"Un média de service public n’est pas fait pour l’audience mais pour remplir des missions qui sont de faire vivre des valeurs de démocratie, de culture et de création." Jean-Paul Philippot, administrateur général de la RTBF (Radio Télévision Belge Francophone)
vendredi 30 mai 2014
Mémoire d'oreille…
Dans ce monde infernal de l'immédiateté et de la "conso cash" la mémoire simple, la mémoire instinctive fait vite figure de "vieillotte", "has been", "nostalg'". La télé peut passer des plombes à se regarder le nombril, c'est bien, c'est tendance. Quand la radio s'y met c'est beaucoup plus confidentiel ou balisé dans un temps bien particulier : la nuit. Jean-François Remonté, réalisateur à Radio France a produit à France Inter, au cours de deux étés consécutifs (années 90), une formidable émission d'archives "Radio Mémoire" (1). Claire Chancel a animé sur France Culture "Radio Archive" (2), Antoine Perraud "Jeux d'archives" (3) et depuis le milieu des années 80, initiées par Jacques Fayet et Geneviève Ladouès "Les Nuits de France Culture" permettent de valoriser un patrimoine radiophonique exceptionnel.
Pourquoi, pour sortir de cette tyrannie de "l'immédiat-éphémère" ne pourrions-nous pas disposer d'un accès permanent aux archives radiophoniques, qui mettrait à disposition du citoyen le patrimoine radiophonique conservé par l'Institut national de l'audiovisuel (Ina), entre autres ? Et pourquoi aujourd'hui, jour de pont ou jour de gloire pour notre mémoire sélective, ne pourrions-nous pas nous offrir un pas de côté vers ce patrimoine-là ? La Scam, avec ses "Nuits de la radio" (4), est une très bonne incitatrice à cette gymnastique mémorielle et stimule une bonne façon de nous faire faire un peu de gymnastique… une fois par an. Cela peut-il suffire à l'appétit de l'auditeur "moyen" qui, ne se contentant pas d'un fonds sonore, aime aussi prendre la mesure de l'histoire de la radio à travers ses archives ? Sûrement non.
Je ne me lasse pas de continuer à enfoncer le clou, à réutiliser la ritournelle de Pierre Bellemare "Il y a sûrement quelque chose à faire", à jeter une bouteille à la mer, qui pourrait, au gré des flots, se retrouver Quai Kennedy à Paris ou dans quelques rivières proches de Bry-sur-Marne (1). Et de citer Jean-Marie Borzeix, ex-directeur de France Culture (1984-1997) qui en 1994 écrivait : "La radio vit dans l’instant. Il y’a même à la radio une sacralisation de l’instant. Aucune minute n’y ressemble tout fait à aucune autre, chacune y est singulière, unique devant l’éternité. On y aime passionnément cette fugacité, le vertige de l’éphémère comme une expérience sublime et tragique. Autant dire que le souci de laisser des traces apparaît souvent bien superflu à ceux qui y travaillent." (6) CQFD.
Nuit de la radio, Scam 2010
(1) Qui ont donné lieu à la publication d'un livre et de deux CD,
(2) Années 90, jusqu'en 1999,
(3) France Cuture, 2006-2009,
(4) La prochaine le 11 juin, à 20h00, Hôtel de Sully, Paris
(5) Quai Kennedy, siège de Radio France. Bry-sur-Marne, siège de l'Ina,
(6) En introduction d'un rapport de 1994 sur les Archives de France Culture.
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