En créant ce blog je n'imaginais pas faire autre chose que d'écrire quelques petites fantaisies sur mon écoute radiophonique assidue et passionnée. Et puis l'événement créa d'autres circonstances d'écriture. À la mort d'Yves Jaigu que je n'ai pas connu il me semblait important de pouvoir sur ce blog rendre compte de son parcours professionnel à la radio. Comment faire autrement que d'interroger ceux qui l'avaient côtoyé ? Mais comment oser "déranger", quelques heures seulement après l'annonce du décès d'Yves Jaigu, ceux qui pourraient intimement évoquer sa mémoire.
Je connais Irène Omélianenko depuis plusieurs années. J'ai parlé quelques fois avec Jean Lebrun mais Olivier Germain-Thomas et Michel Cazenave je ne les "connaissais" qu'à travers le filtre de leurs émissions respectives. Aussi, réalisant que depuis quelques minutes je parlais avec Germain-Thomas, j'ai failli me pincer. Cette voix que je connaissais bien me parlait et répondait à ma seule question "Que pouvez-vous me dire d'Yves Jaigu ?". Étais-je alors écouteur habituel de son émission, de sa voix, de ses propres questions ? Non. Je prenais des notes, écoutais attentivement, faisais préciser une réponse et surtout veillais à ne pas prolonger un entretien "à chaud" d'une émotion légitime. Tout d'un coup je basculais dans une autre fonction ou plutôt une autre façon de faire. Et ça me fit à peu près le même effet que la première fois que je suis entré à la Maison de la radio à l'âge adulte.
Si je vous raconte ça aujourd'hui c'est pour évoquer, et vos témoignages m'intéressent en cela, la puissance et la force mémorielle de la voix. Avec cet événement j'ai "perdu" ma distance d'auditeur pour me retrouver intervieweur. Les voix que j'entendais maintenant me troublaient puisqu'elles évoquaient, hors radio, celles que précisément j'entendais à la radio. On n'imagine jamais qu'une voix familière va un jour vous adresser la parole et encore moins répondre à une de vos questions. On est ici très loin du vedettariat, de la société du spectacle, de l'idolâtrie. On touche à l'intime.
La voix écoutée au téléphone était bien la même que celle entendue à la radio. Mais sans aucune représentation physique. Aujourd'hui quand j'entends les quelques productrices et producteurs que je connais je les imagine aussi dans les situations où je les ai rencontrés hors de la radio. Mais là pour Germain-Thomas et Cazenave que je ne connaissais pas c'était encore plus impressionnant. Surprenant et assez magique. Je ne regrette pas d'avoir ouvert ce blog aussi pour ces moments inattendus.
C'est curieux parce que tout comme toi il m'arrive de rencontrer (à l'occasion de soirées de l'ADDOR) des acteurs de la radio ( Irène O. en est un bon exemple) mais je n'ai jamais fait le lien avec la voix radiophonique entendue à distance. Je comprends ce qui est exprimé dans ce billet mais puisque sont sollicités des témoignages je dois dire que je ne ressens absolument pas la même chose.Pour moi tout au contraire la "vraie voix" d'Irène est la voix "in vivo" et non celle des ondes. Et pour répondre plus précisément sur le sujet de la distance, non, ne ce qui me concerne je n'ai pas perdu ma distance d'auditeur. Je reste auditeur lambda devant mon poste de radio (j'ai bien dit DEVANT et non DERRIERE chers amis de la radio ) et je reçois le message des ondes en faisant totalement abstraction des liens d'amitiés que j'entretiens avec les acteurs de ce (très) beau média...bon il me reste juste à prouver que je ne suis pas un robot ( parfois on se demande...;-)
RépondreSupprimerMerci pour ton témoignage Jacques. Je n'ai pas "perdu" ma distance d'auditeur (et je rajoute les guillemets) mais dans cet "exercice" je n'étais plus l'auditeur mais l'intervieweur. Quant à la "vraie voix" tu me donnes l'occasion de préparer un billet spécial pour plus tard…
Supprimer"La vraie voix", contrairement à celle qui nous arrive sur les ondes, passée par la "patte" artistique de l'ingénieur du son ! Je ne suis donc pas de votre avis, Fanch, même au téléphone, bien qu'elle reste évidemment tout à fait reconnaissable, la voix ne peut être la même que celle émanant de la radio.
SupprimerBonjour Simone, spécialiste du son. Vous avez raison. Mais j'ai sûrement mal écrit ce que je pensais. Bien sûr que le filtre du téléphone plus la voix "naturelle" ne peuvent ressembler à celle de radio. Pourtant il y a quand même quelque chose qui passe. Et c'est passé. J'aurai voulu mieux exprimer que les voix entendues m'ont ramené à la radio alors que je n'étais pas à la radio. Je vais creuser ça pour un prochain billet sur la voix. Merci Simone pour votre avis éclairé…
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