Vous l'aviez lu ici ou là, et même peut-être vu, Le Mouv' allait faire sa mue : plus de musique, plus de numérique, out la "mini-généraliste"… Depuis le 6 janvier une nouvelle grille est à l'œuvre. Enfin une grille liftée, avec quelques animateurs en moins et quelques animatrices en plus. Mais depuis quinze jours avez-vous lu quelque part une critique sur ces nouveaux programmes ? Pas vu, pas lu ! La presse aime les effets d'annonce et quand il s'agit de radio elle surjoue cette posture, ce qui, - pense t-elle ? -, pourrait la dédouaner de la fonction essentielle de l'écoute. Mon propos d'aujourd'hui ne sera pas de rendre compte de cette écoute que j'ai commencée, mais bien plutôt d'évoquer quelques "détails" qui me laissent assez dubitatifs.
La radio qu'elle se transforme, se mue, se révolutionne obéit toujours à quelques règles de base qu'on appellera pour faire vite de "lisibilité". Roland Dhordain (1) "sanctifié" au mois de décembre dernier pour avoir, il y a cinquante ans, bouleversé Paris Inter en France Inter, avait adapté les fondamentaux de la radio historique, titillée par les radios périphériques, - Radio-Luxembourg et Europe n°1 - bien décidées à être résolument modernes. Pareil en 1968, passé le vent du pavé (et de la fronde). Dhordain propulse Chancel (2), confirme Garretto & Codou (3) et instille une petite dose d'impertinence qui sera l'étendard de la station dans les années 70 et 80 à venir. Ce petit rappel historique pour dire ma stupéfaction à la lecture d'une grille qui aurait adopté la forme glaciale (voire glaciaire) de nommer des émissions en fonction de la durée horaire qu'elles occupent à l'antenne. Méthode initialement éprouvée par les matinales,
qu'elles soient diffusées par les radios publiques ou privées. Parmi les fondamentaux de la radio il y a bien sûr le repère fondamental qui consiste à identifier, nommer les émissions, et ce depuis les temps immémoriaux de la radiophonie.
Pourtant Le Mouv' a décidé de s'affranchir de cette règle et propose en semaine rien moins que 5 émissions aux titres qui fleurent bon la numérologie à défaut d'imposer le numérique, revendiqué au point de proposer pour la chaîne la (bonne) déclinaison de Radio Numérique Totale… Mais plus invraisemblable encore certaines émissions solides, "installées" sur l'ancienne grille se sont vues carrément débaptisées. Exemple le "Rodéo sur Le Mouv'" du fringant Christophe Crenel s'est carrément "converti" en 16-18 bien anonyme, bien froid, bien impersonnel. Pourquoi ? Dans le même temps Laura Leishman a gardé le nom de son émission très identifiée par ses nom et prénom. Émilie a eu le droit au sien, et au "Pop Corn" s'est ajouté "sur Le Mouv'". Bigre, la logique de ces "nominations" est à peu près aussi claire qu'un bafouillage de Morandino ou qu'une démonstration scientifique des frères Bogdanoff sous hypnose.
Christophe Crenel |
Le "Rodéo" serait t-il maudit par le directeur d'antenne Joël Ronez et par son directeur des programmes Matthieu Beauval… ? Pourtant Christophe Crenel n'a jamais démérité sur la radio des
Quant à la "webline" dont Thomas Baumgartner (5) est le responsable éditorial on est assez surpris de ne trouver sur la page dédiée du site, aucune présentation de… la ligne éditoriale, ni de celle des auteurs qui proposent des créations sonores…
Avec un sens pointu de l'observation-écoute, Hervé, mon p'tit camarade du Transistor, me faisait remarquer que Le Mouv' aurait pu carrément changer de nom en "6/23-30". J'ajoute qu'en annonce presse "Hérode est haut sur le 6/23-30…" n'aurait pas manqué de charme. La Radio Numérique Totale on l'attend. Pour l'instant on a un peu de mal à se contenter de la Radio Numéros Totaux… Allez je vais m'écouter un bon petit Curtis Mayfield de derrière les fagots "Move on up…"
(à suivre)
(1) "Père" de la réforme de la radio publique, directeur de France Inter, et animateur d'émissions comme "Les enfants d'Inter" ,
(2) "Père" de la mythique "Radioscopie", 1ère émission en octobre 1968 avec Roger Vadim,
(3) "Compères" de la non moins mythique "Oreille en coin" 1968-1990, du samedi après-midi au dimanche soir, 13 heures d'antenne pour une "radio dans la radio",
(4) La boîte à commentaires est là pour ça…
(5) Producteur à France Culture de l'Atelier du Son, le vendredi à 23h. Mais aussi sur la même chaîne il y a quelques années des "Passagers de la nuit", et sur France Inter (été 2012) d'"Antibuzz",
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