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Ici, le vendredi, jusque fin juin 2018, en complément du feuilleton "société" publié chaque lundi, je vous raconte, quelques faits marquant de "la vie culturelle" de l'époque. À travers les livres, les films, les disques qui ont marqué la révolution culturelle qui couve. Avec des archives audio radio en exclusivité, les sources de la presse nationale et régionale, et… mes propres souvenirs.
La radio publique en 68 : la voix de son maître
Si l'on prend la peine d'écouter les "journaux parlés" de France Inter de janvier à mars 1968, on constate sans peine le désastre de l'information, l'absence quasi-totale de reportages ou d'analyses sur la montée en puissance de la rébellion universitaire pas plus que sur les grèves qui s'intensifient. La radio d'État est au zénith de la servilité et donne du champ et de l'audience aux périphériques RTL et Europe n°1, dont les émetteurs se situent pour l'une au Luxembourg et pour l'autre en Sarre en Allemagne.
En mai 2008, quarante ans après les "événements", "La fabrique de l'histoire" (1) en propose une analyse par le prisme du rôle de la radio dans les mouvements contestataires, dont vous pourrez écouter un extrait ci-dessous. Au cours de cette émission plusieurs voix et acteurs de l'époque témoignent. Voilà ce qu'en dit la fiche Ina pour la première émission diffusée le lundi 5 mai 2008 :
France Inter "reste étroitement surveillée dans le domaine de l'information par le pouvoir gaulliste. Quand les premiers remous apparaissent, sur fond de guerre du Vietnam, à Nanterre en mars 1968, les radios en rendent compte mais sans percevoir ce qui s'y trouve en germe. Avec les témoignages de Jacques Garat, présentateur à France Inter ; Jean-Pierre Sicre, journaliste à France Inter ; Claude Ventura, réalisateur à l'ORTF ; François Jouffa, présentateur de Campus sur Europe ; José Arthur, producteur du Pop club sur France Inter ; André Lemas, rédacteur en chef adjoint à France Inter ; Patrick Pesnot, reporter à RTL ; Jean-Pierre Farkas, rédacteur en chef à RTL."
L'extrait proposé (2) est sans ambiguité sur l'état de surveillance de l'ORTF. C'est aussi suite à cette séance de l'Assemblée nationale que les libéraux (dans la mouvance de Giscard et Chirac) forgeront leur dogme sur la nécessité de casse absolue de l'Office, ce qu'ils ne manqueront pas de faire en août 1974, moins de trois mois après l'élection de Giscard d'Estaing à la Présidence de la République (3).
(1) Du lundi au vendredi, 9h05/10h, France Culture. Producteur Emmanuel Laurentin. cette émission "Radio 68" faisait partie d'une série de cinq documentaires d'Amélie Meffre, Emmanuel Laurentin et Renaud Dalmar, avec l'aide de Camille Albrieux,
(2) Pour des questions de droit et de convention entre Radio France et l'Ina il n'est pas possible de diffuser l'émission dans son intégralité,
(3) Pour le débat actuel sur le chiffon rouge agité de l'Office, lire le très bon article de Philippe Kieffer sur Slate "Levons le tabou d'un «retour à l'ORTF» pour mieux réformer l'audiovisuel public".
La marche de l'histoire, 8 mars 2018, "Une journée à la radio en mars 68",
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