mardi 8 novembre 2016

New-York New York...





















J'arrive pas à enlever le frein qui m'éloigne de ce billet à écrire. La radio publique finira par m'achever et je ne tarderai plus à jeter aux orties ma belle radio Bose. Le titre de ce billet c'est juste pour un clin d'œil qui reculera d'autant l'instant fatal ! "New-York NewYork" c'est pour les cinéphiles le film de Martin Scorsese (1977) où, Liza Minelli et Robert de Niro nous feront revivre le temps des comédies musicales des très grandes années d'Hollywood. La Musique á été composée par John Kander avec des paroles de Fred Ebb. Liza est magistrale bien avant que Frank Sinatra ne s'empare de la chanson.

Toutes ces circonvolutions rédactionnelles pour stigmatiser le déploiement du "Big Barnum    Radio France" en déplacement aux États-Unis pour la grande foire/parade des élections présidentielles. Mathieu Gallet avait eu beau prévenir, dès son entrée en fonction en mai 2014 comme Pdg de Radio France, que les matinales des différentes chaînes devraient se différencier, nous assistons ce mardi au déplacement in situ de la matinale de France Inter et de celle de France Culture Info. Pourquoi ce doublon ? Voire triplon puisque France Info ne risque pas de rater le coche. Il faut bien, une fois de plus, reconnaître au Pdg son immense capacité à l'effet d'annonce, non suivi d'effets.

La représentation nationale et les élus Les Républicains, favorables à une "BBC à la française", se frotteront les mains. Les exemples ne manqueront pas pour dénoncer la multiplication des coûts liés à l'information de la radio publique. Quand dans le même temps les crédits disponibles pour la production fondent comme neige au soleil. Cette politique du "coup... par coup" et du court terme ressemble plus à une volonté de conforter ou d'amplifier des images de marque plutôt que de s'engager pour la création radiophonique. Une façon de tenir son rang médiatique vis-à-vis de la concurrence, mais certainement pas la volonté de stimuler une offre élargie. L'info "ça se voit", ça s'entend et ça "paye immédiatement" auprès... des annonceurs. Les matinales étant devenues les références ultimes pour les sondages Médiamétrie.



Pourtant France Culture pouvait nous refaire ce "coup-là" :
- "rafraîchir" et réactualiser les premières "Nuits magnétiques" (janvier 1978) sur "New York" (1), refaire la route, proposer une concordance des temps "38 ans aprés",
- proposer un "Pays d'ici" exceptionnel de 2 heures chaque jour de cette semaine et donner l'occasion à "Du grain à moudre" de laisser sa place,
- faire un joli bouquet de documentaires pour "La semaine documentaire" en proposant à différents producteurs de raconter les États-Unis d'avant les élections en allant voir au cœur des villes et des campagnes, 
- mettre en pause le blabla insipide de "La dispute" en couplant cette heure avec "Creation on air" et donner place à des créations sur le thème des Etats-Unis, des minorités, de la frontière, et plus encore si affinités.



En clair, une vraie "Grande traversée", une vraie proposition culturelle et non l'inféodation définitive à l'info et á l'actu. Faire un aller/retour, en mai dernier, pour aller interviewer Jonathan Franzen : ça c'est culturel, tendance et absolument "actu" littéraire. C'est un coup. Encore un ! Mais au final c'est juste rien. Vous écouterez les cinq épisodes des "Nuits magnétiques" et vous mesurerez l'abîme dans lequel France Culture s'est engouffrée, lentement mais sûrement, depuis 1999. France Culture ne donne plus le temps à l'élaboration, à la maturation, au montage ciselé. Elle ânonne les chiffres des podcasts mensuels que la chaîne comptabilise fébrilement. 






Cette ridicule course à l'échalote banalise une chaîne qui, il y a trente ans, pouvait se piquer d'excellence. Vulgaire aujourd'hui dans la cour de récré médiatique, elle compte ses billes ou ses osselets, ses images Panini ou ses Pokémons et ses "bons points" d'audience. Chiffres bidons qui n'ont aucune valeur d'écoute. En 1987, Alain Finkielkraut (producteur à France Culture) écrivait "La défaite de la pensée". Aura-t-il la même prescience pour écrire "La défaite de France Culture" ? (2)





(1) Rediffusées la semaine dernière dans " Les nuits"
(2) L'émission de Thomas Baumgartner, parti sur Nova, diffusée le samedi soir à 23h est remplacée par une émission musicale "Métronomique", produite par Amaury Chardeau (producteur á "Les pieds sur terre"), exit la création sonore. Sera-ce une émission de D.J. ? Ou quelque chose à la mode P.Cla productrice de France Inter qui méprisait les D.J. et ses auditeurs... ?



1 commentaire:

  1. Salut Fanch,

    J'ai entendu avec un immense plaisir la rediffusion de ces Nuits Magnétiques consacrées à New-York...J'ai l'impression d'avoir retrouvé lors de cette écoute (à laquelle je ne m'attendais pas) un vrai plaisir d'auditeur, une sensation que je n'éprouve plus que très rarement à l'écoute distraite (et peu attentive) des programmes bavards du France Culture d'aujourd'hui (celui des Sandrine Treiner et des Mathieu Gallet).
    Ce que j'ai aimé surtout, c'est le parti pris assumé par l'auteur de présenter New-York comme une ville du Moyen-âge (parti-pris très culotté, mais auquel on adhère très vite en réalité) ; c'est aussi le montage de l'émission, à la fois lent et tendu, très artisanal, parfois bancal, qui donne l'impression d'une radio en train de se faire, et d'une ville en train de se donner à voir...C'est aussi la captation des bruits de la ville, le choix des musiques et des voix qui donne quelque chose de très vivant...une sorte de vision onirique comme un tableau de Jérome Bosch.
    Et tu t'en doutes bien Fanch, cette écoute précieuse des Nuits Magnétiques d'Alain Veinstein constitue un contraste particulièrement violent avec le reste des programmes de la Chaine qui me semble désormais englué dans un clinquant de nouveau riche...J'y entends ou j'y vois les oeuvres les plus laides d'un Jeff Koons, comme métaphore de ce qu'est désormais devenue notre radio préférée (du doré, du rebondi-tape-à-l'oeil, du gras, là où les Nuits Magnétiques proposaient du vivant, du tendu, du nerveux...Et on ne me reprochera pas de préferer quand même Jérome Bosch à Jeff Koons..
    Surtout, je me surprends aujourd'hui à ne plus écouter la radio que d'une oreille distraite, voire de l'éteindre...tant la promotion à tout bout de champ du tout et du n'importe quoi, les émissions spéciales qui succèdent aux émissions spéciales me lassent profondément (je rapproche du reste l'utilisation de ce terme "émission spéciale" de celui utilisé par les supermarchés pour dire qu'à chaque jour férié, ils sont "exceptionnellement" ouverts, comme si l'exception était devenue la norme), et ce ton de suffisance dont le summum indépassable à ce jour, reste quand même la rencontre bi-mensuelle du jeudi entre Sandrine Treiner et le Médiateur (j'aurais envie de leur dire : parler devant le micro, les auditeurs ne vous entendent plus !). Ce n'est pas la peine d'en rajouter. Les auditeurs savent déjà que ces voix criardes qui s'interpellent en permanence, se coupent la parole, et n'écoutent qu'elles mêmes, produisent peut être quelque chose, mais en tout cas pas de la radio.

    Lorsque j'écoute les Nuits magnétiques (j'ai entendu à nouveau celles consacrées à Georges Perros, formidables !), ou que je réécoute la magnifique série documentaire qu'Alain Devalpo (sous la houlette de la regrettée Irène Omelianenko) avait consacré à Salvador Allende...je ressens une immense tristesse à ce que produit aujourd'hui France Culture pour les archives de demain...du bavardage (inutile, même Emmanuel Laurentin n'y échappe plus), de la promo en permanence(ah, l'expo Magritte ! ah Tintin !), des spots publicitaires (si si !) et d'une manière générale, l'impossibilité pour l'auditeur de se dépétrer de l'actualité sous toute ses formes : Guillaume Erner en Grèce, Guillaume Erner à Londres, Guillaume Erner à New-York...cela fait album de Tintin...mais cela ne fait progresser ni la réflexion, ni la curiosité de celui qui est censé écouter, et surtout,cela bloque France Culture dans un présentisme mortifère, une radio qui ne célèbre plus que l'anniversaire des morts (à condition que ceux-ci aient encore quelque chose à vendre)...

    Bon dieu : où est tu passé Alain Veinstein ?

    Guillaume HAMON (de Saint-Brieuc)

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