Jeudi 19 avril, dans le cadre de l'exposition "Radio, Ouvrez grandes vos oreilles", Daniel Fiévet, journaliste scientifique et producteur à France Inter, animait la conférence "La radio fait sa révolution numérique" (1). Il faut déjà s'intéresser au sujet pour pouvoir suivre et comprendre les arcanes d'une révolution numérique à la radio, dont Hervé Glevarec dit qu'elle "est une longue révolution en cours
comme disait un sociologue à propos de la culture populaire".
Car, en un peu plus d'une heure trente, faire se croiser les points de vue et expériences des quatre spécialistes invités à cette conférence tient un peu de la gageure. Entre les besoins technologiques - élargir l'offre de la radio, saturée sur la bande FM (2) -, les réalités de l'offre audio, les pratiques des auditeurs et autres internautes, et le "cahier des charges" de Radio France sur la Radio Numérique Terrestre (RNT), il y avait de quoi faire quatre conférences…
Pour l'offre audio, il est intéressant d'entendre Nicolas Becqueret juger que "des programmes dits "radio" n'en sont pas, puisque jamais diffusés en radio mais exclusivement sur internet…". Et d'affirmer : "pour
être précis on va être obligé d'arrêter de parler radio pour ces choses
toutes différentes, -les radios de supermarché, d'entreprise, celle de Télérama sur son site web…- et de parler d'une production sonore qui a un modèle
économique viable…". Quant à "la créativité sonore, la production de contenus sonores multi-supports se fera sans doute sur des supports autres que ceux de la RNT".
Pour Hervé Glevarec : "La radio est dans un nouvel environnement. Déjà la radiothèque (stockage de podcasts) est inédite pour la radio. Il faut distinguer le numérique comme norme distincte de l'analogique, et le numérique comme signifiant internet permettant d'autres accès à la radio. Les radios vont devenir des métas radio, des radios plus autre chose (images, vidéos, texte,…). Le fait que l'écoute radio soit délinéarisée (3) bouleverse d'ores et déjà les pratiques."
Quant à Jean-Michel Kandin, il rappelle que "la réception radio passe aujourd'hui encore par l'hertzien à 95%, quand satellite, cable et podcast font à eux trois 5%." Et sur l'évolution du média : "Un grand réseau public gratuit ne peut plus se concevoir en "pure audio". Ça n'a plus de sens. Aujourd'hui les studios que nous créons sont équipés de caméras de télévision HD 16/9ème. Il faut apporter une composante visuelle. L'hybridation on la vit déjà à Radio France."
Vous pourrez en savoir plus en écoutant cette conférence qui donne envie sur chacun des sujets de les approfondir. Ceci est l'occasion de constater que Radio France aurait pu, depuis un moment, mettre en ligne sur un site dédié les étapes de l'évolution en cours à la radio. Avec des sons, des images, des interviews, des graphiques, des apports techniques et dans un coin un raton-laveur… Voilà une suggestion que je vais m'empresser de faire aux intéressés.
Pour ici conclure, j'aime bien entendre Hervé Glevarec dire "l'auditeur a un lien d'identification avec sa radio". Cela a été mon cas pendant longtemps (Inter puis Culture) même si aujourd'hui je navigue plus large…
(1) Avec : Nicolas Becqueret, membre du GRER, Groupe de Recherches et d’Etudes sur la Radio, Philippe Chapot, fondateur du salon Le RADIO et secrétaire général de l'Association pour la Radio Numérique DR France, Hervé Glevarec,
directeur de recherche au CNRS, laboratoire Communication et politique,
commissaire de l’exposition « Radio : ouvrez grand vos oreilles ! » et Jean-Michel Kandin, directeur général adjoint, chargé des techniques et des technologies nouvelles, Radio France. Cette conférence est podcastable sur le site de l'exposition.
(2) dans un des paysages
radiophoniques les plus riches d'Europe en terme de diversité : 6000
fréquences sur la France, un peu moins de 3000 pour le Service Public et
le reste pour les radios privées et associatives.
(3) écoute sélective en dehors du flux "en direct" de la radio.
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