vendredi 7 mai 2021

(La série) Documentaire : comment l'écouter sans parasite ?

Ça tient à pas grand chose mais, ça tient au confort de l'oreille et même des deux. France Culture depuis 1975 nous a habitué à la délicatesse et à une façon subtile de nous "amener" dans une émission ou un documentaire. On est passé de "chapeaux" ciselés, (l'introduction à l'émission la plupart du temps par la coordinatrice de l'émission ou la "speakrine" de la chaîne) à du verbiage, du redondant, voire de l'emphase. Championnes du monde toutes catégories : Sonia Kronlund, Perrine Kervran et Christine Bernard (1). Les deux premières ont été ou sont toujours productrices et on se demande bien pourquoi la médiocrité du propos a fini par s'imposer. Le plus insupportable restant les "micros" de Kervran qui, chaque jour, s'ingénie à tenter des inventaires benêts et une roucoule d'une minute minimum qui ne servent à rien et surtout pas les documentaires produits. En replay, comme pour une pub j'avance le curseur à 1 minute et peux profiter du travail créatif des productrices et producteurs et des réalisatrices et réalisateurs. Parasites : ¡ Ya basta ! CQFD.

Harkis aux camps de Rivesaltes
en septembre 1962
 Crédits : STF AFP












Cette semaine, LSD nous a proposé : Algérie : les ineffables mémoires (2), une série documentaire d'Alain Lewkowicz, réalisée par Somany Na. Il faudra sans soute longtemps pour en finir avec cette histoire. Ses blessures, ses secrets, ses silences. La peine profonde, la honte et les regrets qui ont assailli ceux qui n'ont pas eu le choix de refuser de la faire. Cette guerre immonde et horrible tenue par des colonisateurs aveuglés d'idéaux contraires aux droits de l'homme et aux peuples à disposer d'eux-mêmes.

L'épisode 2 sur l'insoumission permet de lever la chape de plomb qui a longtemps scellé les témoignages. À partir de 1960, la Presse (de gauche) va s'emparer du "phénomène" qui va se diffuser parmi la population métropolitaine. On a beau en avoir entendu beaucoup sur le sujet, les témoins et leurs histoires continuent d'amplifier la barbarie. Et on ne pourra jamais se résoudre à avaler les couleuvres que les socialistes auraient tant aimé qu'on avale sans broncher.

Dans l'épisode 3, les témoignages de Harkis sont poignants comme à chaque fois que sont évoqués les départs sur le champ et l'abandon de tout et de toute une histoire. Où l'on découvrira les hypothèses du sens du mot pied-noir, son racisme et comment il a marqué tant de femmes et d'hommes exclus. Et puis les récits individuels (épisode 4) ne croisent pas forcément le récit national français et/ou le récit national algérien. Il conviendrait d'ailleurs de consacrer une série aux points de vue algériens.

C'est le mérite de ce documentaire de continuer à interroger la mémoire et ce qu'il en reste de vivante, et de nous inciter à continuer à chercher et à comprendre.

(1) Respectivement : Les pieds sur terre, quotidienne à 13:30, La Série Documentaire quotidienne à 17h, du lundi au jeudi, Une histoire particulière et Toute une vie, hebdomadaires, 
(2) Pas sûr de bien comprendre ce titre, avec cet adjectif "ineffable" dont le sens est : "Qui ne peut être exprimé par des paroles (se dit de choses agréables)"

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