jeudi 31 mai 2012

À fleur d'oreilles…

À fleur de peaux, © D.R.





Pour le documentaire diffusé aujourd'hui en fin de journée sur France Culture (1), je crois l'avoir déjà écrit, il va falloir vous mettre dans les meilleures conditions d'écoute possibles. C'est à dire pas en voiture, pas dans la cuisine ni dans les transports urbains. Plutôt dans un endroit confortable, calme et paisible. Pour écouter, mais écouter attentivement, pour ne rien perdre du fil de l'histoire, pour être dedans et… sentir.


Chloé Sanchez et Léa Minod ont avec tact, pudeur et sensibilité, effleuré les peaux de celles qui ont su lever un peu du voile de leur intimité. La peine, l'insoutenable ou l'indicible. Le plaisir ou le désir. Les transformations des corps adolescents. Des corps qui vont enfanter. Des corps meurtris, blessés, souillés. Et ceux qui vieillissent, meurent et installent l'absence "à fleur de peau". Les femmes et les adolescentes qui parlent sont en confiance. Elles partagent avec Minod et Sanchez de l'intime profond, de l'intuitif et du vécu. Elles se livrent avec délicatesse, en paix, même si quelques plaies sont encore grandes ouvertes.

Le documentaire de Sanchez et Minod vibre à la fois de douceur et de sensualité, mais aussi de complicité, pour dire quelques "secrets" ou certaines choses effleurées, suggérées flottant au-dessus des témoignages dans une atmosphère de sérénité. La tension est à l'extrême de l'écoute. Rien ne doit la perturber pour juste savourer ces paroles simples et touchantes. Ces femmes nous parlent comme à l'oreille, et l'émotion est à fleur de peau. 

Sans bruit, on se lève, on se retire à pas feutrés, avec juste le silence pour revenir doucement à d'autres réalités…

Profitons-en pour enfoncer le clou ; ce documentaire est aux antipodes de ce qui a aussi fini par envahir la chaîne : le bavardage ! On voit bien comment un documentaire (repérage, reportage, montage, mixage) peut efficacement et avantageusement remplacer les émissions en direct qui s'écoutent parler.

(1) "À fleur de peaux", Chloé Sanchez, Léa Minod, Guillaume Baldy, Sur les docks, France Culture, 17h

mercredi 30 mai 2012

D'un Z qui veut dire Zéro…




Samedi alors que l'ensemble des médias profitait du ouiken de la Pentecôte, Renaud Revel, journaliste à l'Express, publiait sur son blog une information assez triste, pour ne pas dire tragique. Éric Z., polémiste, un peu trop connu pour avoir été condamné pour provocation à la discrimination raciale, tenait mercredi 23 mai sur RTL des propos suffisamment répréhensibles pour imposer à la direction de la radio de se passer de ses services à la prochaine rentrée.

Revel concluait son billet de la façon suivante : "Soucieuse de repositionner sa ligne éditoriale, la direction de RTL n’avait pas attendu ce nouvel incident pour trancher le cas Zemmour. Voilà plusieurs semaines que la décision de suspendre la chronique matinale du journaliste avait été prise, l’intéressé étant jugé clivant et partisan. Mais pour que cette décision n’apparaisse pas comme une sanction politique, depuis l’élection de François Hollande à l’Elysée, à l’égard de celui dont les opinions droitières sont connues, il avait été décidé de lui proposer d’intervenir à l’antenne le week-end : une voie de garage que les dirigeants de RTL auront le plus grand mal à expliquer après ce dernier accroc survenu vendredi. "

Mais là je m'inquiète vraiment ! RTL ménage la chèvre et le chou dans une "drôle" de responsabilité éditoriale. On se sépare de Z. mais on le garde quand même en fin de semaine, des fois qu'il pourrait apporter à la station quelques auditeurs supplémentaires parmi ses "aficionados". On "protège" les auditeurs de semaine de propos plus que limites mais on garderait le polémiste pour lui laisser déverser son fiel en fin de semaine ?… De qui se moque t-on ? Les auditeurs de fin de semaine ne sont-ils pas les mêmes que ceux de la semaine ? Les risques de dérapage n'existeraient pas le samedi ou le dimanche ? RTL veut-elle nous suggérer qu'elle n'a pas d'auditeurs en fin de semaine et que ça n'a donc aucune importance qu'un polémiste dise n'importe quoi sur ce créneau horaire ? RTL approuve t-elle ce polémiste au point de le laisser s'exprimer en étant "moins exposé" à la critique ? Comme si d'une certaine façon les journalistes et/ou le public avalaient mieux les couleuvres quand elles sont assaisonnées à la sauce "fin de semaine".

On attendrait de la radio RTL, qui se targue d'être la première en auditeurs, une prise de position sans aucune ambiguïté. Ferme, définitive et qui ne laisse aucun doute sur la ligne éditoriale de la station. Au lieu de quoi on assiste, médusés, à la réplique de l'intéressé qui se pare des habits de l'innocence, assume et revendique sa façon de faire et, last but not least, surenchérit à ses propos à l'encontre de la Ministre de la Justice, Madame Taubira. RTL avait (a peut-être toujours) un slogan qui se voulait "fédérateur" des français :  Vivre Ensemble. L'épisode Z. le fait imploser ! RTL, radio populaire, va devoir réagir très vite si elle ne veut pas entacher son image qui risquerait de la voir qualifiée de… populiste ! (1)

Si j'use dans ce billet de l'initiale du patronyme de l'intéressé c'est en partie pour fustiger le titre même de sa chronique à RTL !

(1) Pierre Salviac, journaliste sportif, récemment remercié par la station après un tweet injurieux envers Valérie Trierweler, compagne du Président de la République.

mardi 29 mai 2012

Rock n' Rollin…





Qu'il est doux et voluptueux d'écouter, un lundi matin de Pentecôte sur France Musique, dans la matinale de Christophe Bourseiller, François Rollin qui, tout en finesse et subtilités, nous fait partager ses passions pour Schubert, la musique militaire et le Carnaval des Animaux de Saint-Saens… En faisant un tout petit crochet aux origines de Tchouk Tchouk Nougah ! Voilà comment on passe un bon moment sur la radio publique. À l'écart des marronniers en fleurs, auprès desquels tant de radios s'épuisent à pipeauter sur l'air de "Raffarin-c'est-un-malin". Fermez le ban ! Profitons pleinement de ce fantaisiste qui n'aime rien tant que la fantaisie (sic) qu'il partage avec ses compagnons de l'absurde : Desproges, Topor, Blanche mais aussi Vialatte, Allais et Darry Cowl.

Le prétexte de recevoir ce Rock n' Rollin était la (re)création (1), par ses zigues, d'un texte poético-absurde-surréaliste sur la partition du Carnaval des Animaux. Mais qu'il était doux et encourageant, (pour ma propre quête), d'entendre Rollin dire qu'à mettre les loups dans une case à loups mordants, on ne peut pas s'attendre à ce qu'ils ne fassent autre chose que de mordre. Comprenez par là le carrefour ou l'instant d'humour obligé sur les grilles de radio où l'on demande à des humoristes de mordre, tout en faisant semblant, mais en mordant quand même. La quadrature du cercle des humoristes disparus, les directeurs de chaîne n'adorent que ça. Rollin enfonce le clou, en disant qu'à faire entrer les loups dans la bergerie, ils ne pouvaient faire autre chose que de tuer. En filigrane on comprendra les effets récents de muselière sur les humoristes et leur "bal tragique à… France Inter".

Et Rollin de citer "Le Carrefour de Lodéon" (2) qui, grâce à l'humour de son producteur, serait une bonne occasion d'en entendre (de l'humour). Un, qui fait de l'humour sur Culture, mais qu'on devrait changer de case, c'est bien le P'tit Slama de 17h55. Trop drôle c't' homme-là pour que son humour décapant soit gâché à une tribune qui n'est pas la plus adéquate. Il aurait plus sa place à la fin d'un journal d'infos, comme ça on pourrait rigoler à l'entendre glousser en contre-pointe border line. Sur les Docks profitant alors d'autant de temps supplémentaire pour ses documentaires.

Avec Rollin on a un vrai plaisir d'écoute, de fantaisie et de sens (avec ou sans le Saint-Camille) qui illumine une journée. Tout ce qui manque plusieurs fois par jour sur les chaînes publiques. Et, ce qui serait bien, c'est que "ça" intervienne de façon inattendue au fil de la grille, pour que, sorti du "ronron", à l'affût, on soit curieux de se faire surprendre ! Mais ça c'est une autre histoire… pour laquelle il faut juste avoir un peu de fantaisie et d'audace ! Ce qui manque le plus à la radio aujourd'hui… (3)

J'avais initialement prévu de vous parler d'Éric Z. qui brouille grave l'antenne de RTL, j'y reviendrai peut-être !

(1) À la suite d'une création initiale par Francis Blanche,
(2) France Inter, lundi au vendredi, 16h,
(3) Essayez aussi "Pain de Campagne", France Culture, du lundi au vendredi, 13h25.

lundi 28 mai 2012

Radio addict vs TV addict…


Il y a quelques années, pour ne pas dire une bonne vingtaine d'années, Télérama (1) "militait" pour une consommation "raisonnée" de la télévision et incitait ainsi  ses lecteurs à s'en abstenir au moins une journée par an. Cet hebdomadaire avait aussi accompagné (si mes souvenirs sont bons), des expériences collectives de quartier pour cette même "abstinence". Aujourd'hui des expériences identiques sont menées en direction des enfants. En ajoutant au média TV tous les écrans qui ont envahi leur quotidien. Mais, qui a jamais eu l'idée de proposer une chaine thématique de radio pour les enfants ? Ne tiendrait-on pas là une bonne alternative au sevrage (télé)visuel ?

Je constate par ailleurs qu'il n'est jamais venu à l'idée de personne d'inciter à l'abstinence de radio, même si l'écoute peut dépasser plus de 4h par jour (2). Alors qu'une étude montre (3) que la consommation moyenne de TV serait de 3h48 pour les Européens ! Comme il semble difficile de regarder la TV en même temps qu'on écoute la radio, comment chacun peut-il trouver le temps quotidien nécessaire à cette pratique télévisuelle une fois les autres activités vitales accomplies (4) ? Et je ne parle pas de toutes les activités sociales et/ou culturelles qui participent de la vie personnelle. Comment suivre alors les prescriptions des hebdos culturels, des autres hebdos et/ou des quotidiens, voire des revues spécialisées, sans faire des choix draconiens : ne plus travailler à plein temps, dormir sur son lieu de travail, manger un repas par jour ou dormir deux heures par… jour (la nuit étant consacrée aux autres activités fondamentales) ? Nous n'avons plus le temps d'ingurgiter même une part infime des livres, des films, du théâtre ou des concerts, des expos ou des bandes dessinées proposés sans discontinuer 365 jours par an. Quant à la poésie nous n'en parlons même plus.

Les questions lancinantes que je me pose depuis la création de ce blog (et un peu avant aussi) est la suivante : pourquoi la radio n'est-elle pas davantage mise en avant par tous les médias ? Pourquoi la radio promeut-elle aussi outrageusement la TV quand cette dernière ignore superbement la radio ? Pourquoi sur les radios privées une telle indigence des programmes de soirées ? La TV a installé son impérialisme nocturne et la radio a baissé l'antenne, résignée à ne s'adresser qu'à des niches de population bien segmentées. Les directeurs de programme sont moins regardants sur l'audience alors que ce serait le lieu justement pour INVENTER une véritable addiction radiophonique (5). Ce n'est qu'un début, continuons le "combat"…

(1) Hebdomadaire de programmes TV et radio,
(2) Dont une bonne partie en voiture ou en transport en commun,
(3) Les téléspectateurs à travers le monde passent toujours plus de temps devant leur poste, avec en 2011 trois heures et 16 minutes en moyenne par jour, six minutes de plus qu'en 2010 et 20 de plus qu'il y a dix ans, selon la 19ème étude annuelle publiée par Eurodata TV Worldwide. (source lexpress.fr 23 mars 2012),
(4) Temps pour se rendre à son travail, pour assurer son activité professionnelle, se nourrir, dormir,…
(5) On ajouterait à ça, la publicité pour la radio publique sur les chaînes de TV publiques, et ce serait (enfin) un juste retour des choses !

dimanche 27 mai 2012

Yann Paranthoën… l'art de la radio (2)

© Janneth Rodriguez, arles, 1999
Je m'avance lentement dans le livre de Christian Rosset (1). Et, j'ai beau aller lentement, je me dis que ce Rosset a finement observé et rendu compte du personnage Paranthoën. On dirait qu'il a les mots exacts qui collent, à la fois au personnage de Yann et à ses sons. Sans doute aussi aux silences de son vivant. Après la mort de l'inseigneur, Rosset, comme les auditeurs est face à un autre silence "qui pour redevenir habitable, devait être le contraire du vide : grouiller d'éléments fantasques, comme des anticorps, luttant, troublant ce vide par ruminations, rires et pleurs, soupirs et cris de rage…" (1) Rosset est bouleversé, mais Rosset transcende la disparition et poursuivra sa quête autour des silences de Yann Paranthoën. Yann qui continuera à vivre aux replis des mots, aux replis d'autres sons et des mémoires individuelles et collectives. "L'esprit de Yann continuait son tour sans fin, par étapes d'apparitions-disparitions, tel un revenant, habitant spectralement ce silence ("ce qu'on continue d'appeler le silence au singulier alors qu'il y a bien plus de formes de silence que d'êtres sur cette planète") (1).

"Un taiseux parmi les meilleurs interviewers de l'histoire de la radio, voilà de quoi rendre jaloux les animateurs bavards et trop sûrs d'eux pour savoir saisir au vol, comme le fait Paranthoën, les événements les plus discrets, les plus insaisissables, les plus irréductibles du monde." (1) La belle affaire, mais qui pourrait bien vous entendre, M. Rosset, aujourd'hui que le bavardage est devenu la matière principale de ce qui s'écoute sur les ondes ?

En avançant dans son récit, Rosset dresse les contours de ce qui a constitué la légende (c'est lui qui choisit l'italique) Paranthoën "…intervenant physiquement à toutes les étapes, [que] Paranthoën a réussi à obtenir ce statut rare, en radiophonie, d'artiste pur et dur." Et Rosset d'en profiter pour donner une définition des Ateliers de Création Radiophonique de France Culture (page 24), où Yann Paranthoën a pu commencer à se faire un nom quand tant d'autres sont restés inconnus.

"… certaines fulgurations sonores intempestives (mais qui peuvent rester discrètes, comme des lueurs lointaines : souffles, chuchotements, trames subliminales) ont le pouvoir de sortir de sa torpeur l'auditeur collé à son poste." Rosset me pardonnera de profiter de cet avis technique pour dire combien aujourd'hui la torpeur gagne, quand on écoute la radio, collé à son poste ou bien devant un écran. S'installe un ronron permanent, sur la même fréquence (sic) et avec si peu de modulation.

Voilà je me suis laissé emporter par le récit de Christian Rosset. Je crois comprendre ce qu'il écrit pour avoir beaucoup écouté la radio et, depuis plus de dix ans, fréquenté quelques-uns de ses acteurs. Il fallait que "tout ça" soit écrit et j'aurais envie de dire qu'il faudrait maintenant que "tout ça" soit lu. Et pas que par les auditeurs. Non, aussi par les nouveaux producteurs et surtout les directeurs de chaîne ou de programme. Pour, dans la fuite du temps, en surmultipliée, "remettre les pendules à l'heure".

"Mais pratiquer un art du temps, surtout si on se risque à inventer, c'est aussi tenter de rendre toute mesure, sinon impossible, du moins incertaine, donc faire oublier le temps des horloges, faire perdre le sens de la durée et ainsi entraîner l'auditeur dans un monde où une fraction de seconde peut contenir une éternité de sensations, où deux ou trois heures peuvent passer sans qu'on ait le moindre désir de jeter un coup d'œil, même furtif, sur sa montre : on ne doit plus porter attention au battement du temps."
(à suivre)

(1) Yann Paranthoën, "L'art de la radio", sous la direction de Christian Rosset, Phonurgia nova éditions, Arles, 2009,

samedi 26 mai 2012

Vous avez loupé (11)

Début juin, France Info fêtera ses vingt-cinq ans en bande dessinée ! Tentant d'aller y voir, particulièrement si on n'écoute jamais cette radio. Nos voisins suisses de la RTS (Radio Télévision Suisse) proposent une application smartphone qui au-delà de l'écoute radio, donnerait accès à des archives. Si c'est le cas, Radio France et l'Ina devraient commencer (si ce n'est déjà fait) à creuser l'affaire. Si l'un ou l'autre d'entre vous teste la chose, merci de nous en parler. Vous lirez, avec consternation sans doute, l'étude sur la multiplication des gros mots à la radio.


Puis, pour prendre le large de ses rives grossières, si vous n'êtes pas déjà à Saint-Malo (port de pêche) pour le festival Étonnants Voyageurs, vous pourrez réécouter Michel Le Bris, l'homme aux semelles de vent, qui se fait un plaisir gourmand, quelques jours avant l'embarquement, à nous narrer la belle aventure de ce festival. Vous pourrez aussi le réécouter (1). Restons en Bretagne. Si vous aimez la musique, la musique des nantais de C2C, le Mouv' nous en propose une version live en vidéo. On file sur la lande avec Jean-Pierre Le Dantec qui, au micro d'Alain Veinstein, a évoqué son roman "Île-Grande". Il y a bien à voir avec l'Île-Grande de Yann Paranthoën et avec… Conrad.


Puis, tels les grands voyageurs (bretons), faites un saut jusqu'en Arctique. Notez d'ores et déjà sur vos tablettes, pour la semaine prochaine, le très beau documentaire à venir Sur les docks, de Léa Minod et Chloé Sanchez "À fleur de peaux" .

Je vous avais promis, mes chers auditeurs, pour aujourd'hui une surprise de taille. Disons que pour ajuster la taille il me faudra encore quelques réglages, tours de manette et autres calibrages. Il est raisonnable d'imaginer que l'affaire prendra corps au beau milieu de l'été. Désolé de vous avoir fait une promesse de gascon. De la part d'un breton c'est assez rare. Bonne fin de semaine radio, et rendez-vous demain dimanche à 18h pour une petite madeleine radiophonique.

(1) Au passage notons les efforts que font producteurs et productrices de Culture et de Musique (et sans doute d'Inter) pour ne pas prononcer correctement le breton. Alors que pour l'espagnol, l'anglais, l'allemand, l'arabe chacun y met du sien. Si Dana sur le Mouv' dit correctement "Le Brisse", Bourseiller sur Musique dit "Le Bri". Le Bris s'en fout et il a raison. Cela montre une fois de plus en quelle estime les producteurs tiennent les langues régionales qu'ils associent peut-être à des patois archaïques…

(2) le jeudi 31 mai à 17h, sur France Culture.

vendredi 25 mai 2012

Radio bla bla…

 


Les médias n'ayant pas grand-chose à dire sur la radio, nous apprenons qu'untel, spécialiste du canular téléphonique, va remplacer un imitateur sur une radio privée pendant l'été (1). Info de toute première urgence vous en conviendrez. Idem pour cette grande radio (2) qui, après le "départ" en dépression d'un de ses journalistes, fera appel, à la rentrée, à un journaliste-animateur-radio-tv, dont le seul nom serait un gage de succès pour la radio "leader" en France. Renversant !

Pourquoi nous donner une information, la première qui prendra effet dans six semaines, et la seconde dans trois mois ? Pourquoi telle gazette nous annonce-t-elle, d'ores et déjà, les programmes d'été de France Inter ? Pour qu'on modifie nos vacances ou qu'on négocie dès maintenant, avec notre employeur pour adapter notre temps de travail en fonction de la grille d'Inter ? Non, tout simplement parce que c'est de l'AC-TUA-LI-TÉ (des médias) et qu'on n'est jamais mieux servi que par soi-même ! Mais le public s'en fout, il verra/entendra le moment venu et, faisons confiance à ces mêmes radios pour en faire des tonnes avant le début des "festivités".

Je me demande comment à la fin des années 60, Roland Dhordain ou Pierre Wiehn (anciens directeurs d'Inter) faisaient pour trouver de nouveaux animateurs-animatrices, nouveaux concepts d'émission et nouveaux découpages d'antenne. Non ce n'était pas mieux avant mais la radio qui ose, cherche, invente et sublime, aujourd'hui on la cherche et, on doit se contenter d'effets d'annonces médiatiques qui ont très peu à voir avec la création radiophonique. Il s'agit pour les médias de "juste entretenir la flamme" car, avant qu'ils écoutent eux-mêmes la radio, "faut quand même pas prendre les enfants du bon dieu pour des canards sauvages" (3).

(1) Suggérons à Olivennes directeur de la dite station de ressortir du "chapeau" Zappy Max, Pierre Bellemare et pourquoi pas des archives : Maurice Biraud, Francis Blanche et… Coluche,
(2) Dont l'émetteur est au Luxembourg,
(3) Film de Michel Audiard, 1968.

jeudi 24 mai 2012

Là-bas si j'y suis… pas

D. M.





Mes chers auditeurs, je m'autorise un petit congé annuel… d'une journée (j'aimerais tant aussi d'une nuit entière) et, pour ne pas vous laisser sans onde, regardez voir là-bassi j'y suis et faites un vœu… Si vous pouvez supporter la voix éraillée d'"un chat de gouttière" vous pourrez toujours aller voir , j'y suis.

mercredi 23 mai 2012

3.6.5. FM

 

Mes chers auditeurs, un petit regard dans le rétro pour vous annoncer que ce billet est le trois cent soixante-cinquième. Ce chiffre rond rappelle le nombre de jours d'une année, alors que modestement, le 17 mai, ce blog claquait ses dix mois et… quarante mille visites (1). Ce qui veut donc dire que "bon an mal an" j'ai publié un peu plus d'un billet par jour… Pourtant certains (une minorité) m'avaient prédit que je ne tiendrais pas la distance, d'autres (une majorité) m'ont encouragé, suivi, tweeté, retouité, ou fait circuler dans leur réseau le lien du jour… Quant au bouche à oreille il a bien fonctionné aussi… puisque, depuis début avril, le blog est visité plus de 200 fois/jour ! Un pic ayant été atteint le 6 mai grâce au Voyageur hollandais…

Alors, merci à vous qui, fidèlement ou de passage, prenez la peine de lire ma petite histoire de la radio. Merci à celui qui avec tact, efficacité et surtout patience corrige journellement mes fautes stupides, comme celles qui le sont moins mais laissent quand même des traces… Merci à tous ceux qui postent des commentaires, éclairés, surpris, précis, attentionnés, perfides et même passionnants. Merci aux professionnels de la profession qui me lisent régulièrement et m'encouragent à poursuivre.

Samedi prochain, vous découvrirez à la page "Vous avez loupé" une surprise de taille… Je continuerai vaille que vaille ce blog en creusant le sujet qui me passionne et en essayant d'apporter un regard quotidien sur ce média qui, si l'on n'y prend garde, risque de se faire enfermer dans des images pipole, où les "coups" et les vedettes feront le buzz au détriment du travail quotidien des "fourmis", qui œuvrent, elles, à l'art radiophonique.

(1) soit, environ depuis début avril, 200 visites par jour

mardi 22 mai 2012

21 octobre 1969…

 








J'ai évoqué brièvement le 5 mai la présence de Stanley Booth dans Plan B sur le Mouv'. L'occasion pour lui de présenter le livre écrit en 1984 qui racontait la tournée des Stones, au cours de laquelle eut lieu le lynchage d'un spectateur par les Hells Angels. Je me suis plongé dans ce livre (2) et ai tout de suite apprécié le style de Booth qui nous raconte, au-delà des Stones, l'environnement "normal" de ce qui entoure les stars du rock and roll. Nous sommes le 21 octobre 1969, au matin… Dialogue entre David Sandison, "employé" des Rolling Stones, et Stanley Booth, auteur du livre.

"Alors tu sais pour Kerouac.
- Qu'est-ce qu'il a ?
- Il est mort.
- T'as entendu ça où ? ai-je demandé, parce qu'on n'a jamais envie de croire ce genre de choses.
- C'était à la radio ce matin. Il est mort cette nuit. Il vivait en Floride. Tu savais ?"
Je n'ai pas répondu parce que mon esprit était dans le bus Waycross-Macon, Géorgie, juste avant Lumber City, en train de lire une nouvelle dans un bouquin emprunté à la bibliothèque régionale d'Okefenokee, vu qu'il n'y avait pas de librairie à Waycross - l'endroit où ils vendaient des Bibles ne comptait pas. Dans cette nouvelle, une fille mexicaine chantait à un Américain la chanson de Piano red que nous écoutions sur le juke-box au lac où mes potes de lycée et moi allions danser, faire des courses de dragsters et baiser dans nos bagnoles. Je n'avais jamais lu d'histoires comme celle-ci. Dedans les personnages conduisaient vite, baisaient dans des bagnoles, et ça me donnait l'impression d'avoir une vie intéressante, autrement dit comme dans la chanson : "If you can't boogie, you know I'll show you how." (Littéralement : "Si tu ne sais pas danser, je vais te montrer comment on fait?") Puis je me suis souvenu que le seul vrai boulot que j'avais en ce moment était un contrat pour un article sur Kerouac dans le magazine Esquire. Comme j'attendais une réponse des Stones, j'avais reporté mon voyage en Floride pour l'interviewer. Cette pensée m'a ramené d'un coup au présent, assis dans ce canapé, toujours affamé. Finalement, je me suis fait un sandwich au jambon avec une bière. "

Voilà. Je n'avais jamais rien lu sur la mort de Kerouac, ni même retenu l'année de sa mort. Savoir que c'était en 69 (année charnière pour moi) en rajoute dans ma petite "mythologie" de cette année-là. Jeudi 7 juin, France Culture diffusera à 23h "J'ai rencontré Jack Kerouac…".

(1) de 1969 aux États-Unis,
(2) en même temps que trois autres en chantier, "Dance with the Devil", Stanley Booth, Flammarion, 2012

lundi 21 mai 2012

Brèves de radio…


Radio France International
Aurélie Filippetti, Ministre de la Culture et de la Communication, était l'invitée, ce matin, de la matinale de France Inter. Entendre autant de bon sens fait vraiment du bien "RFI est une radio, il serait donc logique qu'on arrête cette procédure (1) qui a conduit parfois à faire de la radio sur la télévision ou de la télévision sur la radio". CQFD. Certains se souviendront des efforts invraisemblables menés par l'État giscardien pour désintégrer l'ORTF (1974) et les non moins gigantesques efforts déployés plus tard pour structurer l'audiovisuel public (France Télévision). Surtout ne tenir compte en rien des gabegies du passé et juste faire plaisir à quelques seigneurs-barons-obligés. Le grand flop Pouzilhac (2) va bientôt franchir le mur du çon. On se réjouit pour RFI !


Plan B… pour Balladur
Vendredi dernier dans son Plan B, Frédéric Bonnaud, recevait l'incontournable FOG. J'ai surtout retenu cette "indiscrétion" de FOG. Au temps où Balladur était mis sur orbite pour atteindre la présidentielle (1995) Mitterrand chantait "Balladur ment, Balladur ment, Balladur est ottoman…" Sur l'air du tristement célèbre "Radio Paris ment, Radio Paris ment, Radio Paris est allemand", lui-même sur l'air de La Cucaracha, chanté par Pierre Dac sur les émissions françaises de la BBC… en pleine guerre des ondes. Mitterrand imitant Pierre Dac ça devait valoir son pesant d'ortolans.

Atelier de Création radiophonique/Centre national des Arts Plastiques
Appel à candidatures

Bouleversifiant
J'apprends, bouleversé, par une gazette informée que les chaînes de radio bouleversent leurs programmes pour "couvrir" le Festival bouleversant Cannes. Nous parlerait-on de tel camelot qui fait à l'identique la même émission bouleversante à Cannes qu'en studio à Paris ou de telle journaliste tendance énervante s'étant principalement déplacée pour parader ? Pas le début du commencement du bouleversement annoncé. Juste un titre de presse, un effet d'annonce et le grand vide intersidéral radiophonique. Le bon andidote
pour se remettre de cette mascarade est de se téléporter Sur les docks qui, la semaine dernière, n'étaient pas en reste pour proposer quelques bonnes toiles de Ciné nostalgie, et le plaisir émouvant de réécouter Françoise Séloron. Et, son doc à lui tout seul, était, lui, vraiment bouleversant ! 

(1) L'intégration forcée de RFI dans France 24 et l'Audiovisuel Extérieur de la France (AEF),
(2) Le manager de l'O.P.A.

dimanche 20 mai 2012

Guy Sono*…



À gauche le sémillant Senaux, l'ingénieur son de l'"Oreille en coin"





Derrière la vitre, en régie, en cabine, des femmes et des hommes de l'ombre font la radio. Si l'on sait tendre l'oreille, ces noms s'égrènent lors des désannonces de fin d'émission. Au fil des ans, ils deviennent des bornes, des balises, des repères dans la galaxie de ceux qui ne "passent pas à la radio" mais sans qui il n'y aurait pas de radio. Ces techniciens du son, ces réalisateurs, ne trouvent une infime reconnaissance de leur fonction qu'une fois l'émission achevée, quand pourtant ils en ont aussi été des acteurs essentiels.

Guy Senaux, dans son très long parcours professionnel à Radio France (il est maintenant en retraite), a "tenu" les manettes de l'"Oreille en coin" pendant 18 ans, toutes les quatre semaines (1), à savoir cent quatre-vingt-six "Oreilles" au plus près des siennes et de celles des producteurs Pierre Codou et Jean Garretto. Cent quatre-vingt-six "Oreilles" avec la kyrielle des Kriss, Claude Dominique, Emmanuel Den, Thomas Sertilanges, Robert Arnaut, Katia David, Paula Jacques, Daniel Mermet et tutti quanti…

Guy rappelle que l'Oreille en coin était la seule émission de France Inter a disposer d'une équipe de production qui y était attachée. L'ingénieur du son et son assistant travaillaient en amont avec les producteurs des différentes émissions qui composaient le menu hebdomadaire de l'Oreille en coin. Cela commençait le mercredi dès 14h pour se terminer, en direct, le dimanche à 19h. C'est vraiment très peu de dire que le travail de (post) production de l'"Oreille" était très élaboré.

Pour être allé plusieurs fois en régie assister "de l'intérieur" à une émission de radio, j'ai toujours constaté une grande complicité entre le réalisateur (genre de chef d'orchestre) et son ingénieur du son. S'ils ne se regardent pas (ils sont en ligne, l'un à côté de l'autre), ils se parlent, s'écoutent, et surtout sont en symbiose de réalisation. Le fluide, le feeling, les ondes passent entre eux. Dans l'entretien que Guy Senaux m'a accordé pour écrire ce billet, il m'a précisé les notions essentielles qui permettent cette relation duelle. Rigueur, travail d'équipe et entente sont indispensables à la bonne marche de l'affaire. Chacun des mousquetaires avait son style, mais Codou et Garretto avaient aussi le leur et cette alchimie a duré 22 ans (2).

Au cours de cet entretien j'ai demandé à Senaux si, dans sa "cabine de pilotage", il n'était pas comme une vigie sur la mer. Il m'a immédiatement précisé être allé à "l'école" de Yann Paranthoën (3) quand, pendant un an, il a été son opérateur à TSF. Belle reconnaissance de Senaux, d'un collègue pour qui la mer était dans les gènes. Senaux évoque aussi la tension qui règne en régie, pas une tension d'énervement ou d'excitation, une tension d'attention extrême, de vigilance, d'anticipation. Avoir l'œil et l'oreille sur tout, veiller à éviter le couac technique (impardonnable), au blanc (tragique), et ne jamais trop lâcher des yeux la pendule qui, impitoyable, imposera à l'heure juste de "rendre" l'antenne pour le flash d'infos.

Senaux est passionnant et passionné. Cette dernière anecdote : "quelquefois c'est dans la vitre, en reflet, que je regardais Garretto et que je suivais les indications qu'il me donnait". "L'Oreille en coin" réalisait chaque semaine un numéro d'équilibriste et ils étaient plusieurs sur le fil. Senaux, professionnel chevronné, a voulu au-delà de son expérience, transmettre. Transmettre non seulement la technique mais aussi l'esprit d'un travail d'équipe qu'il qualifie de compagnonnage. Il parle d'un métier qui est une chaîne (de compétences et de savoirs-faire). Infatigable il participe au projet "son multicanal" de Radio France. Normal quand on s'appelle Sono… (4)

* Quand le courrier arrivait à la Maison de Radio-France, il n'était pas rare que pour l'une ou l'autre des émissions pour lesquelles Guy Senaux officiait, on demandât qui était ce "Guy Sono" ?…

(1) Ils étaient donc quatre mousquetaires : Yann Paranthoën, Édouard Camprasse et Joseph Rémiot, à officier les samedis après-midi, dimanche matin et après-midi de 1968 à 1990. Les trois premières années l'émission s'appelait TSF (+ l'année en cours),
(2) voir le livre de Thomas Baumgartner, L'oreille en coin, Une radio dans la radio, Nouveau Monde Éditions, 2007,
(3) celui que j'appelle l'"inseigneur du son", 
(4) un, deuxtrois

samedi 19 mai 2012

Vous avez loupé (10) …






On commence avec l'oiseau (siffleur), Andrew Bird, qui a participé à une boucle… Surprenant ! Dominique Ané a retrouvé son nom de famille pour passer du musicien à l'écrivain, allez, Y revenir… On reste en littérature : quand "Fip livre ses musiques" cette semaine, il s'agit de Motorman de David Ohle… Et Yves Michaud de s'expliquer un peu plus longtemps sur Ibiza.

 
J'ai moi-même loupé plusieurs épisodes de Cinéma Song, de Thierry Jousse, excellent érudit du cinéma et de la B.O.F. Les deux derniers numéros évoquent Romy Schneider et autres stars françaises. Du bon, du très bon Jousse, qui sait amener images et musiques comme personne… On ne quitte pas le 7ème art pour écouter Jean Douchet qui, cinq soirs de suite, nous aura fait, lui aussi, son cinéma. Sur les docks n'était pas en reste cette semaine qui a proposé quelques bonnes toiles de Ciné nostalgie, et le plaisir émouvant de réécouter un documentaire de Françoise Séloron.

Notre confrère blogueur, Antoine Blin a décidé de couper le son… Allez en prendre quelques réserves pour l'hiver, car ce spécialiste n'est peut-être pas près de revenir musarder sur la toile, après un quinquennat de bons et loyaux services. Chapeau bas, Antoine !

Ici, la semaine prochaine, sur la page "Vous avez loupé…" vous aurez une surprise de taille. Une "offre enrichie" comme ils disent dans la presse quotidienne. Bonne écoute, bonne fin de semaine et, rendez-vous ce dimanche soir à 18h.

vendredi 18 mai 2012

L'Apocalypse est pour demain…

9h hier matin. Je rentre de la mine. De plomb. Un temps ascensionnel s'est arrêté. "Quand la ville dort" aurait dit John Huston. Il fait un froid de canard ! L'essaim de glaces restera au congélateur. Je lâche l'affaire (de la radio) et pars danser avec le diable (1). Je n'ai pas beaucoup envie de faire autre chose. "L'ascenseur… m'a amené lentement au troisième étage, à ma chambre simple avec lavabo. Comme toutes les chambres simples dans les hôtels, celle-ci était chargée de solitude et de mort, comme une incitation à se noyer dans une nuit de solitude." (1) C'est bon le diable est bien là. 

J'ai jamais beaucoup aimé les Rolling Stones mais pas détesté non plus. Bonnaud m'a donné envie de lire ce livre écrit par Booth en 1984,15 ans après la mort d'un spectateur à Altamont (Georgie), lynché par les Hells Angels. Booth a suivi la tournée américaine des Stones en 1969 jusqu'à cet événement tragique. 1969, c'est aussi aux Etats-Unis le tournant d'une décennie qui a vu exploser le rêve hippie, la guerre du Vietnam, l'élection puis la mort de John Kennedy et celle de son frère Bob, puis celle de Martin Luther King. Et celle de Brian Jones, l'autre Rolling Stones. The dream is over. La France elle, rêve encore… mais plus pour très longtemps. Giscard se chargera de plomber les années 70. Le rêve est fini, l'Apocalypse est pour demain…






J'ai beau dire que je lâche, pour quelques heures, l'affaire radio, je fais quand même un petit tour sur Ina.fr et découvre, stupéfait, que "L'Apocalypse est pour demain", le feuilleton de Jean Yanne, et ses soixante épisodes, diffusés sur France Inter en 1977, est disponible à l'écoute. Le délire et les intuitions de Yanne sur la perversité du progrès s'en donnent à cœur joie ! Un Yanne désenchanté et lucide, quand la France ne sait pas encore que les Trente Glorieuses sont bien finies. The dream is over, dansons avec le diable !

(1) "Dance with the devil", l'histoire extraordinaire des Rolling Stones, de Stanley Booth, Flammarion, avril 2012,

jeudi 17 mai 2012

L'art de la radio… Yann Paranthoën (1)

© Michel Follorou



Cette nuit ce n'était pas dur de me réveiller une heure plus tôt que d'habitude pour réécouter Yann Paranthoën ! Quelques heures auparavant j'avais commencé à escalader la "petite" somme que Christian Rosset à dirigée aux Éditions Phonurgia nova (1). Et pour vous en parler je n'ai pas envie d'attendre d'avoir fini de la lire (2). Car, entre l'écoute radio, la documentation radio, mon activité professionnelle et une vie sociale, mon temps de sommeil a beaucoup, beaucoup diminué depuis ce début d'année… Alors, attendre d'avoir lu chaque livre risque de nous mener aux calendes… grecques

Christian Rosset (3) était très bien placé pour rassembler ce qui a fait la matière de l'homme et la matière du son "Paranthoën", les deux fondues en une seule, avec les marques sensibles du granit et de la mer (4). Rosset en introduisant l'ouvrage par "Le fantôme de l'Atelier", pose d'emblée, avec ce titre, la symbolique de Paranthoën : une présence magnétique forte (même au-delà de sa vie) et le sens d'un travail artisanal de "fabrique" pour ne pas dire d'orfèvrerie (avec les mains… et les oreilles).

Comme il est bon de lire sous la plume acide de Rosset : "Seule réponse, un peu ironique, des auteurs d'émissions de création radiophonique à cette dictature de l'actualité à tout prix : revendiquer haut et fort le droit à l'inactualité - à condition, bien entendu, d'entendre ce terme dans son sens le plus critique." Et Rosset de poursuivre "Une œuvre que l'on peut caractériser, d'inactuelle - celle de Yann Paranthoën en est un exemple assez remarquable - est d'abord une œuvre résistante à l'épreuve du temps, indémodable car n'ayant jamais suivi servilement le mouvement dominant, d'une grande exigence, et ne donnant aucun signe d'épuisement."

La chose est dite ! Mettons ce texte au fronton des studios de la Maison ronde et incitons producteurs et productrices à s'en inspirer pour leurs créations. Passons ensuite, par ce "filtre", les émissions des 7 chaînes publiques et regardons ce qu'il "reste", une fois l'opération réalisée. Il en va de même de la mémoire individuelle de l'auditeur qui dans le "tout actu/promo/spectacle" ne retiendra, sans doute, que des choses très fortes, à la fois incontournables et patrimoniales (5).

Alors, mes chers auditeurs, voilà la radio à lire. Voilà la radio à comprendre. Voilà l'occasion de la distinction, pour ne pas laisser le son devenir le parent pauvre de la création radiophonique.

(1) Yann paranthoën, "L'art de la radio", sous la direction de Christian Rosset, Phonurgia nova éditions, Arles, 2009,
(2) et d'avoir écouté et vu CD et DVD qui l'accompagnent,
(3) créateur radiophonique, producteur, compositeur, musicien, il est aussi écrivain et critique de bandes dessinées,
(4) pour ses origines de l'Île grande en Côtes d'Armor, et le métier de son père "tailleur de pierres"
(5) voir mes billets depuis le début de la semaine.

mercredi 16 mai 2012

Cette nuit… Paris-Roubaix







Cette nuit : 2h31-3h21, enfourchez votre radio, réglez-la sur France Culture et, essayez de suivre Yann Paranthoën et Claude Giovanetti, qui eux ont suivi, le 12 avril 81, un Paris-Roubaix qui a vu la victoire du Blaireau… Ce documentaire obtiendra le prix Italia la même année.

À Joinville-le-Pont…

Sortie des studios Pathé

Faites vous-même le test ! Choisissez le nom d'une productrice, d'un producteur de radio ou d'une émission dans votre panthéon personnel. Dès que ce nom s'affiche dans vos souvenirs, immédiatement vous situez une époque, une anecdote, un contexte particulier, une émotion… Eh bien, quand j'entends prononcer le nom de Françoise Séloron, je bloque cash sur un "Changement de décor" (1) éblouissant qui avait pour titre "Le cri du cochon". Mazette, quel moment de radio ! Et pourtant Françoise Séloron a produit plus d'un documentaire sur France Culture… Il n'empêche, c'est celui-là qui fait (pour moi) sa "marque de fabrique". Comme pendant longtemps j'ai associé Irène Omélianenko à "Canelle" l'ourse des Pyrénées alors qu'Irène n'est ni une ourse, ni des Pyrénées…

Donc en regardant bien le programme de "Sur les Docks" je constate la semaine dernière que France Culture rediffuse aujourd'hui à 17h "Les bords de Marne – Silence, on tourne. Silence, on coule : les studios de Joinville" (2). Et là, si le nom de Françoise Séloron y est attaché, je fonds… J'ai écouté la version "courte" de 53'. D'abord on se prend un bon coup de nostalg' avec l'indicatif des "Nuits magnétiques" et on enchaîne avec un certain âge d'or du cinéma français et les souvenirs de Roger Pierre, Willy Ronis ou Max Douy. L'histoire s'installe, les images de films se superposent, les chansons et les musiques fixent l'esprit de l'époque. On est sur l'eau et l'on distingue sur la rive la guinguette "Chez Eugène" où il ferait bon manger une frite avec les frères Prévert ! Que dire de plus ? Comme Marion Thiba (3), Françoise Seloron nous emmène au cœur de ses documentaires. Et quand on  est dedans on n'a pas envie d'en sortir trop vite… 

Et maintenant on a très envie de réécouter la belle série "Sur les bords de Marne", et enfoncer le clou : les "longs" documentaires sont possibles en radio, sont possibles en soirée et peuvent participer de programmes qui traiteraient d'autre chose que de l'actualité, qu'elle soit culturelle ou non !

Le documentaire de Françoise Seloron complète les deux autres numéros que "Sur les docks" a programmés cette semaine. (4)

(1) France Culture, 1997-1999, le mardi 17h, productrice-coordinatrice Laurence Bloch, actuelle directrice adjointe aux programmes de France Inter,
(2) Il faut préciser que ce documentaire faisait à l'origine partie d'une série de quatre, "Les bords de Marne", d'une durée d'1h20mn chacun (réalisation Medhi El Hadj), diffusés dans les "Nuits magnétiques"… sur France Culture, créateur de l'émission à son origine : Alain Veinstein,
(3) autre productrice "historique" de France Culture,  

mardi 15 mai 2012

Une étoile et un lion…

Jusqu'au 65ème festival de Cannes qui en fait son affiche, Marylin n'en finira donc jamais de nous séduire ! Les Ateliers de Création Radiophonique décentralisés (1) ont produit pour l'occasion une série radiophonique documentaire : "Marylin Monroe : un destin au féminin" en dix épisodes de 3'50" (2). Cette série diffusée sur France Bleu (3) surprend par son séquençage. Comment est-on passé de 15 mn en 1995 à moins de quatre minutes en 2012 ? Qui donc a bien pu décider qu'un documentaire ne pouvait passer le cap des 4mn ? Sûrement pas les promoteurs d'origine Jean Izard et Didier Béraud (4) ?

Pourquoi sur France Bleu un feuilleton ne pourrait pas durer comme sur France Culture… 25 mn ? Alors que cette série est programmée dans les différentes locales du Grand Ouest entre 13h44 et 15h50 et le début d'après-midi propice à l'écoute. Mon réflexe d'auditeur est de vouloir écouter en continu les 35 minutes, c'est un temps "normal" pour écouter une histoire, non ?…

Hier je m'interrogeais sur la durée du documentaire à France Culture, là je tombe de l'armoire ! Je viens d'écouter "en direct" le 2ème épisode de la série. On va entrer dans l'histoire, on nous donne les clefs, on commence à savourer le plaisir de retricoter l'histoire de Marylin et "patatrac" c'est fini. Il faudra attendre demain. Je n'attendrai pas demain. J'écouterai les 10 épisodes à la suite en imaginant bien comment, auteur, réalisateur et producteur ont dû énormément s'"auto-censurer" pour ramasser les vies de Marylin en 35mn. Au final ils doivent être frustrés et nous le sommes aussi.

C'est quoi ce formatage de "bande-annonce" ? C'est quoi cette idée qui voudrait qu'un auditeur ne pourrait se concentrer plus de "x" minutes sur un récit ? Qui décide de ça ? De quel piédestal ? Au nom de qui ? Pourquoi ? C'est invraisemblable ! Comment apprécier un travail de création quand les instants qui précèdent comme ceux qui suivent n'ont rien à voir avec le sujet ! Le feuilleton tombe complètement à plat ! Un minimum de mise en situation aurait été nécessaire. Ce ne doit pas être difficile de choisir deux musiques (avant et après) ou quelques mots qui mettraient en valeur le documentaire…

Donc je ne comprends pas comment avec la richesse de création de ces Ateliers on a pu en arriver là ! J'espère pouvoir disposer prochainement d'éléments de réponse. (à suivre)

Voir aussi sur le site de l'ina.

(1) En 1985, sous la présidence de Jean-Noël Jeanneney et la direction générale de Jean Izard, Radio France inaugurait à Nice le premier des Ateliers de création radiophonique décentralisés...
(2) Réalisation : Christophe Artous, Production : Gérard Coudert ,
(3) à des horaires variables suivant chaque "locale",
(4) secrétaire général de la décentralisation,

lundi 14 mai 2012

Lettre ouverte à Anne-Charlotte Pasquier…



De l'usage du serpolet…
Il a fallu que ça tombe sur vous ! Cela fait dix mois que j'écris ce "feuilleton de la radio" et aucune "lettre ouverte" n'y avait encore été publiée. Et "bing" la première elle est pour vous. Vous avez de la chance ! Enfin, je ne sais pas vous, mais moi si. Samedi matin, j'écoute votre documentaire. Votre belle introduction m'accroche : je suis partant. Et je suis parti, et me voici aussitôt avec vous en Combrailles (1) Et, je ne sais pas pourquoi j'ai pris avec moi le parapluie de berger de Yann Paranthoën. Comme ça pour rien. Ou pour m'abriter. Qu'il pleuve ou qu'il vente, "il" sera là. Et pourtant, je n'ai vraiment pas l'habitude d'ouvrir le parapluie.

Samedi matin, donc, j'ai pris du temps pour vous et je vous ai bien écoutée. Je n'ai rien fait d'autre et quand ça a commencé à finir, j'ai regardé mon horloge. Une grosse Vedette qui fait un peu de bruit quand elle se "regonfle" du temps. Et, dans mon For intérieur, je me suis dit "C'est pas possible, c'est pas fini, pas déjà…". Si j'avais été sur les genoux de ma grand-mère je lui aurais demandé "Dis, Mamée, pourquoi, ça s'arrête déjà ?". Sacrebleu, mais c'est quoi cette interruption volontaire des programmes ? C'est quoi cet arrêt brutal, alors que nous étions encore sur le seuil des Rougier ou prêts à courir la campagne avec Jean Guérard ? C'est quoi ce séquençage de 55 mn ? Alors que dans votre besace j'imagine qu'il doit bien y en avoir encore pour 30 ou 40 minutes, non ? J'ouvre mon parapluie. Pour rien. Pour entendre Yann Paranthoën qui parle de ce métier qui est aussi le vôtre. Bon, qu'il y ait un format, comme ils disent, va pour le format. Mais pourquoi ne pas le multiplier ? Par deux, par trois, par dix ? Et plus si affinités, comme ils disent aussi.

J'ouvre le parapluie. "Le monde, le monde, le monde…". Ça me rappelle Charles qui faisait le cabri avec "L"Europe, l'Europe, l'Europe…". Le monde, l'Europe, bien sûr. Mais pourquoi pas la France, là ? En épisodes, chaque jour, pour se retrouver autour d'une histoire. On tirerait le banc, devant la porte. On s'installerait au balcon dans son fauteuil ou dans le creux de son lit, avec juste les oreilles qui dépassent. En pavillon. Les yeux plissés, juste avant de sourire ou de rire. Ou juste avant de laisser venir les larmes. Plus belle la vie. Je me blottis sous le parapluie, car là, je sens que vous allez me jeter des pierres. Mais non "Plus belle la vie" ce n'est pas le titre de la série. C'était juste comme ça, pour dire que ceux qui la regardent, ils en parlent toujours le lendemain. Alors, à la radio, ce serait bien aussi d'en parler le lendemain.

Allez, voilà, j'ai la rime : "Le Pays d'ici". Des projectiles de toutes sortes volent dans ma direction, et vous vous écriez, les mains en porte-voix, "Fañch, arrêtez de ressasser, pitié, arrêtez ! " Mais je ne ressasse pas, Anne-Charlotte, je ne ressasse pas, je cherche au-delà d'un titre, à proposer une place incontournable pour le documentaire. "Qu'est ce que vous diriez des Grandes traversées ? " Non, ça c'est l'été ! Il faudrait alors reprendre le même principe et l'adapter sur toute l'année. Qu'en pensez-vous ? Ben voilà, je crois que j'ai trouvé, ce serait "Les grandes soirées", ça commencerait à 21h et ça irait jusqu'à minuit et là, il y aurait de quoi faire des histoires qui courent sur plusieurs soirs… magnétiques. "Non, non arrêtez de me frapper. C'était juste un bon mot… Pour rire. Quand même je suis surpris par… votre frénésie dès que j'évoque à demi-mots les riches heures de la radio !…"

Voilà Anne-Charlotte, après ma virée samedi en Combrailles avec vous, je n'ai pas pu faire la sieste. Cette histoire m'est venue et je vous l'ai écrite, même si je ne vous connais pas. Alors si vous partagez un peu mon point de vue, peut-être aurez-vous envie, à votre tour, de le faire partager à ceux qui travaillent avec la même passion que la vôtre ? Vous n'aurez qu'à leur dire que je suis un peu illuminé, certains même, disent "irradié" !

J'ai repris mon parapluie de berger et je suis parti marcher. Tout en marchant, j'y ai repensé, je crois que, de ma vie, je n'ai jamais vu de serpolet… Je pousserai bien jusque chez Jean. Il m'en montrerait et m'y ferait goûter. Et puis là, on se raconterait des histoires car "on aura toujours besoin de rêver…"

(1) Ce jour, 17h, France Culture, Sur les docks, Production : Anne-Charlotte Pasquier, Prise de son : Chantal Nouvelot, Réalisation : Anna Szmuc.

dimanche 13 mai 2012

Dans un an et un slow…


S'il s'agit de Claude Dominique (1), je ne peux impunément écrire (2) sans, à mon tour, tourner, retourner, détourner les mots, les raturer, les reprendre, en rajouter, en soustraire et les (dé)gommer pour mieux les (ar)ranger sur un plateau. Ce plateau d'orfèvre que cette productrice magique savait nous offrir chaque samedi dans l'"Oreille" et, quelques années plus tard, pour les Ateliers de Création Radiophonique (3).

Dans chacun des 40 épisodes de quinze minutes de cette série, "Dans un an et un slow", Claude Dominique a ramassé serrés, les évènements d'une année (4), coincés entre les plis de la mémoire de chansons que tout le monde a fredonnées : de Mireille à Sardou, de Lio à Brel, de Dassin à Barbara. De ce patrimoine (en)chanté, elle a su tricoter de jolies petites perles de pluie… (de souvenirs).

Claude Dominique c'est la fraîcheur, la joie, l'espièglerie, la ruse et la malice. Voilà le meilleur mot : la malice. De ce mot à peine murmuré, elle en aurait aussitôt fait une ritournelle sans vice, en moins de temps qu'il n'en aurait fallu à Elvis, pour se déhancher le pelvis.

C'est dimanche, le soleil est froid mais le soleil est là. "Dans un an et un slow" tourne sur ma platine (5). Claude Dominique suit le mouvement, tourbillonnante sur le centreur. Elle ne parle plus. Avec grâce, elle tourne et danse, et l'on voudrait, comme pour un slow, que jamais cela ne s'arrête…

J'ai bien ici conscience que, sans le son, vous êtes à plus d'un titre frustrés. Je ne peux rien y faire, si ce n'est demander aux responsables de France Bleu, de remettre à l'antenne ces quarante petites madeleines de radio. Ce que je fais à l'instant même où ce billet est publié.

(1) productrice radio, principalement à France Inter, "L'oreille en coin", et sur d'autres chaînes du groupe Radio France,
(2) j'ai lâché le clavier pour la feuille de papier,
(3) En 1985, sous la présidence de Jean-Noël JEANNENEY et la direction générale de Jean IZARD, Radio France inaugurait à Nice le premier des Ateliers de création radiophonique décentralisés... nés des "radios locales" qui deviendront France Bleu.
(4) de 1950 à 1989,
(4) lire lecteur de CD,

samedi 12 mai 2012

Vous avez loupé (9)…

Anne Wiazemsky


Une fois n'est pas coutume, je commencerai par quelque chose à venir ! Je suis en train d'écouter histoires en Combrailles (1) et c'est très émouvant. Anne-Charlotte Pasquier, qui a réalisé ce documentaire nous met tout à fait en condition en disant : "J’ai quitté la grand-route, je me suis engouffrée dans les sentiers, et très vite, au fil des rencontres, je les ai senties bruisser autour de moi : les histoires.". C'est un Sur les docks, comme je les aime, vivant, profond, intime, avec, derrière les mots, sa part de secrets et de silences. C'est, enfin, un temps arrêté, à la mesure de ce pays des Combrailles, le moins peuplé de France. C'est plus fort que tout ce qui, petit à petit, envahit la chaîne, à savoir l'actualité (à toutes les sauces).

Ce vendredi, Libe.fr, nous annonce dans sa livraison "audio in vivo" un curieux phénomène. Le phénomène s'appelle Alexis Malbert et il collectionne les manipulations sonores. De là, il vous faudra faire un petit saut pour aller écouter Erwan Pastol, lauréat 2011 de la bourse Payot des Radios Francophones Publiques.

Pour parler de "Babel nuit", son troisième roman, Tania de Montaigne (2) a eu la bonne idée de faire faire un exercice particulier à Philippe Garnier, son auteur(3). Puis le lendemain Alexandre Héraud, autre ténor d'Ouvert la nuit, s'en est pris à Kerouac. Pour prolonger ces bonnes choses de littérature il faudra, Au hasard Balthazar, vous rendre jusqu'au feuilleton de France Culture pour écouter Anne Wiazemsky. Feuilleton qui, la semaine prochaine, vous permettra d'aborder les rives du tome 2 de Millénium

Et si vous n'êtes pas encore allés voir l'expo Crumb, vous pouvez vous y préparer, . Je retourne en Combrailles et, vous donne rendez-vous, demain dimanche à 18h, pour une petite madeleine dominicale.

(1) Sur les docks, France Culture, lundi 14 mai, 17h
(2) Ouvert la nuit, France Inter, 21h, jeudi 10 mai, 
(3) J'y reviendrai bientôt à ma façon !

vendredi 11 mai 2012

Un "cinglé" d'Averty en vaut deux ?…



Du music-hall ? Sûrement ! De la télévision ? Tout autant… Car pour ce qui concerne ce média Jean-Christophe Averty a dès les années 60 "décoiffé" la narration par les images, se jouant jusqu'à l'outrance des techniques et des effets spéciaux, et laissant bien souvent à l'époque le téléspectateur circonspect, pour ne pas dire totalement désemparé. Mais revenons-en à la radio. Quotidienne à sa création en 1978 sur France Inter, son émission deviendra hebdomadaire sur France Culture (1). Le personnage radio d'Averty valait autant par lui-même que par son sujet. Inspiré, précis jusqu'à la caricature (2), érudit, passionné, vibrionnant, Averty enchantait ses sessions de music-hall et, dans la modernité rouleau-compresseur ambiante, agite le grelot désuet d'une musique populaire en voie d'oubli. Averty était magique, mais l'âge sûrement, lui a imposé de refermer sa boîte à trésors, nous laissant, à jamais, orphelins de son zézaiement si sympathique

Si je vous reparle d'Averty aujourd'hui c'est parce qu' "Aux termes d’un accord qui vient d’être signé, Jean-Christophe Averty a confié à l’Ina la gestion de ses droits d’auteur-réalisateur sur l’ensemble de ses Œuvres, ainsi que la conservation et la sauvegarde des supports correspondants. L’Ina devient ainsi le dépositaire unique de l’ensemble des oeuvres télévisuelles et radiophoniques de ce prestigieux réalisateur, et se voit confier la mission de valoriser l’ensemble de ses oeuvres pour tous modes d’exploitations, et dans le monde entier. L’Ina se voit également confier, dans le cadre de ses missions d’archivage, tous les documents d’accompagnement, c’est-à-dire les notes, les conducteurs et les scénarii.

Après son travail  de pionnier à la télévision, il n’hésite pas à se lancer avec la même créativité dans la RADIO tout au long de ses émissions « Les cinglés du Music-hall » pour lesquelles il écrira pour chacune d’elles tous les textes richement documentés, lus en direct avec la verve qu’on lui connait et son célèbre: « Tous à vos cassettes… ! »" (3)

Guettons alors avidement la mise en ligne, par l'Ina, de quelques-unes de ses pièces radiophoniques d'anthologie !

(1) le lundi, mais je n'ai pu dater précisément ses débuts sur la chaîne, l'émission ayant pris fin à la fin de la saison 2006 (à vérifier)…
(2) il donne avant ou à la fin de chaque morceau le "matricule", le lieu et la date de l'enregistrement,
(3) communiqué de presse de l'Ina.