Quand j'ai su qu'Ivan Levaï, venait passer une semaine "À voix nue" sur France Culture, je me réjouissais de refaire l'histoire avec lui. Heu, Fañch (une petite voix me cause dans l'oreille) faut que tu saches qu'"À voix nue" n'est pas une émission d'histoire, vois-tu ? Je vois, mais, me dis-je en mon fort intérieur (autre genre de petite voix) avec un journaliste politique on va sûrement croiser l'Histoire avec un grand H ? Ben oui, on l'a croisée mais, plusieurs fois, on l'a aussi décroisée ce qui fait, entre autres, que je suis un peu (beaucoup) resté sur ma faim.
Ivan Levaï, Europe 1, Laurent MAOUS/Gamma-Rapho |
D'entrée si je m'adresse à un homme de radio et annonce qu'il a commencé en 1963, je ne dis pas à l' ORTF, mais à la RTF (Radiodiffusion-Télévision Française, 1959-1964). Basique, dirait un chanteur ! Et ça n'a rien à voir avec le fait qu'"À voix nue" soit ou non une émission d'histoire. Il s'agit juste d'être rigoureux pour situer une personne dans son contexte historique et, si la personne qui mène l'interview, Caroline Bonacossa, est elle-même journaliste, je ne devrais avoir aucune inquiétude sur la rigueur des faits et des sources. Pourtant…
Pourtant, à l'issue des cinq épisodes (1) je ne suis pas sûr que Bonacossa, si admirative de son sujet, ait pris suffisamment de recul pour faire sortir Levaï d'une belle ligne droite toute tracée, appuyée de sa forte voix qui a pris toute la place, trop de place. Levaï a beau être l'invité, il aurait pu (en bon professionnel) laisser du champ pour que Bonacossa puisse mieux rebondir sur ses propos ! Mais bon, les temps changent, peut-être qu'il est tout à fait has been de vouloir interroger un invité sur des moments plus difficiles de son parcours ou, des moments qui, jamais révélés, risque de le conforter dans la statue de commandeur ? Particulièrement si celui-ci a toute sa vie mis en œuvre la recherche de la "vérité" mais, en même temps, fait l'impasse sur plusieurs pans de son histoire professionnelle. Revue de détail.
Un journaliste politique comme Levaï n'a pas oublié, ni l'élection de Giscard (mai 1974), ni la basse besogne de son Premier ministre Jacques Chirac qui en octobre 1974 pousse au départ le directeur d'Europe 1, Maurice Siegel, à qui il est reproché le persiflage de la station (2). Il n'a pas oublié puisqu'il a été candidat à sa succession et qu'au final c'est Etienne Mougeotte qui sera choisi. À l'époque Levaï anime deux émission-phare sur Europe 1 : la revue de presse et l'interview politique "Expliquez-vous…". Une paille ! Circulez ya rien à entendre !
En 1989, il arrive à Radio France pour occuper le poste de directeur de la rédaction, dont il serait plus juste de préciser Directeur des rédactions (3). C'est la première fois qu'un tel poste est créé. C'est le Pdg Jean Maheu (1989-1995) qui l'aurait décidé et aurait lui-même choisi Levaï nous apprend ce dernier au cours des entretiens. Levaï propose alors à la journaliste Nina Sutton la revue de presse d'Inter à la rentrée 89. Il la débarquera mi-avril 1990 et prendra sa place. Il y a une règle tacite à Radio France un directeur ne fait pas d'antenne ! "Expliquez-vous Ivan Levaï !"
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire