dimanche 26 janvier 2014

Ah le spicœur à la radio… (et la spiqueuse ?)







Dans sa nuit rêvée, Philippe de Saint-Robert (1) a choisi de (re)faire le "Procès d'un speaker de radio" (2). Si les démonstrations sont lourdes et laborieuses, elles mettent toutefois en lumière les qualités a minima que se devaient de posséder les spicœurs. Avec moults exemples à l'appui, on notera l'absence totale de réflexion concernant les spikeuses ! Pourtant annonce et désannonce de "La tribune de Paris" sont dites par une femme. Succulent d'entendre Georges Briquet, reporter sportif ou radio-reporter discuter le bout de gras et de ne pas se laisser enfermer par la rhétorique de ses interlocuteurs.

Après un tel retour sur les exigences qu'avait la radio pour ceux qui s'exprimaient "dans le poste" on n'imagine pas Colombe Schneck (3) faire de la radio après guerre. Pas plus que d'autres animateurs ou animatrices qui se produisent sur les ondes de la radio publique et pour lesquels le critère de la voix ou de la diction n'en est plus un pour les personnes qui les recrutent, particulièrement si parleurs et parleuses viennent de la télévision, sésame magique qui affranchit de toutes les exigences minimales pour être reconnu comme une "une voix de radio". Le plus beau contre exemple concerne Jean-Christophe Averty qui a fait un atout de ses "défauts" de prononciation et même sa marque de fabrique. Quand Schneck est inaudible, Averty s'écoute religieusement pour ne pas louper la référence du disque Odéon et de sa matrice "0548…" qu'il annonçait semaine après semaine dans "Les cinglés du Music-Hall" (4).

Le peu de cas qu'ont décidé de faire de la voix et de la diction les directeurs de chaînes ou les directeurs de programme montre comment la non-reconnaissance de cette spécificité radiophonique, que certains ont du juger désuette voire ridicule, tente de banaliser le média radio. Il s'agit bien aujourd'hui de mettre en avant l'image d'un producteur et son aura médiatique plutôt que de donner à découvrir une voix et un style. Adieu les Pizella, Kriss, Sire, Dominique, Gougaud, Bellemare, Mermet et tant d'autres. Quand à la ritournelle discriminante "Il/Elle a un physique de radio" sera bientôt à ranger aux oubliettes puisqu'avec la radio filmée ceux qui passeront à la radio seront d'abord recrutés sur leur physique, tant pis si leur voix agace, insupporte et donne envie de "changer de chaîne".

Merci à Philippe Garbit, producteur des Nuits de France Culture", d'avoir mis en réécoute sur la page des Nuits rêvées les émissions choisies par les invités. Merci à Philaunet d'avoir attiré mon attention sur l'émission citée en référence dans ce billet.

(1) Préside l’Académie de la Carpette anglaise, laquelle décerne chaque année un prix "d’indignité civique"  à un "membre des élites françaises s’étant distingué par son acharnement à promouvoir la domination de l’anglais en France et dans les instituions européennes au détriment de la langue française" (sur la page de "Nuit… rêvée") !
(2) Tribune de Paris - Procès du speaker de radio, par Paul Guimard, 1ère diffusion : 5 août 1947, Radio Diffusion Française,
(3) Productrice à France Inter, 
(4) France Inter en quotidienne (1978), puis France Musique, puis France Culture (jusqu'en 2006). 1805 épisodes (source Wikipédia pour cette donnée).


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