"Un média de service public n’est pas fait pour l’audience mais pour remplir des missions qui sont de faire vivre des valeurs de démocratie, de culture et de création." Jean-Paul Philippot, administrateur général de la RTBF (Radio Télévision Belge Francophone)
lundi 28 novembre 2016
Des pod-casts... des pod-casts... oui mais des Panzani !
Souvenez-vous : quand les premiers podcasts (2005) ont commencé à être proposés pour les chaînes de Radio France, gloutons avides, nous nous sommes rués sur ces petits miracles qui nous permettaient, enfin, de n'être pas définitivement insatisfaits d'avoir loupé plusieurs de nos émissions favorites et d'être à jamais inconsolables de n'avoir pu enregistrer "Le bon plaisir" de Marcel Gotlib (1). Et, la collectionnite pouvant être facilement associée à un T.O.C., nous avons stocké à tout va, empilé, multiplié les émissions et fait déborder notre "armoire" de stockage au point quelquefois d'engranger nos podcasts sur moult disques externes. E la nave va...
"Tout ça c'était avant le drame"
Quelques jours après sa nomination comme Pdg de Radio France, en février 2014, Mathieu Gallet, flambeur et iconoclaste, annonçait, péremptoire, qu'il allait faire payer les podcasts. L'auto-proclamé super-manageur-qu'on-allait-voir-ce-qu'on-allait-entendre n'hésitait devant aucune provocation pour marquer son territoire, dont on se souviendra que c'est bien sous sa présidence qu'un mouvement de grève (28 jours) a dépassé tous les autres depuis feu l'ORTF (Office de Radio et Télévision Française) en 1968. Après qu'on eut rappelé au dit président qu'on ne pouvait faire payer deux fois ce qui relève déjà de la taxe audiovisuelle, l'incident fut clos...
Puis d'aucuns se mirent à plastronner à tout va sur la quantité phé-no-mé-na-le de podcasts que les auditeurs engrangeaient jour après jour, mois après mois, au point que l'imparable Mediametrie, en moins de temps qu'il ne faut pour le dire, décida de créer une nouvelle mesure d'audience, sur lesquelles les radios ne manqueraient pas de s'esbaudir et de faire une promotion effarante. Au titre de ses plastronneurs de première la palme revient sûrement à M. d'Arvor (Olivier Poivre) qui, régulièrement, venait dire à l'antenne de France Culture sa fierté pour sa chaîne décrochant la timbale, mesure après mesure. Dans cet esprit scolaire et néanmoins pathétique, Madame Treiner a repris le flambeau et glousse à tout va pour nous dire que "Podcast is good for you".
Sauf que, depuis lurette, "tout le monde", experts et amateurs éclairés, s'accordent à dire que s'abonner à un podcast n'équivaut pas à sa lecture, qu'elle soit d'ailleurs partielle ou totale. Moi-même, essayant d'être raisonnable, j'ai fait un tri sévère dans ma "bibli" et ai fini par ne plus garder que trois émissions à mes oreilles indispensables. Mais bien plus que "raisonnable" j'ai appliqué froidement le principe de réalité. Les journées ne faisant que 24h, il m'est impossible d'écouter plus de deux heures quotidiennes de podcast auxquelles s'ajoutent au minimum trois heures de flux. Au-delà le sommeil en prend un coup et ça, ça ne peut durer aussi longtemps que les contributions.
Mais voilà qu'en interne, à la Maison de la Radio, quelques esprits éclairés et volontaires ont décidé d'encapsuler de la pub (pour abonder les finances publiques allouées à l'audiovisuel public et à Radio France) dans tous les podcasts de France Culture et de France Inter. Bigre de bigre la belle affaire ! Il existerait donc des publicitaires (ou des agences), suffisamment demeurés et ignares, pour conseiller à leur clients-annonceurs de réserver une partie de leur budget publicitaire à ces podcasts, dont on nous psalmodie les résultats mensuels, avec autant de passion et de conviction que, par -35°, la diffusion d'un rosaire sous la dynastie mandchoue, au fin fond de la Mongolie, par l' hiver le plus froid du XVIIIème siècle. Amen !
On comprend mieux alors pourquoi, depuis des mois, Radio France incite les producteurs à faire une promotion systématique des podcasts de leurs émissions. La belle affaire (bis répétita), hormis le podcast point de salut et, le streaming d'être relégué en arrière-plan. Aux publicitaires alors de constater la formidable audience desdits podcasts. Qu'on se rassure, dans la minute qui suivra cette nouvelle forme d'agression publicitaire, je me désabonnerai illico-presto des trois émissions que je podcaste (2). Je reviendrai à une forme ancienne d'écoute, tendue et concentrée, et continuerai à jouer du streaming.
Une dernière question : "Pour ces multidiffusions podcastées productrices et producteurs sont-ils rémunérés ? Et, si oui, sous quel critère de certification d'écoute ?" J'ai comme l'impression que si les producteurs avaient fait ce type de demande on leur aurait rétorqué qu'on ne pouvait garantir que leurs émissions podcastées soient pour autant écoutées. Y aurait-il alors deux poids deux mesures ? On garantirait aux annonceurs ce qu'on ne pourrait garantir aux producteurs ? La grosse farce !
Prochain épisode : "Qui seront les dindons ?'
(1) France Culture, 13 décembre 1997,
(2) Des tests seraient prévus prochainement sur les sites des deux radios concernées,
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Voilà une mauvaise nouvelles. Récemment,France Culture annonçait un événement "avec Pilote ...". Tiens, un rapport avec la BD ? "... avec Pilote instrument d'écriture, blablabla". Bientôt retour au CD pour avoir la paix ? Ou au podcast traité avec un logiciel de son pour supprimer les pubs et ensuite échanger avec d'autres le produit fini "net de pub" ?
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