samedi 28 février 2015

Yann Paranthoën et la création radiophonique…

Yann Paranthoën





















Christian Rosset, producteur à France Culture qui a longtemps travaillé avec Yann Paranthoën, ingénieur du son et créateur sonore, nous rappelait ce matin que Yann a disparu depuis dix ans. À l'heure où j'écris ces lignes je constate, comme Rosset, que la radio a la mémoire sélective. Par sa création Paranthoën aura non seulement marqué la création radiophonique, mais posé les bases d'une "nouvelle" grammaire du son, d'un art radiophonique qui n'a plus les moyens de s'exprimer sur les chaînes de la radio publique.

Rendre hommage à Paranthoën ce serait rendre hommage au son, à l'inseigneur du son comme je l'appelle. Mais le son et/ou les moyens de production sont en mauvaise posture ces temps-ci à Radio France. Et puis on est samedi ! Tristement samedi je pourrais dire. Le temps des médias n'est plus celui de la vie réelle. Et quelquefois on constate que l'hommage, la commémoration, le souvenir sont sélectifs. Et l'oubli s'enferme dans l'oubli s'il n'y avait quelques humains "humanistes" pour toujours se souvenir.

Dans le documentaire ci-dessous il est passionnant d'entendre le PdG de Radio-France de 1982, Jean-Noël Jeanneney, dire ses intentions sur la création radiophonique. O tempora, o mores.

France Culture, 18 mai 1984,


Documentaire Guillaume Thibault, Février 2010, RFI

vendredi 27 février 2015

9h40 : L'instant T, L'Instant M, L'instant S…

Sonia Devillers



























L'instant T
À la rentrée 2014 France Inter confie à Sonia Devillers (1) une émission quotidienne à 9h40. Entre Augustin Trapenard -une chanson- et Guillaume Erner. Bon y' avait un risque. Faire une émission sur les médias le matin en face du camelot des camelots sur Europe 1 (2). Car c'est bien connu Morandini (c'est lui le camelot) fait beaucoup beaucoup beaucoup pour parler de lui dans les médias dont il parle. En boucle. À 9H40, "L'Instant M" c'est un peu "coincé" dans la case, non ? Et oser le découpage en trois sets de la première heure des programmes. Le journal (3), Boomerang, et "L'instant M". Soit 18 minutes et pas une seconde plus. J'étais sceptique.

L'instant M
D'autant plus que dès la première du 25 août 2014, avec Audrey Pulvar, "L'instant M" veut nous parler TV. Hum ! Je risque d'être très vite largué. Mais bon je m'intéresse aux médias et j'écoute l'émission au moins autant pour ce qu'elle dit que pour la façon de le dire. En mémoire Marcel Jullian et Michèle Valentin qui animaient sur Inter "Écran total" (4). Dès ses débuts "L'instant M" fait le pari des brèves, d'un invité, et de quelques illustrations sonores. Ça se bouscule un peu au portillon. Punchy et souriante, Sonia Devillers assure sans jamais donner l'impression que plusieurs matins ça rentre au chausse-pied.

La journaliste fouille ses sujets et évite la pipolisation qui fait florès chez son concurrent d'Europe 1. Abandonné l'éparpillement des débuts qui nuisait un peu au temps consacré au sujet principal. Sonia décrypte et analyse au-delà de l'événement permanent que se jettent en pâture les médias de France et de… Navarre. Mais mais mais il manque au moins trois voire cinq minutes pour qu'une respiration s'installe. Manque surtout un regard sur la radio. Sonia s'en explique dans l'interview ci-dessous. Le jour de l'interview j'ai assisté en régie à l'émission. Jean Lesieur, ex-directeur de France 24, était son invité. Brillant, sans langue de bois il a taillé plusieurs costards à l'infotainment, à Yann Barthès du Petit journal de Canal+ et autres animateurs mélangeurs de genre.

L'instant S
Sonia Devillers fait un numéro de haute-voltige, sur le fil des secondes de la pendule électronique. En trente ans, de Jullian à Devillers, le ton, les chaînes, les sujets, se sont multipliés de façon exponentielle. Il n'y a qu'une seule chose qui n'ait pas augmenté, le temps disponible dans une journée de vingt-quatre heures. Ceci expliquant peut-être qu'il faille faire donner chaque matin "la charge de la brigade légère" pour, dans une émission de moins d'une heure, parler des médias sur France Inter

Mme Bloch, MM. Perreau et Schlessinger ne serait-il pas temps d'imaginer offrir une rallonge à cette émission qui a fait ses preuves (5) ?

(1) Qui a animé deux étés consécutifs sur la chaîne "Le grand bain" du lundi au vendredi 9h-10h (et en hebdo le reste de l'année),
(2) Le grand direct des médias, 9h/10h (une heure avec des pubs dedans),
(3) Pour ceux qui auraient échappé aux 4 heures d'info en continu du 5/9,

(4) En attendant le grand soir où j'aurais le temps de parler de cette émission, quelques éléments. C'est Jean Garretto, directeur d'Inter 1983-1990, qui demandera à Marcel Julian de s'inspirer des conversations de comptoir du lendemain des soirs TV pour créer une émission intelligente sur le sujet. Marcel Jullian, Président et co-créateur avec Chancel d'Antenne 2, est en 1986 en pleine traversée du désert. À ses côtés pour préparer l'émission Jean Morzadec. 1986-1990, 9h30/10h30, 8h45/10h, 9h/10h… Ensuite ce sera Zappinge de Gilbert Denoyan avec Annick Cojean,

(5) Respectivement directrice de la chaîne, directeur des programmes d'Inter, directeur éditorial pour les 7 chaînes du groupe Radio France,

jeudi 26 février 2015

Le bloc-notes : la radio au piquet (de grève)…

Image trouvée sur le site canalsud.net


























Mardi 11 février. Ce matin, dans un coin de ma carrée je reste debout un bon moment devant ma radio. Je suis au piquet et tant qu'à faire je fais le piquet de grève. Pour que les mauvaises ondes n'entrent pas à la Maison de la radio. Je veux soutenir ceux qui font la radio pas ceux qui la défont. 

Rappel des faits
L'État avec ses ciseaux d'argent (sic) coupe peu ou prou chaque année dans le budget des entreprises publiques qu'il contrôle. Depuis 2012, Radio France a dû supporter chaque année 9 millions d'euros de recettes en moins (1). Les syndicats dénoncent l'État qui "n'a pas respecté le contrat d'objectifs et de moyens (2010-2014) en amputant les budgets de Radio France de 87,5 millions d'euros par rapport à ses engagements". Et voilà Radio France devant une situation inédite de déficit que la tutelle ne peut accepter. C'est le sens des discussions actuelles entre le Pdg de Radio France et l'État pour la définition du Contrat d'Objectif et de Moyens (Com) concernant la période 2015-2019.

Les perspectives
Depuis novembre et l'inauguration du nouvel Auditorium l'inquiétude s'est emparée du personnel de Radio France qui doit tenter d'interpréter ce qui se "cache" derrière les "choix structurants" annoncés par le Président Mathieu Gallet. Fusion des deux orchestres (2), augmentation de la publicité (3), redéfinition des chaînes du groupe, meilleure maîtrise des coûts de grille, mutualisation des rédactions (sport, culture), redéfinition des moyens de production, arrêt des émetteurs Ondes Longues et Moyennes, plan social de départs volontaires, location d'espaces, manifestations payantes, commercialisation des concerts,… 

Quel homme, quelle femme politique connaît la radio ?
Quand l'État coupe dans le budget de l'audiovisuel public et plus particulièrement dans celui de Radio France que choisit-il de supprimer ? Rien sans doute que de laisser au Pdg et à ses équipes de direction le soin d'engager les restructurations "utiles". La base de la radiophonie étant de produire et de mettre en ondes des programmes, pourquoi les restrictions budgétaires concerneraient-elles au premier chef la fabrique même de la radio ? La seule "redéfinition des moyens de production" ou une "meilleure maîtrise des coûts de grille" ont tout pour inquiéter les personnels directement concernés. Les équipes de réalisation opérant à France Culture associent le plus souvent possible un producteur, un chargé de réalisation et un ingénieur du son qui vont ensemble sur les lieux de leur documentaire. Ce qui n'est déjà plus le cas à France Inter où un producteur "prend le son" et va même quelquefois jusqu'à le mixer.
















La "représentation nationale" fait et défait les budgets mais parmi les 577 députés qui siègent à l'Assemblée combien connaissent la radio ? "Connaissent" ne veut pas dire "écoutent". Lequel d'entre eux pourrait détailler les principes d'élaboration d'une émission, les personnels concernés, les étapes de réalisation, les processus mis en œuvre ? Pour autant les député-es écoutent-ils/elles la radio et quoi à la radio ? Dans leur voiture de fonction n'écoutent-ils pas d'abord les informations de France Info ou de France Bleu ? Ou tel ami ou ennemi politique invité sur France Inter ? Pour un député la radio est fonctionnelle et informative. Peut-on imaginer qu'une fois sortis de l'étau politique dans lequel ils se sont laissés enfermer ils aient quelques disponibilités pour écouter tel ou tel programme hors info ? J'ai déjà dit que je voulais bien les interviewer un par un pour confirmer mes assertions qui s'appuient un tout petit peu sur la connaissance des rythmes auxquels ils sont soumis.

Alors la fabrication de la radio semble loin, très très loin de leurs préoccupations. Pour défendre l'installation d'une nouvelle antenne de France Bleu dans leur circonscription ou se battre pour une nouvelle fréquence de France Info ils seront là. Mais pour que Fip couvre mieux le territoire ou que (Le) Mouv' s'attache absolument à être la radio des jeunes faut quand même pas rêver. Auront-ils d'autres moyens que d'émettre (sic) des vœux pieux ? Pourtant en diminuant le budget de Radio France ne pourraient-ils assortir leur restriction d'une obligation pour l'opérateur public de garantir et assurer ce qui a fait l'excellence du service public radiophonique : la production de programmes par des professionnels spécialisés qualifiés.

Additionner carottes et poireaux
L'État pourrait-il commencer par différencier les budgets des formations musicales liées à Radio France des budgets de fonctionnement de la radio (4). L'époque où les radios nationales publiques ou privées se devaient d'avoir un orchestre est révolue. Que ces orchestres existent, soit. À l'Etat d'en trouver le gestionnaire ad hoc. Quant aux travaux, en cours depuis 2007 à la Maison de la radio, qu'ils ne soient pas le baobab idéal qui voudrait bien cacher la forêt des besoins financiers liés à la création radiophonique (5). L'amalgame qui est fait entre tous ces budgets colossaux permet de reléguer très loin les choix économiques qu'il conviendrait d'engager pour pérenniser et développer la radio publique. En n'évoquant jamais les enjeux de la création radiophonique dans l'offre audio faite aux français, l'État, par sa politique budgétaire arbitraire, mène tout droit dans le mur l'opérateur public qui n'aura sans doute d'autres solutions que de réduire le nombre de chaînes, de diminuer les moyens de production (6) et de mettre en place un plan de départs volontaires.

La grève suivie ce 11 février par les personnels de réalisation pourrait entraîner en mars celle des journalistes et autres personnels pris dans la tourmente. Un mouvement s'engage dont il est difficile de mesurer l'étendue et surtout la dépression collective qu'il risque d'installer au sein des 4600 personnes qui travaillent à Radio France. Il serait temps que les député-es arpentent les couloirs, les studios et les cellules de montage. "Pour une fois" pourraient-ils oublier d'être en représentation ? Pourraient-ils plutôt essayer de comprendre comment se fait la radio, avec qui et dans quelles conditions ? Le vote du budget qui s'en suivrait aurait un autre sens. L'exact contraire de l'annonce pathétique d'un François Hollande lors du cinquantenaire de la Maison de la radio le 14 décembre 2013. Oracle, ô désespoir

















(1) Provenant à 90% de la contribution à l'audiovisuel public. Entre 2012 et 2015, cette contribution passant à 601 millions € au lieu des 610 millions perçus en 2012, 
(2) L'Orchestre philharmonique de Radio France et l'Orchestre National de France,
(3) "Nous souhaitons accueillir de nouveaux types d’annonceurs, tout en maintenant la forte limitation horaire des plages publicitaires, qui différencie les antennes de Radio France du secteur marchand" (Intervention de Mathieu Gallet à l'Assemblée Nationale, in Compte rendu n° 21, Commission des affaires culturelles, et de l’éducation, Mercredi 10 décembre 2014, Séance de 16 heures 30),

(4) Constater une fois les studios d'Inter remis à neuf - avec vue sur Seine - qu'il fallait obérer la lumière pour pouvoir filmer les émissions, ce sont au minimum des surcoûts budgétaires et au maximum un manque absolu de vision prospective. Comment comprendre que cet enjeu de la radio visuelle n'ait pas été conceptualisé pendant les dix ans où France Inter est restée cloîtrée à Mangin (l'immeuble situé à quelques dizaines de mètres de la Maison de la Radio),
(5) La création radiophonique va au-delà des émissions de studio (de plateau dirait Laurent Goumarre de France Culture), des émissions de talk, …
(6) "Une réorganisation des équipes de production au sein des chaînes permettra de responsabiliser les directeurs et de piloter au plus près les coûts de production" Mathieu Gallet in Le Figaro, 23 février 2015.

mercredi 25 février 2015

Le bloc-notes : Europe numéro 1 : 1er janvier 1955…















Europe 1 a donc 60 ans et les a fêtés ce mercredi 4 février toute la journée sur l'antenne. Radioscopage (1) de choses vues et entendues. Bonne idée d'avoir proposé à plusieurs animateurs et journalistes des débuts de la chaîne de revenir dans leur "fauteuil" faire ce qu'ils faisaient à leur époque. Ivan Levaï à la revue de presse qui avec un clin d'œil très appuyé à l'histoire de la chaîne commence par un chaleureux "Salut les copains" (2). Robert Marcy le créateur des Musicorama (3) au micro de Wendy Bouchard se rappelle  "On me disait : vous avez l'antenne en direct, des disques et trois heures, faites ce que vous voulez. Pour la publicité on nous donnait les arguments et on improvisait"."




De Gérard Klein (4), autre figure d'Europe, Robert Marcy dit : "L'inattendu fait homme". C'est la marque de fabrique de l'animateur qui se targue n'être jamais venu à la radio avec une quelconque préparation. Sa spontanéité, l'air du temps, l'échange avec les auditeurs font ses émissions avec une très grande dose de bonne humeur et de tendresse. Mais Europe n°1 s'est surtout fait connaître dès sa création pour sa réactivité à l'info. Avec de grandes signatures telles celle de Philippe Gildas.



Côté programmes, Marion Ruggieri fait témoigner les ex-"meneuses de jeu", Viviane Blassel (5), Maryse (Gildas) et Julie (Leclerc) appelées à l'antenne par leur prénom uniquement. Viviane retrouvant son nom avec l'émission "Radio Libre" de François Jouffa et Ivan Levaï en 1982. Julie (6) tenant par dessus tout à son prénom. Chacune se rappelant l'époque où, avec Hubert (7), Daniel Filipacchi et Maurice Biraud "c'était léger comme ambiance".




Évoquée la très riche époque, années 70 et 80, où les Europe-Stop mettaient sur les routes jusqu'à 14 voitures qui faisaient gagner dans des enveloppes jusqu'à 10.000 F en liquide. Christian Barbier animateur des débuts de nuits de la station se souvient lui du "Bar Martini" où jusqu'à l'arrivée de Jean-Luc Lagardère (8) la boisson alcoolisée italienne "coulait à flot".



17 octobre 1976 : premier "Club de la presse" avec comme invité le Président de la République, Valéry Giscard d'Estaing. Douze journalistes sont autour de la table pour l'interroger. Le 24 avril 1978 Coluche créée l'après-midi l'émission "On est pas là pour se faire engueuler". Un mois avant c'est Pierre Lescure, journaliste, qui annoncera la mort de Claude François. Le 20 septembre 1985, le lendemain de son "mariage" avec Thierry le Luron, Coluche démarre sur Europe 1 "Y'en aura pour tout le monde".



Quelques années plus tôt, en 1974, Maurice Siegel journaliste, directeur de l'info devenu directeur de l'antenne est "débarquépour persiflage par, c'est selon, Giscard ou Chirac (1er ministre). Depuis des années Siegel avait construit avec Gorini et Lucien Morisse une radio populaire et moderne. Chacun de leurs auditeurs s'engageant pour Europe 1 comme d'autres s'engageaient pour Citroën ou pour Renault se souvient Guy Carlier qui fut chroniqueur pour la station de la rue François 1er.

De 23h à 1h du matin Franck Ferrand reviendra sur "six décennies" d'histoire de façon beaucoup trop didactique quand un Philippe Alfonsi nous aurait troussé, comme dans "Histoire d'un jour" qu'il animait sur la chaîne (9), une vraie saga. D'une façon générale si cette journée a été sympathique, le chronomètre et les conducteurs d'émission ont empêché aux ex-animateurs et aux actuels de prendre le temps, pour une fois, de se raconter au delà des anecdotes (10). 

Questions archives regrettons que celles présentées ne nomment pas assez les journalistes ou animateurs qui officiaient au micro.

Voir ici 60 ans d'habillage marquants et quelques jingles en voix dans la caverne d'Ali baba du Transistor.

(1) Pour une fois j'ai visionné E1 toute la journée sur mon ordinateur,
(2) L'émission de fin d'après-midi de Daniel Filipacchi, 1959-1969,
(3) Se déroulaient à l'Olympia jour de relâche, la première saison démarre en 1957,
(4) Entré en 1972 après ses années Inter a "fréquenté" les deux autres généralistes : RTL & RMC,
(5) Arrivée en 1966 et jusqu'en 1987,

(6) Arrivée en 1972 et toujours à l'antenne le matin,
(7) Animateur de l'émission "Dans le vent" qui sera remplacée par Campus en mars 1968,
(8) En 1974 a acheté la chaîne à Sylvain Floirat son actionnaire majoritaire. Floirat lui-même le jour de l'achat rentre chez lui et dit à sa femme "J'ai acheté une radio. 
Sa femme "Mais on en a déjà une !". Floirat : "Oui mais celle là c'est Europe n°1."

(9) 1973-1981
(10) Je reviendrai dans quelques temps sur un événement très important pour la station et qui curieusement a été laissé sous silence.



mardi 24 février 2015

Le bloc-notes : Oulala qu'est-ce qu'on a vieilli le 2 février…

Le pavillon noir flotte sur la Maison de la radio















2 février. Une nouvelle chaîne émet depuis la Maison de la radio à Paris. Enfin presque nouvelle. Pour le changement d'avec l'ancienne station elle a perdu son article. Le Mouv' est devenu Mouv'. Le orange, TGV-Bouygues-Bic, a été remplacé par le noir tendance. Mouv' a pris le deuil. Mais de quoi ? De tout.

Du fait du Prince (1) qui, entre deux en 1997, avait eu l'idée d'inventer cette station dès l'origine décentralisée à Toulouse. D'avoir essayé d'y mettre du sens (2). D'avoir installé avec le retour de la chaîne à la maison-mère en septembre 2010, Frédéric Bonnaud (ex-Inter et Europe1) pour deux heures de culture de 16h à 18h. D'avoir rappelé Patrice Blanc-Francard pour diriger la chaîne de février 2011 à août 2013. De l'avoir éjecté en croyant que Joël Ronez, directeur des Nouveaux médias de Radio France, inventerait la formule qui pourrait sortir la chaîne d'un auditorat confidentiel. En septembre 2013, comme ça d'un claquement de doigt de Jean-Luc Hees, le Pdg en situation de se représenter pour un nouveau mandat de cinq ans.

Ronez a inventé les émissions sans nom qui courent sur une plage horaire. 9-12, 14-18 (ça a failli) et ainsi de suite. Quelques animateurs bien trempés sont restés : Christophe Crenel, Olivier Cachin, Francis Viel. D'autres tout juste revenus sont repartis, Bonnaud, Laura Leishman… Et puis Mathieu Gallet, nouveau Pdg de Radio France depuis mai 2014, nomma Bruno Laforestrie directeur de la chaîne. On allait voir ce qu'on allait entendre. On commence par six mois de flottement d'août 2014 à fin janvier 2015. Silence radio invraisemblable pendant les événements de début janvier. Et un Pdg qui repousse de quinze jours le démarrage de Mouv'. Tous les ingrédients sont réunis pour hisser le pavillon noir des pirates. La station s'est sabordée. Renaîtra t-elle avec sa nouvelle "grille" ? Sa nouvelle playlist plutôt ?

Le 2 février au matin sur Twitter un ingé-son de Radio France, Yassine Bouzar écrit : "C'matin j'ai écouté Mouv la radio, j'ai l'impression d'avoir pris 35 ans en 4 minutes". Bien entendu ! Moi j'ai rien pris car j'ai rien compris. Le ton, les voix, les annonces et les désannonces, la play-list ne sont visiblement pas faits pour mon oreille d'auditeur curieux. J'ai réessayé le lundi 9 dans l'après-midi. Ça me rappelle quelque chose mais je ne saurai pas dire quoi ? Un peu comme quand le RDS en voiture bloque sur NRChéFun ou un nom dans ce genre-là. On attrape pas les mouches avec du vinaigre dit le dicton. Mais doit-on attraper la "jeunesse" urbaine avec ce que tout le monde fait déjà ? Je jette l'éponge. J'dois être has-been. C'est gai. J'suis total dans le schwartz et ça va bien avec l'enseigne du Mouv'. Noir c'est noir, il n'y a plus d'espoir comme chantait Jaunie. The dream is over. Rideau.

(1) Michel Boyon, Pdg de Radio France, 1995-1998,
(2) Pour la période courant de la créa jusqu'en 2011, on se reportera au blog Le_Transistor qui sait tout et qui depuis les origines a mis les oreilles dedans.

lundi 23 février 2015

Cargo de Sophie Berger…

©Sophie Berger





















Il y a plusieurs mois Sophie Berger produisait "Loire" pour la RTBF (Radio Télévision Belge Francophone). Ce soir à 22h, dans l'émission de Pascale Tison "Par ouïe dire" (RTBF) Sophie Berger nous propose "Cargo" (1) un documentaire de 50', pour lequel Sophie a voyagé dans un porte-container pendant trois mois. Je n'ai presque rien envie de vous en dire avant que vous ne l'écoutiez. Comme pour Loire Sophie Berger fait du son une matière totale qu'elle sculpte en y mettant tout son corps.

Avec Sophie, pour être synchro nous nous sommes rencontrés ce matin à Plouharnel (56) pour évoquer La Loire, Cargo, le vent et la mer. Alors avant d'embarquer pour Cargo écoutez donc comment Sophie investit ses créations sonores. Je reviendrai dans quelques semaines sur ce documentaire "invraisemblable" (2).

Merci à la fée Morgane pour son aide impromptue au montage. 





(1) CARGO a reçu le soutien de «Brouillon d’un rêve sonore» 2014, (SCAM France), «Du Côté des Ondes» 2014, (SCAM, SCAD Belgique &France, la promotion des Lettres de la communauté française et RTBF) ainsi que celui de la Chartreuse de Villeneuve-Lez-Avignon, Centre National des Écritures du Spectacle.
(2) Le montage initial de Sophie Berger était de 62'. Celui pour "Par ouïe dire" de 50'.

Les Shadoks à côté c'est de la petite bière…

Dessin Jacques Rouxel. À gauche la TV, à droite la radio
"Qui pompe qui ?"


















Dans un communiqué du 18 février le site Technic2radio annonce : "France Télévisions va prochainement proposer de nouvelles émissions sur ses chaînes, dans l’esprit de nouvelles émissions radios dont le succès est grandissant depuis septembre dernier." Ça ma fait tout le ouiken. Je me suis pincé. J'ai un bleu. Donc la TV va refaire des émissions de radio… en les filmant (1). Quand dans le même temps la radio s'essaye tous les jours à se filmer pour faire de la TV. C'est prodigieux c't' affaire ! "Qui pompe qui ?"

Ruquier grand seigneur de l'audiovisuel et des Grosses têtes précise : "Il ne s’agira pas de radio filmée, mais d’une émission à part, entièrement conçue pour la télé, avec de l’improvisation, parce que c’est le principe et là peut-être, exceptionnellement, parce que ce sera de la télévision, des petites séquences préparées." (2) Prends-nous pour des billes Ruquier ! 

L'humoriste joue avec les mots. "Émission à part" ? À part de quoi ? De la télé, de la radio, du cosmos, de la 4ème dimension ? Hey Ruquier et si t'essayais pour le théâtre. "Il ne s’agira pas de radio théâtralisée mais d’une pièce à part, entièrement conçue pour le théâtre, avec de l’improvisation, parce que c’est le principe et là peut-être parce que ce sera du théâtre, des petites scènes préparées." (3)

Quant à Charline Vanhoenacker (4) elle enregistre deux émissions "sur France 4 en prime-time, dans une émission baptisée "Je vous demande de vous arrêter". Un remake de "Si tu écoutes, j'annule tout" tous les jours à 17h sur France Inter. Si ça marche ça pourrait continuer. On notera déjà que le cador va sur la 2 et la petite nouvelle sur la 4. La hiérarchie est respectée. Quant au bouffon sur la 8 ?















On résume : la TV publique en manque total d'inspiration (Drucker travaille déjà 24/24) pioche donc dans la radio pour refaire avec des caméras ce qui se fait sans à la radio. Enfin pour refaire avec des caméras TV ce qui se fait à la radio avec des caméras fixes. On mesure l'écart hein ? Si RTL et France inter s'essayent à faire de la radio "comme de la TV" il est urgent qu'elles prennent des leçons de filmage. Leurs vidéos sont tristement statiques et "amateurs".

Au fou ! "Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ?" Les Shadoks n'auraient pas dit mieux. Mais plutôt que de me moquer de Hollande le 14 décembre 2013, j'aurais mieux fait de le déclarer Prophète. Et même tant qu'on y est Prophète parmi les prophètes. Pensez donc, ce Président lors du cinquantenaire de la Maison de la radio a imaginé marier Radio France et France TV. À la stupéfaction générale du gotha audiovisuel présent.

Il ne croyait pas si bien dire. On vient d'atteindre le point de non-retour de la séparation des médias audio et visuel. Ou plutôt le point de retour à l'ORTF. Youkaïdi ! Youkaïda ! Giscard (5) peut avaler son chapeau. L'éclatement (de l'ORTF) n'a donc pas complètement éclaté ! La bête vivait encore. Quant à la gabegie financière engagée pour tuer le bestiau elle est sidérale et même inter-sidérale. Maintenant Gallet (Radio France) et Pflimlin (France TV) vont pouvoir commencer à tailler dans le lard. Inventer plein de nouveaux-métiers nés de l'union des deux groupes audiovisuels publics : producteurs radio-tv, prods tv-radio et pour les p'tits nouveaux TRV (6).

Comme c'est grisant ! "Ce n'est qu'un début…" Les Shadoks vont pouvoir reprendre du service à la TV et à la radio. À la TV ce sera comme avant et à la radio y'aura des images. Toute la question restera de savoir s'il conviendra d'acheter un poste de radio-TV ou de Tv-radio ? Cette question existentielle n'aurait pas déplu à Jacques Rouxel, l'inventeur des Shadoks qui, pour que ses petites bestioles s'animent, avait trouvé une oreille auprès du Service de Recherche de l'ORTF dirigé par Pierre Schaeffer.
(1) "Les grosses têtes" de RTL et "Si tu écoutes j'annule tout" sur France Inter,
(2) Prévu sur France 2,
(3) T'as aussi YouTube remplace théâtre par vidéo et ni vu ni connu j't'embrouille,

(4) Décidément Charline aime les "petites phrases" des politiques. Après l'adaptation du tweet de Sarkozy à Cécilia, voici la harangue de Balladur. Ruquier lui-même alors  avait intitulé sa nouvelle émission de France Inter "Rien à cirer", en référence à "La bourse, j'en ai rien à cirer", saillie mémorable d'Edith Cresson premier ministre,

(5) Président de la République 1974-1981, a appelé de ses vœux la loi qui mit fin à l'ORTF et créa sept sociétés audiovisuelles en janvier 1975 dont Radio France,
(6) TeRaledioVision. Se croisant dans les couloirs les intéressés s'interpelleront avec 'TRV ou pas ?"

samedi 21 février 2015

Le bloc-notes : Jane au cœur de Fip…

Jane Villenet



















Vendredi 16 janvier. Studio 154. Fip. J'ai fait la connaissance de Jane Villenet ici et . Restait plus qu'à engager la conversation. L'enregistreur "tourne". Un œil en cabine, un œil sur son conducteur, un œil pour moi de temps en temps, Jane remonte le temps et le fil de sa petite histoire de radio. Le chef d'antenne, Joël Le Maréchal, ponctue l'histoire de ses ordres implacables. Il est là pour ça. En arrière plan le flux qui passe sur vos transistors. Les annonces de Jane. Ses clins d'œil sonores dont elle a le secret. Ses petites résistances réjouissantes. Ses convictions. L'admiration pour ses papas. Un moment suspendu de l'histoire de Fip. Les voix de Fip sont de petites comètes en satellite autour de la Maison de la radio. Il ferait beau qu'on les débranche… The show must go on.



Merci à Hervé Hist pour le montage.

vendredi 20 février 2015

Le bloc-notes : Charline, deuxième interview…














Nous en étions convenus en septembre, je voulais interviewer Charline après qu'elle ait pris sa vitesse de croisière. Ce qui fût dit fût fait. Mercredi 14 janvier 2015. Agora de la Maison de la radio. Rec.

jeudi 19 février 2015

Le bloc-notes : Il existe un Heraud (bis repetita)…

Le couloir d'Alphaville et de Marion Thiba




















Le titre de ce billet déjà utilisé en juin 14 est un peu facile mais ne manque pas de subtilité (sic). Car ce Heraud (Alexandre) semble toutefois un peu las des évolutions sismiques de la radio publique. "Relégué" au fin fond de la grille d'Inter (1) le baroudeur de l'Amérique latine et des îles Atlantique (Molène et Ouessant) se sent un peu expatrié de sa maison-mère radio où, pendant des années, il a pu sur France Culture tailler dans le Vif du Sujet quand il n'arpentait pas les Nuits magnétiques… bonsoir.

Pour cette nouvelle rencontre avec le producteur aux faux airs de Tintin et du Grand Duduche réunis, j'ai souhaité que nous arpentions un couloir de la Maison ronde. Mais pas n'importe lequel. Celui précisément où Lemmy Caution (Eddie Constantine) dans Alphaville (2) de Jean-Luc Godard ouvre frénétiquement une suite de portes (3). Le couloir a été repeint et lors d'un passage à la Maison de la radio en juin 2014, Marion Thiba (4) a eu la bonne idée de photographier le dit couloir et de m'en envoyer la photo.

Vous entendrez à la fin du reportage comment le producteur de radio qu'est Alexandre Heraud s'empare du sujet et m'engage à ouvrir les portes à mon tour. Jolie leçon de radio et moment inattendu avec Colette la documentaliste. C'est une toute petite histoire de rien du tout mais elle est là vibrante et sensible.

Couloir de légende, productrice de légende et Alexandre Heraud qui ne tardera pas à entrer lui aussi dans la légende du… couloir.

(1) "Il existe un endroit", mercredi 23h,
(2) Début du tournage janvier 1965,

(3) Dans la vidéo ci-dessous vous verrez les inserts "des portes". Dans l'émission originale de Michel Boujut, Anne Andreu et Claude Ventura, "Cinéma, Cinémas" chaque séquence démarrait par le plan des portes ouvertes. Rappelons aussi le magnifique générique dessiné et peint par Guy Pellaert et la musique de Waxman pour le film de George Stevens "A place in the sun" (1951). "Cinéma, Cinémas" la plus belle émission de cinéma jamais produite par la télévision française.

(4) Productrice à France Culture, dernier documentaire produit "Les salins de l'Aude…"



Compilation "Cinéma, Cinémas"

mercredi 18 février 2015

Le bloc-notes : Je suis Charlie…






















Mercredi 7 janvier 2015
J'ai compris lundi à l'écoute de la radio ce qui fait mon ressort d'écrire. Mais depuis ce matin le choc de la tuerie des Charlie est insurmontable. J'ai mal à l'estomac. J'écoute France Info (très rare) et France Inter (rare pour ce qui concerne les infos). J'avais prévu aujourd'hui d'écrire sur Hollande, à Inter lundi, et sur Houellebecq ce matin (Inter) (1). Et le cataclysme a paralysé ma pensée et mon envie d'écrire.

Mais malgré tout j'ai écouté la radio, ce qui s'y disait et comment c'était dit. Je n'écoute jamais ni BFM ni BFMTV. Mon réflexe vers France Info a été normal. J'ai été très agréablement surpris de l'absence de pathos, de furie, de verbiage et toute la carambouille qu'enfilent certaines chaînes de radio privées. Il y avait beaucoup de dignité, de réserve, d'émotion contenue pour rendre compte de l'événement. Et un très grand professionnalisme pour fluidifier les différentes interventions à l'antenne. Je ne me suis jamais senti agressé comme ce fût le cas le 11 septembre 2001 (2).

Touché du fait qu'on ait assassiné des dessinateurs, j'ai eu envie pour une fois d'être dans l'actu avec mes tripes et mon chagrin. Cabu je l'ai découvert dans Pilote dans les années 60 avec Le grand Duduche. Je l'ai écouté avec gourmandise récemment dans la matinale culturelle de Vincent Josse sur France Musique.


© Chapatte/New-York Times



















Sur France Info à 23h30 totalement troublant d'entendre "Chapatte", installé en Californie dessinateur de presse pour le New-York Times et Le Temps (Suisse). Chapatte qui appelle à faire un n° de Charlie avec tous les dessinateurs du monde. 

Il m'est difficile de dire qu'aujourd'hui France Info a changé puisque je n'écoutais jamais cette chaîne. Mais cette journée m'a convaincu de ce que voulait mettre en œuvre Laurent Guimier, le directeur de France Info, lors de la cohérence de presse de rentrée de Radio France " le plaisir "de faire", d'être sur tous les fronts sans être ostentatoires pédants ou prétentieux, et surtout d'être en permanence capables de s'adapter à l'événement."



(1) Ces deux billets paraîtront de façon chronologique même s'ils ont été écrit après le 7 janvier 2015,
(2) J'en profite pour rappeler qu'il est insupportable d'entendre quiconque dire le "11 septembre" comme si le "11 septembre 1973" n'avait jamais existé,


Des unes danoises

mardi 17 février 2015

Le bloc-notes : L'instant M…

Sonia Devillers - ©C.Abramoviz




















Pendant les dernières "vacances de Noël" ou la "trêve des confiseurs" France Inter a continué au rythme de la grille de rentrée (1). "L'instant M", l'émission de Sonia Devillers, tous les matins à 9h40 a enfilé quelques perles des médias (voir les players ci-dessous). Cette série, appelée "Médiarama" a par sa forme, cinq épisodes, par sa durée, un seul sujet traité par émission, donné à entendre un autre tempo. Pas facile chaque jour en moins de vingt minutes de traiter un sujet, échanger avec un invité, donner quelques brèves, saluer le producteur de la précédente émission puis de la suivante (2).

À quelques détails de ton, de pause, de rythme dans le déroulement de chaque épisode, on a pu prendre la mesure d'un débit de parole ralenti. Ce qui pour la période (fêtes de fin d'année) et les sujets ne peuvent qu'être un plus à l'écoute. Ce découpage de l'heure, entre 9 et 10, en trois émissions différentes (Journal, Boomerang, L'instant M) devait être tenté. D'une manière générale il donne l'impression de vouloir faire rentrer "plus d'une heure" dans 60 minutes. On est proche chaque jour de l'appel au secours du "chausse-pied".

Exceptées peut-être les émissions de Philippe Bertrand "Carnets de campagne" et Hervé Pochon "'Un temps de Pauchon", cela fait longtemps que les émissions d'Inter s'intercalent entre les heures justes. Il faut revenir à 1983 et la "Révolution Garretto" (3) qui institua pour les après-midis, "les pleins et les déliés", système qui installe la succession d'émissions courtes entre 13h30 et 19 h. Liées entre elles par un animateur ou une animatrice (dont Noëlle Breham) en deux périodes distinctes 13h30/16h et 16h/18h ou 19h.

Ce rythme et ce découpage vont courir jusqu'en juillet. Il faudra attendre la rentrée septembre pour "voir" ce qu'il sera advenu des deux émissions de la matinée. D'ici là souhaitons que quelques "Instant M" soient consacrés à la radio.

(1) Du 29 décembre 2014 au 2 janvier 2015,
(2) Augustin Trappenard "Boomerang", Mathieu Erner "Service Public". Ce système censé fluidifié l'antenne et faire du lien entre chaque émission trouve ses limites avec des émissions courtes. Car si les producteurs "disposent" de 30" pour ce passage d'antenne on imagine bien que pour Sonia Devillers deux fois trente secondes font une minute. Et une minute sur vingt c'est beaucoup. Ce qui explique un rythme effréné de "passage d'antenne" plutôt stressant à l'écoute,

(3) Co-créateur, co-producteur de l'Oreille en coin (1968-1990). Nommé par Jean-Noël Jeanneney (Pdg), directeur d'Inter 1983-1989,










lundi 16 février 2015

Le bloc notes : Hollande Inter/Inter Hollande…














Lundi 5 janvier (1)
François Hollande vient de passer deux heures consécutives dans le 5/7 d'Inter. Pourquoi ne pas l'écouter ? J'ai bien écrit "écouter". Pas du tout envie de "voir" même si, cette matinale en vidéo, Patrick Cohen, l'anchorman de la matinale, incite ses auditeurs à la regarder. Je note qu'à 7h23 ou 24 le Pop and Co de Rébecca Manzoni est raccourci (de 5 à 3'). Pourtant on aurait bien pris deux minutes supplémentaires des roucoulades d'Elvis Presley.

7h57 : le billet de Charline. Et à l'écoute du Charline pur jus. Pas intimidée, primesautière et toute gaite. Mais voilà que quelques minutes plus tard, alerté par Twitter je découvre que la vidéo de cette chronique est en ligne. Voyons voir. Au bout de vingt secondes Charline brandit une pancarte (genre celles des manifs mais en mini). Au cours de sa chronique elle en brandira trois. Mais si je ne m'abuse elle n'a pas lu (à l'antenne) les slogans qui y sont inscrits. Ni elle ni Patrick Cohen. Pourquoi ?

Pourquoi les internautes auraient-ils droit à un supplément "rigolo" et surtout pourquoi les auditeurs ne pourraient pas en profiter ? On est à la radio ou à la TV ? Mais peut-être que cette présence des caméras a déjà tout changé. On se sait filmé. On peut en jouer, profiter des effets qu'on peut en tirer (et pas seulement des grimaces ou des mimiques) et surtout oublier qu'on s'adresse à des auditeurs qui n'ont pas l'image (sic). Patrick Cohen se laisse entraîner dans le jeu. La vidéo pourra tourner en boucle et surtout illustrer pour les TV la matinale Hollande. C'est surtout le show Charline qui sera utilisé. Au lieu de voir (ou d'écouter) un Hollande statique, France Inter propose un Hollande mi-goguenard, mi-amusé. C'est tout bon pour l'image… d'Inter et de Charline. Fermez le ban.



Quelque chose vient de changer. Donc, même si l'on peut trouver ça dérisoire, l'effet humoristique. le jeu des mots, l'effet de surprise échappent à l'auditeur et renvoient le son un peu aux oubliettes de la chronique. Un précédent sûrement pour lequel on aimerait que la rédaction d'Inter prenne une position qui permette de savoir "quel jeu veut jouer la radio ?". Le jeu de l'image ou le jeu du son.

De là à ce que je sois traité de has been il n'y aura sans doute qu'un pas pour les tenants de la modernité, de la radio augmentée de tout un tas de choses dont on a pu se passer jusqu'à maintenant. Du plus loin où l'on puisse remonter est-ce que l'absence d'image et d'insertions de "pancartes" ou d'autres objets ont pu empêcher les Dac, Blanche, Bedos, Le Luron, Coluche, Desproges et tant d'autres de faire rire avec différents niveaux de narration, effets et autres chutes au top ? Non.

Ce lundi matin je suis déçu. Déçu de ne pas avoir entendu Charline ou Patrick Cohen dire ou lire " Moi aussi j'aime les frites…, Vous êtes libre ce soir". Je commence à avoir l'impression et suis persuadé que celui ou celle qui me parle dans le micro ne s'adresse plus à moi mais à toute une foule anonyme qu'il/elle regarde dans les yeux de la caméra. Cette intimité de la voix et de l'imaginaire vole en éclats…  De rires pour certains, de voix pour d'autres.

Jeudi l'interview de Charline,

(1) Billet écrit le 8 janvier. J'écoute la radio, j'ai envie d'écrire car quelque chose me surprend, m'émeut ou m'interroge. J'écris sans l'objectif de publier dans la foulée. Je remets sur le métier, je biffe, je raccourcis ou développe.