dimanche 22 juillet 2012

Le Normand de Quincampoix…

En 1963







Quand on faisait nos "Tours de France" sur nos plages de Bretagne, et que nous mettions presque plus de temps à construire notre circuit qu'à "pousser" nos billes accompagnées de nos coureurs, je n'ai jamais choisi Anquetil pour gagner l'un ou l'autre de nos Tours de sable émouvants. Je n'avais ni envie d'écraser mes copains, ni même de porter ce nom-là qui m'aurait obligé à faire des prouesses que je n'aurais pas su entreprendre. Je ne choisissais pas plus Poulidor. Je ne me rappelle pas non plus s'il m'est arrivé de gagner ! Avec mes enfants oui, mais je n'avais alors aucun mérite. Nous jouions sans donner de nom à nos coureurs ou alors j'ai oublié !

Il y a quinze ans l'Atelier de Création du Grand Ouest (1) a produit "Maître Jacques, La Caravelle", un très long documentaire de 2h30, et vingt épisodes, qui a été diffusé, entre autre à l'époque, sur les locales de Normandie (2). Et c'est assez émouvant. Cela tient à la fois à la qualité du récit de Manuel Quesnel et Christian Clères, comme au montage "pointu" qui, sans temps mort, nous entraîne dans le tourbillon des années Anquetil qui ont marqué le sport cycliste et divisé la France en deux camps ! Les pro-Anquetil et les pro-Poulidor. Ayant de la compassion pour les perdants je ne m'intéressais pas beaucoup au "Normand de Quincampoix" et, comme le dit si bien son directeur sportif, Raphaël Géminiani (dit aussi "Le grand fusil"), à la fin du documentaire, je découvre que le bonhomme après avoir longtemps été boudé valait vraiment la peine d'être admiré.

Voilà la magie de la radio, entendre la voix du "vieux" Georges Briquet faire la première interview d'Anquetil, réécouter Robert Chapatte à l'époque journaliste sportif de radio, mais aussi Jacques Goddet "patron" du Tour… On est dans l'Aubisque, le Galibier, Paris-Bordeaux ou le contre-la-montre de Châteaulin. Pas d'image, pas de vues magnifiques d'hélicoptère, pas de Cochonou ou d'huile Lesieur mais, bien collé à la roue du héros ou de celui qui abandonne, on est "dans" le "Tour de France". Passent en revue, à la vitesse d'un sprint, quinze des trente glorieuses et une ferveur populaire sincère, magnifique qui faisait de ces mois de juillet un vrai ciment national. Il n'y avait qu'Antoine Blondin pour traduire ça avec bon sens, lucidité et panache : "Le général de Gaulle dirige la France onze mois sur douze, en juillet c'est Jacques Goddet" (3)

Je vais tout de suite me plonger dans le livre de Paul Fournel "Anquetil, tout seul" (4). Quand vous lirez ce billet le Tour de France viendra de boucler sa quatre vingt-dix-neuvième boucle. Espérons que la centième saura faire revivre l'épopée des champions comme des anonymes qui, en leur temps, mobilisaient toutes les attentions et la ferveur populaire collective de tout un pays…

(1) Atelier de Création Radiophonique Décentralisé de Radio France,
(2) Devenues aujourd'hui France Bleu, existe en CD,
(3) Blondin qui mit son talent d'écrivain pendant 28 ans à l'Équipe au service de la petite reine, voir "Tours de France, Chroniques de "L'Équipe" 1954-1982", La table ronde, 2001,
(4) Voir aussi le blog-notes publié demain à 10h30,


Maître Jacques - La caravelle - 1ère partie 


Maître Jacques - La caravelle - 2ème partie


Duel Poulidor/Anquetil

2 commentaires:

  1. Bonjour !

    Ajoutons que Paul Fournel était samedi matin chez Finkielkraut pour causer grande boucle et petite reine...

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    1. Et Cyrille Guimard… Merci Henri, je vais écouter la chose ! Heureusement j'ai lu le livre de Fournel avant… pour lequel je ferai part de mon avis dans le blog-notes de la semaine prochaine…

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