Colette Bonnier |
(Mercredi 1er janvier, 11h45) J'écris ce billet pas complètement remis de la matinale de France Culture. Dès le 31 décembre j'avais retweetté une info de Marc Voinchet (1) qui annonçait la présence de Colette Bonnier, LA voix de France Culture, qui accompagne les programmes de la chaîne depuis 1993. En retweettant j'écrivais "enfin sortir de l'actu, vive Coco" (2). Je n'ai fait aucun effort pour être disponible à l'écoute n'ayant pas eu besoin de surjouer le passage d'une année à l'autre. Invités avec "Coco", Joana Revis (3) et Michel Schneider, psychanalyste. Bon, admettons, que pour ne pas mettre trop de pression sur le départ de Coco, on puisse faire le choix, - pourquoi pas ? - d'inviter des spécialistes de la voix ou de l'analyse de cette voix ? Mais alors, pour une fois, qu'on laisse vraiment la parole à Coco , et que ce soit un peu plus que pour quelques très petites minutes ? Sans tomber dans le sentimentalisme, l'exercice est délicat, de la haute voltige même. Il s'agit de mettre en avant une professionnelle, plus "dans l'ombre" encore que ses collègues producteurs ou journalistes, de la faire parler d'autre chose que de son "job", de donner la possibilité à l'auditeur d'entendre un peu se dévoiler celle "dont on ne parle jamais". Pour autant on pouvait attendre autre chose de Marc Voinchet qui n'aura pas permis à Colette Bonnier de dire, à sa mesure, comment et pourquoi les voix des autres la troublent.
Alors que visiblement Coco est très émue au point de ne plus pouvoir parler de la cantatrice qui passe à l'antenne (dont elle a choisi l'extrait d'interprétation), Marc Voinchet prend une posture de recul pour essayer de désensibiliser l'atmosphère. Mais quand Coco retrouve ses esprits quand elle va nous dire comment elle est bouleversée par le chant de la diva qui, après les chœurs, reviendra au premier plan… Marc Voinchet lui annonce qu'"on n'aura pas le temps, Brice Couturier et Philippe Meyer devant intervenir". Tout s'écroule, Coco, conciliante, joue le jeu du timing et accepte "de ne plus rien dire". Je suis estomaqué, abasourdi, comment peut-on d'un revers de main interrompre son interlocuteur pour lequel il convenait, avec attention, de lui "prendre la main" et l'accompagner jusqu'au bout de ce qu'elle voulait nous faire partager. Il suffisait de faire un signe à Brice Couturier qui aurait compris qu'il fallait laisser la parole. Il aurait fallu proposer, la veille, à Philippe Meyer de "renvoyer l'ascenseur" qu'Antoine Perraud lui avait envoyé à l'occasion d'un anniversaire de son émission "L'esprit public" (3). On aurait pu, pour une fois, se passer du toutologue. Ç'aurait été un beau geste pour celle qui a marqué de sa voix tant de passages d'antenne et d'annonces culturelles. Et ce n'était que la première partie de "L'invité".
Ça ne s'est pas arrangé dans la deuxième. Et l'on apprendra rien sur son parcours de "voix" (5). En écrivant mon billet paru hier, je ne pensais pas si tôt avoir l'occasion de montrer que la machine infernale de l'horloge a définitivement bloqué l'adaptation à une situation simple qui nécessite tact, doigté et humanité. Qu'un journaliste entre en studio, s'installe au micro et annonce affolé "le président vient de mourir" et les bouleversements vont s'enchaîner "naturellement". Que quelqu'un ait besoin de retrouver ses esprits pour nous faire part avec quelques secondes supplémentaires de son émoi et de son trouble, ça ça ne peut plus ni s'apprécier, ni s'adapter au calibrage beaucoup trop serré de la matinale. Les deux intervenants ont eu, eux, beaucoup de tact pour ne pas "en rajouter". Je n'écouterai pas Coco dans l'émission du soir. La petite lumière qu'elle nous a donné ce matin s'est éteinte brutalement et elle ne se rallumera plus.
(1) Anchorman de la matinale, 6h30-9h,
(2) C'est le diminutif familier que tout le monde lui donne à France Culture,
(3) Chercheur en linguistique, orthophoniste vocologiste,
(4) Avril 2011, Perraud et "Tire ta langue" offrent une demi-heure supplémentaire à Philippe Meyer en laissant leur temps d'antenne,
(5) Voir l'article que Télérama lui consacrait en juillet 2010.
Bonsoir,
RépondreSupprimerEn effet, il fallait marquer le départ de France-Culture et pour cela parler de LA voix.
Taire l'essentiel, Coco avant 2007 était présente et vivante (avec ses collègues) derrière son micro et dans notre radio.
Ensuite sa voix est en boîte, les passages d'antenne sonnent faux car les échanges sont inexistants .
De cela il n'est pas question, pourtant , la voix cela concerne la radio.
(Le psychanalyste c'est Michel Schneider)
Bonne année 2014
Louise
Bonjour Louise, merci de vos vœux et de vos commentaires. Votre précision concernant 2007 est importante, pouvez-vous nous en dire plus ? Bonne année à vous aussi.
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