lundi 21 octobre 2024

Frace Inter : le cas Adèle Van Reeth…

Dans un long article, publié jeudi 17 octobre sur Télérama, François Rousseaux pose dès son titre la bonne question : “Mais que veut-elle ?” Enquête sur Adèle Van Reeth, la patronne qui inquiète France Inter". Autrefois une séparation plus nette de gestion entre les programmes et la rédaction maintenait un modus vivendi de bon aloi. Las, Van Reeth se sent des ailes et n'hésite pas à mettre le loup dans la bergerie et bouscule, irrite, perturbe la rédaction qui n'avait pas besoin de Patrick Cohen pour exister et faire son travail ! On a beau avoir des compétences en philo en quoi cela peut-il présager à diriger la 1ère radio de France ? Comme souvent Madame Veil, Pédégère de Radio France, a fait le mauvais choix.









Débarquer Yaël Goosz, chef du service politique, de l’édito de 7h44, pour offrir le siège à Cohen est juste une aberration «Une affaire si mal gérée qu’il faudrait l’enseigner dans les écoles de management !» soupire un animateur (1). "Les journalistes, soutenus par les producteurs d’émissions, votent à 80 % une motion de défiance contre elle… Une personnalité s’emporte : «Comment peut-on fragiliser une radio qui est la première de France ? " (1). Faut pas pousser ! Et Van Reeth sûre, trop sûre de son pouvoir, n'a pas su prendre la mesure de l'alchimie qu'il faut savoir faire vivre dans une chaîne ou les ego (quelques-uns surdimensionnés) se confrontent aux ego (quelques-uns sous-dimensionnés). Toute philosophe qu'elle est, elle a manqué beaucoup de philosophie, de pédagogie et de psychologie. Et quand la confiance est mise en jeu, rien ne dit que les mea-culpa permettront de retrouver un fonctionnement serein.

"Pour la première fois, les programmateurs et attachés de production (quarante-huit salariés) se sont réunis, et sont en train de se constituer en collectif pour se faire entendre sur leurs missions et l’avenir de la station. « On est au mieux dans une illisibilité, au pire dans une perte de l’ADN de la chaîne », soutient une journaliste". (1) Le bon état de la station que Laurence Bloch avait su installer pendant dix ans (2014-2023) est détruit. On se demande toujours pourquoi une très bonne animatrice et productrice d'émissions sur France Culture aurait les capacités pour diriger une chaîne telle que France Inter ? C'était a priori mieux que d'aller chercher quelqu'un de la TV (méthode Veil). C'était un pari, mais un pari perdu !

Van Reeth décase la bande à Charline à 17h (rentrée 2023), la remplace par trois (pourquoi pas six ?) personnes qui ont à peu près autant de compétences pour faire de la radio que moi pour diriger un opéra ! À la rentrée 24, "D’autres décisions ont secoué : l’arrêt l’année dernière de l’émission de l’historien Patrick Boucheron, la fusion des services sciences, santé et environnement (décidée par la pdg de Radio France et finalement abandonnée), la suppression d’émissions de reportage à la fibre sociale (la direction les jugeant « vieillissantes ») (1). "Vieillissantes" l'adjectif le plus bidon en vogue à la radio ! "Le jeu des 1000€" lui, ne serait pas vieillissant ? "Le Masque et la plume" ? Quand on veut dégager une émission on se sert d'un fallacieux "vieillissant" pour tenter faire passer la pilule (cf "Là-bas si j'y suis", 1989-2014). Quant à offrir (par défaut) une heure de plus à Matthieu Noël (Zoom zoom zen) c'est un aveu de faiblesse. et un manque absolu d'imagination.

Plutôt que faire leur marché à l'extérieur, les directrices et directeurs de chaîne seraient inspirés à faire sortir du rang celles et ceux à qui il faudrait faire faire des essais (l'été comme c'était le cas autrefois ou dans "Les bleus de la nuit"). Mais la mode n'est plus ni à la découverte ni à l'essai, il faut tout de suit une "figure" et une renommée, l'antithèse de ce qui s'est fait à la radio depuis quatre-vingt ans (jusqu'au début des années 2000). Les jours de Van Reeth sont comptés et ce ne sont pas que les résultats d'audience qui pourront la sauver d'un management inapproprié et… lunaire !

(1) Cité par F. Rousseaux dans son article.

lundi 14 octobre 2024

France Inter : Nagui & Luchini, la spirale du mépris…

9 juin 2016, Nagui persifle sur Europe 1 au micro de Morandini en évoquant qu'à France Inter pour son émission "La bande originale" il fait du bénévolat. Sans tarder Charline Vanhoenacker avec quelques complices de France Inter fustigera le "bénévole" qui, huit ans plus tard ,continue à animer l'émission. Preuve s'il en était que le bénévolat… paye. Dans la même veine et avec autant de mépris Fabrice Luchini, mercredi dernier sur Quotidien annonce que pour son émission du dimanche soir sur France Inter (Les admirations littéraires) : "… Paye très modeste. Je n'ai jamais été aussi mal payé de ma vie". Pas de quoi rire !

La vidéo ici


Cracher dans la soupe ces deux paltoquets savent faire. Cracher sur le service public et en percevoir des émoluments ils savent faire aussi. C'est indigne et misérable. Les "belges" ne sont plus là pour moquer le cabotin. Cette preuve flagrante de déloyauté devrait valoir à Luchini quelques remontrances de la part d'Adèle Van Reeth, directrice de la chaîne. Et donner aux auditrices et auditeurs envie d'aller sur Nova écouter "La dernière" de Guillaume Meurice !

lundi 7 octobre 2024

Radio France : tout sauf de la radio !

Avec un cynisme de mauvais aloi, le staff numérique de Radio France déconstruit méthodiquement la radio (ou ce qu'il en reste). Le staff numérique ? Mais que reste-t-il d'autre ? La publicité dans le métro parisien dit tout du projet calamiteux : tout donner à entendre sauf de la radio. Oui sauf de la radio car pour les geeks qui gouvernent cette Maison (de quoi ?) le mot est à ranger aux rayons poussiéreux des antiquités. Le mot radio n'apparaît plus que dans le nom de la société : Radio France. Un faux-nez, une entourloupe de première, un cache-sexe qui ne trompent que ceux qui ne veulent rien y entendre et surtout pas de la radio. Madame Veil, Pédégère de la société qui a su si bien rebaptiser le bâtiment de l'avenue du Président Kennedy pourrait, sans gêne, débaptiser Radio France qu'on y verrait que du feu. Feu la radio !








Madame Veil s'acharne pourtant devant la représentation nationale ; à l'Assemblée ou au Sénat, à pérorer sur la nécessité que la radio puisse conserver son autonomie fasse à une fusion où, la grande louve France Télévisions, l'avalerait en moins de temps qu'il ne faut pour l'écrire. Effets de manche, théâtre épique, galéjades qui ne trompent que ceux qui veulent bien marcher dans la combine ! Défendre la radio oui, encore faudrait-il qu'il soit encore produit de la radio et non des petits morceaux de trucs et de machins qu'on bricole en collections, en série. Le tout délinéarisé et pire encore détemporalisé. Il s'agit bien d'additionner les clics et, surtout, n'être comptable que de chiffres plus mirobolants les uns que les autres. 

Au risque d'avoir détruit l'incarnation, par ses équipes, d'un programme de radio, d'émissions du petit matin, de l'après-midi, du soir et de la nuit. Jetant la nuit par la fenêtre du jour. Au risque d'avoir gommé le moment présent qui ne doit surtout pas être entendu dans les rediffusions des rediffusions. Au risque d'avoir cassé la chaîne de fabrication et d'avoir tout aussi méthodiquement casser les métiers spécialisés de technicien du son, de réalisatrices et réalisateurs et tenter d'inventer des productrices et producteurs, moutons à cinq pattes et à plusieurs bras pour faire seul-e-s ce qui se faisait en équipes de réalisation.

Mais l'auditrice ou l'auditeur ne le voit pas, ne l'entend pas. Avec son support habituel il peut encore croire qu'il écoute de la radio. Il n'écoute plus ni la radio ni même des émissions. Il écoute des podcasts. Petits modules sonores qui se faufilent dans la grande toile numérique. The dream is over chantait John Lennon. Oui, le rêve est fini. Le rêve d'être en fusion dans des moments de radio singuliers, surprenants et quelquefois magiques. Le rêve d'une affection solide pour une compagne de route et de vie. Le rêve tout simplement…

Le texte des deux visuels : Plus de 3 milliards de podcasts, 168 heures de direct par jour. Playlists, concerts musiques, direct, podcasts.

lundi 30 septembre 2024

La parole ouvrière… la radio si précieuse pour la recueillir !

9h50, ce dimanche. Je reprends l'écoute du long documentaire de Marion Thiba, "La parole ouvrière" (31 août 1991) rediffusé dans la nuit de vendredi à samedi dans les Nuits de France Culture. Je ne voulais pas passer toute ma nuit à cette réécoute. Je voulais prendre des notes pour ce billet. Et puis surtout dormir. Je reste frappé par la bonne intuition de Jean-Marie Borzeix, directeur de France Culture (1984-1997) d'avoir sollicité Marion Thiba, productrice, pour élaborer ce long documentaire diffusé dans la grille d'été, un samedi de 1991. Un samedi. Quatre heures quarante-cinq sublimes de plongée dans la parole et la culture ouvrière réalisées par Annie Flavell. Pas quatre heures quarante-cinq, assise dans un  studio, quatre heures quarante-cinq de témoignages in-situ, poignants, sensibles, vécus dans des bastions de l'histoire ouvrière. Boussac dans les Vosges. Fourmies dans le Nord. Le bassin houiller lorrain. Lip à Besançon. La mine de Bruay en Artois ou à Oignies. La Sollac à Dunkerque. Les haut-fourneaux de Longwy. Peugeot à Sochaux. Les chantiers navals de La Ciotat. Mais aussi la bonnetière de Troyes, le typographe de Paris, la monteuse-cableuse, l'instituteur… 


 









Marion Thiba : "Michel Verret, vous êtes philosophe, sociologue, vous avez écrit beaucoup de livres sur la condition ouvrière, vous avez l'habitude d'écouter les ouvriers. Je me disais que la radio était très précieuse pour recueillir la subtilité des différentes paroles ouvrières.“ À Troyes, Suzanne Parrigaux, évoque les bonnetières qui devaient supporter en permanence les bruits stridents de l'usine. À Fourmies (Nord), dans les filatures il était presque impossible de parler, c'était le bagne. Le bobineur était le souffre-douleur. Les ouvrières ont inventé cette image "La neige ce sont les fleurs de soumission. Si pendant la grève on ne reprend pas le travail, c'est la fin. C'est la mort". Déjà ces premières paroles montrent que ces mots n'auraient jamais pu être prononcés en studio à Paris.

Michel Verret précise "La parole nue, dans la tragédie la plus noire. La parole claire de la bonnetière. La parole franche d’une vie basse. L’oser dire de l’exploitation." Et il est joli que Verret traduise "le pain d’alouette", cette friandise que le mineur rapporte à ses enfants sans y avoir goûté lui-même pour son casse-croûte préparé par sa femme. Marion Thiba, pousse loin son écoute du sociologue au point de lui demander "D’où vient votre émotion ?". Verret : "Cette classe ouvrière peut retourner sa coopération de travail en coopération de résistance, en coopération de lutte, en coopération de définition d’objectifs de classe. Il faut que la classe ouvrière pour qu’elle soit classe survive comme classe. Et il faut que son expérience puisse se cumuler." Il faudra aussi quelques intermèdes d’accordéon pour tenter de prendre un peu de recul pour mesurer cette culture ouvrière disparue. Bafouée et disparue. Méprisée et disparue. Niée. "Il faudra au moins un siècle pour qu’on ne sache plus ce que c’est la culture ouvrière" annonce un témoin.

Puis ce sera au tour de Maurice Boivin, typographe du Livre, un "ancien du plomb" d'évoquer le cliquetis des linotypes. Louis Oury, ouvrier aux Chantiers de Saint-Nazaire. Bertrand Bartz, mineur de fond en Lorraine, "Loin du soleil, à la mine on ne siffle pas on ne chante pas, il faut bien ouvrir les yeux et surtout les oreilles, ce que vous ne voyez pas avec les yeux, vous pouvez l’entendre." Marcel Donati, ouvrier sidérurgiste de Longwy intervient à plusieurs reprises dans ce documentaire. Et puis il y a tous ces mots du travail. Qui d’autre qu’un mineur peut "Remonter au jour" ? Aucun, aucune, autre travailleur, travailleuse de la nuit peut finissant son travail peut dire qu'il "remonte au jour".



















Oignies (Nord), décembre 1990. Un mineur raconte : "Aujourd’hui on tire un trait sur tout ça (les charbonnages et la métallurgie, des colosses au pied d’argile) c’est comme si le magasin était en faillite." Et à cause du regard noir, charbonneux des mineurs une jeune femme rappelle que son père ne rentrait pas avec les yeux noirs à la maison et ne supportait donc pas que sa fille se maquille les yeux ! Pour tous les mineurs "L’or noir" ce n'est pas un vain mot, une utopie. Les femmes de mineur montrent qu'elles sont solidaires de leurs maris, "aux petits soins" comme l’évoque Marion. Les femmes ne se plaignaient jamais dans cet accompagnement lourd de leur mari et de toutes les charges domestiques et d’éducation qui leur incombaient à plein temps. Et elles évoquent aussi avec peine la silicose de leurs maris qui "crachent leurs poumons".


Un ouvrier de chez Peugeot : "C’est dur quand t’as pas parlé pendant 9 heures et que t’as tellement de choses à dire que t’arrives plus à les dire, que les mots ils arrivent tous ensemble dans la bouche, et puis tu bégayes, tu t’énerves, tout t’énerve…".  “Depuis la fin des années 70 le monde ouvrier vit un grand travail de deuil. Les ruptures [avec le reste de la société et des politiques, ndlr] et les clivages sont forts. En 1991, la blessure de la fermeture des puits n'est pas guérie, il y a maintenant l'habitude de cette mort, de cet abandon, de ce remembrement, de ces friches, c'est devenu une plaie habituelle."


Jean Hurtzel : "Les paroles sont un élément fondamental de la culture ouvrière, des cultures orales qui se méfient de l'écrit. Les bistrots étant les derniers lieux de convivialité." Quand, un autre intervenant précise "Le travail représente le fondement de l'identité pour un homme, c'est la légitimation de soi."


Grève ouvrière, Saint-Nazaire, 1955















Ce documentaire précieux de Marion Thiba est plus qu’une page de mémoire. Les témoignages sont des instants de vie, de vies consacrées à l’ouvrage, à l’œuvre d’ouvrières et d’ouvriers. Cette parole ouvrière devrait être enseignée au collège et au lycée. À la fois pour (ré)apprendre à écouter sans voir, et surtout pour prendre la mesure de l’histoire et de ce qui a forgé "les temps modernes".

Je n'ai jamais été ouvrier, mais j'en ai fréquenté de nombreux au cours de ma vie professionnelle. Et puis aussi des ami-e-s dont j'ai aimé écouter leurs histoires brutes. À "L'Humanité dans la poche", le journal communiste, on peut aussi entendre "L'humanité dans la poche" ! Le temps long de ce documentaire c'est aussi le temps long de l'histoire ouvrière avec une triste réalité, le temps de plus en plus court consacré aux documentaires sur France Culture, comme le temps de plus en plus court qu'il reste à la parole ouvrière. Merci à Albane Penaranda de l'avoir rediffusé dans "Les nuits".

vendredi 27 septembre 2024

Sublimer la musique, les mots à Fip radio…

La musique coule le long de ce merveilleux ruban (programme) musical et l'on tend l'oreille ou pas. Et puis de temps en temps quelques mots viennent ponctuer, sublimer, enrichir la musique. Il faut être un peu entraîné car on s'échappe assez vite à ses occupations. Il faut savoir guetter cette façon unique qu'ont les animatrices de dire l'heure quand, à 13 heures il est 1 heure sur FIP, ou qu'à 16h45, il est cinq heures moins le quart. Une voix peut nous accrocher plus qu'une autre. Un texte peut nous stimuler beaucoup plus que pour un partenariat ou une annonce de concert. Si s'ajoute de la poésie (ou de la prose) d'une autrice ou d'un auteur célèbre on prend ce moment-là, cet instant volé pour quelque chose qui ressemble à une petite madeleine ou à un rayon de soleil.











Hier un peu avant 1 heure, sur la musique d'Astor Piazzolla et de Yo-Yo Ma, "Regreso al amor", Audrey Stupovski laisse s'installer la musique puis se lance dans une courte histoire. 

"Elle nous quitta le 24 sept 2004 et, depuis ce temps là, "Bonjour tristesse" se glisse encore plus en septembre, en écho, comme un appel farouche à la vie qu'elle menait intrépide. Celle qui disait "Il n'y a pas d'heure la nuit c'est agréable"… Puisque la mort c’est l’immobilité, le mouvement c’est la vie. Une devise implicite pour la turbulente Françoise Sagan qui démontra, un peu malgré elle, mais en lançant la mode, que la vitesse c’est la grande vie. La Jaguar XK140 de Sagan, fonçant à plus de 150 km/h est un bolide inaccessible, délivrant des sensations inédites. La piloter, c’est appartenir à la race des seigneurs. Dans ce mouvement chaloupé tendu du tango, bonjour tristesse avec passion, "Regreso al amor" de Piazzolla qui se conduit sans lâcher la bride par Yo-Yo Ma, Sagan danse le tango sur FIP…"

On y était non ? Sans être dans son bolide, regardant ce très court métrage avec Sagan juste à côté de soi, whisky en main, silencieuse et rieuse au plaisir d'être dans la course sans être au volant ! Il fallait bien attraper ces quelques mots qui donnent à notre journée un peu de douceur entre les gouttes de pluie et l'affolement du monde. Merci Audrey et "Bonjour allégresse"… 

mardi 24 septembre 2024

Un bon dimanche avec Sagan… (enfin pas tout le dimanche !)

Sagan serait-elle devenue intemporelle et surtout le marqueur absolu d'un nouveau monde - après guerre et avant 68 - ? À écouter le bon documentaire de Virginie Bloch-Lainé on peut en être convaincu. Sa fraîcheur, son franc (et quelquefois inaudible) parler, ses postures hors système, hors sa classe sociale (bourgeoise), sa liberté tout simplement sont vraiment réjouissantes et incitent à relire "Bonjour tristresse" et quelques autres de ses romans ou essais.

25 sept 87. AFP © Mychele Daniau








Virginie Bloch-Lainé a très bien choisi celles et celui qui au micro sont venus témoigner du parcours fantasque et accéléré de la romancière, jet-setteuse, romantique new-look et totalement libérée. Libérée aussi du patriarcat (financier) et moral. Sans être féministe avec les codes d'aujourd'hui Sagan a pu être indépendante financièrement et ses deux mariages ne l'ont pas détourné de ses convictions et de ses choix de vie.

Comme je l'évoquais hier pour "L'affaire Lucien Léger", pour pouvoir développer son histoire Sagan aurait mérité un "Bon plaisir", cette belle émission inventée par François Maspero en 1984. Je ne crois pas si bien dire puisque le 25 mai 1994, sur France Culture, Monette Berthomier consacrait trois heures à l'écrivaine. L'archive disponible de ce "Bon plaisir" a été charcutée et découpée en 1h58 en août 2020. Cette maladie d'un formatage vers l'heure juste fait suite aux préconisations d'Arnaud Ténéze qui en 1996 publiait un rapport à la demande de Michel Boyon, Pdg de Radio France, dans lequel Ténéze préconisait de ne plus produire d'émissions de plus de une heure et de passer autant que faire se peut au direct. Consigne que Laure Adler appliquera à la lettre dès sa prise de fonction en 1999. En commençant par sortir "Le bon plaisir" de la grille.

Ce "Toute une vie" Sagan est un régal pour un flash-back sur une époque légère pour celles et ceux qui pouvaient en vivre à la manière d'un Scott Fitzgerald et Zelda Sayre dans les années vingt aux Ètats-Unis.

Cette nuit France Culture a diffusé "Les chemins du jour, Françoise Sagan", par Luc Bérimont, une émission de la chaîne parisienne du 26 août 1956 (Sagan avait 21 ans). Avec autant de fraîcheur et de naturel, Sagan se prête sans détours à la longue interview de Bérimont et nous propose une de ses vérités qui colle bien à l'esprit de la radio "Il n'y a pas d'heure la nuit, c'est agréable."

lundi 23 septembre 2024

Une histoire particulière… en morceaux !

Si je vous dis "Je vais te raconter une histoire particulière" et, à moins qu'il ne soit trois heures du matin et qu'au bout d'une demi-heure vous dormiez à poings fermés, vous aimeriez plutôt connaître la suite le jour même. Je raconte rarement des histoires à trois heures du matin, même s'il m'arrive d'en écouter dans les Nuits de France Culture. Si la coutume veut que sur cette chaîne on écoute un feuilleton sur plusieurs jours, voir plusieurs semaines, "À voix nue" sur les cinq premiers jours d'une semaine et "LSD" sur les quatre premiers, il est absolument incongru qu'une histoire d'une heure soit coupée en deux. Cette invention anti-radiophonique on la doit à Sandrine Treiner, ex Directrice de France Culture (2015-2023) qui ne s'est pas contentée de manager brutalement ses équipes, mais qui "au plaisir" du clic a saucissonné une histoire pour répondre aux injonctions de la Direction du numérique qui cherche par tous les moyens à gonfler les audiences délinéarisées. Pour ma part, j'écoute en replay, l'épisode 1, le dimanche à 13h et en direct l'épisode 2 le dimanche à 13h30. J'aime le suspens mais pas du tout "les coupes arbitraires".












On me pardonnera ce long avant-propos pour présenter "L'affaire Lucien Léger" d'Alexandre Heraud et Yvon Croizier, pour les deux épisodes d'une nouvelle "histoire particulière" samedi 21 et dimanche 22 septembre, sur France Culture. Ce (trop) court documentaire est bien produit et bien réalisé (1). L'affaire Léger, l'"étrangleur", est sordide et tragique. Le récit donne envie d'en savoir plus. On pourra toujours se reporter aux livres de Philippe Jaenada, de Stéphane Toplain et Jean-Louis Ivani. Mais le format même de ce documentaire empêche au producteur de creuser le contexte social et culturel d'une époque qui était tétanisée par un crime d'enfant et qui pouvait tenir la une des journaux pendant de longues semaines. Pourtant le sujet se prêtait bien à un plus long récitatif. 

Depuis l'arrivée de Laure Adler à France Culture (1999-2005) le documentaire occupe de moins en moins de place dans la grille. Sandrine Treiner quant à elle, jamais à court de grands mots et d'effets d'annonce, prédisait, avec tambours et trompettes en décembre 2015 dans une interview au journal Le Monde "Nous allons offrir un Netflix des savoirs, avec un portail consacré au documentaire". Le portail n'a jamais été forgé. Quant au Netflix des savoirs c'est juste de la com' et de la poudre aux yeux… ou aux oreilles !

(1) Il est agréable d'y entendre le jingle "vintage" d'Inter-Actualités de France Inter, un repère mémoriel pour plusieurs générations d'auditeurs

lundi 16 septembre 2024

Radio France est grave malade…

Pendant la thérapie, instituée par la Pédégère de Radio France, devrons-nous nous plier aux prescriptions "médicales" de Radio France qui nous recommande (par l'intermédiaire d'une campagne publicitaire tapageuse) d'avaler plusieurs pilules - qui ressemblent plutôt à des couleuvres - pour résister aux frimas d'un monde bouleversé ? Rien moins. Je n'ai pas trouvé l'agence qui a réalisé cette campagne qui, si elle n'était pathétique, aurait pu à une autre époque faire sourire ? Jouer (mal) sur une approche médicale ne participe-t-il pas déjà à réactiver l'anxiété ambiante : Covid et post-Covid, instabilité politique, ambiance géopolitique sinistrée. Mais quel staff à Radio France a pu inventer ça ou donner envie à une agence publicitaire d'oser la méthode Coué ou celle du Docteur… Mabuse ?











Les contenants de ces "pilules miracles" ressemblent, trait pour trait, à ceux des compléments alimentaires ce qui permet de forcer le slogan : "Les 1ers compléments des Français…". Radio France transformé en laboratoire pharmaceutique (à défaut d'être un laboratoire de création radiophonique) on ne l'avait pas vu venir. Je me répète, on veut nous faire avaler la pilule (grossière et indigeste) et nous assurer que chaque flacon à défaut de contenir un élixir de jouvence contiendrait ce qui va nous prémunir de l'air ambiant…

Et la pub de décliner la médication avec des titres bien raccord : "multi-vitamines", "immunité", "inspire", "relax", "energy mix" et "régénaration". J'ai gardé "Feel Good", alias France Bleu, avec son titre anglais qui colle bien aux territoires ruraux dont M. Chouquet veut attraper les boomers qui n'en sont pas ! On se demande si l'"Inspire" (alias France Culture) est une tisane aux effets soporifiques et si "Régénération" s'adresse aux seniors qui voudraient redevenir jeunes. Quant à "Relax" là on est sûr que France Musique ne s'adresse plus qu'à des auditeurs figés sur leurs transats. Le fin du fin restera "L'Immunité" de France Info ! L'immunité de quoi ?

À ces camelots (new age) ayant inventé l'eau chaude, on aurait envie de dire "Vous pouvez toujours mettre un ou deux flacons de plus, on n'achètera pas le lot". On ne doute pas que Madame Veil soit en lévitation thérapeutique prête à nous faire prendre des vessies pour des lanternes. Depuis quand faudrait-il avaler tous ces "compléments" pour se sentir mieux ? Quand tous ces compléments-là, comme tous les autres médias, rendent compte plusieurs fois par jour de la misère du Monde et de la… France. À moins de créer sous peu "France bisounours" les chaînes de Radio France ne nous empêcheront pas de devoir supporter la "désinformation", le "complotisme" et la "polarisation" dont Veil, par ces mots, est persuadée que la radio publique permet d'en être protégé !







Si l'incantation est d'imposer un "traitement" (radical) pour que tout aille mieux on frise la publicité mensongère a minima, le foutage de gueule a maxima ! Et on se demande si M. Meslet, nouveau Directeur éditorial des sept chaînes de Radio France, a trouvé sur son bureau en prenant ses fonctions en septembre, les sept fioles de couleur, charge à lui d'inventer la politique éditoriale qui va avec ? Par quel mot commencer ? Un vrai casse-tête ? Radio France est tombée (c'est une société et non pas un groupe) bien bas, jusqu'à se vautrer dans des pratiques médicinales qui tristement rappellent celles de gourous farfelus qui tentaient de s'imposer pendant la décennie 70.

vendredi 13 septembre 2024

Un bien beau vendredi… 13 !

N'en déplaise aux grincheux, aux pisse-froid qui écrasent le passé avec leurs santiags à clous et aux ravis de la crèche qui ne jurent que par un présent (de rêve, en rêve) je n'ai pas prévu de me ruer à la FDJ pour gratter des morceaux de carton. Ce vendredi 13 m'inspire car la Scam a eu la bonne idée de publier aujourd'hui l'article que j'ai écrit sur Aline Pailler, et Le Monde un article sur Fleetwood Mac et le documentaire que diffuse aujourd'hui Arte.











Pour une fois je vais vous parler d'une autre de mes passions et du band "Fleetwood" que je fréquente depuis 1979. Hein ? Quoi ? Comment ? Tu as loupé la sortie de "Rumours" en 1977 ? Oui, j'avoue et du aussi louper (à l'oreille) quelques diffusions que l'ami Bernard Lenoir envoyait sur France Inter dans "Feedback", même si son émission n'a démarré que fin mai 1978 ! C'est à la sortie de "Tusk" en 1979 que je ferai un retour salvateur en arrière. Alors forcément "Dreams", "You make loving fun" et "The Chain" ont beaucoup tourné sur ma platine, j'ai aussi du plaisir à écouter "Songbird" et surtout "Sara" (sur "Tusk"). Mais comme je n'ai pas le talent de Michka Assayas ("Very good trip", France Inter) ou celui de Thierry Jousse ("Retour de plage", France Musique), je ne vous en dirai pas beaucoup plus…

Sauf que Jacky L. en 1979 me fit remarquer et apprécier qu'aux origines en 1968, le Fleetwood Mac, version anglaise (avec Peter Green), version blues beaucoup moins mainstream valait le détour. (en illus, la pochette de leur disque de 68)

mercredi 11 septembre 2024

Ce 11 septembre là… 1973 !

Il y a cinquante-et-un an on prenait un sale coup dans les tripes. Quelque chose de notre adolescence vacillait. On voulait pas croire qu'on était devenu adulte juste parce que nos utopies s'envolaient par perte et profit. Le coup d'État de Pinochet nous laissait sans voix, désemparé, atterré, K.O. Le Chili si loin était devenu si près. On ne pouvait même plus écouter Quilapayun sur la platine et encore moins Victor Jara, emprisonné, torturé et assassiné par la junte le 15 septembre 1973. Aucun autre 11 septembre ne pourra effacer celui-là, l'assassinat conjoint d'Allende et de la démocratie chilienne laissent une plaie béante dans l'histoire. Aujourd'hui peut-être j'écouterai "El pueblo unido jamas serà vincido" mais je sais que ce sont les larmes qui viendront…

Photo de famille avec Salvador Allende en 1972
à Santiago du Chili © Rodrigo Gomez Rovira










Vous devriez pouvoir retrouver sur le site de France Culture le documentaire en trois épisodes d'Alain Devalpo et Jean-Philippe Navarre (1), diffusé du 9 au 11 septembre 2013 ("Chili 1973, la Révolution Allende) et à défaut vous replier vers cet A.C.R. (Atelier de Création Radiophonique) de 1976.

(1) Et mes trois billets de l'époque

lundi 9 septembre 2024

Meurice, la RF thérapie et la nouvelle appli…

Allons-y dans le désordre. Dans son gazouillis quotidien de quatre-vingt secondes (appelé sans grâce le 80'') sur France Inter, Nicolas Demorand a jugé utile de faire une promo appuyée à la nouvelle appli de Radio France. C'est de l'info ou de la pub ? Aux débuts de la radio, ce sont des speakers qui lisaient les informations écrites par des journalistes. Ce 2 septembre sans le moindre doute Demorand s'est transformé en speaker et mieux en “meneur de jeu” comme autrefois le faisaient les animatrices d'Europe n° 1 en donnant des “conseils”. Voilà Demorand au service de la promotion ou de l'auto-promotion ce qui a fait aussitôt écrire Laurent Frisch (Directeur du numérique de Radio France) sur X : Après 6 ans, l’app @radiofrance fait peau neuve, et c’est @ndemorand qui en parle le mieux”. Quelle harmonie et renvoi d'ascenseur ! Tout ça ressemble à une mauvaise farce. Une bouffonnerie à nous aire pleurer… de rage !!!!











Dans le même registre on passe maintenant à la tartufferie de la thérapie (Radio France thérapie) de Madame Veil, Pédégère de Radio France. Après avoir révélé le nouveau mantra, la presse a tôt fait de lâcher l'affaire et, au risque de parodier Chirac, on peut être persuadé que ladite thérapie a fait Pschiiittt ! Alors que plusieurs ex-Radio France avaient du mal à croire que ce slogan ait pu être déployé, M. Paulin Césari écrivait samedi dans Le Figaro-Magazine : 

Tout est culte dans cette pure expression de la doxa. À commencer par cette thérapie, proposée à des citoyens jugés malades pour ne pas dire déviants. Mais jugés par qui ? Par Radio France, qui serait donc tout à la fois soignant, éclairé, remède, approprié guide pour égarés. Par Radio France, qui saurait donc ce qu'est le Bien, le détiendrait, pourrait le dire sur ses ondes, et ainsi le faire : "Nos radios sont là pour faire du bien.” Dès lors, tout auditeur ainsi perfusé se verrait guéri ; bien-pensant donc bien portant. À condition toutefois qu’il soit protégé du Mal, toujours renaissant donc “…de tout ce qui met à mal le vivre ensemble : désinformation, polarisation, repli sur soi…” Quand, même Le Figaro s'en prend aux roucoulades de la Pédégère, c'est vraiment ballot !

La bande à Meurice sur Nova : un boomerang en pleine poire pour Adèle Van Reeth (directrice de France Inter)
Forcément si c'est Matthieu Pigasse lui-même (propriétaire des Nouvelles Editions Indépendantes qui possède Radio Nova et aussi les Inrockuptibles) qui vous sollicite pour intégrer “sa” radio, on peut comprendre que Guillaume Meurice n'ait pas hésité si le banquier d'affaires lui a garanti carte blanche et liberté totale. Dès hier de 18h à 20h à l'Européen à Paris et en direct sur Nova, Meurice, Aymeric Lompret, Juliette Arnaud et Pierre-Emmanuel Barré vont dégoupiller l'actu avec le mordant qu'on leur connaît.

Des transferts d'une radio à une autre il y en a eu de nombreux avec plus ou moins de réussite et souvent moins que plus (1). Là, Nova frappe un grand coup qui va enfoncer les audiences du dimanche après-midi de France Inter. Dans une période récente Demorand, Cohen ont aussi émigré sur Europe 1 sans y faire venir leurs anciens auditeurs de France Inter. Meurice n'a plus qu'a surfer sur le créneau 18-20h qui avait formidablement réussi à Inter, la saison précédente. Qu'en plus l'émission soit en public est un bon remède à la mélancolie et au blues du dimanche soir. Gageons que moult Parisiens vont s'y ruer.

(1) En 1989, au pied levé, Pierre Bouteiller remplace à la direction d'Inter, Eve Ruggieri parti diriger Antenne 2. Bouteiller est catégorique, il ne laissera pas les clefs d'Inter tout le week-end à Jean Garretto qui ne pourra plus produire "L'oreille en coin" (du samedi après-midi au dimanche soir) et devra se contenter du dimanche matin avec les chansonniers. Garretto décline et à partir de la rentrée 1990, émigre sur Europe 1 avec "Persona… gratter" le dimanche matin de 9h15 à 11h avec les mêmes chansonniers. Le directeur des programmes de la chaîne, Patrice Blanc Francard, ne parviendra pas à convaincre Garretto de changer son titre assez abscons. L'émission restera à l'antenne quatre ans, Garretto ne se remettra pas de cette éviction vengeresse de la part de Bouteiller.

vendredi 30 août 2024

Radio France Thérapie, Radio France quoi ?

On connaissait la radioscopie (avec ou sans Chancel), la radiothérapie mais la Radio France thérapie c'est quoi ce truc ? C'est pour un clip vidéo avec le docteur Cohen ? C'est pour une série TV avec Mathieu Gallet en guest ? C'est un sketch de Marie Bouasson ? Ou c'est juste un délire de communication ? Ben non c'est juste une fantaisie de la Présidente Sibyle Veil ! Un genre de madeleine de Proust, sans Proust ! Un sketch de Devos sans Devos. Une pensée philosophique sans philosophie. Rien. Du vide, du creux, du pathétique et une certaine forme de délire new old age.








La méthode Coué que je citais dans mon billet d'hier vient à mon secours quand c'est Le Monde des Livres (daté 30 août) qui rappelle "Cet homme-là, au fait de sa gloire c’est l’inventeur de la méthode Coué, dont le principe consistait à répéter vingt fois, matin et soir, la formule suivante tous les jours. À tous points de vue, je vais de mieux en mieux." C'est dit. Donc la méthode de management avérée depuis Gallet (2014-2018) est bien celle du bon docteur. La RFT (Radio France Thérapie) participe de cet enfumage XXL.

Nota bene
Comme évoqué dans mon billet de lundi, la TV entre en force à Radio France. Dernière prise en date Mme Agnès Varhamian, nouvelle directrice de France Info, qui vient de France Télévisions. 

jeudi 29 août 2024

France Bleu : la méthode Chouquet…

Yann Chouquet (1) nouveau directeur adjoint du réseau France Bleu depuis le printemps aurait trouvé la pierre philosophale, l'élixir d'audience, la formule pour faire revenir ou conquérir de nouveaux auditeurs. Dans une double page de Libération du 22 août, sous la plume d'Adrien Franque, Chouquet explique sa méthode qui ne serait pas loin de ressembler à celle de ce bon Docteur Coué qui, comme le savent les lecteurs de ce blog, a fait des miracles durant la Présidence de Mathieu Gallet (2014-2018).








La méthode
Adrien Franque écrit : "Dans ce contexte (en dix ans, France Bleu a perdu 1,3 million d’auditeurs quotidiens), comment, désormais, reconquérir des auditeurs ? Yann Chouquet est persuadé d’avoir la solution. Depuis [le printemps], il fait le tour des locales pour présenter sa stratégie. Comme ce jeudi à Poitiers, un stop sur sa route des vacances. Face aux animateurs réunis pour leur habituelle réunion de programmation, il sort sa tablette : «Vous voulez la présentation de la soupière ?» En réalité, le plat de service qui apparaît sur son écran sert à représenter la démographie française, évasée au niveau des 40-60 ans et qui se réduit progressivement en fonction du vieillissement de la population. «A France Bleu actuellement, on parle au couvercle, les 60-80 ans, explique Chouquet. Il faudrait qu’on descende au niveau des poignées.» Voilà a minima, un langage imagé pour ne pas dire trivial.

Le directeur poursuit : "En arrivant, j’ai croisé la démographie française et les audiences de radio. Et j’ai trouvé une énorme poche de baby boomers, de gens qui ont 50 ans aujourd’hui et qui peuvent constituer le renouvellement de l’audience de Bleu. À moins que M. Chouquet ne soit démographe ou sociologue, il fait une erreur pour appuyer sa démonstration, la "fin" des babby-boomers se situe à l'année1964. Personnes qui ont donc aujourd'hui 60 ans et qu'il nomme "le couvercle". Quand aux auditrices et auditeurs nés en 1974, ils ont effectivement 50 ans, mais ne sont plus des baby-boomers. Quel dommage pour "les poignées" et la démonstration scientifique de Chouquet. Et pas sûr du tout que ces cinquantenaires se piquent de France Bleu pour les quelques semaines qu'il reste à vivre au réseau, avant de passer sous la bannière ICI en fusion avec France 3.

Adrien Franque : "Ce France Bleu rajeuni aux quinquas suppose donc selon lui un nouveau ton à l’antenne : plus court, plus vif, avec toujours de l’info locale, la météo, l’info trafic, mais aussi des chroniques thématiques plus adaptées aux actifs, sur la mobilité, le pouvoir d’achat… Surtout, France Bleu proposera plus de musique aussi, jusqu’à devenir quasiment une radio à dominante musicale." Là on s'étouffe et on ne comprend plus rien. Aucune information tangible n'est annoncée pour présenter la grille (2). Mais de là à ce que France Bleu devienne une radio musicale (en reprenant le fil de Fip ?) c'est vraiment époustouflant ! D'autre part les cinquantenaires travaillent et hormis leurs trajets en voiture cela laisse très peu de temps pour écouter la radio. Mais la directrice du réseau, Céline Pigalle a trouvé la formule "On a longtemps confondu le local et le folklore. Ce qui intéresse nos auditeurs, c'est la vie e tous les jours" (Le Monde, 29 août 2024).

Tous ces chamboulements récurrents doivent laisser le personnel clairement dubitatif pour ne pas dire inquiet d'un nouveau volte-face de France Bleu. La radio va devoir continuer à apprendre à travailler avec la TV. Il faudra alors beaucoup plus que la méthode Coué pour inciter les auditeurs d'ICI à être fidèles à ce nouveau réseau.

(1) Depuis septembre 2012 au sein de France Inter, Yann Chouquet y est entré en tant que producteur adjoint de la tranche 11h-12h30 animée successivement par Frédéric Lopez et André Manoukian. Il est ensuite (2014) délégué aux moyens de production avant d’être promu, en juillet 2017, directeur des programmes. Il avait rejoint Radio France en 2004 comme réalisateur de nombreuses émissions (Là-bas si j'y suis, Eclectik, L'atelier, À votre écoute coûte que coûte, etc.). 

(2) Principale nouveauté : une tranche 12 heures-13 heures occupée par une recrue, Valérie Damidot. L’ancienne animatrice de D&CO sur M6 a été embauchée pour tchatcher avec les participants d’un nouveau jeu baptisé Au Taquet ! Comme je l'annonçais dans mon billet de lundi, Radio France recrute son personnel à la TV !!!!

mercredi 28 août 2024

FIP : de moins en moins…

Hier, dans son édition datée du 27 août (on est encore en août ?) Libération publiait en page 5, une pub pleine page pour Fip. Slogan : "Laissez-vous porter". Porter par quoi ? La passion des programmateurs qui tricotent un ruban musical souvent surprenant et éclectique ? L'inventivité des messages que distillent les animatrices tout au long de ce programme musical ? Par le radio-guidage passé par perte et profit ? Les infos enterrées ? La météo aux abonnés absents ? Plusieurs directeurs successifs se sont chargés de réduire FIP à sa portion congrue et ce n'est qu'un "début"…











Pourtant tout avait très bien commencé le 5 janvier 1971. Au studio 167, ce jour-là les producteurs géniaux Garretto (Jean) et Codou (Pierre) inventaient France Inter Paris (FIP) sur la fréquence 514m O.M. Ils répondaient à la commande du patron de la radio à l'ORTF, Roland Dhordain, qui leur avait demandé d'inventer une radio de services. Ce que Dhordain n'avait pas dit ou seulement fortement pensé "Inventez aussi la radio qui ira avec". Dès qu'ils ont eu l'assurance de disposer d'un studio permanent et du personnel technique, Garretto et Codou inventent la radio qui diffusera "60 minutes de musique par heure". 

Les bases : une programmation musicale (dont Garretto donne les tendances en pourcentage de genres sur la nappe en papier lors d'un déjeuner avec Dhordain) et une animation tout au long de la journée par des animatrices recrutées pour leur voix (et en aveugle pour ne pas être influencés par leur physique, très rare posture pour l'époque). Tout marche bien jusqu'en 2014 où l'arrivée du Pdg Gallet et de la directrice de Fip, Anne Sérode vont progressivement changer la donne (1). La migration potentielle et possible sur le web va petit à petit faire diminuer un par un tous les services comme les stations régionales de la chaîne.

C'est ce qui me fait écrire de "moins en moins"… Car à cela s'ajoute les conditions techniques et de production. En régie aujourd'hui une seule personne, un technicien/réalisateur. En studio l'animatrice doit se préparer à bientôt devoir elle-même "appuyer sur le bouton" qui la mettra à l'antenne. Quant à l'affiche elle ne dit rien ni ne met en valeurs programmateurs et animatrices. Sans elles, sans eux c'est… Radio Meuh !!!! C'est très inquiétant pour l'avenir. Il ne semble pas que Ruddy Aboab, directeur de l'antenne, défende son personnel au point de laisser s'imprimer une affiche tellement impersonnelle. Quand les autres chaînes depuis des années mettent en tête de gondole toute l'année productrices et producteurs.

Incarner une chaîne c'est la défendre et l'imposer dans sa singularité. aujourd'hui Fip fait des coups. Des retransmissions de concert, des sets avec Laurent Garnier et des podcasts pour enfants qui doivent surtout intéresser leurs parents. Alors qu'il conviendrait de "porter" programmateurs et animatrices, absents sur l'affiche, qui font vraiment figure de "derniers des Mohicans…".

Ajout de 10h30
Il est bon de lire ce témoignage de Denis Soula "metteur en ondes" (réalisateur, sauf que les réals ont disparu) : « l y a un très beau terme de métier qui n’est presque plus utilisé, qui est presque désuet, qui est « metteur en ondes »… Je l’ai toujours aimé, il dit beaucoup de choses… Mettre en ondes des sons, des voix… L’autre terme est plus pratique, c’est « réalisateur », ce que je suis aussi… C’est Patrick Derlon, un ancien programmateur de Fip qui disait ça : »Réalisateur, c’est quelqu’un qui se situe quelque part entre chef d’orchestre et garagiste » (sourire), et ça aussi ça me convient assez bien (sourire) !" (Paris Bazaar, 24 mars 2021)

(1) Vous trouverez sur ce blog, de nombreux billets consacrés à cette radio et à ses circonvolutions…





La curiosité… en bouche !!!!!

mardi 27 août 2024

France Inter : matinale… une salade (dé)composée et amère !

Puisqu'il est définitivement établi que la rentrée des radios de Radio France ne peut pas avoir lieu en septembre, des fois que ceux qui sont encore en vacances rêveraient de ne pas être tout de suite submergés/envahis par la tonne d'infos anxyogènes que distillent les radios publiques, et que ce matin se tient la Conférence de Presse de rentrée, tentons le décryptage de la matinale d'Inter, formidable ronron calibré pour que la pensée (la nôtre) ne s'évade jamais au risque de ne plus y croire du tout. 



Après avoir ingéré et avoir été gavés de deux heures d’infos de 5 à 7, les plus accros (à leur autoradio) s’apprêtent à digérer la salade (amère) qu’on va leur servir sur un plateau doré. Sans aucun temps-mort M. Loyal-Demorand, sans flamme, sans joie, sans empathie (ni même appétit) va passer les plats et tenter de faire prendre une mayonnaise qui ne montera jamais (excepté dans les sondages!). Il aura beau saupoudrer la chose de sésame, de poivre, de sel ou de curcuma et de levure de blé, rien ne pourra nous détourner d’une mécanique implacable d’infos attachées comme des saucisses industrielles, sans goût et, sans odeur. 

De 7h00 à 9h20 c’est bourrage de crâne. À partir de cette dernière il s’agit de détendre l’atmosphère avec des invité-e-s plus géniaux et tendance les uns que les autres. Soit la tarte à la crème sans transition après la salade. À 10h00 notre esprit n’ayant plus aucune place pour penser par lui-même s’affalera là où il peut. À la limite du burn-out informationnel et de nausées répétitives. Ce grand mix, beaucoup moins fun que celui inventé par Bizot sur Nova, nous mène comme des moutons à l’abattoir quand, ces mêmes moutons, rêveraient de trèfles, de belles prairies vertes et autres pâturages digestes. En clair, d'autres plages radiophoniques qui n'auraient pas décidé, elles aussi, de tout jouer sur l'info.

Pour ce grand manège ou cette amère salade, le manègement est pathétique pour ne pas dire out. Quant au cirage de pompes de Demorand à Cohen (L'édito politique), pour l'accueillir dans la matinale, c'était non seulement pathétique mais tragiquement si flagorneur que même Cohen a eu du mal à répondre ! Mais à tant sacraliser le retour du héros Demorand plombe l'exercice. Chaque jour Cohen montant en chaire va nous imposer sa bonne parole, ce qu'il faut penser et ne pas penser, en nous sermonnant la/sa vérité. De cette salade on a fini dans le panier. Nassé ! Au-secours, fuyons ! 

Dernière minute : hier en milieu d'après-midi Télérama révélait que "Guillaume Meurice avec deux de ses anciens collègues d’Inter, Aymeric Lompret et Juliette Arnaud, et l’humoriste Pierre-Emmanuel Barré, s’apprête dès le 8 septembre à rejoindre une autre antenne, celle de Nova, pour une émission d’humour enregistrée en public le dimanche en fin d’après-midi – comme le fut, la saison dernière, Le grand dimanche soir, sur France Inter. Selon un communiqué de la station, l’émission s’appellera La dernière. Meurice et sa bande « livreront une analyse pointue, objective et impartiale de l’actualité ». Bien joué ! À priori ce serait l'humoriste Thomas Legrand qui occuperait une des deux heures laissées vacantes par "Le grand dimanche soir" de Charline Vanhoenacker, non reconduites à l'antenne !