© Don VanCleave |
Dimanche soir, alors que les radios sont en plein trip électoral, qu'on frôle l'overdose, Michka Assayas enfourche son Subjectif 21, un beau canasson libre et sauvage qui, depuis toujours, a déserté les champs de moutons (sic). Michka est aussi fou que son cheval ! Il court après une zique qui ne tourne pas en boucle dans les succursales des maisons de disque et, ne s'affiche pas sur des playlists stéréotypées. Pour ce numéro du 22 avril on ne sera pas déçu, à condition bien sûr de goûter à ce que Michka a nommé "Lyriques, rétro et flamboyants". Le meilleur est à venir.
"Je vais être franc : pour moi, la néo-soul, aujourd'hui, ce sont presque toujours des singeries vocales et des affectations de possession qui me font horreur. Le jour où j'ai entendu ce titre d'Alabama Shakes (You ain't alone), ma mâchoire s'est décrochée, un peu comme quand j'ai entendu les White Stripes pour la première fois. Brittany Howard est noire, elle a des lunettes, elle vient du nord de l'Alabama, et elle croit en cette musique sans l'avoir vraiment désiré, parce que ça lui est tombé dessus. Elle m'a rappelé pourquoi, à dix-neuf ans, j'ai pleuré un soir sans discontinuer en voyant le film d'un concert d'Otis Redding. Oui, c'est aussi grand que ça". Après une telle déclaration on attache sa ceinture dans son fauteuil club, on baisse la lumière, on règle le son stéréophonique et on ferme les yeux. La voix de Brittany Howard bouleverse les sens, et on est content de la découvrir avant que le monde entier la porte au plus haut. (1) Je n'ai plus qu'à attendre pour aller les écouter qu'ils passent en terre bretonne. Merci Michka.
Le titre de ce billet fait référence au très beau livre de Gilles Leroy "Alabama Song" (2) qui narre l'histoire romanesque de Zelda Sayre et de Scott Fitzgerald, en se plaçant du point de vue de Zelda (ce qui est assez rare). L'écriture est magnifique (3) et les mots iraient bien dans les chansons de Brittany Howard, inversement la musique ponctuerait bien la lecture de cet ouvrage. Cette découverte va m'inciter à le relire et à proposer à Gilles Leroy, si ce n'est déjà fait, l'écoute d'"Alabama Shakes".
(1) Ce n'est pas la première fois qu'un rock-critic me permet de découvrir de la musique bien avant que celle-ci n'atteigne les émissions de variétés : Antoine de Caunes, Bruce Springteen, Les enfants du rock, 1979,
(2) Prix Goncourt 2008, Mercure de France,
(3) Voici quelques mots "extraordinaires" qui émaillent le récit de Leroy : ocellé, caveçon, phaéton, cothurne, tuxedo, marmoréenne, succube, taximédon, homasse, créosote, voix de rogomme, psychasthénie, rédimer, aporie etc, etc…
Ajout du 26 avril 2015 (Grâce à Fip)
Dans votre note (3) vous donnez une liste intéressante de mots rares. On a cherché "caveçon" (par dico Reverso en ligne). Définition et photos permettent d'enrichir ses connaissances... équestres. Et aussi de lire une citation de Saint-Simon qui donne envie de réemployer l'expression "Donner un coup de caveçon", car beaucoup de gens qui font la radio telle qu'elle est au jour le jour en méritent un (au moins).
RépondreSupprimerJ'ai écouté par curiosité Brittany Howard et franchement je ne suis pas très convaincu par les arguments de M.A! Je suis de cette génération d'adolescents nourris avec les vinyles d'Otis Redding et d' Aretha Franklin (pour ne citer que les grands) et je n'entend ici rien qui me rappelle les émotions rythmées par le tournoiement de l'étiquette rouge et verte d'Atlantic Records de la grande époque ( M.A cite Otis Redding donc je compare en conséquence) Disc Jockey! Remets-moi une pinte d'Ain't no Way sur la platine! J'ai 17 ans et cette fille attend que je l'invite à danser...
RépondreSupprimerSacré Jakki, quelle plume (de… perroquet !!). Merci pour cet avis qui en 33 tours me renvoie et à l'étiquette d'Atlantic Records et à cette fille qui aimait surtout Booker T.and the M.G's !! Michèle ma belle… Bon, ceci étant B.H. a la soul, mais je suis juste un amateur…
SupprimerComment Jakki, vous n'êtes pas très convaincu par une chanteuse portant le prénom "Brittany" (La Bretagne) ? Et vous l'écrivez à Fanch l'Armoricain ? Moi, je n'aurais pas osé... Pour information le même prénom a d'autres orthographes (et le même sens) : Britnee, Britney, Brittney. Ceci dit au cas où Fanch ferait prochainement un panégyrique de Britney Spears...
SupprimerUn pâtégyrique de chez Hénaff plutôt !…
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