Donc Sandrine Treiner, ci-devant directrice de France Culture et Michel Field, ci-derrière grognard audiovisuel sur le retour, sont venus jeudi dernier dans l'Instant M de Sonia Devillers sur France Inter, roucouler sur un machin censé capter l'attention des jeunes (et moins jeunes) que la culture en général et sur les chaînes publiques audiovisuelles ferait fuir. Le numéro de duettistes était (presque) parfait pour vendre la sauce (amère) à l'ère du rapprochement -inexorable, forcément inexorable- des audiovisuels publics et de la sacro-sainte dévotion au numérique.
Sonia Devillers a tant bien que mal (et plutôt très bien) tenté d'expliquer aux deux ténors que ce n'est pas tant la radio ou la télévision qui à travers leurs antennes publiques allait pouvoir tirer les marrons du feu mais bien plutôt la plateforme choisie qui, sans bourse délier, allait faire son miel et… plus si affinités. Treiner/Field, nouveaux maîtres du changement d'époque, insistaient pour dire tout le bien qu'on pouvait attendre de cette gymnastique culturelle à laquelle, n'en pas douter, la France connectée (et la francophonie) allait succomber… subito. Sans jamais avoir besoin d'identifier la/les source-s et encore moins de pouvoir les citer en référence. Rappelons qu'il s'agit de vidéos, d'images et de sons, la référence à la radio devenant de fait très très peu identifiable (le logo de France Culture comme des autres chaînes de Radio France ne dit en rien qu'il s'agit de radio !).
Pourtant, en creux, on peut sentir les dangers à court terme de ces mix-culturels, ces amalgames de savoirs en "capsules" qui pourraient bien inciter le législateur - économe - et en tête leur Ministre de la Culture, Franck Riester, de réaliser le grand mix de toutes les chaînes publiques de l'audiovisuel pour produire la RadioTV Prime, unique entité audiovisuelle qui petit à petit effacerait du PAF (paysage audiovisuel français) ses entités d'origine ? Science-fiction ? Je ne crois pas. Google prépare une radio sur-mesure dédiée à l'info à partir de sources diverses. Radio France a dans ses cartons la création d'une plateforme qui permettrait à l'auditeur de composer son propre programme à partir des sept chaînes du groupe public. Dans ce dernier cas, c'est l'étape intermédiaire avant le grand saut avec la TV.
Au titre de la modernité et du progrès la tentation va être grande de reconfigurer l'audiovisuel public sous ce type de "modèle" rationnel qui, à court et moyen terme permettra des économies de personnel, de moyens, d'intelligence, de créativité, de locaux et surtout de diversité. Que les dirigeants de radio s'inquiètent de la perspective de la fusion des audiovisuels publics est légitime, mais de là à offrir sur un plateau des "modèles" qui pourraient couler la radio dans le grand bain du "tout image" il y a un grand pas que Culture Prime pourrait inciter à faire. Gaffe ! Après la prime la D' (déprime)…
Capture sur la page de l'Instant M du 6.12.18 |
PS 1 : Surprenant que Sonia Devillers présente, "brusquement", Treiner comme la "boss" de France Culture et, que sur la page de l'émission cette dernière soit créditée des fonctions de journaliste et d'écrivain. C'est pourtant au titre de sa fonction à France Culture qu'elle a piloté le projet Culture Prime,
PS 2 : Toujours au titre des rapprochements radio/TV, Laurence Bloch directrice d'Inter envisage de confier aux humoristes de "Par Jupiter" une reprise TV du "Tribunal des flagrants délires" dont les essais TV à l'époque n'avaient pas donné de suite *. Je suggèrerai bien à la directrice de proposer à l'animateur bénévole de la tranche 11h-12h30 "Reine d'un jour" (Jean Nohain - Radio Luxembourg) et peut-être à Nicolas Stoufflet un remake d'Intervilles (la gaudriole de Guy Lux et Léon Zitrone).
* Je ne voulais pas alourdir ma note de bas de page mais sur la recommandation de GD je précise : Émission de Claude Villers au titre original (sur un concept déjà mis à l'antenne à trois reprises, deux avant guerre, une au début des années 60) créée avec costumes sur France Inter saison 1980-1981, puis 1982-1983.
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