vendredi 14 mars 2014

L'horloge en vadrouille…









Pour l'Ardèche, pour Rabhi, pour Ardelaine je ne pouvais pas louper la matinale d'Inter hier matin. Et j'ai pu apprécier une nouvelle fois que Patrick Cohen sache se jouer de l'horloge (1) pour ne pas interrompre à 8h30 la phrase, l'idée, la pensée d'un Pierre Rabhi et, de fait, lancer avec deux minutes de "retard" la revue de presse à 8h32 (2). Sur une autre chaîne d'info (3) Lionel Jospin n'a pas eu cette chance, l'horloge ultra-suisse ne laissant aucune latitude à l'anchorman d'une matinale ultra-verrouillée par des rubricards marchant au pas.

Mais pour ce qui est de la matinale d'Inter il y'a quand même quelque chose de surprenant. Depuis lundi, le 7/9 d'Inter est en "vadrouille" en France dans quelques villes ou villages ruraux. En vadrouille ? L'équipe du 7/9 sûrement, la matinale sûrement pas. En effet la belle mécanique de précision est à l'œuvre et la vadrouille absolument circonscrite dans trois ou quatre cases qui décrochent des studios parisiens. Mais c'est quoi cette vadrouille qui ne pousse pas jusqu'au bout le "concept" ou l'idée ? Pourquoi les rubriques/chroniques n'auraient-elles pas lieu depuis le lieu "visité" et en relation avec le "local" (4) ? C'est quoi cette "peur panique" de sortir du cadre, de tenter l"inattendu", d'oser quelques débordements, de s'aventurer dans le "sentier" buissonnier, d'écouter l'imprévu et d'être en phase ? Cette façon de faire une radio hyper "léchée", hyper cadrée est l'exact contraire de la vadrouille.






La chaîne communique sur cette idée formidable, l'effet d'annonce doit attirer de nouveaux auditeurs mais l'ouverture s'arrête là, même si les 40' (environ), consacrées aux lieux visités, ont permis de faire entendre d'autres voix, d'autres réussites, d'autres réalités que la mâchouille médiatique habituelle. Comment en est-on arrivé là ? Qui a un jour refusé de "jouer le jeu" et de prendre le risque d'une parenthèse inattendue (5), qui n'a pas supporté que la belle mécanique bien lissée, bien huilée, bien cadrée s'affranchisse de ces principes qui, au final, empêchent pas mal d' "expressions".

On pourrait me rétorquer "mais on n'est pas dans une émission de saltimbanques". Ah bon, le hors-cadre, le hors-champ, le hors-piste seraient donc réservés aux fantaisistes quand les journalistes sérieux ne pourraient se risquer qu'à quelques galéjades pour "passer le micro" à une collègue restée en studio ? Cette "fracture", cette "dichotomie" entre l'establishment d'un statut et la pagaille des "précaires" montrent que la radio s'enferme dans des systèmes qui n'existaient pas dans les années 50, 60 et 70 et que les années 80 et suivantes ont fini par "modeler" au point de rendre la radio incapable de se renouveler. 

(1) Une autre fois le 31 janvier avec Vincent Lindon, s'affranchissant de la rubrique avec les auditeurs,
(2) Et la pub qui "va avec",
(3) France Culture il y a quelques jours
(4) Le journal des municipales, Le zoom de la rédaction, L'édito éco, L'invité de 7h50, Géopolitique, La revue de presse,… Pour toutes ces rubriques il y avait sur place "de quoi faire",
(5) Sans Lopez et sa guimauve dégoulinante… par pitié.

3 commentaires:

  1. Longtemps auditrice de la matinale d'Inter, j'ai fini par me tourner vers celle de Voinchet sur Culture (qui est quand même bien mieux) mais depuis quelques mois je ne la supporte plus non plus... Pourquoi France Culture, qui me semble-t-il propose une très belle palette d'émissions, diversifiées, originales et créatives, pourquoi doit-elle se couler dans le moule de ces matinales uniformisées et insipides ?

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    1. Merci Laura. Parce qu'un directeur de la rédaction a voulu réinventer l'eau chaude sans prendre la mesure et l'histoire de France Culture :((

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  2. A propos de la "parenthèse inattendue" un des numéros récemment programmé comportait une séquence dont la diffusion m'a laissé perplexe. L'un des invités - Patrick Bosso - raconte comme les autres invités - Laure Manaudou et Antoine Duléry - son arrivée à Paris où il officiait selon ses souvenirs comme rabatteur à l'entrée d'une boite à filles des quartiers chauds de la capitale. Et notre "humoriste" d'expliquer benoîtement comment ses rémunérations étaient abondées en fonction des prestations que fournissaient les "filles".
    Je cite de mémoire: "Quand une fille "jetait le bouchon" - entendez montait un client - je touchais 100 francs!
    Quelle élégance, il ne fallait pas rater un invité si prestigieux évoquant ses souvenirs de proxénétisme au petit pied dans cette émission grand public.
    Le concept de cette émission pourrait par ailleurs déboucher sur quelque chose d'intéressant avec un peu de savoir-faire et d'intelligence ce qui manque cruellement à ce pauvre Lopez!

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