mardi 31 décembre 2013

Un "Pot au feu" qui mitonne toujours…

Une séance d'anthologie, au café "Le Bouillon Racine" (ou au Cluny ?) (1), au quartier latin à Paris, Jean Lebrun donne la parole aux auditeurs qui veulent s'exprimer sur la nouvelle grille de France Culture (septembre 1999), en présence de Laure Adler, la nouvelle directrice de la chaîne, en remplacement de Patrice Gélinet (1997-1999).







Une page de publicité…



(1) Pot au feu, du lundi au vendredi, France Culture,18h20-19h30, 1999-2003, (le mardi en direct du café "Le bouillon racine")

lundi 30 décembre 2013

Métro, radio, dodo…

© Patrick Morandini









Alors là je pèse mes mots… Géniale oui géniale cette idée de créations dans et pour le Métropolitain (1) parisien avec AUSSI des archives dans les oreilles (2). "Constatant la difficulté de créer une ambiance sonore dans l’espace souterrain, Nicolas Judelewicz [compositeur et musicien] est revenu à la charge lors de la Nuit blanche 2013 avec un autre procédé. Casque sur les oreilles et smartphone en main, les visiteurs de la ligne 1, La Défense-Château de Vincennes, pouvaient scanner un code QR (sorte de code-barres carré et pixélisé) posté à l’entrée du métro. Une bande-son se téléchargeait alors sur leur portable, destinée à les accompagner pendant une partie du trajet." (1)

Je vois bien là un des "futurs de la radio". J'en dis pas plus, je gamberge.

(1) "La ligne 1 sur écoute" in Libération, 27 décembre 2013,
(2) Où certains reconnaîtront la voix de Claude Villers, producteur à France Inter, de Jacques Tardi, dessinateur, et de quelques autres…

dimanche 29 décembre 2013

Un drôle de Conte…

© AFP, fin des années 70






À rebours du politiquement correct, Arthur Conte, premier Pdg de l'Office de Radio et Télévision Française (ORTF) est décédé le 26 décembre. Ce nom je l'avais dans l'oreille sans connaître ni le personnage ni son histoire. Interpellé sur Twitter par l'Institut National de l'Audiovisuel j'ai commencé par aller regarder "L'homme en question" (1). Cette émission de France Région 3 est très masculine : son titre, son producteur, ses intervenants (2). Arthur Conte est à son affaire à la télévision, attachant, truculent même quelque fois, malgré ses retenues farouches de paysan catalan, maniant le verbe avec une belle aisance et nous faisant profiter d'un vocabulaire raffiné. En cette fin d'année 77 l'ORTF n'est plus et a été "remplacée" par sept sociétés indépendantes (3) dont FR3. Vient le tour de Jacques Sallebert d'interroger Conte. Pillaudin lui passe la parole sans le présenter (4). Sallebert interpelle immédiatement Conte sur sa présidence de l'ORTF. Conte se délecte à répondre mais ne dira pas pourquoi il a dû démissionner le 23 octobre 1973 (5).

Aucun des présents ne le lui demande ni même n'y fait allusion. Or le plus cocasse de l'affaire c'est que c'est à "cause" de Jacques Sallebert qu'Arthur Conte a choisi de démissionner refusant une pression d'un conseiller de l'Élysée qui l'enjoignait à se séparer du directeur de la radio (1970-1974) au sein de l'ORTF. À ce micro-événement on mesure le degré de liberté dont disposaient les journalistes en 1977 pour s'exprimer à la télévision. La grosse farce politique, pour ne pas dire le soufflé, de l'éclatement de l'ORTF n'avait rien changé à la mainmise du pouvoir sur l'audiovisuel public. L'objectif de la réforme n'étant pas de libérer la parole mais de tuer dans l'œuf le pouvoir syndical et politique qui régnait à la radio et à la télévision.

Si j'ai pu remonter le fil de l'histoire c'est grâce aux "Radioscopies" de Jacques Chancel. En effet comment imaginer que le célèbre journaliste de France Inter ait pu passer à côté d'un personnage de la stature d'Arthur Conte (6) ? À la différence de sa parole "bridée" à la télévision, Conte parle clair au micro de Chancel en 73 et en 76 et ne veut rien cacher des pressions qu'il a subies ni du pouvoir exorbitant de l'administration politique. Ça fait du bien d'entendre une telle franchise. On peut alors regretter a posteriori que Conte n'ait pu exercer sur la durée un mandat de Pdg qui aurait peut-être vu des évolutions sensibles à la télévision.






Si je n'évoque pas la radio c'est qu'à aucun moment, dans la vidéo Ina, ni dans ces Radioscopies la radio de l'ORTF (ou de Radio France) n'est évoquée. Il semble bien qu'à l'époque quand on parle ORTF on pense très fort à la TV et pas du tout à la radio. L'image de marque, la vitrine pour l'ORTF c'est la TV. Fort de cet a priori je me remémore l'idée récente du Président Hollande de créer un grand service audiovisuel public de radio et de télévision. Et je me marre encore plus d'imaginer qu'à l'image de l'ORTF (et le mot image va très bien) la radio risquerait bien d'être noyée dans ce service audiovisuel qui d'après la ministre de la Culture, Aurélie Filippetti aurait commencé par fondre les sites internet des deux groupes publics audiovisuels.

Pour l'instant je/nous ne saurons rien des idées, projets, analyses d'Arthur Conte pour la radio. Sallebert dérangeait les officines du pouvoir pompidolien, il n'était pourtant en rien considéré comme un gauchiste. Il faisait même preuve d'une grande prudence car recevant Pierre Wiehn et Claude Villers (7) pour faire connaissance avec une nouvelle émission de la rentrée 73 sur Inter, il refusa le titre de "Panique" que Villers, avec à-propos et gourmandise, changea immédiatement en "Pas de panique". Si Gérard Coudert (8) me faisait remarquer qu'aucun autre pays européen n'avait séparé radio et télévision publique et s'interrogeait sur la pertinence de maintenir une spécificité française, je me permettrais de suggérer d'en rester au statu-quo, car même si la future entité s'appelait Radio France TV, d'aucuns seraient peut-être prompts à définitivement filmer la radio et à noyer le poisson au point de très vite raccourcir le titre en… "France TV".
 
Jacques Sallebert

 










(1) Une émission de Roger Pillaudin, qui avant de faire de la télévision était connu à la radio (France Culture) comme producteur,
(2) Ici Claude Estier, René Rémond, Jacques Sallebert,
(3) Indépendantes entre elles mais pas du pouvoir giscardien (1974-1981),
(4) Sympa pour ceux qui dans… 50 ans regarderont la vidéo. Sallebert est journaliste, a dirigé les bureaux de l'ORTF à New-York dans les années 60, et directeur de l'info de la deuxième chaîne (Antenne 2) de 1975 à 1976,

(5) Nommé en juin 1973, (Président de la République Georges Pompidou),
(6) Chancel recevra Conte à 5 reprises (1970, 1973, 1976, 1979, 1988),
(7) Wiehn journaliste et directeur d'Inter (1974-1981), Villers producteur d'émissions pendant 40 ans sur la chaîne publique,
(8) Ex-directeur des Ateliers de Création Radiophoniques Décentralisés du Grand Ouest (Radio France),




vendredi 27 décembre 2013

Paris, Bordeaux, Le Mans…









Que c'est chic d'entendre de la friture sur les ondes. Nous sommes à Colombes en 1952… ou presque. Jean Thibaudeau (1) a imaginé (en 1961) un reportage sur le premier match de football d'après-guerre entre la France et l'Allemagne… Sur cette création radiophonique, réalisée par Alain Trutat, Jean Thibaudeau précise : «Je n'avais aucune expérience de la radio, expliquera-t-il à ce propos en 1983, je n'avais jamais mis les pieds dans un studio, je n'avais peut-être même jamais vu un magnétophone de ma vie, je connaissais la radio uniquement comme auditeur. Pourtant, le sujet du reportage, ce serait, autant ou plus que le football, la radio».
 

Au moins autant que le match "réinventé" il s'agissait bien de donner à entendre une rivalité d'affrontement sans enjeu guerrier. Thibaudeau s'écarte sans cesse de l'événement, pour ceux "peut-être" qui ne sont pas dans la ferveur du match et qui vivent autrement ce dimanche "historique". Certains guettent, dans la vallée de Chevreuse, les coureurs cyclistes pour l'épreuve des "Boucles de la Seine", tout en tenant à l'oreille leur transistor. Les ondes radio se propagent jusqu'en bord de Marne. Des amoureux n'ayant que faire du ballon se promènent… et se fondent dans la nature, décrite sans ostentation. Et puis d'autres encore, captivés par le reportage de leur auto-radio, finissent par embrasser les platanes.
 

Pierre Schaeffer






Les narrateurs sont multiples, des voix féminines, des voix masculines, des speakers sportifs en plusieurs langues crachent dans leurs micros. Thibaudeau intervient lui-même dans son documentaire et dévoile sa façon de captiver l'auditeur. Il joue aussi et se joue des formes de narration radiophoniques jusqu'à parodier la "réclame" avec des "spots" plus vrais que nature. On navigue entre réel et fiction, et pour nos oreilles de 2013, on est dans le documentaire, écrit, travaillé, monté. Mais pour les oreilles de 1961, comment certains n'ont-ils pas été décontenancés, déçus, enthousiastes, voire heureux qu'on ose désacraliser le sport à ce point-là, qu'on invente des histoires, pour donner une autre écoute au reportage sportif non descriptif, à flux continu ?
 

Voilà de la création radiophonique, imaginative, surprenante, poétique, décalée du big bazar et du maelstrom qu'entretiennent les médias pour sanctifier, jour après jour le football de foire. Qui d'autre que Thibaudeau a eu l'idée de rejouer le match ? Pas à la façon lourde et triviale du Café du Commerce entretenu encore aujourd'hui sur une radio du Luxembourg. Thibaudeau joue, tourne autour du ballon, s'en éloigne, décentre le jeu, y revient, donne des noms de joueurs des deux camps, jusqu'à citer des marques. Thibaudeau fait de la radio, compose une pièce sonore qui, au-dessus du nid de coucou, donne à prendre la mesure de l'autour et peut-être ramener à sa juste dimension une rencontre sportive suivie par 60 000 spectateurs, quand le reste de la France (et de l'Allemagne) vaque à d'autres occupations, où est rivé derrière son gros poste à lampe (2).
 

Comment aujourd'hui tenter une pareille démarche de création radiophonique, comment profiter d'un événement sportif fédérateur pour "renverser les quilles", bousculer le bel ordonnancement, les commentaires convenus, les pronostics bidons, les superlatifs ridicules ? Seriez vous-prêt M. Vendroux (3) à tenter l'expérience pour le prochain mondial ? Offrant chaque jour aux auditeurs une fiction à partir des matches mythiques des éditions passées, une création qui interrogerait le sport en donnant à voir et à entendre ce qui tourne autour. C'est un beau projet passionnant à inventer, à fabriquer mais il n'y a plus de Club d'Essai, plus de Paranthoën (4) pour imposer un tel décadrage et bientôt plus d'argent. Pourtant j'en suis sûr vous sauriez M. Vendroux trouver les subsides qui permettraient une "telle folie" (5). Car des auteurs il y en a et ce serait l'occasion de recréer le temps d'un Mondial un "Club d'essai" qui ne demanderait, passé l'essai, qu'à se transformer… en laboratoire de recherche radiophonique.

(1) Décédé le 18 décembre 2013, voir l'article de Phonurgia nova,
(2)
On est en 1952, le transistor n'a pas encore fait son apparition,
(3) Directeur des sports à Radio France,
(4) Ni de Trutat, ni Garretto et Codou, ni de Chouquet, 
(5) Comme la création d'une radio temporaire pour le Mondial 98,

jeudi 26 décembre 2013

Charlotte (Bienaimé) et Mémé…







Bon là je risque un peu d'énerver Silvain Gire, (1) mais bon sang de bon sang, ne pourrait-on trouver une façon régulière, quotidienne de "recevoir" Arte radio sans qu'on la cherche… du bout des doigts. Je sais ce n'est pas le projet d'Arte radio mais en quoi ça gênerait de doubler le site d'une diffusion en continu aléatoire ou thématique ? "Tu causes, tu causes, Fañch, mais nous on veut que nos auditeurs fassent la démarche de venir écouter nos sons en ligne, OK  ?" C'est vrai c'est un autre projet mais j'aimerais tellement me laisser surprendre par un flot continu où l'on pourrait pendant l'écoute en flux "avancer, reculer et mettre sur pause" (2). Serais-je un peu feignant pour ne pas faire l'effort de chercher parmi plus des 1800 sons que propose Arte radio ? Je ne crois pas, j'ai juste envie de ne pas choisir avant l'écoute. Vieille habitude de la radio hertzienne sans doute. Bon ne t'énerve pas Silvain, j'ai dit ça j'ai rien dit… Bravo pour ce que vous faîtes et bonne année 2014 à toute l'équipe.

(1) Créateur et directeur d'Arte radio,
(2) Comme le proposait lbino Pedroia, membre du Grer (Groupe de Recherche et d'Etudes sur la Radio) et porteur du projet "Onde Numérique", au Mouv' le mardi 17 décembre dernier.

mercredi 25 décembre 2013

Studio 125, la fiction

P.Jacques, M.O.Monchicourt, Kriss, A.Gribes, E.Den, K. David







À Noël 2011, j'ai écrit cinq épisodes d'une fiction sur le "Studio 125" qui hébergea longtemps l'équipe de l'"Oreille en coin" (1). Vous trouverez ci-dessous les liens pour chacun des épisodes :
1. Kriss
2. Claude Dominique (1)
3. Claude Dominique (2)
4. Daniel Mermet
5. Final

(1) France Inter, 1968-1990, du samedi après-midi au dimanche soir, producteurs Pierre Codou et Jean Garretto.

La radio filmée… (3)

Capture d'écran TV







Dans sa proposition incroyable du rapprochement de deux institutions audiovisuelles françaises, François Hollande ne nous a rien dit de la radio filmée… du temps de l'ORTF (1). "Micros et Caméras" présentait à la télévision les coulisses de la radio (et de la TV), des émissions, des présentateurs, des techniques. Plutôt que de vous donner à réécouter la "Radioscopie" du Père Noël, joué par Gérard Sire, j'ai préféré vous proposer l'épisode de "Micros et caméras" qui s'intéresse à l'émission "Radioscopie" et son animateur Jacques Chancel. L'émission se donne le temps de proposer des extraits de deux émissions (2) et d'essayer de décortiquer la mécanique Chancel, déjà à l'œuvre depuis 300 n° (3).

(1) Office de Radio et de Télévision Française, 1964-1974,
(2) Maurice Chevalier avec un Chancel qui roucoule, Roger Garaudy et un Chancel qui se délecte de politiser et de tailler une croupière au Parti Communiste Français,
(3) L'émission a démarré avec la nouvelle grille d'octobre 68, le premier invité de Chancel était Roger Vadim, ce n'est pas encore Georges Delerue qui a créé l'indicatif "mythique". L'émission se déroulait du lundi au vendredi, pendant plus de 58', à 17h. 1968-1982, 1988-1990,

Jusqu'à 32'45"


Clin d'œil de Noël à Jacques Chancel qui, pour des raisons de santé n'avait pu participer à la "Radioscopie" que Jean-Claude Ameisen voulait lui consacrer pour les 50 ans d'Inter le 8 décembre dernier. Voir aussi ici.

mardi 24 décembre 2013

Maryse Friboulet, quelque chose de la radio…

Jean-Louis Foulquier et Maryse Friboulet © Michel Rougé - 1973 - 2013







Jean Lebrun sait aller chercher loin les "débuts" de ses invités. Jamais de façon abrupte. Il coule sa question dans les prémices de ses récits, comme on donnerait la main à quelqu'un d'inconnu pour faire passer le fluide indispensable à un dialogue, où, le temps, mesuré, devra être au maximum dédié à la parole ou au témoignage. Maryse Friboulet a commencé sa longue "carrière" de quarante ans à France Inter en repérant Limoges sur une carte de France pour rentrer à Inter-Services Routes créée par Roland Dhordain (1). C'était un temps ou les hasards faisaient bien les choses. Combien de témoignages de ce genre pourrions-nous recueillir de professionnels qui ont commencé à la radio avec "rien" comme bagage, diplôme ou certificats (2) ? Mais être en cabine pour l'enregistrement des droits d'auteur a été pour Maryse Friboulet sa première expérience "dedans". On voit bien comment ce tâtonnement expérimental, cher au pédagogue Célestin Freinet, était d'un usage courant à la radio quand aujourd'hui il faut être capable de donner des résultats avant même d'avoir engagé une démarche.

On pourrait dire que de façon intuitive Maryse Friboulet a plongé dans la radio par l'écoute de ce qui se passait en régie et de ce qu'elle voyait se dérouler en studio. Observer les savoirs-faire professionnels était le meilleur apprentissage pour comprendre ce qui se vivait sous ses yeux et dans ses oreilles. Maryse Friboulet a été fasciné et "ça a duré jusqu'au dernier jour". Son témoignage est primordial pour comprendre tant les évolutions de la radio qu'un certain âge d'or "où tout (ou presque) était possible". Ces façons "artisanales" de faire la radio ont permis à quelques uns de participer au développement du média et d'y apporter, leur bon sens, leur sens artistique voir même de transcender la petite musique de la parole. 


Kriss, for ever




Qu'il est touchant et sensible d'entendre Friboulet évoquer Kriss et ses "portraits… sensibles". Où l'on perçoit que la complicité, l'intuition et la "cause commune" guident la fabrique de la radio. Si Lebrun aime convoquer le passé il sait faire revenir au galop le présent. Et Maryse Friboulet d'acquiescer au fait que si autrefois les locaux d'inter se prêtaient à la création en "bandes", ceux de Mangin entretiennent "un vaste complot contre la convivialité et la conversation". Et bam : CQFD.

Friboulet enfonce le clou "avec le numérique on passe devant les bureaux et on entend plus rien". Quand on peut imaginer, photos à l'appui, qu'autrefois l'écoute à l'oreille des sons des bandes magnétiques créait une ambiance de marché, de place publique, ou quelque fois sans doute de total recueillement… Et Lebrun de fustiger les "immenses" écrans installés dans les locaux de "La marche de l'histoire" qui empêchent de voir ceux qui se trouvent "cachés derrière". Une fois de plus c'est cette petite histoire de la radio qui rend savoureuse la grande, savante ou érudite. C'est le vécu de Lebrun et de Friboulet qui ne s'en laissent pas conter pour nous faire accroire ou avaler que "maintenant c'est beaucoup mieux qu'avant". Ces très rares moments de "coulisse" me sont précieux et peut-être partagerez-vous ce point de vue, mes chers auditeurs ? Car sinon il ne nous resterait plus qu'à gober l'auto-congratulation permanente que relaient les réseaux sociaux (3).

Et pour fermer en beauté ce moment précieux avec Maryse Friboulet, Lebrun proclame à qui voudrait bien encore l'entendre "La supériorité du son tient à l'invisibilité" et cette citation de Guy de Maupassant "Quand le monde disparaît c'est le son qui disparaît en dernier".

(1) "Père" de la réforme de Paris-Inter et "inventeur" de France-Inter, France-Culture, France-Musique. À l'époque les trois chaînes s'écrivent avec un trait… d'union… à la France !
(2) Ce qui fût aussi le cas d'Agathe Mella,
(3) Et de me réjouir d'entendre Lebrun affirmer "On ne va pas assez dans les régions à France inter".


lundi 23 décembre 2013

Voum, Vroum… Le Mouv'









Ne me demandez surtout pas d'ajouter un "r" au premier mot du titre de ce billet… Le Mouv' va donc "démarrer" le 6 janvier. Mais il fallait bien, de ci de là, préparer les esprits, enfin surtout préparer les médias, car imaginez bien qu'à peine remis de la gueule de bois des fêtes et de la cohorte à venir des vœux en long, en large et en travers (de la gorge), la nouvelle grille du Mouv' aurait pu passer à la trappe de l' "Événement de la rentrée de janvier". Joël Ronez (1), en bon communicant, ne pouvait manquer de se donner tous les moyens pour que l'arrivée sur le devant de la scène d'un Mouv "rafraîchi" échappe au gotha du commentaire et de l'analyse (2). Donc en décembre la presse nous a révélé ce à quoi on pourrait s'attendre… (3). Quelques jours plus tôt Télérama, sans rire, nous avait fait part de sa désolation au départ annoncé de Frédéric Bonnaud.

Je n'ai pas été le dernier (et même peut-être le premier) à défendre et soutenir l'animateur d'un "Plan B", riche, cultivé, intelligent qui aurait eu toute sa place sur France Inter ou sur France Culture. Si je m'y retrouvais à 100%, que dire des auditeurs de 20-35 ans, qui plus d'une fois ont dû être bien désemparés par des références culturelles qu'ils n'avaient pas, pour prendre toute la mesure et l'écoute d'un tel programme. La réforme de la grille engagée "numérique total et musique" passe de fait par ce type de départ. Et nous ne nous plaindrons pas du départ d'un Philippe Dana qui n'aurait jamais dû quitter "Ça cartoon" (4), et qui a montré depuis la rentrée 2010 qu'il avait tout oublié de la façon de faire de la radio (6), si ce n'est recevoir le cercle de ses "proches" pour enchaîner le bla-bla et enfiler les perles.










Mais dans cette transition vers "une nouvelle façon de faire et promouvoir la radio", au Mouv', il y a un temps "creux" qui n'en finit pas de s'éterniser. Pourtant une sorte de point d'orgue est intervenu à l'antenne le 17 décembre, jour commémoratif pour le Groupe Radio France des 50 ans de la Maison de la radio. Dans sa matinale, Benoît Bouscarel, avait décidé de traiter rien moins que le "futur de la radio" (5) en moins de 30' de débat. Chapeau, fortiches les gars (7) ! Pour la réécoute il vous faudra, mes chers auditeurs, tâtonner puisque cette partie de la matinale n'est pas sélectionnée en tant que telle (archaïque non ?). Si l'on apprend rien dans la première partie, la seconde nous révèle quelques perspectives de ce futur qui excite tant les médias.

Mais le plus surprenant c'est que Benoît Bouscarel a pu annoncer presque convaincant que "c'est sur le Mouv' que cela va se passer", (comprendre "le futur de la radio"). On se demandait alors bien pourquoi Joël Ronez n'était pas venu nous en parler. Trop tôt beaucoup trop tôt. D'abord on ferme le ban et c'est après, et après seulement, qu'on pourra claironner (6 janvier). Plutôt que de laisser entrevoir que Le Mouv' serait le mouvement du futur, Bouscarel aurait été inspiré de ne pas l'évoquer puisqu'il n'était visiblement pas habilité à en dresser les lignes de force. De l'effet d'annonce sans effet. Par contre j'ai retenu que Yohann Vincent regrettait qu'il n'y ait pas plus d'émissions en "stéréo" sur les chaînes de Radio France. Il est bien le seul et sans doute le premier depuis longtemps à le dire. Cette évidence de réception en stéréo cacherait donc une diffusion en mono ? Diantre voilà une bonne occasion de creuser le sujet.








Vous trouverez ci-dessous quelques extraits de citations (des intervenants de la matinale) qui ont le mérite de ne pas avoir complètement abdiqué devant une vision unique de ce futur.
"La radio filmée ne doit pas être de la mauvaise TV. BFM c'est pas de la TV mais de la radio filmée. L'image : jusqu'où on pourrait-on ne pas la laisser rentrer ? On peut avoir la meilleure technologie, s'il n'y a pas un bon contenu éditorial, ça ne marchera pas. Le son va rester déterminant mais va s'enrichir d'images. Il faudrait que les artistes s'emparent du binaural. La radio ne doit pas pâtir du numérique. Elle n'accapare pas. On peut l'écouter en faisant autre chose".

Le Mouv' va muer. Wait, listen and… see
(à suivre)

P.S. : Il est succulent d'apprendre par Jean Lebrun (La marche de l'Histoire, France Inter, 5 décembre 2013) que Thomas Baumgartner, producteur à France Culture vient d'intégrer la direction du Mouv' (en tant que "conseiller de programmes chargé des productions sonores bimédias"). 

J'ai ajouté une info à la déclaration primesautière du Président de la République lors de la commémoration des 50 ans de la maison de la radio.

(1) Directeur de la chaîne depuis fin août 2013, et par ailleurs directeur des nouveaux médias à Radio France,
(2) Oui car pour ce qui est de l'écoute il faudra quand même attendre un peu pour commencer à se faire une idée,
(3) Electron libre (abonnés), L'Express
(4) Présentation cucul de classiques du dessin animé sur Canal +,

(5) "Qu'en sera-t-il de la radio après le tournant numérique ? Comment la radio de demain peut-elle garder sa pertinence et sa légitimité face à l'autonomie du consommateur et à la multiplicité des supports de diffusion ?",
(6) Un des "Bleus de la nuit" émission de Michel Bichebois, France Inter, début des années 80,
(7) Et oui, il n'y avait pas de femme pour évoquer le futur, mais Yoann Vincent, ingénieur du son à Radio France (et non pas étudiant qui prépare actuellement un mémoire sur les nouveaux formats de radio comme l'indique le site de l'émission) et Albino Pedroia, membre du Groupe de Recherche et d'Etudes sur la Radio (Grer) et porteur du projet "Ondes numériques", un bouquet payant de 63 radios numériques, récemment autorisé par le CSA.

dimanche 22 décembre 2013

Le livre de la ronde…

 





Les éditions Somogy publient un coffret de deux beaux livres sur les 50 ans de la maison de la radio (1). Riche idée pour le premier volume que d'avoir réédité en fac-similé ce qui en 1963 présentait l'aboutissement d'un bâtiment commencé dix ans plus tôt. D'un point de vue graphique, on est bien dans les années 60. Choix typographique rigoureux d'une police de caractère sans capitale (2), épure de style et une certaine rigueur, froideur pour présenter le tout. Peu de personnages (un caissier, deux caissières, deux hôtesses) et des lieux absolument inhabités. Il s'agissait bien de présenter "La maison" pas ses habitants. Personne ne nous dit comment il a fallu l'habiter, comment on fait les personnels qui venaient de 33 lieux différents dans Paris, comment les artistes ont-ils pu mettre un peu de chaleur dans leurs différents foyers et surtout comment circulait-on ? Pas le début d'une présentation de signalétique qui a du mettre un certain temps à se mettre en place.

Par contre "on reste sans voix" devant tant d'imagination pour avoir pensé "à tout". Quel a donc été la commande et par qui pour que Henry Bernard réussisse avec tant de mesure dans la démesure ? Comment a t-on pu passer du rien au gigantesque ? Europe n°1 et Radio-Luxembourg dans leurs minuscules locaux (3) devaient ne pas en croire leurs yeux. "mais qu'est-ce qu'ils peuvent bien faire là-dedans" devaient se demander les passants émerveillés ou éblouis par le futurisme du bâtiment ?









Le deuxième volume, brosse les étapes d'une réhabilitation commencée en 2003 et qui trouvera son apothéose à l'inauguration de l'auditorium en 2014. Les images de Claude Abramovitz, photographe maison, sont belles et fortes. Elles décrivent le gigantisme d'un chantier qui n'a pas empêché les radios d'émettre (4). Quand on aime cette grande maison, on feuillette lentement ces soixante-quatre pages et on prend la peine de décortiquer les textes qui donnent des pistes d'engagement pour les cinquante prochaines années. Reconnaissons que la radio publique a eu deux fois de la chance, qu'en pleine ascension de la télévision l'État accepte de s'engager dans une très lourde opération financière et que cinquante ans plus tard, celui-ci y croit suffisamment pour y mettre les moyens nécessaires à sa réhabilitation. La photo des pages 58 et 59 figure la démolition des studios 102 et 103 qui deviendront l'Auditorium. Cette photo donne une idée assez précise du chantier et d'une certaine façon de la puissance de la radio publique qui n'a pas pour seule fonction d'émettre des sons et des voix, mais aussi de produire de la musique.

Ce sont mes deux livres de chevet pour finir l'année, pour revenir sur le passé et rêver au futur. Après avoir lu ces livres, on ne pourra plus se représenter la radio de la même façon. Au-delà des studios, du son, la Maison de la radio est la grande ville de la radio qui fourmille et invente chaque jour une autre façon d'entendre le monde.

(1) "La maison de l'ORTF, 1963" et "La maison de la radio, 2013", Décembre 2013, co-édition Radio France,
(2) Excepté pour le discours du Général de Gaulle, 
(3) Respectivement Rue François 1er et Rue Bayard, Paris,
(4) À France Inter toutefois d'émigrer "Rue du Général Mangin" avant de rentrer au bercail en mars 2014. C'est alors France Bleu qui prendra sa place…

vendredi 20 décembre 2013

La voix humaine…

Hier j'écrivais que sur le dessin de @nodesign et sa radio du futur il manquait les voix. Aujourd'hui découvrant la création du futur orgue de l'auditorium de Radio France, j'ai l'impression d'entendre des "voix" (1) Je trouve les deux vidéos ci-dessous époustouflantes. Plutôt que d'assister au résultat dans un an dans l'auditorium, il était bon de commencer à connaître et comprendre la démarche de Gerhard Grenzing, le Maître facteur d'orgue sélectionné par Radio France. Et d'imaginer comment sur place… ça va vibrer.

Sur France Musique, dans Fabrication maison, samedi 21 décembre 2013 à 16h00, Dominique Boutel revient sur ce «concert dans les copeaux» donné dans l'atelier de maître Grenzing.

(1) Justement "La voix humaine ou vox humana est un jeu d'orgue de la famille des jeux d'anche, spécifiquement à anche battante." (Source Wikipédia)





jeudi 19 décembre 2013

Le futur… pas si simple (à dessiner)




Ça n'arrive jamais ! Feuilletant le site "maison de la radio" (1), j'ai commencé, avant d'écrire, par choisir l'image (ci-contre) tellement simple. Son auteur, Jean-Louis Fréchin, imaginant le futur de la radio prévoit qu'il sera fait par
"des journalistes, des animateurs et des émissions". Rien de changé donc ? Si, quelque chose a changé que ne montre pas cette image "si simple" ? La voix n'est plus l'argument principal du média radio ou plutôt "la voix n'est plus mise en avant". Un comble quand on fait de la radio. Je vois bien les ondes grisées en accroche des smartphones, je vois bien les intervenants avec un casque sur les oreilles, mais rien ne me dit que la voix sera un atout pour passer à la radio, ou fera la différence pour faire de la radio. Si l'argument était "pour faire de la radio il vous faudra une voix" on peut bien imaginer qu'une palanquée d'animateurs et de journalistes feraient aujourd'hui un autre métier. La voix et sa quintessence ont disparu au profit… de l'image. La distinction par la voix n'est pas représentée sur ce dessin. Elle est de moins en moins distinguée dans le brouhaha médiatique. 

"Quelle voix, mais quelle voix" est une exclamation qui risque de se raréfier au point qu'elle distinguera la radio d'avant. Au point que c'était la voix qui faisait l'homme ou la femme de radio et même quelque fois… l'homme d'État.

(1) http://maison.radiofrance.fr



mercredi 18 décembre 2013

Monsieur le Président…

 © Présidence de la République











Monsieur le Président [de la République], je vous fait une lettre, que vous lirez peut-être, si vous avez le temps. Vendredi dernier, 13 décembre, pour le concert du cinquantenaire de la maison de la radio, Jean-Luc Hees, Pdg de Radio France a bien fait de dire, avant de vous laisser la parole, que Radio France était sensible à ce qu'un Président de la République l'honore de sa présence et de sa parole pour fêter son cinquantenaire. Je vous ai bien écouté Monsieur le Président, et au-delà de la description de la situation que vous avez faite de la radio publique, et de ses enjeux pour les années à venir, deux choses ont attiré mon attention.

Vos souvenirs personnels d'auditeurs rejoignent sûrement ceux de la plupart des auditeurs de la radio publique de votre génération. Vous avez cité des noms prestigieux et des émissions qui ne le sont pas moins (1), mais je pensais inévitablement aux autres noms et aux autres émissions des deux autres radios publiques d'origine - France Culture et France Musique - qui, elles aussi, ont participé à façonner la diversité de l'offre publique de radio et qui ont laissé des traces durables dans la mémoire collective des auditeurs. Même si vous n' étiez pas auditeur de ces chaînes, - qui pourrait vous le reprocher ? -, il eût été bon de les mettre aussi en avant. Vos habitudes d'écoute et de fidélité ressemblent beaucoup à celles des Français qui, quand ils ont fait le choix d'une chaîne ont beaucoup de mal à "aller écouter ailleurs". Si c'est bon pour la chaîne la plus écoutée (France Inter) c'est dommage pour le Groupe Radio France et pour la diversité de son offre. Vous-même devriez de temps en temps, en vos rares moments de loisir, tenter la découverte.


© Présidence de la République








Quant aux autres chaînes du Groupe il y a encore beaucoup de choses à faire pour inciter les auditeurs à aller plus souvent picorer hors de leurs propres sentiers battus. Peut-être conviendrait-il d'abandonner l'autopromotion d'une chaîne (sur sa propre chaîne) en la remplaçant par la promotion systématique de toutes les chaînes de Radio France ? Car, voyez-vous, quand on réécoutera votre discours dans cinquante ans, on ne pourra s'empêcher de constater que vous étiez un auditeur de France Inter et que vous êtes peut-être passé à côté de très bonnes choses sur les autres stations du Groupe.

Quand vous avez évoqué le chapitre des mutations, vous avez, à deux reprises, parlé de "Grand service public audiovisuel" en osant rapprocher la radio et la télévision publique. Vous avez du en estomaquer plus d'un dans la salle (2). Cette idée, évoquée sans avoir l'air d'y toucher, est surprenante, inattendue et certainement un tout peu peu déroutante pour ceux qui travaillent dans l'un ou l'autre de ces médias. Permettez-moi de croire que ce n'était pas une "idée en l'air", juste pour lancer une piste ou pour tester à chaud des réactions. Par contre à froid ça risque de donner ! Et l'on a pas fini de se souvenir de ce 17 décembre 2013 qui aura - peut-être ?- posé les jalons du mariage du siècle. Refaire l'ORTF (Office de Radio et Télévision Française) ce serait réinventer ce que Giscard (3), d'un coup de loi en 1974, avait fait voler en éclats. Vous réinventeriez l'eau chaude et, d'ici que la TV vienne filmer la radio en continu il n'y aurait qu'un pas que beaucoup, au titre de l'"évolution normale de la radio" (sic), aimeraient voir franchir sans état d'âme. Nous prendrons soin de regarder comment ce ballon-sonde que vous avez lancé évoluera dans le Paysage Audiovisuel Français. Ou il fera "Pschittt", ou il préfigurera les grandes manœuvres de l'audiovisuel public. Wait and see. Mais rappelez-vous, vous avez vous-même cité Orson Welles. Autant que pour le cinéma "L'avantage de la radio sur [la TV] , c'est qu'à la radio l'écran est plus large» 

(1) Jeunesse, Chancel, Artur, Bouteiller, Villers, Desproges, Vendroux, Foulquier,…
(2) Je crois que M. Pfimlin, Pdg de France Télévision était dans le studio 104,
(3) Président de la République, 1974-1981, qui verra l'ORTF éclater en 7 sociétés audiovisuelles distinctes,



On nous prend pour des pommes (ajout du 22 décembre 2013)
Pas du tout calculée la proposition de rapprocher "RF/FTV" annoncé en loucedé lors du discours du cinquantenaire ? Le lendemain Aurélie Filippetti en rajoutera une couche en imaginant le rapprochement des sites internet des deux institutions de l'audiovisuel public. Le président envoie le missile, la Ministre de la Culture les billes. On attend avec impatience l'avis du régulateur, M. Olivier Schrameck soi-même, président du Conseil Supérieur de l'Audiovisuel.

mardi 17 décembre 2013

En v'là du doc en v'là…

 








Ce soir plusieurs chaînes de Radio France diffusent le concert du cinquantenaire de la Maison de la radio. Il y a vingt ans, le 18 oct 1993, Sylvie Andreu fêtait (à elle toute seule ?) les trente ans de la Maison de la radio. En ce temps-là à 17h30, le lundi sur France Culture, c'était "Les îles de France" et les quatre jours suivant "Le pays d'ici"…

Dans le documentaire que vous pourrez écouter ci-dessous Sylvie Andreu recueille, entre autres, le témoignage de Michel Godard qui, avec José Artur et Claude Dupont, avaient créé "Les Ardugos" (1963) émission qui se voulait être un pendant moins yé-yé à "Salut les copains" sur Europe n°1. En presque 58', Sylvie Andreu s'intéresse tant à l'histoire de la construction qu'aux effets sur le paysage et les habitants. En ce sens l'interview du maire du XVIème arrondissement de l'époque, Pierre-Christian Taittinger est tout à fait intéressante pour ce qu'il raconte des points de vue des riverains. On apprendra que la tour devra être "rognée" de dix étages ce qui "blessera" durablement Henry Bernard l'architecte.

Taittinger parle des habitants qui ont un lien avec l'imposant bâtiment ou avec le lieu avant que la Maison s'y dresse. Le projet de l'ouvrir à nouveau  au public est dans l'air pour en faire un lieu culturel permanent. Une nouvelle façon de célébrer "Entrée libre à l'ORTF" que Garretto et Codou (producteurs) avaient inventé en 1965 à la demande de Roland Dhordain, le directeur de la radio (ORTF) à l'époque…

Les trente ans de la Maison de la radio


Entrée libre à l'Ortf

lundi 16 décembre 2013

Auditeurs sachant auditer…et + si affinités







Il existe au moins trois catégories d'auditeurs qui, quelquefois, se mélangent entre elles. L'auditeur qui entend. L'auditeur qui écoute. Et l'auditeur qui écoute et critique. C'est bien ça que veut nous suggérer Philippe Meyer dans sa chronique matutinale sur France Culture, non ? Il faudra bien que les directeurs, journalistes et autres producteurs s'y fassent, nous sommes quelques-unes et quelques uns à avoir "quelque chose entre les oreilles" et, dans la tête, pour prétendre ne pas avaler tout et n'importe quoi et surtout faire comme si de rien n'était. France Culture est sans doute, depuis sa création en 1963, la chaîne du documentaire. Je ne me livrerai pas ici à des statistiques (1) mais "tout le monde" se souviendra qu'à l'arrivée de Laure Adler comme directrice de la chaîne en 1999, le documentaire s'est vu réduit à sa portion congrue.

Quelques dix ans plus tard, Jean-Marc Four évincé de la grille de France Inter (2), intègre la rédaction de France Culture en tant que directeur-adjoint de la rédaction (3). Ce dernier, péremptoire, ne sera pas long à annoncer, avec tambour et trompette, "qu'il faut rapprocher les programmes de l'information" (4). Avec quelle légitimité un journaliste peut-il faire de telles annonces ? Comment Jean-Marc Four réagirait-il si un producteur venait annoncer que "dorénavant les journaux de la chaîne ne dureront pas plus de cinq minutes" ! Voilà bien de quoi mesurer l'impérialisme d'une position et/ou l'abus de pouvoir qu'un individu peut faire de son statut. Les producteurs n'auraient aucune légitimité à s'immiscer dans les choses de l'information quand un journaliste, "de droit divin", pourrait à sa guise influencer la ligne éditoriale des émissions dites de "programme". Monsieur Four a une qualité, il ne fait pas de bruit, ne se répand pas dans les médias, et quand il n'est pas à l'antenne ne se met jamais en avant. Mais force est de reconnaître qu'il sait très discrètement arriver à ses fins.


 


Janvier 2013, on découvre sur la grille de France Culture un nouvel intitulé de programme à 17h "Le 5 à 7" (5). Une session coordonnée et animée par Hervé Gardette, journaliste de la chaîne. Exit "Sur les docks" ? Mais non, l'émission documentaire est intégrée dans ce programme. Pourquoi ? Quel objectif ? Ce mariage forcé "de la carpe et du lapin", (lire une émission de documentaire et une émission d'actualités), ressemble fort au credo d'un Four qui frappe là un grand coup pour encadrer le documentaire, au sens propre comme au sens figuré, même si Irène Omélianenko reste responsable du documentaire sur la chaîne. Avec quelques professionnels de la profession de l'audition (6) nous pressentions bien qu'un jour, "actualité oblige", il serait demandé à Irène Omélianenko de laisser la place de "Sur les docks" à une émission spéciale, un hommage d'actualité, ou une série sur les élections…

C'est ce qui arrivé jeudi dernier à Reims ou le "5 à 7" est devenu "5 à 8", comme une préfiguration au grand rêve de Four de proposer une longue session d'avant soirée mêlant actualité et programme. Mais le plus invraisemblable dans cette session de Reims c'est que la plage "documentaire" est devenue "tentative de direct documentaire" et a laissé sans voix quelques auditeurs (et moi-même) amoureux du documentaire au point d'être incapables d'accepter son remplacement par tout ce qui touche de près ou de loin à l'actualité (7). Le principe d'un mix de direct et de documentaire pouvait être tenté (8), encore eût-il fallu que les animatrices, se croyant sans doute à la TV, n'aient la mauvaise idée de faire hurler le public pour nous faire entendre qu'il était bien là, et en oublient absolument pour leur "prestation" les codes du documentaire. Heureusement depuis des années il y a eu, sur France Culture, de très bonnes émissions dans les cafés pour lesquelles le public n'a jamais eu besoin de manifester grossièrement sa présence (9).


 



Attention danger, documentaire en danger. Cette façon insidieuse de profiter d'événements médiatiques d'actualité pour "rapprocher les programmes de l'info" est dénonçable et à dénoncer vigoureusement. Une fois encore, c'est quoi ce droit divin d'un Jean-marc Four d'imposer sa "philosophie" des programmes radio ? Est-il mandaté pour cela et par qui ? Cela fait-il partie de ses attributions ? Si l'info le démange tant qu'il aille donc exercer ses talents à France Info. Espérons que les prochaines nominations du Pdg et des directeurs de chaînes (10) remettront les pendules à l'heure et que "chacun à sa place, et les ondes seront bien gardées".

Une dernière chose, pour les 50 ans de France Inter, Alexandre Heraud a animé une émission qui retraçait l'histoire du documentaire et des documentaristes sur la chaîne. Le lendemain Alain le Gouguec, journaliste, présentait lui l'histoire du reportage et des reporters. N'en déplaise à Jean-Marc Four ce n'est pas d'un claquement de doigt qu'on abolira les frontières des programmes et de l'info (11) et certainement pas de la façon hégémonique dont il voudrait voir ce rapprochement mis en œuvre.


A. Joubert,  M. Guérin, A.Orr

 
(1) Marion Thiba rappelle ces chiffres éloquents "en 1995 : 23 heures par semaine de documentaire, en 2000 : 4 heures". Et en 2011/2012 : 12h30 (source FC),
(2) Il y animait "Et pourtant elle tourne" une émission que Philippe Val le directeur d'Inter ne reconduira pas,
(3) On mesurera ici la très grosse distorsion entre un producteur remercié et un journaliste qui peut intégrer une autre chaîne du groupe Radio France,
(4) Choix éditorial confirmé à la Conférence de presse de Radio France, 28 août 2013

(5) On notera l'impertinence d'un tel titre ,
(6) Mes petits camarades blogueurs et quelques auditeurs avertis,
(7) Dans le cadre des prochaines municipales de mars 2014, "Sur les docks" s'est insèré à Reims et le sera prochainement au Havre,
(8) Ce que fît le Pays d'Ici de 1982 à 1999, pendant une heure du mardi au vendredi, dans tous les pays de France (et d'Outre mer),
(9) Avec Jean Lebrun, producteur "historique" de la chaîne, au Cluny, Au bouillon Racine et à El Sur,
(10) Pour lesquelles on souhaite la plus grande parité,

(11) Dans Le Monde, daté dimanche-lundi, Marie-Christine Saragosse, Pdg de France Média Monde dit : "France 24 doit devenir la chaîne référente dans l'" infobésité " qui règne aujourd'hui." On sait d'expérience que les maladies de la TV sont contagieuses à la radio, attention donc à cette "infobésité" qui guetterait France Culture…


RADIO FRANCE Rentrée 2013. 2014 par radiofrance

samedi 14 décembre 2013

Le 14 c'est le 14…

Radio France - C. Abramowitz













Et c'est pas le 13, le 15 ou le 17. Alors, bon anniversaire grande et majestueuse "Maison de la radio". 50 ans c'est épatant ! 50 ans c'est épatant pour regarder (et entendre) comment pendant ce demi-siècle la radiodiffusion a mué, muté et peut-être même transmuté. Gilles Davidas (1) vieux briscard de la réalisation et presque aussi jeune que la "maison" a eu l'idée de faire témoigner ce bâtiment large, circulaire et… futuriste. "À la radio, il fallait une maison" annonçait grandiloquent le Général de Gaulle, président de la République, en inaugurant le 14 décembre 1963, l'extraordinaire bâtiment dédié à la radio publique. Il aurait pu ajouter s'il avait eu l'esprit à faire un bon mot "À la maison il faut une radio". Compagne parmi les compagnes avant qu'un blafard rectangle de lumière ne vienne envahir l'espace domestique.

Je ne sais pas vous, quand vous écouterez à partir de lundi ce dialogue inattendu (2), mais moi j'ai eu envie (incorrigible) de prendre quelques notes, de compléter cette histoire de la radio qui me poursuit depuis ma tendre enfance. Si la voix de Françoise Cadol est très séduisante et accrocheuse, j'ai quelque fois regretté que la narration soit un chouia trop rapide et que Thomas Baumgartner que l'on sent subjugué et émerveillé, laisse faire à la Maison de (trop) longues réponses à ses questions. Mais reconnaissons que Gilles Davidas a eu beaucoup de chance, la Maison de la radio a une voix… de radio. Et ça ni le Général de Gaulle ni aucun auditeur ne pouvait l'imaginer.

Dès aujourd'hui vous pourrez écouter le reportage multi-média d'Eric Chaverou et celui que France Info et France Bleu lui a consacré. 

(1) Texte : Félicie Dubois sur une idée de Gilles Davidas, Voix : Françoise Cadol, Production : Thomas Baumgartner, Réalisation : Gilles Davidas,
(2) "À voix nue", du 16 au 20 décembre, France Culture, 20h, en quatre épisodes,

vendredi 13 décembre 2013

Il y a Champagne et champagne…

Et des moments de défaite où l'on ne se risquerait pas à déboucher le champagne surtout si dans la bouteille il n'est plus ni bulles, ni pétillance. Qu'importe le flacon pourvu qu'on ait l'ivresse… L'ivresse nous l'avions dans "La matinée des autres" ce programme d'approche pluri-disciplinaire, université populaire du mardi matin (1) qui nous enrichissait à chaque fois de ce savoir que nous n'avions pas ou, quand nous l'avions, sublimait notre propre connaissance. Épargnez moi par dessus-tout le "C'était mieux avant" car là je boue de l'en-dedans et va pas falloir que ça macère trop longtemps. "La matinée des autres" un très riche programme documentaire. C'était la pétillance de l'esprit, la richesse du montage, l'éclat de chacune des bulles des savoirs particuliers qui, semaine après semaine, nous rendaient ivres de joie, de découvertes, d'humilité à l'écoute de cette encyclopédie orale. Prenez donc le temps de l'écoute et enivrez-vous…



La matinée des autres, France Culture, 27 décembre 1994,

(1)

Exceptionnellement demain samedi un billet à 9h…

jeudi 12 décembre 2013

Allez on continue la tournée des géants…






Pierre Schaeffer
Pour faire (très court) : fonde le Service de Recherche de la RTF en 1961 et l'anime jusqu’en 1975. Le Service de la recherche intégrera alors à l'Institut National de l'Audiovisuel (Ina). Je reviendrai dans quelques semaines sur cette intégration. Les émissions ci-dessous permettent une première approche du personnage





Voir aussi la fiche de présentation de la Radioscopie de Chancel.

mercredi 11 décembre 2013

Une lumière… "inoubliable"

Jean Chouquet - 1953Joyeux, Louis / INA








Ça vous (me) passe dans la tête comme une fulgurance, vous n'hésitez plus en vous frappant le front "Mais Bon Dieu, c'est bien sûr"; mais comment ai-je pu passer à côté de ce très grand monsieur de la radio : Jean Chouquet. Comment ? Mes propres souvenirs remontent aux désannonces du Pop Club de José Artur dont il était un des réalisateurs et puis l'année dernière quand Radio France a rendu hommage à Jean Garretto, Jean-Noël Jeanneney (1) a rappelé qu'avant que Jean Garretto s'installe comme directeur des programmes (janvier 1983), c'est Jean Chouquet qui a assuré cette responsabilité, comme ce dernier l'avait fait sous la direction de Pierre Wiehn (1973-1981). À cette époque (glorieuse) Gilles Davidas (2) était l'assistant de Chouquet. Après avoir retrouvé les archives en écoute ci-dessous, c'est donc vers Gilles Davidas que je me suis tourné pour ne pas écrire n'importe quoi sur cette figure de la radio qui comme d'autres l'a marqué de sa patte (3) et nous le verrons de sa lumière…

La vidéo Ina ci-dessous montre une radio filmée avec classe où l'on découvre Chouquet dans son travail de réalisation et de mise en scène du feuilleton "Noël aux quatre vents" (1967). En écoute sur le site de France Culture, la Mythologie de Poche que Thomas Baumgartner lui avait consacré en février 2010 quelques mois après sa mort. Une belle anecdote que Davidas m'a racontée. Quand Chouquet était directeur d'Inter (1982-1983), il prend contact avec celui qui s'est chargé de l'illumination permanente de la Tour Eiffel, Pierre Bideau, car il souhaite installer sur la Maison ronde une grande horloge et le même principe d'illumination que celui de la Tour Eiffel. Chouquet se présente. Bideau lui rappelle qu'il a été son assistant au début de sa carrière. Belle histoire mais qui ne dit pas pourquoi la Maison ronde n'"illumine" toujours pas. Même si Chouquet et d'autres y brillent encore par ce qu'ils ont été et pour ce qu'ils y ont fait.

• Jean Chouquet est entré en 1947 au «Club d’essai » de la RTF dirigé par Jean Tardieu. De 1952 à 1976, il est producteur, auteur et réalisateur d’émissions de radio à la RTF, Europe n°1, Radio Luxembourg et Radio Monte Carlo. Réalisateur, il réalise de nombreuses fictions, de la série populaire (comme "Noëlle aux quatre vents" sur France Inter de 1965 à 1970, ensuite transposé à la télévision en 1970 (source Wikipédia).

Merci à Gilles Davidas et à Stephane, d'avoir répondu, au pied levé à mes questions.

Puisque ce souvenir nous permet d'évoquer les feuilletons radiophoniques, rappelons que Jacques Santamaria, quand il a été directeur d'Inter (1996-1999) a réintroduit ce genre radiophonique en mettant à l'antenne les feuilletons suivants : "Le Perroquet des Batignolles", "Les fantastiques Aventures de Mme Muller", "Le Secret du coffre rouge".

(1) Pdg de Radio France, 1982-1986,
(2) Réalisateur "historique" à Radio France ,
(3) Jean Chouquet a aussi été réalisateur à France Culture,

Foulquier de nuit…








C'était l'heure du "Studio de nuit" (1). L'heure profonde où Foulquier pouvait inventer et réinventer la chanson dans le studio 154. Il aurait fallu, là ce soir, comme cela s'est fait à la vitesse du son pour Moustaki, sortir des archives une de ses fameuses émissions pour être à nouveau avec lui dans la nuit…Ce soir le lycéen d'Agen doit être bien triste, et avec lui des milliers d'auditeurs, et des milliers de "Saltimbanques" (2). Ce soir une spéciale lui sera consacrée sur Inter à partir de 20h. C'était bien le moins. Salut Foulquier, y'aura toujours de la chanson dans l'air près de toi, avec toi, pour toi…

(1) De minuit à 3heures du matin, 1975, France Inter,
(2) Une autre de ses émissions de France Inter.


Avec Jean-Luc Hees…

Jacques Santamaria, ex-directeur des programmes d'Inter (1996-1999), m'a fait parvenir le témoignage suivant : "J'avais proposé à Jean-Louis Foulquier un rôle dans le film que je viens de tourner… Il avait accepté avec joie avant que sa santé le contraigne à renoncer. Je perds un ami exceptionnel. Nous nous connaissions depuis quarante et un ans. C'était un grand homme de radio et un magnifique acteur."