mercredi 31 juillet 2024

France Bleu/France 3 : ICI tombe à l'eau…

Il aurait mieux valu dès 2018 confier à Fanny Herrero, scénariste et showrunneuse (Dix pour cent, la cérémonie d'ouverture des Jeux Olympiques) les épisodes du feuilleton de la fusion des chaînes de radio et de télévision France Bleu et France 3, qui en l'absence de toute logique partenariale envoie dans le mur le principe d'une fusion actée qui devait apparaître sur les écrans et sur les antennes des chaînes respectives sous la marque ICI, dès septembre prochain.










Las, les machines lourdes de France TV et celles plus légères de Radio France finissent par freiner des quatre fers pour… s'associer. Et de se renvoyer dos à dos la responsabilité de défections récentes. Dans son article du Monde d'hier Aude Dassonville cite Vincent Rodriguez, le secrétaire général du réseau aux 44 stations locales. : "Les messages de transfert de marque que nous devions diffuser dans le courant du mois de septembre, en direction de nos auditeurs, sont pour l’instant suspendus, de même que la campagne de communication qui devait intervenir cet automne » (1).

Message diplomatique qui ne dit strictement rien de ce qui se joue non pas dans les cuisines mais au plus haut niveau des états-majors des deux sociétés d'audiovisuel public. Radio France s'appuyant sur un report des engagements de France Télévisions "après avoir appris il y a trois semaines que FTV [France Télévisions] souhaitait un report de ses engagements, il a été convenu qu’un nouveau calendrier devait être acté pour organiser les choses ensemble, main dans la main, d’ici la fin d’année“ précise M. Rodriguez (1). France Télévisions s'étouffe "C’est une fake news absolue !, cingle-t-on du côté de la télé publique. Nous sommes prêts depuis longtemps, c’est France Bleu qui ne l’est pas ! La preuve ? La marque ICI existe sur France Télévisions [où les journaux régionaux ont été rebaptisés « Ici Matin », « Ici 12/13 » et « Ici 19/20 » à la rentrée dernière »], et toujours pas sur France Bleu» (1).

Plus pitoyable tu meurs ! Alors que depuis les origines le personnel concerné de Radio France freinait des quatre fers pour cette "fusion" à peine déguisée, craignant l'absorption pure et simple de la radio dans la TV, Madame Veil, Pédégère, continuait à plastronner devant la représentation nationale pour défendre l'"association". Association de la carpe et du lapin s'il en fut. Il semble bien que dans ce nouvel épisode de "soap" Ernotte soit à la manœuvre. Une manœuvre pour quoi ? Pour préparer le terrain de sa réélection (en 2025) et apparaître comme la "maîtresse des horloges" décidant du moment optimum pour "créer ICI" ? L'affaire est pathétique.

Heureusement le public tout aux J.O. ne se soucie guère de ses circonvolutions stratégiques. On est pour autant peu surpris de l'absence de réaction forte de la part de Sibyle Veil qui subit les désidérata de sa consœur Ernotte. France TV a l'air d'avoir pris la main et cela n'annonce rien de bon pour un futur partenariat fusionnel… ICI et maintenant.

(1) "Rapprochement France 3-France Bleu : pour le lancement d’« ICI », il faudra encore attendre", Le Monde, 29 juillet 2024,

mardi 30 juillet 2024

Le Pays d'ici : retour en terre connue…

Ce soir, cette nuit, - devrais-je dire ? - je sens bien que l'endormissement ne viendra pas. Instinctivement, j'allume "Les nuits" de France Culture. On verra bien. Et mieux, on entendra bien. Pile, c'est une voix familière du Pays d'ici qui, plus encore parce que c'est la nuit, donne le frisson. Rappel : "Le pays d'ici" c'est un manège, un carrousel de voix qui au long de l'année (1984-1997) nous balade de France en France. De chemins buissonniers, en départementales, de départementales en nationales. Un moment suspendu, un feuilleton, un long Tour de France que l'on doit à l'intuition de Jean-Marie Borzeix, directeur de France Culture (1984-1997) et à celle qui en fut la coordinatrice : Laurence Bloch.

Conques









Cette voix, celle de Marie-Paule Vettes, bouleverse quand, depuis tant d'années, on a pris l'habitude de cheminer avec elle, comme c'est le cas avec quelques autres du "Pays d'ici". Vettes c'est sa façon d'entrer dans le sujet, sa délicatesse aux mots prononcés, son empathie pour celles et ceux qu'elle rencontre. C'est une alchimie improbable et grisante. On marche. On irait même n'importe où, juste pour le plaisir d'être guidé et d'écouter sans ne plus rien dire.

Ces 30 et 31 juillet 1991, il y a pile trente-trois ans (on se pince !) "Le pays d'ici" faisait escale à Conques (Aveyron) et là on se dit "Il y a sûrement quelque chose à faire" comme le clamait Pierre Bellemare, bateleur d'Europe 1. Il faut y retourner. Prendre la mesure des changements, des évolutions, de tout ce qui en plus d'un quart de siècle a définitivement disparu et ce qui, malgré tout, est apparu. Faire comme pour les missions photographiques du Ministère de la Culture, rendre compte d'un nouvel état des lieux.

Un peu d'Aubrac








Je vais transmettre ce billet à Madame Emelie de Jong, directrice de France Culture, car le patrimoine ethnographique, sociologique, historique et géographique que la chaîne a accumulé mérite d'être confronté au présent pour en comprendre les mutations lentes et quelquefois très rapides qui ont marqué la "physionomie de la France". Si Borzeix avait su "déparisianniser" sa chaîne il faut à nouveau que France Culture sorte des studios et aille à la rencontre de celles et ceux des fins fonds des terroirs.

À Conques on peut déjà imaginer les bouleversements comme ce qui pourrait avoir subsisté. À l'écoute on mesure l'accélération "du monde" et comment l'identité d'un "pays" a pu basculer (violemment ?) dans la modernité du XXIè siècle. Deux jours plus tard (1er et 2 août 1991) Marie-Paule Vettes a couru vers l'Aubrac (et une nouvelle nuit d'insomnie, la nuit dernière). C'est le même enchantement à l'écoute des autres et à ce temps pris sur le temps pour décrire un "pays"singulier". "Tout ce qui subsiste d’intégralement exotique dans le paysage français me semble toujours se cantonner là. C’est comme un morceau de continent chauve et brusquement exondé qui ferait surface au-dessus des sempiternelles campagnes bocagères qui sont la banalité de notre terroir." écrit Julien Gracq au sujet de l'Aubrac.

Ça valait le coup de ne pas dormir et de s'offrir ce voyage en terre connue. Clin d'œil sympathique en fin d'émission, Marie-Paule Vettes désannonce en faisant la passe à Marion Thiba qui sera la semaine suivante à Paimpol. On ne quitte pas le manège enchanté !

lundi 29 juillet 2024

Nino Ferrer : la maison près de la fontaine…

Olivier Chaumelle, producteur à France Culture nous plonge dans l'univers d'un musicien atypique, tendre et incompris par l'industrie musicale qui l'enfermait dans des tubes populaires. Nino Ferrer (1934-1998) l'insaisissable comme le qualifie Chaumelle garde et gardera sa part de mystère et de romantisme italien. Rien ne prédisposait le public dans les années 60 à aller voir plus loin que les "Cornichons" ou "Z'avez pas vu Mirza"… Pourtant l'auteur-compositeur-interprète avait des choses à dire et à partager. Ce documentaire émouvant nous en révèle quelques unes…









Ferrer en pleine euphorie yé-yé s'est donc taillé à La Taillade (Lot) pour tenter de vivre autrement et de faire vivre sa musique (et d'en vivre). Inventant le joli mot de "désabusion" il ne pouvait qu'être désemparé face à l'inflation consumériste, le jetable et les hits-parades qui chaque jour tentaient d'écraser le premier pour y prendre la place de leader. Une mécanique redoutable propre à décerveler les plus aguerris. Mais comment résister à une telle vague de fond ? Comment sortir du moule ? Comment fureter et découvrir les chemins buissonniers dont l'industrie musicale ne voulait pas entendre parler ?

Le portrait de Nino est bien dressé avec ses failles, ses fulgurances, ses doutes au point de ne trouver pour l'artiste que le suicide pour s'apaiser. Chaumelle comme à son habitude touche à l'intime du personnage avec tact et empathie nous laissant perplexes et assez désemparés devant la radicalité d'un Nino dont nous continuons à fredonner "La maison près de la fontaine"…

mardi 23 juillet 2024

Radio France : Baille… bye !

Ça tombe mal ! Gros vacarme et chamboulements programmés à Radio France… Jean-Philippe Baille, directeur de l'info de Radio France et Directeur de France Info (rien que ça !) à fait part de son choix de quitter l'entreprise publique à Sibyle Veil, Pédégère qui lui aurait demandé de rester en poste jusqu'au 1er octobre. L'ambiance au sein de la société publique (et non pas du groupe qui est une invention médiatique) était déjà assez délétère, ce "coup" supplémentaire n'arrangera rien. Pour autant ne reculant devant aucun sacrifice j'ai décidé de faire quelques suggestions (modestes et géniales) à Madame Veil qui doit avoir du mal à avaler la couleuvre malgré ses ronds de jambes sur X (1).











Pourtant il y a trois mois à peine, Baille était conjointement nommé par Veil et Delphine Ernotte (Pédégère de France Télévisions)  “directeur de projet du média global de l'information franceinfo". En clair la fusion des deux chaînes, en pleine euphorie holding/fusion et plus si affinités. Donc trois casquettes pour le super directeur à Radio France. Complétons le tableau avec une fois quitté ses postes à Radio France, son arrivée comme directeur général délégué à l’information de RMC BFM (filiale de CMA Media, Rodolphe Saadé en étant le nouveau propriétaire). Pour faire bonne mesure, Marc-Olivier Fogiel, l'actuel directeur de RMC-BFM (ex Altice Media), a annoncé sa décision de quitter le groupe. En veux-tu, en voilà du mercato tout show.

Quelques hypothèses (de survie)
Pour remplacer le lâcheur, Madame Veil pourrait :
  • 1. Offrir tous les postes de Baille à… Patrick Cohen. Avec deux possibilités. Lui faire quitter l'édito politique d'Inter qui vient de lui être offert sur un plateau au mépris d'avoir éjecté du poste Yaël Goosz, chef du service politique d'Inter qui tenait cet édito depuis deux ans. Appliquer la jurisprudence Levaï. Ce dernier Directeur de l'info à Radio France (1989-1996) s'est octroyé - de droit divin assurément - la présentation de la revue de presse d'Inter pendant cette même période. Cohen pourrait alors conserver l'édito politique et les directions qu'occupait Baille… Bronca attendue !
  • 2. Nommer Marc Fauvelle, actuel Directeur de la rédaction d'Inter en remplacement de Baille (et laisser Cohen à l'édito politique). Fulgurante ascension de Fauvelle !
  • 3. Sortir Laurent Guimier du bois (ou du chapeau), enfin du joli bois de CMA Media où il a atterri en mars 2023 après avoir dirigé France Info radio (2014-2017) puis comme Directeur de l'info de France Télévisions (2020-2022). Initialement directeur de la filiale CGA-CGM plus personne ne sait ce qu'aujourd'hui il y fait, ayant été remplacé aux différentes directions stratégiques du groupe (excepté La présidence du conseil d'administration de La Provence, quotidien régional appartenant à M. Saadé). Faire revenir Guimier à Radio France pourrait ressembler à un tour de magie ou sortir un vieux lapin du vieux chapeau. Guimier accepterai-il de quitter le navire aux projets en poupe de CMA quitte même à être ignoré dans ses fonctions ? Ou malin viendrait-il se positionner pour une suite présidentielle au sein de Radio France ? Avec ce type de personnage opportuniste on peut s'attendre à tout… ou rien !
  • 4. Ou la grosse ficelle qui exciterait à donf Le Parisien… "Chaises musicales : Fogiel remplace Baille". C'est plus un mercato c'est la saga de l'été.
Voilà donc mes hypothèses qui devraient permettre à Madame Veil de passer des vacances sereines ! Sauf qu'il y a un hic. Maintenant à Radio France tous les recrutements se font à la TV, Veil va donc devoir chercher de ce côté-là. Là, j'ai pas de nom, désolé mais le vivier est large et profond ça ne devrait poser aucun problème. Audiences de Radio France et de France Inter sont l'arbre qui cache la forêt. Grosse pagaille de nominations, projet de fusion France Bleu/France 3 via ICI un peu compromis. Malgré la roucoule permanente de Veil il semble bien que le navire commence à prendre l'eau. À sa poupe, mouchoir au vent, Baille, fier comme Artaban, ose un pathétique bye-bye. Tandis que K.O. les personnels n'ont plus que leurs yeux pour pleurer !

(1) 22 juillet "En octobre, nous verrons partir à regret un grand professionnel qui a fait beaucoup pour @franceinfo et l'information de @radiofrance. Cher @janfibail, avant de te dire un grand merci, nous aurons encore le plaisir de franchir quelques haies olympiques et radiophoniques ensemble! !"

mercredi 17 juillet 2024

2011-2024 : 2500 billets !

C'est possible et c'est le cas! Treize ans jour pour jour que j'écris sur ce blog - modeste et génial" ;-) Je ne vais pas ici faire de l'auto-satisfaction (i can't get now…) mais plutôt en deux parties distinguer ces treize années de radio et quelque chose qui, en radio, pourrait être un contresens : le silence. J'en profite pour remercier mes lecteurs et lectrices assidu-es et ceux plus volatiles qui ne sont ici venus me lire que… trois fois. Cette expérience qui a conditionné une bonne partie de ma vie m'a donné beaucoup de satisfactions et quelques regrets… éternels.

En pleine action entre presse et radio…




















Treize ans de radio ou le passage d'un monde à un autre
Il y a treize ans le podcast encore frémissant n'était pas devenu le maître étalon de la radiophonie. Les geeks n'avaient pas encore décidé de renverser la table, quelques habitudes agréables et surtout du passé faire table rase. En 2011, Jean-Luc Hees Pdg de Radio France, pur produit maison depuis quarante ans, tenait, encore un peu, sans le savoir les rênes d'une radio qui d'après les experts (du consumérisme) devait à tout prix se renouveler pour ne pas mourrir. L'arrivée du manager agile, Mathieu Gallet (2014-2018) révoqué par le CSA devait initier la mue sans aucune concertation avec les personnels de Radio France et encore moins avec ceux de "la fabrique de la radio".

À sa suite, Madame Sibyle Veil, dont je n'oublierai jamais l'audition (devant le CSA), plate, servile et pathétique, allait sans coup férir poursuivre la mue numérique (à marche forcée) si bien engagée et portée par le geek suprême, Laurent Frisch, Directeur du numérique et de la production. De la production ? Autant dire d'un pouvoir absolu sur les contenus. À eux deux, Gallet et Veil, ont fait cumuler à la radio publique quatre-vingt treize jours de grève. Ne comptez pas sur la presse pour vous en rappeler le souvenir quand celle-ci passe son temps à vanter les mérites de Veil, dusse-t-elle de façon bien timorée remettre à sa place Alain Finkielkraut pour sa saillie gravissime envers les journalistes de France Inter, les accusant de dieudonnisation. Deux poids deux mesure, le licenciement de l'humoriste Guillaume Meurice et la mansuétude pour Finkielkraut. On en est là !

Depuis treize ans la production et les programmes se sont sensiblement appauvris. On a diminué les moyens, les productrices et les producteurs et joué de la rediff' à longueur de journée et de nuit. Avec un grand sens de l'humour (et un joli foutage de gueule) Adèle Van Reeth a inventé le 8è jour (sic) avec moins de brio que Virgil Georghiu inventant la vingt-cinquième heure. Madame Treiner a fini par quitter France Culture après avoir mis tant de personnes en burn-out ou en dépression. Mouv' est restée confidentielle. Bleu en déliquescence aggravée. Musique figée "à jamais" dans le classique des classiques et France Info ne sachant toujours pas où elle habite : un peu à la radio, un peu à la TV ? Fip dans ce concert tirant toujours son épingle du jeu.

La période est plus que morose. Projet de fusion, absence de visibilité budgétaire, incertitudes maximum sur l'avenir politique de la dissolution de l'Assemblée nationale et ses effets à retardement. L'audiovisuel public est malmené. Dans ces conditions comment mettre en œuvre la création radiophonique ? 


















Le silence
À la radio, le silence, à distinguer des "blancs d'antenne" (honnis), sont des moments savoureux, retenus sur un fil, en suspend qui créent quelque chose de vibrant grâce à celui qui l'installe, l'invité et/ou productrice ou producteur au micro. Je me souviens de ceux installés par Alain Veinstein, sur France Culture pour son émission de nuit "Du jour au lendemain"… Et puis quelque fois les silences gênants qui mettent au moins autant mal à l'aise auditrices et auditeurs que l'invité lui-même. Une amie qui travaille à la radio suggère même cette belle image : "un silence, un frisson comme si un funambule était sur le point de lâcher"… Merci amie.

Mais il y a aussi ces silences qui font tellement de bien quand la tendance est au remplissage (au chausse-pied) des matinales qui nous écrasent sans laisser la moindre respiration à la pensée. Aussi quand les silences nous permettent d'être ému-es, troublés, en empathie, conscients d'être en affinité élective avec la radio, compagne des jours et des nuits, même si à leur tour ces silences sont devenus de plus en plus rares. Aussi rares que leur pendant, la création radiophonique.

lundi 15 juillet 2024

All you need is love… même Louis Bozon !

Une fois n'est pas coutume ! Si je reprends ce titre d'une chanson des Beatles c'est que l'époque nous incite à grappiller, de ci de là, quelques miettes d'amour. Et comme les "quatre garçons dans le vent" ont eu la bonne idée pour ce morceau d'envoyer un peu de Marseillaise, j'étais raccord hier quand cette chanson est passée sur Fip ! Ce qui est un peu moins bien passé c'est l'hommage à Louis Bozon sur France Inter vendredi dernier…

Claude Monet*















Amélie Perrier, journaliste dans la matinale annonçait : “C'est un nom légendaire de la radio, une institution indissociable de son émission, tout aussi totémique : Louis Bozon ne dira plus "A demain, si vous le voulez bien". Le décompte du métallophone s'est arrêté.” Les fidèles auditeurs du "Jeu des 1000 €" ont du s'étouffer ! La formule "À demain…" usée jusqu'à la corde appartenait au légendaire Lucien Jeunesse qui avait animé l'émission pendant trente ans (1965-1995). Louis Bozon de 1995 à 2008. Une fois de plus on comprend mal que, sise à Radio France, on puisse commettre de telles bourdes pour évoquer l'histoire de la radio publique et de ceux qui l'ont animée.

Pour ses dix ans, en 2013 je crois, Le Festival Longueur d'Ondes de Brest avait choisi de refaire un "Jeu des 1000 F" animé par Louis Bozon. Les candidats : Pierre Bouteiller, Emmanuel Laurentin, Dies Blau (Ina) et… ma pomme. Je faisais équipe avec Bouteiller. Bozon avait le même charme, la même gentillesse et la même attention à ses concurrents. Avec humour il commença par apostropher Bouteiller. "C'est drôle que tu sois là Pierre, quand il ya quelques années tu avais supprimé "Le jeu des 1000 F de l'antenne". Bouteiller n'avait pas cillé et nous avions passé un très bon moment.

Nous ne sommes pas surpris que ni Adèle Van Reeth (Directrice d'Inter), ni Sibyle Veil n'aient eu un mot pour cet animateur qui avait commencé sa carrière à la RTF (Radiodiffusion Télévision Française) en 1957, où il aura l'occasion de faire ses classes avec Philippe Soupault dans une émission du Club d'Essai "Prenez garde à la poésie" !

*La rue Montorgueil" est souvent vue comme une célébration du 14 juillet. En fait, elle est exécutée le 30 juin 1878 à l'occasion de la fête célébrant "la paix et le travail". (source Musée d'Orsay)


Louis Bozon, 1934-2024


vendredi 12 juillet 2024

Adèle Van Reeth : ça démanage…

Se souvient-on si Madame Van Reeth, Directrice de France Inter, a pris position contre Alain Finkielkraut, producteur à France Culture, qui du haut de sa suffisance au cours d'une émission où il invitait deux comiques (Laurent Gerra et Philippe Val) avait taxé une partie des journalistes de France Inter de « dieudonnisation ». Rien moins. Ça juste après le licenciement de Guillaume Meurice. On notera que la Pédégère de Radio France, Sibyle Veil ne s'était pas non plus empressée pour convoquer Finkielkraut et lui faire part de ce qui a outré et franchement mis en colère tout France Inter. Last but not least, mercredi Van Reeth venait confirmer au personnel que Patrick Cohen animerait à la rentrée l'édito politique (7h44) de la matinale en remplacement de Yaël Goosz qui depuis deux ans en était le titulaire.

Adèle Van Reeth, OEL SAGET / AFP









Là, toute la rédaction est KO debout et vient de signer (à 80% sur 95 titulaires) une motion de défiance à l'encontre de Madame Van Reeth. Un des prétextes fallacieux (ce n'est pas le premier) justifie sa décision au fait que M. Goosz en tant que chef du service politique de la rédaction pourrait brider sa parole d'éditorialiste. C'te blague ! Il eût été pertinent de s'en rendre compte depuis deux ans. Et qui est donc ce M. Cohen qui court après les postes après avoir "lâchement" plaqué l'animation de la matinale d'Inter (2010-2017), après avoir repris l'animation de "L'esprit public" sur France Culture (2021-2023) et l'avoir quittée au prétexte qu'il n'avait obtenu l'animation de la matinale de France Info ?

Après son choix de rejoindre Europe 1 en 2017, Cohen estime sûrement que sa place légitime est à Inter. Et pourquoi donc ? Sans doute comme Jean-François Aquilli qui après avoir quitté la rédaction d'Inter pour RMC et en avoir été viré en 2013 avait trouvé sans difficulté une place au chaud à France Info que lui avait offert sans barguigner Laurent Guimier, directeur de la chaîne.

La position et le management de Madame Van Reeth vont-ils pouvoir durer encore longtemps ? On ne s'improvise pas Directrice au seul argument d'avoir des compétences en philosophie mais à l'évidence aucune en psychologie ! La radio publique dans la tourmente de l'après-législatives et le flou absolu sur le budget de l'audiovisuel public n'avait vraiment pas besoin de ça !

jeudi 11 juillet 2024

Le président des Français… (avant)

Le Général De Gaulle est le président des Français onze mois sur douze. En juillet, c'est Jacques Goddet”. Cette remarque pertinente on l'a doit à Antoine Blondin, écrivain et observateur exceptionnel du cyclisme qui, en vingt-huit Tours de France, rédigea 524 chroniques dans le journal L’Equipe. Avec beaucoup de finesse et un sens incomparable du jeu de mot. Blondin dans l'Équipe qui paraît ce jour aurait sûrement fustigé - avec adresse - le départ du Président de la République pour New York en pleine expectative d'un gouvernement improbable. "Otan en emporte le vent" (de l'atermoiement, de la colère et du n'importe quoi) aurait-il pu écrire ! Pas sûr toutefois que Christian Prudhomme, directeur du Tour de France, ait très envie en ce mois de juillet d'être le Président des Français.











Et, si pour faire diversion, je suis le Tour de France à la télé, j'ai toujours dans l'oreille le magnifique documentaire de Yann Paranthoën et Claude Giovannetti “Le Tour de la France 1989 de Vincent LavenuDossard 157”, diffusé pendant la grille d'été de 1992 en 25 épisodes. C'est peu de dire que c'était extraordinaire. Car à la différence de la TV -tout image - Paranthoën mobilise tout nos sens et si l'ouïe est exacerbée, la vue est titillée au point de nous faire nos propres images "héritées" (ou pas) d'autres images déjà vues ou déjà rêvées.

Vous disant tout ça je vais malheureusement aiguiser votre frustration car il n'existe plus (pour l'instant), ni à l'Ina, ni sur France Culture d'archives disponibles. Pour une question de compression. Yann Paranthoën était farouchement opposé à ce que son travail ciselé autour du son soit compressé et donc ,à cette réserve près, il faudrait comme en 2022 sur France Inter, qu'on débranche les compresseurs. Faudrait-il encore que quelqu'un veuille bien s'intéresser à cette archive qui aurait pu être diffusée dans "Les Nuits" depuis le début du Tour 2024 ? Si vous aimez les sons de bicyclette - et l'ambiance autour - vous pourrez, avec les liens proposés, écouter un "Paris Roubaix" de 1980 où Yann avait pu accompagner la victoire de Bernard Hinault.

jeudi 4 juillet 2024

Thierry Jousse : l'excellence sur France Musique…

Bon ça fait neuf ans, neuf ans qu'année après année, je suis les "Retour de plage" de Thierry Jousse dans le programme d'été de France Musique. Je me régale toujours et découvre - encore surpris - des choses qui m'avaient échappées. Mais hier soir je pense qu'on a atteint le Graal. Le haut du panier. La crème de la crème. Il se trouve que Jousse proposait la première émission d'une série de trois sur l'année 1974. Et il se trouve que cette année-là je m'en souviens particulièrement bien. J'étais jeune (et fringant) et je passais beaucoup de temps à écouter de la musique.











Jousse a tiré le fil de sa pelote. Calmement, sans aucun accroc avec des enchaînements qui m'ont laissé baba. Mais pas baba comme un ravi de la crèche, baba comme un aficionado qui connaît ces musiques-là et qui n'avait pas encore eu l'occasion de les enchaîner de cette façon-là. Allez on commence avec le "Sweet thing" de David Bowie le bon socle pour entamer un tour de piste dans les étoiles. On poursuit avec son pote Lou Reed qui malgré son titre "Ennui" est dans la bonne veine d'une balade à la mode des années 70. On reste dans le ton avec John Cale "Ship of fools". Jousse n'a pas démarré sur les chapeaux de roue d'un rock rageur mais a osé sortir des sentiers battus.

Et bam, arrive John Lennon qui (pov' chéri) ne s'en remet pas d'une séparation avec Yoko Ono et qui lui susurre 'Bless you" (Sois bénie). Alors forcément on ne pouvait pas, derrière, ne pas enchaîner avec un George Harrison, "Far east man", cool, définitivement imprégné de la philosophie du Maharishi Mahesh Yogi, gourou des Beatles. Tout ça ne pouvait mener qu'à "Get ready" de Mr. Eric Clapton lui-même. On était prêt à se planter sous la lune Cajun (Cajun moon) de J.J. Cale. Et si toutes les lunes se ressemblent la "Spanish moon" de Little Feat marque sa différence. Peut-être parce que celle-ci était… nouvelle.

On en vient à une des pépites qui illustre ce billet le "Pretzel logic" de Steely Dan. Et comme le notait à juste titre Jousse, ce disque comme quelques années plus tard "Aja" puis "Gaucho" donne le ton des Californiens au summum de leur art. On trouvera futé que le producteur enchaîne avec Linda Ronstadt "You're no good", Ronstadt que Bernard Lenoir me fera découvrir dès 1978 dans Feedback sur France Inter. Subtil d'enchaîner avec Joni Mitchell, "Court and spark" dont à la première écoute j'ai trouvé la voix plus grave que pour ses enregistrements suivants.

Ça y est on a débarqué à Laurel Canyon (quartier de Los Angeles), repère hippie et de musicos des belles années d'avant la moitié des 70'. Là, Neil Young se la joue farniente avec son "On the beach" enchainé par "Diamonds on my windshield" de Tom Waits. Et quel plaisir d'attraper au vol "Tamp 'em up solid" de Ry Cooder. Tout est raccord et fluide. Logique ! Autant que "Hold on i'm comming" de Jerry Lee Lewis comme le "When i was young" de Memphis Slim. On passe allègrement du folk au rock en passant par le blues. On est tellement dans l'époque. Tellement en 1974 que les cinquante années qui nous en séparent semblent datées juste d'avant hier.











Et voilà Boz Scaggs et son "Hercules", ce Boz qu'à nouveau l'ami Lenoir m'avait fait découvrir en 1980 avec "Jojo" et la fabuleuse pochette de son 33 tours "Middle man" signée Richard Avedon. Johnny Bristol que je ne connais ni d'Ève ni d'Adam fait le job avec "On in there baby". Pour mieux se fondre avec Bobby Womack "I don't wanna be hurt by ya love again" de quoi faire un clin d'œil à son "Across 110th street" qui ouvre magnifiquement "Jackye Brown" de Quentin Tarantino. Bill Withers viendra agréablement ponctué l'affaire avec "Can we pretend" qui annonce "The edge of a dream" de la grande Minnie Riperton. Je ne savais rien d'Otis Shuggie "Rainy day" mais c'est parfait et subtilement dans le ton de Minnie. 

Jousse quand on croit "tout connaître" nous débusque de derrière les fagots Little Beaver et un "Let the goodtimes roll", sûr qu'en ce moment on aimerait laisser le bon temps rouler. Cerise sur le gâteau les Isley Brothers nous mèneront doucement vers la fin de l'émission avec "Hello it's me" que "Caroline" de Gladys knight and the pips allonge délicatement. Et pour finir Thierry Jousse conclura avec une de ses idoles, Curtis Mayfield "Ain't go time". Ce n'est pas le moment et ce ne serait jamais le moment de conclure. Rendez-vous aujourd'hui à 18h pour la suite de la série 1974 et félicitations à Thierry Jousse pour sa programmation "on the top".

lundi 1 juillet 2024

Retour de plage… neuvième saison !

C'est pas possible, on est pas le 1er juillet ? D'habitude le seul mot de juillet porte en lui quelque chose de spécial, même si on est pas en vacances. Ce petit quelque chose de solaire, de sable blond et de bleu d'outremer ou de campagnes verdoyantes. Ces moments décalés où les journées n'en finissent plus et où le jour, à peine couché, se lève déjà. Où l'on sourit un peu plus à la vie. Où le temps s'alanguit simplement parce que c'est juillet. Mais ça c'était avant qu'hier soir ne tombe violemment un rideau de fer. Un rideau qui ferme, et cadenasse même, cet esprit de juillet, sa part de soleils et de joies simples. Pourtant ce soir sur France Musique, Thierry Jousse, fidèle au poste viendra poser, de 18h à 20h, quelques émissions champêtres et vagabondes. En pleine nature pour ces deux premiers jours de juillet. Et ça fera un bien fou.











Et puis trois jours se succéderont pour évoquer l'année 74. Et je ne doute pas que Jousse risque de choisir pour sa programmation "Qui c'est celui-là" de Pierre Vassiliu. Les premières paroles, sur un rythme de bossa nova "Qu'est-ce qu'il fait ? Qu'est-ce qu'il a ? Qui c'est celui-là? Complètement toqué, ce mec-là, complètement gaga“ ne lasseront pas de nous interroger. Mais aussi de nous faire retomber sous le charme de Vassiliu chanteur farfelu, tellement drôle, tendre et sympathique. Un peu de légèreté ne peut pas nuire à l'ambiance.

Et puis tiens je tente "Band on the run" de notre cher Paul McCartney and Wings. Qui pourrait voisiner avec "Tubular bells" de Mike Oldfield enchaînant avec "Time" de Pink Floyd. Bon forcément dès que je me pique de musique ça va un peu mieux. De la même façon la programmation de Thierry Jousse ne manquera pas de nous faire sauter au plafond ou de nous faire rêver pendant ses deux heures quotidiennes de salut public. Allez un dernier pour la route "Goodbye yellow brick road" d'Elton John.

Vive la radio publique !