mardi 17 décembre 2024

Thierry Jousse : les mains dans le vinyle, les oreilles dans les sillons…

Thierry Jousse qui depuis neuf ans anime sur France Musique "Retour de plage" l'été sur France Musique vient de commettre une somme sur plus de deux-cent-cinquante pochettes de 33 tours (LP) dont il documente avec grande érudition le graphisme ainsi que bien sûr le contenu musical. Comme il le dit dans sa préface il "a établi un récit entrelacé dans un choix subjectif qui n'est pas un panthéon…". 

Édition E/P/A et Radio France










Jousse précise "Le plus important est la ligne ou la courbe que cette liste dessine dans son ensemble. Cette histoire n'est pas seulement musicale, elle est visuelle. À leurs façons [ces vinyles] de légende ne sont pas seulement des objets de collection, ils peuplent, plus que jamais notre imaginaire et notre présent". CQFD !

Commençons par une jolie fleur de nostalgie, de tristesse dit Thierry Jousse, avec "In the wee small hours" de Sinatra. Juste se laisser porter. Julie London interprète elle dans une "éternelle pureté" pour ne pas dire dépouillement un "Cry me a river" de David Hamilton. Mais pouvait-on faire moins pour une pochette aussi dépouillée !!!! Par contre celle du Elvis (sans titre) de 1956, avec son lettrage vert et rose a permis une formidable reprise pour le "London calling" des Clash qui fêtait ces quarante-cinq ans ce samedi 14 décembre. Apparaît Mina que Jousse n'oublie jamais dans ses retours de plage, je découvre "Il cielo in una stanza", complètement d'époque (pochette cheap !), complètement rital, de quoi nous plonger dans l'insouciance d'une époque révolue.

Même époque, passé le chanel, en 64, les Ronettes et leur mentor Phil Spector qui avec "Be my baby" affolent le hit-parade français. Mais il faudrait un livre entier à Jousse pour nous détailler les pépites du maestro Burt Bacharah qui avec Dionne Warwick claque l'incontournable "Don't make me over" dont on se gardera bien d'évoquer la version en français. À la différence de nombreuses personnes de ma génération (et de rock-critics) je n'accroche pas du tout au "Pet sounds" des Beach boys ! Mais par contre je vénère et la pochette et son contenu du "Sgt. Pepper's lonely heart club band" des Beatles (1967).









L'art de Jousse est de nous emmener là où nous n'irions pas spontanément (à défaut de culture et de promotion). Le plaisir de (re)découvrir Bobbie Gentry. J'ai aussitôt téléchargé (via ma plateforme préférée) son deuxième LP "The delta sweete". Je ne peux pas passer à côté du "Cheap thrills" de Janis Joplin and Big brother and the holding company pour la zique bien sûr mais aussi pour la pochette de Robert Crumb, le dessinateur de la free-press aux États-Unis. Et un incontournable d'Hendrix "Electric Ladyland" (1978) et son si bien électrifié "All along the watchtower" de Robert Zimmerman lui-même.

Je n'aurai pas assez d'un billet pour brosser un panorama exhaustif du travail de Thierry Jousse. Vous vous contenterez ici d'un inventaire à la Prévert :  Dusty Springfield, Crosby, Still and Nash, Johnny Cash, King Crimson, Yes (Oh Yes !), Antonio Carlos Jobim, Minnie Riperton, Marvin Gaye, The Allman Brother's band, Roxy music, Lou Reed, Curtis Mayfield, Terry Callier, Pink Ployd, Bob Marley, Frank Zappa, Manu Dibango, Stevie Wonder, Joni Mitchell, Carole King, Peter Gabriel, The Clash, Kate Bush… et plus si affinités !

Maintenant il ne reste plus qu'à lire chaque notice. La trêve des confiseurs n'y suffira pas. Sincère bravo et félicitations à Thierry Jousse dont il est agréable de croiser les univers musicaux. Avec ce livre il a de quoi faire une quotidienne sur France Musique ! Et commencer à préparer un tome II !

lundi 16 décembre 2024

Une nuit dans Le Monde…

Lecteur assidu depuis quelques décennies du quotidien Le Monde, je pouvais bien perturber ma nuit de samedi à dimanche pour la passer au… journal. Avec, au cœur du dispositif, les témoins indispensables Pierre-Henti Teitgen, Hubert Beuve-Mery, co-fondateur, Jacques Fauvet, Bernard Lauzanne, Laurent Greilsamer, Pierre Viansson-Ponté, Jean-Marie Colombani,… Et quelques historiens qui ont retracé par le menu, des origines (18 décembre 1944) jusqu'en 2003, l'aventure singulière et passionnante du quotidien de l'avenue des Italiens à Paris…

Hubert Beuve-Méry au siège du journal "Le Monde" ©Getty -
Gilbert Uzan / Gamma-Rapho










Albane Penaranda, productrice des Nuits de France Culture, avait pour l'occasion (les 80 ans du Monde, le 18 décembre prochain) concocté un programme d'archives qui, sur plusieurs décennies déroule la vie mouvementée d'un quotidien, qui, dit de référence, allait passer plusieurs fois très près de la cessation de parution. La nuit commence en beauté avec "L'Histoire en direct" de Patrice Gélinet. 

19 décembre 1944 : la naissance du Monde (1ère diffusion 5 décembre 1994)
Ah les bons lundis consacrés à l'histoire sur France Culture. Le matin avec "Les lundis de l'histoire", en soirée avec deux soirs par mois "L'Histoire en direct", dont un soir consacré au documentaire sur le sujet qui sera débattu le lundi suivant. Et ce 5 décembre 94, le documentaire est à la hauteur du sujet. Avec méthode et pédagogie Gélinet fait raconter aux acteurs les débuts d'un quotidien qui va s'imposer dans la presse française. J'ai beau connaître l'histoire du journal, je n'en perds pas une miette et me régale d'une écoute attentive et aiguë. Et puis là on parle d'un journal papier de deux pages, mais d'un journal papier comme celui que je lis chaque jour.

Il est agréable d'entendre désannoncer "à la documentation Rebecca Denantes, au mixage Guy Senaux et à la réalisation Christine Bernard Sugy".

Les lundis de l'Histoire : Les années fondatrices d'Hubert Beuve-Méry et du Monde 
(1ère diffusion : 8 octobre 1990)
En presque une heure trente, Philippe Levillain, historien, entouré de Jean-Noël Jeanneney, historien, Marc Lazar, professeur émérite à Sciences Po, Laurent Greilsamer journaliste et écrivain, Jacques Noblécourt et Bernard Lauzanne, journaliste, directeur de la rédaction du "Monde" va retisser l'histoire du journal, de ses difficultés, de ses succès et de la personnalité janséniste de son directeur-fondateur, Hubert Beuve-Méry. Et aussi ce qui distingue le journal des autres titres de la presse parisienne.

Un jour au singulier - Bernard Lauzanne (1ère diffusion : 11 décembre1994)
Qu'ils étaient doux ces dimanches passés en compagnie de Geneviève Ladouès qui, avec délicatesse et attention, nous faisait passer une heure un quart en compagnie d'un invité qui nous racontait son "jour au singulier". Ce 11 décembre 1994 c'est avec Bernard Lauzanne qui deviendra Directeur de la Rédaction, que nous allons l'entendre évoquer ce 5 juillet 1945 et sa rencontre avec Beuve-Mery. Un témoin précieux pour raconter les débuts du journal et ce sur quoi il s'est fondé. Ladouès a l'art d'accompagner ses invités et de leur faire parler du singulier qui a pu marquer un jour de leur vie.

Le siège du "Monde" rue des Italiens en 1952
©Getty - Keystone-France / Gamma-Rapho














Paradoxes - Jacques Fauvet (1ère diffusion : 26 janvier 1971)

Nouveau directeur du journal depuis 1969 après le départ de Beuve-Mery, Fauvet confie à Alain Bosquet "Je ne me considère pas comme le sommet de la pyramide, je me place dans l’immeuble lui-même, à tous les étages, depuis le sous-sol jusqu’au dernier étage". C'est un autre ton que celui de Beuve, c'est aussi une autre époque, post-68 et d'autres enjeux de presse.


Parti pris - André Fontaine (1ère diffusion : 24 octobre 1975)

"En 1975, c'est encore en qualité de rédacteur en chef du journal fondé par Hubert Beuve-Méry qu'il répond aux questions de Jacques Paugam dans l'émission "Parti Pris". En disant croire davantage à l'honnêteté qu'à l'objectivité, il expose notamment sa conception du métier de journaliste. André Fontaine aborde l'éthique à laquelle les rédacteurs du Monde sont formés depuis toujours."


Tout arrive - La face cachée du Monde (1ère diffusion : 27 février 2003)

Et Pierre Péan, journaliste et écrivain, d'entrer en scène avec fracas. "En 2003, Philippe Cohen et Pierre Péan publient La face cachée du Monde. Un livre dans lequel ils attaquent violemment ceux qui dirigent Le Monde  - Jean-Marie Colombani, Edwy Plenel et Alain Minc - coupables à leurs yeux d'avoir perdu de vue, et même complètement trahi, l'éthique sur laquelle Hubert Beuve-Méry avait fondé Le Monde ; une éthique trahie par la ligne éditoriale suivie depuis leur direction et, plus grave, trahie par une dérive vers des cercles de politique, d'affaires et d'argent dans laquelle ils auraient entraîné le journal." Extrait de la présentation de l'émission.


Et si chères lectrices et lecteurs vous souhaitiez entendre une voix féminine reportez- vous à mon billet de 2022, qui raconte le parcours d'Yvonne Baby, première femme directrice de service (culturel) du Monde depuis 1971…


Yvonne Baby et Orson Welles © Le Monde


lundi 2 décembre 2024

Les Nuits de France Culture : un calendrier de l'avant !

Toutes les nuits, toute l'année, Albane Penaranda, productrice, nous incite à ouvrir les petites cases de ses nuits si souvent magnétiques, même si depuis la rentrée nous avons encore perdu deux heures de rediffusion du patrimoine radiophonique qu'entretient France Culture depuis janvier 1985. C'est souvent un régal, un pas de côté pour mesurer une autre temporalité, s'extraire de l'info qui est devenue la marque de fabrique d'une chaîne qui se FranceIntérise. Je l'ai écrit ici plusieurs fois : un indicatif, une voix, un générique et l'on est transporté dans le tourbillon de la vie, pour citer Jeanne Moreau… Pour la première fois depuis la création de ce blog en juillet 2011, j'ai laissé passer un mois entier sans écrire. Le tourbillon de la vie était ailleurs…










Mais mon tourbillon radiophonique ne s'est pas interrompu… la nuit. J'ai virevolté avec Maspero et Lacoste en Corrèze, me suis régalé avec cinq épisodes sur Montréal, (cinq Nuits magnétiques de février 1978) et ces derniers jours en virée aux Halles (ex-Baltard) avec Josette Colin, le 19 juin 1997. Josette, réalisatrice, qui "pour une fois" passe à la production et, micro en main, revisite l'histoire même de ce grand marché bruyant et odorant en plein Paris jusqu'en1969. Si on ne sent pas les odeurs on les devine car la productrice sait les suggérer subtilement. En faisant raconter les acteurs singuliers qui ont vécu leurs nuits et leurs petits jours dans l'ambiance effrénée du déballage, de l'achat et de la vente et surtout dans cette ambiance "festive" que le vocabulaire particulier des Halles raconte si bien.

À presque trente ans du départ des Halles pour Rungis, il est surprenant d'entendre la mémoire intacte de ses nombreux acteurs et leur mémoire croustillante et imagée. On est dans les Halles, on visualise les étals, les bistrots, les corporations de bouchers, une faune incroyable accrochée à ses savoirs-faire, ses combines, ses habitudes et ses rituels. Un monde à part et vivant pour ne pas dire souvent joyeux malgré la rudesse et l'intensité des tâches à accomplir. Josette Colin, fondue dans le paysage, nous donne à entendre un "lieu de mémoire" d'humanités et de fraternités de "bons vivants" comme à l'abri des contingences d'un monde déjà bousculé et fragile. 

Un documentaire à archiver. Merci Josette !

mercredi 30 octobre 2024

Nuits magnétiques : bonsoir !

L'ai-je déjà écrit ? Un indicatif d'émission de radio crée sur la durée une complicité immédiate avec la dite-émission, l'occasion intime de retrouver celles et ceux au micro, à la réalisation, au son. On s'installe pour écouter, souvent de façon aigüe, ce qui va sortir du poste, des enceintes ou des écouteurs. L'un des premiers indicatifs des Nuits magnétiques, créées et produites par Alain Veinstein, le "Full moon boogie" de Jeff Beck avait l'art de laisser sa bonne part au mystère avant que Veinstein, le lundi, présente le programme de la semaine. En 1980, le documentaire s'étend encore sur les cinq premiers jours de la semaine ! Les "Nuits de France Culture" nous donnent l'occasion de réécouter cette semaine "La fabuleuse épopée du far West"… de Pamella Tytell (qui se désannonce en Tamos Tytell) et de Josette Colin à la réalisation.

Linda Darnell et Henry Fonda, dans le rôle du shérif Wyatt Earp,
sur le tournage du film "La Poursuite infernale" ,
réalisé par John Ford, 1946 ©Getty - Sunset Boulevard/Corbis










Josette Colin, le gage d'une émission "cousue main" avec finesse et sensibilité. Il faudra ne pas relâcher l'attention pour attraper au vol des désannonces le nom, entre autres, de Joseph Rémiaux (technicien du son, un des quatre de L'Oreille en coin, France Inter). Pour ces cinq émissions on apprend beaucoup de choses et les intervenants s'appliquent à déconstruire les clichés "des cowboys et des indiens". La construction du documentaire s'applique à élargir le champ de l'épopée et à en mesurer les conséquences humanitaires, politiques, économiques et culturelles. C'est riche et l'on se souvient que la nuit était propice à ces "Nuits magnétiques" quand on disposait autour de soi du silence, de la nuit noire ou d'une lumière tamisée.

La durée même de ces cinq émissions (5 x 96') prenait le parti-pris d'auditrices et d'auditeurs que cette longue durée ne rebutait pas quand, aujourd'hui, il n'existe pour ainsi plus d'émissions de plus de soixante minutes ! Et ce dans une lente dégringolade depuis 1999 et l'arrivée de Laure Adler comme directrice de la chaîne.

Autre très bon moment des Nuits avec les cinq entretiens de François Maspero avec le géographe Yves Lacoste autour de la butte de Turenne en Corrèze. Calme et volupté d'une lecture du paysage passionnante dans Les Chemins de la connaissance

lundi 21 octobre 2024

France Inter : le cas Adèle Van Reeth…

Dans un long article, publié jeudi 17 octobre sur Télérama, François Rousseaux pose dès son titre la bonne question : “Mais que veut-elle ?” Enquête sur Adèle Van Reeth, la patronne qui inquiète France Inter". Autrefois une séparation plus nette de gestion entre les programmes et la rédaction maintenait un modus vivendi de bon aloi. Las, Van Reeth se sent des ailes et n'hésite pas à mettre le loup dans la bergerie et bouscule, irrite, perturbe la rédaction qui n'avait pas besoin de Patrick Cohen pour exister et faire son travail ! On a beau avoir des compétences en philo en quoi cela peut-il présager à diriger la 1ère radio de France ? Comme souvent Madame Veil, Pédégère de Radio France, a fait le mauvais choix.









Débarquer Yaël Goosz, chef du service politique, de l’édito de 7h44, pour offrir le siège à Cohen est juste une aberration «Une affaire si mal gérée qu’il faudrait l’enseigner dans les écoles de management !» soupire un animateur (1). "Les journalistes, soutenus par les producteurs d’émissions, votent à 80 % une motion de défiance contre elle… Une personnalité s’emporte : «Comment peut-on fragiliser une radio qui est la première de France ? " (1). Faut pas pousser ! Et Van Reeth sûre, trop sûre de son pouvoir, n'a pas su prendre la mesure de l'alchimie qu'il faut savoir faire vivre dans une chaîne ou les ego (quelques-uns surdimensionnés) se confrontent aux ego (quelques-uns sous-dimensionnés). Toute philosophe qu'elle est, elle a manqué beaucoup de philosophie, de pédagogie et de psychologie. Et quand la confiance est mise en jeu, rien ne dit que les mea-culpa permettront de retrouver un fonctionnement serein.

"Pour la première fois, les programmateurs et attachés de production (quarante-huit salariés) se sont réunis, et sont en train de se constituer en collectif pour se faire entendre sur leurs missions et l’avenir de la station. « On est au mieux dans une illisibilité, au pire dans une perte de l’ADN de la chaîne », soutient une journaliste". (1) Le bon état de la station que Laurence Bloch avait su installer pendant dix ans (2014-2023) est détruit. On se demande toujours pourquoi une très bonne animatrice et productrice d'émissions sur France Culture aurait les capacités pour diriger une chaîne telle que France Inter ? C'était a priori mieux que d'aller chercher quelqu'un de la TV (méthode Veil). C'était un pari, mais un pari perdu !

Van Reeth décase la bande à Charline à 17h (rentrée 2023), la remplace par trois (pourquoi pas six ?) personnes qui ont à peu près autant de compétences pour faire de la radio que moi pour diriger un opéra ! À la rentrée 24, "D’autres décisions ont secoué : l’arrêt l’année dernière de l’émission de l’historien Patrick Boucheron, la fusion des services sciences, santé et environnement (décidée par la pdg de Radio France et finalement abandonnée), la suppression d’émissions de reportage à la fibre sociale (la direction les jugeant « vieillissantes ») (1). "Vieillissantes" l'adjectif le plus bidon en vogue à la radio ! "Le jeu des 1000€" lui, ne serait pas vieillissant ? "Le Masque et la plume" ? Quand on veut dégager une émission on se sert d'un fallacieux "vieillissant" pour tenter faire passer la pilule (cf "Là-bas si j'y suis", 1989-2014). Quant à offrir (par défaut) une heure de plus à Matthieu Noël (Zoom zoom zen) c'est un aveu de faiblesse. et un manque absolu d'imagination.

Plutôt que faire leur marché à l'extérieur, les directrices et directeurs de chaîne seraient inspirés à faire sortir du rang celles et ceux à qui il faudrait faire faire des essais (l'été comme c'était le cas autrefois ou dans "Les bleus de la nuit"). Mais la mode n'est plus ni à la découverte ni à l'essai, il faut tout de suit une "figure" et une renommée, l'antithèse de ce qui s'est fait à la radio depuis quatre-vingt ans (jusqu'au début des années 2000). Les jours de Van Reeth sont comptés et ce ne sont pas que les résultats d'audience qui pourront la sauver d'un management inapproprié et… lunaire !

(1) Cité par F. Rousseaux dans son article.

lundi 14 octobre 2024

France Inter : Nagui & Luchini, la spirale du mépris…

9 juin 2016, Nagui persifle sur Europe 1 au micro de Morandini en évoquant qu'à France Inter pour son émission "La bande originale" il fait du bénévolat. Sans tarder Charline Vanhoenacker avec quelques complices de France Inter fustigera le "bénévole" qui, huit ans plus tard ,continue à animer l'émission. Preuve s'il en était que le bénévolat… paye. Dans la même veine et avec autant de mépris Fabrice Luchini, mercredi dernier sur Quotidien annonce que pour son émission du dimanche soir sur France Inter (Les admirations littéraires) : "… Paye très modeste. Je n'ai jamais été aussi mal payé de ma vie". Pas de quoi rire !

La vidéo ici


Cracher dans la soupe ces deux paltoquets savent faire. Cracher sur le service public et en percevoir des émoluments ils savent faire aussi. C'est indigne et misérable. Les "belges" ne sont plus là pour moquer le cabotin. Cette preuve flagrante de déloyauté devrait valoir à Luchini quelques remontrances de la part d'Adèle Van Reeth, directrice de la chaîne. Et donner aux auditrices et auditeurs envie d'aller sur Nova écouter "La dernière" de Guillaume Meurice !

lundi 7 octobre 2024

Radio France : tout sauf de la radio !

Avec un cynisme de mauvais aloi, le staff numérique de Radio France déconstruit méthodiquement la radio (ou ce qu'il en reste). Le staff numérique ? Mais que reste-t-il d'autre ? La publicité dans le métro parisien dit tout du projet calamiteux : tout donner à entendre sauf de la radio. Oui sauf de la radio car pour les geeks qui gouvernent cette Maison (de quoi ?) le mot est à ranger aux rayons poussiéreux des antiquités. Le mot radio n'apparaît plus que dans le nom de la société : Radio France. Un faux-nez, une entourloupe de première, un cache-sexe qui ne trompent que ceux qui ne veulent rien y entendre et surtout pas de la radio. Madame Veil, Pédégère de la société qui a su si bien rebaptiser le bâtiment de l'avenue du Président Kennedy pourrait, sans gêne, débaptiser Radio France qu'on y verrait que du feu. Feu la radio !








Madame Veil s'acharne pourtant devant la représentation nationale ; à l'Assemblée ou au Sénat, à pérorer sur la nécessité que la radio puisse conserver son autonomie fasse à une fusion où, la grande louve France Télévisions, l'avalerait en moins de temps qu'il ne faut pour l'écrire. Effets de manche, théâtre épique, galéjades qui ne trompent que ceux qui veulent bien marcher dans la combine ! Défendre la radio oui, encore faudrait-il qu'il soit encore produit de la radio et non des petits morceaux de trucs et de machins qu'on bricole en collections, en série. Le tout délinéarisé et pire encore détemporalisé. Il s'agit bien d'additionner les clics et, surtout, n'être comptable que de chiffres plus mirobolants les uns que les autres. 

Au risque d'avoir détruit l'incarnation, par ses équipes, d'un programme de radio, d'émissions du petit matin, de l'après-midi, du soir et de la nuit. Jetant la nuit par la fenêtre du jour. Au risque d'avoir gommé le moment présent qui ne doit surtout pas être entendu dans les rediffusions des rediffusions. Au risque d'avoir cassé la chaîne de fabrication et d'avoir tout aussi méthodiquement casser les métiers spécialisés de technicien du son, de réalisatrices et réalisateurs et tenter d'inventer des productrices et producteurs, moutons à cinq pattes et à plusieurs bras pour faire seul-e-s ce qui se faisait en équipes de réalisation.

Mais l'auditrice ou l'auditeur ne le voit pas, ne l'entend pas. Avec son support habituel il peut encore croire qu'il écoute de la radio. Il n'écoute plus ni la radio ni même des émissions. Il écoute des podcasts. Petits modules sonores qui se faufilent dans la grande toile numérique. The dream is over chantait John Lennon. Oui, le rêve est fini. Le rêve d'être en fusion dans des moments de radio singuliers, surprenants et quelquefois magiques. Le rêve d'une affection solide pour une compagne de route et de vie. Le rêve tout simplement…

Le texte des deux visuels : Plus de 3 milliards de podcasts, 168 heures de direct par jour. Playlists, concerts musiques, direct, podcasts.

lundi 30 septembre 2024

La parole ouvrière… la radio si précieuse pour la recueillir !

9h50, ce dimanche. Je reprends l'écoute du long documentaire de Marion Thiba, "La parole ouvrière" (31 août 1991) rediffusé dans la nuit de vendredi à samedi dans les Nuits de France Culture. Je ne voulais pas passer toute ma nuit à cette réécoute. Je voulais prendre des notes pour ce billet. Et puis surtout dormir. Je reste frappé par la bonne intuition de Jean-Marie Borzeix, directeur de France Culture (1984-1997) d'avoir sollicité Marion Thiba, productrice, pour élaborer ce long documentaire diffusé dans la grille d'été, un samedi de 1991. Un samedi. Quatre heures quarante-cinq sublimes de plongée dans la parole et la culture ouvrière réalisées par Annie Flavell. Pas quatre heures quarante-cinq, assise dans un  studio, quatre heures quarante-cinq de témoignages in-situ, poignants, sensibles, vécus dans des bastions de l'histoire ouvrière. Boussac dans les Vosges. Fourmies dans le Nord. Le bassin houiller lorrain. Lip à Besançon. La mine de Bruay en Artois ou à Oignies. La Sollac à Dunkerque. Les haut-fourneaux de Longwy. Peugeot à Sochaux. Les chantiers navals de La Ciotat. Mais aussi la bonnetière de Troyes, le typographe de Paris, la monteuse-cableuse, l'instituteur… 


 









Marion Thiba : "Michel Verret, vous êtes philosophe, sociologue, vous avez écrit beaucoup de livres sur la condition ouvrière, vous avez l'habitude d'écouter les ouvriers. Je me disais que la radio était très précieuse pour recueillir la subtilité des différentes paroles ouvrières.“ À Troyes, Suzanne Parrigaux, évoque les bonnetières qui devaient supporter en permanence les bruits stridents de l'usine. À Fourmies (Nord), dans les filatures il était presque impossible de parler, c'était le bagne. Le bobineur était le souffre-douleur. Les ouvrières ont inventé cette image "La neige ce sont les fleurs de soumission. Si pendant la grève on ne reprend pas le travail, c'est la fin. C'est la mort". Déjà ces premières paroles montrent que ces mots n'auraient jamais pu être prononcés en studio à Paris.

Michel Verret précise "La parole nue, dans la tragédie la plus noire. La parole claire de la bonnetière. La parole franche d’une vie basse. L’oser dire de l’exploitation." Et il est joli que Verret traduise "le pain d’alouette", cette friandise que le mineur rapporte à ses enfants sans y avoir goûté lui-même pour son casse-croûte préparé par sa femme. Marion Thiba, pousse loin son écoute du sociologue au point de lui demander "D’où vient votre émotion ?". Verret : "Cette classe ouvrière peut retourner sa coopération de travail en coopération de résistance, en coopération de lutte, en coopération de définition d’objectifs de classe. Il faut que la classe ouvrière pour qu’elle soit classe survive comme classe. Et il faut que son expérience puisse se cumuler." Il faudra aussi quelques intermèdes d’accordéon pour tenter de prendre un peu de recul pour mesurer cette culture ouvrière disparue. Bafouée et disparue. Méprisée et disparue. Niée. "Il faudra au moins un siècle pour qu’on ne sache plus ce que c’est la culture ouvrière" annonce un témoin.

Puis ce sera au tour de Maurice Boivin, typographe du Livre, un "ancien du plomb" d'évoquer le cliquetis des linotypes. Louis Oury, ouvrier aux Chantiers de Saint-Nazaire. Bertrand Bartz, mineur de fond en Lorraine, "Loin du soleil, à la mine on ne siffle pas on ne chante pas, il faut bien ouvrir les yeux et surtout les oreilles, ce que vous ne voyez pas avec les yeux, vous pouvez l’entendre." Marcel Donati, ouvrier sidérurgiste de Longwy intervient à plusieurs reprises dans ce documentaire. Et puis il y a tous ces mots du travail. Qui d’autre qu’un mineur peut "Remonter au jour" ? Aucun, aucune, autre travailleur, travailleuse de la nuit peut finissant son travail peut dire qu'il "remonte au jour".



















Oignies (Nord), décembre 1990. Un mineur raconte : "Aujourd’hui on tire un trait sur tout ça (les charbonnages et la métallurgie, des colosses au pied d’argile) c’est comme si le magasin était en faillite." Et à cause du regard noir, charbonneux des mineurs une jeune femme rappelle que son père ne rentrait pas avec les yeux noirs à la maison et ne supportait donc pas que sa fille se maquille les yeux ! Pour tous les mineurs "L’or noir" ce n'est pas un vain mot, une utopie. Les femmes de mineur montrent qu'elles sont solidaires de leurs maris, "aux petits soins" comme l’évoque Marion. Les femmes ne se plaignaient jamais dans cet accompagnement lourd de leur mari et de toutes les charges domestiques et d’éducation qui leur incombaient à plein temps. Et elles évoquent aussi avec peine la silicose de leurs maris qui "crachent leurs poumons".


Un ouvrier de chez Peugeot : "C’est dur quand t’as pas parlé pendant 9 heures et que t’as tellement de choses à dire que t’arrives plus à les dire, que les mots ils arrivent tous ensemble dans la bouche, et puis tu bégayes, tu t’énerves, tout t’énerve…".  “Depuis la fin des années 70 le monde ouvrier vit un grand travail de deuil. Les ruptures [avec le reste de la société et des politiques, ndlr] et les clivages sont forts. En 1991, la blessure de la fermeture des puits n'est pas guérie, il y a maintenant l'habitude de cette mort, de cet abandon, de ce remembrement, de ces friches, c'est devenu une plaie habituelle."


Jean Hurtzel : "Les paroles sont un élément fondamental de la culture ouvrière, des cultures orales qui se méfient de l'écrit. Les bistrots étant les derniers lieux de convivialité." Quand, un autre intervenant précise "Le travail représente le fondement de l'identité pour un homme, c'est la légitimation de soi."


Grève ouvrière, Saint-Nazaire, 1955















Ce documentaire précieux de Marion Thiba est plus qu’une page de mémoire. Les témoignages sont des instants de vie, de vies consacrées à l’ouvrage, à l’œuvre d’ouvrières et d’ouvriers. Cette parole ouvrière devrait être enseignée au collège et au lycée. À la fois pour (ré)apprendre à écouter sans voir, et surtout pour prendre la mesure de l’histoire et de ce qui a forgé "les temps modernes".

Je n'ai jamais été ouvrier, mais j'en ai fréquenté de nombreux au cours de ma vie professionnelle. Et puis aussi des ami-e-s dont j'ai aimé écouter leurs histoires brutes. À "L'Humanité dans la poche", le journal communiste, on peut aussi entendre "L'humanité dans la poche" ! Le temps long de ce documentaire c'est aussi le temps long de l'histoire ouvrière avec une triste réalité, le temps de plus en plus court consacré aux documentaires sur France Culture, comme le temps de plus en plus court qu'il reste à la parole ouvrière. Merci à Albane Penaranda de l'avoir rediffusé dans "Les nuits".

vendredi 27 septembre 2024

Sublimer la musique, les mots à Fip radio…

La musique coule le long de ce merveilleux ruban (programme) musical et l'on tend l'oreille ou pas. Et puis de temps en temps quelques mots viennent ponctuer, sublimer, enrichir la musique. Il faut être un peu entraîné car on s'échappe assez vite à ses occupations. Il faut savoir guetter cette façon unique qu'ont les animatrices de dire l'heure quand, à 13 heures il est 1 heure sur FIP, ou qu'à 16h45, il est cinq heures moins le quart. Une voix peut nous accrocher plus qu'une autre. Un texte peut nous stimuler beaucoup plus que pour un partenariat ou une annonce de concert. Si s'ajoute de la poésie (ou de la prose) d'une autrice ou d'un auteur célèbre on prend ce moment-là, cet instant volé pour quelque chose qui ressemble à une petite madeleine ou à un rayon de soleil.











Hier un peu avant 1 heure, sur la musique d'Astor Piazzolla et de Yo-Yo Ma, "Regreso al amor", Audrey Stupovski laisse s'installer la musique puis se lance dans une courte histoire. 

"Elle nous quitta le 24 sept 2004 et, depuis ce temps là, "Bonjour tristesse" se glisse encore plus en septembre, en écho, comme un appel farouche à la vie qu'elle menait intrépide. Celle qui disait "Il n'y a pas d'heure la nuit c'est agréable"… Puisque la mort c’est l’immobilité, le mouvement c’est la vie. Une devise implicite pour la turbulente Françoise Sagan qui démontra, un peu malgré elle, mais en lançant la mode, que la vitesse c’est la grande vie. La Jaguar XK140 de Sagan, fonçant à plus de 150 km/h est un bolide inaccessible, délivrant des sensations inédites. La piloter, c’est appartenir à la race des seigneurs. Dans ce mouvement chaloupé tendu du tango, bonjour tristesse avec passion, "Regreso al amor" de Piazzolla qui se conduit sans lâcher la bride par Yo-Yo Ma, Sagan danse le tango sur FIP…"

On y était non ? Sans être dans son bolide, regardant ce très court métrage avec Sagan juste à côté de soi, whisky en main, silencieuse et rieuse au plaisir d'être dans la course sans être au volant ! Il fallait bien attraper ces quelques mots qui donnent à notre journée un peu de douceur entre les gouttes de pluie et l'affolement du monde. Merci Audrey et "Bonjour allégresse"… 

mardi 24 septembre 2024

Un bon dimanche avec Sagan… (enfin pas tout le dimanche !)

Sagan serait-elle devenue intemporelle et surtout le marqueur absolu d'un nouveau monde - après guerre et avant 68 - ? À écouter le bon documentaire de Virginie Bloch-Lainé on peut en être convaincu. Sa fraîcheur, son franc (et quelquefois inaudible) parler, ses postures hors système, hors sa classe sociale (bourgeoise), sa liberté tout simplement sont vraiment réjouissantes et incitent à relire "Bonjour tristresse" et quelques autres de ses romans ou essais.

25 sept 87. AFP © Mychele Daniau








Virginie Bloch-Lainé a très bien choisi celles et celui qui au micro sont venus témoigner du parcours fantasque et accéléré de la romancière, jet-setteuse, romantique new-look et totalement libérée. Libérée aussi du patriarcat (financier) et moral. Sans être féministe avec les codes d'aujourd'hui Sagan a pu être indépendante financièrement et ses deux mariages ne l'ont pas détourné de ses convictions et de ses choix de vie.

Comme je l'évoquais hier pour "L'affaire Lucien Léger", pour pouvoir développer son histoire Sagan aurait mérité un "Bon plaisir", cette belle émission inventée par François Maspero en 1984. Je ne crois pas si bien dire puisque le 25 mai 1994, sur France Culture, Monette Berthomier consacrait trois heures à l'écrivaine. L'archive disponible de ce "Bon plaisir" a été charcutée et découpée en 1h58 en août 2020. Cette maladie d'un formatage vers l'heure juste fait suite aux préconisations d'Arnaud Ténéze qui en 1996 publiait un rapport à la demande de Michel Boyon, Pdg de Radio France, dans lequel Ténéze préconisait de ne plus produire d'émissions de plus de une heure et de passer autant que faire se peut au direct. Consigne que Laure Adler appliquera à la lettre dès sa prise de fonction en 1999. En commençant par sortir "Le bon plaisir" de la grille.

Ce "Toute une vie" Sagan est un régal pour un flash-back sur une époque légère pour celles et ceux qui pouvaient en vivre à la manière d'un Scott Fitzgerald et Zelda Sayre dans les années vingt aux Ètats-Unis.

Cette nuit France Culture a diffusé "Les chemins du jour, Françoise Sagan", par Luc Bérimont, une émission de la chaîne parisienne du 26 août 1956 (Sagan avait 21 ans). Avec autant de fraîcheur et de naturel, Sagan se prête sans détours à la longue interview de Bérimont et nous propose une de ses vérités qui colle bien à l'esprit de la radio "Il n'y a pas d'heure la nuit, c'est agréable."

lundi 23 septembre 2024

Une histoire particulière… en morceaux !

Si je vous dis "Je vais te raconter une histoire particulière" et, à moins qu'il ne soit trois heures du matin et qu'au bout d'une demi-heure vous dormiez à poings fermés, vous aimeriez plutôt connaître la suite le jour même. Je raconte rarement des histoires à trois heures du matin, même s'il m'arrive d'en écouter dans les Nuits de France Culture. Si la coutume veut que sur cette chaîne on écoute un feuilleton sur plusieurs jours, voir plusieurs semaines, "À voix nue" sur les cinq premiers jours d'une semaine et "LSD" sur les quatre premiers, il est absolument incongru qu'une histoire d'une heure soit coupée en deux. Cette invention anti-radiophonique on la doit à Sandrine Treiner, ex Directrice de France Culture (2015-2023) qui ne s'est pas contentée de manager brutalement ses équipes, mais qui "au plaisir" du clic a saucissonné une histoire pour répondre aux injonctions de la Direction du numérique qui cherche par tous les moyens à gonfler les audiences délinéarisées. Pour ma part, j'écoute en replay, l'épisode 1, le dimanche à 13h et en direct l'épisode 2 le dimanche à 13h30. J'aime le suspens mais pas du tout "les coupes arbitraires".












On me pardonnera ce long avant-propos pour présenter "L'affaire Lucien Léger" d'Alexandre Heraud et Yvon Croizier, pour les deux épisodes d'une nouvelle "histoire particulière" samedi 21 et dimanche 22 septembre, sur France Culture. Ce (trop) court documentaire est bien produit et bien réalisé (1). L'affaire Léger, l'"étrangleur", est sordide et tragique. Le récit donne envie d'en savoir plus. On pourra toujours se reporter aux livres de Philippe Jaenada, de Stéphane Toplain et Jean-Louis Ivani. Mais le format même de ce documentaire empêche au producteur de creuser le contexte social et culturel d'une époque qui était tétanisée par un crime d'enfant et qui pouvait tenir la une des journaux pendant de longues semaines. Pourtant le sujet se prêtait bien à un plus long récitatif. 

Depuis l'arrivée de Laure Adler à France Culture (1999-2005) le documentaire occupe de moins en moins de place dans la grille. Sandrine Treiner quant à elle, jamais à court de grands mots et d'effets d'annonce, prédisait, avec tambours et trompettes en décembre 2015 dans une interview au journal Le Monde "Nous allons offrir un Netflix des savoirs, avec un portail consacré au documentaire". Le portail n'a jamais été forgé. Quant au Netflix des savoirs c'est juste de la com' et de la poudre aux yeux… ou aux oreilles !

(1) Il est agréable d'y entendre le jingle "vintage" d'Inter-Actualités de France Inter, un repère mémoriel pour plusieurs générations d'auditeurs

lundi 16 septembre 2024

Radio France est grave malade…

Pendant la thérapie, instituée par la Pédégère de Radio France, devrons-nous nous plier aux prescriptions "médicales" de Radio France qui nous recommande (par l'intermédiaire d'une campagne publicitaire tapageuse) d'avaler plusieurs pilules - qui ressemblent plutôt à des couleuvres - pour résister aux frimas d'un monde bouleversé ? Rien moins. Je n'ai pas trouvé l'agence qui a réalisé cette campagne qui, si elle n'était pathétique, aurait pu à une autre époque faire sourire ? Jouer (mal) sur une approche médicale ne participe-t-il pas déjà à réactiver l'anxiété ambiante : Covid et post-Covid, instabilité politique, ambiance géopolitique sinistrée. Mais quel staff à Radio France a pu inventer ça ou donner envie à une agence publicitaire d'oser la méthode Coué ou celle du Docteur… Mabuse ?











Les contenants de ces "pilules miracles" ressemblent, trait pour trait, à ceux des compléments alimentaires ce qui permet de forcer le slogan : "Les 1ers compléments des Français…". Radio France transformé en laboratoire pharmaceutique (à défaut d'être un laboratoire de création radiophonique) on ne l'avait pas vu venir. Je me répète, on veut nous faire avaler la pilule (grossière et indigeste) et nous assurer que chaque flacon à défaut de contenir un élixir de jouvence contiendrait ce qui va nous prémunir de l'air ambiant…

Et la pub de décliner la médication avec des titres bien raccord : "multi-vitamines", "immunité", "inspire", "relax", "energy mix" et "régénaration". J'ai gardé "Feel Good", alias France Bleu, avec son titre anglais qui colle bien aux territoires ruraux dont M. Chouquet veut attraper les boomers qui n'en sont pas ! On se demande si l'"Inspire" (alias France Culture) est une tisane aux effets soporifiques et si "Régénération" s'adresse aux seniors qui voudraient redevenir jeunes. Quant à "Relax" là on est sûr que France Musique ne s'adresse plus qu'à des auditeurs figés sur leurs transats. Le fin du fin restera "L'Immunité" de France Info ! L'immunité de quoi ?

À ces camelots (new age) ayant inventé l'eau chaude, on aurait envie de dire "Vous pouvez toujours mettre un ou deux flacons de plus, on n'achètera pas le lot". On ne doute pas que Madame Veil soit en lévitation thérapeutique prête à nous faire prendre des vessies pour des lanternes. Depuis quand faudrait-il avaler tous ces "compléments" pour se sentir mieux ? Quand tous ces compléments-là, comme tous les autres médias, rendent compte plusieurs fois par jour de la misère du Monde et de la… France. À moins de créer sous peu "France bisounours" les chaînes de Radio France ne nous empêcheront pas de devoir supporter la "désinformation", le "complotisme" et la "polarisation" dont Veil, par ces mots, est persuadée que la radio publique permet d'en être protégé !







Si l'incantation est d'imposer un "traitement" (radical) pour que tout aille mieux on frise la publicité mensongère a minima, le foutage de gueule a maxima ! Et on se demande si M. Meslet, nouveau Directeur éditorial des sept chaînes de Radio France, a trouvé sur son bureau en prenant ses fonctions en septembre, les sept fioles de couleur, charge à lui d'inventer la politique éditoriale qui va avec ? Par quel mot commencer ? Un vrai casse-tête ? Radio France est tombée (c'est une société et non pas un groupe) bien bas, jusqu'à se vautrer dans des pratiques médicinales qui tristement rappellent celles de gourous farfelus qui tentaient de s'imposer pendant la décennie 70.

vendredi 13 septembre 2024

Un bien beau vendredi… 13 !

N'en déplaise aux grincheux, aux pisse-froid qui écrasent le passé avec leurs santiags à clous et aux ravis de la crèche qui ne jurent que par un présent (de rêve, en rêve) je n'ai pas prévu de me ruer à la FDJ pour gratter des morceaux de carton. Ce vendredi 13 m'inspire car la Scam a eu la bonne idée de publier aujourd'hui l'article que j'ai écrit sur Aline Pailler, et Le Monde un article sur Fleetwood Mac et le documentaire que diffuse aujourd'hui Arte.











Pour une fois je vais vous parler d'une autre de mes passions et du band "Fleetwood" que je fréquente depuis 1979. Hein ? Quoi ? Comment ? Tu as loupé la sortie de "Rumours" en 1977 ? Oui, j'avoue et du aussi louper (à l'oreille) quelques diffusions que l'ami Bernard Lenoir envoyait sur France Inter dans "Feedback", même si son émission n'a démarré que fin mai 1978 ! C'est à la sortie de "Tusk" en 1979 que je ferai un retour salvateur en arrière. Alors forcément "Dreams", "You make loving fun" et "The Chain" ont beaucoup tourné sur ma platine, j'ai aussi du plaisir à écouter "Songbird" et surtout "Sara" (sur "Tusk"). Mais comme je n'ai pas le talent de Michka Assayas ("Very good trip", France Inter) ou celui de Thierry Jousse ("Retour de plage", France Musique), je ne vous en dirai pas beaucoup plus…

Sauf que Jacky L. en 1979 me fit remarquer et apprécier qu'aux origines en 1968, le Fleetwood Mac, version anglaise (avec Peter Green), version blues beaucoup moins mainstream valait le détour. (en illus, la pochette de leur disque de 68)