* Le Président Pompidou représenté en une |
Un grand pédagogue français, Célestin Freinet, conseillait pour une bonne progression et acquisition des savoirs de ne pas chercher "le résultat avant d'avoir engagé la démarche". Ni Macron, ni Riester n'auront eu la chance de profiter de cet enseignement là ! Le résultat est donc là : France Télévisions, Radio France, France Médias Monde et l’INA vont être regroupées sous la holding "France Médias" (FM pour les intimes). Trois de ces sociétés ont dans leur nom le mot "France". Il eût sans doute été un peu lourdingue de nommer la holdingue "Radio France Télévisions Ina Monde" (1).
Réforme qui, à l'horizon 2021, permettra de sortir du vocabulaire audiovisuel les mots "radio" et "télévisions" allègrement remplacés par "audio" et "vidéo" sous l'ombrelle bienveillante d'une ou plusieurs plateformes. La Pédègère ou le Pédégé de "France Médias" aura la main sur le budget global de ces quatre sociétés qu'il répartira suivant son bon vouloir, ses objectifs ou ceux largement conseillés par les tutelles (Finances, Culture) qui distriburont la manne.
Retour à Télé et radio d'État ?
Le CSA ne nommera plus les Pdg des sociétés audiovisuelles publiques (2). Même si l'État ne sera représenté au Conseil d'Administration de la holdingue que par trois membres, on peut imaginer les jeux d'influence dont, de fait, ni le CSA, ni la nomination directe par le Président de la République n'étaient exempts. Plus grave la dotation budgétaire respective des quatre sociétés au bon vouloir du C.A. de France Médias va de fait lourdement influencer l'éditorial de chaque société, quand Riester se défend que la holding y interfèrera.
L'heure est grave |
On a donc ajouté une couche supplémentaire d'orientation et de décisions. Le mille-feuilles ou l'usine à gaz audiovisuelle ne risque t-ils pas de devenir très vite ingérables comme l'était l'ORTF dont ses fossoyeurs en avaient fait l'argument pour le démanteler. Cette reconstitution de ligue dissoute risque de brouiller gravement les cartes. Dans ce mécano technocratique à souhait, les marketeurs vont s'en donner à cœur joie. Que va t'on vendre au public : Radio France ou chacune de ses chaînes, la holdingue et chacune de ses sociétés ? Pourquoi faire simple…
Viendront ensuite les luttes d'influence des quatre sociétés entre elles. Sociétés qui, depuis la publication du rapport Schwartz (3) savent qu'elles vont devoir absolument se concerter et établir des projets en synergie. La réunionnite va fonctionner H24 ! Mais très vite comme c'est le cas à FTV où les directeurs de chaîne ont disparu (pour des directions thématiques transverses), les directeurs des sept chaînes de radio pourraient à leur tour disparaître pour créer un super directeur éditorial (4). Et peut-être que la "direction (transverse) des sports" intègrera Radio France, FTV, RFI ? Joli remue-ménage en perspective !
Soit destructurer, déstabiliser, fragiliser des personnels aux cultures audiovisuelles différentes. Cette mue inéluctable de l'audiovisuel public va s'accompagner d'un management pyramidal très lourd pour lequel on risque en vain de chercher l'agilité. Agilité, mantra introduit à Radio France par l'agile Gallet et, repris in-extenso par l'agile Veil (Pédégère de Radio-France). Ajoutons l'agilité de Marie-Christine Saragosse (FMM) et celle de Laurent Vallet (Ina) et l'on peut être assuré que ça va courir dans tous les sens !
Voilà donc quelques perspectives à court terme pour l'audiovisuel public et un immense flou sur les nouveaux contenus "trimédias" (audio, vidéo, internet) disponibles sur tous les supports et… en podcasts assurément !
Ce n'est qu'un début…
(1) Ou de regrouper ces quatre sociétés sous le nom H.O.R.T.F., Holding de Radio et Télévision Française. Rappelons que sous l'ex-ORTF (1964-1974) les fonctions d'archivage et de conservation faisaient partie des missions de l'Office. Lors du grand démantelement (août 74) ce qui allait devenir l'Ina a été à la dernière minute ajouté aux 6 autres sociétés qui remplaceront l'ORTF !
(2) Ces sociétés seront dirigées par des directrices ou directeurs généraux qui seront nommés par leurs Conseils d'Administration respectifs. "France Médias sera dotée d’un conseil d’administration composé de douze membres nommés pour cinq ans. Ces derniers seront choisis par l’Etat, le Parlement et les représentants du personnel. Comme dans une entreprise privée classique, c’est ensuite le conseil qui désignera son PDG, qui sera ensuite nommé par décret présidentiel." (source Le Monde),
(3) Schwartz, mars 2015 : Face aux défis à venir, et aux contraintes croissantes pesant sur les finances publiques, il paraît nécessaire que l'État pèse davantage sur le dispositif des médias de service public. Si tel n'était pas le cas, il sera difficile d'écarter la tentation d'un rapprochement organique entre les sociétés ayant appartenu jadis à la même entité. La structuration actuelle qui remonte à l'éclatement de l'ORTF, à une époque où radio et télévisions publiques disposaient d'un quasi monopole, peut en effet être interrogée, à l'âge de la convergence des médias, de la transition numérique et de l'élargissement de l'univers concurrentiel à des acteurs mondiaux venus d'Internet."
(4) Comme l'était Frédéric Schlesinger à la nomination de Mathieu Gallet comme Pdg en 2014,