vendredi 22 juin 2012

Prime time (2)…









Ce billet fait suite aux commentaires que m'ont fait parvenir Le Transistor, Baptiste et Jakki après la publication de Prime time à la radio. Le débat étant conséquent je prèfère répondre ici aux remarques pertinentes qui m'ont été faites et qui j'espère, mes chers auditeurs, continueront à alimenter vos contributions.

Pratiques exclusives (Baptiste)
"Ça me parait un peu délicat de juger des pratiques exclusives. Si des auditeurs sont satisfaits d'RTL, tant mieux pour eux, et ils n'iront jamais écouter Inter. Et chez beaucoup d'auditeurs, la célébrité joue indéniablement, on va sur telle radio pour retrouver Morandini ou Bouvard, ce n'est pas condamnable, … " écrit Baptiste. Loin de moi l'idée de condamner l'auditeur de RTL, s'il est bien là où il est, tant mieux. Il est acquis à la chaîne ! Ce qui m'interrogeait c'est en quoi le fait d'écouter la matinale inciterait l'auditeur à aller jusqu'aux "Grosses têtes", voire poursuivre en soirée. Je n'y crois pas un seul instant. Le public qui aime l'humour et la gaudriole écoute Bouvard quoi qu'il arrive, peut-être une autre chaîne le matin et la télé au moment de la session d'infos du soir sur cette chaîne. Je réfute la tyrannie des vendeurs d'espaces publicitaires qui font avaler des couleuvres aux directeurs de chaînes (1) en partant du postulat que les "auditeurs gagnés le matin ont plus de chance d'être là le soir…" Balivernes !

"La "starification" n'est pas un problème en soi si la "star" a du talent…" poursuit Baptiste. Bien sûr, mais sans bien même qu'on le qualifie ainsi, Philippe Caloni, après avoir enchanté France Musique a pris en charge la matinale d'Inter au milieu des années 80. En quoi le brio quotidien de son animation (avec Gérard Courchelle) influençait-il l'écoute de "Synergies" en fin d'après-midi (2) ou celle du Pop-Club d'Artur qui avait ses aficionados déjà depuis plus de 20 ans ? Cette course à la star est utile aux matinales pour leur image - qui participe allègrement, par la-même, à "la société du spectacle" (3). Les chaînes starifiant elles-mêmes l'illustre inconnu qui ne le restera plus longtemps ! (4) 

L'audience radio (Baptiste)
"… l'audience radio se mesure le matin, avant le boulot." note Baptiste. Je l'écrivais le 30 janvier à l'appui d'un sondage Médiamétrie, les soirées radio toutes chaînes confondues (hors les émissions de "libre antenne) ont des scores très faibles comparés à ceux des matinales et des émissions de matinée. Les producteurs et animateurs de ces émissions de soirée auraient donc moins de pression pour fidéliser un public sollicité à outrance par la… télévision. Rappelons-nous pour mémoire le défi qu'avait lancé Frédéric Schlesinger (5) à Frédéric Bonnaud à la rentrée 2006, en lui demandant en une heure trente (6), de capter un public qui majoritairement écoutait Bouvard sur RTL et Ruquier sur Europe 1 aux mêmes heures. Mission impossible ! Aujourd'hui qui est la star : François Bunel (7) ou Frédéric Bonnaud (8) ? Pourtant ils reçoivent chacun une très grande diversité d'invités !

Sage, Le Transistor écrit : "Il s'agit juste d'un problème d'interprétation à mon avis. L'assertion ne signifie pas que l'écoute d'un programme matinal influence le reste de la journée d'un auditeur, mais que cette tranche est capitale pour une station en raison de la part qu'elle représente dans l'audience totale." Dit comme ça je suis entièrement d'accord. Mais comment ne pas faire une "star" de quelqu'un qui, avec son équipe, représente la moitié de l'audience quotidienne ? "France Inter réunit quotidiennement près de 6 millions d'auditeurs (entre 5h et minuit), et son "7-9" en rassemble 3 millions. La moitié de l'écoute d'Inter se ferait donc le matin au réveil, avant le boulot. Autant donc ne pas trop perdre d'oreilles à ce moment là, sinon les 6 millions se transforment en 5... " a commenté Le Transistor !

Prime-time (Jakki)
"Une radio commerciale est une entreprise comme les autres qui a besoin de convaincre les annonceurs comme d'autres doivent convaincre une clientèle. Il n'est donc pas obligatoire que cette opinion "prime-time réussi égale auditoire en continu pour la journée" soit vraie ou fausse, il suffit qu'elle ait convaincu les décideurs et cela devient le gimmick du moment jusqu'à la prochaine fois où il faudra décider d'une nouvelle façon de faire.", nous écrit Jakki, ou d'une nouvelle star à débaucher du PAF !

Assertion vs opinion (Jakki)
"En préambule, j'aimerai préciser qu'une assertion est une proposition dont on peut dire sans ambiguïté qu'elle est vraie ou fausse en foi de quoi je préfère penser que ce qui est rapporté relève plus de l' opinion que de l' assertion." précise Jakki en préambule de son commentaire. Soit ! Bien que, au vu de ce que je défends ci-dessus, je n'en sois pas aussi sûr. Mais bon, on règlera ça tout à fait amicalement lors d'un prochain festival radio !

(1) M'étonnerait qu'ils marchent dans la combine, 
(2) Jean-Luc Hees (actuel Pdg de Radio France), du lundi au vendredi, 18h10, France Inter
(3) La société du spectacle, Guy Debord, 1967,
(4) Où l'on apprend que Marc-Olivier Fogiel était tout juste adolescent quand il officiait au standard de RTL (ça a été le cas pour Gérard Klein et Jean-Louis Foulquier bien des années avant à France Inter)
(5) Directeur d'Inter 2006-2009,
(6) La bande à Bonnaud, 16h30-18h, saison 2006-2007, remercié au bout d'un an par ce même directeur qui voulait raccourcir l'émission d'une demi-heure, Bonnaud n'a pas supporté et a décliné (l'offre)
(7) Le grand entretien, France Inter, 17h, du lundi au vendredi,
(8) Plan B, Le Mouv', 17h, du lundi au vendredi,

21 commentaires:

  1. Bonjour @ vous,
    Merci de votre réponse, avec laquelle j’ai pourtant un peu de mal. « Je n’y crois pas », « je réfute », « couleuvres » et « balivernes » sont très affirmatifs mais guère convaincants. Ne le prenez pas mal.
    Pour continuer à alimenter mon propos, deux autres points :
    - Un détail technique qui me paraît pourtant essentiel : la programmation.
    Que ce soit un équipement domestique, un autoradio ou un poste de chantier, l’utilisateur programme une, deux ou plus rarement trois stations, guère plus. A moins d’avoir, pardon de me répéter, le grand luxe d’une écoute active et sélective.
    - La matinale, à ce titre, est décisive, elle donne le tempo de la journée radio, et participe de la « coloration » de la station. De plus, elle installe l’auditeur dans ses programmes, avec ses annonces internes, ses renvois entre émissions, et aussi ses auto-citations. La matinale n’est pas qu’une « plage » radiophonique, elle « installe » l’auditeur dans la station, avec son travail sonore, ses partis pris, son ambiance. Je n’y vois aucune manip, mais une cohérence éditoriale. Par exemple, je vois donc un lien direct entre l’écoute de la matinale d’Inter et celle du « Masque et la plume ». Quelque soit ses choix radiophoniques, l’auditeur apprécie la cohérence (voyez comment Bonnaud ne collait pas du tout à l’esprit Europe 1), et les « stars » maison ajoutent un peu de peps à l’intimité qui se crée entre l’auditeur et sa station d’élection. Il me parait alors normal qu'une radio "mette le paquet" sur sa matinale.

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    1. Bonjour Baptiste, désolé si mes arguments ne sont pas convaincants (en même temps je n'ai envie de convaincre personne). Je ne veux pas lasser le lecteur avec de longues démonstrations. Il faudrait pouvoir en parler de "vive" voix. J'y réfléchis !
      Sur mon auto-radio j'ai 6 stations (5 publiques, une privée) que je balaye en fonction de l'heure. Je ne partage pas votre point de vue sur "matinale" et "masque" et m'en suis assez longuement expliqué. J'écoute "Les papous" (France Culture, dimanche 12h45) pas le journal qui précède, ni celui de la veille, ni celui de l'avant-veille.
      Il y a quelques années j'étais "monomaniaque" France Inter de façon exclusive puis Culture de la même façon. Aujourd'hui je picore, aussi pour rendre ce blog le plus "ouvert" possible.
      J'espère qu'un jour (si vous le souhaitez) nous pourrons débattre oralement. Merci pour vos contributions étayées. Ne perdez pas le fil, on compte sur vous. Bonne fin de semaine.

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  2. Ah oui, autre chose, et si l'existence de stars radiophoniques était aussi un signe de vitalité du média, ce dont, en bon radiophile, je ne peux que me réjouir ? Et est-ce qu'il n'y aurait pas un lien entre vitalité et diversité ?
    Voyez la célébrité incroyable de certaines "bêtes de micro" américaines et le foisonnement radiophonique outre-Atlantique.

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    1. Avant que Chancel devienne Chancel il a du installer Radioscopie, avant que Foulquier devienne Foulquier, etc… etc… Les responsables des chaînes publiques et privées laissaient depuis les origines de la radio les "stars" se faire elles-mêmes. Aujourd'hui Ali Baddou est une "star" sur Canal + après avoir tout fait pour devenir une star à France Culture. Frédéric Taddeï n'apporte rien à France Culture. Jean Lebrun (La marche de l'histoire) n'est pas arrivé en star sur Inter et pourtant c'est un grand professionnel de radio. Mais ceci est vraiment le bon sujet d'un débat public à organiser… (à suivre)

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  3. "je n'ai envie de convaincre personne", j'allais vous inviter à ne surtout pas vous priver de ce qui fait tout le sel de la conversation et vous revoilà avec du convaincant (digression qui pourrait nous éloigner du sujet si une belle conversation contradictoire n'était pas aussi un art éminement "radiogénique"..). A ce propos, ne me remerciez pas d'essayer d'étayer mes messages, c'est bien le moins que je vous dois en gratifiant votre blog de mes commentaires. Bref.
    D'accord avec vous pour Chancel et Foulquier.
    Je ne vous suivrais pas avec Taddeï qui, selon moi, mène très bien ses entretiens, sans se crisper sur un listing de questions préécrites, avec une vraie capacité de rebond sur les propos de ses invités, sans effets de manche de cador du paf.
    Lebrun, quand à lui, a repris une des émissions les plus écoutées d'Inter (une de mes préférées soit dit en passant), et on a quand même senti arriver sur la station un des plus talentueux historiques de Radio France. Lebrun c'est peu une "star", non ?
    Mais peut-être se fourvoit-on avec ce mot fourre-tout de "star" aussi idiot que flou ?

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    1. Lebrun était un personnage de France Culture, en aucun cas une star, ce qui est toujours le cas aujourd'hui. Taddeï n'apporte rien à France Culture car F.C. n'a pas besoin de ce qui se ressasse ailleurs à longueur d'antenne, à savoir l'entretien en "tête à tête". Jusque récemment F.C. savait trouver la façon de faire AUTREMENT et apporter une vraie "valeur ajoutée".
      Quant au mot star ce sont les médias qui l'ont "inventé" et qui, c'est bien connu, font et défont les rois (et les reines) au gré de leurs humeurs, de leurs intérêts et de leurs… infographies pathétiques.

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    2. D'accord avec Fanch sur le fait que l'émission en soi de Taddei n'apporte pas grand'chose à FC (si ce n'est de constater que certains invités, longtemps ostracisés, ne le sont plus grâce à Taddei), quoi que... In fine, pour reprendre la discussion sur le gruyère qui reonge la grille de FC, paradoxalement, le Tête-à-Tête offre une respiration puisque durant 1 heure on prend le temps d'écouter l'invité (ce qui se pratique de moins à moins sur FC: je pense que sur ce point, vous serez d'accord fanch non?) sans que la parole soit coupée toutes les 7 secondes (les fameuses) par un animateur inculte...
      Gouzon
      PS: je ne suis pas un défenseur acharné de Taddei...

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    3. C'est vraiment sympa cette discut' (avec un "c"). Juste, on peut prendre le temps d'écouter l'invité ! Toutefois le ton de Taddeï est un peu appuyé "flâteries et connivences" Et pourquoi ne reçoit-il pratiquement que des stars-de-l-actu-du-moment-tendance-média-bien-lourde ? Cette case n'est pas innocente, ne serait-elle pas "finement" placée là pour l'inter-concurrence (sic) que se livrent les chaînes publiques entre elles. Ben que Taddeï aille roucouler sur Inter et que Lebrun mène l'entretien du dimanche soir sur F.C. !
      Quant à l'animateur inculte que nous serions tentés de reconnaître comme un gros fumiste "égocentré sur lui-même" je ne lui ferais jamais l'honneur d'évoquer son nom, son émission ou même son passé radiophonique.
      Même pas has been…

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    4. @ Gouzon,
      "Ostracisés" : à tout hasard, le fondateur de Krisis ?

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    5. A mon avis, je pense que l'arrivée de Taddei a été téléguidée/demandée/motivée par la puissance publique ou politique après lui avoir réduit son exposition sur Fr3: une petite compensation. Quant à l'horaire, j'avoue ne pas avoir d'éléments mais il semble que la case du dimanche après-midi a été considérée tabula rasa ou sinistrée au point d'y créer et placée une émission de faux débat donnée à quelqu'un de sciences po et un autre du monde (bonjour la causticité et l'impertinence) qui dégoulinent de bonne pensée unique bien gluante.
      Pour le reste, je vous suis dans votre critique exprimée ici de Taddei: je n'ai pas d'arguments pour le défendre hic et nunc.
      Gouzon

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    6. @ Fanch : Je ne suis pas devin, de quel "gros fumiste" parlez-vous ??

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    7. Il n'y a donc pas que les directeurs que la puissance politique place à la direction de Culture en attendant des lendemains qui chantent (Patino -Télérama/LeMonde - F.C. - F5), Kessler (CNC - F.C.- Conseiller Delanoé - Les Inrocks - Conseiller Ayrault), Poivre d'Arvor (Cultures-France - France Culture - ?).

      Invité par Charles Martel (sic) sur France Culture, Taddeï avait moqué quelques mois avant d'intégrer la chaîne le titre de "producteur" attribué aux créateurs d'émissions qui ailleurs s'appellent animateurs.

      Si j'affuble Martel de ce prénom illustre c'est qu'il est spécialiste pour écorcher, déformer, bredouiller les noms propres avec des ricanements dignes du cours préparatoire !

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    8. @ Baptiste, oui j'imagine que vous n'êtes pas devin, mais c'est sûrement une "faute" de ma part d'en parler (semble t-il en connivence avec Gouzon, mais s'agit-il du même "animateur) sans en donner le nom ? Je ne veux faire à ce sinistre personnage aucune publicité dans aucun sens. Mais pour vous mettre sur la voix (sic) disons qu'il ferait mieux de claquer la porte…

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    9. @ Baptiste: oui notamment le fondateur de Krisis (malheureusement, l'itw a été fade: sa pensée n'est plus dynamique... Grande déception mais qui vient en grande partie je pense de Taddei qui aurait dû orienter son entretien autour du "moment 1970s" très riche intellectuellement) mais pas seulement, je crois me souvenir de quelques autres personnes, sans être ostracisées, qui ne sont pas des invités promo/bons clients récurrents: Obalk, Murat qu'il a gratté sur des questions pas politiquement correctes, Deforges (qu'on entend pas si souvent tout de même), Matzneff (bah oui, inaudible pour moi), voire Siné...
      Gouzon
      PS: à propos de l'animateur inculte qui coupe la parole, désolé de vous avoir induit sur une fausse piste, mais je n'avais pas de nom en tête, en tout cas pour FC (ah si peut-être AC mais surtout dans l'inculte): sur d'autres radios, ça oui, j'en ai des brouettes...

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    10. @ Gouzon : les 70', les années GRECE ?
      @ Fanch :
      Pour votre énigme, je propose la mise en équation suivante :
      "animateur" + (claquer)"la porte", avec ces propositions :
      1 - Xavier de.
      2 - Arnaud (tout court).
      Pas devin, mais parfois joueur.

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  4. En bon lebrunophile, je reconnais la grande subjectivité de sa staritude.
    Je vous concède aussi, qu'effectivement, l'entretien n'est pas un format radio follement créatif.

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    1. Rappel : Taddeï au micro de Renaud Revel (L'express, voir sur le site de l'Express "Immédias") déclare ses deux idoles : Chancel et Pivot Il ajoute : "je n'ai voulu imiter ni l'une ni l'autre". On se pince, on pouffe, on ricane, et mieux on éternue ! En radio Taddeï c'est du copié/collé Chancel quant à la télé je ne regarde pas…
      C.Q.F.D. pour votre avis sur Lebrun. Il tient sa place, joue, existe mais passé les portes du studio est d'une discrétion totale. (Ré)écoutez son propos sur le site d'Arteradio (j'ai déjà cité cela dans un de mes billets) où de la même façon Kriss s'exprime sur son "métier"…

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    2. Christian Rosset23 juin 2012 à 10:06

      Si, l'entretien radiophonique peut être créatif. Encore faut-il trouver les bons silences et ne pas utiliser la musique juste comme pause, mais de manière organique. La radio, c'est la recherche permanente et sans recette de "comment faire surgir des voix". Tous les moyens sont bons.

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    3. Baptiste avait sans doute entendu le dialogue entre Marie Richeux et Mariette Navarro sur France Culture (Émission "Pas la peine de crier" du 11 juin 2012 à 16h) : une vacuité indépassable que la première citée cultive avec une suavité affectée dans la voix et un vocabulaire a minima qui désolent.
      L'entretien radiophonique n'est pas créatif, au sens où l'on entend ce mot de nos jours, mais pour faire surgir une personnalité durant un dialogue il faut qu'un intervieweur et une équipe créent les conditions le permettant. Il est alors possible de parler de création d'un entretien.

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  5. Je sens bien venir une table ronde d'auditeurs lors d'un prochain raout radiophonique.....;-)

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    1. Manquait plus que toi, sabre de bois ! Merci d'installer de cette façon un joli teasing/suspens en prime (time)…

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