samedi 31 mai 2014

Cool memories…





















M. Baudrillard (1) me pardonnera d'utiliser ici le titre de plusieurs de ses essais, mais l'occasion est trop belle de prolonger ma petite "supplique pour que les archives ne soient pas enterrées à la plage de Sète"… et trouvent leur place dans une offre "augmentée" de Radio France et/ou de l'Institut national de l'audiovisuel (Ina). Hier un ami, ex-voix de Radio France, me conseille de lire "Les années" d'Annie Ernaux (2), histoire de réveiller quelques souvenirs générationnels, au cas où, ce printemps, ils auraient pu prendre le large en pleine tempête de vents contraires (3). Je cours chez le libraire, m'installe en son café et commence la lecture… Bigre, Annie Ernaux égrenant quelques situations "situationnistes", voilà qu'en page 13 elle écrit : "la plage d'Arenys de Mar à côté d'une ligne de chemin de fer, le client de l'hôtel qui ressemblait à Zappy Max".

Ont du être troublés les lecteurs de moins de 55 ans qui, à parution du livre en 2008 chez Gallimard, ne pouvaient savoir et se souvenir que le célèbre Zappy Max (4) avait fait les belles heures de Radio Luxembourg et avait même été l'invité de Jean Lebrun en 2004 pour une émission en public à Brest (5). Pour les gens nés au milieu du siècle précédent et qui écoutaient la radio entre deux biberons, Zappy Max évoque forcément quelque chose, tant cette vedette du micro pouvait revendiquer le titre de premier "animateur rock and roll" que lui décerna Patrice Blanc-Francard au cours d'un entretien récent. Donc Annie Ernaux fait de Zappy une icône. "Les années" commencent bien, la radio est là, dans les plis du livre et la petite mécanique mémorielle de s'installer devant le poste de l'époque qui n'était pas encore transistorisé… 

(1) "Cool mémories", 5 tomes, Galilée,
(2) Folio, 2009,
(3) Un ange passe,
(4) "Mon RTL à moi", 5 août 2012, une émission de Philippe Labro avec Zappy pour invité, 
(5) à l'occasion d'un "Travaux publics" en direct de Longueur d'Ondes, le festival de la radio.

à 31'15"…  de Zappy Max au… DAB (Ligne de Mire/Chancel)

vendredi 30 mai 2014

Mémoire d'oreille…





















Dans ce monde infernal de l'immédiateté et de la "conso cash" la mémoire simple, la mémoire instinctive fait vite figure de "vieillotte", "has been", "nostalg'". La télé peut passer des plombes à se regarder le nombril, c'est bien, c'est tendance. Quand la radio s'y met c'est beaucoup plus confidentiel ou balisé dans un temps bien particulier : la nuit. Jean-François Remonté, réalisateur à Radio France a produit à France Inter, au cours de deux étés consécutifs (années 90), une formidable émission d'archives "Radio Mémoire" (1). Claire Chancel a animé sur France Culture "Radio Archive" (2), Antoine Perraud "Jeux d'archives" (3) et depuis le milieu des années 80, initiées par Jacques Fayet et Geneviève Ladouès "Les Nuits de France Culture" permettent de valoriser un patrimoine radiophonique exceptionnel.

Pourquoi, pour sortir de cette tyrannie de "l'immédiat-éphémère" ne pourrions-nous pas  disposer d'un accès permanent aux archives radiophoniques, qui mettrait à disposition du citoyen le patrimoine radiophonique conservé par l'Institut national de l'audiovisuel (Ina), entre autres ? Et pourquoi aujourd'hui, jour de pont ou jour de gloire pour notre mémoire sélective, ne pourrions-nous pas nous offrir un pas de côté vers ce patrimoine-là ? La Scam, avec ses "Nuits de la radio" (4), est une très bonne incitatrice à cette gymnastique mémorielle et stimule une bonne façon de nous faire faire un peu de gymnastique… une fois par an. Cela peut-il suffire à l'appétit de l'auditeur "moyen" qui, ne se contentant pas d'un fonds sonore, aime aussi prendre la mesure de l'histoire de la radio à travers ses archives ? Sûrement non. 

Je ne me lasse pas de continuer à enfoncer le clou, à réutiliser la ritournelle de Pierre Bellemare "Il y a sûrement quelque chose à faire", à jeter une bouteille à la mer, qui pourrait, au gré des flots, se retrouver Quai Kennedy à Paris ou dans quelques rivières proches de Bry-sur-Marne (1). Et de citer Jean-Marie Borzeix, ex-directeur de France Culture (1984-1997) qui en 1994 écrivait : "La radio vit dans l’instant. Il y’a même à la radio une sacralisation de l’instant. Aucune minute n’y ressemble tout fait à aucune autre, chacune y est singulière, unique devant l’éternité. On y aime passionnément cette fugacité, le vertige de l’éphémère comme une expérience sublime et tragique. Autant dire que le souci de laisser des traces apparaît souvent bien superflu à ceux qui y travaillent." (6) CQFD.

Nuit de la radio, Scam 2010


(1) Qui ont donné lieu à la publication d'un livre et de deux CD,
(2) Années 90, jusqu'en 1999,
(3) France Cuture, 2006-2009,
(4) La prochaine le 11 juin, à 20h00, Hôtel de Sully, Paris
(5) Quai Kennedy, siège de Radio France. Bry-sur-Marne, siège de l'Ina,
(6) En introduction d'un rapport de 1994 sur les Archives de France Culture. 

jeudi 29 mai 2014

La radio, un média pour vieux… ?








Sous ce titre mi provoc', mi-réaliste les Belges ont du s'en donner à cœur joie la semaine dernière au cours du festival "Monophonic" (1) qui traitait dans l'un de ses ateliers de cette question existentielle pour l'avenir radiophonique. Les organisateurs écrivent : "La culture orale semble pourtant avoir disparu de notre paysage médiatique. Les radios en Belgique ne proposent presque plus rien aux futurs générations à part, évidemment, un fil musical formaté, sans aucune attention au son, aux histoires, à l'imagination. A l'heure où la radio dépasse le seul cadre du poste à transistor, elle qui navigue librement, autant sur le web, sur les CD, les podcasts ou dans des séances d'écoutes publiques, comment refaire découvrir la magie de la radio aux jeunes générations ? Comment prendre soin et éduquer à l'écoute les futurs auditeurs ? Que faire pour que les pouvoirs publics et privés investissent dans la radio pour les enfants." 

Quand je pense à "Radio jeunes", je pense à Roland Dhordain qui avant d'être directeur de la radio-diffusion à l'Office de Radio et Télévision française (ORTF) en 1967 aura fourbi ses armes à la radio avec l'"Appel scout" diffusé sur Paris-Inter dans les années 50. Comment ne pas citer "Salut les copains" sur Europe n°1 animée par Daniel Filipacchi qui démarra en 1959 ? Radio-Luxembourg (future RTL) de son côté n'était pas en reste avec "Pilote" diffusée dès 1958 le jeudi de 13h30 à 14h30, en "partenariat" actif avec l'hebdomadaire "Pilote" fondé et dirigé par René Goscinny. Bon voilà quelques clins-d'œil jeunes à des jeunes qui… ont du le rester. Mais après ? La notion même de "jeunes" fluctue en fonction des époques et des tendances. "Le Mouv'" (2) radio jeune n'a strictement rien à voir avec les exemples qui précèdent. 

Pour "terminer" par une pirouette, prenez le temps de lire le long interview du jeune Silvain Gire, directeur d'Arte Radio, et n'hésitez pas à me faire part de tout ce que vous savez sur la/les "radios jeune"…

 (1) Festival de création radiophonique organisé par l'ACSR, 22-25 mai 2014, Halles de  Schaerbeek
(2) Une des sept radios du groupe Radio France.


Gérard Klein, 22 ans… le Lourier en herbe et en cravate (rare)

mardi 27 mai 2014

Murs, murs…

Charlotte Roux @ Radio France


















La fabrique de l'histoire (1) a pris le pari de raconter l'Irlande du Nord à travers "les murs de la paix" (Peacewalls en anglais) à Belfast. Au-delà des images, ce ne sont plus les murmures de ceux qui témoignent et les commentent, ce sont des cris, des luttes, des mémoriaux, des slogans, des espoirs, des trahisons, des signes,… Ces murs "tiennent la violence" et racontent fresques par fresques l'histoire moderne d'un conflit qui, malgré les accords de paix de 1998, a besoin de s'inscrire dans la vie quotidienne des quartiers de la ville. Louise Hénaff et Charlotte Roux brossent le portrait lourd d'une tension palpable à fleur de peau. À fleur de mur.

Mais si vous n'avez pas encore écouté ce documentaire, laissez-vous porter par le récit audio avant de vous plonger sur le site de l'émission. Écoutez sans voir. Prenez la mesure des mots et faites-vous vos images. Si les compléments visuels que proposent la documentariste sont utiles à l'histoire ils ne doivent pas être devant. On est à la radio et sa magie reste… l'imaginaire. Même si aujourd'hui la narration tient compte des "images associées" qui seront visibles. Les pratiques changent bien sûr. Mais pourtant les mots que prononcent les témoins du documentaire ne sont-ils pas la première et la plus forte illustration ? La "bonne formule" serait : écouter, voir. Mais le temps disponible ou le temps consacré à l'écoute ne va t-il pas vite muté en un temps "à voir" ? Et ce passage-là n'est-il pas en train de consacrer définitivement le "voir" au détriment de l'écoute ?

La musique a aussi attiré mon attention. Il s'agit de "The voiceless" du groupe "And so I watch you from afar"…

(1) France Culture, du lundi au vendredi, 9h06



Prisonnières républicaines


Pâques 1916

lundi 26 mai 2014

La reine…





















Ç'aurait pu être un nouvel avatar de com', comme Europe 1 nous y a habitué depuis la rentrée 2013 : détournement des panneaux électoraux pour la promotion des animateurs de la station, comparatif par voie d'affiche de la parité homme-femme entre ses matinales et celles de sa concurrente et néanmoins rivale RTL. Ç'aurait pu être le clin d'œil à un film français que soutient la chaîne et qui réalise de bons scores de fréquentation. Ç'aurait pu. Au lieu de quoi, passé le narcissisme qui saute aux yeux, on remarque que sur le canapé rouge, à droite du vétéran, trône Julie, la voix d'Europe 1. Et ce micro-événement est une "révolution" pour la radio privée et pour son histoire.

Flashback : Julie (1) entre à Europe 1 en mai 1972, pour être "meneuse de jeu". Traduire lire les publicités, "passer les plats", mettre en valeur l'animateur et n'exister que par son seul prénom. Une voix, un pseudo et une abnégation à toute épreuve quand, suivant l'humeur de celui qui est au micro, il faut bien "accepter" d'en être le "souffre-douleur" et/ou le faire-valoir. À cette époque elles sont six à officier à la radio de la rue François 1er à Paris (2). Sur la durée Maryse a été reconnue, beaucoup sans doute à cause ou grâce à Coluche qui dans ses émissions de l'après-midi explosait tout : le conducteur, la bienséance, la publicité voire la sacro-sainte morale de la fin des années 70. Plus surprenant Viviane a retrouvé son nom grâce à  "Radio Libre", une nouvelle émission d'Europe 1 en février 1982, en pleine implosion du monopole de radiodiffusion. Je me souviens avoir lu sur un 4X3 à Rennes ou à Paris "Viviane (Blassel) je lui ai redonné un nom". Celui qui "parle" sur l'affiche n'est autre que François Jouffa, l'animateur de l'émission qui, dès l'âge de 14 ans, trainait déjà dans les couloirs d'Europe n°1 (3).

Au sein d'une radio, Julie "meneuse de jeu" doit posséder le record de longévité sans avoir changé de métier. Sa place sur le fauteuil rouge de l'affiche parodique est plus que méritée. C'est une vraie reconnaissance. Quand, pour une fois, tous les égos surmultipliés de ceux qui l'entourent ont accepté d'être au second plan pour que, siège au premier, celle qui sans relâche les a valorisés, il convient d'applaudir. Voilà donc - à nouveau - qu'un petit vent d'humanité souffle sur la station et que, passée la com' tendance, on rend à Julie ce qui appartient toujours aux autres, la gloire et les lauriers.

Sur France Culture à l'été 2011, Thomas Baumgartner, a rendu hommage à Julie et à sa voix. Le tableau est presque complet. Julie existe au-delà de son prénom, de sa voix et de son image. C'est une icône de la radio. Elle appartient à son histoire. Et là comme ça, tout d'un coup, comme Kriss le disait si bien dans une de ses émissions, (4) on a envie de lui dire "Je vous embrasse, c'est dimanche, c'est permis"! (5).




(1) D'état civil Chantal Séloron, sœur de Françoise Séloron productrice et documentariste à France Culture,
(2) Maryse (Gildas), Anne (Pérez), Viviane (Blassel), Françoise (Rivière), Brigitte (Morisan),
(3) Dans une belle et longue "carrière" radiophonique il faut ajouter : L'oreille en coin (France Inter) avec son complice Simon Monceau, la direction de Fip (Radio France) et, et, et, les débuts (mais les débuts seulement) de Campus en mars 1968 sur Europe n°1 qui seront repris dès avril par Michel Lancelot,
(4) "Dimanche en roue libre", France Inter, 
(5) Ben oui j'ai écrit ce billet dimanche, chère Julie.

dimanche 25 mai 2014

L'hebdo quotidien : un nouveau genre…

(1)






















J'ai essayé d'écrire une fois par semaine… J'ai essayé ! Mais il y a quelque chose qui ne fonctionnait pas. Je n'étais plus en phase avec le système de la radio, sa permanence et, de fait, sa quotidienneté. J'écoute chaque jour, je réagis chaque jour. Donc, à partir de dorénavant, voilà comment je compte procéder. Le lundi à 8h30 un billet "solide" sur un sujet de fond, une émission, un producteur ou une idée qui flotte. Ce sera l'hebdo. Tous les autres jours j'écris (ou pas) en fonction de l'événement, de mes souvenirs ou de ce qui va arriver. Pas d'heure fixe, pas de systématique, juste le plaisir de vous faire partager ma petite histoire de la radio.

Quant au dimanche, lieu de mes petites madeleines, il sera aussi aléatoire. Toutefois j'aimerai lui donner une certaine orientation "archives". Quant à l'été j'y songe… J'aimerai vous donner envie de prolonger l'écoute radio de façon décalée. On en reparlera…

On me pardonnera de ne pas savoir bien écrire l'émotion à l'écoute ce que vous pourrez entendre ci-dessous. Un indicatif - inscrit au patrimoine - une voix mémorable et un invité dont ses seuls noms et prénoms, prononcés par lui, donnent des frissons. Une très grande voix de radio. Un homme sensible aux autres à laquelle la Scam vient de rendre hommage…




(1) Un producteur de radio m'a envoyé cette photo qui voulait rendre compte de ma folie radio…

vendredi 23 mai 2014

Ils sont venus, elles sont toutes là…

Anne Sérode, Fip


















Mathieu Gallet, Pdg de Radio France a abattu hier matin, en direct de la matinale d'Inter, ses dernières cartes pour finaliser les nominations des directeurs et directrices des chaînes du groupe public (1). Le moins que l'on puisse dire c'est que M. Gallet n'utilise pas le tambour dans ses annonces de communication. D'une voix presque "basse" le nouveau Pdg a mis un certain temps à donner à l'antenne le nom de Laurence Bloch qui remplace depuis hier Philippe Val à la direction d'Inter. 

Même si Patrick Cohen (2), dans son propos liminaire à l'interview de Gallet, a pris soin de préciser qu'il n'était pas courant qu'un salarié interviewe son Pdg, on a pu sentir une atmosphère un peu tendue pour ne pas dire surprenante. Quand M. Gallet annonce (et répète) qu'il a "un projet d'entreprise et un style de management pour un projet global", Cohen ne le relance pas et Gallet n'en dira pas plus. On imagine qu'à la même place Mélanchon, Le Pen, Copé, Filipetti et tant d'autres ne s'en seraient pas sortis avec leurs seules affirmations. L'exercice n'est pas facile, le temps est compté, donc il faut avoir la lucidité d'accepter que comme ce n'est pas le "lieu" nous n'apprendrons rien. Et sur ce style de management il faudra attendre et voir pour en savoir plus. Très "corpo" Alexandra Ackoun, journaliste spécialiste des médias à France Inter a voulu s'assurer que les effectifs de journalistes ne seraient pas rognés. "Je n'ai pas d'objectif de plan de départ" l'a rassurée Mathieu Gallet. On pense aux "saltimbanques" qui eux n'ont pas de représentants et qui ne peuvent bénéficier d'une tribune pour interpeller leur patron sur l'avenir, à court terme, de leurs productions. 


Marie-Pierre de Surville, Fr. Musique














Par contre sur la définition de son rôle, le Pdg a été très clair. À la question d'un auditeur s'inquiétant du sort de Daniel Mermet à la rentrée, Gallet a précisé que les contenus n'étaient pas de son ressort et que Laurence Bloch et son équipe seraient responsables de la programmation. Plus surprenant Gallet n'a rien dit du rôle de Frédéric Schlessinger, le nouveau directeur délégué aux antennes et aux programmes, alors que paraissait, presque en simultané sur le site de LeMonde.fr, une interview où le Pdg précisait "Sa mission [à F. Sclessinger] sera surtout de veiller à la complémentarité entre nos sept chaînes. Je veux qu'elles offrent le choix le plus large possible, que les Français puissent passer leur journée sur nos chaînes en passant d'une sonate sur Musique à un flash sur Info, d'un flash sur Info à un débat sur Culture… Frédéric travaillera à créer cette offre la plus large et la plus complémentaire possible." (3)

À une autre question d'auditeurs concernant les podcasts payants, M. Gallet a affirmé son souci d' "une valorisation des services associés [dont les podcasts font partie, NDLR], et notamment que le coût de stockage des podcasts [qui incombe à Radio France] pourrait être pris en charge par le consommateur" (sic). Faisons confiance à Mathieu Gallet pour valoriser, au delà de la diffusion en flux, la richesse patrimoniale du "fonds" Radio France. Voilà une autre (r)évolution qui se prépare et qui va influer sur l'écoute en streaming et sans doute diminuer d'autant l'archivage podcast. Ne restera plus ensuite à l'Ina (comme elle le fait très bien aujourd'hui) qu'à vendre les archives radio pour les plus conservateurs d'entre nous. Sera alors venu le temps de se poser la bonne question : "Mes archives pour quoi faire ?". L'occasion m'est donnée ici de dire au Pdg de Radio France que pour la réflexion qu'il lancera il serait bon d'y associer des usagers-auditeurs, ne serait-ce que pour pouvoir confronter leurs pratiques d'écoute, d'archivage et de… réécoute.

Deux autres choses importantes ont été annoncées : la volonté du Pdg de revoir pour France Inter les émissions de fin de matinée (4), d'après-midi et de soirée. Soit la quasi totalité de la grille. Et pour Fip une annonce en demi-teinte d'un "rapprochement" avec RF8, la nouvelle plateforme musique du groupe. Dans ce dernier cas on pourrait s'inquiéter à juste titre de la disparition en flux d'une radio unique au monde. "Ya d' l'économie dans l'air" si le projet était de laisser s'engouffrer Fip dans une diffusion numérique au risque, au milieu d'une plateforme, de lui faire perdre son identité de chaîne pour celle de "ruban musical".



(1) Laurence Bloch, France Inter, Claude Esclatine, France Bleu, Bruno Laforestrie, Le Mouv’, Anne Sérode, Fip, Laurent Guimier, France Info, Marie-Pierre de Surville, France Musique. Olivier Poivre d’Arvor étant reconduit à son poste de directeur de France Culture,
(2) Anchorman de la matinale de France Inter, 7h-9h,
(3) "Mathieu Gallet, ses têtes, ses projets" par Alexis Delcambre et Alexandre Piquard,
(4) La "parenthèse attendue" du duo Lopez/Manouchian devant se refermer, n'ayant que trop plombé ce créneau horaire.

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jeudi 22 mai 2014

Vous dire…

© Radio France - C. Abramovitz



















"Vous dire…" ce sont les deux mots "fétiches" que Laurence Bloch prononçait en début de désannonce des émissions qu'elle produisait sur France Culture (1). Un gimmick, et peut-être, sa meilleure façon d'accrocher l'auditeur jusqu'à la fin. Ce matin dans le 7/9 de France Inter, à 8h29, le Pdg de Radio France, Mathieu Gallet, a annoncé que Laurence Bloch remplacerait Philippe Val au poste de directeur de la chaîne. C'était bien le moins pour le Pdg qui, venant pour la première fois au micro d'une des sept chaînes du groupe, ne pouvait plus y échapper. Le nom de Bloch circulant avec persistance depuis plus d'une semaine il était temps d'officialiser. Saura-t-on jamais pourquoi cette annonce a été autant différée, si ce n'étaient peut-être les exigences d'un Philippe Val fini et sans finesse ?

Diplômée de l'Institut d'Études Politiques de Paris, ayant fait ses débuts à France Inter, puis productrice à France Culture, Laurence Bloch a été associée, depuis 1989 avec Jean-Marie Borzeix, directeur de France Culture, à presque toutes les équipes de direction (2). Son tour est donc venu de diriger à part entière la station la plus prestigieuse du groupe Radio France. Je préciserai qu'après avoir dirigé Paris-Inter, Agathe Mella, fut la première femme a avoir dirigé les programmes d'Inter (1963-1968) ce qui à l'époque équivalait à la direction de la chaîne le poste n'existant pas en tant que tel. Mella a aussi dirigé France Culture (1973-1975).

J'ai fait la connaissance de Laurence Bloch au colloque "Autrementsur le milieu rural à Nantes en septembre 1981. Nagra à l'épaule, cheveux blonds bouclés, son nom resta gravé dans ma mémoire jusqu'à ce qu'elle m'invite pour un "Changement de décor" en novembre 2001 (3) pour parler de ma petite entreprise d'écritures graphiques. Je l'ai croisé plusieurs fois depuis et avons eu l'occasion d'échanger sur… les programmes radio.

Ayant préparé la grille d'été de la chaîne elle va pouvoir maintenant se préparer à celle de la rentrée. La nouvelle donne à Radio France voulant que le nouveau directeur délégué aux antennes et aux programmes, Frédéric Schlessinger ait aussi son mot à dire, la révolution ne fait que commencer…
(À suivre)

(1) "Le Pays d'Ici", "Changement de décor", "Le vif du sujet" (on trouvera plusieurs billets sur ces émissions en les inscrivant dans la recherche ci-contre),
(2) Avec Laure Adler, David Kessler, et Bruno Patino mais pas avec Patrice Gélinet (1997-1999). Et depuis 2010, adjointe aux programmes de Philippe Val,
(3) France Culture, le mardi à 15h. Ce jour-là en studio, Irène Omélianenko, productrice et aujourd'hui chargée du documentaire à France Culture, venait présenter trois courts documentaires.

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lundi 19 mai 2014

Radio star…

La semaine dernière sans doute à court d'inspiration la presse nous a rabâché que nous étions plus de 43 millions à écouter la radio chaque jour. Ce chiffre astronomique excite tout ceux qui pensent qu'à travers ce média la très grande majorité des français est définitivement cernée, imaginant, sans doute, que les messages publicitaires et/ou politiques qu'ils aimeraient voir diffuser auront un jour le même impact. De là à imaginer que l'audience de l'interview de François Hollande par Jean-Jacques Bourdin (RMC) le 6 mai ait mobilisé l'ensemble des français, il n'y a qu'un pas que seul "L'homme libre" a pu franchir en… se rasant le matin (1). Toute ressemblance…

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Ajout du 21 mai
• Les uns chantent, les autres pas



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• Ça déménage
Ambiance post-insurrectionnelle dans les locaux "provisoires" de France Inter, sis, depuis dix ans, avenue du Général Mangin à quelques portées d'ondes de la Maison de la radio, à Paris. Après moult reculades pour formaliser ce retour "at home" toutes les équipes seront dans leurs nouveaux locaux à la fin de cette semaine. Vendredi dernier, passant écouter sur place,  quelque producteur "historique", je pus constater l'état des lieux. Je pris même quelques photos qui serviront peut-être à un autre billet. En cabine j'ai apprécié la gestuelle de Marie Casanova, réalisatrice et celle de Maxime à la console. En studio Sandrine Treiner évoquait Odessa. Privilège d'être là au bon moment j'ai pu assister à l'enregistrement d'un jingle de circonstance dont vous pourrez entendre ci-dessous les trois formules. Gros avantage j'ai pu voir les mimiques du producteur. Heureusement il n'y avait pas de caméra. Le charme sera encore plus grand puisque que vous ferez fonctionner votre imagination.




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• Ça déménage quand ?
Aujourd'hui sans doute, les directeurs-directrices de Fip, Le Mouv', France Bleu, France Culture et France Inter vont  -enfin - être nommés, ainsi que le directeur général des antennes. Si "on" attend c'est à cause du principe même de la procédure qui a créé du buzz là où il n'en fallait surtout pas. Et maintenant, sitôt connus les lauréats, la presse people culturelle (si ça existe) va se déchaîner pour tirer des plans sur la comète à savoir si Machin sera reconduit à la rentrée et si Truque va revenir en odeur de sainteté. Autant dire du gros trash à ne lire sous aucun prétexte.

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• RF8, is good for you
La plateforme musique du groupe Radio France a fini par sortir des cartons des développeurs et autres artistes de la création web. Belle "prés." et originalité pour accéder aux perles des sept chaînes du groupe qui peuvent ici retrouver une "nouvelle vie". J'imagine qu'Antoine Sire a fondu sur le joli doc de Joy Division et peut être aussi sur celui des B.O. de films… (qui ce samedi ne démarre pas). À la différence des plateformes en listes (Deezer, Spotify,…) il y a ici le souci d'éditorialisation et de rendre contributeurs les producteurs attachés à la musique. On guettera l'arrivée de Laurent Valero et Thierry Jousse (France Musique), de Christophe Crenel (Le Mouv'),





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• Nina Simone
Elodie Maillot et Manoushak Fashahi ont réalisé une petite perle sensible en s'approchant du mythe "Nina Simone"… Bon on se demandera toujours ce qui oblige cette émission du samedi après-midi sur France Culture à se produire dans un tel format. Pourquoi pas 75' ("Nuits magnétiques"), pourquoi pas 120' ("Culture Monde") etc… C'est quoi ce modèle pré-établi d'une heure ? Comme si "nous" étions encore sous le coup du rapport Ténèze, du nom de celui qui, à la demande de Michel Boyon (Pdg de Radio France), fit beaucoup pour induire le "nouveau France Culture" que Laure Adler mettra en œuvre à partir de la rentrée 1999. 




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• Commentaires
Je n'attendrai, ni la Saint Glin-glin, ni lundi prochain pour commenter le résultat des courses… Et me permettre quelques avis si les jockeys sont connus…

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(1) Jean-Jacques Bourdin, Le cherche midi, 2013

lundi 12 mai 2014

Par la porte ou par la fenêtre…

Oui je sais vous pourriez trouver ce "bloc-notes" un peu long, mais voilà un hebdo c'est plus épais qu'un quotidien. Et "faut qu'ça vous dure" la semaine ! Donnez-moi votre avis sur le sujet…
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Ajout du 15 mai
Nominations
Disons qu'en temps qu'auditeur ou "veilleur de radio" on est un peu surpris des annonces concernant les directions des chaînes de Radio France qui, après celles de Marie-Pierre de Surville, directrice de France Musique et de Laurent Guimier, directeur de France Info, restent en stand by. Pourquoi ? Les deux mois de "tuilage" entre les deux Pdg auraient dû permettre d'annoncer le même jour les directeurs des sept chaînes du groupe. Qu'est ce qui bloque ? Qui négocie quoi ? Quels enjeux de programmes, de personnalités, de voix, de budgets, de prérogatives ? Pourquoi ceux potentiellement annoncés pour garder leur poste n'y sont-ils pas confirmés ? À France Culture, à France Bleu ?

Mardi 13 mai à 11h30, Mathieu Gallet à accueilli au 1er étage de la Maison de la radio plus de deux mille personnes qui pendues à ses lèvres pensaient que des noms sortiraient du chapeau que le Pdg ne porte pas… encore. Hier c'était au tour du directeur de la Musique, Jean-Pierre Rousseau, d'être nommé. Il semble que les autres nominations interviendraient en début de semaine prochaine. Un peu difficile à vivre pour le personnel qui n'en finit plus de ronger son frein. "À quelle sauce va t-on être mangé ?", pour quels programmes, pour quelle ligne éditoriale ? L'effet de "traine" amorcé en novembre 2013 qui lançait la procédure de nomination du Pdg de Radio France par le Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) n'a que trop duré. Cet attentisme est déstabilisant et laisse déjà une impression de "tergiversation" un tout petit peu déroutante quand on pouvait attendre de la visibilité et la direction d'un cap à suivre stimulant pour l'ensemble de la chaîne de production de la radio publique. Le "wait" est passé, il serait temps de "see"…

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• Global
Avant de quitter l'Institut national de l'audiovisuel (Ina), son Pdg, Mathieu Gallet (1), nous avait, en mars, livré son journal. Enfin pas son journal personnel, mais la revue trimestrielle que l'Institut avait décidé d'éditer pour porter "un autre regard sur les médias" comme l'annonce la couverture du n°1. Sur la couv' (recto et verso) de ce nouveau mook (2) nous reconnaissons Françoise Giroud et Roland Barthes, deux icônes intellectuelles des trente glorieuses. "Avec une revue papier, nous voulons provoquer des débats et confronter les points de vue des chercheurs, des journalistes et des acteurs de l'audiovisuel", annonce le Pdg. Ben, je suggèrerais immédiatement à son-sa remplaçant-e de provoquer un débat sur…  la radio. Car je n'ai rien trouvé dans cette première livraison concernant le média audio.

Mais, présentée pleine page à la verticale, une pensée flamboyante de Jean-Luc Godard "Notre époque est à la recherche d'une question perdue, comme fatiguée par toutes les bonnes réponses", qui peut nous tenir une bonne semaine au moins, tant la société du spectacle en produit au kilomètre… des bonnes réponses. Et celle-ci de Françoise Giroud qui, à quelques heures de la nomination d'au moins deux femmes pour les chaînes de Radio France, prend une saveur toute particulière : "La femme serait vraiment l'égale de l'homme le jour où, à un poste important, on désignerait une femme incompétente". Au titre des "archives" la revue se termine par "la transcription d'une émission célèbre ou inconnue de la télévision française" (3).
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• "Reconstitution de ligue dissoute"


C'est le titre -espiègle- qu'a choisi Patrick Boyer, le journaliste du 13h d'Inter pour présenter l'invité de Jean Lebrun dans sa "Marche de l'histoire" (4) du mercredi 7 mai, Patrice Gélinet qui, pendant douze ans, a animé sur France Inter "2000 ans d'histoire" précisément à cette heure-là. Le télescopage est sympathique et Lebrun n'a pas loupé d'inviter Gélinet qui publie "Indochine, 1945-1954, chronique d'une guerre oubliée" (5). Écouter sur le player ci-dessous.

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• Le système BdC
Laurent Voulzy avait inventé "Le paradoxal système", Télérama celui de la "Boule de Cristal". En manque d'information, quelques jours avant la prise de fonction du nouveau Pdg de Radio France, le service radio de l' hebdomadaire publie sur son site "Les dix qui devraient faire Radio France" (6). Et là, je vous le donne Émile, en tête de liste nous retrouvons Mathieu Gallet. Non, serait-ce possible, le Pdg va compter pour Radio France ? Voilà une prophétie digne du journalisme d'investigation. S'en suivent neuf noms, dont six tournent chez tous les bookmakers (7) et trois autres dont l'un, -Laurence Bloch-, serait la "surprise" des nominations à venir (8). À l'heure où vous lirez ces lignes le résultat sera peut-être connu et si la prophétie "Bloch" s'avère juste, Télérama ne manquera pas de souligner "comme nous l'annoncions dès le 2 mai". La méthode Coué appliquée aux "bla-bla".

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• Cause commune… cause toujours
"A l’invitation de France Culture, les six grands quotidiens nationaux - Aujourd’hui en France/ Le Parisien, la Croix, le Figaro, l’Humanité, Libération, le Monde - ont accepté de faire cause commune avec la chaîne. La crise que traverse actuellement la presse écrite est à l’origine de cette démarche inédite, qui, à six reprises, associera pendant une journée, les forces complémentaires de la radio et de la presse quotidienne." Voilà ce que l'on trouve sur le site de France Culture pour une opération commencée en avril 2013. Depuis Libération sombre, Le Monde explose et L'Huma a une nouvelle maquette. Y a-t-il eu depuis des débats de fond dans la matinale, dans les émissions d'infotainment ? J'en doute mais elles m'ont peut-être échappé ! Alors qu'il y avait lieu pour faire suite à cette opération de prestige et de communication de proposer aux auditeurs des "lieux" de débat et d'analyse.

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• Où il est question de Roland Barthes… et de Colette Fellous

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• Final cut
Vendredi dernier, fin de journée, les derniers pronos' pour le prix de l'Arc de Triomphe de Radio France : Inter : Bloch, Culture : d'Arvor, Info : Guimier, Bleu : Perrier, Musique : de Surville, Le Mouv' : Laforestrie, Fip : ?

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• Mathieu Gallet, un moderne
Samedi dernier, à la Une du Monde (9), Mathieu Gallet s'affiche dans un article où Raphaëlle Bacqué, grand reporter et spécialiste politique, dresse son portrait à travers son parcours dans les arcanes du pouvoir. On constatera immédiatement que l'homme trouve sa place en Une du quotidien et pas dans les "petites pages" radio qui ne conviendraient sûrement pas à sa stature. Qu'on se le dise donc, Mathieu Gallet est un moderne. De là à s'imaginer qu'il remplacerait un "ancien" il n'y a qu'un pas que Bacqué ne franchira jamais mais que des lecteurs au fait de la radio… "Mathieu Gallet est un cas intéressant d'ascension contemporaine" écrit Bacqué. Quant à la radio en elle-même c'est Frédéric Schlessinger qui s'en chargera. Avec le nouveau souffle stratégique que le Pdg veut impulser à la maison ronde il risque d'y avoir du vent dans les voiles. Et Raphaëlle Bacqué de conclure : "Lundi 12 mai, il sera là à 7 heures pour saluer son nouveau monde. C'est maintenant que les choses sérieuses commencent."

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• Transistor… mon amour
Il est un fondu de la bande FM, capable de vous dire en quelques secondes le nom de l'animateur qui sur le Mouv' a ouvert l'antenne à Toulouse en 1997, mais aussi le nom de celle qui, au pied levé, a remplacé en 1999, le 14 juillet, l'animateur de la matinale de la radio locale de Perpignan. Il a des fiches mais il a surtout de la mémoire et une solide pratique adolescente et adulte de la radio. Et ce gaillard aime surprendre. Par exemple le 8 mai sur Twitter il met en avant la recherche de T. VIgnaud qui publie le programme d'une journée d'Inter du 8 mai 1974. L'occasion de retrouver des noms de producteurs, d'émissions, des voix (extraits), des sons et, ce qui faisait la patte d'Inter, une grille subtile et solide. Merci Hervé de nous faire partager les trouvailles de ta petite entreprise.

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• Premier rendez-vous d’écoutes collectives à Besançon
Dimanche 18 mai à partir de 16h. Au grenier du 4B place du Jura. Une sélection d’une dizaine de sons avec pauses. Entrée libre (dans la limite des places disponibles). 06.84.19.40.73
https://www.facebook.com/events/1424135027848386/?notif_t=plan_user_joined
Radio Demain

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____________________________________________________________        À lundi prochain…


(1) Ci-devant, depuis ce matin Pdg de Radio France,
(2) "Mook" est la contraction de "Magazine" et de "Book", 
(3) "Lectures pour tous" du 29 mai 1957, à propos des "Mythologies" de Roland Barthes par Pierre Desgraupes,
(4) Du lundi au vendredi, 13h30,
(5) Acropole, 2014. Avec, tout au long du livre, des flashcodes qui permettent d'écouter des extraits des sept émissions réalisées par Christine Bernard-Sugy pour France Culture en 1990,
(6) Le 2 mai,
(7) Sur ces six, 4 ont déjà des responsabilités à Radio France (Jouan, Ronez, d'Arvor, Perrier), 2 sont très attendus : Frédéric Schlessinger, ex-directeur d'Inter (pour prendre la direction générale des antennes), Laurent Guimier (journaliste à Europe 1, futur directeur de France Info). Les trois autres sont : Laurence Bloch (directrice adjointe d'Inter), Emmanuel Perreau (ex-Inter, aux programmes d'Europe 1 aujourd'hui), Monique Denoix (Ina),
(8) Immédiatement opérationnelle pour le poste de directrice d'Inter et la reconnaissance d'une carrière de productrice et d'adjointe aux programmes de Culture et Inter,
(9) Daté 11-12 mai 2014.

lundi 5 mai 2014

La radio ? Pas morte…


• Michel Serres









L'écrivain et philosophe français, pourrait être le parrain de ma nouvelle formule puisqu'il a déclaré à la Radio Télévision Belge Francophone (1) : "Le numérique ne signera pas l'arrêt de mort de la radio. Le passage au numérique est aussi important que le passage de l'oral à l'écrit. C'est une troisième étape." Je peux donc encore envisager écrire quelques "semaines" sur ce média qui continue de faire frétiller les auditeurs, les Pdg de groupe radio, les publicitaires, mais surtout ceux qui s'y engagent pour produire des émissions qui donnent du sens à un sujet, une thématique, des idées… Quant au numérique et à son corollaire la Radio Numérique Terrestre (RNT), le nouveau Pdg de Radio France, Mathieu Gallet, motivera peut-être le gouvernement à s'y intéresser ?

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• Serpent de mer 




D'un serpent de mer (la RNT) à l'autre (la radio filmée) il n'y a qu'un pas que successivement "Le Parisien" et "Le Monde" ont allègrement franchi à quelques jours d'intervalle (2). Tant qu'à faire de s'exciter avec la radio, rêvons donc d'une-radio-avec-des-images-qui-ne-serait-pas-de-la télé-mais-que-ça-serait-presque-pareil-au-final. Que nous apprend le Parisien : "En pointe chez les généralistes, Europe 1 et RTL ne cessent d'enrichir leur offre de vidéo live… aujourd'hui la vidéo est incontournable à la radio. « C'est le format roi sur Internet, le plus rémunérateur », estime Tristan Jurgensen, directeur général de Rtl. net." Le bon mot est lâché "rémunérateur". Cela concerne donc les radios… commerciales qui vont y trouver d'autres sources de profit. Mais pour la radio publique ? "France Info souhaite pouvoir proposer l'invité de 8h15 en direct avant l'été et se lancer dans «la radio visuelle» à la rentrée. « On ne peut plus se contenter de bien filmer ce qui se passe en studio, il faut enrichir ce flux vidéo de base de données associées telles des iconographies, explique Frédéric Wittner, rédacteur en chef de France Info. Ce sera plus que de la radio, pas de la télé, du Web finalement." écrit Le Parisien.



Et Le Monde de préciser : "Aujourd’hui, le débat philosophique sur “Doit-on ou non filmer la radio” est dépassé. Le vrai débat, c’est comment filmer la radio ! Il suffit de regarder ce que fait la concurrence ou comment nos enfants consomment la radio », assène Joël Ronez, directeur des nouveaux médias du groupe Radio France. Dès que je croise Joël Ronez je lui demande où a t-il entendu ce "débat philosophique" ? Par contre nous sommes quelques-uns à s'être interrogés, pas complètement convaincus de l'indispensable suprématie de l'image sur le son. Wait and see… c'est le cas de le dire. Et maintenant "la tarte à la crème" : "pour attirer un nouvel auditoire et séduire les jeunes élevés dans la culture de l’image, les radios doivent se lancer sans rechigner dans la production vidéo." écrit Alain Constant du Monde. Imparable. Yapuka !

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• Starting blocks 

L'ancien et le nouveau Pdg de Radio France













En mai, entre deux ponts… (sur la Seine), Mathieu Gallet va donc passer le gué et franchir les portes de la Maison ronde (Radio France) qu'il présidera à partir du 12. Sans attendre "Les Échos" l'ont interviewé. Comme souvent avec ce journal on pouvait s'attendre à ce que soient ignorés le people et autres épanchements affectifs dont la presse culturelle audiovisuelle aime faire ses choux gras. En titre "Je veux transformer Radio France" (3). "On" ne pourra pas dire qu'"on" n'a pas été prévenu ! Voici quelques convictions et/ou pronostics du futur Pdg :
• "N’oublions pas que la force de la radio est qu’elle continue de s’appuyer sur des talents,
• Les jeunes générations n’auront sans doute pas le réflexe «transistor», mais elles ne vont pas abandonner la radio pour autant,
• [La radio] doit s’enrichir, en mariant le son et les formats numériques comme les vidéos ou les infographies,
• Je souhaite avoir autour de moi une équipe soudée, resserrée et réactive. Elle sera construite en m’appuyant sur les remarquables expertises internes comme sur des compétences qui viendront de l’extérieur. Je veux aller vite pour impulser un changement dès mon arrivée. Dans mon équipe je nommerai un responsable en charge de la cohérence et la complémentarité de nos sept chaînes, avec l’ambition de toucher un public le plus large possible. Il devra s’assurer que l’on ne fait pas quatre fois la même matinale par exemple!
• On peut envisager des synergies entre les entreprises de l’audiovisuel public comme France Télévisions, France Médias Monde et l’INA qui ont toutes développé des plates-formes numériques performantes. Il faut d’abord travailler sur les outils et les réseaux, afin que les systèmes se comprennent, soient compatibles. Après, chacun doit pouvoir s’enrichir des contenus de l’autre, la vraie complémentarité est là,"

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• Mermet diplo… mat
Sous un titre qu'il affectionne, "Rapprocher le micro de la fenêtre", Daniel Mermet signe dans Le Monde Diplomatique du mois de mai un article surtitré "Radio France, un trésor national gâché par le conformisme". Et de commencer par enfoncer le clou d'une "vérité" entendue dans l'ascenseur "Bah ! Les auditeurs reviennent toujours !" (suite aux grèves, NDLR). On ne serait pas loin de le croire tant les habitudes et autres addictions d'écoute de la radio ne riment pas du tout avec le butinage de la bande FM. Mermet de citer trois exemples emblématiques de "fâcheries" qui n'ont jamais empêché les auditeurs de "revenir". Et d'ajouter "L'audience est devenue la seule boussole de France Inter". L'animateur de "Là-bas si j'y suis" (4) en profite pour désacraliser le slogan historique de sa chaîne "Écoutez la différence" qui, à la "sauce" d'aujourd'hui, n'a plus du tout le même sens, particulièrement quand il est affirmé par Philippe Val, le (encore) directeur de France Inter. Et Mermet de revenir sur les "débuts" de la radio publique après guerre (1944) où un certain Pierre Schaeffer… On pourrait reprocher à Mermet de "croire" qu'il n'y a pas de publicité à France Inter. Mais approuver qu'il se désole de ne disposer d'"aucune critique" du média (dans la presse au sens large, NDLR) et, qui plus est, très peu étudié par les chercheurs. "Bien peu de chose sur ce prodigieux moyen d'éducation populaire susceptible de combattre la fracture culturelle, de favoriser l'émancipation collective et l'épanouissement individuel". CQFD.

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• De Mermet à… Chloé Sanchez il n'y a qu'un pas (de deux)
Au Festival "Longueur d'Ondes" à Brest, en février dernier, nous avons pu écouter dans la soirée consacrée à Daniel Mermet "La Fabrique de Là-bas" de Chloé Sanchez, productrice de documentaires, qui comme réalisatrice de l'émission "Là-bas si j'y suis", a pu enregistrer les coulisses trépidantes d'une émission sans doute "en voie de disparition". Ses rushes montés elle les a offert à Syntone, qui les a publiés sur son site.



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(1) Invité de Matin Première le 28 mars à l'occasion des 100 ans de la radio,
(2) "Le son sans l'image ne suffit plus" Le Parisien, 16 avril 2014. "La radio veut se faire voir" Le Monde Television 27 avril 2014,
(3) Les Échos, 28 avril 2014 par Grégoire Poussielgue et David Barroux,