lundi 26 avril 2021

Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur le podcast sans jamais oser le demander…

Pendant les congés de Sonia Devillers (L'Instant M, France Inter) Nadia Daam recevait jeudi dernier Charlotte Pudlowski et Victoire Tuaillon pour parler, deviner quoi ? Du rachat d'Europe 1 par Bolloré ? Non ? De l'arrivée de Coco à Libé ? Mais non ! Ben d'un gourou quelconque d'un média quelconque et qui vient d'annoncer qu'il allait recréer Europe 1 ? Pas plus. Ben non Daam voulait nous entretenir d'un truc qui vient de sortir. Le podcast ! Non ? Si ! Mais attention pas du podcast vulgarus habitus ou du podcast de documentaristes passionné-s ou même du podcast de cette web-radio du côté de Brest dite aussi Radio Pikez. Non, accrochez-vous aux branches ça va piquer. Il s'agit sans doute de l'alpha et l'omega du podcast qui ne devrait plus tarder à être homologué ou même breveté S.G.D.G. Le podcast du journalisme de l'intime ! Hein, fallait y penser, pas vrai ? Journaliste de l'intime c'est un peu comme journalisme d'investigation, ça vous pose tout de suite dans la catégorie "haut du panier". Imaginez comme ça va bien se vendre "journalisme de l'intime". Un peu comme les "nouveaux philosophes"  ou les nouvelles "Vache qui rit"…
















Une farce !
Donc sans rire et sans tenter la moindre analyse, Daam cautionne cette appellation bidon "Journalisme de l'intime", sortie tout droit d'une start-up en création de marques 3D. À cinquante ans si t'as pas été journaliste de l'intime t'as raté ta vie. La moyenne d'âge des auditeurs d'inter est de 55 ans, je ne crains donc pas d'affirmer que bon nombre d'entre eux ont depuis quarante ans du entendre à la radio "de l'intime". Dans des émissions produites par des animatrices et des animateurs talentueux (des saltimbanques), par des journalistes sans qu'il soit besoin d'ajouter un sticker aux dites émissions pour les caractériser.

Pour remettre les pendules à l'heure je ne résiste pas à évoquer 

Kriss "Portraits sensibles", Jean-Pierre Chabrol "Saludas", 
Daniel Mermet "La coulée douce", Claude Dominique "Lettres de familles",… 
Quatre émissions parmi beaucoup d'autres ! 

Une grosse bouffonnerie ! 
Donc on agite le hochet. Pour se distinguer du podcastus domesticus on invente un titre ronflant. Et Pudlowski, Tuaillon, Daam de ronfler. Revue de détail :
    un journalisme qui déplie et qui déploie l’idée pour dire que l’intime est politique, 
    ce journalisme de l’intime qu'incarne le podcast il est peut être aussi un objet politique (redite dans le chapeau de Damm)
    un journalisme, qui semble combler un manque dans l’écosystème médiatique… [Un manque, c'est bon ça coco, ça légitime à donf]
    le podcast une fonction différente, le «média le plus fiable» Pudlowski
    philosophie du journalisme de l’intime
    le podcast, on l’a compris est une industrie ! [Ah bon ? «on l’a compris», c'est qui on ? Les trois personnes en studio ? Sur la base de quelle démonstration, quels arguments, quelle analyse ? ]
    de jeunes journalistes conquis par ce journalisme-là celui de l’intime !
    le "je" dans le journalisme c’est pas nouveau, le gonzo journalisme c’est pas nouveau ! [ah bon ben Nadia Daam si vous connaissiez mieux la radio vous expliqueriez brièvement ce qu’est le gonzo journalisme plutôt que d'être persuadée que tout le monde connaît !!!],
    - le journalisme intellectuel, [what ? Le journalisme intellectuel ? Ça existe ça ?]














Le foutage de gueule puissance mille ! 
Cet enfilage de perles pourrait être surréaliste si ce n'était pas méprisant pour le surréalisme ! Donc quand France Inter convoque des producteurs-productrices de podcast elle choisit deux des plus connues, deux représentantes de studios indépendants très souvent invitées dans les médias. À part l'anecdote de Louie média qui va rendre payant certains de ses podcasts sur Apple, qu'est-ce qui justifie d'inviter ces deux personnes en avril 2021 ? 

Déjà, ça mange pas de pain ! Ça veut sûrement montrer comment Inter ouvre les portes à la concurrence ! À quoi ? La concurrence ? De qui se moque-t-on ? Ce n'est pas la première fois que Louie Média et Binge audio ont l'occasion de s'exprimer sur Inter. Mais sur la chaîne publique l'invisibilité est totale pour les autres studios indépendants, les créateurs-trices "free-lance", Phaune-radio, Des Ondes Vocast, Arte-radio,… Ceux-là ne doivent pas être dans les radars microscopiques de l'entre-soi médiatique du microcosme parisien.

Mais derrière cette petite musiquette affligeante il y a un lièvre. Un très gros lièvre. Je l'ai écrit de nombreuses fois. Sur le pied de guerre, autour de la Maison de la radio productrices-producteurs et studios indépendants, guettent jour après jour l'ouverture des portes en verres de la porte A (ouais, j'adore agacer les promoteurs en sémantique qui l'ont rebaptisé "Porte Seine") pour s'engouffrer dans la co-prod. Il faut donc habituer les auditeurs dans les désannonces de futures émissions à reconnaître des noms de studios qui demain auront table ouverte à Radio France pour, à moyen-terme, avoir le monopole de la production comme l'a réalisée la TV il y a des années.

















Le big-boss de la mutation un certain Laurent Frisch (1) est à la manœuvre et, sans monter sur la table, place ses pions et par petites touches finira par imposer ce modèle qui déshabillera la radio publique de la production de l'intégralité de ses programmes (tradition radiophonique que la Pédégère a traduit en mantra qu'elle ânonne trois fois minimum par discours avec la conviction d'un rêveur qui ne sachant pas nager vante les mérites des bains de mer). Voilà ce qu'il fallait entendre en creux dans L'Instant M, ce jeudi 21 avril, qui sera à marquer d'une pierre noire. La date de naissance officielle du "journalisme de l'intime".

La grande tambouille
Dommage, qu'une journaliste qui ne connaît pas l'histoire de la radio, Nadia Daam, ose enfoncer autant de portes ouvertes, débiter des poncifs comme autant d'images d'Épinal et tenter de nous faire accroire qu'il existe un "journalisme de l'intime". Question subsidiaire "Est-ce que "Nous-Deux" était un journal de journalistes ?" Pendant les congés de Devillers il fallait continuer de jouer la petite musique d'"Instants Médiatiques" plus ou moins médiatiques mais que les émissions médias savent si bien rendre médiatiques. 


 






Ce lundi, je devais évoquer "L'Instant M" à deux mois de la fin de saison. J'en parlerai demain à 8h30, il fera d'une certaine façon suite à celui-ci qui constate que sous l'appellation média existe un fourre-tout sociétal bien pratique pour parler de tout voire de rien.

(1) Le 11 juin 2019, Laurent Frisch, directeur du numérique à Radio France a annoncé dans "Du grain à moudre" sur France Culture, il est "dans le champ des possibles d'accueillir les contenus d'autres producteurs"

2 commentaires:

  1. Saviez-vous que les podcasts de radio france ne sont plus téléchargeables au-delà de 30 jours via leur flux RSS ??
    Au secours !

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    1. Non, je ne savais pas ! L'idée ça doit être "Soyez collé-es à nos flux H24 et vous ne perdrez rien". J'utilise au max la fonction "Replay" et ne m'encombre pas d'archives gigantesques !

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