lundi 31 mars 2014

Les grandes, grosses tronches…







Alors qu'il y a quelques semaines Europe 1 er RTL rivalisaient de concert, par affiches interposées, pour vanter laquelle des deux stations offraient la plus grande parité femmes/hommes pour leur matinale respective, voilà que RMC affiche (1) dans quelques villes et hameaux (sic), de France, ses quatre mâles animateurs qui, du matin 6h jusqu'à 14h monopolisent la parole au plus grand mépris de celle des femmes. Radio Macho Cons tituée, qui passe son temps à bramer qu'elle est en phase avec ses auditeurs, considère sans doute que les auditrices ne sont que des ménagères bornées exclusivement à être influencées par la pub qui a toute sa place sur les ondes de l'ex-radio monégasque. Quant aux journalistes et autres animatrices elles doivent se contenter d'une seule case animée par une femme, l'après-mid,i "Lahaie, l'amour et vous"… tout un programme.


Les quatre mousquetaires du micro sont sur cette affiche un peu "plantés" en rang d'oignon. Mais pour sortir du lot, Jean-Jacques Bourdin, l'anchorman de la matinale, s'est mis en avant en se détachant clairement de ses petits camarades de récré. C'est lui la star, la grande gueule, la grosse tête (2) alors "faut c'qu'i faut" non ? Cette image machiste et présomptueuse est bien affligeante mais a le mérite de ne pas tromper sur les intentions de la station. Ici attendez-vous à du "musclé, du viril, du solide, du rentre-dedans et de la parole "vraie" (re-sic)". On s'attend surtout à entendre une parole "monolithique", et les mêmes rengaines populistes débitées à longueur d'années.

Mais ce fameux Bourdin qui prend la peine de s'auto-nommer "L'homme libre", on peut aussi l'entendre sur France Culture où un certain Martel (Charles) (3) ne rate jamais une occasion de l'inviter. La petite galaxie des médias parisiens se renvoie les ascenseurs et les comètes en moins de temps qu'il ne faut pour le dire, et Bourdin est, en ce moment, au centre du dispositif. Ça ne va pas durer, un remaniement va très vite l'éclipser, à moins qu'avec ses trois comparses mousquetaires ils mettent un point d'honneur à gloser jusqu'à épuisement du-dit gouvernement. Y'aura de quoi faire. C'est ça le talk. Vite que Martel soit embauché sur RMC et que sur France Culture on retrouve une parole un tout petit peu moins dans l'entre-soi de l'analyse des médias et son ronron satisfait.  

(1) Un petit problème technique m'empêche d'afficher cette affiche. J'espère résoudre l'affaire en fion de journée,
(2) Il écoute France Culture en fin de semaines dans ses Cévennes natales,
(3) Pour ceux et celles qui seraient surpris que je nomme ainsi le "Sofpowerman" qui s'écoute parler le dimanche soir sur France Culture, il vous faut savoir que je fais référence à sa très forte propension à écorcher les noms ou prénoms de ceux qu'il invite dans son émission "tendance".

dimanche 30 mars 2014

La première émission de radio…

Recensée comme telle par l'"Anthologie du XXème siècle par la radio (1900-1939)", il vous faudra supporter et laisser passer Yvonne Brottier qui dans le court extrait ci-dessous,  toute tremblante d'émotion, vocalise "à outrance". Passée la Marseillaise on en revient aux débuts de la radio. Ce qui a attiré mon attention c'est "Je vous demande de faire un retour en arrière et de me suivre un certain soir du 25 novembre 1921…". Cette accroche habillait le générique des "Mythologies de poche de la radio" que Thomas Baumgartner produisait sur France Culture et dont la plupart des soixante épisodes sont réécoutables sur le site de la chaîne.

mardi 25 mars 2014

Tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil…












Ce slogan, titre de film, de chanson on le doit à Jean Yanne et Gérard Sire, les fameux complices en folie et en écriture. Et pour reprendre un autre slogan d'une autre campagne électorale (1) j'écrirai bien "Jean Yanne c'est maintenant qu'on a besoin de lui". Je ne vous fait pas de dessin au surlendemain des municipales. Cette chanson m'est revenue dans l'oreille grâce au "Cinéma song" de Thierry Jousse (2). Tout Yanne est dans ce film, toute une époque aussi et toute la dérision qui a complètement disparu de la radio, qu'elle soit publique ou privée. Afficher l'impertinence, convoquer des "amuseurs publics", n'a rien à voir avec un état d'esprit. Yanne avait celui de tout moquer partout et tout le temps, Sire de tremper sa plume dans l'acide quand il le fallait. L'époque d'aujourd'hui est pâle, frileuse, polissée et il serait grand temps de faire un remake de cette fresque assassine de la radio qui avait su anticiper ce qui aujourd'hui est devenue la "norme" 

(1) Présidentielles 1981 pour un certain Jacques Chirac,
(2) France Musique, 2 janvier 2014, minuit,




lundi 24 mars 2014

Ils ont voté et puis après…







En 1968 Léo Ferré chantait "Ils ont voté et puis après". En mars 2014, au CSA aussi ils ont voté (à l'unanimité) pour élire le nouveau Président de Radio France, Mathieu Gallet, actuel Président de l'Institut national de l'audiovisuel (Ina), qui prendra ses fonctions le 12 mai. Alors que RTL lance son mercato, qu'Europe 1 bafoue les règles électorales, Radio France attend de connaître à quelle sauce elle va être dirigée et écoutée. Vu de la fenêtre de l'auditeur les programmes suivent leur cours, mais derrière la fenêtre et même les nombreuses fenêtres de la Maison de la radio le temps semble suspendu… Ou plutôt on peut imaginer que producteurs, journalistes et personnels sont suspendus au programme de "rénovation" que Mathieu Gallet veut mettre en œuvre. Mais… que l'attente est longue.

Cette idée de tuilage est sûrement une très bonne idée et la passation des dossiers et des pouvoirs dispose de deux mois pour que Jean-Luc Hees et Mathieu Gallet assurent une transition "en douceur". Pour autant les grands chantiers (Auditorium, retour de France Inter "à la maison", nouveaux locaux pour Info, et déménagements de Culture et Bleu) suivront leur cours avec les directeurs délégués idoines. Quant au management et aux programmes, Gallet a donné quelques pistes au CSA qui ne feront sûrement pas l'objet de discussions avec l'ancien Pdg Jean-Luc Hees. Le tuilage n'est pas fait pour ça. Mais nous on attend. Nous les auditeurs qui, pour certains d'entre nous, sentons bien que fin de cycle et fin de règne étant proches "il y a sûrement quelque chose à faire" (1).

Il serait osé et impropre de comparer cette situation avec celle de mai 1936 où Léon Blum  nommé Président du Conseil, suite à la victoire de la gauche, attendit 40 jours pour laisser la "mandature" de l'Assemblée nationale aller à son terme et constituer son gouvernement. Ces quarante jours furent "infiniment" longs pour la gauche qui n'en pouvait plus d'attendre les réformes espérées du Front populaire (2). À côté les 70 jours de Gallet apparaîtront comme une "éternité". En avril, le nouveau Pdg devrait intervenir dans une matinale d'Inter pour se présenter et présenter son projet. Il faudra d'un point de vue sonore attendre l'été pour percevoir quelques "nouveautés" et c'est en septembre que tout se jouera. D'ici là le soleil aura passé sous les ponts (du mois de mai) et… derrière la pluie du mois de juillet. 

(1) Formule du roi des bateleurs Pierre Bellemare,
(2) "Les 40 jours de Blum" Jean-Michel Gaillard, Perrin, 2001

dimanche 23 mars 2014

Le samedi et le dimanche… en rythme

Garretto & Codou © Roger Picard RF




Pour ceux qui prendraient en marche "le feuilleton de la radio", je vais ici dire pourquoi j'ai, depuis juillet 2011, eu envie de publier le dimanche à 18h. J'ai été bercé, influencé, passionné par "l'Oreille en coin" qui, du samedi au dimanche, de 1968 à 1990 installait sur France Inter, un rythme, un équilibre et une unité sonore (1). Fut un temps, "L'oreille en coin" se terminait même à 19h. C'est en souvenir de cette époque, pendant laquelle mes dimanches se terminaient à 18h, que j'ai eu envie d'écrire ce jour-là en mettant en avant des souvenirs ou des moments de radio plus sensibles que les autres.

Ci-dessous vous trouverez quelques extraits de conversations que Thomas Baumgartner (2) avait eues à trois reprises avec Jean Garretto et qui balayent sa longue "carrière" à l'ORTF et à Radio France. Garretto affirme que le rythme est essentiel en radio. À lire à l'aune de ce qu'aujourd'hui il a perdu…


À l'origine c'est un directeur, Guy Bégué qui voulait "faire un week-end de France Inter. "Vous avez tout l’après-midi du samedi, tout l’après-midi du dimanche et le dimanche matin." Vous vous rendez compte, on se retrouve à la tête de ça. C’était en 1968." Baumgartner évoque la carte blanche donnée aux deux producteurs " Oui, il nous donne 11 à 12 heures d’antenne. Et faites ce que vous voulez. Mais il faut que ça ait une homogénéité, que ça ressemble à quelque chose. Que les gens viennent à la radio comme on va au cinéma le samedi et le dimanche. Que ça ressemble à un endroit où se réfugier pour passer son temps de divertissement le samedi et le dimanche."

"Réfugier", voilà le bon mot et voilà sans doute une des clefs du succès de cette "Oreille"-là. Où l'on pouvait sentir les intentions de proposer une palette invraisemblable de créations en tout genre. "Et on a fait de la radio élaborée. Et pour faire ça, il faut beaucoup de temps et des moyens. Alors on a eu les moyens. Et on a été obligés de constituer une énorme équipe. On savait pas très bien où on allait, mais ce qu’on s’est dit c’est : on va faire autre chose. Quand je dis élaborée, c’est : travaillée, montée, mixée, organisée. Avec des gens qui avaient des sujets. Et avec un lien tout du long, et on passait l’après-midi comme ça, de sujets en sujets." Si les producteurs Garretto & Codou savent où ils vont, ils acceptent aussi de tâtonner et d'en faire "un banc d'essai dès le départ".






Garretto revient sur une fonction de la radio qu'il avait testée avec les "radio-vacances" au Pays basque de 1961 à 1968. "C’était le contraire de FIP, c’était une radio qui vous parle. Et moi maintenant, c’est aussi une question d’âge, j’attends de la radio qu’elle me parle, qu’elle me raconte des trucs. La nuit, par exemple, je suis très insomniaque, j’écoute des rediffusions de l’émission d’Europe 1 du matin d’Yves Calvi. J’ai envie qu’on me parle. Et vous voyez, c’est redevenu la radio à tranche horaire. Et ça recommence…" Il est aussi intéressant de lire que Garretto & Codou n'avaient pas l'impertinence pendue en sautoir : "On ne voulait pas être impertinents mais on ne voulait pas être béni-oui-oui ou lécher les bottes comme tout le monde. Vous savez quand on a fait TSF et puis L’Oreille en coin, c’était pour aller à contre courant de tout, y compris avec FIP. On n’a mis que des voix de femmes, alors qu’il n’y avait que des voix d’hommes sur toutes les radios. Finalement on a joué notre profession à contre-pied."

Quant au rythme : "Je vivais l'émission au fur et à mesure que l’horloge tournait. J’étais en plein dans l’émission, et même dans les disques... Dans tout ! et effectivement, j’ai toujours eu ça en moi. C’est une sorte de... appelons-ça une rythmique en mouvement. C’était l’alternance de musiques et de trucs très élaborés, bien montés qui étaient un petit monde en soit. Il y avait des mouvements différents."

(1) de Jean Garretto et Pierre Codou,
(2) Producteur à France Culture, ces conversations ont été publiées par les Cahiers d'Histoire de la Radio en 2013.

vendredi 21 mars 2014

La grosse tête… (Bouvier vs Ruquard)

Philippe Bouvard


"Vous savez quoi, Bouvard est mort
- Quoi ? Vous délirez total, Bouvard est immortel
- Immortel ? Depuis quand ?
- 74
- 74 ?
- Oui Monsieur, 74, avant Jésus-Christ,
- Ah bon, ben j'croyais qu'il était mort,
- De rire peut-être, ça s'rait pas la première fois. Non là il s'en va, il laisse la place à Ruquier
- Ah ? Ruquier ? Celui pour lequel Europe 1 nous demande de voter ?
- C'est c'la même. Le Ruquier qui fait aussi d'la télé,
- Le même ? Mais vot' Ruquier là, il a pas un peu la Grosse tête ?



- Ben justement
- C'est assez rare
- Assez rare ?
- Qu'un gars qu'est sur la liste bleue, au moment de voter se retrouve sur la liste rouge,
- …
- Devait y' avoir un paquet de blé à la clef  ?
- C'est pas l'genre,
- Vous croyez ? Mais c'est qui qui va l'remplacer l'Ruquier ?
- Alors là "mystère et boule de gomme" (1)
- Lopez ?
- Lopez ? Connais pas
- Mais si, celui qui faisait des émissions rigolotes sur France Inter
- "Le téléphone sonne" ?
- Mais non, plus rigolo
- "Le jeu des 100 000 francs"
- Ouais, j'crois qu'c'est ça, et depuis dix mille ans déjà,
- Sophia Aram a ses chances vous savez, Giordanno aussi, Manoukian ou p'têt' Philippe Val
- Le comique ?
- Non le tragi-comique, grave


Laurent Ruquier ©Sipa





- Mais Ruquier il va arriver avec toute sa caravane… de petits chiots excités prêts à aboyer ?
- Là ça va être compliqué y'en a déjà un paquet dans la carrée
- Alors va falloir voter, mais vous croyez pas qu'y'en a un peu marre de voter ?
- Bien sûr que si, y'a qu'à Europe 1 qu'on fait voter, à RTL on est élu,
- Bien vu, Lulu,
- De rien Tintin,

- On dira c' qu'on voudra mais pour le mercato de rentrée c'est quand même RTL qu'aura dégainé en premier,
- Et l'printemps qu'est même pas commencé,
- Ma bonne dame y'a pu d'saison… Et c' Ruquier-là, à RTL, va t'i durer ?
- Hey, attention la partie n'est pas jouée, ya l'service public qui peut s'aligner,
- Le service public ? Mais le taulier vient juste d'être nommé,
- Justement, c'est l'occasion qui peut faire le larron,
- Ouais mais l'Ruquier l'en a plus trop "Rien à cirer" (2)
- Qui sait, c'est quand même l'Bouteiller qui l'a intronisé ?  
- Bouteiller ? On l'a pas un peu oublié ?
- Attendez vous verrez, ce ne serait pas la première fois que Ruquier…
- Que Ruquier quoi ?
- Ben quand un gars vous dit depuis quinze ans "On va s'gêner" RTl devrait peut-être se méfier ?
- Non là vous médisez, regardez Pradel il est sur RTL et il en bouge plus,
- Bien vu Lulu
- De rien Tintin.

Lire aussi ici

(1) Marque déposée,
(2) France Inter 1991-1996, le dimanche de 10h à midi. Directeur de la chaîne Pierre Bouteiller,

jeudi 20 mars 2014

Bouffons…








Les plus grands donneurs de leçons pour une République irréprochable, une éthique en politique, l'exercice du droit de vote, sont éditorialistes et squattent les ondes radio pour traquer sans relâche toutes dérives, entraves et autres dévoiements qui nuisent ou nuiraient à l'exercice de la démocratie. À Europe 1 ils ont (ou avaient) pour nom Mougeotte, Elkabach, et Duhamel toujours prêts à fustiger et à dénoncer ceux qui ne mettent pas en adéquation leurs actes et leurs paroles. Cette ronflette lancinante qui épuise nos oreilles depuis si longtemps vient d'être désavouée par les faits, et le principe "faites ce que je vous dis, mais ne faites pas ce que je fait" de trouver tout son sens. En effet, Europe 1 vient, dans plusieurs villes de France (dont Paris), de refaire son "coup de la rentrée 2013" à savoir : utiliser les panneaux électoraux pour afficher la bobine de ses animateurs et journalistes avec un slogan raccord avec les élections municipales des 23 et 30 mars prochains : "Votez Europe 1".

Même si, s'en défendent les responsables (de tout poil) d'Europe 1, aucune des affiches de la radio n'ont recouvert les affiches des candidats en lice, force est de constater que l'utilisation des panneaux électoraux est contraire à la loi et par extension fait bien peu de cas de l'expression démocratique qui ne doit être confondue, entravée, perturbée par aucune communication qui ne soit liée aux listes officielles soumises aux suffrages des citoyens. Les éditorialistes roucoulent, les communicants ricanent sous cape. "Très bon coup de pub", "buzz assuré", "détournement réussi". Que peut en dire le citoyen sinon être dépité au point de constater que les politiques sont peut-être moins audibles et écoutables que la station de la rue François 1er à Paris, siège d'Europe 1 pour laquelle il n'est nul besoin de voter pour entendre son programme.


L'image que la station donne de la politique en pastichant la communication électorale montre le bien peu de cas que ce média fait de la politique. D'un côté envahissons les ondes de moraline et d'incantations drapées dans une citoyenneté irréprochable et de l'autre jouons nous donc de tout, jusqu'à aller occuper l'espace "disponible" d'une communication politique et détourner par là le sens même de cette communication. Qu'en disent les donneurs de leçons : rien. Ils sont totalement muets au prétexte sûrement qu'il existe un écran très opaque entre les programmes et le marketing de ces mêmes programmes. Prenez-nous pour des billes. Je n'y crois pas un seul instant. Europe 1 montre s'il en était encore utile que "la fin justifie les moyens". De cette pitoyable affaire, l'image de marque de la station en sera forcément écornée. Quant aux jeunes qui se détournent tant de la politique, Europe 1 leur donne une belle occasion de se conforter dans leur désengagement. Et ce n'est pas "le train des municipales" que la station a fait circuler dans tout l'hexagone qui y changera quelque chose. Le mal est fait et décrédibilise les principes qu'Europe 1 dit défendre et affirmer (1).

(1) Une lectrice avisée et attentive me signale : "Europe 1 était à Bordeaux ce matin pour une matinale elections mais sur les 7 candidats déclarés à la mairie de Bordeaux il n'en n'a été convié que... deux à l'antenne : 30 min pour Juppé, et 30 min pour le candidat PS/EELV. Voir aussi http://www.vincentmaurin.fr/

mercredi 19 mars 2014

Il y a presque un an… Cordouan

Il y a presque un an nous allions faire route vers Cordouan, le phare face au Verdon sur mer qui venait de "perdre" ses deux derniers gardiens. À l'accostage ici et, en bonus, un peu de Conrad…

mardi 18 mars 2014

Se souvenir… et raconter

La radio joue pleinement son rôle pour l'histoire, pour les archives et pour leur contextualisation. Les écoliers et autres étudiants (et tout le reste de la population) ont la chance en cette année 2014 de pouvoir se référer à de nombreuses sources qui donnent à l'histoire de la Grande Guerre un autre relief et une présence sonore, ce qui n'était pas le cas des manuels scolaires illustrés (sic) auxquels il manquait juste les témoignages des rescapés et autres analyses historiographiques. Robert Arnaut, conteur parmi les conteurs, Jean Lebrun conteur parmi les historiens, et France Info participent de ce vaste mouvement commémoratif.


lundi 17 mars 2014

Bonjour… les petits matins









Fut un temps minable et désespérant où, chaque matin vers 6h20, un sombre abruti hagard ébranlait la porte de notre chambr'(ée) "kaki vert sale" et éructait un slogan en wisigoth moderne censé nous faire décaniller fissa de notre pag' en ferraille. L'un d'entre nous, en pleine obscurité, allumait son premier clope, un autre allumait Europe n°1 et moi j'écoutais et ce "petit bruit du briquet dur posé sur le tabouret de bois" (1) et "Bonjour M. Le Maire" du matutinal Pierre Bonte (2). Quelques années auparavant c'était Georges Lourier ou Daniel Hamelin qui, sur France Inter, "réveillait" les boulangers (3). En ces temps de "glorieuse expansion", la radio valorisait les matins de labeur, les lève-tôt, les travailleurs et autres auditeurs populaires. Aujourd'hui les matinales sont des institutions policées, sérieuses qui pour nous faire accroire qu'on va s'en payer "une bonne tranche" ajoutent et saupoudrent de l'humour qui la plupart du temps ne fait pas rire. Inter, RTL et Europe 1 usent de la même recette en nous imposant de "rire ou de pleurer" au moment où elles l'ont décidé. Pas avant, pas après. Un point c'est tout.

Ce lundi matin 17 mars, il est 4h30 et j'ai décidé d'aller tendre l'oreille vers "Les petits matins" de RTL qui, ce matin, sont à Dieppe. Ce vadrouillage vers les Français au travail, RTL l'a mis en place depuis plus d'un an maintenant (4). Par cette façon d'être proche des gens qui travaillent tôt le matin RTL est fidèle à son histoire et à son souci de coller aux réalités de ses auditeurs. Plus au contact, plus en prise directe avec le monde du travail que sa consœur Inter qui reçoit en "studio de campagne". Et Stéphane Carpentier, l'anchorman de cette pré-matinale, nous met tout de suite "dedans" avec une très bonne accroche dynamique et vivante, on le sent présent à Dieppe, prêt à nous faire vivre les réalités de la ville.

6 heures : après 1h30 d'écoute, si j'ai entendu plusieurs témoignages de "travailleurs" (5), j'ai dû en passer par l'inévitable séquençage très cadencé de cette longue session d'information (4h30/7h). Les travailleurs (et deux travailleuses) font des constats. La pêche est sinistrée mais il n'y a aucune mise en perspective de la part des journalistes. Entendre la résignation, le désespoir de ces professionnels c'est important mais n'aurait-ce pas été l'occasion de nous proposer d'entendre ceux qui à différents échelons de décision et de pouvoir sont impliqués dans la filière "pêche" (6) ? À ce niveau de constats on reste "sur sa faim", le tableau est brossé du point de vue des acteurs directs mais quel effet cela peut-il avoir sur l'auditeur qui, très vite, sera dépité de (re)découvrir que la richesse de la mer ne profite pas/plus à ceux qui l'exploitent. Voilà sans doute une grosse différence avec Inter qui aurait proposé une indispensable contextualisation.


Stéphane Carpentier


7 heures : il m'aura manqué, en amont de l'émission, une présentation géo-économique de Dieppe avec un peu d'histoire dedans. La tyrannie du "faire court" a encore frappé pour une opération spéciale de la chaîne qui doit laisser assez perplexes les auditeurs qui auraient un peu de mal à visualiser Dieppe en France, en Normandie, sur le littoral de la Manche. Malgré le point de vue de Stéphane Carpentier, la pêche n'est pas un enjeu municipal mais un enjeu européen et régional. C'est vrai les "travailleurs ont eu la parole" mais encore, mais après… ?

Et puis même constat, amer, que celui de vendredi dernier pour Inter, quel dommage que les radios ne sachent plus se débarrasser de "tout le fourbi" qui encombre les matinales et qui dilue d'autant les interventions, les témoignages "en direct de", perdus dans la masse d'un système beaucoup trop mécanique pour en faire surgir ne serait-ce qu'un soupçon d'humanité.

(1) À défaut du "petit bruit de l'œuf dur cassé sur un comptoir d'étain" cher à Prévert,
(2) Europe n°1,1959-1974, du lundi au vendredi,
(3) Là ma mémoire est un peu faillible, désolé d'être un peu imprécis,
(4) "Depuis plus d'un an, RTL PETIT MATIN, session d'information N°1 à cette heure écoutée par 1,5 millions d’auditeurs en moyenne, se délocalisent dans des lieux où les gens travaillent la nuit et très tôt le matin. L'équipe a déjà rencontrédes boulangers près de Metz, les marins-pêcheurs du port d'Oléron, des routiers dans un restau-routier des Yvelines, des producteurs sur le marché de Rungis ou encore ceux qui font "tourner" la Gare Montparnasse." (Extrait du Communiqué de presse de RTL, 13 mars 2414),
(5) Mot choisi sur la page web de l'émission "Retrouvez aussi des interviews vidéo des travailleurs, interrogés sur leur quotidien et leurs préoccupations" … Mais je n'ai pas trouvé les dites vidéos,
(6) Pas les politiques qui en campagne n'auraient fait que des promesses, mais des techniciens européens, les banquiers du Crédit maritime, les élus régionaux et l'administration en charge de la pêche

dimanche 16 mars 2014

Vertige de l'amour, du cinéma italien et de la radio…






Bon, même si les compères Laurent Valero et Thierry Jousse ne produisent plus d'"Easy tempo" quotidiens ou hebdomadaires sur France Musique (1) ils continuent à produire séparément deux émissions de "genre" qui font du bien aux oreilles et à l'âme… (2) Quelquefois, trop absorbé par un quotidien dévastateur, j'"oublie" d'écouter "Cinéma song" de Thierry Jousse (3). Balayant les émissions auxquelles j'avais échappé je commence par ça, peut-être parce que l'illustration claque sur l'"Easy tempo"… Puis j'enchaîne sur quelques émissions orientées péninsule italienne et je me régale (4). Des épisodes Morricone j'ai gardé une chanson (que j'ai immédiatement été acheter) pour renouveler le plaisir de la langue, de la musique et des années 60 "Metti Una Sera a Cena" par Milva. Et bien, voyez-vous, je trouve que le dimanche soir se prête bien à cette flânerie italienne et à la puissance d'évocation qu'elle renvoie vers le cinéma des géants… ou vers la littérature de Simonetta Greggio.

(1) Crée en 2007, le duo érudit a bougé sur la grille et a poursuivi sa quête dans les grilles d'été de la chaîne,
(2) Laurent Valero "Des nuits noires de monde" France Musique, le jeudi de 00h00 à 1 heure,
(3) France Musique, le jeudi de 22h30 à 24h,
(4) Armando Trovaioli, Dario Argento, Morricone 1, Morricone 2

vendredi 14 mars 2014

L'horloge en vadrouille…









Pour l'Ardèche, pour Rabhi, pour Ardelaine je ne pouvais pas louper la matinale d'Inter hier matin. Et j'ai pu apprécier une nouvelle fois que Patrick Cohen sache se jouer de l'horloge (1) pour ne pas interrompre à 8h30 la phrase, l'idée, la pensée d'un Pierre Rabhi et, de fait, lancer avec deux minutes de "retard" la revue de presse à 8h32 (2). Sur une autre chaîne d'info (3) Lionel Jospin n'a pas eu cette chance, l'horloge ultra-suisse ne laissant aucune latitude à l'anchorman d'une matinale ultra-verrouillée par des rubricards marchant au pas.

Mais pour ce qui est de la matinale d'Inter il y'a quand même quelque chose de surprenant. Depuis lundi, le 7/9 d'Inter est en "vadrouille" en France dans quelques villes ou villages ruraux. En vadrouille ? L'équipe du 7/9 sûrement, la matinale sûrement pas. En effet la belle mécanique de précision est à l'œuvre et la vadrouille absolument circonscrite dans trois ou quatre cases qui décrochent des studios parisiens. Mais c'est quoi cette vadrouille qui ne pousse pas jusqu'au bout le "concept" ou l'idée ? Pourquoi les rubriques/chroniques n'auraient-elles pas lieu depuis le lieu "visité" et en relation avec le "local" (4) ? C'est quoi cette "peur panique" de sortir du cadre, de tenter l"inattendu", d'oser quelques débordements, de s'aventurer dans le "sentier" buissonnier, d'écouter l'imprévu et d'être en phase ? Cette façon de faire une radio hyper "léchée", hyper cadrée est l'exact contraire de la vadrouille.






La chaîne communique sur cette idée formidable, l'effet d'annonce doit attirer de nouveaux auditeurs mais l'ouverture s'arrête là, même si les 40' (environ), consacrées aux lieux visités, ont permis de faire entendre d'autres voix, d'autres réussites, d'autres réalités que la mâchouille médiatique habituelle. Comment en est-on arrivé là ? Qui a un jour refusé de "jouer le jeu" et de prendre le risque d'une parenthèse inattendue (5), qui n'a pas supporté que la belle mécanique bien lissée, bien huilée, bien cadrée s'affranchisse de ces principes qui, au final, empêchent pas mal d' "expressions".

On pourrait me rétorquer "mais on n'est pas dans une émission de saltimbanques". Ah bon, le hors-cadre, le hors-champ, le hors-piste seraient donc réservés aux fantaisistes quand les journalistes sérieux ne pourraient se risquer qu'à quelques galéjades pour "passer le micro" à une collègue restée en studio ? Cette "fracture", cette "dichotomie" entre l'establishment d'un statut et la pagaille des "précaires" montrent que la radio s'enferme dans des systèmes qui n'existaient pas dans les années 50, 60 et 70 et que les années 80 et suivantes ont fini par "modeler" au point de rendre la radio incapable de se renouveler. 

(1) Une autre fois le 31 janvier avec Vincent Lindon, s'affranchissant de la rubrique avec les auditeurs,
(2) Et la pub qui "va avec",
(3) France Culture il y a quelques jours
(4) Le journal des municipales, Le zoom de la rédaction, L'édito éco, L'invité de 7h50, Géopolitique, La revue de presse,… Pour toutes ces rubriques il y avait sur place "de quoi faire",
(5) Sans Lopez et sa guimauve dégoulinante… par pitié.

jeudi 13 mars 2014

C'est un joli nom… camarade

Saint-Pierreville






La matinale de France Inter est ce matin en Ardèche chez Pierre Rabhi et avec Ardelaine ("Les Moutons rebelles"), tout près de chez Jean Ferrat où le nom de "Camarade" avait du sens…

mercredi 12 mars 2014

Bernadette, Anaïs, Catherine, Yves, Christine… et Marion

Bernadette (au centre) avec sa soeur
et ses parents, vers 1930 
© D.R.











Je vais prendre l'histoire par l'autre bout. Parce que c'est aussi l'histoire. Celle de la radio à côté de celle racontée dans un documentaire. Il était une fois, hier, ce matin du 11 mars, tiens c'est la date de naissance de ma grand-mère, Catherine Le Henan m'informe que dorénavant elle me suit sur Twitter. Catherine Le Henan ? "Catherine Le Henan, mais je suis sûr que fut un temps vous me suiviez déjà non ?" J'envoie mon message de bienvenue, en bilingue, à cette payse. Et je regarde un peu mieux sa "bio". Un lien sous son avatar sur lequel je lis "… franceculture" m'intrigue. J'y file tout de go. Et là je découvre un peu stupéfait son documentaire "Bernadette et Anaïs". L'ai-je déjà entendu au moment de sa diffusion (1) ? L'ai-je oublié ? Suis-je passé à côté ? Je démarre la réécoute. 

Irène Omélianenko fait l'annonce du doc. Après avoir cité Catherine, elle nomme Christine Robert. Dans ma tête c'est immédiat j'associe Christine Robert à Marion Thiba. C'est comme ça. J'aurais pu, pour cette réalisatrice, en citer beaucoup d'autres bien sûr mais, pour la force d'évocation et de complicité qu'avait évoquée Marion lors du Festival Longueur d'Ondes en 2011, c'est de l'une à l'autre mon association "définitive". Le documentaire n'a pas commencé et déjà mon esprit a galopé. Irène ajoute à son annonce l'ingé-son Yves Le Hors. Nous voilà entre "pays". Avec Yves on est rentré il y a juste un an de Cordouan et on a causé. Puis Yves m'a envoyé une photo de légende. Je ne peux pas arrêter Irène dans son propos. Ah ben si, c'est vrai je suis en streaming. Et vogue le bateau. Mon voyage extraordinaire peut commencer. Je suis en place. Bernadette, Anaïs, Catherine, Yves, Christine et Marion aussi…

Comment ai-je pu louper ce doc ? À quoi ça tient d'y (re)mettre l'oreille ? À rien mais à rien du tout. Comment peut-on laisser passer ce qui est passé si c'est utile à notre présent ? Pourquoi les archives sont-elles toujours ou trop souvent "accessoires" ou de circonstance ? Pourquoi l'"alerte" de Catherine Le Hénan ne trouverait-elle-pas sa place dans un mouvement plus vaste, ordonné et désordonné, captif et accessible 24h/24 ? Ma petite histoire du jour ne prêche t-elle pas pour une valorisation permanente des archives ? Une fois l'émission diffusée, le documentaire écouté, les sens bouleversés n'est-ce pas là que tout commence ou que tout peut commencer ? Hier (2) quand une émission était finie il fallait passer à autre chose et se préparer "à nourrir aujourd'hui et demain". Mais aujourd'hui comment se passer, se couper d'une telle richesse ?  Pourquoi cette richesse devrait-elle se trouver confinée dans une case joliment baptisée "Archives" ? Si le terme peut en repousser certains (les adeptes de l'éphémère, de la table rase et de la marche gaillarde vers un futur radieux) il suscite chez tant d'autres le désir de découverte et de connaissance. C'est quoi cette furie de lendemains qui chantent pour des hier qui désenchanteraient ?

C'est en partie l'histoire de la radio elle-même, il est vrai. Mais, maintenant et ici, mettons au goût du jour le potentiel exceptionnel que nous offrent les technologies récentes pour valoriser au présent le patrimoine sonore de la radio. Bon, je vais pouvoir reprendre l'écoute du documentaire de Catherine Le Hénan. Elle me pardonnera la longue digression qui m'a empêché de suivre le fil de l'annonce. Mais, vous le savez mes chers auditeurs, je ne rate jamais une occasion de montrer comment il est indispensable d'instituer et d'institutionnaliser l'accès permanent, pour tous, aux archives radiophoniques.

(1) 26 janvier 2012, France Culture, Sur les Docks, 17h, du lundi au jeudi,
(2) Avant le nouveau temps du streaming, du podcast… 


mardi 11 mars 2014

Où qu' t'es Bernard ?…










J'ai pas sauté sur la deuxième compil' du Black (Lenoir, pour les intimes) sortie avant la Noël (sic). Mais j'avais lu le papier de Stéphane Davet dans le supplément Magazine du Monde (1) "Le gourou du rock". Et en écoutant hier soir "Label pop" (2) et Michka Assayas venu présenter "L'Œuvre" de sa vie (3), guettant le moindre indice qui me permettrait de gagner l'un des deux coffrets offerts par France Musique, je m'offris un flashback de 38 piges pour reprendre dans l'oreille la voix de celui qu'il a fallu bousculer pour qu'il accepte de prendre le micro fin mai 1978 sur France Inter pour animer quelques ans durant un Feedback de "légende". Cette "bousculade" on la doit à Pierre Wiehn, directeur des programmes d'Inter (4) qui sur la recommandation de José Artur installa à l'antenne un Bernard Lenoir assez "tétanisé" de prendre l'antenne et de faire partager ses découvertes musicales (5). 

Théval (Vincent), producteur de Label pop, n'est pas Lenoir (Bernard) mais la sobriété du premier vaut la réserve du deuxième. On a failli en 2013 avoir les deux dans la même émission (Label Pop) mais l'affaire ne se fît point. Découvrir des groupes, des musiques "non-entendues" ailleurs, et la petite histoire qui va avec, voilà comment Le Black a enchanté nos soirées de jeune adulte puis d'adulte "confirmé". Écouter Théval c'est prendre un bain de jouvence, sans nostalg', établir une complicité "invisible" avec l'animateur, approfondir les pistes ouvertes et se garantir de ne pas glisser dans le "sirop" que nous infligent tant de radios formatées dans le tube. Une quotidienne de cette belle pop aurait sa place sur France Musique. Le choix de Wiehn a permis à Inter d'accrocher une jeunesse qui se foutait de la TV. France Musique pourrait faire ce pari-là sans que la vielle-garde des caciques du classique ne monte aux barricades… Non ?






(1) 31 janvier 2014,
(2) France Musique, le lundi à 22h30,
(3) Le dictionnaire du Rock, Flammarion, 2014
(4) 1973-1981,
(5) Très bonne suggestion de Davet dans Le Monde, créer un site web sur lequel Lenoir ferait ses commentaires sur ses compil's et sur la musique par exemple. Un genre d'émission de radio quoi !



Et un clin d'œil au Christophe Crenel qui sur le Mouv' continue son rodéo de 16h à 18h du lundi au vendredi

lundi 10 mars 2014

Des duettistes en chanson…





Il est assez rare que des producteurs radio mettent en avant un ou une de leur confrère ou consœur disparu (et encore plus d'une chaîne à l'autre). Au-delà des hommages de circonstance, sans âme et "obligés" et surtout qui ne trompent pas les auditeurs. Quand Hélène Hazera (1), bien après la disparition de Jean-Louis Foulquier, consacre une émission à l'homme de radio et au chanteur on peut imaginer que c'est avec sincérité et reconnaissance. L'exact contraire de ce qu'un triste sire ressasse dans un micro. Si Foulquier pouvait exaspérer il était au moins aussi attachant qu'attaché à la chanson francophone… Un "studio de nuit" aurait aujourd'hui toute sa place sur une des sept chaînes de Radio France. Salut Foulquier !

(1) Chanson boum, France Culture , le dimanche à 23h.
 

Ça va bouillir…









Pourquoi "Ça va bouillir", ce titre de feuilleton (1), pourquoi le nom de l'animateur-bateleur qui y officiait sont-ils restés gravés dans ma mémoire ? Pour l'énergie débordante que mettait Zappy Max a animer la radio (2). En ce temps-là le journal Pilote, hebdomadaire de René Goscinny, reprenait en bande dessinée le feuilleton sponsorisé par "Sunil" une grande marque de lessive. Et bien il se trouve que dans les semaines qui viennent il pourrait bien y avoir une très grande lessive à Radio France. Ça a commencé par bouillir dans la tête du nouveau Pdg Mathieu Gallet, puis dans celle de son adjoint à L'Ina, ex-directeur de France Inter, Frédéric Schlessinger. Le projet Gallet a séduit le CSA à l'unanimité, on attend de voir, on attend d'entendre. On devrait en savoir plus en avril.

"Ça va bouillir" dans les chaînes, dans les grilles de programme, dans les équipes de management, dans le numérique, et peut-être dans l'accès au streaming et aux podcasts qui ne serait plus complètement gratuit. Ce qui pourrait ressembler à la dernière touche de la mue de la Maison cinquantenaire (3) risque bien de provoquer un électro-choc en interne, comme en externe, tant les médias vont être à l'affût d'une (R)évolution attendue. On risque d'être bien loin de la modernisation tranquille de Paris-Inter en France-Inter qu'avait initiée en 1963 Roland Dhordain qui, si elle chamboulait les habitudes des auditeurs, était restée somme toute assez "discrète". 
 

 


Avouons-le, nous avons hâte de savoir à quelle sauce les programmes vont être "mangés" ou plutôt à quelle sauce va t-on devoir les ingurgiter. De mai à juillet les grilles vont s'étirer pour laisser place à des programmes d'été qu'auront sans doute élaborés les nouveaux directeurs de chaîne, qui semble t-il seront "coiffés" par un super directeur des antennes, M. Schlessinger soi-même. Et c'est à la conférence de presse de rentrée que l'onde de choc pourra se propager. C'est là que nous pourrons prendre toute la mesure des changements au risque, dans les premières semaines, d'être absolument perplexes ou séduits. C'est assez excitant mais en même temps un peu trop long à attendre (en interne comme en externe). Dommage que feu-Pilote ne soit plus de ce monde pour nous en faire un feuilleton à rebondissement qui aurait pu être sponsorisé par…

(1) Sur Radio-Luxembourg, en 1956,
(2) Patrice Blanc-Francard avec qui j'évoquais Zappy m'affirma que c'était le premier animateur "rock",
(3) La Maison de la radio a fêté ses cinquante ans en décembre 2013,

dimanche 9 mars 2014

Triste sire…

Jean-Charles Aschero


En juillet 2012, Radio Campus Paris avait reçu en direct du Cnam (Conservatoire national des Arts et Métiers), Jean-Charles Aschero, un des animateurs des Nuits de France Inter, à l'occasion de l'exposition "Radio,ouvrez grand vos oreilles". Si l'idée de Campus était intéressante pour un feedback sur ce qui a fait la "patte" de France Inter, ses nuits, Marine Beccarelli, qui interviewait l'animateur, a dû plus d'une fois être déstabilisée par le ton et l'attitude de quelqu'un qui - n'étant plus à l'antenne - apparaît désabusé, condescendant, voir pédant. Et autosatisfait jusqu'à la caricature "voyez les p'tits jeunes qui aimez la radio, moi j'ai été le pape des Nuits et j'ai fait ce que j'ai voulu pendant vingt et un ans…". J'ai très peu écouté l'émission d'Aschero et quand ce fût le cas, ce fût d'une façon "lointaine" sans que rien ne m'accroche vraiment. 

Être à ce point bouffi d'orgueil pour balayer d'un revers de main tout ce qui existait avant soi, voilà une façon bien désagréable d'exister : "La nuit on y met des tocards, des mecs en fin de parcours ou ceux en début de parcours" dit sans vergogne Aschero. Une telle affirmation laisse pantois. Les Dhordhain, Foulquier, Priollet, Béranger et autres "veilleurs de nuit" apprécieront ou auraient apprécié (pour ceux qui sont morts).…   

Si la nuit Aschero jouait sur la séduction pour ses interviews de femmes, sa façon d'en parler est machiste et quelquefois à la limite du trivial quand avec une belle assurance il déclare "dans la vie les mecs ne m'intéressent pas" et ajoute "et puis franchement je draguais pour voir jusqu'où je pouvais aller…". Si son ego démesuré n'était pas perpétuellement en avant on aurait sans doute pu entendre ce qu'il avait à dire de ses "collègues" privés d'antenne, et de la détresse d'abandonner le micro. Mais ça ne passe pas ou plutôt ça ne peut pas passer par celui dont le ton est beaucoup trop désagréable pour donner envie de l'entendre.

Toutefois l'émission est à écouter pour ses archives et pour découvrir la facette d'un homme qui derrière l'aura et le prestige du micro se dévoile et donne l'image bien triste d'un Aschero prétentieux et pathétique. 
 
© Radio Campus Paris "La radio de nuit"



vendredi 7 mars 2014

La radio augmentée… avec des p'tits miquets dedans





Hier matin sur France Inter (1) Clara Dupont-Monod recevait Marcel Gotlib, l'inventeur génial, entre autres, de la R-A-B- (Rubrique À Brac). Au message de promotion de l'émission sur tweeter était ajouté le dessin ci-contre. Merveilleuse coccinelle de Gotlib qui n'a besoin ni de légende, ni de phylactère, et encore moins de son.



 








Dans le même temps, Les Matins de France Culture (2), recevant Lionel Jospin pour nous parler de Napoléon, publiait un dessin de Spinga de 1958 avant le retour de De Gaulle au pouvoir. Ces deux dessins, mais c'est sans doute à cause de ma formation, attirent plus mon regard, me font plus sourire que toutes les grosses "Ficelles" (3) qui me désolent. L'impact d'un dessin peut souvent faire mieux qu'une photo ou qu'une vidéo pour faire passer un message.



Mathieu Vidard et sa "Tête au carré" (4) doivent partager ce point de vue puisque chaque semaine ils proposent la "semaine dessinée de la TAC". L'occasion de revenir d'une façon ludique sur les différents thèmes abordés par l'émission et d'y porter un autre regard, si tenté que la voix et l'écoute nous permettent le regard. Donc on voit bien comment la radio peut être enrichie avec des dessins qui, par là, seraient une sérieuse et joyeuse alternative  au "tout image animée" dans laquelle se sont engouffrés ceux-là mêmes qui veulent nous faire accroire que la radio ne pourrait pas se passer d'image. Rappel : pour les images y'a la télé.

En 1968, bonne année pour la création (5), la télévision produit "Les Shadoks" (6). Décalage et fraîcheur absolus dans une télévision en noir et blanc muselée par le pouvoir gaulliste. D'abord cette série passerait formidablement bien à la radio même si l'on "enlevait" les images et, si on les "rajoutait", voilà de quoi faire une "radio augmentée" que les services de la Recherche de l'Office de Radio et Télévision Française (ORTF) n'auraient sûrement pas reniée…

(1) L'invité de 7h50, du lundi au vendredi,
(2) 6h30-9h, du lundi au vendredi,
(3) Selfie en verlan, ou comment se mettre en scène avec un smartphone, en se prenant soi-même en photo avec des personnalités autour,
(4) France Inter, du lundi au vendredi, 14h-15h. Merci au lecteur, auditeur attentif, de m'avoir signalé cette création hebdomadaire,
(5) Création sur France Inter de "L'oreille en coin" (Mars 1968-Septembre 1990), genre de laboratoire expérimental…
(6) Les Shadoks est une série télévisée d'animation française en 208 épisodes de deux à trois minutes, créée par Jacques Rouxel le 29 avril 1968, produite par la société (aaa, animation art- graphique audiovisuel). Source Wikipédia.



jeudi 6 mars 2014

Si t'es pas viral… t'es viré !








Ça y est une nouvelle tarte à la crème va venir perturber la radio sur le web. Pensez-donc, un communicant quelconque a "inventé" le terme de viral pour l'associer au marketing (1). Et les médias, en bons petits toutous de la com', s'en sont emparés en moins de temps qu'il ne faut pour tourner le bouton du poste de radio, quand bouton il y a. On notera l'effet attendu, à savoir provoquer un "virus" et, comme la fonction même de ce dernier, démultiplier sa diffusion. Il fallait avoir beaucoup de mépris pour les mots et leur sens pour imposer un terme médical à connotation négative à des pratiques qui n'ont rien à y voir. Il y a quelques jours Slate tentait d'analyser le phénomène en s'interrogeant sur "Pourquoi la radio n'est pas virale ?" (2). Car "Contrairement au texte et à l’image, contenus-rois des réseaux sociaux, les productions sonores brutes sont relativement peu échangées sur la Toile." (2) On partirait donc d'un résultat : pas assez de promotion des sons de la radio pour immédiatement influencer et détourner le média de sa fonction propre en lui imposant, à terme, d'ajouter de la vidéo à ses productions sonores pour que sa viralité soit efficiente et reconnue. Que les chaînes de radio commerciales s'y engouffrent, grand bien leur fasse, mais que la radio publique se fasse embarquer dans cette galère montre bien que quelques dirigeants des chaînes publiques attendent plus de "l'effet d'annonce" et de "l'image" que du contenu.

Inoculer un virus sur un patient qui n'en est pas porteur est très grave. Infliger à la radio de se soumettre aux diktats de "petits pubards arrogants" est encore plus dangereux. On imagine les nouvelles méthodes d'établissement d'une grille de programmes avec, surlignés en jaune les programmes viraux, et surlignés en bleu les producteurs virés…. Pourtant Liza Kroh précise "ce ne sont pas des émissions en entier qui se partagent, mais des «morceaux» de radio. Surtout quand ceux-ci ont un fort pouvoir de «buzz»"(2). Il conviendra donc de faire rythmer sur une même journée ce qui participe du "viral", ce qui n'y participe pas, et ce qu'il serait bon qui y participe. Certaines heures seront définitivement "plombées" (antivirus). Quant à la nuit ce n'est même plus la peine d'en parler, elle aura viré out. Mais vous venez de lire "morceaux de radio" et ça c'est une notion qui insidieusement s'insinue dans les programmes ou à côté sur les sites des chaînes.

Des morceaux de radio dans le toaster










La tentation est peut-être grande pour un "opérateur" de créer une plateforme qui mettrait en avant ces petits bouts de radio qui suffiraient à l'auditeur moderne, pressé, connecté et qui ne disposerait plus jamais d'une heure en continu pour "écouter la radio". Ce temps de la radio serait-il lui aussi en train de muter sous la pression féroce des marchands (de pub) ? Où trouverait-on des émissions d'une heure et plus pour approfondir un sujet ? Si je ne manquais pas de sarcasme je dirais faisons donc 24h/24 des petits bouts de radio avec les spécificités des sept chaînes de Radio France (3). Supprimons ces chaînes ou plutôt n'en gardons qu'une qui s'appellerait Radio France, associons lui un player très performant. Et vogue la galère. Laissons mijoter pendant dix ans et un nouveau prophète viendra réinventer RTF Inter (France Inter), RTF Promotion (France Culture) et RTF haute fidélité (France Musique) (4). Mais le risque est que l'habitude d'écoute de programmes "longs" aura disparu et là ce ne sera pas une mince affaire que de rééduquer le public…

(1) Pas trouvé mieux que la définition de Wikipédia : "Le marketing viral est une forme de promotion d’une offre commerciale où ce sont les destinataires de l’offre qui font la recommandation de la marque, du produit ou bien du service à leur entourage et qui permettent ainsi la diffusion du message. De nos jours, le marketing viral utilise les réseaux sociaux en incitant les clients à donner leurs avis sur les entreprises, leur communication, leurs produits et à partager ces informations avec leurs amis, collègues ou membres de leur famille. La spécificité de ce type de marketing est que les consommateurs deviennent les principaux vecteurs de la communication de la marque."

(2) Liza Kroh, Slate,
(3) France Inter, France Culture, France Musique, Fip, France Bleu, France Info, Le Mouv',
(4) En italique les noms des trois chaînes publiques avant la "réforme Dhordain" en 1963