Il l'a eu son poste. Mathieu Gallet, ex-Pdg de l'Institut national de l'audiovisuel (Ina) a été nommé jeudi dernier par Le Conseil Supérieur de l'Audiovisuel (CSA), Pdg de Radio France. Jusqu'au 12 mai il prendra connaissance avec l'actuel Pdg, Jean-Luc Hees, des dossiers en cours parmi lesquels les chantiers de l'Auditorium, les nouveaux studios de France Info et de France Inter (en cours de finalisation). Gallet a été élu à l'unanimité des 9 sages composant le Conseil. Pour le président Schrameck voici ce qui a fait la différence d'avec les autres candidats : "En faisant appel à une personnalité jeune qui a d'ores et déjà fait ses preuves à la tête d'un grand établissement public dépendant du ministère de la Culture, nous avons fait le choix d'un profond renouvellement et d'une ouverture aux publics les plus jeunes et aux techniques numériques d'aujourd'hui et de demain."
Le CSA a publié une synthèse du Projet Stratégique que M. Gallet avait présenté lors des auditions du 25 février dernier. Je ne me lancerai pas ici dans des commentaires ou une analyse qui se justifieront à l'épreuve des faits. Mais je vous propose ici quelques points qui interrogent (entre parenthèse mes premières questions) :
• On doit pouvoir aussi "regarder la radio", (1)
• La structuration verticale laissera place à une organisation intégrée et transversale (Est-ce qu'enfin quelqu'un pilotera les sites web de chaque chaîne, en cohérence avec l'identité de chacune des radios ? Est-ce qu'il y aura des rédacteurs pour renseigner, sourcer, illustrer les pages des émissions ?)
• La direction de l’entreprise s’appuiera sur les managers de proximité, (les directeurs de chaîne ?),
• La culture du "tout gratuit" sera examinée à l’aune de la révolution numérique : les contenus enrichis et les nouveaux usages pourront faire l’objet d’une valorisation,
• L’écoute différée implique un coût d’archivage, d’éditorialisation et de distribution pouvant justifier l’acquittement d’une contrepartie, même modeste (streaming payant ?)
• création d’une communauté des auditeurs, (pour faire du lobbying de promotion sur les réseaux sociaux ?)
• La diffusion [de France Info] intégrera pleinement l’image, grâce à la mise en place d’une fédération numérique entre les différents médias publics permettant la mise en commun des technologies de captation, d’indexation, de stockage et de livraison, (1er étage de la fusée avant la fusion France TV/Radio France ?),
• Il faudra veiller à ne pas perdre la dimension intime de la radio, le mystère transmis
par le son, l’imaginaire porté par la voix (j'ai bien lu, ici l'image n'est pas évoquée),
• [Le Mouv'] sera associé à une offre musicale en ligne par abonnement à partir de l’expérience antérieure de RF8. (oups l'expérience RF8 n'a toujours pas démarrée !!!)
• Une place prépondérante pour l’actualité culturelle sur France Culture (prépondérante ça veut dire donner beaucoup plus de place à l'actualité culturelle qu'à l'actualité politique, sociale et économique ?),
• Garantir les missions du service public de la radio en épousant les modes de gestion et les technologies de diffusion les mieux adaptés à la modernité (une définition de la modernité s'impose) (2).
Les sages ont bien dû imaginer et, avec eux MM. Hees et Gallet, que dans la période qui s'ouvre (3), dans ce temps incertain, cet "entre-deux", l'état d'esprit dans lequel peuvent être les équipes dans les différentes chaînes du groupe public ? Quid des grilles d'été, quid des programmes de rentrée, quid des responsables de chaînes ? Tout est ouvert, tout est possible, mais les situations précaires des producteurs (dont les contrats se renouvellent ou pas de saison en saison) ne doivent pas favoriser un climat de sérénité déjà largement entamé par des travaux qui n'en finissent jamais, qui démultiplient les déménagements (France Bleu et France Culture vont encore déménager). Quant au Mouv' il va changer de nom et affiner son positionnement qui ressemblerait à quelques virgules près, à celui mis sur les rails par Joël Ronez en janvier dernier, mais qui pourrait voir le directeur de la chaîne écarté.
Mathieu Gallet |
(1) On pourra toujours "tourner le poste" et continuer à écouter sans se faire distraire par des images qui n'apportent rien au son,
(2) On notera que cette synthèse n'évoque pas l'ouverture de la maison de la radio au public par des animations régulières et ouvertes aussi sur "la fabrique de la radio",
(3) Et qui est en suspension depuis le mois de novembre 2013 et le démarrage de la procédure de nomination.
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