lundi 24 février 2025

France Culture : imaginaires paysans…

Allons-y toutatrac, "on" a beau ne pas être paysan, "on" est de la campagne (même en bord de mer)… Et l'imaginaire paysan de cette nuit spéciale conçue par Antoine Dhulster, producteur à France Culture, nous fait grand bien, des fois qu'on s'engluerait dans le rata que nous font ingurgiter les médias, particulièrement en période de "Salon de l'agriculture". Et qu'on oublierait la lente évolution de l'histoire paysanne… "depuis la nuit des temps". Attention ici pas de nostalg', juste un regard et une écoute sur le temps long de la paysannerie. Le temps encore plus long que le premier documentaire diffusé en avril 1981 (et enregistré en septembre 1979), soit presque (déjà) un demi-siècle…

Le poète et écrivain, Henri Pourrat dans sa maison à Ambert
dans le Puy-de-Dôme, en 1945. ©Getty. Jean-Gabriel Serruzier
Gamma-Rapho via Getty images 



















Dans le troisième épisode, "en 1970, l'écrivain paysan Jean Robinet donne la parole aux paysans dans un monde en pleine mutation. Il dresse le portrait d’une ruralité inquiète, ballotée par des politiques agricoles contradictoires alors que le monde agricole évolue et qu'il ne parvient pas à faire entendre sa voix.". De l'histoire vivante et mémorielle. Et puis comment faire l'impasse sur Georges Duby, l'historien de la ruralité ? Là, "il se penche plus particulièrement sur les rapports entre paysannerie et pouvoir politique, depuis l’époque gallo-romaine, en examinant la longue transition entre esclavage et servage et ses conséquences." En 1976, "Les après-midi de France Culture", animés par des producteurs tournant, ici le vendredi par Pierre Descargues (1), creusent des sujets souvent au carrefour de plusieurs disciplines des sciences sociales.

Allez on file dans "Le pays d'ici" en 1987, à Ambert (Puy-de-Dôme) qui réalise une série d’émissions autour de l’Auvergne d’Henri Pourrat à l’occasion des cent ans de la naissance de l’écrivain. Où l'on entendra des choses très intéressantes sur le patois auvergnat. Puis d'un saut, nous voilà avec Per-Jakez Hélias, breton du Pays Bigouden (Sud Finistère) où, en quarante minutes avec Pierre Sipriot ("Un livre, des voix"), producteur et Jean Markale écrivain, sera évoqué son "Cheval d'orgueil". Il nous va bien de retenir l'exergue de l'émission "La fête folklorique est le seul théâtre du peuple". Dans le septième épisode (2), "Jean-Louis Quéreillahc, auteur de Rouge est ma terre, présente une autre image du monde paysan à l'ère de l'industrialisation du travail agricole et de l'endettement des paysans. Il prend justement la plume pour défendre les conditions de vie des agriculteurs et il s'engage dans la vie publique pour préserver la vie collective dans les campagnes".

En 1997, Emmanuel Laurentin, dans "L'histoire en direct" évoque le Larzac et la mobilisation paysanne et citoyenne de 1971 à 1981 contre l'extension du camp militaire. Puis en septembre 2009, Alain Veinstein dans "Du jour au lendemain", reçoit Marie-Hélène Lafon nous dit "J’écris des livres comme on travaille la terre. La langue c’est du terreau, c’est du matériau verbal.”. Originaire du Cantal, Marie-Hélène Lafon "trouve son inspiration dans cet univers. Dans son vide, dans sa beauté, dans ses silences. Le Cantal, "on ne peut pas y échapper", affirme-t-elle."

Un large panorama de témoignages pour une belle nuit paysanne.

Marie-Hélène Lafon












(1) Descargues qui, deux ans avant le "Téléphone sonne" sur France Inter (1978), invente l'interactivité avec l'auditeur au téléphone (au 520 05 50 et 525 78 06), un petit quart d'heure avant la fin de l'émission,
(2) Le choix des musiques, trop décalé et trop présent (et pourquoi des paroles en anglais ?), sature beaucoup les propos du maire-écrivain Quéreillhac,

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire