vendredi 31 janvier 2014

jeudi 30 janvier 2014

mercredi 29 janvier 2014

mardi 28 janvier 2014

L'un est pop, l'autre pas…

"Ange" en couverture









On connaît Emmanuel Laurentin qui n'en finit jamais d'interroger l'histoire dans un spectre très large sans jamais faire l'impasse sur l'histoire très contemporaine pour ne pas dire "immédiate". À bien écouter Laurentin, sur "la longue durée" on peut, sans crainte de se tromper, dire qu'il a dû prendre un certain plaisir à préparer la semaine "Pop" qu'il nous propose depuis lundi (1). Ce lundi avec Michel Embareck, revisiter les lieux de la musique Pop…ulaire montrait bien que pour la vivre en concert, à Paris, dans les années 60 et au début des années 70 il fallait être "initié" ou dans un réseau "spécialisé". La promotion ne courrait ni les rues ni les affiches et quand on n'habitait pas Paris il fallait se contenter de saliver en lisant "Best" ou Rock&Folk… ou attendre la publication discographique d'un "live", très pâle copie d'un événement vécu par quelques "privilégiés". 

Ce mardi "La fabrique de l'histoire" fait œuvre de salut public en remettant sur le devant de la scène la pop française (2). Celle-ci disparu depuis longtemps dans les bacs des vinyls des disquaires qui avaient pignon sur rue. Les disquaires, autant dire les dinosaures de la distribution discographique dans les échoppes desquels nous avons aimé la pop et les filles qui nous y accompagnaient.Tiens, tiens, Laurentin et sa Pop sont tout à fait raccord avec le "Father &Son" des Blanc-Francard. Là encore il y aurait quelque chose à faire pour raconter "Les années seventies"… (3). Mais dans cette deuxième partie avoir fait intervenir Alan Stivell est tout à fait bien vu. Lui qui n'a jamais caché et mis en valeur ses influences avec le rock et autres musiques populaires du monde entier. En 1970 Stivell parle de "Rock fusion" comme on pouvait parler de "Jazz fusion"… Et avant l'avènement du "renouveau celtique" il jouait sa partition auprès de la vague de fond du rock n' roll puis de la pop, et se faisait connaître dans les hootenannies… (4) 

Profitons-en pour dire qu'il manque une quotidienne musique sur France Culture… Une quotidienne inventée, avec un concept, une histoire de la musique, des passerelles, animée, pas par une vedette de la TV, mais par quelqu'un qui ne se contentera pas de pousser des disques ou débiter des évidences. Avec un vrai projet éditorial et du "vécu".

Les épisode 3 et 4 traiteront de la world music et d'une tentative d'une définition de la Pop. (Les players des émissions correspondants trouveront place ci-dessous après la diffusion antenne)

(1) La fabrique de l'histoire, du lundi au vendredi, France Culture, 9h05, 
(2) "Il était une fois la pop française", un documentaire de Patrick Boudet et Véronique Samouiloff,
(3) Malheureusement tombe à plat et n'est pas raccord du tout la chronicroquette d'un Couturier (Brice), pas pop du tout, qui aimerait tellement en découdre avec internet qui aurait tué la Pop… En moins de 2' on tombe de l'armoire… 24 janvier, France Culture, "L'hebdo des idées", 
(4) Centre culturel américain du boulevard Raspail à Paris, avec les Hootenannies de Lionel Rocheman,




Toute la musique qu'il aime…

P. Blanc- Francard in Radio Marais
















Après vous avoir proposé la semaine dernière de découvrir le "Father & Son" sur Radio Marais, j'ai souhaité interviewer Patrice Blanc-Francard pour essayer d'en savoir plus sur sa façon de vivre et de faire partager la musique. (4ème émission ce soir à 20h…)

Radio Fañch : Enfant, quelle écoute collective vous aviez à la maison ?
Patrice Blanc-Francard : Je n'écoutais pas la radio des parents, car la radio ne me parlait pas. Avec mon frère, dès 14/15 ans, on écoutait du rock. Dans notre immeuble on croisait un gars qui jouait du trombone, on le voyait filer sur son scooter jouer dans un club "Rue de la montagne Sainte-Geneviève" à Paris. C'est lui qui nous informait sur le jazz. Pour revenir à la radio, je me souviens de Zappy Max que je qualifierai de premier animateur rock n' roll, tellement il avait de l'énergie. Un monde était en train de naître, celui de l'adolescence et ma génération y a participé.

R. F. : Ado, ce qui vous environne c'est surtout le jazz, comment le rock est-il parvenu jusqu'à vos oreilles ?
P.B.F. : À la fin des années 50 on allait écouter Paul Anka, Bill Haley. Mon frère Dominique était plus rock. J'écoutais avec ferveur "Pour ceux qui aiment le jazz" de Ténot et Filipacchi sur Europe n°1. Mais mon déclic pour le rock c'est "Rubber Soul" des Beatles en 1965. En tant qu'ingénieur du son je travaillais de nuit pour la radio à l'Office de Radio et Télévision Française (ORTF). Au début des années 60 nous avions 3 heures de pause la nuit. Je réécoutais tout ce qui était passé dans la journée sur France Inter et j'enregistrais sur bande magnétique ce qui m'intéressait. Chaque émission avait sa caisse en bois avec les disques diffusés. J'y faisais mon choix. Mais pour réécouter il fallait disposer d'un Revox à la maison.

Un Revox des années 60

 



R.F. : Votre culture jazz va t-elle vous servir dans une émission comme "Souvenirs, souvenirs" (1)
P.B.F. : Je crois à la culture. Le jazz vous ouvre à la musique. Le défaut occidental est de mettre la musique dans des tiroirs. Il était facile de faire partager la musique populaire comme le rock. "la beauté nouvelle est toujours laide au départ" disait… Le rock c'était une nouvelle esthétique au milieu des années cinquante. J'ai une manière critique d'écouter la musique. avec Bernard nous étions des égyptologues. Nous allions chercher et prendre dans les disques des choses que personne n'avait pris la peine d'écouter et de diffuser. Au début des années 70, après le trip d'une révolution, nous voulions "recréer" la fraîcheur de ces années de frivolité et d'innocence qu'étaient les années 60. La musique est absolument indissociable de l'histoire. Dans notre émission j'essayais toujours de resituer ce que nous diffusions dans son contexte historique.

R.F. : Je ne me souviens pas que dans vos émissions sur Inter vous fassiez référence au jazz, vous vous "autocensuriez" ou vous attendiez votre heure ?
P.B.F. : Une émission ne se fait pas sans le directeur des programmes, et mon public n'était pas jazz. Ce qui est possible aujourd'hui sur Radio Marais n'était pas possible en 75 sur une radio généraliste. Passer du jazz aurait été à contre-emploi, une erreur qui aurait fait fuir le public. Les genres (et les publics ?) étaient bien plus segmentés hier qu'aujourd'hui. Alors que maintenant se sont les radios qui sont plus segmentées en genres musicaux. 

R.F. À vous écouter avec votre fils sur Radio Marais on sent que vous aimez tenir toute l'histoire de la musique dans une même galaxie. Vous semblez aussi attaché à faire les liens et à montrer les passages d'un genre à l'autre? Pourquoi ? 
P.B.F. : La musique est une manière d'expression. Je pourrais tout à fait proposer une musique qui me fait vibrer comme une cantate de Bach. Nous avons avec Henry une liberté extraordinaire sur Radio Marais. À la radio, comme en classique, le jazz s'est enfermé dans un ghetto. Aujourd'hui, nous sommes à l'air du partage. Les ados et les jeunes adultes sont dans la même situation que les navigateurs du 16ème siècle ils vont à l'assaut du monde et pour cela c'est bien d'avoir des cartes de temps en temps.

R.F. : Après avoir ingurgité, malaxé et digéré autant de musique s'il n'en restait qu'une…
P.B.F. : Je n'accepterai jamais qu'il ne reste qu'une musique. Votre question est mauvaise (rires) parce qu'elle laisserait entendre que tout fini par se mélanger. Ce que je ne fais jamais. La musique c'est comme une mosaïque plus on zoom plus on distingue que chaque carré a sa spécificité. Je ne veux rien séparer. Ce qui m'anime depuis l'origine de ma quête de musique c'est la curiosité.

R.F. : De tous les jobs de votre vie professionnelle quel est celui qui vous laisse le plus beau souvenir ?
P.B.F.: En audiovisuel, les trois premières années de Disney Chanel (97-00) où nous avons voulu sortir de l'image cucul. "Les enfants du rock" (Antenne 2, 82-86) et TV6 (86) ou j'étais directeur des programmes. En ce qui concerne la radio mes années France Inter (73-80). 

Cet interview a été réalisé le samedi 25 janvier par téléphone. Rappelons que sur France Culture en compagnie de Michel Le Bris, à l'été 2009, Patrice Blanc-Francard a co-produit "Les années Jungle", et en 2010, Les années fifties. On attend avec impatience "Les années sixties".

(1) Sur France Inter, 1973, du lundi au vendredi 17h, Bernard Lenoir est programmateur, P.B.F. co-programmateur et au micro,

En 1970 sur France Inter Patrice s'appelait Patrick, surprenant non ?

lundi 27 janvier 2014

Le rugby… à quelle heure ?







Bon je dis le rugby car ça me donne l'occasion, grâce à l'Institut national de l'audiovisuel (Ina), de remettre en avant un documentaire de Marion Thiba, mais j'aurai pu aussi bien évoquer l'ïle de Sein, Molène ou les derniers gardiens de phare, l'huile d'olive ou les simples. Mais ces sujets et des milliers d'autres à quelle heure les écoute t-on ? Ben quand on veut, non ? À heure fixe chaque jour dans "Sur les docks" (1) ou dans les Ateliers de la création (2) et au hasard sur Arte radio, ou sur le site de l'Ina (3), sur les radios francophones qui proposent des documentaires en réécoute ou en podcast, et sur les web radio qui ont cette démarche de création. Mais pour tous ces supports, autres que la radio de flux, la démarche d'écoute reste volontariste, et manque cruellement de l'appui d'une promotion permanente et d'une éditorialisation pertinente.

Si je n'ai pas le réflexe tous les dix jours d'aller sur le site de l'Ina je rate des rediffusions en intégralité. Si malgré la newsletter d'Arte radio je ne programme pas l'écoute de quelques nouveaux sons je passe à côté de quelques richesses sonores. J'ai déjà évoqué pour ces deux médias la nécessité d'aller plus loin que la mise à disposition de documents audio. J'ai beau à ma mesure en faire régulièrement la promotion c'est "un tout petit caillou dans la mare". Au vu de la profusion de l'offre, il faudrait pour pouvoir se distinguer offrir plus de visibilité/lisibilité et créer, pour cela, les supports de promotion (blogs, sites, réseaux sociaux) idoines. Et bien sûr des fonctions occupées par des hommes et des femmes qui n'auraient de cesse d'inventer les "accroches" qui donneraient envie d'aller tendre l'oreille plus systématiquement vers… l'ailleurs. En fait comme on pourrait le dire au rugby "Ça manque de passe".

Mais à force de l'écrire et de le redire j'ai vraiment l'impression de prêcher dans le désert. Tout le monde s'en fout ? Comme il m'est arrivé déjà de l'écrire il nous manque un Pierre Bellemarre, valeureux et preux chevalier radiophonique qui, "du haut de son micro" traversait les foules et les intempéries pour interpeller le monde entier avec une formule restée célèbre "Il y a sûrement quelque chose à faire"…

(1) France Culture, du lundi au jeudi, 17h. Mais aussi dans "Interception" le dimanche sur France Inter à 9h15,
(2) France Culture, les mercredi et jeudi, 23h,
(3) Dans la thématique "Radio magazine" en bas de page d'accueil à droite,
(4) Célèbrissime animateur radio, Europe n°1, RTL puis à nouveau Europe 1 depuis la rentrée.

"Le rugby" Marion Thiba

dimanche 26 janvier 2014

Ah le spicœur à la radio… (et la spiqueuse ?)







Dans sa nuit rêvée, Philippe de Saint-Robert (1) a choisi de (re)faire le "Procès d'un speaker de radio" (2). Si les démonstrations sont lourdes et laborieuses, elles mettent toutefois en lumière les qualités a minima que se devaient de posséder les spicœurs. Avec moults exemples à l'appui, on notera l'absence totale de réflexion concernant les spikeuses ! Pourtant annonce et désannonce de "La tribune de Paris" sont dites par une femme. Succulent d'entendre Georges Briquet, reporter sportif ou radio-reporter discuter le bout de gras et de ne pas se laisser enfermer par la rhétorique de ses interlocuteurs.

Après un tel retour sur les exigences qu'avait la radio pour ceux qui s'exprimaient "dans le poste" on n'imagine pas Colombe Schneck (3) faire de la radio après guerre. Pas plus que d'autres animateurs ou animatrices qui se produisent sur les ondes de la radio publique et pour lesquels le critère de la voix ou de la diction n'en est plus un pour les personnes qui les recrutent, particulièrement si parleurs et parleuses viennent de la télévision, sésame magique qui affranchit de toutes les exigences minimales pour être reconnu comme une "une voix de radio". Le plus beau contre exemple concerne Jean-Christophe Averty qui a fait un atout de ses "défauts" de prononciation et même sa marque de fabrique. Quand Schneck est inaudible, Averty s'écoute religieusement pour ne pas louper la référence du disque Odéon et de sa matrice "0548…" qu'il annonçait semaine après semaine dans "Les cinglés du Music-Hall" (4).

Le peu de cas qu'ont décidé de faire de la voix et de la diction les directeurs de chaînes ou les directeurs de programme montre comment la non-reconnaissance de cette spécificité radiophonique, que certains ont du juger désuette voire ridicule, tente de banaliser le média radio. Il s'agit bien aujourd'hui de mettre en avant l'image d'un producteur et son aura médiatique plutôt que de donner à découvrir une voix et un style. Adieu les Pizella, Kriss, Sire, Dominique, Gougaud, Bellemare, Mermet et tant d'autres. Quand à la ritournelle discriminante "Il/Elle a un physique de radio" sera bientôt à ranger aux oubliettes puisqu'avec la radio filmée ceux qui passeront à la radio seront d'abord recrutés sur leur physique, tant pis si leur voix agace, insupporte et donne envie de "changer de chaîne".

Merci à Philippe Garbit, producteur des Nuits de France Culture", d'avoir mis en réécoute sur la page des Nuits rêvées les émissions choisies par les invités. Merci à Philaunet d'avoir attiré mon attention sur l'émission citée en référence dans ce billet.

(1) Préside l’Académie de la Carpette anglaise, laquelle décerne chaque année un prix "d’indignité civique"  à un "membre des élites françaises s’étant distingué par son acharnement à promouvoir la domination de l’anglais en France et dans les instituions européennes au détriment de la langue française" (sur la page de "Nuit… rêvée") !
(2) Tribune de Paris - Procès du speaker de radio, par Paul Guimard, 1ère diffusion : 5 août 1947, Radio Diffusion Française,
(3) Productrice à France Inter, 
(4) France Inter en quotidienne (1978), puis France Musique, puis France Culture (jusqu'en 2006). 1805 épisodes (source Wikipédia pour cette donnée).


vendredi 24 janvier 2014

Le cirque…

Au-dessus de la roue arrière le logo ORTF (1)





La France a trouvé un feuilleton à sa mesure, un feuilleton qui rassemble la gauche, la droite et le milieu (parisien), les gens et quelques acharnés de l'anecdote. Si le feuilleton concerne le Chef de l'État ça croustille, s'il met en jeu une comédienne, ça le joue, si la "victime" est une journaliste, tous les ingrédients sont en place pour installer le barnum et (laisser) faire le cirque médiatique… La presse donne à voir des photos, la TV se déplace vers le cirque (la rue) mais la radio, passée la glause, que peut-elle donner "à voir" ? Vincent Josse talentueux chroniqueur de la vie culturelle à France Inter se souvient, sur son blog, que Julie Gayet (la comédienne) avait fait la promotion de la station publique du temps où Jean-Lus Hees, actuel Pdg de Radio France, en était le directeur.








Ce clip promotionnel est intéressant pour tout ce qu'il ne dit pas de la radio. Le cinéaste n'a pas voulu, à la différence d'un Philibert (2), faire dans le pléonasme avec studios, micros, et producteurs. Le personnage rouge se balade à vélo à travers des paysages blancs gris. En surimpression sonore des voix "familières" pour qui écoute la radio. Des voix de vedettes du micro surtout. Et Bonnaud "sauvé des eaux" in extremis pour nous saluer (3). Leconte s'est fait plaisir, Hees a sûrement aimé, quant à Julie Gayet (la fille à vélo) le clip ne la cite pas. Tout à son vélo elle n'écoute pas la radio même si Vincent Josse la qualifie a posteriori de "1ère dame… de France Inter". Là, no comprendo ! Des dames d'Inter et même Madame Inter (4) il y en a eu avant, il y en aura après. On considèrera que Vincent Josse a voulu faire un bon mot, rigolo.

Cet "anonymat" voulu par Leconte vient d'être bousculé/dévoilé par l'actualité. Et il semble bien que ce clip n'ait pas encore été détourné par quelques émissions facétieuses de TV. À la radio rien ne pouvait être "utilisé", sauf à décrire la balade égayée, ce qui, vous en conviendrez serait du plus mauvais effet. Mais l'alerte ou le rappel de Vincent Josse aura eu le mérite de nous montrer que pour se "vendre" au cinéma ou à la TV, la radio doit s'imager alors qu'elle voudrait encore un peu "montrer" qu'elle peut s'imaginer.

(1) Après le célèbre Radio-Circus, Pinder et l'ORTF (Radio & Télévision) s'associent,
(2) Nicolas Philibert, "La maison de la radio", long métrage, 2013
(3) Époque "Charivari ", 18H1à-19h, avant qu'il ne finisse très mal dans "La bande à Bonnaud" 2007,
(4) Annick Beauchamp, Madame Inter, années 60 sur France Inter,

jeudi 23 janvier 2014

Father & Son… on radio

Le fils, le père…
Oumpfff ! Le coup à l'oreille puis à l'estomac. Voix intacte, élocution fluide, propos savants mais dits dans la plus grande simplicité, avec les tripes ou le cœur c'est selon. Comme quand le "Loup-garou" hurlait, j'ai des frissons parce que le choc de la mémoire ressemble à un coup de foudre… du tonnerre. K.O. debout ! Vous pourrez toujours me jeter des pierres, moquer mon sentimentalisme, taquiner ma fidélité. M'en fous total. Je n'ai pas d'autres expériences sonores comme celle-là. Janvier 73, France Inter, Patrice Blanc-Francard et Bernard Lenoir font vers 18h "Souvenirs, souvenirs". Je me régale, prend des notes et… des leçons (de musique). Le duo est total raccord, chacun sa place, son style, sa "pointure". J'écoute en travaillant et c'est pop et fun. Blanc-Francard marque par sa voix. Lenoir par une certaine réserve.

Janvier 2014, Patrice Blanc-Francard et Henry (son fils) font "Father & Son" sur "Radio Marais" depuis décembre 2013. Est-ce possible ? L'accroche au micro, le débit, la légéreté sont les mêmes et ça c'est assez rare. Je ne connais pas d'autres exemples de style, intact sur quarante ans. Je ne vous cache rien. Le lendemain de son départ du Mouv' (août 2013) nous nous étions rencontrés à quelques mètres de la maison ronde pour, de sa part, discrètement, "tirer le rideau". Il avait en tête (et en sons) quelques projets. Il ferait signe, il vient de le faire. J'ai fondu, car cette voix, cet homme qui incarne le présent sans aucun passéisme, nostalgie, ou pathos mémoriel a l'art de faire vivre toutes les musiques au présent comme si elles venaient de "sortir". Voilà, ceux de ma génération partageront peut-être ce plaisir intact du "loup-garou" au micro (2). Les autres, ceux du Marais, devraient prendre chaque mardi 1h30 de bonheur.

Père et Fils enchaînent les titres, racontent des histoires de musique, font jouer Nat Jenkins en live et, la première émission terminée, donnent aussitôt envie de la réécouter pour faire durer le plaisir avant de plonger dans la #2. L'éclectisme est roi avec son lot de découvertes surprenantes. Ici pas de frontière d'âge ou de génération, les musiques transcendent le temps et le duo virevolte des origines du blues aux raps les plus façonnés. On rêverait d'une quotidienne de 20h à 22h. Père et Fils mettent le supplément d'âme et le feeling qui manquent cruellement dans les radios dites musicales. Aux bluettes des duos improbables, pour ne pas dire pathétiques, aux rires tout faits, aux expressions tendances et futiles, aux langages sans grâce et sans âme, à la légèreté lourde que véhiculent, développent et entretiennent les animateurs et animatrices de radio, aux effets plutôt qu'au sens, à la superficialité définitive, à l'immédiateté tyrannique et au jetable récurent, "Father & Son" donne à entendre de la radio, de la musique, avec sa bonne grosse part de "soul". Et la dynastie Blanc-Francard de se prolonger à la vitesse du son… (2)

(1) Émission de Patrice Blanc-Francard, France Inter, 1979-1980,
(2) Le père de Patrice et Dominique, ingé-son à Europe n°1. Dominque, ingé-son, Patrice ingé-son, radioman, directeur des programmes à Europe 1, directeur du Mouv'. Henry le fils de Patrice, producteur et ingé-son. Sinclair, le fils de Dominique, musicien et son autre fils, Hubert dit "Boom bass", musicien dans "Cassius".

mercredi 22 janvier 2014

ENSEMBLE… pour la radio


Mathieu Gallet/Ina - Jean-Luc Hees/Radio France




"Le 16 janvier, l'Institut National de l'Audiovisuel et Radio France ont conclu pour une durée de 5 ans, un accord-cadre, qui s’inscrit dans les obligations légales et règlementaires des deux sociétés. Il a pour vocation de permettre à l’Institut national de l’audiovisuel d’accompagner Radio France dans le développement de son offre éditoriale dans les domaines du numérique et de l’audiovisuel." (1)    

Interview de Michel Raynal, directeur délégué adjoint aux Collections, Ina

Radio Fañch : En préalable à la nouvelle convention-cadre que l'Ina vient de signer avec Radio France, pouvez-vous nous dire où en est le plan de numérisation des archives radio en volume, et ce qu'il "reste" à numériser. Quelles sont les prochaines échéances qui sont fixées ? 
Michel Raynal : En 1999 l’Ina fait le choix du numérique et lance un "Plan de sauvegarde et de numérisation" (PSN). En 2003, de manière à accélérer le PSN avec l’objectif de tout sauvegarder, une expertise est confiée à la société "Véritas" pour évaluer la volumétrie des matériels radio et TV en danger. Un plan a été établi pour numériser 450 000 heures radio. Des enveloppes budgétaires annuelles sont programmées. La vitesse de croisière s’établit actuellement à environ 40 000 heures par an. En 2017 la volumétrie du patrimoine radio déclarée en danger sera sauvegardée dans sa totalité    

R.F. : Pouvez-vous nous rappeler les missions de l’Ina vis à vis du média radio ?  M.R. : La première concerne la conservation et la communication au profit de Radio France des programmes radiophoniques produits par le groupe public (loi de 1986). Il en va de même pour les programmes de Radio France International. La seconde, depuis 1995, d’assurer la conservation et l’accès à des fins scientifiques des programmes collectés dans le cadre de la mission du dépôt légal (radio et TV) confiée à l’Ina par la loi de 1992. Aujourd’hui l’Ina assure la collecte numérique des émissions de Radio France mais aussi celles de radio privées (2). Soit une vingtaine de diffuseurs radio. 

     
Illustratrice sonore, 1965 - Galmiche, Georges / INA




R.F. : L'offre vers le public va t-elle augmenter ? Quelle sera la part d'accès gratuit ? M.R. : Dans le cadre de la mission de dépôt légal, la loi oblige de mettre à disposition des étudiants, des chercheurs les archives des radios publiques et privées collectées. Celles-ci sont consultables au Centre de Consultation (Ina Thèque) situé à la Bibliothèque nationale de France et également dans nos six délégations régionales (3). Actuellement dans le cadre d’une politique de décentralisation de la consultation des collections des postes de consultation multimédia sont déployés au sein des bibliothèques municipales à vocation régionale (4). Aujourd’hui nous disposons de 350 000 documents radio et TV accessibles pour le grand public, via le site Ina…fr, dont près de 100 000 sont des documents sonores, dont la moitié en accès gratuit. Nous allons, au fur et à mesure, améliorer l’éditorialisation des fonds. Aujourd’hui la moyenne mensuelle de sons écoutés par le grand public, via ina.fr, est de 70 000.       

R.F. :  Mieux valoriser le patrimoine radiophonique est-il à l’ordre du jour pour l’Ina ?       
M.R. : Une nouvelle version du site ina.fr verra le jour en 2014. Nous avons la volonté d’augmenter la visibilité pour une meilleure restitution au grand public.     

 R.F. : La convention prévoit un axe de développement pour l'Ina, à savoir l'archivage, la promotion et la vente de la "radio filmée".     
M.R. : En effet, et à l’inverse la radio va pouvoir avoir accès aux sons TV de magazines d’actualités ou de JT pour les intégrer dans les émissions de direct, dans les documentaires, dans des web documentaires, et sur les sites des chaînes de radio publique. En ce qui concerne la "radio filmée" nous pensons que faire voir des plateaux ou des studios radio peut, par "effet secondaire", donner envie au public d’aller écouter la radio. C’est une ouverture complémentaire sur le média.  Interview réalisée par téléphone le 20 janvier 2014. Cette interview a été relue et amendée par Michel Raynal.    

(1) Extrait du communiqué de Radio France,    
(2) Europe 1, RTL, RMC, Skyrock, RFM, Radio Classique,…       
(3) Rennes, Toulouse, Lyon, Lille, Strasbourg, Marseille,    
(4) Par exemple la bibliothèque Émile Zola de Montpellier, la bibliothèque Stendhal de Grenoble, la bibliothèque Stanislas de Nancy, bibliothèque Mériadeck de Bordeaux, Médiathèque Jacques Ellul à Pessac, Médiathèque de Metz…  
 
 Archives sonores : le temps retrouvé (1952)

mardi 21 janvier 2014

L'encensoir (ou jamais)…



La radio nous a habitué à cirer les pompes de la TV, par la porte, par la fenêtre et même par des émissions dédiées, sans jamais égaler ou approcher la classe, le talent et l'intelligence d'un Marcel Jullian et son "Écran total" (1)… Un degré d'allégeance a encore été franchi hier matin par Europe 1 qui n'a pas hésité à cirer les pompes de Laurent Ruquier (2) pour sa "première" à la France 2 hier soir. Et de "lui" offrir une pub dans "Le Figaro" des fois que ça convaincrait les accros du trublion à lâcher à 18h30 l'écoute… d'Europe 1. Nicolas Poincaré animateur de la tranche 18h30/20h sur Europe 1 a dû bien apprécier. Dans cet esprit de confraternité douteuse entre une radio privée et une télé publique, on se demande bien pourquoi Europe 1 n'a pas enfoncé le clou pour encourager l'animateur de la tranche 21h-22h30 (3) en totale expectative concernant le changement de programmation concernant "Ce soir (ou jamais)" diffusé sur la France 2…  "Europe 1 souhaite bonne chance à Frédéric Taddeï pour conserver son émission sur France 2".

Bon c'est bien joli tout ça mais ça va faire un max de jaloux. Frédéric Lopez, qui se prenait pour un surhomme en voulant enchaîner (c'est le bon mot) à la TV les émissions "plus-pipole-tu-meurs" et une quotidienne de fanfaronnade sur Inter, a dû jeter l'éponge pour la radio. Dans sa chambre, entre le poster de Philippe de Dieuleveut et celui de Mireille Dumas, il aurait accroché celui de la pub que se serait payée France Inter dans Libé "France Inter remercie Frédéric Lopez en terre complètement inconnue à la radio pour sa parenthèse attendue". Quant à Sophia Aram (4), c'est sûr, le coup de pouce d'Inter aurait sûrement inversé les courbes d'audience du set qu'elle animait à la TV "Sophia Aram avait un boulot, jusqu'ici tout va bien… France Inter lui souhaite bonne chance pour sa nouvelle émission". Mais bon heureusement le service public de radio ne joue pas à ce jeu-là, même s'il continue à recruter quelques uns de ses animateurs à la TV, sans doute pour être plus sûr qu'ils seront les mieux à même de parler TV… 

La télévision serait donc inspirée d'imiter Europe 1 pour encourager les animateurs passés à la radio… Le retour sur investissement étant absolument garanti tant ces bateleurs de foire excellent à faire des ponts d'or à la TV, sans jamais exiger le moindre retour d'ascenseur. Mais comme le vantait si bien à la TV, l'ex-animateur radio Sylvain Augier,  "Faut pas rêver"…

(1) France Inter, 1986-1989,
(2) Animateur de "On va s'gêner" de 16h à 18h30 sur la radio privée, et qui il y a des lustres sur France Inter n'en avait "Rien à cirer",
(3) "Europe 1 social club",
(4) Tragi-comédienne,

lundi 20 janvier 2014

Radio Numéros Totaux…





Vous l'aviez lu ici ou là, et même peut-être vu, Le Mouv' allait faire sa mue : plus de musique, plus de numérique, out la "mini-généraliste"… Depuis le 6 janvier une nouvelle grille est à l'œuvre. Enfin une grille liftée, avec quelques animateurs en moins et quelques animatrices en plus. Mais depuis quinze jours avez-vous lu quelque part une critique sur ces nouveaux programmes ? Pas vu, pas lu ! La presse aime les effets d'annonce et quand il s'agit de radio elle surjoue cette posture, ce qui, - pense t-elle ? -, pourrait la dédouaner de la fonction essentielle de l'écoute. Mon propos d'aujourd'hui ne sera pas de rendre compte de cette écoute que j'ai commencée, mais bien plutôt d'évoquer quelques "détails" qui me laissent assez dubitatifs.

La radio qu'elle se transforme, se mue, se révolutionne obéit toujours à quelques règles de base qu'on appellera pour faire vite de "lisibilité". Roland Dhordain (1) "sanctifié" au mois de décembre dernier pour avoir, il y a cinquante ans, bouleversé Paris Inter en France Inter, avait adapté les fondamentaux de la radio historique, titillée par les radios périphériques, - Radio-Luxembourg et Europe n°1 - bien décidées à être résolument modernes. Pareil en 1968, passé le vent du pavé (et de la fronde). Dhordain propulse Chancel (2), confirme Garretto & Codou (3) et instille une petite dose d'impertinence qui sera l'étendard de la station dans les années 70 et 80 à venir. Ce petit rappel historique pour dire ma stupéfaction à la lecture d'une grille qui aurait adopté la forme glaciale (voire glaciaire) de nommer des émissions en fonction de la durée horaire qu'elles occupent à l'antenne. Méthode initialement éprouvée par les matinales,
qu'elles soient diffusées par les radios publiques ou privées. Parmi les fondamentaux de la radio il y a bien sûr le repère fondamental qui consiste à identifier, nommer les émissions, et ce depuis les temps immémoriaux de la radiophonie.


Pourtant Le Mouv' a décidé de s'affranchir de cette règle et propose en semaine rien moins que 5 émissions aux titres qui fleurent bon la numérologie à défaut d'imposer le numérique, revendiqué au point de proposer pour la chaîne la (bonne) déclinaison de Radio Numérique Totale… Mais plus invraisemblable encore certaines émissions solides, "installées" sur l'ancienne grille se sont vues carrément débaptisées. Exemple le "Rodéo sur Le Mouv'" du fringant Christophe Crenel s'est carrément "converti" en 16-18 bien anonyme, bien froid, bien impersonnel. Pourquoi ? Dans le même temps Laura Leishman a gardé le nom de son émission très identifiée par ses nom et prénom. Émilie a eu le droit au sien, et au "Pop Corn" s'est ajouté "sur Le Mouv'". Bigre, la logique de ces "nominations" est à peu près aussi claire qu'un bafouillage de Morandino ou qu'une démonstration scientifique des frères Bogdanoff sous hypnose.

Christophe Crenel

 


Le "Rodéo" serait t-il maudit par le directeur d'antenne Joël Ronez et par son directeur des programmes Matthieu Beauval… ? Pourtant Christophe Crenel n'a jamais démérité sur la radio des 18-25, des 20-40, jeunes… actifs, urbains… connectés…  Christophe Crenel, Christophe Crenel ? Aie, pas de chance même son nom a disparu des écrans. Perdu en mer l'animateur qui donnait du sens à ses émissions, passionné, vraiment spécialiste, communicatif de ses découvertes, émotions, et autres sensibilités musicales. Le titre de son émission correspondait bien au rythme qu'il savait donner entre 16h et 18h quand d'autres lymphatiques se contentent d'annoncer et désannoncer pour ne pas dire ânonner. Alors c'est quoi cet affichage sans l'identité de l'animateur ? J'ai hâte qu'on m'explique, même si je ne passe pas par l'interview officiel (4).

Quant à la "webline" dont Thomas Baumgartner (5) est le responsable éditorial on est assez surpris de ne trouver sur la page dédiée du site, aucune présentation de… la ligne éditoriale, ni de celle des auteurs qui proposent des créations sonores… 

Avec un sens pointu de l'observation-écoute, Hervé, mon p'tit camarade du Transistor, me faisait remarquer que Le Mouv' aurait pu carrément changer de nom en "6/23-30". J'ajoute qu'en annonce presse "Hérode est haut sur le 6/23-30…" n'aurait pas manqué de charme. La Radio Numérique Totale on l'attend. Pour l'instant on a un peu de mal à se contenter de la Radio Numéros Totaux… Allez je vais m'écouter un bon petit Curtis Mayfield de derrière les fagots "Move on up…"
(à suivre)

(1) "Père" de la réforme de la radio publique, directeur de France Inter, et animateur d'émissions comme "Les enfants d'Inter" ,
(2) "Père" de la mythique "Radioscopie", 1ère émission en octobre 1968  avec Roger Vadim,
(3) "Compères" de la non moins mythique "Oreille en coin" 1968-1990, du samedi après-midi au dimanche soir, 13 heures d'antenne pour une "radio dans la radio",
(4) La boîte à commentaires est là pour ça… 
(5) Producteur à France Culture de l'Atelier du Son, le vendredi à 23h. Mais aussi sur la même chaîne il y a quelques années des "Passagers de la nuit", et sur France Inter (été 2012) d'"Antibuzz",

dimanche 19 janvier 2014

Chancel par ci, Chancel par là…

Tu les vois les auditeurs, Jacques ?




Emmanuel Laurentin recevra demain matin dans "La fabrique de l'histoire", Jacques Chancel pour nous parler de ses débuts de journaliste à Saïgon à la fin des années 50. En 2012, le même Laurentin s'était offert une "madeleine" en interviewant, en public, Chancel, dans le cadre du festival "Longueur d'Ondes" à Brest avec un principe qu'il ne dévoilera à l'homme des Radioscopies qu'à la fin de la séance

vendredi 17 janvier 2014

Dans les docks…

Drôle de semaine où les images croisent la radio et inversement, après le "Blow up" repéré par Christophe Payet (1), le film sur Marconi (Arte), où la photo de Rodrigo Gomez Rovira dans le documentaire d'Alain Devalpo, voici un "Dans les docks" qui touche au cœur de l'objet radio, boutons, lampes, antennes, transistors et autres accessoires. Cette caverne d'Ali Baba colle à la radio, objet physique, qui dans tous ses formats, ses volumes, ses design commençait par envelopper le son avant même de tourner le bouton. L'"objet qui parle" prenait une dimension affective, complice et sentimentale. Sa radio ce n'était pas celle de son voisin et, transmise de génération en génération (particulièrement quand elle datait des débuts héroïques du média), elle pouvait laisser croire qu'on pourrait, grâce peut-être à une touche invisible, réentendre, à la nuit tombée et dans le secret de sa chambre, quelques émissions d'un passé proche ou lointain…



(1) Collaborateur spécialisé à France Culture,

jeudi 16 janvier 2014

Images et sons…




Si Marjorie Preux (1) a regardé "À bout de souffle" hier soir sur Arte, peut-être aura t-elle "sursauté" en entendant dans la bande-son un journaliste de Radio-Luxembourg (ancêtre de RTL) donner l'heure avant de présenter le journal de 7h ? La radio dans ce film n'est pas un accessoire, un objet posé sur une commode, elle participe du film au même titre que la visite du Président Eisenhower à Paris ou que du jeu des voitures (et des marques de celles-ci). Dans les années 60, la radio est reine et les voitures fascinent, particulièrement les américaines, citées en tant que telles dans le scénario. Il y aurait une belle recherche à faire sur cette présence de la radio dans le cinéma français des années 50 et 60. En ces temps-là les réalisateurs ou leurs assistants avaient des partis-pris simples pour illustrer l'écoute radio. Ils n'avaient le choix qu'entre trois radios (2), quatre s'ils descendaient sur la côte (Radio Monte Carlo). Ces choix pouvaient être de légers (ou subtils) indicateurs de tendance d'écoute. En 1959 il est assez probable que Radio-Luxembourg "tenait la corde".

De Godard à Godard il n'y a qu'un pas et il est bon ici de rappeler à nos chers auditeurs que ce cinéaste a utilisé la Maison de la radio dans "Alphaville" (1965) pour faire ouvrir successivement à Lemy Caution, sur la durée, les portes d'un de ces couloirs circulaires si typiques de l'architecture du bâtiment. Voilà quelques images, subliminales ou non, pour évoquer la radio. Et maintenant passons au son, sans les images, sans les clichés, sans les instantanés, comme on dirait de ceux d'un Polaroïd (3). Irvic d'Olivier avec "Birdless" nous propose une balade très imagée dans les parcs nationaux du Costa Rica, avec bien sûr des "bruits" d'oiseaux, mais aussi des silences, des sons lointains, des sons étouffés et je dirai même des sons "humides". En écoute au casque on est dans l'action d'écouter, d'observer sans voir, d'imaginer. Dans une plénitude de repos, de distance totale avec les bruits environnants et la "fureur du monde"

Je vous imagine ce matin, dans les transports en commun, "accros" à ce billet et savourant ce son de 18' qui vous fera rater votre station de métro, votre arrêt de bus ou de tram. Et si vous êtes à la maison ou au bureau vous aurez très envie de fermer les yeux. Sur quelle radio cette perle de son pourrait-elle avoir sa place ? C'est bien la question lancinante que je me pose à longueur de ce blog. Ces sons non formatés venus d'ailleurs, de nulle part ou d'Arte radio comment les rendre encore plus audibles ?

(1) Attachée de presse de RTL,
(2) Qu'on appelait pas encore généralistes : Radio-Luxembourg/RTL, Europe n°1, Paris-Inter/France-Inter,
(3) Appareil photographique à développement instantané (1963).

mercredi 15 janvier 2014

La récré médiamétrique…

Règle de mesure d'audience


Hier matin, la directrice de la grande épicerie des médias, Madame Philomène Médiamétrie, réunissait les chefs de rayons pour leur faire part de leurs résultats individuels du dernier trimestre. Chacun, après avoir reçu son "billet de satisfaction", s'est chargé de le faire savoir aux médias passionnés par les résultats, les podiums et si peu par les contenus. Médias qui se sont empressés de s'essayer à des "analyses" creuses basées exclusivement sur les chiffres et les pipoles qui les drivent. On aura bien remarqué que Madame Médiamétrie se frottait les mains de satisfaction, elle qui gagne à tous les coups les dividendes de la vente de ses statistiques. On a longtemps moqué l'ancien leader politique communiste, Georges Marchais qui depuis les années 70 trouvait toujours le moyen de valoriser les chiffres des résultats aux élections de son parti, bien que ceux-ci d'échéances en échéances, baissaient inexorablement. Ce matin dans la cour d'école, sous le regard bienveillant et maternel de la Médiamétrie, chacun a essayé de faire croire à l'autre que ses chiffres étaient en progression.

© AFP

 


Qui est dupe ? RTL première radio de France en PDA, Inter meilleure matinale, Europe 1 plus forte progression, RMC doublant France Info, France Culture stabilisée, et caetera et caeteri. Fastidieux, pénible, et franchement dérisoire cette grosse tambouille chiffrée avec des gromelots indigestes dedans. Les gromelots ce sont les analyses superfétatoires des médias qui n'écoutant pas la radio sont bien contents de trouver les chiffres qui leur permettent de masquer l'incompétence dont ils font preuve pour gloser sur un média qu'ils ignorent où dont ils n'écoutent souvent que les sessions d'info. La course à l'échalote de cette 126 000 (1) est navrante, affligeante et désespérante pour les contenus radio, les résultats étant principalement utiles aux annonceurs des radios privées qui, à l'appui de ceux-ci, peuvent renégocier les coûts de leurs spots publicitaires ou s'attendre à ce que les radios les majorent.

C. Colonna







Le même jour, Renaud Revel de l'Express nous informait de l'autre course à l'échalote qui sollicite l'intelligentsia médiatique. Démarrée en novembre 2013 elle concerne la Présidence de Radio France (2). Auraient ou ont postulé Louis Dreyfus (Le Monde), Laurent Joffrin (Le Nouvel Observateur), Nicolas Demorand (Libération). Christopher Baldelli (Pdg de RTL) et Mathieu Gallet (Pdg de l'Ina) pourraient être sollicités par le Conseil Supérieur de l'Audiovisuel (CSA), ainsi que Martin Ajdari et Bruno Patino (France TV). Et dans cette joli brochette masculine il convient d'ajouter Catherine Colonna (Ex-ministre de de Villepin). Dans les couloirs, les coursives, les ascenseurs de la maison de la radio circulent des noms de femmes au prestige journalistique reconnu. Ils circulent. Dans cette liste Demorand a "tenu le micro" quelques années à France Culture et à France Inter. Hormis sa fonction de journaliste que connaît-il de la radio ? Patino a dirigé France Culture moins de deux ans et est spécialiste du numérique dans les médias (LeMonde, télérama, France TV). Baldelli manage RTL. Question : comment peut-on passer du privé au public ? De la gestion d'une chaîne qui n'invente plus rien (3) et qui est un formidable réservoir financier lié à la publicité à celle d'un groupe qui propose une offre radiophonique large dans le cadre du service public ? Attendons et souhaitons que des femmes se présentent.

(1) Dénomination de la vague de sondage disponible en Pdf ici,
(2) Voir l'article de Grégoire Poussielgue publié aujourd'hui dans Les Échos,
(3) Ah si le "second écran" (sic) et la radio filmée (farce pas drôle),

mardi 14 janvier 2014

Radiola et Radiolo sont dans la radio (TSF)…

Vous savez quoi ? Il y a une chose très rare dans le PAF (Paysage Audiovisuel Français, acronyme à la cote en baisse) : qu'une télévision s'intéresse à la radio. Pas n'importe quelle TV bien sûr. C'est arte qui nous proposait en fin de semaine dernière un reportage sur Marconi et son invention de la Téléphonie Sans Fil (TSF). Arte, on doit pouvoir le dire sans crainte de se tromper, a une haute idée de la radio tant elle a permis l'éclosion d'arte radio. Petite météore inventive dirigée par Silvain Gire et dont souvent je relaie les sons ici. Qu'il ne vienne pas à cette web-radio la très mauvaise idée de nous raconter l'histoire de la TV. On s'en fout.


Une autre "TV" avait l'intelligence de parler de radio à la TV, c'était l'Office de Radio et Télévision Française (ORTF) qui dans son magazine hebdomadaire, "Micros et Caméras", mettait en avant le média qui était partie prenante de son entité. C'est là que vous ferez connaissance avec Radiola (la station de radio) et Radiolo (le speaker de cette même radio). Les premiers acteurs de ce média bouleversant témoignent. En ce sens la TV jouait son rôle vis à vis de l'histoire des médias et de la société. Aujourd'hui aucune TV ne s'intéresse plus à la radio et il faut se contenter d'un film de cinéma qui est loin, très loin de décrire, l'histoire et la diversité de la radio publique. À moins que ne revienne, à court terme, cette proposition pathétique du président de la République (un soir de commémoration des 50 ans de la maison ronde en décembre 2013) de refonder l'ORTF, soit de créer un grand service de l'audiovisuel public associant Radio France et France Télévisions. Qui lui posera la question à la conférence de presse de cet après-midi ? J'ai bien peur que des sujets plus graves et plus futiles n'absorbent la totalité du temps imparti.


15 avril 1967

À l'été 1996, France Inter avait diffusé une série de huit émissions présentées par Bernard HALLER (réalisation Jean Chouquet), consacrées à l'invention de la TSF par Guglielmo Marconi avec des documents de la Radio Suisse Romande, Radio France et Radio Canada. Huit albums d'images sonores des meilleurs moments des programmes de ces trois radios de 1922 à 1982.

lundi 13 janvier 2014

Et celle-là du Président tu l'as vue ?…

Photo de famille avec Salvador Allende en 1972 à Santiago du Chili © Rodrigo Gomez Rovira
Il y a plusieurs jours j'ai demandé à Guillaume Hamon, - auditeur averti -, s'il ne devait retenir pour 2013 qu'une seule émission radio, qu'elle serait-elle, et pour celle-ci quelle "extrait son" voudrait-il nous faire entendre ? Guillaume a joué le jeu et m'a renvoyé un coup à l'estomac, comme à la première écoute du beau documentaire d'Alain Devalpo "La révolution Allende" (1). C'était pour moi une évidence. Avais-je oublié ou n'avais-je pris le temps suffisant pour faire appel à mes souvenirs radiophoniques les plus sensibles ?

Les images aujourd'hui se superposent, s'accumulent, fuient, font des gorges chaudes, du buzz, révoltent, indignent, ou désespèrent. Quel média a, en son temps, le 11 septembre 2013, remis en avant la photo de Rodrigo Gomez Rovira ? Qui a pris la peine d'interroger cette photo, de lui donner la dimension humaine qu'elle mérite, de montrer le "temps suspendu" qu'Allende a accepté de partager avec une famille ordinaire ? De pointer l'attention d'un homme simple aux gens simples. Ça n'a pas échappé à Devalpo pas plus qu'à Hamon et sûrement pas à quelques milliers d'auditeurs qui ont joué le jeu de la mémoire et de l'histoire.

On est à des années lumière de l'indignité, de la soupe médiatique, des images pathétiques et autres fadaises qui, depuis vendredi matin, se déclinent en scooter, en casque, en normalité, en vaudeville et autres "scènes de la vie ordinaire". En pipoleries aggravées et sirènes désenchantées. La farce ferait pleurer… Alors avec ce souvenir d'Allende on voudrait serrer les poings, vomir, hurler, s'indigner, s'insurger et conspuer cette très mauvaise "comedia dell'arte", closée et glosée jusqu'à satiété.

Ce n'est pas comme cela que je voulais parler du "choix de Guillaume". Mais il a bien sa place ici, comme cela, comme une occasion de destituer la médiocrité, la banalité et autres fatalités boulevardières. Sur le mur je colle cette photo à côté de celle de "la" lunette brisée d'Allende (2) qui gisait à terre après son suicide le 11 septembre 1973…

(1) France Culture, Sur les Docks, du 9 au 11 septembre 2013, 
(2) In Libération, "Chili, une mémoire élective", 16 et 17 novembre 2013, 

dimanche 12 janvier 2014

Un conteur sauvage…

Robert Arnaut







Toute sa vie il l'a passée avec la radio, courant l'Afrique ou le reportage sensible. Robert Arnaut pourrait être en réécoute permanente sur "Radio-Archives" la web radio dédiée au patrimoine radiophonique. Mais qui en veut de cette radio-là ? Le Pdg de Radio France ? La Ministre de la Culture (et de la communication) ? Le président du Conseil Supérieur de l'Audiovisuel (CSA) ? L'Institut National de l'Audiovisuel (Ina) ? Et vous vous l'écouteriez cette "Radio-Archives" ? Parlons-en.

vendredi 10 janvier 2014

Tout vient d'augmenter… même la radio ?

Ça donne envie, non ?



Ah que la formule est belle, on dirait du Séguéla ! Vous savez le gars qui, à 150 ans, continue de faire du Solex. Bien entendu les communicants de tout poil (et particulièrement ceux qui n'écoutent à la radio que les infos) n'ont plus que ce "slogan" à la bouche. Pour le sens vous pourrez toujours repasser. On tient le concept, si besoin on le fera entrer au chausse-pied, pour le vendre aux radios qui depuis quelques années se désolent surtout de composer avec la "radio diminuée"…