lundi 22 mai 2017

J'en peux Pu… jadas

Quelques jours après la commémoration de Fatima et avant même que le gouvernement Macron soit "connu" la médiatique société du spectacle médiatique (sic) s'est mise à tousser. Au printemps ! Incongru non ? Pensez donc, un de ses membres, présentateur de télévision, venait juste d'être remercié après seize ans de service au journal télévisé de France 2. C'est grave docteur ? Pour la société civile qui vit ça tous les jours dans les entreprises, non. Pour la coterie corporatiste des médias qui s'auto-célèbrent à longueur de journée, si. Et l'effet domino qui s'en suivit fut du plus bel… effet.

Un certain P.P.D.…

















Redwane Thela, dans l'Instant M de Sonia Devillers sur France Inter a dressé, jeudi dernier, l'inventaire de ce qui va exciter le tout-média jusqu'aux vacances d'été. Et d'égrener la longue liste des protagonistes qui, à l'issue de leur plein gré vont faire le buzz  ! C'est parti ! Qui va remplacer Lapix (Anne-Sophie) qui remplace Pujadas (David) et qui remplacera celui ou celle qui va remplacer Lapix ? Ajouter Calvi (Yves) qui quitte LCI. Mais qui va remplacer Calvi ? Pujadas ? Saupoudrer Leymergie (Télématin, France 2) viré qui remplacerait Burki (Daphné, La nouvelle édition, C8). Le même Leymergie qui, quelques heures après l'annonce du "Parisien", resterait au bercail. Quid de Burki, de Sotto (Thomas, Europe 1) remplacé par Cohen (Patrick, France Inter) et quid de celui ou celle que remplacera Sotto ?

C'est drôle non ? Non, c'est affligeant ! Quel temps passé à faire d'un événement mineur, le départ de Pujadas, un événement majeur pour distraire les journalistes qui distraient les foules (1). Mais dans cette distraction pitoyable l'essentiel est sûrement passé à côté du quidam qui n'aura retenu que la décision brutale d'Ernotte (Delphine, Pdg de France Télévisions) et la médiocrité de Field (Michel, directeur de l'information de FTV), les deux visés prochainement par une motion de défiance.

Pendant ce temps-là, les journalistes les plus concernés par le sujet "Pujadas", ses collègues, ont réagi à son éviction via le SNJ (Syndicat National des Journalistes) et ça fait mal. Si ce syndicat regrette la méthode et ce choix du calendrier, la même semaine que la prise de fonction du nouveau Président de la République et celle de la formation de son gouvernement, il dénonce des choses bien plus graves. Lisez plutôt : 

"Le SNJ rappelle qu’il n’avait cessé d’alerter la direction de l’Information sur les dérives de l’édition phare de la chaîne, sous le règne de David Pujadas et d’Agnès Vahramian, sa rédactrice-en-chef. Non, l’audience ne justifie pas tout, et le côté obscur du 20 h se traduisait par une violence du management, un taylorisme érigé en système, et de la discrimination professionnelle…  Le 20 h était tenu par une caste, celle d’un petit groupe de journalistes. L’étage supérieur de la fusée qui décide de tout : le taylorisme journalistique a été imposé comme l’ultime étape d’un système visant à contourner toute contradiction. Autrement dit, les journalistes qui mettent en forme l’information ne sont pas ceux qui la recueillent. Ceux qui fournissent des « bouts de sujets » sont cantonnés à des rôles d’exécutants."

Si je m'intéresse aujourd'hui à la tambouille de France TV, c'est parce qu'elle peut avoir à court terme des effets sur la radio publique. Bien au-delà de la personne de Pujadas qui pourrait ou non poursuivre sa carrière à la radio publique ou privée. Mais, nous le verrons dans mon billet de demain, une certaine mise au pas, cadencé, est le préalable et le signe avant coureur d'une nouvelle mise "en marche" de l'audiovisuel public. Et ça, ça va courir beaucoup plus loin que jusqu'aux vacances d'été…
(À suivre)

(1) "Il existe un effet pervers de ce système de présentateur qui finit par «incarner» son journal, voire même le confisquer, le représenter, le faire sien, volontairement ou non. On parle du journal de Pujadas, du journal de Pernaud, du journal de PPDA, dont la personnalité fut tellement forte et symbolique que sa marionnette figure encore dans les guignols de l’info alors qu’il a quitté TF1 il y a bientôt dix ans. Le Journal Télévisé n’est pourtant pas la propriété de l’homme ou de la femme qui apparaît à l’écran. Il est avant tout réalisé par des reporters, des gens d’image, des techniciens. Mais le JT est à tel point incarné par son présentateur que le téléspectateur en vient à penser que Pujadas ou Bouleau font aussi les sujets et qu’ils sont présents sur tous les terrains.Philippe Rochot, in "David Pujadas et le journalisme "incarné"

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