vendredi 13 juillet 2012

Léo, un dernier pour la route…

Léo Ferré peint par Jean-Pierre Blanchard…





M'en fous la mort !… Le 13 juillet est plus révolutionnaire encore que le 14, hein Léo, toi qui as choisi il y a dix-neuf ans de faire un pied-de-nez à la commémo des commémos. J'ai passé un vrai moment de bonheur avec toi, à la radio quand, à l'invitation de Jacques Erwan et Marc Legras, tu avais fait 6 heures durant, le passage de l'année 87 à l'année 88 sur France Culture. Je ne t'ai pas écouté en direct mais à l'occasion de deux rediffusions quelques années après. C'était bien, c'était toi vraiment, avec la sagesse et la rage, et surtout l'émotion sincère à fleur de peau.

Francis Claude, ton copain évoque vos débuts : lui créateur du Milord L'Arsouille, toi à la recherche du moindre contrat pour te produire sur scène. Francis Claude n'est pas en studio, Erwan et Legras l'ont enregistré "On marche avec Léo ensemble sur le boulevard Saint-Germain, et tout d'un coup on se rend compte qu'on marche du même pas. Et ça c'est quelque chose…". Erwan et Legras demandent à Léo de commenter. Silence. On attend. C'est la nuit, le silence est lourd de sens. Quelques secondes après, Léo allume sa clope, il repose son briquet qui claque sur le bureau du studio. Après avoir tiré une première bouffée, des sanglots dans la voix il dit : "Je peux pas parler après ça…" Silence à nouveau et musique. Le ton est donné. Léo enfilera tout au long de la nuit des souvenirs et des témoignages bouleversants.

Mes chers auditeurs, je vous raconte tout ça de mémoire. Mes mini-discs (Sony) sont dans une radio locale de Lorraine qui m'avait promis de me les transférer en CD. J'avais fait à l'époque deux enregistrements décalés de quelques minutes pour pouvoir tenter des "raccords parfaits". Faut vraiment que je remette la main sur mes mini-discs.

Deux autres souvenirs qui, je crois, ont donné un autre reflet à deux très grandes chansons de Léo Ferré. Sur le générique d'une de ses émissions "La marche du siècle" consacrée à la pauvreté, Jean-Marie Cavada insère "Cloclo la cloche". "Monsieur Noël, j'habite au dix de l'avenue des quat' jeudis, vous monterez bien prendre un verre… ". Et puis Claude Villers dans un de ses "Marchands d'histoire" (1), passionné de Ferré, nous fera entendre "La mémoire et la mer". Ode sublime à la Bretagne que Léo aimait tant.

Salut Léo, "je t'ai dans le cœur qui me remonte comme un signe" et pas seulement le 13 juillet…

Dans la chanson "Richard", "Un dernier pour la route" est l'appel de Ferré, scandé à son directeur artistique de chez Barclay, Richard Marsan, à qui il offre d'en prendre un dernier pour la route (2)…

(1) Le matin sur France Inter
(2) Lire aussi la très complète et détaillée biographie de Robert Belleret, Actes Sud

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