mercredi 28 août 2024

FIP : de moins en moins…

Hier, dans son édition datée du 27 août (on est encore en août ?) Libération publiait en page 5, une pub pleine page pour Fip. Slogan : "Laissez-vous porter". Porter par quoi ? La passion des programmateurs qui tricotent un ruban musical souvent surprenant et éclectique ? L'inventivité des messages que distillent les animatrices tout au long de ce programme musical ? Par le radio-guidage passé par perte et profit ? Les infos enterrées ? La météo aux abonnés absents ? Plusieurs directeurs successifs se sont chargés de réduire FIP à sa portion congrue et ce n'est qu'un "début"…











Pourtant tout avait très bien commencé le 5 janvier 1971. Au studio 167, ce jour-là les producteurs géniaux Garretto (Jean) et Codou (Pierre) inventaient France Inter Paris (FIP) sur la fréquence 514m O.M. Ils répondaient à la commande du patron de la radio à l'ORTF, Roland Dhordain, qui leur avait demandé d'inventer une radio de services. Ce que Dhordain n'avait pas dit ou seulement fortement pensé "Inventez aussi la radio qui ira avec". Dès qu'ils ont eu l'assurance de disposer d'un studio permanent et du personnel technique, Garretto et Codou inventent la radio qui diffusera "60 minutes de musique par heure". 

Les bases : une programmation musicale (dont Garretto donne les tendances en pourcentage de genres sur la nappe en papier lors d'un déjeuner avec Dhordain) et une animation tout au long de la journée par des animatrices recrutées pour leur voix (et en aveugle pour ne pas être influencés par leur physique, très rare posture pour l'époque). Tout marche bien jusqu'en 2014 où l'arrivée du Pdg Gallet et de la directrice de Fip, Anne Sérode vont progressivement changer la donne (1). La migration potentielle et possible sur le web va petit à petit faire diminuer un par un tous les services comme les stations régionales de la chaîne.

C'est ce qui me fait écrire de "moins en moins"… Car à cela s'ajoute les conditions techniques et de production. En régie aujourd'hui une seule personne, un technicien/réalisateur. En studio l'animatrice doit se préparer à bientôt devoir elle-même "appuyer sur le bouton" qui la mettra à l'antenne. Quant à l'affiche elle ne dit rien ni ne met en valeurs programmateurs et animatrices. Sans elles, sans eux c'est… Radio Meuh !!!! C'est très inquiétant pour l'avenir. Il ne semble pas que Ruddy Aboab, directeur de l'antenne, défende son personnel au point de laisser s'imprimer une affiche tellement impersonnelle. Quand les autres chaînes depuis des années mettent en tête de gondole toute l'année productrices et producteurs.

Incarner une chaîne c'est la défendre et l'imposer dans sa singularité. aujourd'hui Fip fait des coups. Des retransmissions de concert, des sets avec Laurent Garnier et des podcasts pour enfants qui doivent surtout intéresser leurs parents. Alors qu'il conviendrait de "porter" programmateurs et animatrices, absents sur l'affiche, qui font vraiment figure de "derniers des Mohicans…".

Ajout de 10h30
Il est bon de lire ce témoignage de Denis Soula "metteur en ondes" (réalisateur, sauf que les réals ont disparu) : « l y a un très beau terme de métier qui n’est presque plus utilisé, qui est presque désuet, qui est « metteur en ondes »… Je l’ai toujours aimé, il dit beaucoup de choses… Mettre en ondes des sons, des voix… L’autre terme est plus pratique, c’est « réalisateur », ce que je suis aussi… C’est Patrick Derlon, un ancien programmateur de Fip qui disait ça : »Réalisateur, c’est quelqu’un qui se situe quelque part entre chef d’orchestre et garagiste » (sourire), et ça aussi ça me convient assez bien (sourire) !" (Paris Bazaar, 24 mars 2021)

(1) Vous trouverez sur ce blog, de nombreux billets consacrés à cette radio et à ses circonvolutions…





La curiosité… en bouche !!!!!

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