mardi 24 octobre 2023

Fip pile, Fip face… Comme un dilemme !

Oh la journée d'hier a très bien commencé ! À l'écoute de Fip. 9h32/Lee Hazlewood/Boots. 9h37/John Lee Hooker/No shoes. 9h52/Johnny Guitar Watson/Superman Lover. 9h57/The Funk Revolution/Scarlet Runner. 10h09/Them/Gloria (frissons). 10h19/Mito & Comadre/Guajirando. 10h23/Jasual Cazz/Double Comète. 10h27/Taggy Matcher/Radioactivity. 10h38/Dominique Fils-Aime/Our roots run deep. 10h41/Madeleine Peyroux/Don't wait too long. 10h49/BarryWhite/ Never gonnagive you up. 10h54/Tamaradah/Abebayehosh. 10h58/Martina Topley Bird/Too tuff to die. Oh yeah ! Treize sélections de la programmation de M. Dimitri Delpardo, programmateur à Fip ! (1)











Mais la joie ne s'est pas arrêtée là ! Et à 11h16, on arrête le moulin à café, le moulin à paroles, le moulin de Pantin et on ne bouge plus. William Devaughn/Be thankfull for what you got. Comme l'impression de connaître ce titre depuis 1974. Peut-être ? Mais non. Ou sans y prêter assez d'attention ! Merci à Luc Frelon, autre programmateur Fipesque (et improbable !) d'avoir éclairé ma lanterne et informé que les sympathiques Massive Attack en ont fait une reprise en 1991 (alboum Blue lines). 11h23/Radiohead/Creep (acoustic). 11h32/Kendra Morris/Playing games. 11h35/Montell Jordan/Get in on tonite. 11h40/Total Control/Futur creme. 11h51/Dylan Moon/Look. 11h56/La Chica/Drink. 11h59/Czesare/Czesare. 12h10/Adélys/Le déluge. 12h13/Andrew Bird/Funeral. Programmateur Christian Charles. Merci Luc Frelon de l'avoir… dénoncé ;-)

Ça c'était le côté Pile. Avec très souvent pour ne pas dire tous les jours de très bonnes choses à se mettre entre les oreilles ! Le côté Face, c'est l'institution Jazz à Fip, gravée dans le marbre et co-créé par Jean Garretto (l'inventeur avec Pierre Codou de France Inter Paris en 1971) et, a minima, par Julien Delli-Fiori, programmateur et, quelques années plus tard, directeur de l'antenne (2010-2014). Pour ceux qui aiment le jazz (bien joué la citation Fañch), (2), c'est le bon moment de la journée. Mais voilà que depuis la rentrée (ou peut-être en fin de saison dernière) à été confiée à Marjolaine Portier-Kaltenbach l'animation de cette tranche jazz. Pourquoi pas ? Mais pourquoi ici l'animatrice est nommée, quand toutes ses collègues ne le sont pas ? Pourquoi à la différence de ses collègues a t-elle "son" émission ? Jazz à Fip serait l'emblème de la station ? Bigre ! 

Ce glissement de personnalisation déroge aux principes même de ce qui depuis 1971 est le fondement de la station. Les animatrices (on peut le regretter) ne sont pas identifiées. Les choses peuvent évoluer mais c'est difficilement compréhensible que toutes les animatrices ne soient pas sur le même pied d'égalité (3) ! Le fin du fin s'entend quand l'animatrice de la tranche 15h30-19h pré-annonce Jazz à Fip en nommant… Marjolaine Portier-Kaltenbach et son invité. L'une est nommée, l'autre pas ! Une drôle de couleuvre à avaler non ?

Je ne doute pas que Ruddy Aboab, le directeur, a un avis sur la question. Il n'empêche, je ne comprends pas… et j'aimerai comprendre.

(1) Que son p'tit camarade de bureau, Luc Frelon appelle le Kid ! 
(2) "Pour ceux qui aiment le jazz" de Franck ténot et Daniel Filipacchi, Europe n°1, dès 1956,
Et aussi "Certains l'aiment Fip" de Susana Poveda et Denis Soula, le dimanche à 20h ! Ces émissions personnalisées "inventées" par Anne Sérode, directrice météorite, (2014-2017).

lundi 23 octobre 2023

Des farces… à en pleurer !

Rien ne va plus ! On a fait nos jeux et on a perdu. Perdu même ce petit coin protégé le dimanche à la radio qui bouleversait la grisaille de semaines routinières. Tous ces très grands moments d'évasion imaginaires, en roue libre ("Dimanche en roue libre", Kriss, 1996-1999, France Inter) totalement libres de ne pas ressasser l'actualité de la semaine. Ce dimanche je n'ai pas d'autres choix que de revenir sur quelques farces médiatiques dont l'audiovisuel public a le secret.

E.T.













Maison
À l'inverse d'E.T. Jean-Pierre Elkabbach ne montrait jamais du doigt le bâtiment en verre de France Télévisions en geignant "Maison, maison…". Après avoir du démissionner de cette société d'audiovisuel public pour l'attribution outrancière de contrats mirobolants à des animateurs/producteurs de facéties, Elkabacch a poursuivi sa conquête irrésolue du pouvoir. Puis il est mort le 3 octobre. Mais à France Télévisions il restait une personne croyant à son immortalité, Delphine Ernotte, sa Pédégère. Moins de deux jours après le décès du journaliste, autrefois conspué un certain soir du 10 mai 1981, Ernotte décida de baptiser le siège social de FTV "Maison Jean-Pierre Elkabbach". On peut bien, sans être devin, imaginer que ce nom ne sera jamais usité et qu'il rendra perplexes, dans vingt ans et même moins, les gens qui passeront le seuil de cette "Maison". Ça risque fort de faire pschitttt !!! À moins que ça ne donne des idées saugrenues à la Pédégère de Radio France qui pourrait re-re-baptiser la Maison de la radio. Je laisse à votre sagacité imaginer tous les noms possibles et inimaginables qui pourraient sortir du chapeau, dont le plus improbable serait "Lucien Jeunesse".

Infusion, diffusion, fusion…
Ah si seulement j'avais pu être titreur au Canard enchaîné !  Le 4 mars 2015, Marc Schwartz, conseiller référendaire à la Cour des Comptes, remettait à Fleur Pellerin, Ministre de la Communication, son rapport sur l'avenir de France Télévisions, intitulé "Le chemin de l'ambition". Les professionnels de la profession médiatique s'en souviennent-ils ? Pas tous sûrement, à lire leur dithyrambes sur la future "fusion" de France Bleu et France 3. Et sûrement pas Cyril Petit qui le 17 octobre, suite au raout à Rennes dans les locaux de France 3 de Mesdames Ernotte et Veil, parlait entre guillemets de "révolution copernicienne".  Non sans blague ? Autant dire que je me suis tapé sur les cuisses un bon quart d'heure ! 

L'infusion est en marche, a minima, depuis la remise du rapport Schwartz. À cette époque ni Ernotte, ni Veil n'étaient aux commandes de l'audiovisuel public. Ni l'une ni l'autre d'ailleurs n'y exerçaient la moindre fonction. Un an et demi plus tard après la création de franceinfo/tv un cadre de Radio France m'informait que le prochain étage de la fusée (1) concernerait la fusion de France Bleu et de France 3. C'était il y a sept ans déjà.

Depuis les effets de manche, d'annonce, de désannonce, de loi tuée dans l'œuf n'ont pas manqué d'infuser la société française. Les diffusions de ces communications hasardeuses ont noirci des pages et des pages de tribunes et autres expertises (superfétatoires) jusqu'à siffler la fin du match en décrétant une révolution copernicienne. Et ta sœur serai-je tenté d'écrire ? Pauvre Copernic comme si la platitude (sic) de la Terre pouvait etre comparée à la platitude de l'engagement de l'État pour l'audiovisuel public, qu'il vaudrait mieux appeler désengagement.

La fusion qu'il ne faut surtout pas appeler comme ça, est à point, pour ne pas dire mûre ! "Une ligne éditoriale commune, une marque unique, une union des moyens. Mais ce n’est pas une fusion, insistent les patronnes de l’audiovisuel public, chaque média gardant ses particularités... et ses salariés " précisent Ernotte et Veil à Ouest-France (2). Qu'est-ce qu'on se marre ! On en reparle dans trois ans pour voir ? D'ici là la marque (autrefois on aurait dit le nom) ICI pourra prêter à tous les jeux de mots : ICI est là !


(1) La fusée HORTF (HOlding de Radio et Télévision Française),
(2) Article cité, 

lundi 9 octobre 2023

Radio vs TV un long feuilleton au dénouement proche !

 Il y a tout juste huit ans et demi, le 5 mars 2015, Marc Schwartz conseiller référendaire à la Cour des Comptes, remettait à Fleur Pellerin, Ministre de la Communication, son rapport sur l'avenir de France Télévisions, intitulé "Le chemin de l'ambition" (1) La veille en soirée, je prenais la peine de lire en diagonale ce rapport de 122 pages (sans les annexes) parce qu'il y avait de la radio dedans. ""Le manque de coordination [des acteurs de l'audiovisuel public] a trouvé une expression récente lors de l'annonce, à quelques jours d'intervalle, du souhait de Radio France de disposer d'un "service global d'infos en continu qui mélangerait la radio, la vidéo et le numérique", puis de celui de France Télévisions de lancer une chaîne d'informations en continu en numérique, courant 2015." Début d'un long processus technique et administratif pour engager Radio et TV à se fondre dans une entité commune même si le rapport ne l'évoquait pas aussi précisement.




Depuis par petites touches ou par le coup de pied de l'âne, l'État (actionnaire des audiovisuels publics), son bras armé Bercy et l'autorité de régulation (CSA, puis Arcom) avancent leurs pions pour qu'il n'y ait d'autre alternative que la fusion (Radio France, France Télévisions, France Média Monde, Institut National de l'Audiovisuel) avec ou sans loi, entre dans les faits et bouleverse définitivement des pratiques autonomes héritées de la loi d'août 74 qui mettait fin à l'ORTF. Depuis presque trois ans on entend ânonner Delphine Ernotte et Sibyle Veil (Pdgères de France Télévisions et Radio France) faire état de la formidable innovation des matinales filmées de France Bleu disponibles sur France 3. La belle affaire ! Une façon comme une autre de préparer les esprits (des auditeurs-spectateurs), de pousser à marche forcée les équipes professionnelles à travailler ensemble, de donner des gages à l'État d'un semblant de fusion. Fusion "douce", fusion d'affichage, fusion "1er étage de la fusée".

Le 4 octobre dernier l'Arcom formule treize recommandations sur les Contrats d'Objectifs et de Moyens (COM) 2024-2028. Parmi celles-ci le régulateur incite FTV et RF à établir un pilotage unifié pour ce qui concerne France Bleu et France 3. Le lendemain Delphine Ernotte en verve combative annonce : "Je souhaite dans les prochaines années lancer un acte 2 dans cette décentralisation de France Télévisions… qui passera par une union entre France 3 et France Bleu". Elle ajoute : "Nous avons la volonté commune avec Radio France d'aller beaucoup plus loin en pensant un projet éditorial commun, une marque unique, des rapprochements immobiliers, des gouvernances uniques", a-t-elle dévoilé, travaillant à une "véritable union éditoriale et de moyens" et à "un projet très structurant" (1).

C'est clair non ? C'est même en béton armé. Toutes les roucoulades, jérémiades et autres galéjades qui voulaient rassurer sur la non-fusion des deux entités s'apparentent donc à du burlesque ou du très mauvais vaudeville. Nous voilà prévenus et au premier chef les personnels concernés. Cet étage 2 de la fusée préfigure le troisième qui verra la fusion à moyen terme "logique" des quatre audiovisuels publics.

Jusqu'en 1982 (2) les stations régionales de radiodiffusion crées avant 1980 opéraient sous l'égide de France Région 3 (FR3). Cette dernière pouvait fièrement le revendiquer (logo d'illustration de ce billet). Quarante deux ans plus tard (en 2024) ce sont toutes les stations régionales de France Bleu qui risquent de "rentrer au bercail" ou pire d'être absorbées par la TV. Comme disait Jules "le (mauvais) sort en est jeté !".

(1) La Correspondance de la Presse, 5 octobre 2023,
(2) 27 juillet 1982 : loi sur l'audiovisuel, attribution à Radio France des radios FR3 ; où l'on
apprend aussi que "les radios publiques locales seront transformées en sociétés régionales.

samedi 7 octobre 2023

Quatre belles émissions de radio : Ferré, Pénet, France Musique…

Vous savez quoi ? J'ai écouté quatre émissions consécutives de radio. Si, si de radio. Mais, si vous croisez Sibyle Veil, Laurence Bloch ou Laurent Frisch (1) n'en dites rien. Ce mot même de radio n'est plus dans l'air du temps. Il s'agit d'être moderne (digital), d'effacer le passé (flux), de fanfaronner (podcasts) et surtout, surtout de démanteler la production radiophonique, jeune centenaire (1921), qui ne devrait plus exister que par le filtre de l'audio. Pourtant il y a bien sur France Musique, le dimanche, l'émission de Martin Pénet "Tour de chant".

Léo Ferré



Cette émission patrimoniale de la chanson a gagné une demi-heure supplémentaire depuis la rentrée. Et ce supplément - d'âme - permet au producteur Martin Pénet de beaucoup mieux développer ses sujets. Il est bon de rappeler ici que sur quinze heures journalières de programmes frais (7h-22h) et donc cent cinq heures hebdomadaires, la chanson dispose donc par semaine d'une heure thématique pure. Vous avez dit France Musique(s) ? 
Fip a bien fait d'ajouter la web radio "Sacré Français" à ses propositions musicales. 

C'est le moment de regretter le Directeur Pierre Bouteiller, qui a mis en actes (et en programmes) le "s" qu'il ajouta à Musique et qui fit pousser des cris d'orfraie aux gardiens du temple classique avec une pincée millimétrée de jazz, pour faire diversion. M. Voinchet, lui, aux affaires de France Musique depuis la rentrée 2015 n'a pas bougé le petit doigt et n'aura rien fait pour permettre à la chanson francophone de disposer de plus de visibilité sur son antenne. Au "tout changer pour ne rien changer " de Lampedusa, ici il s'est agit de "ne rien changer pour ne rien changer". 

Ces quatre émissions sur Ferré qu'on a pu savourer (en flux) le dimanche de midi à 13h (trois dimanches de septembre et le premier dimanche d'octobre) m'ont encore appris beaucoup de choses sur le poète du XXè siècle (2). Même si je n'oublierai jamais la nuit Ferré (1er janvier 1988) sur France Culture, par Louis-Jean Calvet et Marc Legras. Ou la journée de 2016 où France Musique (Thierry Jousse et Laurent Valero) a célébré le centenaire de la naissance de Ferré à Monaco en août 1916.

Pénet en choisissant l'angle des poètes que Ferré a tellement chantés et propulsés dans la modernité a réussi à travers de nombreuses chansons et tant d'interprètes différents à faire rayonner autant la poésie que le répertoire de Léo. Quatre heures c'est parfait pour bien continuer ce samedi ou, dès demain matin sous la couette ou devant un café, s'extraire de ce monde impitoyable et chanter et s'évader en poésie avec Ferré.

(1) Présidente Directrice Générale, Directrice de l'éditorial, Directeur du Numérique et de la Production de Radio France,
(2) Pénet cite Ferré avec Jean Chouquet dans un Atelier de Création Radiophonique, il eut été bon de préciser et d'ajouter à cette "émission" le mot "Décentralisé". Ces Ateliers, voulus dès 1985 par J.N. Jeanneney Pdg de Radio Franceproduits par les locales de Radio France, et dirigés par Jacques Santamaria.

lundi 25 septembre 2023

Déloger, reléguer, virer… ou la valse à mille temps des changements de cases à la radio !

C’est dimanche. 7h au soleil. Face à l’océan Atlantique. Bleu marine. Ciel bleu parsemé de blanc. Soleil au coin de l’œil gauche. J’écris dehors et le petit vent ne m’empêche pas d’effleurer les touches du clavier. En fond sonore en dessous du ressac, Fip, pour être à la fois dans la radio et… en dehors ! J’ai continué toute la semaine à m’interroger sur ces pathétiques «chaises musicales» de la matinale augmentée de France Inter (7h/10h, du lundi au jeudi). Je n’en démordrais pas, les transferts Salamé/Devillers ou Devillers/Salamé, ne peuvent pas être analysés comme, pour chacune, un simple changement de case. Et, outre l’accaparement des journalistes des heures autrefois dévolues aux programmes, on peut y voir un effet star/tête de gondole au détriment d’une cohérence éditoriale sur la moyenne ou longue durée.

Là-bas, j'y suis…













Échangeant avec une amie journaliste très pointue sur les médias, celle-ci contesta assez vite le verbe de reléguer que je destinais à Devillers (l’interview de 7h50). Affirmant que cette case était en tête des audiences de la matinale, et que le transfert de Devillers pouvait se lire comme une… promotion. Pour autant pouvons-nous considérer ça comme tel ? Installer une nouvelle émission à la rentrée 2022 à 9h10 et réaliser pendant 20’ des interviews à la fois très people et d’actu chaude ne méritait-il pas pour son animatrice Sonia Devillers, de prolonger a minima une saison supplémentaire ? Particulièrement, si à l’écoute, on constate que Salamé fait strictement la même chose que sa consœur. Avec un tout petit peu moins d’empathie et quelquefois plus de distance avec son sujet.


Frédéric Potet dans Le Monde (1) a trouvé le bon verbe pour qualifier le déplacement dans la grille de l’humeuriste belge. «Délogée par la direction de France Inter de son créneau de fin d’après-midi, l’humoriste et journaliste belge occupe pourtant plus que jamais l’antenne de la radio publique». Donc Devillers aura donc été délogée mais, à la différence de sa consœur belge, on pourrait écrire «elle occupe moins que jamais l’antenne de la radio publique». Ça mange du pain ! Et le seul argument d’une bonne exposition médiatique apparait un peu dérisoire si le sifflet a été coupé.


Léa Salamé n’aura pas beaucoup eu besoin d’intriguer pour se voir offrir deux émissions supplémentaires, Adéle Van Reeth sûrement sous le charme de la journaliste exposée à la télévision (2) et très courtisée par la concurrence radiophonique. Les exemples de « changement de cases » ne manquent pas à France Inter et plus récemment à France Culture (3). Un big-bang était intervenu quand en 1983, Jean Garretto (4), nouveau directeur d’Inter avait déplacé les barons de l’antenne dans des cases inattendues. Arthur, Bouteiller et Chancel pensaient les leurs immuables. Associés à Claude Villers ils ont mené une fronde que, six ans plus tard, Bouteiller devenu à son tour directeur d’Inter, fera payer très cher à Garretto en retirant des programmes de fin de semaine L’Oreille en coin.


Plus proche de nous, en 2021, Katleen Evin a du céder son Humeur vagabonde et sa place quotidienne à 20h15, à Laure Adler, diva absolue de Radio France. Mermet avait du subir sa relégation à 15h après nous avoir quotidiennement emmenés Là-bas à 17h. Vanhoenacker a perdu quatre chroniques matutinales à 7h55, puis la case du 17h ! Lebrun sa quotidienne Marche de l’histoire pour une hebdo le samedi. Vous en voulez encore ?


En conclusion, la journaliste Léa Salamé a beaucoup plus de pouvoir qu’Adèle Van Reth en imposant plus d’une heure dans le 7/10 d’Inter. L’esprit de corps a du disparaître et c’est sans scrupule que Salamé peut pérorer en lieu et place de Devillers, délogée/reléguée à jouer les bons offices, pouvant espérer (peut-être) recevoir la médaille en chocolat des audiences Mediametrie ! En novembre, les résultats de cet institut de sondage confirmeront les bonnes ou mauvaises exigences de Salamé et la bonne ou mauvaise décision de Van Reeth de s’y plier. 


(1) «Un apéro avec Charline Vanhoenacker », 21 septembre 2023,

(2) À France Inter ça a de tout temps motivé les directeurs de programme et particulièrement Laurence Bloch convaincue qu’on fait de la bonne radio si on existe à la TV. Pourtant la misère éditoriale de l’émission d’Antoine de Caunes ou la facilité de la bande pas du tout originale d’un Nagui démontrent le contraire !


(3) Mais aussi inter-chaines de Culture à Inter, d’Inter à Culture, de Culture à Musique, de Musique à Inter et ainsi de suite…

(4) Co-créateur avec Pierre Codou sur France Inter de l’Oreille en coin (1968-1990) et de Fip (1971),


jeudi 14 septembre 2023

Sonnez tambours, résonnez musette !

À chaque fois qu'on demande à Sibyle Veil, Pédégère de Radio France, les nouveautés pour la rentrée, elle brandit l'étendard de l'info, mais jamais celui des programmes (1). Une demi-heure de plus pour Inter et une demi-heure de plus pour Culture. Le marquage à la culotte des deux chaînes est patent ! L'info c'est "facile" à caser et c'est noble ! Les programmes n'ont qu'à bien se tenir ou, presque ne plus se tenir du tout dans la dernière ligne droite, avant d'être absorbés par les… par les… podcasts, voyons !

Le bri "collage" est parfait !










Le fin du fin appartient à France Inter qui après une saison 2022-2023 avait recomposé le 9h/10 (2) et remet le couvert en mélangeant tout de 9 à 10 ! Parallèlement vous aurez suivi les aventures calamiteuses des journaux d'info sur France Culture et France Musique ! Triste épisode d'un amateurisme de haut-vol, d'effets d'annonce bidons, et de rétropédalage institué comme discipline olympique de la communication !

Devillers perd son interview "culturel" et laisse la place à Léa Salamé qui anime un débat (de société) dès 9h05 avec Nicolas Demorand, puis reçoit un invité (people) à 9h30, soit strictement la même chose que Devillers l'an passé. Pourquoi alors ce changement de cases. Léa Salamé voulait-elle embaucher plus tard ? A-t-elle sollicité plus de temps d'antenne pour mieux accueillir ses invités ? Et pourquoi Devillers débarquée et rembarquée dans l'interview de 7:50. La lisibilité de ces choix éditoriaux n'est pas visible du tout. C'est la patte d'Adèle Van Reeth (directrice d'Inter depuis la rentrée 22) dont on n'imagine mal que Laurence Bloch n'y ait mis son grain de sel ou… de poivre, c'est selon.

Devillers interviewant des politiques est-ce bien son meilleur atout professionnel ? Elle a réussi depuis 10 ans à se faire un nom en recevant souvent avec beaucoup d'empathie ses invités. Allant souvent jusqu'à les admirer à l'antenne. Ce passage de témoin Salamé/Devillers cache un loup et ne me convainc absolument pas. Quand en plus, Mathilde Serrell se voit attribuer deux chroniques (une de plus, à 9h45). Roucoulades et enfilage de perles assurés.

Petit à petit en loucedé, l'info mange les programmes, les journalistes prennent toutes les places, les productrices et producteurs voyant les cases se réduire comme peau de chagrin. Et si l'on ajoute à ça, la fin des programmes des deux chaînes (Inter et Culture) à 22h, la toile se rétrécit vraiment. Et la nouvelle politique de programme : re-diffiuser les rediffusions n'y arrange rien.

Tout nous prépare à la fin de la radio de flux mais ça, même les journalistes se refusent à l'évoquer et à l'analyser. La chute n'en sera que plus dure à amortir !

(À suivre demain… ou lundi ;-)

(1) Presque aux origines de la radio et plus précisemment depuis le milieu du siècle dernier; les programmes ont toujours été dissociés de l'info. Les programmes voient opérer des saltimbanques (et de plus en plus de journalistes) et les infos des journalistes… patentés. Et à l'origine pas du tout tentés par l'animation des programmes de divertissement (au sens large),

(2) Extension du 7/9 en 7/9:30, et une interview de personnalités (people) de 9h08 à 9h30 par Sonia Devillers qui après huit ans abandonne "L'Instant Média". Et nouvelle émission pour Rébecca Manzoni (Totémic, 9:30/10h) qui interviewe des… personnalités de la culture et plus particulièrement de la musique. Ces chamboulements provoqués par le départ d'Augustin Trappenard (Boomerang, 9h07/9h41) pour la TV (La grande librairie, F5)

mercredi 13 septembre 2023

L'art d'Arte… (avec ou sans radio ?)

Il m'est arrivé d'écrire qu'à bien suivre le développement de la TV (sans forcément la regarder) on en apprend beaucoup sur le futur de la radio. J'ai regardé la conférence de presse d'Arte (TV) car j'en suis un spectateur assidu, gourmand d'entendre et d'imaginer la saison 23-24. Et je n'ai pas été déçu. Mieux, je me suis dit que sans monter sur la table, ni s'afficher au cul des bus, Arte participait au développement culturel, à l'ouverture au monde et aux autres et, surtout à une intelligence et cohérence de programmation !



Et, porté par ces quatre-vingt dix minutes d'enthousiasme et de promesses (qui seront tenues), je me suis téléporté dans le temps et ai imaginé Jean-Marie Borzeix en 1984, directeur de France Culture (1984-1997), qui aurait pu/su, de la même façon, présenter pour la chaîne sa volonté culturelle, son choix rigoureux et exigeant de sortir des studios et engager auditrices et auditeurs à faire vivre le slogan Le monde appartient à ceux qui l'écoutent. La diversité, la singularité et le spectre culturel offerts étaient dans la veine de ce que fait Arte aujourd'hui et que ne fait plus du tout France Culture !

À un moment de cette conférence (j'ai pas noté le timing), glissé entre deux images ou deux commentaires, un très furtif slide (pardon ! diapositive va pas trop bien, si ?) présentait plein écran la "promo" d'Arte radio. Je ne sais plus si pour l'accompagner il y avait du son Arte radio en illustration ! Ça a duré quelques secondes mais ça m'a interrogé grave ! Surprenant que pour son vingt-et-unième anniversaire un temps un plus long ni soit pas consacré. Plus surprenant encore que Silvain Gire, créateur de cette chaîne et ex-directeur (parti fin juin 2023) n'ait pas été remercié ? Et que P. Kervran (ex- coordonnatrice de La Série Documentaire sur France Culture) n'ait pas été accueillie ? Ok, il s'agissait de présenter Arte TV mais la petite sœur qui a fait plusieurs fois l'objet de promo sur la chaîne TV en 2023 semble tout à coup oublié (?) ou mise un peu à l'écart (?) ! Diantre ! ¿ Que pasa ?

À moins qu'un plan secret nous prépare à ce qu'une partie des "sons" d'Arte radio vienne alimenter l'heure documentaire de France Culture (de 17h à 18h, du lundi au jeudi) ? Au titre des fameux rapprochements fonctionnels des audiovisuels publics ? Attendre et voir ou attendre et écouter !

(À suivre, demain)

Hier soir, Arte TV diffusait de 22h30 à 2h40, une longue soirée sur le Chili et le coup d'État de 1973, avec entre autres, la première partie (sur 3) de "La bataille du Chili" de Patricio Guzmàn.

mardi 12 septembre 2023

France Culture tourne en rond et en boucles de rediffs… rediffusées !

L'onde de choc de la fin de la période Treiner (Directrice de France Culture, 2015-2023), son management accusé d'être brutal, sa démission en janvier 2023 ont plongé la chaîne dans une "drôle" de torpeur. Florian Delorme a eut beau être nommé Directeur des programmes et Emelie de Jonq, directrice de la chaîne rien n'indique un semblant d'originalité ou de renouveau. À bien regarder la "nouvelle" grille, la perplexitude nous envahit grave ! Arrivée en juin de Jonq n'a  sans doute pu que valider la grille très super… visée par la Directrice éditoriale des chaînes, Laurence Bloch. Revue de détail.

Un slogan définitivement
noyé !!!



Les titres des émissions changent, les productrices ou producteurs restent. et chacun de jouer aux chaises musicales dans un ballet affligeant pour ne pas dire dramatique. "Sans oser le demander" c'est sans oser le taire que Géraldine Mosna-Savoye a pris les commandes des  "midis de Culture" qui démarrent à midi, si ! Le titre est précis mais à 12:30 ça s'appele toujours Les midis de culture. Problème si c'est rediffusé, à 22h ça va faire tache et détemporaliser grave. Mais tout le monde s'en contrefout. Le truc c'est faire du "stock" et le balancer au petit bonheur la chance !

L'année dernière Treiner avait inventé le "Book club" émission de "La grande table" d'Olivia Gesbert qui avait fini par s'appeler "Bienvenue au club", le book a viré, cette rentrée à 15h. M. Richeux qui n'aime rien tant que les grandes navigations sur la Seine chaîne, l'anime. Son ex émission "Par les temps qui courent" a sans doute, essoufflée, choisi de moins courir mais avec ce "Book" faire strictement la même chose. Bavarder, bavarder, bavarder ! Pour ne pas dire pérorer.

Et chouette, dès 22h, comme sur Inter, finis les programmes, commencent les rediffs du jour : 
- à 22h, à 23h,
- après viennent les rediiffs du jour et de la nuit (Les nuits) jusqu'à 4h (une heure de moins de patrimoine radiophonique !), 
- et de 4h à 6h30, les rediffs de la veille. 

Récap : de 22h à minuit, 2h + 4h de nuit + 2h30 le matin, soit 8h30 de rediffs sur 24 h. Souhaitons que les rediffusions profitent aussi à ceux qui en sont les autrices, auteurs et se payent monnaie sonnante et trébuchante. Mais c'est beaucoup, beaucoup plus compliqué que ça !

Au titre des chaises musicales, P. Kervran étant partie diriger Arte Radio, elle est, "en intérim" remplacée par Johanna Bedeau pour l'émission documentaire au titre bidon L.S.D. ! On se demande bien pourquoi le jeu de chaises musicales s'est arrêté ? Et comme F. Delorme est en arrêt maladie, il est remplacé aux programmes par Florent Latrive, le directeur du Numérique de la chaîne. Ça doit être sympa à suivre pour Emelie de Jonq qui - peut-être ? -  peut se demander ce qu'elle est venue faire dans cette galère.

L'interchangeabilité est phénoménale. Aurait-on autrefois demandé à Jacques Le Goff (Les lundis de l'Histoire) d'animer le "Panorama", à Jacques Duchateau "Le Pays d'Ici", à Alain Veinstein "La fabrique de l'Histoire" et à Laurence Bloch "Du jour au lendemain"… Cela dit beaucoup de l'évolution des compétences requises pour produire des émissions de radio quand, de plus en plus il s'agit de faire parler des invités assis dans un studio ! La grande "innovation" de cette rentrée restera l'ajout d'une demie-heure de matinale à 6h30, quand de son côté Inter l'a prolongée d'une heure. L'info une valeur sûre pour une société, Radio France, qui possède une chaîne dédiée à l'info depuis 1987 : France Info !

Alors Madame Bloch aura beau enfiler les perles pour présenter au personnel des sept chaînes les nouveaux programmes sans qu'aucun directeur ou directrice ne soit sollicité pour le faire, l'effet domino s'applique implacablement sur France Culture qui a définitivement perdu son statut "d'exception culturelle".

(À suivre), demain "Arte"…

lundi 11 septembre 2023

Coucou le (la ?) revoilou !

Bonjour à toutes, à tous et à chacun. J'aurais préféré titrer "Coucou la revoilà…" (la radio publique) ! En panne d'ordinateur depuis six semaines je vous propose pour ces quatre prochains jours en forme de feuilleton, série, de retracer quelques épisodes d'un été bien plat en créations originales, décalées, décadrées pouvant/devant faire une large place à l'imaginaire. Au lieu de quoi il s'est agit la plupart du temps d'ajouter au titre habituel d'une émission les trois mots… "de l'été". L'image qu'a donné d'elle-même et de ses programmations estivales la radio publique a été affligeante pour ne pas dire pitoyable. La mécanique qui prend les auditeurs pour des moutons a fonctionné à plein régime, je veux parler des re-diffusions des re-diffusions ! La caricature n'y suffirait pas. Comment ont donc fait les dirigeants de la radio publique depuis 1963 (il y a soixante ans donc) pour inventer, transcender, dépasser les programmes des "grilles d'hiver" et donner envie à la radio de surprendre, de découvrir et de garder en mémoire des voix et des programmes audibles… nulle part ailleurs ?

Détail de l'émetteur de radioddifusion d'Allouis
dans le département du Cher.



Pour ça, la formule était simple des gens de radio, hommes et femmes s'occupaient de radio. Sans être manager HEC, énarque ou opportunistes carriéristes ! L'État, depuis l'éclatement de l'ORTF en 1975, lâchait la bride à ce qui est devenu Radio France. Jacqueline Baudrier, première Pédégère de cette société, journaliste et gaulliste, faisait confiance et soutenait les directeurs de France Inter, France Culture, France Musique et FIP (France Inter Paris) qu'elle avait nommés. Et si vous lisez ce blog vous aurez pu trouver quelques références à ces heures… de gloire.

Au lieu de quoi, aujourd'hui, il s'agit de communiquer ! Faire savoir sans aucun savoir-faire. On a assisté, à la fin de la saison radiophonique, à quelques micros-événements dignes des Pieds nickelés (désolé pour cette référence…datée) :

- Sibyle Veil, Pédégère de Radio France, désavouée en avril par sa directrice éditoriale, Laurence Bloch, qui refuse catégoriquement que Patrick Cohen remplace Marc Fauvelle à la matinale de France Info (au prétexte - bidon - qu'Info pourrait piquer des auditeurs à Inter. Au réel, Bloch, alors directrice d'Inter, en pleine ascension d'audience, n'a pas pardonné à Cohen  d'avoir, à la rentrée 2016, lâché la matinale d'Inter pour celle d'Europe 1. La vengeance est un plat…) 

- Adèle Van Reeth, directrice depuis un an d'Inter choisit d'écarter "La bande à Charline" (quotidienne depuis 2014 à 17h) de la case en or et de lui proposer le dimanche de 18 à 20h en public. Pétitions (234 000 signatures), ronchonnades, bravades rien n'y fait. Vizorek met les voiles pour… RTL !

Paradoxal : l'argument de Van Reeth, bien ficelé depuis des décennies à Radio France, il faut "savoir évoluer (et sortir de sa zone de confort)"… La bonne blague !

- Depuis trente deux ans, Jérome Garcin, producteur du "Masque et la plume" est dans une zone d'ultra confort et personne ne lui a jamais demandé de quitter cette case emblématique, juste un peu poussiéreuse ! De lui-même il mettra les bouts à la fin de cette année.

- Aussitôt Rebecca Manzoni est nommée pour le remplacer. Elle perd sa quotidienne totémique ("Totémic") pour une hebdo d'une heure le vendredi. Que va t-il se passer de culturel le matin entre 9h et 10h, Trappenard parti à la rentrée 2022, Rébecca sortie à la rentrée 2023 ? Vous le saurez dans un prochain épisode !

- Si Garcin quitte le navire en fin d'année, Laure Adler (productrice à France Culture, directrice de France Culture et productrice à France Inter, L'heure bleue, jusqu'à fin juin 2023) quitte Radio France après services rendus. La presse ne tarit pas d'éloges et les superlatifs en rajoutent aux superlatifs ! Eva Bester la remplacera du lundi au jeudi aux mêmes heures !

- Si Garcin et Adler ont fait roucouler la presse. Cette dernière a été particulièrement mutique pour saluer le départ discret de Jean Lebrun. Producteur sur France Culture (Culture Matin, Pot-au-feu, Travaux publics) et sur France Inter (La marche de l'histoire). Refrain connu il ya les idoles (médiatiques) et les tâcherons. Lebrun est un homme de radio, singulier, opiniâtre et bosseur. Un intellectuel comme on ne risque plus d'en voir avant longtemps sur le service public.

- Feu l'histoire à la radio ! Van Reeth enfonce le couteau dans la plaie et donne leur congé à Patrick Boucheron et Ludivine Bantigny, "Histoire de" (le dimanche 13h20/14h) sans autre raison apparente qu'un choix arbitraire et sûrement…politique ! La liberté éditoriale (quelque chose entre les oreilles, ancien slogan d'Inter) n'est plus à l'ordre du jour. L'histoire, tendance people, s'installe.

- Dans le même temps la directrice éditoriale de Radio France, Laurence Bloch, sanctifie (via Twitter, X) Ph. Collin pour son génie des podcasts d'histoire. Annoncés natifs ils squattent la grille d'été et mieux la grille d'hiver le dimanche aprem. Pirouette éditoriale et grand bluff sur ces créations hors flux que Van Reeth appelle le "huitième jour". Collin alpagué par historiennes et historiens suite à son podcast sur J.M. Le Pen, fait le sourd et s'imagine agrégé d'histoire aux écrits et propos irréfutables ! Un très mauvais point pour le producteur à qui il manque assurément quelques cours… d'histoire !

(À suivre demain)…,France Culture tourne en rond

(1) Exceptées peut-être les "Grandes traversées" de France Culture qui, à la différence du temps de leur création initiale disposaient de plus de trois heures d'antenne. Et de la formidable émission quotidienne de Thierry Jousse, au mois d'août sur France Musique "Retour de plage" (18h/20h)

Flora Monbec, en école de journalisme et stagiaire à Ouest-France s'est intéressée au mercato radio : https://www.ouest-france.fr/medias/radio/decryptage-une-rentree-radio-sans-audace-focalisee-sur-des-vedettes-de-television-7c59ad84-41df-11ee-98ae-b84efb2cf398

mercredi 28 juin 2023

Ça tangue à Radio France et sa capitaine roucoule… grave !

Du temps des soviets et de la nomenklatura tout était permis aux dirigeants qui pouvaient à tout instant prendre la parole sur les organes officiels du parti. (aujourd'hui encore). Autant qu'il m'en souvienne il n'y a que dans des occasions exceptionnelles que, depuis 1975, les dix Pdg de Radio France (1) se sont invités sur l'une ou l'autre des chaînes de la société (2) de radiodiffusion publique. Madame Veil, Pédégère, récemment reconduite dans ses fonctions pour cinq ans a jugé utile de venir à France Culture pour tenter maladroitement, forcément maladroitement, d'éteindre feux et contre-feux qui couvent dans la Maison ronde. Quoi de mieux que les roucoulades du dimanche soir pour venir y gloser, des fois que sa parole pourrait d'un coup de baguette magique être audible, dans les encombrements des retours de ouiken et autres circonvolutions télévisuelles ?

© AFP - Joel Saget














Soft power où les fatuités de M. Martel

La spécialité de Martel : enfiler les perles, s’écouter parler et rire de ses saillies. Une méthode qu’il peaufine depuis 17 ans, inaugurée avec l’émission Masse critique qui suggérait avec ce titre un propos pesant et une critique médiatique tout azimut… du point de vue de la hauteur de l'animateur de l'émission, dans une posture auto-centrée (et, of course*, auto-satisfaite).


Après son générique inaudible dont on croirait le disque rayé, ce dimanche, sur France Culture, M. Martel annonce avec quelques précautions d’usage que ne pouvant difficilement être juge et partie il a fait appel à trois journalistes pour interviewer (3) Madame Veil. Je ne perdrai pas mon temps en conjectures constatant que "ça ou rien c'est la même chose". Toutefois cerise sur le gâteau, nous apprendrons que la disparition de tous les journaux d'actualité à la rentrée (plus celui de 22h sur France Culture) relève d'une politique éditoriale. Gloups. Ben voyons Léon !


Au-delà de la question juridique qui pourrait faire valoir que chacune des chaînes publiques de radio doit diffuser des informations de façon régulière et identifiée, il est particulièrement cocasse que pour la première fois de l'histoire de la radio publique, les informations, soient sous la "tutelle" des programmes, appelés aujourd'hui l'éditorial. Éditorial mis en place dès 2014 par Mathieu Gallet pour les sept chaînes de Radio France et confié à Frédéric Schlesinger et, depuis septembre 2022, à Laurence Bloch, ex-Directrice de France Inter (2014-2022).


On peut donc comprendre que le Directeur de l'Information, Vincent Giret et le Directeur du Numérique et de la Production, Laurent Frisch ont validé la décision de Bloch. On pourra toujours se marrer des heures en consultant l'organigramme de Radio France (et son armée mexicaine de cadres)… On finira par lire l'article de François Rousseaux, Télérama, "Qui dirige ici ?" Enquête sur le pouvoir de Laurence Bloch à Radio France "(21 juin 2023). "«Laurence sent le public. C'est elle qui a rajeuni l'audience de France Inter , développé une image plus pop et demandé à tout le monde d'être punk», appuie Sibyle Veil," citée par Rousseaux. La punkitude de Bloch mériterait à elle seule un post-it "No future" !


Quelle petite musique du côté de… France Musique ?

Question audible/lisible on se demande quelle méthode (autre que la méthode Coué) il conviendrait de mettre en œuvre pour traduire les propos du Directeur de France Musique, Marc Voinchet (4). Morceaux choisis extraits de "La Correspondance de la Presse" (8 juin 2023).


"Pour M. VOINCHET, ce choix de la direction de l'information et des antennes de Radio France – respectivement portée par M. Vincent GIRET et Mme Laurence BLOCH – "n'est pas une décision qui m'appartient" mais "que je prends en compte". De manière globale pour France Musique, ce qui semble "le plus important" pour M. Marc VOINCHET réside dans la conception "des programmes à la radio en dehors de la projection classique" : "Certes, il y a encore du linéaire mais on réfléchit de plus en plus à partir du stock et comment on produit en natif. On a inversé la réflexion pour réfléchir à partir du stock qui devient du linéaire". "On a une radio qui devient lisible avec la FM comme accompagnement et l'offre podcast comme contenu pédagogique".


Le stock ? Je n'avais pas compris que les Directrices et Directeurs d'antenne étaient devenus des… magasiniers et des technocrates du parler abscons. Manque plus que la blouse grise et le crayon bleu d'un côté et rouge de l'autre, bien en vue dans la poche poitrine de la dite-blouse. Quel blues ! Faut dire que dans son discours inaugural en 2014, Mathieu Gallet avait nommé la Maison de la radio, "La boîte". Rien d'anormal alors que dans la boîte on gère des stocks avec des chefs de rayon et des têtes de gondole. La boucle est bouclée et avec elle la faillite absolue de la radio ! 


* Martel n'aime rien tant que les anglicismes dont il ne se dépare jamais,


(1) Exception récente de M. Gallet qui le dernier jour de son mandat de Pdg de Radio France était venu glousser dans la matinale d'Inter (mars 2018),

2) Profitons-en pour préciser que le vocable "groupe" que la presse ressasse à longueur de temps est usurpé et, que depuis 1975 (suite à la loi d'août 1974 qui a éparpillé l'ORTF en sept structures distinctes) Radio France est une société anonyme détenue par l'État français.

(3) Poser des questions serait plus juste, il n'y aura pratiquement aucune relance suite aux réponses formatées de la Pédégère qui, à son habitude éprouvée, enfile les perles, et désincarne autant sa fonction que sa parole…
(4) Dans son article du 8 juin dans Télérama, Élise Racque précise «Sollicité par nos soins, Marc Voinchet, le directeur de France Musique, ne nous a pas répondu." 

lundi 12 juin 2023

Avant y'avait le Cirque Pinder-ORTF, maintenant il y a le Cirque-Radio France (sans les lions)…

À Radio France c'est presque tous les jours la "Grande Parade" avec ses clowns, Mme Loyale, une palanquée d'équilibristes sans fil et quelques animaux dociles en cage. Et puis clou du spectacle au milieu de la piste (ronde comme la maison) le petit chien Marconi absolument fidèle à la voix de son maître… qui se  garderait bien d'aboyer !



Comme au théâtre, Feydeau et les portes qui claquent 
Qui sera le cocufié ? Au mois d'avril alors qu'un dicton météorologique incite à ne pas se découvrir d'un fil, la Pédégère de Radio France, commence quelques discussions avec Patrick Cohen, pressenti, à la rentrée septembre, à la matinale de France Info en remplacement de Marc Fauvelle de retour sur France Inter. Dansons la carmagnole. Après avoir lâchement abandonné France Inter à la rentrée 2016 et la matinale d'Inter en pleine ascension, Patrick Cohen savait que revenir à Radio France passerait par l'absolution de Laurence Bloch (directrice d'Inter de 2014 à 2022). Depuis la rentrée 22/23, Bloch a été nommée Directrice éditoriale des sept chaînes de Radio France. De retour de vacances en mai, forte de ses prérogatives éditoriales, elle invalide la nomination de Cohen et met dans une position difficile Sibyle Veil. Cohen démissionne de Radio France, la France entière retient ses larmes !

Les journalistes d'Inter assez désarçonnés d'imaginer une concurrence frontale des deux matinales de service public. France Info OK, mais moderato cantabile ! C'est qui le navire amiral hein ? Inter. Et c'est qui l'amirale ? Bloch. Molière et son Tartuffe n'auraient mieux fait. Quant aux journalistes d'Info ils se demandent encore pourquoi eux-aussi n'auraient pas droit aux vedettes ? Pendant ce temps, députés et autres sénateurs se frottent les mains. Si jamais une future loi audiovisuelle incitait à diminuer le nombre de chaines de radio publique, l'épisode Cohen-Bloch pourrait servir leur cause mortifère !

Mercatoto
Ce processus (mercato) issu du football italien excite absolument les journalistes qui pour glisser doucement dans l'été entre la poire (le Festival de Cannes) et le fromage (Roland Garros alignent les faux-départs, les vrais. Supputent les transferts. Pronostiquent les larmes, les cris, les joies, les renoncements, les trahisons et tutti quanti. C'est la fête du slip à l'échelle planétaire de la micro France et du microcosme médiatique parisien. Tout le monde s'en fout mais ça fait vendre !

Tout le monde s'en fout ?
Pas les intéressé-e-s débarqués bien sûr ! Laure Adler (Inter) annonce son départ à la rentrée prochaine et on imagine que l'histrion historien Ph. Collin doit déjà préparer une saga, au minimum, en 40 épisodes, de quoi tenir en haleine auditrices et auditeurs tout au long d'une saison. Jérôme Garcin (Inter) dans la foulée en fait de même et la France profonde qui écoute "Le masque et la plume" le dimanche soir en voiture sans en perdre une miette grâce aux files d'attente au péage de St Arnoult, sort à nouveau les mouchoirs et plaint l'animateur qui a…… bla bla bla, bla bla bla.

Plus discret, Jean Lebrun, annonce qu'il quittera aussi le navire après une très longue session de Culture-matin (1984-1997) et de nombreuses émissions d'histoire sur France Inter (depuis 2011). Mais le cataclysme, le tsunami à venir, a à voir avec "La bande à Charline". L'ensemble au grand complet serait débarqué et "recasé"… dans la case 18/20 du dimanche. "Ah ben c'est ballot on a pas encore repris la route du péage" s'époumonent en cœur les auditeurs fans de la gaudriole et de la satyre (ça tire dans tous les coins) politique. Après avoir évincé à la rentrée 22 Charline 4 matins sur 5 de sa chronique de 7h55, voilà que l'humeuriste dégage le dimanche, autant dire avec le risque d'une écoute semi-confidentielle.

L'argument d'Alène Van Reeth, directrice d'Inter depuis la rentrée 2022, faire évoluer le concept et sortir l'équipe de sa zone de confort. "Zone de confort" c'est la nouvelle variation langagière d' "émission patrimoniale". Si c'est patrimonial on touche pas ! "L'oreille en coin" (Inter 1968-1990), 22 ans de fins de semaines prodigieuses, virée par Bouteiller. "Les papous dans la tête" (Culture 1984-2018) viré par Treiner. "Là-bas si j'y suis" (Inter 1989-2014) viré par Bloch. "Du jour au lendemain" (Culture 1985-2014) viré par d'Arvor ! Vous en voulez encore ! Rien de tout ça n'est patrimonial pour les managers.

Par contre le jeu d'Émile Euro, le cousin d'Émile Franc qui sévit avant lui ça c'est patrimonial, pas touche ! Patrimonial, adjectif bidon pour dire "on n'a pas trouvé mieux" et ça coûte pas cher !

Diriger une chaîne de radio publique
Si Adèle Van Reeth a pris ses marques à Inter et va imposer sa première grille à la rentrée (avec pertes et fracas) on ne sait rien de l'arrivée -in situ - de la nouvelle directrice de France Culture, Emelie de Jong, nommée il y a lurette et toujours pas en fonction. Aurait-elle "en catimini" participé à la grille de rentrée et tenter de remettre les pendules à l'heure d'une chaîne sinistrée par la direction tyrannique de Treiner ?

Sinon du côté de la représentation nationale ça dit quoi ?
Après les tribulations de la réforme des retraites deux députés et deux sénateurs proposent, chacun de leur côté de réformer l'audiovisuel public (ah ben ça alors on s'y attendait pas), de couper la pub de la TV, de rassembler FTV, Radio France, France Média Monde et l'ina dans une société commune, ou une holding, ou une société-holding. Enfin un machin qui verrait la prédominance de la TV sur les trois autres. Le serpent de mer continue de nager en eaux troubles et d'inquiéter les salariés qui auraient beaucoup à perdre dans une fusion dont le seul objectif est la diminution de la masse salariale.

De quoi désespérer Billancourt et le blogueur fou qui le 17 juillet fêtera les 12 ans de ce blog !
(À SUIVRE)

mercredi 5 avril 2023

La grille… les cellules, les chaînes ! Ça vous rappelle rien ?

"Les" médias sont unanimes il y aurait urgence pour la nouvelle Directrice de France Culture à composer la nouvelle grille de programmes de rentrée ! Ben voyons Léon ! Les programmes c'est croustillant : les viré-e-s, les repêché-e-s, les arrivé-e-s. Les émissions toussa. Qui s'est inquiété en mai 1984, que le nouveau directeur de France Culture hérite des décisions de son prédécesseur Yves Jaigu ? Borzeix a, dès le début de son mandat, mis sa patte dans les programmes et en janvier 85 apportait les ajustement nécessaires. Avec la création mémorable, le 29 janvier de cette année-là, des Nuits de France Culture dédiées au patrimoine radiophonique.













Et puis, si c'était si urgent que ça, Madame Veil et son staff (The very best Laurence Bloch, directrice éditoriale de Radio France) n'avaient qu'à nommer cette Directrice début février. De fait, nous aurions aimé que les dits-médias, évoquent la nécessité absolue d'imaginer un éditorial qui pourrait s'affranchir des chiffres et de la course à l'échalote s'y affairant. Que la chaîne fasse un virage à 180° pour retrouver, valoriser, promouvoir et créer de la culture. Et non pas les litanies devenues récurrentes de l'actu, des éphémérides pathétiques, de l'info boursouflée. Et de la socio à deux balles.

C'est un projet qu'on attend de la nouvelle Directrice et on se contrefout de savoir si Martel continuera à bafouiller du Soft Power, Laporte ses affreuses culturelles, Gesbert ses boucs et Sfez son miaou (pour changer de ronron) musical. Le vedettariat à marche forcée qui a fait florès depuis Adler (1999-2005) a permis en associant vedettes + chiffres de banaliser, désingulariser et fourvoyer France Culture dans la trajectoire du vide, tout en continuant par la com', la com' et la com' à faire comme si. Prenant auditrices et auditeurs pour des billes et des bouffeurs de podcasts indigestes ! 

Les fossoyeurs ont pour nom d'Arvor, Gallet, Frisch et Veil. Un quarteron de managères qui auraient excellé chez Areva, Air France voire les chaussettes Stem et les chemises Lui ! Les médias continueront à roucouler sur les programmes, les podcasts trucs et les vedettes de la matinale qui donnent juste envie d'aller se recoucher. Mais qui voudra dire l'urgence à recréer une chaîne culturelle sous l'eau ?

Qui ? Le Figaro ? Le Monde ? Libération ? Télérama ? Pif ? Ou Playboy ?
(À suivre)