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Chaque lundi, jusque fin juin 2018, je vous raconte, ici, les prémices de ce qui a pu présider aux "événements" de mai 1968. Avec des archives audio radio en exclusivité, les sources de la presse nationale et régionale, les témoignages de quelques témoins précieux et… mes propres souvenirs.
Qu'est-ce qu'on se marre, mais qu'est ce qu'on se marre à écouter les débats "existentiels" de l'ORTF qui s'interroge le 10 avril 1968 sur la nécessité d'introduire la publicité à la télévision et à la radio. Ces messieurs, éminences grises, technocrates et autres affidés du pouvoir, pensent les choses "à la petite semaine" jamais de façon globale et prospective. Suivant leurs humeurs et celles des politiques qui n'imaginent pas autre chose qu'un service public aux ordres. Leur vision est d'abord administrative, étatique et hiérarchisée. La culture, la création et l'expérimentation restent "accessoires". Les saltimbanques inventent, les cols blancs régentent. Pierre Schaeffer est l'"électron libre" génial qui pousse très loin la recherche quand la majorité des décideurs souhaitent une TV de l'endormissement et de la passivité ultime.
J'ai choisi cette image des moutons parce que ce qui intéresse le plus la France Gaulliste, Pompidolienne et réactionnaire c'est la norme. NF (Norme Française). Label des labels qui fait florès sur les casseroles, sacs à déchets et autres filtres à café. Le Graal qui rassure et qui permet pour ce qui concerne l'audiovisuel public de verrouiller, calibrer, contrôler les écarts qui permettraient à une société adulte de réfléchir, d'imaginer et d'être actrice du changement. Halte danger. La télévision et la radio ne peuvent, ne doivent être, ni au service de l'émancipation ni à celui de l'éducation populaire. La formule "informer, éduquer, distraire" est le mantra qui cache la forêt du divertissement stérile. Une fois cette prière psalmodiée, envoyez "Intervilles, le tiercé et la Piste aux étoiles" et le tour sera joué ! Pompidou, devenu président de la République, peut plastronner deux ans plus tard avec sa formule "être journaliste à l'ORTF ce n'est pas la même chose que d'être journaliste ailleurs" (1). Garde à vous !
(1) "L'ORTF qu'on le veuille ou non c'est la voix de la France… Ceux qui parlent à la télévision ou à France Inter, parlent un peu au nom de la France…" Extrait de la Conférence de Presse ici,
L'introduction de la publicité de marque à l'ORTF, France Inter, Inter Actualités, 10.04.68, avec Jacques-Bernard Dupont, Directeur général de l'ORTF,