samedi 3 septembre 2011

Claude Dominique (2)

 
Comment inventer 6’23’’ de fantaisie, de burlesque, d’humour (vache) ? Comment ciseler à la radio un conte loufoque ou irrésistible, comment coller cote à cote en un temps si court Raynaud (Fernand), Bedos, la petite poule rouge, Jules Renard, Sartre, Oscar Wilde, Ionesco, Paul Léautaud ? Comme écrire une fable moderne pertinente, subtile, acerbe sans avoir l’air d’y toucher ? Comment proposer 6’23’’ d’une création radiophonique aboutie, sur un plateau d’argent avec, élégance, délicatesse et discrétion ? (1)

Comment faisait Claude Dominique pour samedis après samedis exploser les mots, les sens, les tournures, les ritournelles et les chansons en autant de perles de nacre et d’esprit, brillantes et rebelles, cliquetantes comme dans un sac de billes dont elle ne se serait jamais départie ?

Elle ne claquait ni des doigts ni de la langue pour que ça se fasse tout seul. En bon artisan, des heures durant elle peaufinait, sans relâche, sur son métier ces heures devenues d’éternité. Au premier son de sa voix on ne pouvait plus rien faire d’autre qu’écouter. Écouter sans rien faire. Sans rien faire d’autre que de décoller.

Aujourd’hui encore on reste scotché par tant d’inventivité. C’est un coup au cœur porté. C’est comme une petite boîte à musique qu’on ouvrirait régulièrement. On la porte à l’oreille, et tout en tournant la manivelle on ferme les yeux doucement. C’est alors que la magie opère et nous voilà dedans… (2)

(1) Claude Dominique, « Les petits monstres » (cet extrait est dans le Cd qui accompagne le livre de Thomas Baumgartner, L’oreille en coin, Une radio dans la radio, Nouveau Monde Éditions, 2007) et Là-bas si j’y suis, octobre 2007,
(2) et écoutable dans la Mythologie dpdlr

4 commentaires:

  1. Bonjour c'est encore Eric, le Normand d'outre Couesnon.

    Merci pour ce petit post sur une Dame que j'ai tant admirée. Je cherche en vain d'autres archives que celles que vous citez.

    Le slow de Pavlov, ça s'en va et ça revient, de la grandeur consécutive du Yoyo...

    Tous mes samedis après midi furent bercés par cette voix à l'heure où j'étais supposé faire des exercices de math. Je me remettais au boulot à l'heure de JJMS...

    Radio France n'a pas gardé de traces de ces émissions "modestes et géniales" pour paraphraser D. Mermet ?

    Le net est muet à ce sujet. L'INA aussi...

    Est ce que Thomas Baumgartner suite à ses recherches nous aurait déniché quelques autres pépites dignes de celles qu'il diffusa dans son émission? Vous qui l'avez rencontré avez peut être quelques lumières à ce sujet?

    En tout cas encore bravo pour ce Blog du soir ou du matin je ne le manque jamais.

    A vous lire

    Eric

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    1. Je tombe sur votre blog en cherchant qq chose sur Claude Dominique dont je m etonnais de ne pas entendre parler aux 50 ans de France inter. Je partage à 200% ce que vous dites d elle et de la radio en général. On n a plus jamais entendu qqchose comme ça je pense. Je suis moi aussi à la recherche d archives la concernant . Avez vous avancé depuis 2011?

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    2. Bonjour,
      Moi aussi Claude DOMINIQUE a bercé mes samedi après midi d'adolescent.
      Quelle voix radiophonique ! Quels contenus ! Quelle poésie! quel humour ciselé !
      Tout animateur de radio devrait l'écouter ainsi que gérard SIRE avant de commencer son métier, cela devrait en rendre certains beaucoup modestes
      Alain Limoges

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  2. Bonjour Éric, agréable de partager cette passion pour une "dame extraordinaire". Modestement je cherche. L'Ina doit avoir des choses (mais pas forcément numérisées) ! Quant à Thomas B. si c'est le cas on devrait l'entendre un jour ! Merci pour votre lecture fidèle je ne désespère pas un jour ajouter du son !
    Bon dimanche et vers 18h écoutez… Big Fat Man !
    Bien cordialement.

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