lundi 23 septembre 2024

Une histoire particulière… en morceaux !

Si je vous dis "Je vais te raconter une histoire particulière" et, à moins qu'il ne soit trois heures du matin et qu'au bout d'une demi-heure vous dormiez à poings fermés, vous aimeriez plutôt connaître la suite le jour même. Je raconte rarement des histoires à trois heures du matin, même s'il m'arrive d'en écouter dans les Nuits de France Culture. Si la coutume veut que sur cette chaîne on écoute un feuilleton sur plusieurs jours, voir plusieurs semaines, "À voix nue" sur les cinq premiers jours d'une semaine et "LSD" sur les quatre premiers, il est absolument incongru qu'une histoire d'une heure soit coupée en deux. Cette invention anti-radiophonique on la doit à Sandrine Treiner, ex Directrice de France Culture (2015-2023) qui ne s'est pas contentée de manager brutalement ses équipes, mais qui "au plaisir" du clic a saucissonné une histoire pour répondre aux injonctions de la Direction du numérique qui cherche par tous les moyens à gonfler les audiences délinéarisées. Pour ma part, j'écoute en replay, l'épisode 1, le dimanche à 13h et en direct l'épisode 2 le dimanche à 13h30. J'aime le suspens mais pas du tout "les coupes arbitraires".












On me pardonnera ce long avant-propos pour présenter "L'affaire Lucien Léger" d'Alexandre Heraud et Yvon Croizier, pour les deux épisodes d'une nouvelle "histoire particulière" samedi 21 et dimanche 22 septembre, sur France Culture. Ce (trop) court documentaire est bien produit et bien réalisé (1). L'affaire Léger, l'"étrangleur", est sordide et tragique. Le récit donne envie d'en savoir plus. On pourra toujours se reporter aux livres de Philippe Jaenada, de Stéphane Toplain et Jean-Louis Ivani. Mais le format même de ce documentaire empêche au producteur de creuser le contexte social et culturel d'une époque qui était tétanisée par un crime d'enfant et qui pouvait tenir la une des journaux pendant de longues semaines. Pourtant le sujet se prêtait bien à un plus long récitatif. 

Depuis l'arrivée de Laure Adler à France Culture (1999-2005) le documentaire occupe de moins en moins de place dans la grille. Sandrine Treiner quant à elle, jamais à court de grands mots et d'effets d'annonce, prédisait, avec tambours et trompettes en décembre 2015 dans une interview au journal Le Monde "Nous allons offrir un Netflix des savoirs, avec un portail consacré au documentaire". Le portail n'a jamais été forgé. Quant au Netflix des savoirs c'est juste de la com' et de la poudre aux yeux… ou aux oreilles !

(1) Il est agréable d'y entendre le jingle "vintage" d'Inter-Actualités de France Inter, un repère mémoriel pour plusieurs générations d'auditeurs

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire