dimanche 31 mars 2019

Dimanche dans un fauteuil… d'archives, 3

Pour celles et ceux d'entre nous qui habitons "au nord de la Loire" entendre l'accent des rocailles des Cévennes ou celui des collines de Provence fait déjà briller le soleil. Ce ne sont pas que de belles images et des clichés. Ici Chabrol et Giono font entendre chacun par leur voix la géographie de leur pays respectif. Alors les vacances…


Jean Giono






Avant d'aller au bal, le pur plaisir de retrouver l'indicatif des Nuits magnétiques (29 mai 1979), "Full moon boogie" par Jeff Beck, le "Bonsoir" (bien jeune) d'Alain Veinstein… et les Apaches !

mardi 26 mars 2019

L'hypothèse du baobab et de… Thomas Baumgartner

Thomas Baumgartner autrefois producteur à France Culture et à France Inter, puis rédacteur en chef à Nova n'en est pas à son premier essai pour "écrire la radio". Du magistral "L'oreille en coin…" à "Longtemps je me suis couché de bonne heure…" en passant par "Le goût de la radio…" (1), cet amoureux du média radiophonique n'en finit jamais d'aller soulever les plis des ondes pour "voir", non seulement ce qui s'y cache mais tenter de prolonger l'écoute en des descriptions qui le mènent beaucoup plus loin que le carrefour Mabillon (2).




En ce début d'année jaune, Baumgartner nous propose un petit livre vert au titre charmant et énigmatique "L'hypothèse du baobab". Pour avoir beaucoup écouté les archives de l'Institut National de l'Audiovisuel (Ina) il aime les titres des émissions comme "Prenez garde à la poésie" (3). Il devait être tentant de titrer son essai "Prenez garde au baobab" mais reconnaissons-le d'emblée le producteur joueur n'aime rien tant que les hypothèses, toutes les hypothèses. Son ouvrage en recèle quelques-unes. 

Mais aussi quelques certitudes d'expérience : "Quiconque veut maintenir la fragilité de l'éphémère [des ondes radio, ndlr] doit varier les écritures et les rythmes, les focales et les notes, pour produire du sensoriel et multiplier les chances d'état de grâce. La beauté éphémère de la radio, en flux démultiplié, passe par un retour du croche pied dans le fil du micro." Cette conviction, cette pratique devraient s'imprimer dans les manuels des écoles qui forment aux métiers de la radio comme dans les écoles de journalisme où tout le monde aimerait croire qu'il suffit de savoir écrire pour prendre le micro et pire pour diriger des programmes.

Baumgartner vit, décrit, analyse toutes les formes de radio et d'écoute "Tous les modes d'écoute (direct, replay, podcast, streaming…) se complèteront et ajouteront une troisième dimension à la question de la programmation et de l'échange avec l'auditeur. Tout sera possible tout le temps, top/down et bottom/up, loin des caricatures d'interactivité, mais simplement par le partage de certaines vibrations." (4) Bien d'accord mais faudrait-il encore que les "manipulateurs" de la radio d'aujourd'hui vibrent avec le son, le montage, la voix quand ils vibrent surtout avec les chiffres des audiences ?

Voilà maintenant une hypothèse doublée de bon sens et d'une vision originale de l'avenir de la radio. "La radio dans ce bain [numérique, ndlr] est flux et fragment en même temps. C'est la quadrature du cercle de la composition d'une grille des programmes. trouver une cohérence globale, un équilibre, un rythme, des variations, un lien de chaque émission avec l'horaire de diffusion, c'est le premier objectif… Le défi est de maintenir cette cohérence dans l'écoute à l'unité, délinéariser, "hors contexte", forcément encouragée, de plus en plus pratiquée". Baumgartner échappe aux poncifs qui hantent les couloirs de la maison de la radio, psalmodiés à longueurs de journées : "média global", "radio filmée", et autres "média social culturel" rien moins (5) et donne envie de s'atteler à cette tâche-là.

Baumgartner écrit sans incantation, sans prétention. Il pense, a pensé et pensera la radio dans ses moindres plis je vous le disais. Concluons par un peu de poésie ou de prophétie si l'on veut. Dans le paragraphe qu'il consacre à Jacques Chancel il cite un propos du producteur suite à une imitation par Topor du ton chancelien "Voilà ce qu'on devrait faire : ouvrir les micros une fois l'entretien terminé. Pour se dire ce qu'on ne s'est pas dit. Ça c'est une idée d'émission"… C'est en effet une idée un peu plus osée que celle qui consiste à poster une vedette de la TV dans un studio radio sans jamais lui demander d'être créatif, juste présent pour… l'image qu'il représente. Quant à sa voix…

"L'hypothèse du baobab", Hippocampe éditions, 2018,

(1) Respectivement : Nouveau monde, 2007/Le Monte-en-l'air, 2015/Mercure de France, 2013,
(2) Le 19 mai 1978, installé dans un car-studio, Georges Perec décrit le spectacle de la rue, 
(3) Sur la chaîne nationale était diffusée l'émission "Prenez garde à la poésie". Voilà comment la présente Jean-François Remonté et Simone Depoux (1) : "Une grande première et sans doute une grande dernière, cette émission de variétés en public dont la vedette est la poésie. C'est Paul Gilson, directeur de la radio et poète lui-même, qui offre à Philippe Soupault et Jean Chouquet [producteur et réalisateur à la radio publique, ndlr] cette occasion de produire un vrai show poétique. Le titre est déjà un clin d'œil : … on va rire, on va être surpris et on découvrira que la poésie n'est pas nécessairement affaire de componction et de gravité."

(4) En prenant soin de mettre en italique les mots streaming, replay, top/down et bottom/up. Pour ces deux derniers mon reverso traduit par "haut en bas" et "de bas en haut", comprendre sans doute par "du producteur à l'auditeur" et "de l'auditeur au producteur" !
(5) "Culture Prime, c’est un média social culturel 100% vidéo créé par les 6 entreprises de l’audiovisuel public français (France Télévisions, Radio France, France Médias Monde, Arte, l’INA et TV5MONDE). Parce que la culture, ça se partage", source le site de France Culture.

dimanche 24 mars 2019

Dimanche dans un fauteuil… d'archives, 2

"Bonjour, à vous tous auditeurs amis, bonjour" (1),
Les archives sont un univers, pour commencer ou prolonger leur découverte, le dimanche ne serait-il pas le bon jour pour y flâner ? 


Columbo










On commence avec plusieurs témoignages autour de l'Instituteur de Talairan dans l'Aude. Une émission en trois volets de France Culture en 1981 proposée par André du Bouchet (2). La parole de cet instituteur (pédagogie Freinet) et de sa femme nous plonge dans une époque et une ruralité ouvertes à tous les possibles pour entrer dans la vie et le savoir grâce à l'enseignement de formidables passeurs. La mesure des mots nous renvoie à la mesure du temps. Celui, long, où Freinet justement revendiquait un postulat et un principe pédagogique fort "Pas de résultat avant la démarche". Fut-elle longue, studieuse et joyeuse.

Entrez sans hésiter dans cette promenade ethnologique riche et sensible. Là, le podcast a toute sa raison d'être si vous voulez un jour en faire profiter votre descendance…







On change de monde avec une vedette américaine du feuilleton policier, le lieutenant Columbo qui continue de fidéliser un public qui se retrouve le samedi soir sur TMC…  Cette histoire particulière analyse bien et le phénomène du lieutenant à la 403 Peugeot et la société américaine au cours des années de diffusion du feuilleton.





Et cerise sur le gâteau, CharlÉlie Couture chez Benoît Duteurtre sur France Musique…



À dimanche prochain…

(1) C'est avec cette formule que dans les années 50 et 60 Robert Raynaud ouvrait l'antenne matinale de Paris Inter. J'ai longtemps proposé le son de l'indicatif de l'émission sur ce blog mais n'étant plus abonné à Soundcloud je n'y ai plus accès et pour l'instant je ne l'ai pas retrouvé dans mes archives (rhoooo !), en bas de page de ce billet vous pourrez aussi l'entendre !

(2) Poète et ici producteur (1924-2001). Confier une émission de radio à un poète c'était le projet d'Alain Veinstein, producteur des Nuits magnétiques sur France Culture et auteur, entre autres, de "Radio sauvage", 

mardi 19 mars 2019

Le grand débat des idées sur France Culture avec des images… mais sans la TV !

Depuis 18h20 hier (et jusqu'à 1 heure ce matin) j'ai regardé sur franceculture.fr le "Grand débat des idées" initié par le Président de la République. Disons-le immédiatement je n'ai pas regardé la radio, mais un débat filmé sur son site par une des chaînes publiques de Radio France. Disons aussi vite que je ne vais pas évoquer ici le fond (c'est pas ma job) mais la forme !


Le Président de la République, salle des fêtes de l'Élysée, 18 mars 2019
















D'abord bravo à Radio France d'avoir réussi ce "coup-là" ! Un joli coup - car il n'y a aucune raison que la radio n'ait pas l'exclusivité de diffuser un débat national particulier - qui a du faire enrager la télévision publique et sans doute les chaînes infos. Pourtant on imagine mal comment la TV aurait pu pendant autant d'heures consécutives organiser et diffuser un tel débat ? Sans nous imposer et nous gaver de tous les tics télévisuels qui viennent perturber l'écoute pour influencer le regard à travers les plans de coupe, gros-plans et autres effets "clignotants" permanents et, en "changeant de plande façon convulsive permanente. 

Tant mieux aussi que ce ne soit pas non plus les vedettes habituelles de France Inter (1) qui aient été retenues pour cette soirée spéciale (2). Tant mieux que France Culture se distingue de la chaîne "rivale" et se consacre à sa spécificité plutôt que de passer son temps d'antenne à être dans un mimétisme absurde sur l'info, sur les programmes et sur les formats d'émission. Par contre pourquoi a t-on choisi l'animateur de la matinale de France Culture pour animer le débat ou plutôt pour veiller à donner la parole aux intellectuel-le-s présents ? Le fait d'être anchorman d'une matinale d'infos le rend-il plus légitime qu'une autre ou qu'un autre ? Non, je ne crains pas de l'affirmer (3).

J'ai hâte d'entendre comment les médias de toutes obédiences et de toutes formes vont rendre compte de ce débat, sur le fond et sur la forme (4). Et surtout comment demain, dans la future holding audiovisuelle, la radio (la radio pas l'audio) pourra se distinguer sur des opérations comme celle-ci sans que la TV vienne mettre son grain de sel, ses caméras, ses vedettes et ses façons figées pour rendre compte d'un événement ? Et enfin surtout comment le concept de média global va pouvoir être définitivement voué aux gémonies (5) puisque la radio a montré hier soir qu'elle pouvait montrer des images sans en faire un "spectacle" (télé)visuel clinquant.

P.S. : Mes positions sur la radio filmée n'ont pas varié d'un pouce ! C'est niet ! Par contre qu'une chaîne de radio publique soit associée à un événement et propose sur son site la retransmission et l'animation d'un événement pourquoi pas ! Les "intellectuel-les" ont plutôt leur place à France Culture… 

(1) Je ne vais pas en plus les nommer !!
(2) Livre-Hebdo dans une interview récente de Laurence Bloch, directrice de cette chaîne, parle encore d'Inter comme du navire-amiral de Radio France, 
(3) Je suis là sûrement pour rappeler comment Erner avec désinvolture et morgue avait interpellé Erri de Luca lors de la matinale du 5 octobre 2015

(4) Vers 23h sur Twitter, Ariane Chemin, grand reporter au journal Le Monde écrit : "La contre-télé, très tendance ces derniers mois. Le #granddebatdesidées depuis 4 heures en vidéo via @franceculture, aussi hypnotique que la commission d’enquête #Benalla sur @publicsenat",
(5) Une fois de plus Gallet (ex-Pdg de Radio France) et Guimier (ex-directeur de France Info) sont désavoués !

lundi 18 mars 2019

Pour le granit breton : La fabrique de l'histoire…

Levons immédiatement l'équation : la Bretagne, le sujet de "La fabrique de l'histoire" (1), me donne envie de vous en parler avec le risque de n'être pas objectif du tout - si l'objectivité existe -. Breton, je vis en Bretagne et son histoire fait partie de mon histoire. La semaine dernière j'ai donc écouté quatre émissions consécutives et ça faisait bien longtemps que ça ne m'était pas arrivé une écoute aussi attentive en flux ! Autant vous le dire tout de suite je me suis régalé et vais tenter de vous donner envie de la régalade !

Les Johnnies de Roscoff (29)


















Dès 9h, je m'oblige à écouter distraitement les infos de Culture pour ne rien louper du générique de l'émission et du sommaire de la semaine que présente Emmanuel Laurentin sur fond de fanfare. Je renoue avec une pratique ancienne. Pendant des années j'ai écouté "La fabrique" même quand le sujet m'intéressait de très loin. Et puis je suis passé au streaming pour écouter en flux Trapenard et Devillers sur Inter à la même heure. 

Ça démarre tonique avec Joël Cornette qui était précédé d'un vigoureux morceau des "Ramoneurs de menhir", de quoi dépoussiérer les rengaines bretonnes clichés qu'on entend trop souvent comme illustration musicale dans nombre d'émissions traitant du sujet de la Bretagne. Laurentin mène son émission sans temps mort et Cornette n'est pas avare de détails. Avec un tel sujet "La Bretagne, finistère ou centre du monde ?" il y a de quoi disserter. Et pour l'auditeur pas trop le temps de penser les pistes ouvertes par Cornette. Je prends des notes bien décidé à réécouter l'émission en streaming dès 10h !!!!



Il en ira de même pour les trois autres. Mardi dernier, pour la seconde, "L'histoire de France au prisme de la Bretagne", Erwan Le Gall et François Prigent, historiens brillants donnent envie d'être lus. L'heure passe très vite. Il va falloir remettre tout ça "en ordre". Je veux dire lier méthodiquement le fraîchement entendu avec ses propres bribes de savoir et fatalement "remettre l'ouvrage sur le métier". C'est la magie de la radio, sa force de conviction et de prescription. C'est encore la force de France Culture, là dans cette case "historique", de donner du temps long pour traiter d'un sujet dont on imagine bien que Laurentin et son équipe auraient pu en tirer le double ou le triple…



Sur la langue, le sujet de la troisième émission est tellement sensible qu'on peut dire que les trois intervenants s'en sont parfaitement tirés. Et puis ce sont trois "points de vue" qui complètent d'autres points de vue, d'autres connaissances et d'autres réalités. J'ai envoyé le lien de cette émission à plusieurs bretonnants qui devraient y trouver leur compte et si ce n'était pas le cas qui prendront contact avec les intéressés. (Ré)entendre de Gaulle psalmodier en breton c'est toujours succulent. Le vieux général était à moins de trois mois de sa sortie de scène et ne ménageait pas son "régionalisme" pour défendre son référendum sur la régionalisation qui allait le désavouer le 27 avril 1969.



Quant au documentaire (2) je dirai qu'il était tip-top (sic). Je suis pas sûr d'y aller voir de visu mais d'avoir entendu l'ensemble des protagonistes, la genèse du projet et son impact est assez enthousiasmant même si je préfère… la mer et Suzy Solidor (3). "La fabrique" réussit le pari de continuer à confronter l'histoire en bonne place sur la grille avec une foultitude de chercheurs et d'historiens qui rendent l'émission très souvent passionnante même si l'auditeur assidu a peu de temps pour souffler ou trouver le temps de lire. Mais comme disait Morvan Lebesque "À chacun l'âge venu la découverte ou l'ignorance".



(1) France Culture, du 11 au 14 mars 2019, 9h05, producteur Emmanuel Laurentin,
(2) Victor Macé de l'Epinay et Thomas Dutter,
(3) À la très grande époque -glorieuse forcément glorieuse- de Culture matin animée par Jean Lebrun (1984-1997) ses acolytes Emmanuel Laurentin et Marc Voinchet proposaient quelquefois une chanson de Suzy Solidor quand il fallait occuper un temps d'antenne imprévu !

dimanche 17 mars 2019

Le dimanche j'ai archi-envie d'écouter mes archives…

Écouter mes archives radiophoniques, et ne faire que ça, je voudrai en faire un rituel pour ne plus passer à côté trop longtemps. Et tiens pour que ce soit encore plus rituel, je choisirai le dimanche et mieux le dimanche après-midi, pour conjurer "mon" blues du septième jour. Ce jour où la terre entière et mes potes - Sylvie et Philippe - marchent, pédalent ou jardinent (quand d'autres travaillent bien évidement), ben moi je me calerai dans mon fauteuil le plus profond et "en avant la zizique"(1).

Crédits Bnf, Gallica, 























Pour que l'affaire soit parfaite je préparerai ça par petits bouts toute la semaine. Je ferai une liste, un ordre de passage. J'établirai un programme quoi ! Avec un rythme, un crescendo et une chute. Je ferai ça comme on organise un pique-nique dans les moindres détails. Se préparer c'est très important. C'est déjà faire clignoter les petites ampoules de la mémoire… C'est savourer, gourmet, ce qui va provoquer l'émotion, l'imaginaire et la joie de vivre (2).

Faut-il redire que Radio France qui prépare une plateforme pour que chacun puisse faire son propre programme à partir de ceux du flux récent des sept chaînes du groupe public, aurait du depuis lurette avec l'Ina inventer la radio-archives qui manque au paysage radiophonique. En attendant (le déluge) je m'organise et je commence donc ce dimanche dans quelques heures à écouter ce qui s'empile du côté des podcasts (des Nuits de France Culture) ou reste en souffrance d'écoute en streaming des émissions de France Musique, France Culture, Inter ou Nova sans oublier la foultitude d'audio d'Arte radio ou de tant de sites de podcasts. De quoi mixer une variété haute en couleurs, n'est-il pas ?

Ci-dessous quelques suggestions du jour :

"Les grandes vacances", Béatrice Leca et Gaël Gillon, ACR, 4 octobre 2011, 


Pour "L'été en tandem" je vais essayer d'écouter un maximum des vingt-cinq épisodes de la série… dont j'avais pris soin d'archiver les épisodes à l'été 2006…

"Des salopards  en vacances", Raphaël Bourgois et Martin Quénéhen, 25 août 2006,


"Lieux de mémoire :1936 ou l'embellie des congés payés", Marie-Christine Navarro, 30 juillet 1998,


À dimanche prochain, 10h…

(1) Ça c'est un double clin d'œil à Boris Vian et à Alain Poulanges/Janine Marc-Pezet qui coproduisaient sur France Inter pendant trois saisons (1992-1995) "En avant la zizique" (indicatif Hugues Le Bars)

(2) "La joie de vivre" première émission de variétés à la télévision d'Henri Spade et Jean Nohain (1952-1959)



Il manque une ou deux secondes pour entendre encore une fois  Gainsbourg dire "le temps d'une chanson" chute de "La javanaise"…

vendredi 15 mars 2019

Holding ORTF : épisode 2…

Comme je l'écrivais dans mon précédent billet, pour évoquer la future loi audiovisuelle j'ai choisi de mettre en concordance des temps (1) la dissolution de l'ORTF en août 1974 et la future super holding qui associera l'ensemble des acteurs de l'audiovisuel public. Si "rien n'est décidé" comme l'affirmait, sur Twitter, Franck Riester, Ministre de la Culture (2), l'étau se resserre si la loi doit être votée l'été prochain. On peut affirmer sans crainte d'être contredit par le ministre que cette future loi a pour ambition de faire beaucoup plus que le "simple" regroupement de Radio France, France Télévisions, l'Ina, Arte et France Média Monde quand on pense que la typologie même de ces sociétés et leur identité propre risquent d'être complètement chamboulées.

Avant le débat télévisé Giscard/Mitterrand, avril 1974


















Commençons par l'année 74. Giscard à peine élu (19 mai 1974) ne laisse s'installer aucune tergiversation pour réformer l'Office de Radio et Télévision Française (ORTF). L'ex-ministre des finances (1969-1974) de de Gaulle et de Pompidou a "dès le 30 mai [68] fait une déclaration et propose l'élaboration d'un nouveau statut [pour l'Office] et le programme électoral de son parti le prévoyait expressément" (3). L'opposition qu'on appellera "la gauche" a beau s'indigner (voir la vidéo Ina ci-dessous) rien n'y fera. Les Français sont en vacances et les parlementaires ont hâte de prendre les leurs.

Spécial ORTF, J.T. de 20h, Antenne 2, 22 juillet 1974,
(en exclusivité et intégralité pendant un mois…)



Avec par ordre d'apparition à l'écran : André Rossi porte parole du gouvernement, Roger Chinaud secrétaire général des Républicains indépendants, Claude Estier, Comité directeur parti socialiste, Jack Ralite (PCF) membre de la commission des affaires culturelles de l'Assemblée nationale, Joël Le Tac, rapporteur du budget ORTF. Si plusieurs intervenants évoquent "six sociétés indépendantes pour remplacer l'ORTF "c'est que deux jours avant la loi personne n'a pensé aux archives et à la création de ce qui deviendra l'Ina…

Dans un article du Monde diplomatique (4), Marc Endeweld précise que dans l’article 2 de la loi du 7 août 1974, il est spécifié « L’ORTF est supprimé ». Il écrit : "Par cette décision [la loi d'août 74], le nouveau pouvoir entend surtout rompre avec un symbole gaulliste, tout en poursuivant deux objectifs : l’affaiblissement des syndicats et le contrôle de l’information. Deux cent cinquante journalistes sont licenciés ; des centaines d’autres se retrouvent au placard." 

Donc, une fois l'édifice à terre (pas la maison de la radio bien sûr) à chacun des dirigeants des sept sociétés créées de se "débrouiller" pour une éventuelle coordination. Soit, en tous cas, les effets d'un libéralisme sauvage pour donner un orgasme à tous ceux qui pensaient enfin pouvoir être débarrassés des syndicats et du Parti Communiste Français (PCF) qui "dirigeaient" l'ORTF (5). Mais en 74 la radio et la TV étaient indépendantes l'une de l'autre et n'avaient pas le projet "forcené" de travailler ensemble et surtout de se mixer au point de se fondre ou de se diluer dans le magma télévisuel. 

Tandis qu'aujourd'hui l'effet "média global", tarte à la crème tendance en baisse, impose de tout repenser au risque non pas de faire, dixit Riester "une révolution à 360°" (ce qui fait revenir au point de départ et ne révolutionne rien) mais bien plutôt à 180° et bouleverser l'ordre des choses : mettre de l'image sur la voix, "tuer" la radio ou très vite la muter en "audio" pour des stories, des podcasts natifs, des capsules "culture prime", des trucs et des machins, et acter à moyen terme la disparition des grilles de programmes élaborées sur 24h et sur 7 jours, pensées aux origines du média dans sa globalité et son autonomie absolue.

Et je n'ai encore rien dit des risques de "remettre tout l'audiovisuel public dans les mains d'une seule personne [la/le super Pdg de la holding], soit mettre en péril l'indépendance de chacun des médias" [associés], comme me le susurre une amie journaliste avertie ! On en parlera dans l'épisode 3 qui ne saurait tarder à être publié !
(À suivre)


Horloge ORTF ou la quintessence des années 60















(1) Clin d'œil à Jean-Noël Jeanneney, producteur de l'émission du samedi "Concordance des temps", France Culture, 10h, depuis 1999,
(2) Suite à l'article du JDD de dimanche 10 mars 2019 de Renaud Revel dans Les Échos,
(3) in PerséeLa grève de l'ORTF vue à travers la presse hebdomadaire locale, Marc Martin, Matériaux pour l'histoire de notre temps, Année 1988, pp. 230-237,
(4) Avril 2012,

(5)"De 1950 jusqu’aux premières années de la décennie soixante-dix, les réalisateurs communistes étaient nombreux à la télévision française. Stellio Lorenzi, Marcel Bluwal, ont été, dès 1950-1951, les chantres des « dramatiques » tournées en direct, adaptations de classiques de la littérature française, faisant appel aux comédiens formés par le théâtre populaire. Fer de lance de ce que l’on a appelé l’École des Buttes Chaumont (qui comprenait d’autres réalisateurs, non communistes, comme Claude Barma, Claude Loursais, Claude Santelli, etc.)…", in Cairn, "Les réalisateurs communistes à la télévision. L'engagement politique : ressource ou stigmate ?", Isabelle Coutant, dans Sociétés et Représentations 2001/1 (n° 11), pages 349 à 378,

mardi 12 mars 2019

Holding ORTF : ça se précise (un peu)…

Le Ministre de la Culture, Frank Riester a un grand sens de la surprise. Il a eu beau s'exprimer dimanche devant Renaud Revel, journaliste au Journal du dimanche (JDD) pour nous préparer à la grande réforme de l'audiovisuel public (loi prévue pour l'été prochain) nous ne savons pas encore à quelles sauces seront mangées les sociétés qui le composent dont Radio France. Si ce n'est que celles-ci pourraient être regroupées dans une holding dont le/la Pdg-Pdgère sera nommé-e par ses membres et non par le Conseil Supérieur de l'Audiovisuel.

1968, Archives nationales


















Curieux retour de l'histoire ! Dès l968 le pouvoir n'en peut plus d'une certaine indépendance de ton, de création et d'autonomie de l'Office de Radio et Télévision Française (ORTF) créé en 1964. Après les émeutes de mai et juin et une grève prolongée (41 jours) à l'Office des têtes tombent et le pouvoir gaulliste puis pompidolien (1) va entamer en sourdine un plan d'attaque non pas contre la forteresse ouvrière (Renault) mais contre la "forteresse" audiovisuelle ORTF. Il faudra moins de trois mois au jeune Président Giscard, fraîchement élu en mai 1974, et son gouvernement pour dissoudre l'Office (loi du 7 août 1974). La loi prend effet au 1er janvier 1975 pour les sept sociétés audiovisuelles crées, dont Radio France.

Hervé Rony, Directeur général de la Société Civile des Auteurs Multimédias (SCAM) a réagi sur Twitter après les annonces du JDD craignant que l'audiovisuel public ne devienne un "mastodonte". Autre mot pour dire forteresse en effet. Mais depuis presque 45 ans les choses audiovisuelles ont beaucoup changé. À l'ORTF radio et télévision travaillaient côte à côte mais jamais ensemble… ou si peu !

Dans la vidéo ci-dessous Jean Garretto et Pierre Codou pour la radio en 1967 (ils n'avaient pas encore créé "L'Oreille en coin" sur France Inter)…




La culture radio n'a rien à voir avec la culture TV, et ce n'est pas le mariage forcé en cours de France Bleu et France 3 qui peut laisser présager une douce vie commune et harmonieuse. Penser administrativement et techniquement l'audiovisuel public sans jamais y avoir associé ceux qui sont "au charbon" risque d'engendrer un "machin" (2) même si Riester nous assure, en réponse au journaliste du JDD via son compte Twitter : "Cher @renaudrevel vous vous trompez : non, je ne dévoile pas mon plan pour une réforme ambitieuse de l’audiovisuel aujourd’hui. Les sujets sont sur la table. Rien n’est décidé. Je poursuis les consultations des acteurs sur les différents scenarii possibles.

Il y aura de la rationnalisation dans l'air et certainement de la transversalité pour peut-être gommer des chaînes (de radio et de TV) ou installer des directions thématiques (les sports, la culture, l'information,…). Le machin "Culture prime" qu'ont inventé France Culture et France TV ressemble un peu à un ballon d'essai. Pour voir ! C'est le cas de le dire.


On peut imaginer la fébrilité des personnels des sociétés publiques concernées. Un "grand manitou" va décider de loin de l'avenir de l'audiovisuel public et créer à court, moyen et long terme des bouleversements sociétaux qu'il est bien difficile de mesurer mais dont on peut légitimement imaginer qu'ils feront des dégâts. Et des dégâts humains aussi. À la consultation citoyenne sur la radio et la TV de novembre dernier ne fallait-il pas associer une très grande consultation des personnels de l'audiovisuel public et de "sages" (3) qui par leurs expériences professionnelles ont des choses à dire et à partager.

Pierre Bellemare, plus grand bateleur de l'âge d'or de la radio aurait dit "Il y a sûrement quelque chose à faire" du nom d'une de ses célèbres émissions d'Europe 1 qui venait en aide aux auditeurs… Là c'est aux professionnels qu'il va falloir venir en aide !
(À suivre)

(1) Les Présidents de la République De Gaulle jusqu'en avril 1969, Pompidou jusqu'en avril 1974,
(2) Cette utilisation a pour origine une citation de Charles de Gaulle  à Nantes à propos du Congo : « Le machin qu'on appelle l'ONU ». Charles de Gaulle n'a employé qu'une seule fois cette expression pour désigner l'organisation internationale et des doutes subsistent sur le fait qu'il ait volontairement choisi ce terme pour désigner péjorativement l'ONU (source Wikipédia),

(3) Je pense entre autres à Pierre Wiehn (1973-1981), ancien directeur de France Inter, ou aussi à Jacques Santamaria (1995-1998), aussi directeur d'Inter

lundi 11 mars 2019

Archives radio… Radio-archives

J'ai du arrêter l'écoute de l'une des rediffusions des "Nuits de France Culture" pour m'atteler à ce billet dont les profondeurs pourraient être abyssales tant il y a à dire (et à écouter) sur les archives de la radio publique. Je l'ai écrit souvent et même avec une certaine constance. Mais il faut bien dire qu'excepté France Culture et Philippe Garbit, son formidable coordinateur des "Nuits" (1), écouter des archives à la radio dans la perspective d'une "Radio Archives" flotte dans les limbes du… passé.

Lise Caldaguès responsable des archives radio
de la phonothèque ORTF, en 1964.




















Suite à la consultation des Françaises et des Français sur l'avenir de la radio et la télévision publique (et les réponses de 127 000 d'entre eux) avez-vous entendu au cours de la restitution parler d'archives ? Moi non. À Radio France Il faut croire que pour les petits génies du "tout numérique" les archives n'ont rien d'excitant, quand leurs yeux et leurs oreilles ne sont tournés que vers le futur immédiat : demain. Alors hier, pensez ! Le patrimoine, la création radiophonique, la transmission du savoir tout ça c'est bon pour les discours et le vernis. À Radio France, à ma connaissance, personne n'a pris ce dossier en main qui pourtant va dans le sens même de l'histoire. 

Pourtant quelques mois après la création des "Nuits" sur France Culture, Claire Chancel crée en 1987 "Radio archives" (jusqu'à la rentrée 1999). Une heure au cours de laquelle la productrice s'efface (par son ton et ses interventions a minima) pour redonner à entendre différentes archives "disparates" sur un thème donné. En les recontextualisant et les éditorialisant. Ici le peintre Cézanne en 1996. Qui pourrait dire alors qu'on est dans le passé ? On est dans le présent le plus absolu de la découverte, de la connaissance, de la transmission. En quoi la rediffusion de documents sonores serait-elle moins actuelle que des créations récentes ? Comment l'une et l'autre ne sont-elles pas complémentaires et utiles au savoir et au plaisir de connaître ?

Je ne peux pas complètement affirmer, n'ayant qu'une seule source, que Claire Chancel s'est démenée à Radio France et à l'Ina pour élaborer cette "Radio archives" qui de fait restera sans suite. La loi de 1974 qui formalise l'éclatement de l'ORTF en sept sociétés distinctes, dont Radio France et l'Ina, impose de façon absurde à Radio France de devoir payer à l'Ina la diffusion des archives qu'elle a de fait créées en étant à l'origine de la production et de la diffusion des documents sonores. Ce volume financier des coûts de rediffusion est budgété par chacune des chaînes du service public qui rediffuse les dites-archives.

La 4L de l'Ina devant le siège à Bry-sur-Marne en 1978
Archives !!!! of course
















Une réunion (pas deux) a bien existé il y a plus de dix ans au plus haut niveau des deux sociétés pour envisager là encore une ébauche de ce qui aurait pu devenir une "Radio Archives". Sans suite. Pourtant un jour un petit génie ou une grande passionnée va monter sur la table et remuer ciel et terre pour mettre en œuvre ce qui aurait du exister dès les années 70 pour la mise en valeur du patrimoine radiophonique. Et là comme par hasard d'anciens ténors ou de futurs cadors diront comment ils y avaient pensé depuis longtemps… (mais sans jamais s'en donner les moyens ou chercher à s'en donner les moyens).

Pourtant écouter des archives c'est faire vivre la radio et lui reconnaître son fantastique pouvoir de mémoire et de… mémorisation. Écouter des archives, pour moi, c'est aussi retrouver des voix entendues il y a quelques mois ou quelques années et qui sont souvent indissociables du sujet traité ou en découvrir d'autres qui s'inscrivent dans notre propre histoire. Celle de la radio et celle de la vie. Vous l'entendrez dans l'archive des "20 ans des greniers", Karine Le Bail, sa productrice sur France Musique, le dit très bien "Le temps de l'écoute est un temps de patience. Il faut savoir prendre le temps". Et une société de radiodiffusion et une société d'archives devraient absolument nous inciter à ralentir et à (re)découvrir tout ce qui nous est passé à côté !

Quand Karine Le Bail ajoute "(les archives permettent de) retraverser la mémoire par la voix" on ne peut qu'applaudir des deux mains. Oui la mémoire de la voix nous permet, nous incite, nous "impose" de retraverser et de conserver les histoires, les faits et leurs "musiques". Les archives ce sont souvent des émotion comme ouvrir un album photo ou regarder un vieux film Super8 de ses grands-parents. C'est le plaisir de réécouter un indicatif, une annonce et un sujet connu ou inconnu. C'est un état particulier d'écoute. Un moment choisi et intime. Un genre de petite madeleine avec ou sans Proust (2).

"J'ai un rêve"… Si jamais la nouvelle loi audiovisuelle rassemble en une seule entité les sociétés de l'audiovisuel public, il n'y aura sans doute plus lieu que Radio France rétribue l'Ina pour ses archives. Mieux ces deux sociétés pourront, sans se sentir concurrentes, élaborer et mettre en ligne et/ou en hertzien cette "Radio archives". Bien sûr il s'agira d'éditorialiser et de contextualiser la matière à rediffuser. Archives que quelques pionniers comme Claire Chancel, François Régis-Barbry, Karine Le Bail, Janine Marc-Pezet (3) ou Philippe Garbit ont su "imposer/proposer" à l'antenne avec la foi et la conviction de faire œuvre radiophonique à part entière. 

28 juin 2015



4 novembre 1989


(1) Jean-Marie Borzeix directeur de France Culture (1984-1997) a créé les Nuits le 1er janvier 1985. Jacques Fayet en était le producteur. A suivi Geneviève Ladouès, en 1998. Philippe Garbit en est le producteur depuis décembre 2001,

(2) Seulement voilà quand on sent qu'une émission d'archives touche à sa fin on voudrait ralentir absolument le temps, rester encore dans l'histoire. Les voix vont s'effacer, celles de celles et ceux qui racontent, celles de ceux et celles qui font raconter. Leur petite musique va se fondre dans le cosmos des ondes. Le silence est alors le seul sas possible pour retourner lentement à une vie entourée d'autres sons, d'autres histoires, d'autres silences,

(3) Petit clin d'œil à Janine Marc-Pezet qui a démarré sa carrière à la Phonothèque de l'Ina au service des producteurs de Radio France puis, créé par Jean-Marie Cavada, Pdg de Radio France, responsable de "L'atelier Mémoires" au service de toutes les chaînes du groupe public. En interne elle s'est battue pour que de nombreuses émissions d'Inter soient conservées et archivées avant que ça ne devienne bien des années après systématique. En tant que co-productrice elle a fait les belles heures de nombreuses émissions de France Inter.

vendredi 8 mars 2019

DAB+ : un quarteron de Pdg (bat) en retraite…

Las, "Le bureau de la radio" (1) l'officine lobbyiste de radios privées, après avoir longtemps hurlé au loup (2) contre la Radio Numérique Terrestre (DAB +) vient de voir la totalité de ses membres acceptée par le CSA pour une diffusion nationale en DAB+ de leurs antennes respectives. Jusqu'à preuve du contraire les dits-lobbyistes ne se sont pas empressés pour dire tout le bien "nouveau" qu'ils trouvent au DAB+.




Par contre le vice-Pdg d'Europe 1, le ci-devant Laurent Guimier, lui s'est empressé dès le 5 mars sur Twitter, de se réjouir pour Radio France de la décision du CSA de valider l'autorisation d'émettre nationalement en DAB+ six chaînes du Groupe public (3). Le zèle dont fait preuve Laurent Guimier à l'égard de son ancien employeur est pour le moins surprenant (4). Le Canard enchaîné trouverait sûrement la bonne formule pour dire que pour aller de l'avant il faut savoir ménager ses arrières. On ne se souvient pas de ses positions pro RNT/DAB+ quand il était aux commandes de France Info (2014-2017) pas plus qu'en tant que "directeur délégué aux antennes et aux contenus" de Radio France. En tant que journaliste il aurait pourtant du nous rappeler dans quelles conditions Lagardère (propriétaire d'Europe 1) a viré casaque pour se ranger dans le camp du DAB+ ! 

Quant aux deux "experts indépendants" anti-RNT, Marc Tessier et David Kessler, ils sont juste désavoués ! Pourtant l'ancien Pdg de Radio France, Roland Faure (1986-1989) avait présidé dès sa fondation en… 1991 le "Club DAB, organe de promotion de la radio numérique qui regroupe tous les acteurs de la recherche, de l'industrie, des programmes et de leur diffusion." Quelques acharnés de radio se souviendront aussi que Roland Dhordain (ex directeur de la radio période ORTF, ex directeur de France Inter et animateur de nombreuses émissions sur cette chaîne) ne manquait jamais à l'antenne de promouvoir cette "nouvelle" technologie. Si la plupart des Pdg et responsables de Radio France soutenaient la Radio Numérique Terrestre on écoutera ci-dessous (pour rire) les certitudes et "convictions", agiles forcément agiles, de l'ex Pdg Mathieu Gallet (2014-2018).



Récepteur DAB+












Il est bon de rappeler qu'il appartenait au gouvernement - et pourquoi pas au CSA (Conseil Supérieur de l'Audiovisuel) ? -  de préempter des "fréquences" de diffusion numériques pour le service public de radiodiffusion. Il y avait bien sûr en arrière-plan la question de la continuité et du doublon de la diffusion en FM (Modulation de Fréquence). Et du coût d'entretien et de renouvellement des infrastructures hertziennes (depuis fin 2017 la Norvège a définitivement abandonné la FM). Les gouvernements successifs de MM. Chirac, Sarkozy et Hollande n'ont jamais voulu s'engager pour le DAB+.

Les voitures étant d'ores et déjà équipées d'autoradios FM/DAB+ il appartiendra à chacun d'entre nous d'investir dans un récepteur domestique et de commencer à mettre sous cloche notre vieux transistor ou tuner FM/GO/PO et sans doute d'envisager de faire annuellement des conventions très sérieuses (ou des Pow-Wow) autour de l'émetteur d'Allouis pour que la FM ne meure pas tout de suite. Amen !


Fip devant être reçue sur tout le territoire métropolitain avec le DAB+ qu'adviendra t-il de ses locales (Bordeaux, Nantes, Strasbourg) et de ses animatrices ? Cette radio sera-t-elle traitée comme les locales de France Bleu qui doivent bénéficier du DAB+ sur leur zone de diffusion ? Cela fait plusieurs années que Radio France cherche des "solutions" pour se séparer de ces locales qui chacune ont plus de quarante ans d'existence. Entendre et voir…




(1) Le Bureau de la Radio est une association créée en 2009 par 4 grands groupes média ( Lagardère active, NextRadioTV, NRJ Group et RTL Group) et contrôlant 12 radios nationales (RTL, NRJ, Europe 1, Nostalgie, Fun Radio, RMC, Virgin Radio, RTL 2, RFM, Chérie FM, Rire & Chansons, BFM).

(2) "La quasi-totalité des radios nationales ont exprimé leurs plus grandes réserves sur cette technologie du numérique terrestre la considérant obsolète face à l’explosion de l’audience IP, et indiqué que le modèle économique de la RNT n’était pas viable. Les éditeurs de radio doivent pouvoir mobiliser leurs ressources d’investissement pour répondre aux défis de l’IP" souligne encore le Bureau de la Radio qui rappelle que "deux experts indépendants, Marc Tessier puis David Kessler avaient d’ailleurs conclu successivement que ce projet n’était pas soutenable du point de vue économique", in "RNT : l'incompréhension du Bureau de la radio", La lettre pro.radio, 23 janvier 2015,


(3) Saisi par le Gouvernement d’une demande de réservation prioritaire au bénéfice de la société nationale de programme Radio France [1], le CSA, réuni en assemblée plénière le 6 mars 2019, a décidé de valider l’autorisation en DAB+ des services France Inter, France Culture, France Info, France Musique, FIP et Mouv’, in communiqué du CSA du 6 mars 2019,


(4) Ce n'est que le lendemain 6 mars qu'il informera ses followers de la diffusion en RNT  des radios du Groupe Lagardère (Europe 1, RFM et Virgin),




Merci à Pierre Boucard, Le Son Unique (SUN), Nantes, d'avoir conservé dans ses archives cette pièce d'anthologie !