Vous me pardonnerez l'immodestie de ce titre, mais je me dois de vous donner des nouvelles de cette publication que vous êtes fidèles à suivre. Créée le 17 juillet 2011, la barre des 700 000 visites le 31 mars a été franchie (+ 36 000 depuis) et ce billet est le mille-huit-cent-soixante et unième. Sachant qu'en juin j'ai vraiment levé le pied. Cet été j'écrirai de temps en temps pour des émissions qui m'auront titillé l'oreille. Ce sera l'été en pente douce.
À la rentrée (4 septembre, pour moi) je prendrai au minimum une année sabbatique de publications liées à l'écoute, l'actualité radiophonique et ses acteurs de la radio de flux. J'ai besoin de prendre l'air, d'écouter sans penser et de penser sans écouter ;-) Mais, mais, mais, je vous prépare un grand feuilleton historico-radiophonique qui devrait vous tenir en haleine jusqu'au 30 juin 2018, à raison de deux billets/semaine, le lundi et le vendredi. Pour parler de quoi ? Ben ça c'est une surprise (1) !
Je compte sur vous bien sûr en espérant que vous vous régalerez (j'y travaille déjà depuis avril) ! Bonnes vacances si vous en prenez. Belle vie dans le tourbillon quotidien. "Saludas" comme disait Jean-Pierre Chabrol, poète, écrivain homme de radio, tous les jours au micro de France Inter, le midi 12h30/12h45 pour la saison 1982/1983 (avec Gilles Davidas pour réalisateur).
(À suivre)
(1) Je ne vous l'a jouerai pas à la Syntone qui, en 2012 je crois, nous avait prévenu en juillet d'un méga-super dossier pour septembre (arte radio),
"Un média de service public n’est pas fait pour l’audience mais pour remplir des missions qui sont de faire vivre des valeurs de démocratie, de culture et de création." Jean-Paul Philippot, administrateur général de la RTBF (Radio Télévision Belge Francophone)
vendredi 30 juin 2017
mercredi 28 juin 2017
Des carnets… à l'écoute (de la radio)
J'ai fait hier un teasing sur Twitter en annonçant qu'il était assez probable que j'écrive aujourd'hui sur "La revue de l'écoute - Les carnets de Synthone". Le suspense n'aura pas duré trop longtemps. Il est bon que je vous précise, mes chers auditeurs, que j'ai commis quelques petites histoires et dessins dans le n°10 qui vient de paraître (1). Je me garderai donc bien d'en parler ici. Une autre de mes passions étant la presse et l'édition, vous ne serez pas surpris que je m'intéresse aussi à la forme de la revue.
Syntone, animée par Etienne Noiseau, s'est fait connaître pour sa passion de l'art radiophonique avec un blog depuis décembre 2008, devenue revue numérique et revue papier. "Poètes vos papiers" chantait Ferré. Éditer une revue papier au XXIème siècle est certainement un pari un peu fou même si Syntone peut s'appuyer sur une communauté d'aficionados de radio élaborée, ciselée, créative. Syntone a fait le choix de défendre et promouvoir une "niche" qui, petit à petit, quitte les ondes de la radio publique pour festoyer sur des radios associatives avec des créateurs sonores qui poussent loin l'art radiophonique.
Écrire sur la radio ?
Si je me sens participer un peu de cette aventure devenue totalement marginale, je pense qu'il faut être totalement radiophile pour prolonger le plaisir de l'écoute par le plaisir d'approfondir le "sujet". Ce n°10 des "Carnets de Syntone" s'ouvre sur une interview de Pascale Pascariello, journaliste indépendante et reporter (2). Quand on a la chance d'avoir dans l'oreille le travail de Pascariello on a assez envie de mieux connaître la personne qui propose toujours des reportages "à la marge", très forts, très sensibles (3).
Sur la forme de la revue (13 x19,5cm) qui pourrait rappeler la formidable réussite éditoriale de "La hulotte" pendant un demi-siècle, je pense qu'il faut faire attention qu'un format "confidentiel" ne renforce la "confidentialité" de l'art radiophonique. Sans passer au format de "Le 1", journal en une seule grande feuille qui se déplie, il faut donner à l'engagement pour la création radiophonique, de l'air (on air), de l'espace, de la largeur (d'esprit) et de la hauteur (de vues). Ce sont d'autres contraintes financières et d'édition.
Dans cette revue, les illustrations sont originales (comme elles le sont toujours sur le site depuis sa création), et les couvertures très pop. Sympa aussi la "fiche cuisine" qui ici nous initie à la "fabrique et l'adaptation des câbles audio". Là on est bien dans l'esprit de la Hulotte, éducation populaire, débrouillardise et partage. Et on se régale à lire la "petite histoire des faux-semblants radiophoniques", qui en est déjà à son épisode 7.
Voilà, mes chers auditeurs, furetez dans vos médiathèques pour avoir un premier aperçu de cette revue "modeste et géniale" (merci Mermet)…
(1) Contact : http://syntone.fr/la-revue-de-lecoute/
(2) Par Clément Baudet,
(3) Je me demande si dans plusieurs mois, le temps de laisser vivre la revue, il ne faudrait pas donner à entendre le son de l'interview de Baudet, sur le site de Syntone… ?
Dessin de couv' ©Rosalie Peeters |
Syntone, animée par Etienne Noiseau, s'est fait connaître pour sa passion de l'art radiophonique avec un blog depuis décembre 2008, devenue revue numérique et revue papier. "Poètes vos papiers" chantait Ferré. Éditer une revue papier au XXIème siècle est certainement un pari un peu fou même si Syntone peut s'appuyer sur une communauté d'aficionados de radio élaborée, ciselée, créative. Syntone a fait le choix de défendre et promouvoir une "niche" qui, petit à petit, quitte les ondes de la radio publique pour festoyer sur des radios associatives avec des créateurs sonores qui poussent loin l'art radiophonique.
Écrire sur la radio ?
Si je me sens participer un peu de cette aventure devenue totalement marginale, je pense qu'il faut être totalement radiophile pour prolonger le plaisir de l'écoute par le plaisir d'approfondir le "sujet". Ce n°10 des "Carnets de Syntone" s'ouvre sur une interview de Pascale Pascariello, journaliste indépendante et reporter (2). Quand on a la chance d'avoir dans l'oreille le travail de Pascariello on a assez envie de mieux connaître la personne qui propose toujours des reportages "à la marge", très forts, très sensibles (3).
Sur la forme de la revue (13 x19,5cm) qui pourrait rappeler la formidable réussite éditoriale de "La hulotte" pendant un demi-siècle, je pense qu'il faut faire attention qu'un format "confidentiel" ne renforce la "confidentialité" de l'art radiophonique. Sans passer au format de "Le 1", journal en une seule grande feuille qui se déplie, il faut donner à l'engagement pour la création radiophonique, de l'air (on air), de l'espace, de la largeur (d'esprit) et de la hauteur (de vues). Ce sont d'autres contraintes financières et d'édition.
Dans cette revue, les illustrations sont originales (comme elles le sont toujours sur le site depuis sa création), et les couvertures très pop. Sympa aussi la "fiche cuisine" qui ici nous initie à la "fabrique et l'adaptation des câbles audio". Là on est bien dans l'esprit de la Hulotte, éducation populaire, débrouillardise et partage. Et on se régale à lire la "petite histoire des faux-semblants radiophoniques", qui en est déjà à son épisode 7.
Voilà, mes chers auditeurs, furetez dans vos médiathèques pour avoir un premier aperçu de cette revue "modeste et géniale" (merci Mermet)…
(1) Contact : http://syntone.fr/la-revue-de-lecoute/
(2) Par Clément Baudet,
(3) Je me demande si dans plusieurs mois, le temps de laisser vivre la revue, il ne faudrait pas donner à entendre le son de l'interview de Baudet, sur le site de Syntone… ?
mardi 27 juin 2017
Tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil…
Même si au printemps je me lève avec le soleil, je voulais ce matin être sûr de me réveiller comme l'auditeur qui, chaque matin à 7h, aime entendre l'animatrice de Fip lui souhaiter un bon jour différent chaque jour… Mais l'annonce qu'il a entendu ce matin ne l'a sûrement pas incité à sortir de dessous sa couette "en raison d'un appel à la grève de l'ensemble des organisations syndicales portant sur le projet d'évolution des locales de Fip nous ne sommes pas en mesure de diffuser l'intégralité de nos programmes habituels, nous vous prions de nous en excuser".
Fip sans voix…
Difficile pour un auditeur - non averti - de distinguer un programme musical de grève d'un programme habituel. La différence sensible l'animation, de 7h à 19h dans les locales, de 7h à 22h sur l'antenne parisienne. Que sait-il l'auditeur de sa radio dont il n'imagine jamais qu'elle puisse seulement s'arrêter quelques minutes, une heure ou un jour entier ? Chaque jour il apprête ses oreilles à être surprises d'une succession d'enchaînements subtils, d'airs nouveaux, de chansons plus anciennes et d'instrumentaux qui lient le tout. Mais ce n'est pas à la radio qu'il apprendra ce qui se cache derrière le programme musical de Fip qui irrigue les ondes depuis le 5 janvier 1971.
Malgré le mantra "Fip est une pépite", comprendre "on n'y touchera pas", psalmodié à tout bout d'champ par Mathieu Gallet, Pdg de Radio France depuis mai 2014, la directrice de l'antenne, Anne Sérode, annonce le 23 mars 2017 dans un CCE (Comité Central d'Entreprise) un projet d'évolution des locales de Fip (Bordeaux, Nantes, Strasbourg) qui verraient, au fur et à mesure des départs en retraite, l'extinction définitive de ces locales. Le 21 juin dernier lors d'un nouveau CCE, le projet n'ayant pas évolué et confirmant le flou sur le sort et la forme réservés aux informations locales, l'appel à la grève pour ce 27 juin a été lancé par l'ensemble des organisations syndicales de Radio France.
Le projet élaboré par Frédéric Schlesinger (ex n°2 chargé de l'éditorial et des antennes) démissionnaire et futur vice-directeur général d'Europe 1 et, Anne Sérode, démissionnaire sera mené par Bérénice Ravache sa remplaçante (en poste au 1er août). Comme je l'ai déjà écrit plusieurs fois, c'est la régionalisation à Radio France qui a du plomb dans l'aile. Fip, France Bleu et Mouv' ont été, depuis leurs origines respectives, des variables d'ajustement au gré du "fait du prince" ou de quelques tendances politiques décentralisatrices éphémères. Une organisation régionale de radiodiffusion publique pérenne n'a jamais été actée ni par la tutelle (Culture, Finances) ni par les équipes de direction successives à la tête de Radio France.
Le projet "France Médias" pour l'audiovisuel public évoqué par le nouveau Président de la République Emmanuel Macron et, la volonté d'autonomie revendiquée par les Pdg Gallet et Ernotte (France Télévisions) pour amplifier les rapprochements des chaines de radio et de télévisions à l'exemple de France Info, n'augurent rien de serein pour le modèle des locales de Fip qui, depuis plus de 40 ans avaient réussi à fédérer sur la longue durée auditeurs et partenaires culturels régionaux.
Le titre de ce billet fait référence au film de Jean Yanne "Tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil" (1972) qui fustigeait les travers de la radio commerciale des années 70.
Fip sans voix…
Difficile pour un auditeur - non averti - de distinguer un programme musical de grève d'un programme habituel. La différence sensible l'animation, de 7h à 19h dans les locales, de 7h à 22h sur l'antenne parisienne. Que sait-il l'auditeur de sa radio dont il n'imagine jamais qu'elle puisse seulement s'arrêter quelques minutes, une heure ou un jour entier ? Chaque jour il apprête ses oreilles à être surprises d'une succession d'enchaînements subtils, d'airs nouveaux, de chansons plus anciennes et d'instrumentaux qui lient le tout. Mais ce n'est pas à la radio qu'il apprendra ce qui se cache derrière le programme musical de Fip qui irrigue les ondes depuis le 5 janvier 1971.
Malgré le mantra "Fip est une pépite", comprendre "on n'y touchera pas", psalmodié à tout bout d'champ par Mathieu Gallet, Pdg de Radio France depuis mai 2014, la directrice de l'antenne, Anne Sérode, annonce le 23 mars 2017 dans un CCE (Comité Central d'Entreprise) un projet d'évolution des locales de Fip (Bordeaux, Nantes, Strasbourg) qui verraient, au fur et à mesure des départs en retraite, l'extinction définitive de ces locales. Le 21 juin dernier lors d'un nouveau CCE, le projet n'ayant pas évolué et confirmant le flou sur le sort et la forme réservés aux informations locales, l'appel à la grève pour ce 27 juin a été lancé par l'ensemble des organisations syndicales de Radio France.
Le projet élaboré par Frédéric Schlesinger (ex n°2 chargé de l'éditorial et des antennes) démissionnaire et futur vice-directeur général d'Europe 1 et, Anne Sérode, démissionnaire sera mené par Bérénice Ravache sa remplaçante (en poste au 1er août). Comme je l'ai déjà écrit plusieurs fois, c'est la régionalisation à Radio France qui a du plomb dans l'aile. Fip, France Bleu et Mouv' ont été, depuis leurs origines respectives, des variables d'ajustement au gré du "fait du prince" ou de quelques tendances politiques décentralisatrices éphémères. Une organisation régionale de radiodiffusion publique pérenne n'a jamais été actée ni par la tutelle (Culture, Finances) ni par les équipes de direction successives à la tête de Radio France.
Le projet "France Médias" pour l'audiovisuel public évoqué par le nouveau Président de la République Emmanuel Macron et, la volonté d'autonomie revendiquée par les Pdg Gallet et Ernotte (France Télévisions) pour amplifier les rapprochements des chaines de radio et de télévisions à l'exemple de France Info, n'augurent rien de serein pour le modèle des locales de Fip qui, depuis plus de 40 ans avaient réussi à fédérer sur la longue durée auditeurs et partenaires culturels régionaux.
Le titre de ce billet fait référence au film de Jean Yanne "Tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil" (1972) qui fustigeait les travers de la radio commerciale des années 70.
lundi 26 juin 2017
La mémoire en chantant… la mémoire enchantée
Puisque la fin de la saison radiophonique approche. Puisque "les nouvelles sont mauvaises d'où qu'elles viennent" (1). Puisqu'un merveilleux îlot de créations radiophoniques persiste sur les flots de France Culture (2). Puisque que grâce à François-Régis Barbry on peut passer de la "Mémoire en chantant" à la mémoire enchantée, laissons-nous porter… le long des golfes clairs de Trenet, rediffusée dans la nuit du 24 au 25 juin. Y'a d'la joie !
Charles Trenet (Avril 1988, pour la 150ème de l'émission)
Barbry faisait en 20' une émission ciselée, fine et subtile. Il rassemblait en quelques mots et quelques chansons la quintessence de ceux qu'il présentait dans son émission hebdomadaire. Sans monter sur la table, sans jamais se mettre en avant. L'exact contraire de ceux qui, sur une autre chaîne de Radio France s'arrangent toujours pour que leur nom soit cité à longueur d'autopromo, d'émissions ou de concerts publics. Barbry avait le charme de la discrétion.
Robert Doisneau
Après les "Voix du silence" d'Antoine Spire… le samedi, c'était vingt minutes d'un moment léger, simple et doux. Jean-Marie Borzeix, le directeur de la chaîne depuis 1984, avait peut-être croisé et connu Barbry au quotidien "La Croix" où dans d'autres titres de presse avec lesquels le producteur collaborait sur sa spécialité, la chanson. Quel bonheur en pensant que pendant treize ans Barbry anima cette émission le même jour au même horaire. Un rendez-vous sur la longue durée comme il en existe de moins en moins.
Angélique Ionatos
L'occasion pour moi de réécrire qu'une telle émission aurait toute sa place sur France Musique aujourd'hui. Sur la chanson only ! Pas sur la prise de la Bastille ou la mort de Franco avec de la chanson autour. Pourquoi la chaîne n'ouvrirait-elle pas son antenne à 7h avec une chanson ? Ce deviendrait vite une image de marque et, tant pis si ça défrise les tenants de l'"ordre classique" (4).
Fernand Raynaud
L'ina a archivé cinq-cent-quarante-huit émissions de "La mémoire…". La dernière, le 31 juillet 1998, recevait Jeanne Benameur, écrivaine. J'ai passé une bonne partie de mon dimanche a réécouter ces quatre émissions, et quelques autres sur cassettes (5). Barbry est touchant de justesse, de sensibilité et de subtilité. Vincent Théval avait inventé il y a quelques années sur France Musique "L'Instant pop", il reste à inventer en quotidienne "L'instant chanson". À bon entendeur, salut !
(1) Stephan Eicher,
(2) "Les nuits", minuit/5h,
(3) Producteur de "La mémoire en chantant", le samedi à 10h40, 1985-1998. Barbry est décédé le 25 août 1998, d'une rupture d'anévrisme. Il avait 56 ans,
(4) Sur France Culture, Hélène Azera anime "Chanson boum", le vendredi 23h/minuit,
(5) Je viens de faire l'acquisition d'une machine qui peut lire ce genre de bestiaux ;-)
Charles Trenet (Avril 1988, pour la 150ème de l'émission)
Barbry faisait en 20' une émission ciselée, fine et subtile. Il rassemblait en quelques mots et quelques chansons la quintessence de ceux qu'il présentait dans son émission hebdomadaire. Sans monter sur la table, sans jamais se mettre en avant. L'exact contraire de ceux qui, sur une autre chaîne de Radio France s'arrangent toujours pour que leur nom soit cité à longueur d'autopromo, d'émissions ou de concerts publics. Barbry avait le charme de la discrétion.
Robert Doisneau
Après les "Voix du silence" d'Antoine Spire… le samedi, c'était vingt minutes d'un moment léger, simple et doux. Jean-Marie Borzeix, le directeur de la chaîne depuis 1984, avait peut-être croisé et connu Barbry au quotidien "La Croix" où dans d'autres titres de presse avec lesquels le producteur collaborait sur sa spécialité, la chanson. Quel bonheur en pensant que pendant treize ans Barbry anima cette émission le même jour au même horaire. Un rendez-vous sur la longue durée comme il en existe de moins en moins.
Angélique Ionatos
L'occasion pour moi de réécrire qu'une telle émission aurait toute sa place sur France Musique aujourd'hui. Sur la chanson only ! Pas sur la prise de la Bastille ou la mort de Franco avec de la chanson autour. Pourquoi la chaîne n'ouvrirait-elle pas son antenne à 7h avec une chanson ? Ce deviendrait vite une image de marque et, tant pis si ça défrise les tenants de l'"ordre classique" (4).
Fernand Raynaud
L'ina a archivé cinq-cent-quarante-huit émissions de "La mémoire…". La dernière, le 31 juillet 1998, recevait Jeanne Benameur, écrivaine. J'ai passé une bonne partie de mon dimanche a réécouter ces quatre émissions, et quelques autres sur cassettes (5). Barbry est touchant de justesse, de sensibilité et de subtilité. Vincent Théval avait inventé il y a quelques années sur France Musique "L'Instant pop", il reste à inventer en quotidienne "L'instant chanson". À bon entendeur, salut !
(1) Stephan Eicher,
(2) "Les nuits", minuit/5h,
(3) Producteur de "La mémoire en chantant", le samedi à 10h40, 1985-1998. Barbry est décédé le 25 août 1998, d'une rupture d'anévrisme. Il avait 56 ans,
(4) Sur France Culture, Hélène Azera anime "Chanson boum", le vendredi 23h/minuit,
(5) Je viens de faire l'acquisition d'une machine qui peut lire ce genre de bestiaux ;-)
jeudi 22 juin 2017
Youri, au plus haut des cieux…
D'emblée Marcel Zaidner me raconte une histoire (1). D'emblée Marie Chartron prend le relai (2). Comme d'hab', pour une histoire je peux tout arrêter. Ce soir "Creation on air" s'intéresse à Youri Gagarine (3).
Youri qui a marqué la "ceinture rouge" autour de Paris au point de parler de "Youri-sur-Seine". Et la langue russe de croiser la langue de la cité. Celle de Romainville, Drancy ou Colombes. Le mixage de ce doc sublime l'histoire originale que veut nous raconter Marie Chartron. L'histoire parallèle au mythe Youri Gagarine. Un prénom et un nom. Une icône. La propagande soviétique. La guerre froide. Et la conquête de l'espace qui fait rêver et qui assoit le prestige international de l'URSS, pour la conquête de l'espace.
Marie Chartron a imaginé son récit par ce nom du héros répété sur des établissements scolaires, des cités, des rues et peut-être des stades. Un nom qui a fait la fierté des communistes français. Raymonde Laluque, militante, ancienne directrice de l’OPHLM d’Ivry, parle de "satisfaction idéologique" à vénérer l'exploit que va tenter Gagarine, aux yeux du monde.
Marie Chartron en profite pour raconter l'"en marge", la petite histoire populaire en orbite autour du héros Gagarine. Un héros pour la vie et la cité ouvrière… Pour la fierté des humbles et une forme de reconnaissance pour leur condition. Quand, même en France, dans cette banlieue rouge, Youri viendra jusqu'à les visiter.
Réalisation, Nathalie Battus, Mixage, Régis Nicolas.
(1) Organisateur de l’accueil de Gagarine à Ivry-sur-Seine,
(2) France Culture, 23h,
(3) Le 12 avril 1961, Youri Gagarine s’arrache à la pesanteur terrestre pour un vol en orbite de 108 minutes.
Youri qui a marqué la "ceinture rouge" autour de Paris au point de parler de "Youri-sur-Seine". Et la langue russe de croiser la langue de la cité. Celle de Romainville, Drancy ou Colombes. Le mixage de ce doc sublime l'histoire originale que veut nous raconter Marie Chartron. L'histoire parallèle au mythe Youri Gagarine. Un prénom et un nom. Une icône. La propagande soviétique. La guerre froide. Et la conquête de l'espace qui fait rêver et qui assoit le prestige international de l'URSS, pour la conquête de l'espace.
Marie Chartron a imaginé son récit par ce nom du héros répété sur des établissements scolaires, des cités, des rues et peut-être des stades. Un nom qui a fait la fierté des communistes français. Raymonde Laluque, militante, ancienne directrice de l’OPHLM d’Ivry, parle de "satisfaction idéologique" à vénérer l'exploit que va tenter Gagarine, aux yeux du monde.
Marie Chartron en profite pour raconter l'"en marge", la petite histoire populaire en orbite autour du héros Gagarine. Un héros pour la vie et la cité ouvrière… Pour la fierté des humbles et une forme de reconnaissance pour leur condition. Quand, même en France, dans cette banlieue rouge, Youri viendra jusqu'à les visiter.
Réalisation, Nathalie Battus, Mixage, Régis Nicolas.
(2) France Culture, 23h,
(3) Le 12 avril 1961, Youri Gagarine s’arrache à la pesanteur terrestre pour un vol en orbite de 108 minutes.
mercredi 21 juin 2017
Sgt Pepper vs Sgt Paper…
Quelquefois il arrive qu'il me faille, quelques minutes avant diffusion sur les ondes, attraper un paper, écouter tendu et faire mon papier. Ce soir on pourrait dire que Sgt Pepper n'est pas encore mort à la radio (sur Fip ça donne aussi) puisqu'à 23h, France Culture diffuse "Sgt Pepper, suite" de quoi prolonger l'effet 1er juin et le cinquantenaire de l'album des Beatles. C'est heureux. Comme à chaque fois qu'année après année on réécoute les treize morceaux qui composent l'album avec la même joie d'écoute !
Jean-Michel Espitalier, écrivain, interroge une douzaine de musiciens, critiques, compositeurs, écrivains, plasticiens, sur les effets immédiats et différés que cet album a pu avoir sur leur imaginaire. Et c'est assez sympa de constater qu'"on" a tous quelque chose à dire. Comme si cet album essentiel nous permettait de dire des choses essentielles sur l'époque, le style, la folie, la joie, le délire, la fantaisie, l'invention et l'amour. Comme si, plus encore qu'un marqueur, ce disque était une façon d'induire notre propre tournant personnel de vie. Et si, bien plus que ses mélodies et ses paroles, Sgt Pepper faisait fusion avec un bout de notre histoire.
Au cours du doc, la réinterprétation de plusieurs morceaux du disque est subtile et complète le récit. La puissance évocatrice de ces musiques est phénoménale tant elle a fixé la part du rêve. 67 une année charnière pour la fin des utopies, la fin du mouvement hippie, le début et la fin du "summer of love". The dream is over. Mais Sgt Pepper est toujours là ! Même si Jean Rouzaud parle de "dérive du rock n' roll", c'est ça qui est bon. Oui on est impressionné. C'est unique. George Martin a fait des prouesses. Les Fab Four sont montés au zénith. Et sur leur nuage les vibrations étaient excellentes.
Charmant d'entendre Rouzaud parler de notre "naïveté collective". Ben ouais, man. Et c'est ça qui est bon, frais et pop. La naïveté n'est plus c' qu'elle était. Yo ! Et puis si Hendrix, la galette à peine sortie en Angleterre, joue deux jours après le morceau Sgt Pepper devant les Beatles sur une scène anglaise, comment ne pourrait-on pas vénérer cette fanfare devenue mythique augmentée des riffs d'Hendrix ?
Barbara Carlotti a raison de parler d'album enfantin. "On s'amuse". Happyness (is a warm gun). "She's leaving home" est sucré et pétillant (1). Jouons. Jouons-nous des tristes, des aigris, de ceux qui préféraient les Stones, de ceux qui pensent Rock is dead, de ceux qui ne se laissent pas porter par les cithares indiens, et ne passent pas des heures devant la pochette en cherchant encore "qui c'est celui-là ?". Jouons encore et encore ces treize morceaux, en boucle. A night in the life. Cette nuit sera la plus courte. Espitalier a prolongé le rêve. Zyva. Je réécoute à 23 h. With the little help for my friends.
Par Jean-Michel Espitallier, réalisation Nathalie Salles Mixage : Bernard Laniel et Pascal Besnard
(1) By Easy star all-stars feat Kirsty rock,
Fabrication de la pochette… |
Jean-Michel Espitalier, écrivain, interroge une douzaine de musiciens, critiques, compositeurs, écrivains, plasticiens, sur les effets immédiats et différés que cet album a pu avoir sur leur imaginaire. Et c'est assez sympa de constater qu'"on" a tous quelque chose à dire. Comme si cet album essentiel nous permettait de dire des choses essentielles sur l'époque, le style, la folie, la joie, le délire, la fantaisie, l'invention et l'amour. Comme si, plus encore qu'un marqueur, ce disque était une façon d'induire notre propre tournant personnel de vie. Et si, bien plus que ses mélodies et ses paroles, Sgt Pepper faisait fusion avec un bout de notre histoire.
Au cours du doc, la réinterprétation de plusieurs morceaux du disque est subtile et complète le récit. La puissance évocatrice de ces musiques est phénoménale tant elle a fixé la part du rêve. 67 une année charnière pour la fin des utopies, la fin du mouvement hippie, le début et la fin du "summer of love". The dream is over. Mais Sgt Pepper est toujours là ! Même si Jean Rouzaud parle de "dérive du rock n' roll", c'est ça qui est bon. Oui on est impressionné. C'est unique. George Martin a fait des prouesses. Les Fab Four sont montés au zénith. Et sur leur nuage les vibrations étaient excellentes.
Charmant d'entendre Rouzaud parler de notre "naïveté collective". Ben ouais, man. Et c'est ça qui est bon, frais et pop. La naïveté n'est plus c' qu'elle était. Yo ! Et puis si Hendrix, la galette à peine sortie en Angleterre, joue deux jours après le morceau Sgt Pepper devant les Beatles sur une scène anglaise, comment ne pourrait-on pas vénérer cette fanfare devenue mythique augmentée des riffs d'Hendrix ?
Barbara Carlotti a raison de parler d'album enfantin. "On s'amuse". Happyness (is a warm gun). "She's leaving home" est sucré et pétillant (1). Jouons. Jouons-nous des tristes, des aigris, de ceux qui préféraient les Stones, de ceux qui pensent Rock is dead, de ceux qui ne se laissent pas porter par les cithares indiens, et ne passent pas des heures devant la pochette en cherchant encore "qui c'est celui-là ?". Jouons encore et encore ces treize morceaux, en boucle. A night in the life. Cette nuit sera la plus courte. Espitalier a prolongé le rêve. Zyva. Je réécoute à 23 h. With the little help for my friends.
Par Jean-Michel Espitallier, réalisation Nathalie Salles Mixage : Bernard Laniel et Pascal Besnard
(1) By Easy star all-stars feat Kirsty rock,
mardi 20 juin 2017
Un road movie radiophonique improvisé…
J'écoute ce doc un peu avant sa diffusion ce soir à 23h. C'est le principe de Radiodrama qui m'intéresse et surtout la curiosité échevelée, ébouriffée, élucubrée d'Alexandre Plank et Clemence Gross, réalisateur et assistante à la réalisation à France Culture. Plank un genre de Géotrouvetou ou Tournesol, avide d'expériences humaines, d'hors-cadre, d'ailleurs, de singulier et de pluriels. Avec en bandoulière sa fantaisie douce et folle !
Je me laisse embarquer dans le mini-bus avec Lucette. Peu importe le fourgon pourvu qu'on ait l'ivresse ! Et dans ce road-movie de la Providence (Maison de retraite) et du co-voiturage, d'un vide-grenier PO-PU-LAI-RE et vivant, d'une panne de gasoil on pourrait se croire dans un remake frenchie de Paris-Texas (sans le peep-show), sauf que là il s'agit de rejoindre Brem-sur-Mer (en Vendée). On the road Lucette, salut et fraternité avec Germaine que "l'eau n'a pas tué jusqu'à présent". Elles "passent le temps" du passé et du présent. Et "l'horloge au salon qui dit oui qui dit non…".
Et bam on se prend "Rikita" en plein et la Georgette Plana sur le retour. C'est pop et frais. Y'a la guinguette. Lucette perdue. C'est Little miss sunshine ou "La vieille dame et la mer". Roulez vieillesse, Maladie d'amour et, sac à main. De l'humain simple qu'on attrape en bon chemin. On aimerait ça tous les soirs d'été en juillet et août sur France Culture. Des histoires de vie et de "Jeu d'Émile Euro", la colo des juniors ou celle des seniors. Des chansons rengaines et des coins de ciel bleu. Des girouettes multicolores et des illusions. La vie quoi !
Heureux qui comme Ulysse… Alexandre, Lucette, Serge, Guillaume, Clémence et plus si affinités "On vous emmène à la mer", avant que "Blowin in the wind"…
Réalisation Ronan Letourneur et Alexandre Plank, Chef opérateur Claude Niort.
Lors de l'enregistrement de "L'excursion"• Crédits : @Compagnie Opus - Radio France |
Je me laisse embarquer dans le mini-bus avec Lucette. Peu importe le fourgon pourvu qu'on ait l'ivresse ! Et dans ce road-movie de la Providence (Maison de retraite) et du co-voiturage, d'un vide-grenier PO-PU-LAI-RE et vivant, d'une panne de gasoil on pourrait se croire dans un remake frenchie de Paris-Texas (sans le peep-show), sauf que là il s'agit de rejoindre Brem-sur-Mer (en Vendée). On the road Lucette, salut et fraternité avec Germaine que "l'eau n'a pas tué jusqu'à présent". Elles "passent le temps" du passé et du présent. Et "l'horloge au salon qui dit oui qui dit non…".
Et bam on se prend "Rikita" en plein et la Georgette Plana sur le retour. C'est pop et frais. Y'a la guinguette. Lucette perdue. C'est Little miss sunshine ou "La vieille dame et la mer". Roulez vieillesse, Maladie d'amour et, sac à main. De l'humain simple qu'on attrape en bon chemin. On aimerait ça tous les soirs d'été en juillet et août sur France Culture. Des histoires de vie et de "Jeu d'Émile Euro", la colo des juniors ou celle des seniors. Des chansons rengaines et des coins de ciel bleu. Des girouettes multicolores et des illusions. La vie quoi !
Heureux qui comme Ulysse… Alexandre, Lucette, Serge, Guillaume, Clémence et plus si affinités "On vous emmène à la mer", avant que "Blowin in the wind"…
Réalisation Ronan Letourneur et Alexandre Plank, Chef opérateur Claude Niort.
14 jours avant l'éclatement de l'ORTF : un débat à la télévision…
Le 7 août 1974, moins de trois mois après l'élection du Président de la République, Valéry Giscard d'Estaing face à François Mitterrand, la loi dite de l'"éclatement" de l'Office de Radiodiffusion et Télévision Française (ORTF, 1964-1974) est votée et s'appliquera au 6 janvier 1975. Quatorze jours avant, à la télévision (sans doute sur la première chaîne mais rien ne le précise dans la vidéo ci-dessous), "Les trois vérités" propose un "débat" (1) qui va tenter de montrer ce qui a présidé à la réforme de l'audiovisuel public. Cette vidéo est instructive pour montrer, comment, quarante-trois ans plus tard, les velléités de rapprocher plusieurs acteurs de l'audiovisuel public, principalement radios et TV, ressemblent à une drôle de "machine arrière". La casse de l'ORTF est un échec. Elle décrédibilise l'action d'un gouvernement qui, à l'époque, a agit avec dogmatisme pour "éparpiller" les forces syndicales et politiques qui régnaient à l'ORTF.
Les amateurs de politique et d'histoire prendront la vidéo à son début. Les autres iront à 35'44" pour entrer dans le débat sur l'ORTF. Il est bon de noter que quatorze jours avant la loi on parle de six sociétés distinctes (2). Ce qui deviendra l'Institut National de l'Audiovisuel (Ina) n'a été imaginé que deux jours avant la discussion de la dite-loi, repêché presque par hasard. On voit bien là que, ni les politiques ni les journalistes de l'ORTF ne sont au fait de ce qu'est l'Office, au-delà de sa partie audible et visible à la radio et à la télévision. Quant à Vivien (3) et Fillioud (4) ils étayent presque toutes leurs démonstrations d'exemples télévisuels et jamais radiophoniques.
À écouter Vivien on comprend que l'ORTF était une "usine à gaz" ingérable, à écouter Fillioud on découvre l'opération politique qui couvait au minimum depuis 1968 avec la volonté de la droite de casser l'Office. Quant au téléspectateur j'imagine mal qu'il ait pu suivre longtemps ce débat absolument abscons et trop technique (particulièrement sur le budget alloué à l'Office). Fillioud en profite pour évoquer les propositions de la Gauche pour la réforme de l'ORTF dans le cadre du Programme commun de gouvernement avec les communistes (PCF) et les radicaux (PRG).
Cette vidéo est indispensable et précieuse pour qui veut comprendre l'évolution de l'audiovisuel public sous la Vème République et la mainmise de l'État sur l'information voire sur les programmes, quand bien même sera créée par le deuxième gouvernement socialiste de Pierre Mauroy, la Haute Autorité de la Communication Audiovisuelle (loi du 29 juillet 1982) (5). Fillioud pointe (1h53') l'"abandon des moyens nationaux de production" (6) qui ressemble fort à ce qui a, entre autres, été l'objet de la grève à Radio France en 2015. Ce même député évoque la carence de la loi en ce qui concerne le Service de la Recherche dont était responsable Pierre Schaeffer et qui n'existera plus en 1975.
En 1974, un quarteron de giscardiens et quelques chiraquiens (7), pressés d'en découdre, ont défait l'audiovisuel public et ouvert la voie à la privatisation partielle ou totale de sociétés spécialisés. Depuis les gouvernements successifs auront, à la "petite semaine", orienté ou déstabilisé son développement, plus ou moins influencés par des responsables visionnaires, libéraux ou souvent plus soucieux de leur carrière que de la chose publique. Emmanuel Macron prendra dans les mois qui viennent des décisions qui se traduiront par une loi audiovisuelle dont le rapport Schwartz a jeté les bases en mars 2015.
(1) Avec exclusivement des hommes, et "déjà" Alain Duhamel, journaliste politique
(2) Radio France, 3 chaines indépendantes de télévision, la Société Française de Production (SFP), Télédiffusion de France, (TdF),
(3) Président de la Commission de contrôle de l'ORTF,
(4) Porte-parole de la Gauche à l'Assemblée Nationale,
(5) Elle même remplacée par la Commission Nationale de la Communication et des Libertés, (CNCL), puis par le Conseil Supérieur de l'Audiovisuel (CSA),
(6) Pour la radio les studios moyens et les équipes de réalisation,
(7) Jacques Chirac était 1er Ministre (1974-1976),
Vidéo en exclusivité ici jusqu'au 26 juin 2017,
Fillioud, Bassi, Vivien, en scène… sur une chaîne de l'ORTF, capture d'écran. |
Les amateurs de politique et d'histoire prendront la vidéo à son début. Les autres iront à 35'44" pour entrer dans le débat sur l'ORTF. Il est bon de noter que quatorze jours avant la loi on parle de six sociétés distinctes (2). Ce qui deviendra l'Institut National de l'Audiovisuel (Ina) n'a été imaginé que deux jours avant la discussion de la dite-loi, repêché presque par hasard. On voit bien là que, ni les politiques ni les journalistes de l'ORTF ne sont au fait de ce qu'est l'Office, au-delà de sa partie audible et visible à la radio et à la télévision. Quant à Vivien (3) et Fillioud (4) ils étayent presque toutes leurs démonstrations d'exemples télévisuels et jamais radiophoniques.
À écouter Vivien on comprend que l'ORTF était une "usine à gaz" ingérable, à écouter Fillioud on découvre l'opération politique qui couvait au minimum depuis 1968 avec la volonté de la droite de casser l'Office. Quant au téléspectateur j'imagine mal qu'il ait pu suivre longtemps ce débat absolument abscons et trop technique (particulièrement sur le budget alloué à l'Office). Fillioud en profite pour évoquer les propositions de la Gauche pour la réforme de l'ORTF dans le cadre du Programme commun de gouvernement avec les communistes (PCF) et les radicaux (PRG).
Cette vidéo est indispensable et précieuse pour qui veut comprendre l'évolution de l'audiovisuel public sous la Vème République et la mainmise de l'État sur l'information voire sur les programmes, quand bien même sera créée par le deuxième gouvernement socialiste de Pierre Mauroy, la Haute Autorité de la Communication Audiovisuelle (loi du 29 juillet 1982) (5). Fillioud pointe (1h53') l'"abandon des moyens nationaux de production" (6) qui ressemble fort à ce qui a, entre autres, été l'objet de la grève à Radio France en 2015. Ce même député évoque la carence de la loi en ce qui concerne le Service de la Recherche dont était responsable Pierre Schaeffer et qui n'existera plus en 1975.
En 1974, un quarteron de giscardiens et quelques chiraquiens (7), pressés d'en découdre, ont défait l'audiovisuel public et ouvert la voie à la privatisation partielle ou totale de sociétés spécialisés. Depuis les gouvernements successifs auront, à la "petite semaine", orienté ou déstabilisé son développement, plus ou moins influencés par des responsables visionnaires, libéraux ou souvent plus soucieux de leur carrière que de la chose publique. Emmanuel Macron prendra dans les mois qui viennent des décisions qui se traduiront par une loi audiovisuelle dont le rapport Schwartz a jeté les bases en mars 2015.
(1) Avec exclusivement des hommes, et "déjà" Alain Duhamel, journaliste politique
(2) Radio France, 3 chaines indépendantes de télévision, la Société Française de Production (SFP), Télédiffusion de France, (TdF),
(3) Président de la Commission de contrôle de l'ORTF,
(4) Porte-parole de la Gauche à l'Assemblée Nationale,
(5) Elle même remplacée par la Commission Nationale de la Communication et des Libertés, (CNCL), puis par le Conseil Supérieur de l'Audiovisuel (CSA),
(6) Pour la radio les studios moyens et les équipes de réalisation,
(7) Jacques Chirac était 1er Ministre (1974-1976),
Vidéo en exclusivité ici jusqu'au 26 juin 2017,
lundi 19 juin 2017
Radio + TV : New deal… En marche !
Il aura fallu cet article d'Alexandre Piquard dans Le Monde (1) pour enfoncer le clou de ce que j'annonce depuis plusieurs mois. Par "petites touches" l'audiovisuel public se transforme depuis qu'Hollande, un soir de décembre 2013 a commis la "gaffe" d'envisager un rapprochement utile de Radio France et France Télévisions. Le lendemain de cette annonce, qui a surpris l'aréopage audiovisuel venu célébrer les 50 ans de la Maison de la radio, Aurelie Filipetti bafouille qu'il s'agirait plutôt de rapprocher les sites internet des deux sociétés. Trop fun. On se tape sur les cuisses et on s'inquiète d'un tel amateurisme de caciques croyant être capables de maîtriser un "sujet" qu'ils ne connaissent ni l'un ni l'autre. Pourtant dans l'ombre un personnage discret veille. Résumé de l'affaire.
Les étapes
•13 décembre 2013, F. Hollande joue (mal) "Au théâtre ce soir",
•19 novembre 2014, M. Gallet (Pdg de Radio France) annonce pour France Info un "service global d'infos en continu qui mélangerait la radio, la vidéo et le numérique" (2),
•17 décembre 2014, R. Pflimlin (Pdg de France Télévisions) annonce la création d'une chaîne numérique (3),
• 4 mars 2015, M. Schwartz publie son rapport sur "L'avenir de France Télévisions à l'horizon 2020", (4)
• 24 avril 2015, D. Ernotte (future Pdg de France Télévisions) évoque le développement d'une chaîne d'information numérique continue, (5)
• 1 septembre 2016, franceinfo, "média global", émet sur le canal 27 de la TNT,
• 17 mai 2017, nomination de L. Guimier, directeur aux antennes et aux contenus de Radio France.
La stratégie (de l'État)
Objectif lune
On est en France. Tout projet étatique suppose la construction de fusées ou d'usines à gaz. Ou de fusées propulsées au gaz. C'est là qu'entrent en scène les babillages de Gallet et Pfimlin, que Delphine Ernotte, à la vitesse d'une météorite, transformera et propulsera avec Radio France, pour rendre opérationnel le premier étage de la fusée appelée franceinfo (8). Ça c'est fait. Pour le deuxième étage Gallet monte au créneau des fois que le nouveau gouvernement voudrait se passer de ses services pour avancer "projet par projet". Il s'insère dans un dispositif que le nouveau Président de la République, Emmanuel Macron, souhaiterait sûrement plus radical.
Pour mener à bien ce nouveau déploiement ou redéploiement, la nomination de Laurent Guimier, comme numéro 2 tombe à pic. Si Frédéric Schlesinger n'avait pas quitté Radio France pour Europe 1, Guimier aurait sûrement, après trois années de "bons et loyaux services" (9), été désigné pour manager les projets de rapprochement RF/FTV. Sur le feu France Culture et Mouv'.
Un caillou dans la chaussure
Un caillou ? Que dis-je, un rocher ? Derrière ces rapprochements plus ou moins annoncés, plus ou moins suggérés, se cache ce qui va faire beaucoup de bruit. Et bruit est un mot faible ! La fusion de France Bleu et de France 3. Et là on ne joue plus du tout dans la même cour. L'ensemble du territoire métropolitain est concerné. Des centaines d'emploi sont en jeu. Les élus locaux, départementaux, régionaux, la représentation nationale (député-es et sénateurs) sont proches de ces deux réseaux audiovisuels publics. Comme les usagers auditeurs-spectateurs eux-mêmes. Le chantre de ce rapprochement, Franck Riester (député LR, dans la précédente et la nouvelle assemblée) qui par deux fois (au moins), lors d'auditions publiques à l'Assemblée nationale, a interrogé le Président de Radio France sur cette "opportunité/nécessité". Gallet n'a jamais répondu.
Piquard dans son article du Monde (1), rappelle que la Cour des Comptes en 2016 a incité à la rationalisation. Autant dire que ce troisième étage de la fusée risque fort, en l'absence d'une loi audiovisuelle, d'être "ralenti" pour ne pas dire bloqué par des mouvements multiples et variés. On verra à très court terme comment le Président de la République entend imprimer sa marque à un audiovisuel public pour le moins circonspect. Rappelons que dans la place, M. Schwartz est directeur de cabinet de la Ministre de la Culture, Mme Françoise Nyssen. Pourrait-on dire dans quelques mois que son rapport n'aura pas été vain ? Wait and see !
Merci à H.H. et L.E. pour leurs créations graphiques
(1) "Audiovisuel public : la feuille de route du gouvernement", Le Monde, 15 juin 2017,
(2) On notera le mot choisi "mélangerait", qu'on peut facilement étendre au "mélange des genres",
(3) Le lecteur futé notera la concurrence qui s'engage entre les deux principales sociétés de l'audiovisuel public. Cette émulation sera le meilleur préalable pour l'État pour siffler la fin de la "course à l'échalote"…
(4) Et mon billet ici,
(5) À l'instar du rapport Schwartz, Ernotte prend l'"initiative" de piloter la future chaîne d'info numérique et imposer à Radio France de ne pas faire cavalier seul,
(6) Les deux mon capitaine,
(7) La réforme de l'audiovisuel public, son financement, France Médias ("le regroupement, à compter du 1er janvier 2020, de l'ensemble des sociétés de l'audiovisuel public au sein d'une nouvelle entité qui pourrait être dénommée "France Médias"), BBC à la française, Commission Copé (ou l'on parle "déjà" de média global en 2008, époque à laquelle Mathieu Gallet est directeur adjoint de cabinet de M. Frédéric Mitterrand,ministre de la Culture),
(8) "Deux points ouvrez l'info" dit le slogan !
(9) Bons chiffres d'audience radio, sacralisation des 30 ans le 1er juin 2017, co-création de la chaîne franceinfo,
Les étapes
•13 décembre 2013, F. Hollande joue (mal) "Au théâtre ce soir",
•19 novembre 2014, M. Gallet (Pdg de Radio France) annonce pour France Info un "service global d'infos en continu qui mélangerait la radio, la vidéo et le numérique" (2),
•17 décembre 2014, R. Pflimlin (Pdg de France Télévisions) annonce la création d'une chaîne numérique (3),
• 4 mars 2015, M. Schwartz publie son rapport sur "L'avenir de France Télévisions à l'horizon 2020", (4)
• 24 avril 2015, D. Ernotte (future Pdg de France Télévisions) évoque le développement d'une chaîne d'information numérique continue, (5)
• 1 septembre 2016, franceinfo, "média global", émet sur le canal 27 de la TNT,
• 17 mai 2017, nomination de L. Guimier, directeur aux antennes et aux contenus de Radio France.
La stratégie (de l'État)
Face caméra, les élites dandinent et roucoulent pour faire accroire qu'elles ont un projet pour l'audiovisuel public, Hollande pense sur son scooter, Filipetti a la danse de saint Guy. Dans le même temps les responsables de l'audiovisuel public s'engouffrent dans un projet qui, en plus de donner un très gros coup de projecteur à leur carrière, les excitent au point de croire que leur nom restera attaché à "cette-grande-réforme-que-tout-le-monde-attendait". De deux choses l'une, soit ils sont "innocents", soit ils nous prennent pour des innocents (6).
Dans l'ombre, de hauts fonctionnaires (Schwartz), la Cour des Comptes affinent leurs analyses et rendent compte au Gouvernement d'un état de l'audiovisuel public dont d'aucuns pensent que le temps de la réforme en profondeur est urgente et vitale pour les finances publiques. L'État tape du poing sur la table, les élus d'opposition se répandent en rapports et autres incantations divinatoires (7) et suggèrent aux Pdg et autres impétrants aux fonctions de gestion de l'audiovisuel public de se mettre en marche pour :
"Face aux défis à venir, et aux contraintes croissantes pesant sur les finances publiques, il paraît nécessaire que l'État pèse davantage sur le dispositif des médias de service public. Si tel n'était pas le cas, il sera difficile d'écarter la tentation d'un rapprochement organique entre les sociétés ayant appartenu jadis à la même entité" (Rapport Schwartz). L'étau se resserre.
Dans l'ombre, de hauts fonctionnaires (Schwartz), la Cour des Comptes affinent leurs analyses et rendent compte au Gouvernement d'un état de l'audiovisuel public dont d'aucuns pensent que le temps de la réforme en profondeur est urgente et vitale pour les finances publiques. L'État tape du poing sur la table, les élus d'opposition se répandent en rapports et autres incantations divinatoires (7) et suggèrent aux Pdg et autres impétrants aux fonctions de gestion de l'audiovisuel public de se mettre en marche pour :
"Face aux défis à venir, et aux contraintes croissantes pesant sur les finances publiques, il paraît nécessaire que l'État pèse davantage sur le dispositif des médias de service public. Si tel n'était pas le cas, il sera difficile d'écarter la tentation d'un rapprochement organique entre les sociétés ayant appartenu jadis à la même entité" (Rapport Schwartz). L'étau se resserre.
Objectif lune
On est en France. Tout projet étatique suppose la construction de fusées ou d'usines à gaz. Ou de fusées propulsées au gaz. C'est là qu'entrent en scène les babillages de Gallet et Pfimlin, que Delphine Ernotte, à la vitesse d'une météorite, transformera et propulsera avec Radio France, pour rendre opérationnel le premier étage de la fusée appelée franceinfo (8). Ça c'est fait. Pour le deuxième étage Gallet monte au créneau des fois que le nouveau gouvernement voudrait se passer de ses services pour avancer "projet par projet". Il s'insère dans un dispositif que le nouveau Président de la République, Emmanuel Macron, souhaiterait sûrement plus radical.
Pour mener à bien ce nouveau déploiement ou redéploiement, la nomination de Laurent Guimier, comme numéro 2 tombe à pic. Si Frédéric Schlesinger n'avait pas quitté Radio France pour Europe 1, Guimier aurait sûrement, après trois années de "bons et loyaux services" (9), été désigné pour manager les projets de rapprochement RF/FTV. Sur le feu France Culture et Mouv'.
Un caillou dans la chaussure
Un caillou ? Que dis-je, un rocher ? Derrière ces rapprochements plus ou moins annoncés, plus ou moins suggérés, se cache ce qui va faire beaucoup de bruit. Et bruit est un mot faible ! La fusion de France Bleu et de France 3. Et là on ne joue plus du tout dans la même cour. L'ensemble du territoire métropolitain est concerné. Des centaines d'emploi sont en jeu. Les élus locaux, départementaux, régionaux, la représentation nationale (député-es et sénateurs) sont proches de ces deux réseaux audiovisuels publics. Comme les usagers auditeurs-spectateurs eux-mêmes. Le chantre de ce rapprochement, Franck Riester (député LR, dans la précédente et la nouvelle assemblée) qui par deux fois (au moins), lors d'auditions publiques à l'Assemblée nationale, a interrogé le Président de Radio France sur cette "opportunité/nécessité". Gallet n'a jamais répondu.
Piquard dans son article du Monde (1), rappelle que la Cour des Comptes en 2016 a incité à la rationalisation. Autant dire que ce troisième étage de la fusée risque fort, en l'absence d'une loi audiovisuelle, d'être "ralenti" pour ne pas dire bloqué par des mouvements multiples et variés. On verra à très court terme comment le Président de la République entend imprimer sa marque à un audiovisuel public pour le moins circonspect. Rappelons que dans la place, M. Schwartz est directeur de cabinet de la Ministre de la Culture, Mme Françoise Nyssen. Pourrait-on dire dans quelques mois que son rapport n'aura pas été vain ? Wait and see !
Merci à H.H. et L.E. pour leurs créations graphiques
Roland Dhordain père de la réforme de la radio… et de France Inter |
(1) "Audiovisuel public : la feuille de route du gouvernement", Le Monde, 15 juin 2017,
(2) On notera le mot choisi "mélangerait", qu'on peut facilement étendre au "mélange des genres",
(3) Le lecteur futé notera la concurrence qui s'engage entre les deux principales sociétés de l'audiovisuel public. Cette émulation sera le meilleur préalable pour l'État pour siffler la fin de la "course à l'échalote"…
(4) Et mon billet ici,
(5) À l'instar du rapport Schwartz, Ernotte prend l'"initiative" de piloter la future chaîne d'info numérique et imposer à Radio France de ne pas faire cavalier seul,
(6) Les deux mon capitaine,
(7) La réforme de l'audiovisuel public, son financement, France Médias ("le regroupement, à compter du 1er janvier 2020, de l'ensemble des sociétés de l'audiovisuel public au sein d'une nouvelle entité qui pourrait être dénommée "France Médias"), BBC à la française, Commission Copé (ou l'on parle "déjà" de média global en 2008, époque à laquelle Mathieu Gallet est directeur adjoint de cabinet de M. Frédéric Mitterrand,ministre de la Culture),
(8) "Deux points ouvrez l'info" dit le slogan !
(9) Bons chiffres d'audience radio, sacralisation des 30 ans le 1er juin 2017, co-création de la chaîne franceinfo,
mercredi 14 juin 2017
Tentative de description de choses entendues au carrefour des ondes d'un début de mois de juin
La semaine dernière, et jusqu'à dimanche, à défaut d'écrire (je lève le pied, sic) j'ai lu. Beaucoup et pas encore assez. Et j'ai aussi lu entre les lignes. Entres celles du Diplo, de La Croix (1). Et puis savouré "Honni soit qui Malibu" (2) et "Là où se termine la terre" (3). Et puis j'ai commencé à comprendre que le mot "radio", dans son acception pleine et entière, vivait des moments… inouïs, avant de passer à autre chose. La radio en fil continu et ténu c'est fini. Vive la radio à la demande, là où… se termine la radio.
En fait, j'ai encore mieux réalisé que "tout change" quand, le 2 juin au matin, la fanfare de Sgt Pepper avait quitté les ondes et qu"on" était passé à autre chose. Que le 3, le 2 était lui-même enterré. Quant au 4… ! La radio est devenue une formidable chambre d'écho permanente du culturel, du politique et de l'info. Le tout à la sauce Actu. Et bientôt à l'infotainment.. Et quoi de mieux pour commenter l'Actu que d'inviter artistes, chanteurs, écrivains, plasticiens, et autres acteurs comiques que sont les politiques qui, définitivement, ont acquis leurs ronds de serviette pour des petits déjeuners impératifs sur les chaînes généralistes qui ne savent plus "faire" sans ?
Misère totale. Restent quelques îlots d'histoire, de sciences, de fictions. Mais le grand laminoir de l'uniformité a déjà fait son œuvre. Et l'on se demande bien pourquoi en juillet, en août ou en septembre on ne pourrait plus parler de Sgt Pepper, du livre de Modiano sorti il y a trois ans et/ou de la dernière B.D. de Florence Cestac ? La tyrannie de l'éphéméride a stérilisé la mémoire et imposé un rythme et un ton qui siéent parfaitement à la société de consommation. La palette de l'offre qu'amplifie l'"Actu" est démentielle quand la palette de la demande saurait se contenter de quelques nouveautés annuelles. Rien ne vaut plus qu'au jour le jour !
Cette frénésie incantatoire et pathétique a définitivement fait muter la radio. Quelqu'un peut-il encore imaginer que Pierre Bouteiller, dès 1969, dans son magazine culturel de France Inter, Embouteillages, ne recevait pas chaque jour un invité et ne prescrivait pas à ses auditeurs les choix culturels imposés par ce qui deviendra les "industries culturelles". On était dans un autre tempo, guidés par la connaissance et la découverte pas par le marketing.
Je ne peux plus suivre cette tyrannie de l'Actu multi-facettes. Avaler dès potron-minet la loggorrhée des petites marionnettes politiques, quelques "événements" médiatiques superfétatoires, le tube de la vedette siglé Radio France, le conseil de ce qu'il faut absolument voir à la TV et, bien sûr, une très lourde dose d'humour, indispensable pour mieux "digérer tout ça" ! Pour m'éviter la noyade, pour ne pas dire être englouti sous l'info continue, je navigue entre les îlots des "Nuits de France Culture", de l'histoire sur Inter ou Culture, de la musique de Michka Assayas (Inter) ou des duettistes Valero&Jousse™ (Musique), de la création radiophonique ou du documentaire (4).
Tout cela morcelé, éclaté, décalé, hors la "jolie boîte du poste", sans le lien du flux… permanent. Déchaîné. Émiettement finalisé. L'identité des chaînes ne repose plus que sur les matinales et les têtes de gondoles des matinaliers (5) et sur des Médiamétriques saisonnières, enfermées dans des chiffres et des classements strictement utiles à des fins marketing y compris pour le service public qui joue et revendique de jouer dans la même cour.
Vous comprendrez mieux alors, qu'aimant tant les histoires, je me sois régalé à lire "Honni soit qui mal y bu", d'une traite et, me demande encore pourquoi personne n'a sollicité Garnier pour raconter ses histoires de cinéma, de San-Francisco ou de Los Angeles.
Mes chers auditeurs, je vais sortir de mon rythme d'écriture et en pente douce, descendre jusque fin juin. Le 26 je vous présenterai mon programme light de l'été et un début de teasing pour ce qui concerne la rentrée (saison 7). En attendant "Viva Perec".
(1) Avec un article dans "Le Monde diplomatique" sur le Chiapas, la CFDT, le bio et un peu de ketchup. Et le billet de François Sureau dans la Croix le 6 juin "Prends garde à la douceur des choses",
(2) "Honni soit qui Malibu", Grasset, 1996, (Et il n'y a pas de faute à "Honni"),
(3) De Désirée et Alain Frappier, Steinkis, Janvier 2017,
(4) "L'atelier fiction","LSD" et "Creation on air", France Culture
(5) Fabienne Sintès est beaucoup moins mise en avant que ses confrères hommes, alors qu'elle anime la matinale de France Info depuis août 2014.
En fait, j'ai encore mieux réalisé que "tout change" quand, le 2 juin au matin, la fanfare de Sgt Pepper avait quitté les ondes et qu"on" était passé à autre chose. Que le 3, le 2 était lui-même enterré. Quant au 4… ! La radio est devenue une formidable chambre d'écho permanente du culturel, du politique et de l'info. Le tout à la sauce Actu. Et bientôt à l'infotainment.. Et quoi de mieux pour commenter l'Actu que d'inviter artistes, chanteurs, écrivains, plasticiens, et autres acteurs comiques que sont les politiques qui, définitivement, ont acquis leurs ronds de serviette pour des petits déjeuners impératifs sur les chaînes généralistes qui ne savent plus "faire" sans ?
Misère totale. Restent quelques îlots d'histoire, de sciences, de fictions. Mais le grand laminoir de l'uniformité a déjà fait son œuvre. Et l'on se demande bien pourquoi en juillet, en août ou en septembre on ne pourrait plus parler de Sgt Pepper, du livre de Modiano sorti il y a trois ans et/ou de la dernière B.D. de Florence Cestac ? La tyrannie de l'éphéméride a stérilisé la mémoire et imposé un rythme et un ton qui siéent parfaitement à la société de consommation. La palette de l'offre qu'amplifie l'"Actu" est démentielle quand la palette de la demande saurait se contenter de quelques nouveautés annuelles. Rien ne vaut plus qu'au jour le jour !
Cette frénésie incantatoire et pathétique a définitivement fait muter la radio. Quelqu'un peut-il encore imaginer que Pierre Bouteiller, dès 1969, dans son magazine culturel de France Inter, Embouteillages, ne recevait pas chaque jour un invité et ne prescrivait pas à ses auditeurs les choix culturels imposés par ce qui deviendra les "industries culturelles". On était dans un autre tempo, guidés par la connaissance et la découverte pas par le marketing.
Je ne peux plus suivre cette tyrannie de l'Actu multi-facettes. Avaler dès potron-minet la loggorrhée des petites marionnettes politiques, quelques "événements" médiatiques superfétatoires, le tube de la vedette siglé Radio France, le conseil de ce qu'il faut absolument voir à la TV et, bien sûr, une très lourde dose d'humour, indispensable pour mieux "digérer tout ça" ! Pour m'éviter la noyade, pour ne pas dire être englouti sous l'info continue, je navigue entre les îlots des "Nuits de France Culture", de l'histoire sur Inter ou Culture, de la musique de Michka Assayas (Inter) ou des duettistes Valero&Jousse™ (Musique), de la création radiophonique ou du documentaire (4).
Tout cela morcelé, éclaté, décalé, hors la "jolie boîte du poste", sans le lien du flux… permanent. Déchaîné. Émiettement finalisé. L'identité des chaînes ne repose plus que sur les matinales et les têtes de gondoles des matinaliers (5) et sur des Médiamétriques saisonnières, enfermées dans des chiffres et des classements strictement utiles à des fins marketing y compris pour le service public qui joue et revendique de jouer dans la même cour.
Vous comprendrez mieux alors, qu'aimant tant les histoires, je me sois régalé à lire "Honni soit qui mal y bu", d'une traite et, me demande encore pourquoi personne n'a sollicité Garnier pour raconter ses histoires de cinéma, de San-Francisco ou de Los Angeles.
Mes chers auditeurs, je vais sortir de mon rythme d'écriture et en pente douce, descendre jusque fin juin. Le 26 je vous présenterai mon programme light de l'été et un début de teasing pour ce qui concerne la rentrée (saison 7). En attendant "Viva Perec".
(1) Avec un article dans "Le Monde diplomatique" sur le Chiapas, la CFDT, le bio et un peu de ketchup. Et le billet de François Sureau dans la Croix le 6 juin "Prends garde à la douceur des choses",
(2) "Honni soit qui Malibu", Grasset, 1996, (Et il n'y a pas de faute à "Honni"),
(3) De Désirée et Alain Frappier, Steinkis, Janvier 2017,
(4) "L'atelier fiction","LSD" et "Creation on air", France Culture
(5) Fabienne Sintès est beaucoup moins mise en avant que ses confrères hommes, alors qu'elle anime la matinale de France Info depuis août 2014.
mardi 13 juin 2017
Layla, en arabe, ça veut dire la nuit…
Ça veut dire la nuit, "Mais c’est plus que la nuit, c’est l’ivresse de la nuit." Quelle plus belle définition pour raconter une histoire ? (1)
La nuit commence bien ! Juillet 1998. Layla raconte. Au fil des mots, de ses souvenirs et de ses émotions. Du brut, du vrai, du sensible. Comme une nuit magnétique. Avec de la joie, une part d'insouciance et la vie simple qui court les rues. Qui renverse le jour. Qui bouscule l'établi. Layla tourbillonne. Chuchote, rit, pétille. Libre.
Au rythme du réel de cette création radiophonique j'ai pu écouter, sur le fil du rasoir du montage final, les vingt-cinq premières minutes. Séduisantes. Layla compose sa petite musique de nuit. Energique et vibrante. Alors, toutes les nuits on pourrait entendre à la radio les vibrations d'autres Layla, d'autres Émilie, d'autres Alexandre. D'autres singuliers. D'autres pluriels. Et les nuits succèderaient aux nuits. Du jour au lendemain. Avec des histoires d'ivresses nocturnes. D'ivresses pour la nuit, pour d'autres mots, d'autres paroles, d'autres images, d'autres silences, d'autres troubles. D'autres fantaisies. Douces.
Comme Layla… ivre de vie.
(1) 23h, ce soir France Culture, L'atelier fiction…
Lors de l'enregistrement de "Layla" Alexandre Plank et Clémence Gross• Crédits : @France Culture - RF |
La nuit commence bien ! Juillet 1998. Layla raconte. Au fil des mots, de ses souvenirs et de ses émotions. Du brut, du vrai, du sensible. Comme une nuit magnétique. Avec de la joie, une part d'insouciance et la vie simple qui court les rues. Qui renverse le jour. Qui bouscule l'établi. Layla tourbillonne. Chuchote, rit, pétille. Libre.
Au rythme du réel de cette création radiophonique j'ai pu écouter, sur le fil du rasoir du montage final, les vingt-cinq premières minutes. Séduisantes. Layla compose sa petite musique de nuit. Energique et vibrante. Alors, toutes les nuits on pourrait entendre à la radio les vibrations d'autres Layla, d'autres Émilie, d'autres Alexandre. D'autres singuliers. D'autres pluriels. Et les nuits succèderaient aux nuits. Du jour au lendemain. Avec des histoires d'ivresses nocturnes. D'ivresses pour la nuit, pour d'autres mots, d'autres paroles, d'autres images, d'autres silences, d'autres troubles. D'autres fantaisies. Douces.
Comme Layla… ivre de vie.
(1) 23h, ce soir France Culture, L'atelier fiction…
lundi 5 juin 2017
Sgt Pepper : ma (petite) story…en fanfare
Quand il s'agit de diffuser, de faire découvrir de la musique la radio reste toujours très bien placée. Mais pourquoi pour le 50ème anniversaire de la sortie du "Sgt Pepper lonely heart club band" des Beatles, la radio (publique) s'est-elle pratiquement contentée de diffuser tout ou partie des 13 morceaux qui composaient l'album, mais sans presque rien dire de 'l'autour", de l'époque. Et surtout personne n'a cru bon de nous dire comment ce disque était diffusé à la radio (1) ? Et ce n'est pas parce que Radio France a conçu une jolie "expo" que ça exonère les chaînes publiques d'avoir creusé le sujet au-delà de l'écoute des chansons pop de cette inoubliable comète dans le ciel de 1967 (2).
Si tout le monde s'est accroché à cette belle date du 1er juin 1967, personne pour autant ne se souvient, qu'à cette date, le huitième album des Beatles soit sorti en France. "On" parle plutôt de septembre. Les Beatles avaient beau être mondialement écoutables, la mondialisation industrielle en était juste à ses balbutiements. Passons. Si l'on doit l'exposition "Sgt Pepper Expérience" à Michel Orier, directeur de la musique à Radio France, à Marc Benaïche et à Benjamin Minimum, on peut se demander pourquoi, pour les 14,5 millions d'auditeurs des radios du groupe audiovisuel public, les chaines ne se sont-elles pas mises, en quatre et en sept, pour faire "The big journey for Sgt Pepper in Radio France" (3). Ça aurait eu de la gueule. Mais tout ça c'eut seulement été possible "avant le drame" !
Le drame ? Celui que l'ex-numéro 2 de Radio France, Frédéric Schlesinger, a provoqué en cloisonnant très hermétiquement les chaînes entre elles, avec la bénédiction du Pdg Mathieu Gallet (4). Schlesinger a cassé la transversalité pour sublimer la verticalité : le premier de la classe (Inter), la meilleure émission (son 7/9), le meilleur matinalier (Patrick Cohen). Dans ces conditions "valoriser les forces vives" d'un groupe, Schlesinger, du haut de sa tour (d'ivoire) et de ses intuitions éditoriales, n'en avait cure. Quand France Musique fait une journée Sinatra pour le centenaire de sa naissance, on se demande bien pourquoi l'événement planétaire du "Sergent Poivre" ne pourrait se diffuser harmonieusement sur les sept chaînes du groupe ? Hein pourquoi ?
Parce que les chaînes n'ont absolument plus l'habitude de travailler ensemble. Surtout la règle en vigueur c'est que les productrices-producteurs soient identifiés à une seule chaîne, une seule marque comme un produit, des fois que l'auditeur étourdi imagine un seul instant que Rebecca Manzoni ait rejoint France Culture ou que Philippe -hip/hop- Meyer fasse de l'esprit sur Mouv' (5). Faire ça ensemble, pourtant, ça aurait vraiment eu de la gueule. Imagine. John Lennon, Paul Mc Cartney, George Harrison, Ringo Starr, George Martin. Une journée entière dans la radio. Casser les grilles. Suivre la voie. Refaire l'histoire. Raconter par le menu. Du premier jour des cent-vingt-neuf de studio à la pochette hallucinante aux 87 personnalités. 15 heures pour 15 morceaux… Ça, ça aurait été une expérience ! I had a dream.
En 1967, dans mon propre souvenir, il était assez rare sur France Inter d'entendre des chansons en anglais dans la journée. Sauf au hit-parade avec Gérard Klein (19h25-19h55) et au Pop Club de José Artur bien sûr. Différent pour Europe n°1 qui a dû multidiffuser Penny lane, Strawberry fields forever et le titre Sgt pepper qui a donné son nom à l'album. Le flower-power n'avait pas atteint la France. Avant d'écouter l'Easy Tempo consacré à cet album-concept diffusé hier soir sur France Musique, j'ai eu envie d'appeler Thierry-Paul Benizeau, un ancien chroniqueur de l'émission qui m'a définitivement scotché avec son histoire d'Alison Steel.
TPB m'a raconté qu'à l'époque il était plutôt Stones. Fin 68, il est parti aux Etats-Unis et, ce n'est que quelques mois après la sortie de la "fanfare" des Fab four qu'il est entré dans le jeu et a apprécié la richesse et le travail des musiciens et de leur producteur George Martin. TPB reconnaît l'héritage classique des Beatles jusqu'à évoquer Purcell dont il imagine que gamins, John et Paul, n'ont pas pu ne pas entendre cette musique. Bénizeau vous parle et vous comprenez assez vite qu'il vous manque un gros chouïa de culture musicale. Nous sommes convenus de nous revoir et de détricoter "Sergent Pepper" (6).
Aujourd'hui 5 juin, les lampions se sont déjà éteints. Com' d'hab' tout le monde a sauté sur l'événement et "on" est passé à autre chose (7). Le 21 juin dans "Creation on air" sur France Culture, Jean-Michel Espitallier et Nathalie Salles, prendront la mesure du "Swinging london" et du "Flower power" réunis, autour du Sergent Poivre. Je ferai un billet ce jour-là que je mettrai en lien avec celui-ci. La mécanique médiatique est horripilante. Qu'à cela ne tienne je prolongerai ce cinquantenaire pendant tout l'été. En septembre je ferai un gâteau-pochette, j'achèterai 50 bougies et, si j'ai pu retrouver mon ampli Luxman, je passerais sur ma platine Thorenz, mon 33t en pâte rouge acheté au mitant des années 80. A day in the life…
Canal + n'a pas loupé le coche et a raconté une part de l'épopée Beatles le 31 mai en diffusant "Eight days a week".
(1) Je me souviens très bien dans l'émission "Faisons bon ménage" de Pierre Wiehn, en juin 67 d'avoir entendu "Micèle", je me vois dans ma chambre ce jeudi-là… Mais pour Sgt Pepper je n'ai pas de souvenir en juin…
(2) Le passionné pourra écouter le "Continent Musiques" que Matthieu Conquet a consacré samedi 3 juin au sujet, sur France Culture. Reconnaître en intro la voix inimitable de Jean Renoir est tout à fait touchant, voir aussi là,
(3) Si vous avez mieux en Anglais, je suis preneur. Ce sont les producteurs qui y ont été associés pas les chaînes en tant que telles,
(4) France Inter, France Culture, France Musique, Fip, France Info, France Bleu, Mouv'. Et je ne parle pas de la circulation physique à l'intérieur de la Maison de la radio. Dans l'esprit exactement contraire à ce que l'architecte Henry avait imaginé pour une circulation "ronde" des ondes et des personnels, plusieurs chaînes (Inter, Info) sont maintenant des bunkers inaccessibles à ceux qui ne disposent pas du "sésame… ouvre-toi",
(5) Après qu'il lui fût demandé à la rentrée 2016 de choisir entre Inter et Culture, Meyer a appris fin mai qu'il ne lui serait proposé aucune émission à la rentrée prochaine sur France Culture et que son émission serait "réinventée" par d'autres,
(6) J'ai réalisé une interview de Patrice Blanc-Francard (France Inter) et de François Jouffa (Europe n°1) que je diffuserai à ce moment-là,
(7) Je n'ai pas commencé à me souvenir du Sgt Pepper quand l'industrie médiatique l'a décidé. Mi-février, je prenais contact avec Universal pour connaître les "festivités".
Je n'ai pas encore lu le Hors Série des Inrocks "Psychédélisme et contestation, mais j'ai lu le n°1122. Et j'ai bien aimé y lire quelques stories.
Lennon/Harrison pendant les sessions d'enregistrement |
Si tout le monde s'est accroché à cette belle date du 1er juin 1967, personne pour autant ne se souvient, qu'à cette date, le huitième album des Beatles soit sorti en France. "On" parle plutôt de septembre. Les Beatles avaient beau être mondialement écoutables, la mondialisation industrielle en était juste à ses balbutiements. Passons. Si l'on doit l'exposition "Sgt Pepper Expérience" à Michel Orier, directeur de la musique à Radio France, à Marc Benaïche et à Benjamin Minimum, on peut se demander pourquoi, pour les 14,5 millions d'auditeurs des radios du groupe audiovisuel public, les chaines ne se sont-elles pas mises, en quatre et en sept, pour faire "The big journey for Sgt Pepper in Radio France" (3). Ça aurait eu de la gueule. Mais tout ça c'eut seulement été possible "avant le drame" !
Le drame ? Celui que l'ex-numéro 2 de Radio France, Frédéric Schlesinger, a provoqué en cloisonnant très hermétiquement les chaînes entre elles, avec la bénédiction du Pdg Mathieu Gallet (4). Schlesinger a cassé la transversalité pour sublimer la verticalité : le premier de la classe (Inter), la meilleure émission (son 7/9), le meilleur matinalier (Patrick Cohen). Dans ces conditions "valoriser les forces vives" d'un groupe, Schlesinger, du haut de sa tour (d'ivoire) et de ses intuitions éditoriales, n'en avait cure. Quand France Musique fait une journée Sinatra pour le centenaire de sa naissance, on se demande bien pourquoi l'événement planétaire du "Sergent Poivre" ne pourrait se diffuser harmonieusement sur les sept chaînes du groupe ? Hein pourquoi ?
Parce que les chaînes n'ont absolument plus l'habitude de travailler ensemble. Surtout la règle en vigueur c'est que les productrices-producteurs soient identifiés à une seule chaîne, une seule marque comme un produit, des fois que l'auditeur étourdi imagine un seul instant que Rebecca Manzoni ait rejoint France Culture ou que Philippe -hip/hop- Meyer fasse de l'esprit sur Mouv' (5). Faire ça ensemble, pourtant, ça aurait vraiment eu de la gueule. Imagine. John Lennon, Paul Mc Cartney, George Harrison, Ringo Starr, George Martin. Une journée entière dans la radio. Casser les grilles. Suivre la voie. Refaire l'histoire. Raconter par le menu. Du premier jour des cent-vingt-neuf de studio à la pochette hallucinante aux 87 personnalités. 15 heures pour 15 morceaux… Ça, ça aurait été une expérience ! I had a dream.
En 1967, dans mon propre souvenir, il était assez rare sur France Inter d'entendre des chansons en anglais dans la journée. Sauf au hit-parade avec Gérard Klein (19h25-19h55) et au Pop Club de José Artur bien sûr. Différent pour Europe n°1 qui a dû multidiffuser Penny lane, Strawberry fields forever et le titre Sgt pepper qui a donné son nom à l'album. Le flower-power n'avait pas atteint la France. Avant d'écouter l'Easy Tempo consacré à cet album-concept diffusé hier soir sur France Musique, j'ai eu envie d'appeler Thierry-Paul Benizeau, un ancien chroniqueur de l'émission qui m'a définitivement scotché avec son histoire d'Alison Steel.
TPB m'a raconté qu'à l'époque il était plutôt Stones. Fin 68, il est parti aux Etats-Unis et, ce n'est que quelques mois après la sortie de la "fanfare" des Fab four qu'il est entré dans le jeu et a apprécié la richesse et le travail des musiciens et de leur producteur George Martin. TPB reconnaît l'héritage classique des Beatles jusqu'à évoquer Purcell dont il imagine que gamins, John et Paul, n'ont pas pu ne pas entendre cette musique. Bénizeau vous parle et vous comprenez assez vite qu'il vous manque un gros chouïa de culture musicale. Nous sommes convenus de nous revoir et de détricoter "Sergent Pepper" (6).
Aujourd'hui 5 juin, les lampions se sont déjà éteints. Com' d'hab' tout le monde a sauté sur l'événement et "on" est passé à autre chose (7). Le 21 juin dans "Creation on air" sur France Culture, Jean-Michel Espitallier et Nathalie Salles, prendront la mesure du "Swinging london" et du "Flower power" réunis, autour du Sergent Poivre. Je ferai un billet ce jour-là que je mettrai en lien avec celui-ci. La mécanique médiatique est horripilante. Qu'à cela ne tienne je prolongerai ce cinquantenaire pendant tout l'été. En septembre je ferai un gâteau-pochette, j'achèterai 50 bougies et, si j'ai pu retrouver mon ampli Luxman, je passerais sur ma platine Thorenz, mon 33t en pâte rouge acheté au mitant des années 80. A day in the life…
Canal + n'a pas loupé le coche et a raconté une part de l'épopée Beatles le 31 mai en diffusant "Eight days a week".
(1) Je me souviens très bien dans l'émission "Faisons bon ménage" de Pierre Wiehn, en juin 67 d'avoir entendu "Micèle", je me vois dans ma chambre ce jeudi-là… Mais pour Sgt Pepper je n'ai pas de souvenir en juin…
(2) Le passionné pourra écouter le "Continent Musiques" que Matthieu Conquet a consacré samedi 3 juin au sujet, sur France Culture. Reconnaître en intro la voix inimitable de Jean Renoir est tout à fait touchant, voir aussi là,
(3) Si vous avez mieux en Anglais, je suis preneur. Ce sont les producteurs qui y ont été associés pas les chaînes en tant que telles,
(4) France Inter, France Culture, France Musique, Fip, France Info, France Bleu, Mouv'. Et je ne parle pas de la circulation physique à l'intérieur de la Maison de la radio. Dans l'esprit exactement contraire à ce que l'architecte Henry avait imaginé pour une circulation "ronde" des ondes et des personnels, plusieurs chaînes (Inter, Info) sont maintenant des bunkers inaccessibles à ceux qui ne disposent pas du "sésame… ouvre-toi",
(5) Après qu'il lui fût demandé à la rentrée 2016 de choisir entre Inter et Culture, Meyer a appris fin mai qu'il ne lui serait proposé aucune émission à la rentrée prochaine sur France Culture et que son émission serait "réinventée" par d'autres,
(6) J'ai réalisé une interview de Patrice Blanc-Francard (France Inter) et de François Jouffa (Europe n°1) que je diffuserai à ce moment-là,
(7) Je n'ai pas commencé à me souvenir du Sgt Pepper quand l'industrie médiatique l'a décidé. Mi-février, je prenais contact avec Universal pour connaître les "festivités".
Je n'ai pas encore lu le Hors Série des Inrocks "Psychédélisme et contestation, mais j'ai lu le n°1122. Et j'ai bien aimé y lire quelques stories.
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