mardi 27 février 2018

68 : et si tout avait commencé avant… Pendant les J.O. la radio s'agenouille devant la TV (26/43)

En partenariat avec
Chaque lundi, jusque fin juin 2018, je vous raconte, ici, les prémices de ce qui a pu présider aux "événements" de mai 1968. Avec des archives audio radio en exclusivité, les sources de la presse nationale et régionale, les témoignages de quelques témoins précieux et… mes propres souvenirs.


26. Pendant les Jeux d'Hiver la radio perd la face
Voici les deux derniers épisodes de la série "Recherche de notre temps". Ils disent tout du phénomène médiatique télévisuel et, tout aussi de la façon dont la radio est dépassée, et pire K.O. debout devant la TV ! 

Pour cette série petit rappel : l'indicatif fait peur. Les trompettes (de la renommée) olympique nous transposent dans l'arène où la course de chars (sic) va débuter. "Recherche de notre temps" n'a vraiment pas cherché dans la vaste discothèque de l'ORTF un sonore qui pourrait évoquer de façon moins sentencieuse… la Recherche qui, avec cette illustration semble a minima inaccessible, a maxima rebutante pour de "jeunes" oreilles en plein trip révolutionnaire ! Ce sont ces types d'émissions qui ont donné l'image de marque un peu académique de la chaîne France Culture dans ses débuts pour le moins… élitistes.

Et Harold Portnoy (producteur) pour ouvrir la cinquième émission de prendre le ton de l'homélie pour nous assurer qu'il est prêt à faire fi de son dédain pour la télévision en nous assurant qu'il regardera les Jeux. Une fois de plus, avant de communier, la radio s'agenouille devant le petit écran et cache mal son dépit de n'avoir su rien faire pour donner envie aux auditeurs de la "regarder", au fond des yeux, cette radio déjà anéantie par le pouvoir des images.

En exclusivité et intégralité jusque fin mars



lundi 26 février 2018

"Dis quand reviendras-tu" où le message subliminable d'un ex-Pdg de Radio France…

Sans absolument rien connaître de la radio, mais RIEN DU TOUT - le CSA l'avait nommé en février 2014, contre toute attente et face à des professionnels de la profession retoqués-, le Pdg de Radio France a choisi de roucouler à la radio pour faire, en creux, ses adieux au music-hall (1). Ce n'est plus une veste retournée, c'est carrément le pardessus augmenté d'une parka épaisse, elle-même couverte d'un manteau de fourrure en poil de ragondin de l'Oural. Trois couches qui n'empêchent pas de laisser passer le persiflage, la morgue, l'ironie et le mépris pour la fonction et l'entreprise publique qu'il dirigeait, en ayant toujours précisé que les "programmes" n'étaient pas son affaire.



Venu avec trois grandes "idées" : dégraisser le mammouth, supprimer a minima deux chaines (on parlait à l'époque de France Musique et Fip) et vendre du podcast comme on vend des savonnettes (école de commerce oblige), ce personnage hautain, en pleine déconfiture médiatique a pris conscience qu'après tout la radio pouvait aussi être utile à sa propre gloire principalement quand on sait utiliser le micro à des fins personnelles. Delon parle de lui à la troisième personne, le Pdg de Radio France se tutoie : "Dis quand reviendras-tu" (2). Cette belle chanson de Barbara aurait fait un tabac si la Résistance avait utilisé ce message "codé" pour demander au Général de Gaulle de faire tout son possible pour rentrer fissa de Londres et reprendre la France en main.



Avant celui révoqué par le CSA, neuf Pdg ont dirigé Radio France, des origines - soit sept ans après 68 - quand le marquis Giscard, à peine élu, envoya le canon sur l'ORTF, en fit des confettis et se frotta les mains d'aise.

"Dis quand reviendras-tu Jacqueline Baudrier"…
Journaliste, (ex-ORTF) qui, le 6 janvier 1975, prend les rênes de Radio France, sans encombre, avec discrétion et professionnalisme aiguë, jusqu'à l'arrivée des chars soviétiques au printemps 81, place de la Bastille (Paris). Passées les émeutes et une fois les capitaux enfuis en Suisse (à l'instar d'un bellâtre paré de toutes les vertus en haut de l'affiche)… 
Jacqueline Baudrier, à sa gauche P. Wiehn, dir. France Inter (1975)












"Dis quand reviendras-tu Michèle Cotta"…
Journaliste, prend en main la destinée de la Maison ronde en août 1981. Elle, comme Baudrier, en quittant leurs fonctions n'ont pas, autant qu'il m'en souvienne, organisé de gala ou profité de leur statut pour venir faire un dernier coucou aux auditeurs. O tempora o mores…

"Dis quand reviendras-tu Jean-Noël Jeanneney"…
Historien, reprendra le flambeau d'octobre 82 à décembre 86. On lui doit, entre autres, la formalisation et l'organisation des archives radiophoniques. Cohabitation oblige, la droite chasse tout ce qui peut rappeler la gauche. Radio France n'y échappera pas… 

"Dis quand reviendras-tu Roland Faure"…
Journaliste, prend les commandes d'une belle maison de radiodiffusion publique. Il s'y emploiera jusqu'en février 89 et appuiera de tout son poids la création de France Info en juin 87. La gauche a repris le pouvoir en mai 88 et, cette fois-ci, aubaine pour le bellâtre en haut de l'affiche, les chars sont restés à Moscou et l'or à la Banque de France…
Roland Faure, à gauche sur la photo










"Dis quand reviendras-tu Jean Maheu"…
Conseiller-maître à la Cour des comptes cet homme discret, nommé en février 1989, intervient dans le journal de la mi-journée sur France Inter quelques jours après avoir été promu. L'histoire n'a pas retenu qu'il ait demandé à Jean-Christophe Averty de filmer son départ en novembre 1995 sur les toits de la Maison ronde (3)…

"Dis quand reviendras-tu Michel Boyon"…
Conseiller d'État, sixième Pdg depuis la création de Radio France, est nommé par le pouvoir Chiraquien en novembre 1995. Très vite Boyon a une illumination quasi mystique pour créer Le Mouv' à Toulouse. Je ne me souviens pas qu'il se soit invité chez Chloè Monny pour tirer sa révérence.

"Dis quand reviendras-tu Jean-Marie Cavada"…
Journaliste, nommé en novembre 1998. À défaut d'avoir créé Radio France, crée France Bleu, du seul fait de sa vision quasi-divine (autoritaire, jacobine et mieux, impérialiste). Lui et son prédécesseur illustrent mieux que personne "le fait du prince"…

"Dis quand reviendras-tu Jean-Paul Cluzel"…
Inspecteur des finances, nommé en mai 2004. Il engagera les Grands Travaux de rénovation de la Maison de la radio (architecte Henry Bernard) qui durent toujours ! Chagrin, de quitter la Maison ronde, son enquête-participative "Demain Radio-France" n'aura servi à rien et surtout pas à inciter Nicolas Sarkozy (Président de la République depuis 2007) à le maintenir dans ses fonctions.
Jean-Paul Cluzel












"Dis quand reviendras-tu Jean-Luc Hees"…
Journaliste, qui a fait toute sa carrière à Radio France, arrive flamboyant en mai 2009 présider la "grande maison" qu'il aime sincèrement et fidèlement (4). Sa nomination de Philippe Val comme directeur d'Inter restera dans les mémoires comme un accident industriel plus violent que le limogeage de Bouvard aux "Grosses têtes" de RTL en 2000.

"Dis quand reviendras-tu…"
La radio avec l'excellence de tes voix, de tes savoirs-faire d'équipes de réalisation et de tes imaginaires infinis… (5) 

À bon entendeur, salut !

(1) Jeudi 22 février dans la matinale d'Inter, interviewé par Léa Salamé ,
(2) Choisie par l'ex-Pdg pour clore deux heures d'enfilage de perle sur France Musique, hier dimanche… Au cours de l'émission qualifier Radio France de "belle endormie" à sa prise de fonctions, voilà, s'il en était encore besoin, une démonstration supplémentaire de sa morgue et de sa suffisance,
(3) En 1964, J.C. Averty filme Dionne Warwick sur les toits de la Maison de la radio "Walk on bye",


(4) Il commettra l'erreur, à peine nommé, d'intervenir en direct dans la matinale d'Inter pour porter la contradiction à Edwy Plenel de Mediapart sur le sujet des médias, 
(5) Sans le tapage incessant du numérique et de l'image imposé par ceux qui utilsent la radio comme n'importe quel autre médium. 

vendredi 23 février 2018

67/68 : une autre révolution culturelle… Auroville (25/42)

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Ici, le vendredi, jusque fin juin 2018, en complément du feuilleton "société" publié chaque lundi, je vous raconte, quelques faits marquant de "la vie culturelle" de l'époque. À travers les livres, les films, les disques qui ont marqué la révolution culturelle qui couve. Avec des archives audio radio en exclusivité, les sources de la presse nationale et régionale, et… mes propres souvenirs.



Auroville : une utopie, un rêve, une réalité cinquante ans après !
En 1999, un temps où la "Matinée des autres" subsistait encore sur France Culture, quelques mois avant que Mme Adler taille dans le lard des "émissions élaborées", Michel Cazenave (producteur et Clotilde Pivin, réalisatrice) reviennent sur les trente ans d'Auroville.

Voilà ce qu'écrit Cazenave pour présenter le documentaire : "Le plateau dans les années 70 ressemblait à un désert de terre rouge, trente ans après, la reforestation intense a noyé toute la zone dans un épais manteau végétal qui dissimule les maisons des Aurovilliens. La réussite écologique d'Auroville est indéniable. Située à une dizaine de kilomètres de Pondichéry, Auroville naît d'un rêve, celui d'une cité internationale qui, au-delà des clivages, "réaliserait l'unité humaine". Créée en 1968, Auroville est le fruit de la rencontre entre un philosophe indien, compagnon de Gandhi, Sri Aurobindo (1872-1950) et d'une Française de père turc et de mère égyptienne, Mira Alfassa surnommée la Mère (1878-1973). Liberté absolue, absence de lois, de règles et de propriété privée ainsi que fraternité universelle sont les principes fondateurs qui vont présider à la naissance de la cité. A termes, la Mère pensait que aux alentours de l'an 2000, Auroville atteindrait les 50 000 habitants, nous en sommes loin, la ville est inexistante, l'unité difficile et malgré une croissance régulière, elle compte à peine 1800 Aurovilliens, issus de plus de 25 pays différents. 

Et pourtant, en trente ans, malgré ses hauts et ses bas, Auroville continue d'exister et rassemble de formidables énergies. Sur le terrain cela se traduit par une application écologique en matière d'eau, d'architecture et d'agriculture et un certain idéal de vie, le seul qui ait survécu aux rêves communautaires des années 60. Curieux mélange de socialisme utopique, d'humanisme, d' autogestion et d'anarchie contrôlée le tout sous-tendu par une philosophie fondée sur le yoga ; l'oecuménisme du projet empêche la ville de dégénérer en secte. A Auroville on trouve toutes sortes de gens : des gens très engagés dans le yoga, des intéressés par l'aventure humaine ou qui apprécient simplement la douceur d'y vivre.

Avec Yann DIMAY, Jean et Benjamin LAROQUETTE, Roger ANGER, Dominique DARR.

En exclusivité et intégralité jusque fin mars



Le 1er janvier 2014, Chloé Sanchez, produisait pour France Culture : Auroville 




lundi 19 février 2018

68 : et si tout avait commencé avant… Les Jeux (Olympiques) de la diversion (25/43)

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Chaque lundi, jusque fin juin 2018, je vous raconte, ici, les prémices de ce qui a pu présider aux "événements" de mai 1968. Avec des archives audio radio en exclusivité, les sources de la presse nationale et régionale, les témoignages de quelques témoins précieux et… mes propres souvenirs.

J.C. Killy

24. Les Jeux Olympiques d'Hiver à Grenoble
La neige pouvait-elle tout purifier ? Pendant la durée des Jeux elle fera diversion. Imaginez la scène. Grenoble futur eldorado skiable. Grenoble vitrine du progrès architectural. Grenoble caisse de résonance de cocoricos sportifs sublimés par Jean-Claude Killy le triple médaillé d'or. Le pouvoir Gaulliste est aux anges. Les grèves, la colère étudiante attendront. Que pouvait-on attendre de médias inféodés et tétanisés par les résultats sportifs ? Pas grand chose d'autre que la litanie des pronostics inutiles et la glorification permanente de la réussite française.

Dans ce jeu de dupes quelle place pouvait prendre la radio publique ? France Inter commente les épreuves, France Culture va tenter d'aller voir autour. En cinq émissions (trois aujourd'hui, deux lundi prochain) la chaîne avec une certaine emphase (supporter l'indicatif pompier et grandiloquent) va sans joie (et sans empathie) s'essayer au reportage de "terrain". C'est grave et assez "triste". Ça plombe l'ambiance qui tout autour n'est qu'à la joie et à la fête. 

Plus que de dire quelque chose de l'époque ça dit surtout quelque chose de France Culture. Les deux producteurs, Robert Valette et Harold Portnoy, ont-ils été à Grenoble ou comment-ils depuis le studio. Je n'ai pas réussi à le savoir. Colette Garrigues, la productrice, elle, est sur place. Il n'empêche, on sent bien que le reportage in situ pour un grand événement n'est pas l'affaire de France Culture. Aucun son ne nous restitue l'ambiance olympique. On réfléchit, on pense mais on ne joue pas.

En exclusivité et intégralité jusque fin février

"Recherche de notre temps", France Culture, lundi 19 février 1968,
"Tous les jeux ne sont pas radiophoniques"



France Culture, mardi 20 février 1968,
"Le micro au village"



France Culture, mercredi 21 février 1968,
"Les plaisirs du ski et leur expression"


Effets d'annonce pour l'audiovisuel public : n'en jetez plus, ça déborde !

La grande tambouille des annonces successives et quelquefois contradictoires concernant l'audiovisuel public commence à largement déborder. Ça bout depuis trois mois et ça n'en finit pas de bouillir. Une annonce chasse l'autre précédée de son effet. Effet dévastateur, tragique, superfétatoire, et plus si affinités. L'Élysée, le Gouvernement et le Ministère de la Culture jouent une partition à trois bandes dans une partie interminable, juste propre à aiguiser les nerfs et à faire perdre leur sang-froid aux dirigeants, aux salariés comme aux usagers. Usagers qui assistent béats à une séance croquignolesque de grand guignol. 

Ernotte (FTV), Gallet (RF), Saragosse (FMM), Vallet (Ina)


















Dernier avatar en date, Le Monde dans son édition de dimanche nous apprend que pour l' "Audiovisuel public : Mme Nyssen veut une présidence commune". Ben ça alors, on s'en serait à peine douté ! L'exécutif en remet une couche alors que dans le même temps un groupe de travail parlementaire (1) a pour "objectif de formuler des propositions en bonne intelligence avec tous ceux qui travaillent sur ce dossier." L'opération de communication en plan très large est à l'œuvre. Quand le gouvernement et les parlementaires auraient pu choisir de travailler "en silence" sans passer leur temps à influencer ce qui pourrait participer du fameux big-band audiovisuel annoncé pour l'automne avec une loi à la clef !

L'effet d'annonce honni par MM. Mendès-France et Rocard (2) est ici à l'œuvre soit pour préparer les esprits, soit pour déstabiliser ou calmer les ardeurs des dirigeants publics en place - fortes têtes (comme Ernotte, Pdg de France Télévisions) ou radiés comme Gallet (3) - ou le remplaçant de ce dernier (4). D'autre part, Mesdames les Députées Frédérique Dumas et Aurore Bergé ont annoncé que les Français seraient consultés. Comment ? Via la presse spécialisée ? Internet ? La dernière fois que les Français ont pu se prononcer sur la radio publique ça a fait Pschiiitt (5) !

Mais alors c'est quoi cette stratégie de l'effet d'annonce permanent ? Giscard en 1974 a, sans complexe, joué le "Tonton flingueur" en éparpillant, façon puzzle, l'ORTF en sept sociétés autonomes (6), laissant sur le sable, en plein mois d'août un Office tout juste "vieux" de dix ans. Macron, lui, étire les préliminaires et ça ne manque pas de faire hurler. Ce long temps différé entre annonce et promulgation de la loi aurait pu être utile pour lancer une très grande consultation nationale participative. Au lieu de quoi ce sont de petits cercles politiques (auxquels sont associés de façon intermittente les responsables de l'audiovisuel) qui font bouillir la marmite et sans doute demain désespérer… Billancourt.

Ce Billancourt-là étant l'ensemble des personnels concernés qui devront s'adapter, au plus tard au 1er janvier 2019 à la nouvelle donne de l'audiovisuel public pour laquelle un seul homme, le Président de la République Emmanuel Macron, aura tranché. Sarkozy voulait ceci, Hollande cela, on peut craindre, une fois encore, que le fait du Prince ne tienne lieu de politique, de projet, ou de vision. Il n'y a plus d'autre alternative qu'attendre et voir au risque que l'usager soit désinvesti de penser l'audiovisuel nouveau et que les acteurs actuels (tous types de métier confondus) ne soient jamais consultés.

Ajout du 22 février,
Communication du 21 février de Mme Nyssen au Sénat : "Pas d'entreprise unique à ce stade" que nous rapprocherons de sa précédente déclaration évoquée ci-dessus : " Audiovisuel public : Mme Nyssen veut une présidence commune".






(1) Frédérique DUMAS, Bruno STUDER, Sandrine MÖRCH, Cathy RACON-BOUZON, Pascal BOIS, Pierre-Alain RAPHAN, Brigitte LISO, Céline CALVEZ, Fabienne COLBOC, Anne BRUGNERA, Aurore BERGE, Raphaël GERARD, Marie-Ange MAGNE, Sophie METTE, Gabriel ATTAL,
(2) Mendès-France, Président du Conseil (IVème République) qui a participé aux négociations pour la fin de la guerre d'Indochine (août 1954), Michel Rocard, 1er ministre de François Mitterand (1988-1991). Ces deux hommes n'utilisant jamais l'effet-d'annonce pour mener leur politique,

(3) Révoqué au 1er mars 2018 par le CSA de ses fonctions de Pdg de Radio France (2014-2018),
(4) Jean-Paul Vergne, administrateur le plus âgé du C.A. de Radio France assurera l'intérim jusqu'à la nomination d'un nouveau Pédégé/Pédégère par le CSA avant le 14 avril 2018,

(5) "Demain Radio France" enquête participative auprès des auditeurs, lancée par le Pdg de l'époque Jean-Paul Cluzel, janvier-mars 2009, dont les conclusions n'ont jamais été mises en œuvre, le nouveau Pdg Jean-Luc Hees ayant été nommé en mai 2009 par Nicolas Sarkozy,
(6) Radio France, France 2, France 3, TF1, Ina, SFP, TDF. "Oubliant" très volontairement le "Service de la recherche" de Pierre Schaeffer.

vendredi 16 février 2018

67/68 : une autre révolution culturelle… les Maisons de la Culture (24/42)

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Ici, le vendredi, jusque fin juin 2018, en complément du feuilleton "société" publié chaque lundi, je vous raconte, quelques faits marquant de "la vie culturelle" de l'époque. À travers les livres, les films, les disques qui ont marqué la révolution culturelle qui couve. Avec des archives audio radio en exclusivité, les sources de la presse nationale et régionale, et… mes propres souvenirs.

Maison de la Culture, Grenoble en 1968 © Geoffrey Aguiard

En plus des Jeux Olympiques d'Hiver, la cité grenobloise inaugure le 13 février 1968 la Maison de la culture. Son premier directeur, Didier Béraud aura l'occasion quelques années plus tard de prendre du service à Radio France (1). Les Maisons de la Culture sont les phares qu'André Malraux, Ministre de la Culture du Général de Gaulle (1959-1969) a fait briller sur la France hors Paris. En 68, elles sont au nombre de 7 (2). Mais surtout Grenoble va devenir un "mythe". Pas moins.

Dans un article de la revue d'histoire "Vingtième siècle" (3), Bernard Bruneteau introduit sa recherche par ces mots : " Pour changer la vie, fallait-il changer la vie ? Lieu symbole de l'expansion technicienne dans les années 1960 et 1970, Grenoble fut aussi l'incarnation de la modernité municipale, le lieu d'une "décolonisation" par rapport à l'État autoritaire de la Vème République. Mais Grenoble entretint un "mythe" durable que se disputèrent autant le gaullisme que la nouvelle gauche mendésiste."

En exclusivité et intégralité jusque fin février
Interviennent Didier Beraud, directeur de la Maison de la Culture de Grenoble et Michel Philibert, président du conseil d'administration : le rôle des Maisons de la Culture ; la position des responsables en France ; les activités de la Maison de Grenoble. - André Wogenscky, architecte de la Maison de la Culture de Grenoble : le souci qui l'a guidé dans la conception de l'édifice ; description des lieux.

Les matinées de France Culture, 27 décembre 1968,




(1) Le Président de Radio France, Jean-Noël Jeanneney nommé en octobre 1982, met en place une vraie politique régionale et crée le "Secrétariat général à la décentralisation" : Didier Béraud qui a refusé le titre de Direction parce que, dit-il "la décentralisation ne se dirige pas depuis Paris", l'animera jusqu'à fin 86. On notera que depuis, les recentralisateurs sont légion et ce n'est pas fini !!!!

(2) Le Havre, Bourges, Caen, Amiens, Grenoble, Reims, Rennes,
(3) "Le "mythe de Grenoble" des années 60 et 70", un usage politique de la modernité, Bernard Bruneteau, 1998, pages 111-126, 


lundi 12 février 2018

68 : et si tout avait commencé avant… La Gauche Prolétarienne (24/43)

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François Truffaut
23. La Gauche Prolétarienne (GP)
Si la Gauche Prolétarienne n'a été fondée qu'en septembre 1968, elle trouve ses ferments dans les "événements" de la même année et s'appuie sur le "Mouvement du 22 mars" (1). Avec le recul de dix-huit ans proposé par l'émission ci-dessous (2) il est intéressant d'entendre quatre acteurs de l'époque qui, de fait, analysent la montée en puissance depuis le début des années 60 du contexte insurrectionnel étudiant et ouvrier. Avec en trame les pensées du Grand Timonier Mao Zedong.

En intégralité et exclusivité jusqu'au 28 février 



(1) Le mouvement du 22 Mars est un mouvement étudiant français, antiautoritaire et d'inspiration libertaire, fondé dans la nuit du vendredi  à la faculté de Nanterre. Il réunit des anarchistes, des situationnistes, des trotskistes et des futurs mao-spontexDaniel Cohn-Bendit en est la personnalité la plus médiatisée (source Wikipédia),

2) "Nuits magnétiques", France Culture, 2 décembre 1986. Avec la participation de Nicole Linhart, Gérard Miller, Christian Jambet et Benny Levy.

vendredi 9 février 2018

67/68 : une autre révolution culturelle… Langlois limogé de la Cinémathèque (23/42)

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Henri Langlois
En février 1968 éclate l'affaire Henri Langlois : André Malraux, ministre de la culture, veut priver Henri Langlois de la direction administrative de la Cinémathèque française. Un comité de défense se monte. Ce "détail" a le mérite de mobiliser les cinéastes. Cette faute politique majeure sera aussi le déclencheur des "événements". Emmenés par Jean-Luc Godard les cinéastes vont s'inscrire dans la lutte politique du momentet dans certains cas soutenir étudiants et ouvriers.

En intégralité et exclusivité jusqu'au 28 février
Extrait d'une réunion du Comité à laquelle participent Jean Luc Godard, Jean Renoir, Claude Chabrol et Alexandre Astruc.


mardi 6 février 2018

68 : et si tout avait commencé avant… Le Printemps de Prague (23/43)

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Alexandre Dubcek

















22. Le Printemps de Prague ou le "socialisme à visage humain"
Il y aurait donc, derrière le rideau de fer, un "socialisme à visage inhumain" quand le Président Tchèque, Alexandre Dubcek, propose dès janvier 1968 quelques réformes, comme la liberté de la presse, validées par le Parti Communiste (PC) tchèque. Très courte période de libéralisation qui sera réprimée par le PC soviétique et l'invasion de la Tchécoslovaquie, le 21 août 1968, par les troupes soviétiques.

Documentaire d'été de France Culture produit par Antoine Spire qui en août 1988 revient sur ces "sept mois de rêves".

En intégralité et exclusivité jusque fin février… 


vendredi 2 février 2018

67/68 : une autre révolution culturelle… Les J.O. de Grenoble (22/42)

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Quelle plus formidable piste d'essai que celle d'une compétition sportive internationale pour tester grandeur nature, les matériels, les techniques, les dispositifs, les équipes qui permettront de retransmettre en direct les épreuves sportives d'un événement mondial ? En février 68, l'Office de Radio et Télévision française (ORTF) dispose d'un formidable terrain de jeux pour permettre à la télévision et à la radio de rentrer dans l'ère du direct "permanent" et des retransmissions en simultanée. Les deux reportages vidéos ci-dessous le prouvent. 

Les moyens humains détachés sur place sont impressionnants (1000 femmes et hommes). À la mesure de l'obligation de fournir au monde entier les images et les sons des compétitions. Les skieurs français deviennent immédiatement des vedettes et Jean-Claude Killy se taille la part du lion avec ses trois médailles d'or. La France est sur un petit nuage. Le ciel est dégagé. Le progrès technique est flamboyant, le progrès social est en berne. On se demande bien ce qui pourrait venir noircir le tableau ?  C'est sans compter sur la fougue de la jeunesse qui dans quelques semaines sera elle aussi "tout schuss".

Les J.O. de Grenoble, 20 et 27 janvier 1968,




jeudi 1 février 2018

Gallet : touché, coulé, révoqué…

Il ne s'agissait déjà plus de bataille navale mais de bataille morale. Le verdict du CSA est tombé hier à 15h14. Il révoque Mathieu Gallet de ses fonctions de Pdg de Radio France. En précisant : "[Le CSA] a en particulier estimé que pour assurer dans de bonnes conditions la gestion d'une société détenue à 100% par l'État, il importe que les relations d'échange et de dialogue entre les représentants de l'État et le président-directeur général de la société soient denses, confiantes et permanentes, dans un contexte de réforme majeure de l'audiovisuel public annoncée par le pouvoir exécutif". 

La Maison de la radio :
construction ou déconstruction. ©AFP





















En effet, comment un Pdg de l'audiovisuel public aurait-il pu continuer à diriger son entreprise si le jugement qui l'affaiblit pouvait nuire aux relations que l'État vient d'engager avec l'ensemble de l'audiovisuel public dans le cadre de la réforme qu'il veut mettre en œuvre ? Mission impossible particulièrement quand la ministre de la Culture, Françoise Nyssen, avait jugé la "situation inacceptable" au lendemain de la condamnation du Pdg de Radio France par le Tribunal de Créteil (15 janvier) à un an de prison avec sursis simple et une amende de 20 000 €, pour favoritisme quand il était Pdg de l'Ina. 

La quasi totalité de la presse reproche à l'exécutif d'avoir fait pression sur le CSA pour que ce dernier impose à M. Gallet de cesser ses fonctions au sein de Radio France. Mais pourquoi l'État ne pourrait-il pas imposer une règle formelle concernant les conséquences d'une décision de justice impliquant un membre du gouvernement ou un dirigeant d'entreprise publique quel qu'il soit ? Pour le cas particulier des entreprises audiovisuelles dont la plupart des Pdg sont nouvellement nommés par le CSA, à celui-ci de ne pas faire obstruction à la dite-règle. Au risque que l'indépendance défendue par le CSA ne se transforme en soutien d'un responsable condamné par la justice quand bien même le condamné aurait fait appel. Cela ne remettant nullement en cause la présomption d'innocence.

Le sens de l'honneur ajouté au devoir d'exemplarité rendaient l'obstination de Mathieu Gallet à ne pas vouloir démissionner impossible à gérer pour l'État sans risquer d'être à son tour accusé de favoritisme. Cette réflexion et ce bon sens a minima ont échappé à la morgue d'un journaliste assis, Jean-Michel Apathie, qui a cru bon hier twitter avec morgue et fanfaronnade : "Pour la première fois en France, un appel en justice n’est suspensif de rien, essentiellement parce que le gouvernement l’a décidé et parce que le a obtempéré. Étonnant, non ? ". Ce journaliste arrogant devait être en colonie de vacances quand le gouvernement Jospin (1997-2002) avait imposé aux ministres mis en examen de se démettre de leurs fonctions.



Cette posture d'un journaliste salarié par Radio France ressemble fort à un soutien appuyé à son Pdg, à un total manque de dignité et à une déontologie bafouée au titre de la défense de ses propres intérêts. Comment continuer à écouter (si tenté qu'on l'écoute) un journaliste donneur récurrent de leçons qui les oublie promptement quand il s'agit de sa propre personne ?

Au lieu de faire pleurer dans les chaumières, ces médias complaisants et de parti-pris pour M. Gallet, devraient se pencher sur le sort des 4500 employés de Radio France qui dans cette situation exceptionnelle ne peuvent qu'être en désarroi et dubitatifs sur les suites que cette affaire va entrainer pour Radio France. Après l'uppercut à l'estomac de s'entendre traités de "honte de la République" ils savent ne plus pouvoir compter sur un dirigeant qui aurait eu le devoir de garantir les métiers, les savoir-faire et l'originalité du média radio face aux autres médias audiovisuels.

Mais qui peut croire un seul instant que Gallet, exclusivement préoccupé de créer à sa main et de façon obsessionnelle, un média global avec chaque chaîne de Radio France, aurait pu s'opposer à l'État qui veut créer une structure globale associant l'ensemble des audiovisuels publics ou a minima Radio France et France Télévisions ? Farce cousue de fil blanc. Gallet nous prend pour des billes et plus grave prend l'État pour une bille qui n'a pas du tout apprécié l'arrogance et les certitudes d'un Pdg impérieux à défaut d'être impérial. Gallet voulait s'arroger les fonctions suprêmes de dirigeant de ces médias associés, naviguer avec son cap, inciter l'État à ne pas légiférer et à accepter de déléguer son projet de big-bang aux responsables audiovisuels actuels qui, de façon agile (forcément agile), auraient au gré des vents marié France-Culture et Arte, France 4 et Mouv'… J'en passe et des meilleures.

Que Gallet s'appuie sur les bons résultats des chaînes de RadIo France pour imposer son maintien est non seulement pathétique mais assez cocasse. Avec dédain ce Pdg a toujours repoussé de la main les fonctions dédiées aux programmes laissant en son temps Frédéric Schlesinger à la manœuvre et ne manquant jamais une occasion de dire que les programmes ne sont pas son affaire. Or ce sont les programmes qui font l'audience et le Pdg n'y est donc pour rien même s'il a choisi, c'est le moins, les directeurs de chaînes. Son mépris pour l'ADN même de la radio a fini par lui renvoyer en boomerang sa morgue et sa superbe à croire que l'avenir de la radio ne passerait que par le marketing et le numérique. Ceux qui voulaient croire que Gallet aurait défendu ce même ADN dans la réforme annoncée se foutaient le doigt dans l'œil jusqu'au coude.



J'ai une pensée très forte pour tous ceux qui font la radio, les petites mains comme les producteurs, les attachés de production comme les réalisateurs, les ingénieurs du son comme les techniciens. Dans cette panade juridique et médiatique les bonnes conditions de création sereines ne leur sont plus garanties. Une épée de Damoclès pèse au-dessus de leur tête et brille beaucoup plus que l'enseigne lumineuse de Radio France nouvellement posée en façade de la Maison de la Radio. Avec dignité et acharnement ils vont continuer à faire de la radio avec passion mais avec quel soutien ? Qui en France, au gouvernement veut encore de la radio quand Gallet a tout fait pour faire muer ce média en marque et en média global ? Qui va défendre la voix, le son quand se prépare le grand-mix qui ne distinguera plus le son de l'image ?

Le 14 décembre 1963, De Gaulle inaugurant la Maison de la radio a eu ce mot "À la radio fallait-il une maison". Aujourd'hui un autre Président pourrait bientôt dire "À la maison fallait-il une radio ?" Ce n'est qu'un début…