"Un média de service public n’est pas fait pour l’audience mais pour remplir des missions qui sont de faire vivre des valeurs de démocratie, de culture et de création." Jean-Paul Philippot, administrateur général de la RTBF (Radio Télévision Belge Francophone)
jeudi 16 janvier 2014
Images et sons…
Si Marjorie Preux (1) a regardé "À bout de souffle" hier soir sur Arte, peut-être aura t-elle "sursauté" en entendant dans la bande-son un journaliste de Radio-Luxembourg (ancêtre de RTL) donner l'heure avant de présenter le journal de 7h ? La radio dans ce film n'est pas un accessoire, un objet posé sur une commode, elle participe du film au même titre que la visite du Président Eisenhower à Paris ou que du jeu des voitures (et des marques de celles-ci). Dans les années 60, la radio est reine et les voitures fascinent, particulièrement les américaines, citées en tant que telles dans le scénario. Il y aurait une belle recherche à faire sur cette présence de la radio dans le cinéma français des années 50 et 60. En ces temps-là les réalisateurs ou leurs assistants avaient des partis-pris simples pour illustrer l'écoute radio. Ils n'avaient le choix qu'entre trois radios (2), quatre s'ils descendaient sur la côte (Radio Monte Carlo). Ces choix pouvaient être de légers (ou subtils) indicateurs de tendance d'écoute. En 1959 il est assez probable que Radio-Luxembourg "tenait la corde".
De Godard à Godard il n'y a qu'un pas et il est bon ici de rappeler à nos chers auditeurs que ce cinéaste a utilisé la Maison de la radio dans "Alphaville" (1965) pour faire ouvrir successivement à Lemy Caution, sur la durée, les portes d'un de ces couloirs circulaires si typiques de l'architecture du bâtiment. Voilà quelques images, subliminales ou non, pour évoquer la radio. Et maintenant passons au son, sans les images, sans les clichés, sans les instantanés, comme on dirait de ceux d'un Polaroïd (3). Irvic d'Olivier avec "Birdless" nous propose une balade très imagée dans les parcs nationaux du Costa Rica, avec bien sûr des "bruits" d'oiseaux, mais aussi des silences, des sons lointains, des sons étouffés et je dirai même des sons "humides". En écoute au casque on est dans l'action d'écouter, d'observer sans voir, d'imaginer. Dans une plénitude de repos, de distance totale avec les bruits environnants et la "fureur du monde".
Je vous imagine ce matin, dans les transports en commun, "accros" à ce billet et savourant ce son de 18' qui vous fera rater votre station de métro, votre arrêt de bus ou de tram. Et si vous êtes à la maison ou au bureau vous aurez très envie de fermer les yeux. Sur quelle radio cette perle de son pourrait-elle avoir sa place ? C'est bien la question lancinante que je me pose à longueur de ce blog. Ces sons non formatés venus d'ailleurs, de nulle part ou d'Arte radio comment les rendre encore plus audibles ?
(1) Attachée de presse de RTL,
(2) Qu'on appelait pas encore généralistes : Radio-Luxembourg/RTL, Europe n°1, Paris-Inter/France-Inter,
(3) Appareil photographique à développement instantané (1963).
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