mardi 10 avril 2012

Comme on nous parle…

… de radio. Dimanche soir j'écoutais "le magazine global et bi-média des industries créatives et des médias". Bon, à la manière de Frédéric Martel, son producteur, qui excelle dans la satire presque permanente, j'aurais préféré ne pas commencer par faire remarquer, perfide, que le sous-titre de l'émission est à lui seul tout un programme… amphigourique. Dimanche donc, Martel recevait Fabienne Pascaud, directrice de la rédaction de Télérama (2).

S'agissant pour moi d'écouter la radio et d'écrire, j'écoute donc avec intérêt l'invitée de Martel, qui cette fois-ci va sûrement nous en dire un peu plus sur la radio. Après avoir cité les raisons qui ont présidé à la création d'une nouvelle formule (la stagnation des ventes en kiosque), reconnu quelques défauts récurrents ("on est chiant, doctoral, donneur de leçons,…") quelques qualités ("même si on exaspère par nos critiques elles sont un repère, même si certains les trouvent sectaires, trop élitistes, trop spécialisées, Télérama exerce sa liberté…"), Pascaud affirme que "pour le cinéma, la télévision la musique et les médias, Télérama est prescriptif et qu'il est très très complet sur la télévision…". Elle ajoute qu'"entre ces disciplines un exercice d'équilibre est à réaliser chaque semaine".

Sur le fil de cet équilibre où se situe la radio ? Elle a dû tomber (du fil) depuis bien longtemps puisque Pascaud n'en dira rien. Martel, pas plus que Christophe Bourseiller il y a une dizaine de jours sur France Musique, ne lui posera la question. N'exagérons pas, parler de radio à la radio serait un comble, non ? Si vous réécoutez cette émission vous pourrez toutefois apprécier l'auto-critique de Pascaud, lucide et sans concession, sur les journalistes, "le système critique français écrit pour les confrères et oublie le lecteur !". CQFD.

Dans le cas de la radio le système critique oublie même le sujet. Quant aux lecteurs…

(1) Soft Power, France Culture, 19h, le dimanche. "Le soft power c'est l'influence d'un pays par son cinéma, ses séries télévisées, ses jeux-vidéo, mais aussi à travers ses valeurs (le contraire du « hard power », à savoir la force militaire et les pressions économiques classiques)" source : le site de l'émission,
(2) voir mon précédent billet sur le sujet ici.

J'ai ajouté hier après-midi le témoignage de Marion Thiba au billet sur Yves Jaigu.

3 commentaires:

  1. "le système critique français écrit pour les confrères et oublie le lecteur !".

    Ce n'est pas nouveau et on pourrait également ajouter que certains écrivains n'écrivent que pour asseoir une réputation flatteuse dans le microcosme littéraire.Nous sommes un pays de chapelles et de baronnies à telle enseigne qu'on peut se demander si la révolution française a bien eu lieu dans le monde des beaux esprits! L'époque des Lumières s'éclairait à l'aide de candélabres mais on y voyait plus clairement me semble-t-il qu'à notre époque de spots et de "downlights" destinés à accentuer et à mettre en valeur les produits les plus quelconques de l'intellect.

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  2. "N'exagérons pas, parler de radio à la radio serait un comble, non ?"
    Il y aurait tout un article à écrire sur la manière dont la radio s'obstine depuis toujours (à de rares exceptions près, comme récemment la Mythologie de Poche de la Radio, de Th. Baumgartner) à ne pas parler d'elle-même, à tel point que cette fausse modestie confine au déni de soi-même.

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    1. Ton commentaire tombe à pic, un grand homme (de l'ombre) de la radio me disait hier "la radio refuse son héritage".

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