"Un média de service public n’est pas fait pour l’audience mais pour remplir des missions qui sont de faire vivre des valeurs de démocratie, de culture et de création." Jean-Paul Philippot, administrateur général de la RTBF (Radio Télévision Belge Francophone)
lundi 26 mai 2014
La reine…
Ç'aurait pu être un nouvel avatar de com', comme Europe 1 nous y a habitué depuis la rentrée 2013 : détournement des panneaux électoraux pour la promotion des animateurs de la station, comparatif par voie d'affiche de la parité homme-femme entre ses matinales et celles de sa concurrente et néanmoins rivale RTL. Ç'aurait pu être le clin d'œil à un film français que soutient la chaîne et qui réalise de bons scores de fréquentation. Ç'aurait pu. Au lieu de quoi, passé le narcissisme qui saute aux yeux, on remarque que sur le canapé rouge, à droite du vétéran, trône Julie, la voix d'Europe 1. Et ce micro-événement est une "révolution" pour la radio privée et pour son histoire.
Flashback : Julie (1) entre à Europe 1 en mai 1972, pour être "meneuse de jeu". Traduire lire les publicités, "passer les plats", mettre en valeur l'animateur et n'exister que par son seul prénom. Une voix, un pseudo et une abnégation à toute épreuve quand, suivant l'humeur de celui qui est au micro, il faut bien "accepter" d'en être le "souffre-douleur" et/ou le faire-valoir. À cette époque elles sont six à officier à la radio de la rue François 1er à Paris (2). Sur la durée Maryse a été reconnue, beaucoup sans doute à cause ou grâce à Coluche qui dans ses émissions de l'après-midi explosait tout : le conducteur, la bienséance, la publicité voire la sacro-sainte morale de la fin des années 70. Plus surprenant Viviane a retrouvé son nom grâce à "Radio Libre", une nouvelle émission d'Europe 1 en février 1982, en pleine implosion du monopole de radiodiffusion. Je me souviens avoir lu sur un 4X3 à Rennes ou à Paris "Viviane (Blassel) je lui ai redonné un nom". Celui qui "parle" sur l'affiche n'est autre que François Jouffa, l'animateur de l'émission qui, dès l'âge de 14 ans, trainait déjà dans les couloirs d'Europe n°1 (3).
Au sein d'une radio, Julie "meneuse de jeu" doit posséder le record de longévité sans avoir changé de métier. Sa place sur le fauteuil rouge de l'affiche parodique est plus que méritée. C'est une vraie reconnaissance. Quand, pour une fois, tous les égos surmultipliés de ceux qui l'entourent ont accepté d'être au second plan pour que, siège au premier, celle qui sans relâche les a valorisés, il convient d'applaudir. Voilà donc - à nouveau - qu'un petit vent d'humanité souffle sur la station et que, passée la com' tendance, on rend à Julie ce qui appartient toujours aux autres, la gloire et les lauriers.
Sur France Culture à l'été 2011, Thomas Baumgartner, a rendu hommage à Julie et à sa voix. Le tableau est presque complet. Julie existe au-delà de son prénom, de sa voix et de son image. C'est une icône de la radio. Elle appartient à son histoire. Et là comme ça, tout d'un coup, comme Kriss le disait si bien dans une de ses émissions, (4) on a envie de lui dire "Je vous embrasse, c'est dimanche, c'est permis"! (5).
(1) D'état civil Chantal Séloron, sœur de Françoise Séloron productrice et documentariste à France Culture,
(2) Maryse (Gildas), Anne (Pérez), Viviane (Blassel), Françoise (Rivière), Brigitte (Morisan),
(3) Dans une belle et longue "carrière" radiophonique il faut ajouter : L'oreille en coin (France Inter) avec son complice Simon Monceau, la direction de Fip (Radio France) et, et, et, les débuts (mais les débuts seulement) de Campus en mars 1968 sur Europe n°1 qui seront repris dès avril par Michel Lancelot,
(4) "Dimanche en roue libre", France Inter,
(5) Ben oui j'ai écrit ce billet dimanche, chère Julie.
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