleversé la musique et obligé le public à dépasser les modèles "bien pensants" établis.

Cette séduction dans le partage d'une passion va tout autant à François Angelier (3) qui de ses "Mauvais genres" a fait un festival et + si affinités. Mais ça c'est une autre histoire dont nous reparlerons bientôt.

(1) Historien. Producteur à France Culture, Concordance des temps, le samedi, 10h, (ex Président de Radio France, 1982-1986),
(2) Productrice à France Culture, Movimento, le samedi, 14h,
(3) Producteur à France Culture, Mauvais genres, le samedi, 22h-minuit.,

dimanche 18 novembre 2012

La fabrique… de la radio



Dès potron-minet j'ai sauté sur le player de France Culture pour me refaire "La nuit du chasseur", mythique film de Charles Laughton, passé à la moulinette de François Angelier (1) avec un long développement de Philippe Garnier. Cette façon qu'a Garnier d'aller chercher l'"autour" me passionne. À (trop) recevoir de produits finis on pourrait en oublier leur fabrication et leur histoire. Il existe de par le monde des fous furieux comme Garnier pour raconter ces histoires-là, qui valent souvent autant que celles que raconte un long-métrage. Dans le cas présent, malgré un certain brouhaha des gens qui entourent le journaliste en studio, c'est vraiment du bonheur d'entendre avec quelle méticulosité et sens du détail, souvent poussés à l'extrême, Garnier cultive depuis plus de trente ans cette passion de raconter (2).


 
C'est, d'une certaine façon et toutes proportions gardées, la même chose en ce qui concerne ma quête autour de la radio. "Tout p'tit déjà" si je ne me suis jamais posé trop de questions sur la technique, je me demandais bien ce que pouvaient faire ceux dont les noms étaient cités lors de la désannonce des émissions ? Ce qu'ils faisaient une fois l'émission terminée ? ("C'est bien payé, travailler une heure par jour" ?) Et mieux, comment se faisaient les préparations, montages et autres "inserts" en direct ? Depuis j'ai pris le temps, pu voir "l'envers du décor" et rencontrer les acteurs (au micro et hors micro) ou ceux qui, assistants ou attachés d'émission, butinent sans relâche autour d'un sujet, d'un personnage, d'un fait de société ou d'une thématique. Et comment dans ce gigantesque maelstrom le détail, l'anecdote peuvent, quelquefois par rebonds successifs, faire l'histoire de la radio. Il "suffit" juste de savoir écouter !

Voilà aussi pourquoi, telles les ondes radiophoniques, je ne me lasse pas de tourner autour du sujet, d'essayer d'en faire quelques petites histoires feuilletonnesques car, autour de la radio, il se passe toujours quelque chose.
  
(1) Producteur à France Culture, "Mauvais genres", le samedi de 22h à minuit. J'attendrai quelques jours pour écouter l'abracadabrantesque nuit "Mauvais genres" à La Criée à Marseille (18 novembre),
(2) À Rock&Folk, Libération et Cinéma-Cinémas (Antenne 2).

samedi 17 novembre 2012

Le samedi c'est Bonnaud…

Bonjour Frédéric, 
Mon billet d'aujourd'hui porte ce titre ça parce que c'est la troisième fois depuis la rentrée que je parle de Plan B… un samedi (1). Ce n'est peut-être pas le meilleur jour de la semaine pour vos aficionados mais vous pourrez toujours leur conseiller dès lundi de venir jeter un œil ici. Comme presque tous les jours, je vous ai écouté hier après-midi et, pour tout vous dire, j'avais même fait un nœud à mon mouchoir pour ne pas louper le couple Verlant/Drucker. Particulièrement pour entendre comment, vous l'homme de radio, alliez faire la passe à la télévision. (2)






La passe fut belle et joyeuse. Je vous crois sincère ! C'est sûrement avec un vrai plaisir de téléspectateur de votre génération (3) que vous avez donné un coup de chapeau à Michel Drucker et ses petits camarades de jeu qui ont marqué la télévision des années 60 aux années 90 ou 2000. Vous aviez du plaisir, ça s'entendait. Votre enthousiasme est communicatif et je l'avoue j'ai passé (comme souvent) un très bon moment en votre compagnie. Je n'écouterai nulle part ailleurs les deux compères qui, promo oblige, se répandent tous médias confondus.

Ceci posé, vous accepterez peut-être de prendre un court moment pour répondre à une question que je me pose depuis longtemps "Quand, mais quand la télévision portera t-elle - enfin- un regard sur la radio, en fera des émissions fouillées, des séries, des fictions, des plateaux avec des femmes et des hommes de radio ?" Et, question subsidiaire, "Qui et quelle chaîne pourraient s'y atteler avec conviction et volontarisme ?" Car, l'allégeance à 100%, permanente et rédhibitoire de la radio pour la télévision est insupportable, particulièrement parce qu'il n'y a jamais de "renvoi d'ascenseur". Je pense qu'à la place que vous occupez dans les deux médias, vous êtes bien placé pour tenter une ébauche de réponse. Mes chers auditeurs, apprécieraient sûrement. 

À vous lire !

(1) Plan B, Le Mouv', du lundi au vendredi, 17h
(2) Je ne vous ai jamais regardé dans l'une ou l'autre des émissions où vous intervenez dans la "petite" lucarne mais je vous écoute avec plaisir sur Arte dans "Personne ne bouge" ;-)
(3) Avec une bonne part, sans doute, d'"idéalisation" d'une télé que vous n'avez pas regardé à l'époque de sa diffusion initiale.

vendredi 16 novembre 2012

Radio inside…










Hier j'écoutais une émission datant de quelques hier et qui passera à nouveau dans quelques demains (1). Mais ce fut un tel choc, une telle émotion que j'ai dû faire silence un bon moment après l'audition pour refaire "surface". L'intérieur était touché. Durablement. Et ce silence indispensable m'a permis de prendre toute la mesure de ce que je venais d'entendre. D'y repenser. Et de décider d'attendre, pour la réécouter, qu'elle repasse en flux pour garder intact une nouvelle émotion. Ces moments-là sont rares et personne d'autre que soi ne peut décider ou non d'installer ce silence démultiplicateur d'effets intérieurs envahissants. Personne et surtout pas la radio.

Radio qui inlassablement enchaînements sur enchaînements perpétue le flux sans jamais avoir osé émettre de silences… Silences immédiatement considérés comme des pannes, des défauts, des erreurs voire des catastrophes. Et pourtant ! Pourtant il fait bon guetter le/ les silences qui quelquefois émaillent les émissions où l'écoute est tellement tendue qu'on ne comprendrait pas pourquoi les silences n'en feraient pas partie. Les effacer reviendrait à trahir la parole de celui ou celle qui les exprime.

Alors dans le rythme d'une journée radiophonique il faudrait installer de vrais-faux silences, ou créer les conditions de "silences" qui permettraient à l'esprit de ne pas quitter tout de suite un sujet, une idée ou un personnage. Il faudrait se réhabituer au silence, s'imposer le silence pour que notre radio intérieure prenne le relais des ondes hertziennes. 

D'ici la fin du mois je vais encore écouter beaucoup de choses, mais d'avoir "fixé" ce que j'ai entendu hier, en sachant que je vais bientôt le réécouter, me permet de ne pas laisser s'évaporer une émotion qui pourrait bien vite être submergée par une autre. Il a fallu pour cela que je prenne le temps d'y penser, de l'écrire tout en écoutant un silence absolument étourdissant.

Voilà ce que m'a fait parvenir Christian Rosset (producteur à France Culture) : "Travailler la radio comme le dessin" : "Le dessin ? C’est un silence noir sur le bruit blanc” (F.Pajak)

(1) Fin novembre, sur France Culture

jeudi 15 novembre 2012

Barnum amer…





Le cirque s'est installé hier matin. Las ! Pas le petit cirque jaune et rouge de village. Non le Big Barnum aux couleurs de Médiamétrie (1). Et chacun, professionnels de la profession, directeurs, analystes, commentateurs, animateurs et producteurs de faire son petit ou son gros numéro. De hurler sa progression (en %), de vanter ses courbes (d'audience) de s'auto-congratuler (lieux communs) et de faire coucou à l'auditeur qui n'a pas démérité pour que sa station soit sur le podium. C'est ça le cirque et c'est bien triste. 


C'est bien triste pour ceux qui font de la radio et qui ne sont pas dans le tableau. Ou plutôt que ce soit un prétexte pour les exclure ou justement montrer du doigt leur absence criante. Dans la Maison ronde de Radio France ça leur fait quoi aux équipes du Mouv' et de Fip d'entendre et de voir la pavane ? Ça leur fait quoi de ne pas entendre dire (tous médias confondus) que ces deux radios-là ont aussi des auditeurs, des fidèles, des volatiles ou même mieux des accros. S'il n'y avait pas tambourinage et exacerbation de la culture du chiffre chacun pourrait exister en étant convaincu qu'il a le (meilleur) public qu'il mérite. Mais ça ne suffirait pas aux marchands de réclame qui veulent bien payer mais pas en aveugle. Les sondages se sont affinés et la radio publique n'a pas échappé aux études des quarts d'heure, des Audiences Moyennes (AM), Cumulées (AC) et autres Durée d'Écoute par Auditeur (DEA).

Alors ça fait quoi quand on se croise dans les couloirs ? "Elle en est ! J'en suis pas, baissons la tête !". Et ça fait quoi de croiser ceux dont les émissions sont au top du top, quand vous avez l'impression tout à coup de faire une émission ultra confidentielle au point que ni votre nom, ni celui de l'émission sont connus ? C'est sûrement dommage pour cimenter un esprit de groupe (Radio France) quand l'ego est à ce point exacerbé. C'est sûrement dommage que les médias n'aillent pas voir plus loin que les sondages et nous en tartinent des tonnes sur "les premiers de la classe". C'est sûrement dommage qu'il n'y ait d'autres occasions pour faire reconnaître celles (les chaînes) dont on ne parlera pas tant qu'elles n'auront pas dépassé la barre des 1% et, de fait, pouvoir prétendre apparaître au tableau.

Alors "si vous avez encore quelque chose entre les oreilles" (2) c'est le jour pour aller prendre un p'tit (ou un grand) coup de Mouv' ou de Fip (3).

(1) Enquête Médiamétrie 126 000 Radio - L'audience de la Radio en Septembre-Octobre 2012,
(2) Pour ressortir du placard le vieux slogan de France Inter "Pour ceux qui ont quelque chose entre les oreilles",
(3) Et toutes les locales, associatives, privées et autres web-radios dont je ne parle pas faute d'écoute !

mercredi 14 novembre 2012

La petite voix… d'Irène

Ella, Ella…









Une fois de plus, mes chers auditeurs, c'est à côté de l'écoute que j'ai entendu ce qui va suivre. Écoutez bien, c'est Irène Omélianenko qui annonce le documentaire "Au début du jazz étaient les femmes" (1) et c'est Irène Omélianenko, elle-même qui l'avait réalisé en… 1990. Entre les deux époques sa voix a changé, sa voix a pris quelques graves et sûrement quelques assurances. Sa voix de 1990, plus douce, moins appuyée, fait plaisir à entendre. Ses "aigus" sont agréables à écouter, particulièrement quand on les superpose à sa voix actuelle. Et voilà comment, par le petit bout de l'oreillette, trouver une façon de ne pas lisser le temps qui passe, car, en presque un quart de siècle, la voix trouve d'autres accords, d'autres résonances, ou d'autres modulations, et continue "malgré tout" à faire tendre l'oreille. La voix change, les mots restent !

Les quêtes, recherches, "obsessions" et convictions d'Irène sont là, bien là et n'ont pas varié ! En moins de 5mn elle nous dit : "Le jazz fut, en douce, l'arme des femmes, la première pierre jetée dans le marécage américain. À cette période un homme, un vrai, Perry Bredford déclarait quand il tentait de faire enregistrer Mamy Smith "Chaque matin je m'enduis le cou de graisse d'oie pour que ce soit plus facile de courber l'échine, de ramper devant des responsables de firmes de disques, mais il n'y en a pas un qui veut entendre ma tragique complainte, en dépit du généreux étalage de dents dont je gratifie tout le monde, mon inusable sourire grand format, du genre des découpes qu'on fait dans les pastèques"

Dans son texte d'introduction Irène Omélianenko s'engage en citant les noms et prénoms de l'épopée féminine du jazz : "… femmes, noires, chanteuses, pleines de désespoir, ont été les pionnières d'un féminisme actif, batailleur, tragique, et superbe." Tout est dit : l'oppression des femmes, ou des minorités, un certain désespoir de la condition humaine et de l'oppression, mais aussi comme un immense espoir dans ce "superbe" prononcé en lisière de la musique qui démarre. Irène Omélianenko est restée fidèle à faire entendre la voix des "sans voix" ou la voix de ceux dont on parle si peu. "Le sauvage du jazz c'est la femme" aurait pu être le joli titre de ce documentaire tant le cri, en apothéose, de Janis Joplin et son "Summertime", enracinée en elle, le sublime.

J'en profite pour demander à la coordinatrice de "Sur les Docks", de plus souvent nous proposer des documentaires en relation avec la musique et si possible en série pour ne pas s'enfermer dans le cadre strict de l'horaire dévolu à l'émission.

(1) Un documentaire d'Irène Omélianenko et Jean Couturier - Première diffusion : Nuits Magnétiques du 04/09/1990, rediffusé dans "Sur les docks" le 31 octobre 2012, 17h, France Culture. Combien Irène Omélianenko a du "cuter" de minutes pour faire entrer ce documentaire dans le format de "Sur les docks" ?

mardi 13 novembre 2012

Le grain de café… à moudre

 








"Qu'il est doux le petit bruit [du café qu'on moud] sur un comptoir d'étain" !  Si Jacques Prévert évoquait lui "le petit bruit de l'œuf dur" j'en appelle au café pour son arôme, ses saveurs, ses goûts… ses amertumes et un certain plaisir à le déguster lentement. Un peu comme quand on savoure une émission de radio, dégustant par "étapes" son déroulement jusqu'à sa dernière "note". Mais si on garde en bouche l'amertume ce peut être un plaisir (pour le café), mais un certain désagrément de l'oreille (pour ce qu'on écoute).

Mais si "Du grain à moudre" n'est pas complètement moulu on peut dire adieu à la promesse de boire un bon café frais. Et si jamais on reporte au lendemain d'achever cette étape préliminaire, on aura laissé s'évaporer quelques arômes essentiels à l'alchimie de l'ensemble. 

Voilà comment, mes chers auditeurs, par cette gustative allégorie j'en viens au fait. Sur Twitter, un certain @tortillard constatait hier qu'il manquait chaque jour un quart d'heure à l'émission de France Culture "Du grain à moudre" (1). Tiens, tiens il y aurait donc des auditeurs qui seraient en droit de "revendiquer" une écoute plus longue d'une émission qu'ils apprécient ? Interpellant sur ce réseau social l'équipe de ladite émission (2), je proposais soit que la session d'info se décale, soit que l'émission d'après soit amputée du temps d'antenne "manquant". Il me fut répondu : "quant au fait d'avoir un peu de rab d'antenne : ça reviendrait à piquer du temps d'antenne aux collègues (réponse très corporate)". Merci de sa franchise à celle, celui qui m'a répondu.

Pour autant, qui a la prérogative de "donner" plus de temps à une émission qu'à une autre ? Pourquoi "Du grain à moudre" est à 18h20 et pas à 19h ? Parce qu'il suit mieux une session d'info ? Si c'est le cas, pourquoi la session d'info ne pourrait être déplacée à 19h (3) ? Jusqu'à preuve du contraire le tunnel d'info de la matinale de Culture se superpose très bien avec le tunnel d'infos de la matinale d'Inter, non ? Ce tunnel d'info s'est imposé sur Culture, on ne me rétorquera donc pas qu'il y a une "tradition" à Culture d'un journal à 18h ! On agiterait la tradition quand ça arrange et la bouleverserait aussi quand ça arrange encore ? C'est quoi ces "petits arrangements entre amis"… journalistes ?

Qu'est-ce donc qui peut bouleverser l'antenne à part les opérations à fort impact médiatique ? En citant ce qui va suivre, je ne fais appel à aucune nostalgie ni même au "C'était mieux avant" ! Mais juste au constat suivant : "Staccato" (4), d'Antoine Spire permettait en 1h40, avec des rubriques et des temps forts bien cadencés, de répondre à la question d'une fluidité entre session d'infos bien identifiée et de sa suite (comme ce serait ici Le Grain à moudre) aussi bien identifiée. Bien sûr chacun dans son émission peut relever le défi d'une contrainte de temps, mais pourquoi c'est toujours dans le même sens : les infos prenant toujours le pas sur les programmes ?

La réponse à ma question sur Twitter, bottée en touche, me laisse une certaine amertume et ça n'a rien à voir avec le goût du café moulu. Puisse ce billet inciter quelques responsables à répondre à mes questions semble t-il partagées par d'autres…

(1) France Culture, Hervé Gardette, du lundi au jeudi, 18h20-19h,
(2) À propos de l'émission d'hier sur la classe ouvrière où je proposais dès samedi dernier "Pour une si vaste question si la rédaction vous laissait 15mn de + et si l'émission suivante s'effaçait ? " (sur Twitter 11/11/12)
(3) Expérience sans lendemain et retour au journal de 18h,
(4) Installée par le directeur de l'époque : Patrice Gélinet, en 1997 et jusqu'en 1999.

lundi 12 novembre 2012

Association Relative à la Télévision Européenne, version Radio

Dix ans et de beaux hommages rendus à Arte Radio ! Syntone, Libération et l'Atelier des Médias (avec plein de liens dedans) pour n'en citer que trois. 1645 sons disponibles et la volonté intacte de prolonger l'aventure web-radio. Quand Hervé Marchon me sollicite à travers son papier de Libération (9 novembre) et me propose d'écouter sa propre sélection, j'y vais et ça donne ceci : La classe FM de Chloé Sanchez (2011), Mon vélo d'Élisa Robet (2007), Au Balajo de Mehdi Ahoudig & Kaye Mortley (2007).

Quand Silvain Gire, le taulier, m'envoie sa petite adresse joyeuse je clique sur ceci ou sur cela. Et sur cela d'abord :

Mais au risque de me répéter, serait-ce une idée si incongrue de proposer chaque jour une sélection aléatoire de trois, cinq, dix sons ? En donnant un joli coup de sonnette (époque Fip) ou un gros coup de klaxon (tendance Gire) à heure fixe. Par exemple genre 20h. Ça serait chic 20h pour faire la nique aux blablateurs-troncs-de-tout-poil. Ça créerait des habitudes individuelles et/ou collectives comme autrefois se retrouver autour du poste. Ça "obligerait" à faire un pas de côté dans le chemin bien tracé de son quotidien. Ça créerait une addiction… Ça serait joyeux et rien que d'écrire ça me voilà revenu chez Gébé et l'An O1 (Folio).

Je vais donc commencer par m'appliquer cette proposition à moi-même… La tester dès ce soir. Reste à inventer une forme originale d'interpellation. J'y cogite. Quant à l'idée elle-même je veux bien, quand Silvain Gire sera remis de ses émotions, qu'il me donne un avis…
(à suivre) 

dimanche 11 novembre 2012

REC : Marilyn…











Depuis le 3 août 2012, Marilyn Monroe s'est tue à la radio, ou plutôt à France Culture, après que Michel Schneider lui ait consacré une grande traversée. Depuis le 29 octobre, le feuilleton (1) "Marilyn, dernières séances" prolonge le chemin vers "l'inaccessible étoile".
"Trente mois durant, de janvier 1960 au 4 août 1962, [Marilyn et Ralph Greason, son psychanalyste] formèrent le couple le plus improbable : la déesse du sexe et le psychanalyste freudien. Elle lui avait donné comme mission de l'aider à se lever, de l'aider à jouer au cinéma, de l'aider à aimer, de l'aider à ne pas mourir. Il s'était donné comme mission de l'entourer d'amour, de famille, de sens, comme un enfant en détresse. Il voulut être comme sa peau, mais pour avoir été la dernière personne à l'avoir vue vivante et la première à l'avoir trouvée morte, on l'accusa d'avoir eu sa peau. Telle est l'histoire. Deux personnes qui ne devaient pas se rencontrer et qui ne purent se quitter. Des mots noirs et des souvenirs blancs. Dans la lumière adoucie d'un cabinet de psychanalyste se redit la dernière séance de Marilyn" (2)

J'ai écouté les dix épisodes à la suite les uns des autres. Pour la longue durée. Pour être dedans. Pour entendre la petite musique désaccordée d'une femme abandonnée et essayer de comprendre les cercles concentriques du désespoir qui, lui tournant autour ont fini par l'étouffer. Cette fois-ci j'ai préféré écouter le feuilleton avant de lire le livre de Schneider (3), pour la musique, l'autre, celle que Marilyn interprète si bien en chantant. Et pour la retranscription à la radio d'un temps arrêté ou ralenti où Marilyn va tête baissée vers son destin. La mesure, le rythme, le tempo de ce feuilleton me vont bien tant ils semblent "raccords" avec le propre rythme de Marilyn avant sa mort. Le tourbillon n'a pas cessé mais ses séances chez son psychanalyste l'obligent à marquer le pas, à voir les réalités qui l'entourent, à changer d'optique et à se rendre à l'évidence qu'elle risque d'être définitivement "mal-aimée" ou le stéréotype insupportable de "Marilyn Monroe".

Marilyn parle à Greason de "faux-raccords" comme si toute sa vie n'était faite que de ça, même si le cinéma et sa technique ou sa magie tentaient en vain de les estomper. "Apparaître pour mieux disparaître" (3). Marylin force le blues et comme je l'écrivais mercredi c'est "une chanson désespérée", comme le confirme ce feuilleton troublant et poignant.

REC : pour RECord, touche d'enregistrement sur un magnétophone.

(1) France Culture, du lundi au vendredi, 20h30,
(2) in le site de l'émission,
(3) "Marilyn, dernières séances" de Michel Schneider est publié aux éditions Grasset.